Sociologie des Sciences –Chapitre I : vers la sociologie des Sciences.
C. L’invention des paradigmes : Kuhn
La Structure des révolutions scientifiques (1962)
Thèse : la science moderne fonctionne par paradigmes. Pour Kuhn, ceci ne vaut que pour la science
moderne (à partir de Newton) ; d’autre part, il souligne qu’on ne peut avoir de recherche scientifique
sans paradigmes. C’est là le signe de la maturité de la discipline.
D’après Kuhn, un paradigme est une découverte scientifique de grande importance, universellement
reconnue, qui permet le développement de théories et qui, pour un temps, fournit à une communauté
de chercheurs des pbs et des solutions. Si Kuhn donne plusieurs définitions du paradigme,
globalement, il s’agit d’une découverte organisant le monde.
Comme chez Popper et Bachelard, le science ne procède pas par accumulation, mais plutôt par
révolutions.
Kuhn distingue 3 périodes dans le fonctionnement de la science :
1. la science normale : domination d’un paradigme qui semble meilleur que les autres, non pas
parce qu’il explique tout (puisque les chercheurs ont tjrs besoin d’énigmes), mais parce qu’il présente
des énigmes importantes.
Ici, tout le monde est d’accord sur les principes fondamentaux de la recherche, sur les sujets dignes d’étude (méritant
subventions, publications, et postes).
Ici, le paradigme limite donc les risques.
2. la crise du paradigme
Kuhn ne définit pas les lois de cette crise, mais il précise les caractéristiques de cette période de crise :
Une ou plusieurs anomalies qui perdurent malgré toutes les tentatives (phénomène
inexplicable)
Prolifération de différentes versions du paradigme.
Grande insécurité ressentie par les scientifiques, due à l’impossibilité durable de résoudre les
énigmes normales.
Tendance à l’analyse philosophique et à la discussion des fondements du paradigme.
4. L’émergence d’un nouveau paradigme : le renouvellement du paradigme ne se fait que si cela
est nécessaire, c’est-à-dire si un point fondamental du paradigme est remis en cause (cf. Popper
selon lequel un seul contre-exemple suffit).
La science a donc besoin de réfutation.
Les scientifiques ne renonceront au paradigme que si une théorie concurrente est prête à prendre la
place (cf. Popper propose une réfutation systématique de la science au moyen d’une comparaison
avec la Nature). Kuhn accepte cette idée mais le plus important est la comparaison des paradigmes
entre eux. Cette lutte est politique, et il y a une incommensurabilité des paradigmes, c’est-à-dire que
l’on accepte aucun des arguments de l’autre paradigme.
Kuhn souligne qu’à la fin des luttes, c’est le meilleur paradigme qui gagne. Et il rappelle que Copernic
ou Newton ont plus d’un siècle pour s’imposer.
Dans ce mouvement, Kuhn montre aussi l’importance des retours en arrière ; des phénomènes bien
expliqués par le paradigme précédent peuvent redevenir des énigmes.
RQ : Kuhn a inspiré de nombreuses études de l’action publique.
Les fonctions normatives des paradigmes sont au moins aussi importantes que leurs fonctions
cognitives :ce qui est important, outre les connaissances, ce sont les normes qu’ils proposent
Conclusion générale
Ces 3 auteurs ont fourni une tradition de pensée épistémologique, mais ont aussi découvert toute une société.
Tous les 3 affirment que les lois ne sont pas éternelles, et que l’on ne peut étudier la science
indépendamment de la société (il s’agit d’ « ammolir » les sciences dures)
2. LA REDECOUVERTE DU SOCIAL