Document de travail IDP (EA 1384) n°2013-10
De la transposition des modèles alternatifs de léconomie dans
la théorie pure du commerce international
Joseph Hanna
THEMOS Théorie, Modèle, Système
De la transposition des modèles alternatifs de léconomie dans
la théorie pure du commerce international
Joseph Hanna
Joseph Hanna
PRES Université Lille Nord de France, Université de Valenciennes et du Hainaut-
Cambrésis, IDP, EA1384, Valenciennes, France
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De la transposition des modèles alternatifs de l’économie dans la théorie pure du commerce
international
Joseph Hanna
Université de Valenciennes et du Hainaut-Cambrésis
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Résumé :
Ce papier procède à une lecture critique de la transposition dans la théorie pure du commerce international,
d’éléments d’analyse élaborés dans le cadre d’autres problématiques économiques. La loi des avantages
comparatifs de Ricardo est englobée par la démarche marginaliste pour former l’ossature de la théorie orthodoxe
de l’échange. L’approche néo-classique rencontre des difficultés pour maintenir la causalité dans le modèle face
aux tentatives de généralisation des résultats. L’incursion de la théorie du capital, par le biais de la critique néo-
ricardienne, invalide les principaux théorèmes néo-classiques. Le cadre restreint de l’équilibre stationnaire réduit
la portée de la critique et ne débouche pas sur une théorie alternative de l’échange. La Nouvelle théorie n’est que
l’application à un domaine différent des concepts élaborés en concurrence imparfaite et par l’Economie
Industrielle. Ce sont des transpositions d’explications très partielles de l’analyse économique. La nouvelle
approche est moins concernée par la généralisation, mais elle introduit une rupture dans le paradigme de la
théorie du commerce international. Les aspects positifs et normatifs se trouvent profondément modifiés et
donnent lieu à des controverses.
Introduction
Loin de présenter une continuité, le renouvellement de la théorie du commerce international marque
une nette coupure avec l’approche traditionnelle. Le point de rupture essentiel réside dans l’abandon
du cadre concurrentiel, clé de voute de l’équilibre général, sur lequel repose la modélisation néo-
classique.
Ce sont désormais les hypothèses de rendements d’échelle croissants, de concurrence imparfaite et des
résultats qui relèvent de l’équilibre partiel qui caractérisent la nouvelle approche.
Paul Krugman explique que sa démarche est fondée sur le développement récent de l’Economie
Industrielle : « … il semble évident que la théorie du commerce international doit s’appuyer fortement
sur les modèles de l’Economie Industrielle »
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La transposition de problématiques nouvelles, dont l’Economie Industrielle ne constitue qu’un
exemple, s’est avérée nécessaire par l’observation des faits. En effet on constate, depuis un certains
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temps, qu’une part croissante des échanges porte sur des biens semblables. Par ailleurs ces flux
circulent entre pays dont le niveau de développement est comparable
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Les explications fondées sur les différences comme causes premières de l’échange viennent buter
contre les réalités du commerce international. La rupture touche ainsi au paradigme de la théorie
traditionnelle des échanges entre les nations.
L’objet de ce papier est de se pencher sur les effets de la transposition de problématiques économiques
alternatives issues parfois d’autres branches de l’analyse économique dans la théorie du commerce
international.
Ces détours de modélisation ne sont pas spécifiques à la théorie de l’échange mais ils ont ponctué son
développement au cours du temps. La révolution marginaliste a abouti à englober la théorie
ricardienne des avantages comparatifs dans son schéma d’analyse. Les apports de ces transpositions
doivent toutefois être appréciés à la lumière de l’objet, de la méthode et de la portée des
enseignements tirés de la théorie du commerce international.
Aussi avons-nous pour objectif de comparer, voire d’opposer, la contribution d’apports successifs dans
le cadre traditionnel à ceux qui émanent du renouvellement de l’approche fondée sur des éléments de
la théorie de l’organisation industrielle.
Du point de vue de l’objet, toutes les théories cherchent à fournir une explication aux déterminants de
l’échange. C’est leur aspect positif, alors que l’aspect normatif porte sur les conséquences de la
participation aux échanges et à l’évaluation des gains qui en résultent. Du côté de la méthode,
l’approche traditionnelle repose sur un ensemble d’hypothèses simplificatrices. Elle s’efforce par la
suite de généraliser les résultats auxquels elle aboutit par une démarche ductive. La généralisation
recèle une certaine ambigüité dans la mesure elle consiste à rechercher des conditions
supplémentaires, le plus souvent contraignantes, que l’on doit réunir pour permettre au modèle
d’aboutir aux mêmes conclusions obtenues dans le cas simplifié. L’introduction d’éléments nouveaux,
comme les biens intermédiaires où les productions jointes à côté de l’échange en biens finals,
n’échappe pas au même cheminement de la méthode.
A l’opposé, la nouvelle théorie a pour point de départ des cas particuliers de concurrence imparfaite et
des situations de jeux entre les acteurs. Elle est de ce fait moins concernée par la généralisation de ses
résultats.
La mise en rapport des différentes transpositions dans l’une ou l’autre approche, conduit à porter un
éclairage particulier sur l’imbrication des versants positif et normatif de la théorie du commerce
international. Ces deux aspects sont encore intimement liés chez D. Ricardo. L’approche
néoclassique, élaborée dans un cadre concurrentiel, peut désormais conduire l’analyse de l’échange
d’un point de vue uniquement positif. Elle renvoie à un autre niveau les considérations normatives sur
les gains de l’échange et la maximisation du bien être. Le libre échange est toutefois toujours préféré
au protectionnisme et à l’érection de barrières à la mobilité.
Les nouvelles théories se fixent pour cadre de référence des situations de concurrence imparfaite.
L’équilibre envisagé ne peut aboutir à une situation Pareto optimale. Les politiques commerciales qui
visent à améliorer la position du pays national se justifient pleinement dans cette perspective. Les
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aspects positif et normatif sont de nouveau réunis. Doit-on pour autant prôner le protectionnisme ?
Certains des auteurs de la nouvelle théorie s’en défendent. Ils soutiennent qu’il s’agit moins de
proposer des mesures de protection que d’expliquer comment se forment ces politiques. C’est la prise
en compte de l’intervention des groupes de pression qui à travers le financement des partis politiques
aboutissent à la mise en œuvre de mesures en adéquation avec leurs intérêts.
Ce dernier élément renvoie au point de départ de la théorie de l’échange international ; à savoir la
modélisation, très pauvre, de l’Etat-nation et de la dynamique des choix collectifs.
La référence théorique reste la contribution de D. Ricardo et sa loi des avantages comparatifs. Elle doit
être appréciée dans le cadre général de sa vision du fonctionnement du capitalisme du XIX ème siècle.
Son analyse repose sur le rôle de la répartition entre les classes sociales et de son influence sur la
dynamique de l’accumulation du capital.
La spécialisation et l’échange international sont un moyen pour surmonter les effets des rendements
décroissants et pour échapper à la convergence vers un état stationnaire. Ils concernent un problème
concret et la politique économique qui lui est associée. Le libéralisme que prône D. Ricardo est en
adéquation avec les intérêts d’une classe sociale et de la nation à laquelle il appartient.
La modélisation s’écarte singulièrement de cette représentation complexe des relations qui se tissent
au sein de l’état-nation. L’outil mathématique occupe une place prépondérante pour appuyer la rigueur
du raisonnement. Les emprunts à d’autres champs de la connaissance scientifique sont également
fréquents.
C’est à travers cette grille de lecture que nous comptons exposer certains effets, sur la théorie du
commerce international, de la transposition d’éléments issus d’autres problématiques économiques.
Le reste du papier est organisé de la manière suivante :
La première section est consacrée à l’approche néoclassique et à la manière dont elle englobe dans sa
démarche le modèle de Ricardo. Nous introduisons une séquence générale qui partant des causes
premières de l’échange conduit à la prédiction du schéma de spécialisation qui en résulte
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. Elle permet
d’apprécier l’incidence de la transposition d’éléments nouveaux dans les explications de la théorie de
l’échange.
En section II, nous examinerons la cohérence le long de cette séquence. Elle est assurée par la validité
du théorème de Stolper-Samuelson. C’est l’un des théorèmes autarciques dont la validité est nécessaire
au modèle néo-classique ; qu’il y ait échange ou non
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.C’est la condition de non-renversement des
intensités factorielles qui occupe à cet effet le rôle d’une contrainte à satisfaire pour le maintien de la
causalité du modèle. Les conséquences de l’échange sont discutées en examinant la validité du
théorème de l’égalisation des prix des facteurs, point le plus fragile de la théorie.
La section III met en évidence les difficultés qui résultent de l’extension du modèle à plusieurs biens
et facteurs (systèmes compliqués) et la prise en compte dans la production de biens capitaux comme
les biens intermédiaires et les productions jointes (systèmes complexes).
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