KINESITHERAPIE PLUS CURE THERMALE Corrigé – Conf 1 D3 DOSSIER 1 Enoncé : Mme DUPUIS, 78 ans, souffre d’une coxarthrose droite responsable d’une limitation du périmètre de marche à 500 mètres et d’un index algo-fonctionnel de Lequesne à 8. Elle a comme seul antécédent une prothèse du genou gauche, 2 ans plus tôt pour une gonarthrose évoluée. Elle vit seule mais dispose d’une bonne retraite et d’un entourage familial protecteur. Elle fait son ménage et ses courses sans difficultés mais se sert depuis peu d’une canne dans la main droite pour déambuler. Elle vous consulte pour la première fois pour renouveler son ordonnance de traitement antalgique (les AINS sont contre-indiqués en raison d’un antécédent ulcéreux) et de son traitement anti-arthrosique symptomatique d’action lente. Elle profite de la consultation pour vous demander une ordonnance de rééducation de sa hanche pour la coxarthrose et une demande prise en charge pour une cure thermale qu’elle souhaite effectuer dans 3 mois et qui l’avait bien améliorée l’année précédente. Questions : 1/ Rédigez l’ordonnance de rééducation. 2/ Précisez les techniques dont dispose le kinésithérapeute pour répondre à chacun des objectifs de votre prescription 3/ Quelles sont les obligations légales du kinésithérapeute ? 4/ Rédigez la prescription de cure thermale. 5/ Quelles en sont les contre-indications ? Les effets « secondaires » ? Q1 Rééducation de la hanche droite pour coxarthrose supéro-externe droite (cette simple mention de la zone à traiter et de l’indication médicale justifiant la rééducation est suffisante pour le remboursement des soins de kinésithérapie). Indiquer les informations susceptibles de modifier la cotation des actes : Prise en charge en ALD 30 au titre d’une longue maladie Prise en charge dans le cadre de la « rééducation de la déambulation du sujet âgé » Prise en charge au titre de « soins palliatifs en phase d’accompagnement de fin de vie » Préciser (sans obligation) : Nombre et fréquence des séances (souvent 12 à 15 en première intention). Mention « en urgence » ou « à domicile ». Informations médicales utiles à la prise en charge de rééducation (ex : Prothèse du genou controlatérale). Objectifs de la prescription et axes de priorité de la rééducation : lever l’inhibition douloureuse ; réduction d’une attitude vicieuse et lutte contre les rétractions ; renforcement musculaire ; gain de mobilité ; contrôle proprioceptif. Techniques suggérées ou à éviter en fonction de l’indication (« pas de musculation dynamique en pouliethérapie » ; « pas de manipulation » par exemple). NB : Si ces précisions sont signalées, elles s’imposent au kinésithérapeute Q2 Lever l’inhibition douloureuse préalable à la récupération motrice (les douleurs périarticulaires ou articulaires inhibent le fonctionnement articulaire et musculaire, favorisent l’enraidissement articulaire et les rétractions tendineuses, les attitudes antalgiques vicieuses et le déséquilibre musculaire) Massages décontracturants du quadriceps, des ischio-jambiers, des muscles pelvi-trochantériens : Action antalgique immédiate et retardée en favorisant l’échauffement des tissus cutanés et sous-cutanés, la circulation vasculaire locale et le drainage veineux Massage superficiel, favorisant la libération des infiltrats cellulosiques Massage transverse profond pour les pathologies musculotendineuses Physiothérapie utilisant les propriétés antalgiques de la chaleur ou du froid : Par le chaud : lampes à infrarouges ; application d’argiles chaudes ; laser Par le froid : vessie de glace ; pulvérisation d’un gaz froid Electrothérapie utilisant les propriétés antalgiques des courants électriques : Techniques d’ionisation (ionophorèses) utilisant le courant continu pour faire migrer un élément à travers les tissus grâce à ses propriétés ioniques. Neurostimulation transcutanée utilisant un courant alternatif à basse fréquence. Ondes courtes (ultrasons à basses fréquences) utilisant les effets antalgiques thermiques et vibratoires Hydrothérapie (rééducation en piscine) : Massages en jet, d’intensité variable, mimant les effets du massage manuel Balnéothérapie combinant les vertus thermiques de l’eau et la rééducation en décharge (« en apesanteur »), intéressante chez les patients à mobilité réduite Parafangothérapie utilisant les effets antalgiques, thermiques et myorelaxants des boues sur les tensions musculo-ligamentaires Réduction des raideurs articulaires et des attitudes vicieuses (flessum ) et lutte contre les rétractions musculo-tendineuses et ligamentaires : Mobilisations passives manuelles. Postures manuelles douces et auto-postures +/- étirements Puis mobilisations actives manuelles ou mécanisées (Cf. infra). Renforcement musculaire et lutte contre l’amyotrophie de la cuisse : Massages Mobilisations passives manuelles. Renforcement musculaire statique (travail en contracter – relâcher) puis renforcement dynamique du quadriceps respectant la règle de la « non douleur » : Renforcement musculaire isométrique à longueur constante par des contractions isométriques progressives contre résistance manuelle, dans les amplitudes tolérées pour éviter les douleurs. Renforcement musculaire isotonique à charge constante (musculation) avec augmentation de volume du muscle : contractions musculaires répétées, adaptées d’une séance à l’autre aux progrès. Renforcement musculaire isocinétique à vitesse constante, permettant un renforcement musculaire dynamique par un contrôle de la résistance, éventuellement à l’aide d’appareils isocinétiques (arthro-moteur, coûteux). Lutte contre les raideurs et maintien des amplitudes articulaires fonctionnelles Par le « rodage » articulaire Par les mobilisations passives puis actives Rééducation de la marche +/- apprentissage de l’utilisation d’une canne Travail de l’équilibre (pour retrouver la confiance) Par la rééducation proprioceptive en chaîne cinétique ouverte (exercices en décharge) ou fermée (exercices en charge, sur un plan stable ou instable) Par le travail en équilibre monopodal ou à la marche Apprentissage de l’économie articulaire (éducation de la patiente) : Arrêter l’activité en cas de douleur et entrecouper les phases actives de phases de repos Eviter les stations debout ou les marches prolongées Utiliser les moyens de substitution (l’ascenseur, non l’escalier ; le caddy, non le sac) Apprendre la marche avec canne (invalidité liée aux membres inférieurs) Aménager l’environnement (conseils ergonomiques de ménagement fonctionnel) Q3 Demande de prise en charge respectant la nomenclature. Bilan diagnostique (obligatoire si le nombre de séances prévu est ≥ à 10) : Evaluation initiale des déficiences et des incapacités fonctionnelles : Etat musculaire (testing +++) Amplitude des mobilités articulaires actives et passives Rétractions tendino-ligamentaires et musculaires Description du protocole thérapeutique proposé : Nombre et rythme des séances Choix des actes et des techniques de rééducation Lieu de traitement (à domicile ou en cabinet) Traitement individuel ou en groupe. Envoi de ce bilan au médecin prescripteur (au médecin coordonnateur en cas d’HAD) dès le début du traitement pour avis et validation : Si le nombre de séances est < 10, l’information du médecin peut se limiter à une copie de la demande d’entente préalable. Ce bilan est réévaluable à tout moment par le médecin et en concertation avec lui Une fiche synthétique est tenue à la disposition du patient et du service médical de la Caisse Primaire d’Assurance Maladie (CPAM) de la sécurité sociale. Information du médecin prescripteur, par écrit, de l’évolution des soins : Evénements ayant justifié des modifications thérapeutiques ou l’arrêt du traitement. Résultats obtenus par le traitement kinésithérapique par rapport à l’objectif initial. Propositions concernant la poursuite ou non rééducation et nombre de séances supplémentaires souhaitées si besoin (une prescription complémentaire est nécessaire s’il est favorable, puis une nouvelle demande d’entente préalable). Conseils donnés au patient concernant les exercices d’entretien et de prévention. Cotation des actes : Massage localisé ou abdominal : AMK2 Massage d’un membre : AMK3 Massage du tronc ou de plusieurs membres : AMK4 Rééducation des petites articulations : AMK4 (30 mn) Rééducation des grosses articulations : AMK6 (45 mn) Rééducation d’un membre complet : AMK7 (45 mn) Rééducation de plusieurs membres : AMK9 (60 mn) Hémiplégie de l’adulte : AMK8 (60 mn) Réadaptation à la marche des personnes âgées : AMK4 ou AMK9 Q4 Le principal intérêt des cures thermales, souvent réclamées par les patients rhumatisants (300 des 550.000 curistes par an en France), est la possibilité de mise en route d’une kinésithérapie avec balnéothérapie dans des conditions optimales. La demande de cure est remplie par le médecin traitant : Le formulaire indique le choix de la station en fonction de l’indication médicale et des souhaits climatiques ou personnels des patients (il existe plus de 100 stations thermales en France dont 80% ont un secteur Rhumatologique : Aix les Bains ; Dax) Le formulaire indique les renseignements médicaux destinés au médecin conseil, nécessaires à la prise en charge par l’assurance maladie (ex ; coxarthrose). Il signale l’absence de contre-indication Il informe la nécessité ou non d’une hospitalisation pour la réalisation des soins Il informe éventuellement du besoin d’une cure dans une double indication (ex : nutrition pour maigrir + appareil locomoteur pour la coxarthrose) La prise en charge de la cure est subordonnée à son acceptation par la caisse d’Assurance Maladie : L’imprimé doit être adressé à la Caisse au plus tard 4 semaines avant le début de la cure (l’absence de réponse négative dans un délai de 21 jours vaut acceptation) Elle recouvre les honoraires médicaux (3 consultations remboursées à 65% sauf pour les curistes bénéficiant de l’exonération du ticket modérateur). Elle recouvre les 18 jours de soins thermaux obligatoires sur les 21 jours de la cure (pas de cure le dimanche), chaque soin durant de 90 à 150 mn (remboursés à 65% ). Elle recouvre, sous conditions de ressources (plafond fixé chaque année par le Ministère de la Santé) : Un forfait pour les frais de transport en train (en 2ème classe !) Un forfait pour les frais d’hébergement Un forfait pour les indemnités journalières (arrêt de travail imposé par la cure). Q5 Contre-indications générales Infections sévères aiguës fébriles ou évolutives ou contagieuses (tuberculose) Immunodépression (risque d’infection nosocomiale) Néoplasies évolutives (cancers ; hémopathies) Pathologies cardio-vasculaires évolutives ou décompensées ; HTA non stabilisée. Affections psychiatriques sévères Dermatoses sévères. Défaillance viscérale sévère, pulmonaire, hépatique ou rénale ; états cachectiques. Contre-indications rhumatologiques Rhumatismes inflammatoires en poussée Effets « secondaires » La « crise thermale » : réactivation de la symptomatologie parfois après la première semaine de cure L’asthénie post-cure : manifestations générales qui font suite, parfois à la cure (asthénie ; anorexie ; fébricule ; troubles du sommeil)