Historique de l’Observatoire 2 12
Il y a plus d’un siècle, Robert Jonckheere, fils d’un
riche industriel de Roubaix et passionné d’astronomie, fit
construire à Hem un grand observatoire digne des observa-
toires nationaux de 1909 : lunette de 35 cm de diamètre et de
6 m de focale. Le 26 juin 1912, par délibération du Conseil
de l’Université, l’Observatoire a été rattaché à l’Université.
R. Jonckheere poursuivit des observations astronomiques
dans le domaine des étoiles doubles qui lui permettront
d’acquérir une renommée internationale. Cependant, après
la Première Guerre mondiale et les difficultés économiques
qui suivirent, il vendit ses équipements scientifiques à
l’Université de Lille. Avec la Mairie de Lille, l’Université de
Lille construisit un nouveau bâtiment plus près des fa-
cultés lilloises afin de recevoir les équipements scientifiques
de l’Observatoire de Hem, dont la grande lunette faisait
partie. C’est dans le quartier de « Lille-Moulins », réaménagé
par R. Salengro, Maire de Lille, que l’Observatoire de Lille
a été inauguré le 8 décembre 1934.
Grâce à l’opportunité d’acquérir un matériel scientifique de
haut niveau, à la volonté commune de la Mairie et de l’Uni-
versité de Lille portée dans le temps par des générations
de mathématiciens 3, aujourd’hui encore, un observatoire
astronomique existe au nord de Paris.
L’Observatoire : lieu de recherche
L’Observatoire de l’Université de Lille abrite le Laboratoire
d’Astronomie de Lille (LAL) composé de quatre permanents,
trois doctorants et d’un post-doctorant. Ils constituent
l’équipe de l’Université Lille 1 de l’Institut de Mécanique
1 Voir les participants : http://lal.univ-lille1.fr/100_ans_de_l_observatoire-invitation.pdf
2 Plus de détails historiques peuvent être trouvés dans le n° 51 des Nouvelles d'Archimède.
3 Notamment A. Châtelet, J. Kampé de Fériet et le premier directeur de l'Observatoire
de Lille, C. Galissot.
Céleste et de Calcul des Éphémérides (IMCCE). À ce titre,
ils participent à l’élaboration des éphémérides 4 nationales
(loi du 7 messidor an III ou 25 juin 1795).
Les recherches menées concernent la construction de théories
du mouvement des corps du système solaire : satellites de
Saturne et de Jupiter, petits satellites et anneaux des planètes
géantes. La dynamique de ces objets est très riche et complexe
en raison des interactions disque-satellite, des phénomènes
de résonances, des mouvements chaotiques éventuels. Notre
équipe s’intéresse également à la détection et à la dynamique
des planètes extrasolaires, en particulier dans le cadre de la
mission CoRoT, premier télescope spatial dédié à la recherche
de planètes par la méthode des transits.
Le nuage de Oort, situé aux confins du système solaire,
serait à l’origine des comètes à longue période et fait éga-
lement l’objet d’études. Les propriétés dynamiques de ce
nuage donnent accès à des informations sur la formation du
système solaire. Enfin, nous modélisons l’évolution à long
terme de la population des débris spatiaux et plus généralement
les satellites artificiels. Dans le cadre de la Loi sur les Opéra-
tions Spatiales (LOS), l’étude de trajectoires stables pour
les centaines de milliers d’objets qui tournent autour de la
Terre permet la définition d’orbites parking de satellites
artificiels.
L’Observatoire : lieu de diffusion des connaissances
L’Observatoire a acquis de nombreux instruments scien-
tifiques et une riche bibliothèque. Parmi ces instruments
figurent deux théodolites d’époques différentes, un sidérostat
de la fin du XIXème siècle, des horloges astronomiques, un
micromètre à fils, un spectrographe, un sismographe qui
constituent un patrimoine scientifique digne d’intérêt.
Mais, évidemment, le plus symbolique des instruments est
la grande lunette. Ces objets patrimoniaux sont utilisés lors
d’activités pédagogiques par les étudiants des cours d’astro-
4 Les éphémérides astronomiques désignent des tables de positions des corps du
système solaire ainsi que des phénomènes astronomiques visibles à une date donnée,
telles les éclipses.
L’Observatoire de l’Université de Lille :
un lieu de recherche, d’enseignement et de patrimoine
L’Observatoire de Lille a été déclaré « Observatoire de l’Université de Lille » par décret ministériel du 6 juillet 1912. Le
6 juillet dernier, l’Université Lille 1 a tenu à fêter ces 100 ans. À l’occasion d’une table ronde 1, nous avons essayé de com-
prendre, d’une part, la place que peuvent tenir des observatoires astronomiques « traditionnels » à coté de grands instru-
ments internationaux dans la recherche astronomique et astrophysique, et, d’autre part, les relations qui se nouent entre
les Observatoires, les Universités et leur environnement dans l’enseignement, la diffusion de connaissances scientifiques et
la transmission des compétences astronomiques.
Directeur de l’Observatoire de Lille
Par Alain VIENNE
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vie de l'université : rubrique dirigée par Jean-Philippe Cassar / LNA#63 LNA#63 / vie de l'université : rubrique dirigée par Jean-Philippe Cassar