1- LA DYNAMIQUE INFERNALE DE LA FINANCE CONVENTIONNELLE
Comme l’a bien remarqué Thomas Jefferson (1802)
qui a dit “Je pense que les institutions
bancaires sont plus dangereuses pour nos libertés que des armées entières prêtes au combat. Si le
peuple américain permet un jour que des banques privées contrôlent leur monnaie, les banques et
toutes les institutions qui fleuriront autour des banques priveront les gens de toute possession,
d’abord par l’inflation, ensuite par la récession, jusqu’au jour où leurs enfants se réveilleront, sans
maison et sans toit, sur la terre que leurs parents ont conquis”.
En regardons les situations des États-Unis et de la zone euro, le comportement de distribution de
crédit par les banques est pro-cyclique : le crédit et les taux d'endettement croissent très rapidement en
période de croissance sans difficultés financières, sont restreints fortement en période de récession ou
de difficultés pour les emprunteurs. Une l'alternance de périodes où les banques sont très libérales dans
la distribution de crédit (1996-1999 ; 2003-2006) et de moments, durant les récessions, ou les crises où
elles sont très restrictives (1998 après LTCM, 2000, 2003, 2007). Les banques financent, de plus, des
emprunteurs en "Ponzi finance" : la solvabilité de l'emprunteur n'est pas assurée par ses flux de revenus
futurs, et il assure le service de sa dette en se ré-endettant périodiquement, le plus souvent à partir des
plus-values en capital réalisées sur ces actifs.
Depuis le krach boursier de 1987, puis après la crise des Savings and Loans (1991– 1993), la crise
des émergents et de LTCM (1997 – 1998), l’explosion de la bulle des nouvelles technologies (2001 –
2003), la même dynamique se répète : l’apparition d’une crise financière conduit les banques centrales à
une relance monétaire qui fait démarrer l’excès d’endettement et de hausse des prix des actifs, à un
autre endroit de l’économie, et conduit à la crise suivante. La crise immobilière présente aux États-Unis
vient ainsi de l’excès d’endettement, de construction, de hausse des prix de l’immobilier qui découle de
la politique monétaire expansionniste mise en place après l’explosion de la bulle des nouvelles
technologies. Il est de même très probable que, au moins aux États-Unis, la crise présente (chute de
l’activité de construction et des prix des maisons; freinage du crédit aux ménages; défauts des
emprunteurs en subprime, arrêt des créations d’emplois, mènera aussi à une politique monétaire très
expansionniste, ce que commencent à anticiper les marchés. Dans la zone euro, au Royaume-Uni et au
Japon, il pourrait s’agir d’un simple statuquo sur les politiques monétaires, mais il y aura aussi
ralentissement économique et disparition du risque inflationniste. Nous appelons "dynamique
infernale" la réaction de la politique monétaire aux crises financières et ses effets ultérieurs. Lorsqu'une
crise financière (correction d'un excès d'endettement, d'un excès de hausse des prix d'actifs) survient, la
politique monétaire devient très expansionniste, ce qui est raisonnable : Il faut éviter l'extension de la
crise ; une crise systémique des banques, le rationnement du crédit, les pertes patrimoniales
excessives… Mais puisque la politique monétaire devient très expansionniste, elle favorise la croissance
de l'endettement et des prix d'actifs à un autre endroit de l'économie. La réaction légitime à une crise
génère donc les conditions de la crise suivante, selon la dynamique suivante :
Thomas Jefferson, né le 13 avril 1743 à Shadwell et mort le 4 juillet 1826 à Monticello, a été le troisième président des États-
Unis d'Amérique de 1801 à 1809. Cet homme d'État était également philosophe, agronome, inventeur et architecte. Jefferson
était attaché aux Droits de l'Homme pour lesquels il lutta au sein de son État et du pays. Il faisait partie de l'élite des Lumières
et a connu les plus grands esprits de son temps. Rédacteur d'une partie de la Déclaration d'indépendance, il doubla la superficie
des États-Unis par l'achat de la Louisiane.