AC 03 Dimanche 19 mars 2017 Troisième dimanche du Carême I

publicité
AC 03 Dimanche 19 mars 2017
Troisième dimanche du Carême
I- LECTURES BIBLIQUES
Jean 4/ 5 à 42 La Samaritaine
avec Exode 17/3 à 7 et Romains 5/4 à 8
Elles sont référencées à la page précédente, sous onglets actifs.
**********
II- NOTES/COMMENTAIRES/MEDITATIONS/PRIERES
AC 03
PRESSE 2008
Jean 4/ 5 à 42 La Samaritaine
avec Exode 17/3 à 7 et Romains 5/4 à 8
PPT2008
La Samaritaine
D’après Philippe BERTRAND
Il est notre Dieu : nous sommes le peuple de son pâturage, le troupeau que sa main conduit
Psaume 95/7
Dieu apaise nos soifs !
Au livre de l’Exode, Dieu fait jaillir l’eau du rocher et apaise ainsi la soif et les murmures de son
peuple.
Dans l’Evangile de Jean, Jésus révèle à la Samaritaine que, comme l’eau rend la vie physique possible,
Il est celui qui donne la vie éternelle.
Celui qui croit lui en devient lui-même source de vie.
Près des sources du Jourdain, Pierre confessera sa foi et reconnaîtra en Jésus le Messie attendu.
Soif de paix, de pardon, l’apôtre Paul proclame que Jésus assouvit toutes nos soifs lorsqu’il nous
réconcilie avec Dieu par sa mort.
Ne nous laissons pas attirer par les sources frelatées inventées par les humains et recevons l’eau pure
avec reconnaissance : elle est offerte par Jésus, l’eau du baptême en est le signe.

La soif de Jésus
Un Dieu mendiant d’amour
(Titre de Philippe LIESSE,) dans DIMANCHE
Il y avait une animosité profonde entre les Juifs et les Samaritains. Lors des invasions assyriennes et
babyloniennes, les deux royaumes juifs du Nord (722) et de Juda (586) avaient été décimés par des
déportations, les exilés étant en partie remplacés par des étrangers païens. Plus tard, Darius favorisa le
retour des exilés.
Les Samaritains occupaient une partie de l’ancien Royaume du Nord, avec un lieu de culte au Mont
Garizim (Vision de l’échelle de Jacob). Religieusement, ils se réclamaient de Jacob dont David était un
lointain descendant.
Les Juifs mettaient l’accent sur Jérusalem et son Temple (la 3e version récemment construite par
Hérode le Grand).
Il y avait plus de ‘mélanges’ avec des non juifs chez les Samaritains que chez les Juifs. Les Juifs zélés
méprisaient les Samaritains et évitaient tout contact avec eux. Ils évitaient même de traverser la Samarie
pour se rendre de Jérusalem en Galilée et vers Lac de Tibériade. Jésus n’aurait pas dû interpeller la
Samaritaine et elle n’aurait pas dû répondre.
Juifs et Samaritains attendaient le Messie.
Extraits du texte de Philippe Liesse :
Au puits de Jacob, Jésus a violé les tabous. Comme lorsqu’il toucha des lépreux et alla manger avec des
gens considérés comme pécheurs.
Il a montré que Dieu, bien loin de se tenir à l’écart des pécheurs, cherche à rétablir le contact avec ses
enfants égarés.
Le Père a besoin d’avoir ses enfants près de Lui.
La présence de Dieu n’est pas limitée à un endroit, fût-il sacré : le Mont Garizim ou le Temple de
Jérusalem.
On ne peut circonscrire Dieu, ni le posséder, ni en avoir l’exclusivité.
Jésus conteste tout enfermement dans des idées préconçues autour du sexe, de la race, de la moralité ou
de la religion.
En Jésus, Dieu se fait mendiant d’amour, pour mieux être
La source vive d’une grâce abondante.
**********
 PRESSE 2005
AC03
Romains 05-01-08 avec Jean 4/ 5 à 42 et Exode 17/ 1 à 7
PPT 2005 pour le 3e dimanche du Carême
D’après Pierre MERLET
Justifiés par la foi !
De Luther à Karl Barth, les grands réformateurs ont reçu le souffle de la justification par la foi comme
un appel à un renouveau.
Il s'agit de ne pas en faire un slogan de détestable orgueil spirituel.
Dans la réalité, la grâce précède la foi.
Sans la grâce qui agit d'abord par l'Esprit (le don de Dieu au verset 5) la foi ne justifie rien.
Elle dégénère rapidement et lamentablement en une accumulation d'œuvres purement humaines.
La foi n'est jamais acquise à perpétuité.
Elle n'est pas une propriété.
Elle n'est pas à conserver au frigo des valeurs inutiles.
Elle est l'immense cadeau de chaque jour, chaque jour renouvelé au souffle de l'Esprit.
PPT 2005 Prière
D’après Pierre MERLET
Notre Père, tu sais la faiblesse de notre foi.
Elle peut n'être qu'une malheureuse illusion.
Elle peut n'être qu'un triste paravent cachant notre paresse.
Notre paresse à transformer la terre.
Cachant aussi nos détresses impuissantes, nos révoltes, légitimes ou illégitimes, ou nos épuisements
dans ce monde où les déserts sont appelés à refleurir.
Père, nous t'en prions, chaque matin tu renouvelles tes bontés, chaque nuit tu veilles sur nos sommeils,
que chacune de nos journées s'ouvre à ton esprit d'amour !
Change nos critiques envers nos proches en intercession bienveillante et miséricordieuse.
Vivifie notre espérance, tu restes le même, hier, aujourd'hui, éternellement.
**********
 A Passion 3 Jean 04/5 à 42 avec Exode 17/3 à 7 et Romains 5/ 1 à 8
PPT 2011, pour le dimanche venant 27/3/11
Dérivé du texte d’Eva NOCQUET
Au puits de Jacob ! Quelle rencontre !
Lieu insolite, heure insolite : loin du village, à l’heure chaude, Jésus se fait dépendant d’une inconnue :
il lui demande de l’eau. Il a besoin d’une eau venue par elle. Patiemment, Jésus construit en elle, lui
communique sa confiance.
Il la prépare à dire la vérité sans l’embellir, sans se justifier.
Pouvoir dire la vérité, … même à propos d’une vie en désordre,
c’est faire un premier pas vers la sainteté.
L’approche de Dieu, cette ouverture venue de Lui, ne triche pas, elle fait confiance et reconnaît ses
propres limites, ses faiblesses, sa grande soif.
Et elle sera désaltérée.
Comme au puits de Jacob, Jésus se tient humblement au bord de notre vie.
Il veut nous libérer du poids de nos fautes,
il veut nous faire entrer dans une vraie relation avec Dieu et avec les humains.
Puissions-nous, en ces rencontres furtives, adorer en esprit et en vérité, car c’est là que coule l’eau vive
de l’éternité. AV.
Prière PPT 2011
D’après Eva NOCQUET
Seigneur, qu’il nous est si difficile de ne pas juger,
ou d’accepter de dépendre de quelqu’un !
Ou d’accueillir l’étranger comme une promesse.
Qu’il nous est difficile d’être humble et accueillant !
Tu nous donnes l’exemple d’une vraie rencontre, d’une rencontre en vérité,
D’une adoration qui n’a pas besoin de lieu saint, car elle célèbre la vie. Merci !
Permets que nous ayons aussi confiance en toi et en ton amour, puisqu’il précède le nôtre,
Permets que la vérité nous rende réellement libres.
Guide-nous sur la trace de tes pas, dans la sincérité et la confiance
Et que la source de ton eau vive coule toujours en nous !
**********
 COURRIER 2-03-01
Sœur Myriam HALLEUX AC3 avec Exode 17/ 3-7 et Romains 5/ 1-8
Parole comme une source
En Samarie, fidèle à son refus de tout transformer par lui-même en objet de consommation (cf. la
tentation au désert), Jésus expose sa soif à une femme. Au puits de Jacob est révélé le prix de la
rencontre vraie où la Parole que l’un et l’autre s’apportent mutuellement étanche la soif et nourrit
davantage que le pain.
Par son désir, Jésus révèle la soif intérieure de la samaritaine en même temps que la source de son être
qui attend d’affleurer dans son regard, son corps, son rire.
En dévoilant son propre besoin, Jésus permet à la femme de se dire, elle aussi, en vérité : je n’ai pas de
mari. Avoir eu cinq mari manifeste combien elle demeure en besoin de tendresse, en quête d’une eau
vive qui comblerait sa frustration intérieure ...
Rencontrer Jésus, c’est entendre se poser, d’une manière ou d’une autre, la question :
Que cherches-tu ? Cherches-tu à vivre quelque chose de dense, de profond ?
Quel désir t’habite ? Qui cherches-tu ?
Le Seigneur nous rencontre au puits de nos amours - tordus parfois -, au puits de nos espoirs et de nos
déprimes, sans tricher : Tu dis vrai !
Sa parole fore la nappe d’eau stagnante de nos habitudes, de la satisfaction immédiate de nos besoins
pour faire jaillir une eau vive, vivante.
Ne souhaites-tu pas te risquer dans un voyage vers ton vrai JE ? Elargir ton espace intérieur ?
Marcher vers une fontaine (St Exupéry).
Je ne vins pas pour te renvoyer à une pratique enfin sérieuse de la religion, à une obéissance plus
ferme aux commandements, à la morale.
Trouve-toi toi-même dans mon regard qui ne te juge pas.
Le Seigneur n’a pas froncé de sourcils inquisiteurs devant une hérétique de mauvaise vie, il lui a confié
sa propre vulnérabilité : J’ai soif ! Quelque chose me manque que tu peux m’offrir.
Voilà qui ouvre en elle assez de liberté et de confiance pour se sentir proche d’une nouvelle naissance et
oser demander à son tour ; Donne-moi de ton eau, afin que je n’aie plus soif !
**********
 5b03 homélies Année 5/ 3e après Epiphanie /Jean 4/5-14
LUTH 5 du 3e dimanche après l'Epiphanie
La Samaritaine
Limité aux versets 5 à 14
- APPROCHE DU TEXTE
Hans-Jürgen BENEDICT
Discussion avec des étudiant(e)s en socio-pédagogie de Hambourg. On commença par regretter
l'interruption au verset 14, ce qui fait perdre une bonne partie de la valeur du dialogue.
Faut-il envisager de prendre le chapitre jusqu'au témoignage rendu au Christ par la femme ?
Une étudiante insista sur le fait qu'en s'arrêtant au verset 14 on donne l'impression que Jésus méprise
passablement la femme. "Ce n'est pas ainsi qu'on répond à une personne qui pose une question
concrète".
Comment évaluer la question de la femme au verset 9 "Comment, toi qui es Juif ...?" On pourrait penser
que la femme tire fierté d'une situation d'isolement. A la suggestion : "il y a plutôt de l'étonnement parce
que Jésus transgresse deux fois les tabous (homme- femme, Juif- Samaritaine)" le groupe répliqua :
"Non, ce doit être plus simple que cela ; la femme a l'arrogance du discriminé ; Jésus répond alors sur le
même ton, entre dans son jeu et parle par allusion. Sa réponse nous est alors beaucoup plus
compréhensible dans un tel contexte".
Au départ, il y avait une question concrète. La réponse de la femme amène Jésus à faire dévier la
conversation sur le plan symbolique. Mais la femme reste d'abord concrète et fait allusions au problème
de l'eau pour les femmes en pays semi aride. Elle fait aussi appel à sa propre tradition religieuse, à
Jacob, ancêtre des Juifs et des Samaritains.
"Serais-tu plus grand que notre père Jacob ?"
La femme vient tout de même sur le terrain de Jésus.
SCANDALEUX ?
Longue discussion à propos de cette femme qui expose ses problèmes quotidiens (chercher de l'eau
presque en cachette) et Jésus qui la "console" en lui parlant d'eau spirituelle, éternelle.
Ne faut-il pas commencer par nourrir l'affamé avant de lui parler de son âme ? Cela peut paraître
scandaleux. Pourtant, s'il est vrai que les humains ne vivent pas de pain seulement... ?
Pour nous, qu'est-ce que cette source éternelle ?
Partage d'associations et d’expériences : c'est comme un cordon ombilical nous reliant à Dieu. Celui qui
a trouvé cette source n'a plus à chercher. On est un récipient qu'il faut toujours remplir à nouveau.
Il faut chercher, non sans souffrance. La source, c'est ce qui permet de laver et de vivre.
N'avons-nous pas empoisonné les sources naturelles, et bouché les surnaturelles ?
L'écologie ne suffit pas.
Une expérience de masse : nous sommes coupés de la source de vie, en même temps noyés dans la
consommation et la recherche de satisfactions de remplacement.
FINALEMENT : JESUS A-T-IL REÇU A BOIRE ?
ESQUISSE
Jürgen ROGLER
La péricope est vraiment un texte martyr. On a coupé aux deux bouts. Le texte complet serait
probablement trop long. On peut se contenter de la péricope, mais la prédication devra raconter le
dialogue et montrer comment la femme est devenue témoin de la foi.
Il y a la transgression de deux tabous, de plus à un puits, lieu traditionnel de la demande en mariage
dans AT. Jésus apparaît d'abord comme un homme épuisé, assoiffé.
Il se révélera comme le Messie, le sauveur du monde.
La femme est interpellée dans sa situation concrète.
Il est midi, l'heure la plus chaude. L'heure du changement, pour la vie de la femme, pour la ville de
Sychar. Après, elle n'aura plus besoin de venir à cette heure-là.
L'INCOMPRÉHENSION DANS L'ÉVANGILE DE JEAN
Prendre cela comme accrochage pour la prédication.
Pour Jean, les incompréhensions sont un moyen de style pour faire apparaître que Jésus apporte une
révélation.
Jésus provoque des incompréhensions afin d'éveiller la soif du don de Dieu.
On part de faim et de soif physiques pour parler de bien autre chose.
Jésus parle par allusion, pour faire avancer le dialogue, il est provoquant.
Mais la femme tient "le bon bout" : sans elle, il n'aura pas d'eau.
La progression chez la femme : 10 - 14 - 25-26
Eau vive : en hébreux, eau courante ou eau de source.
Dans l’AT, le salut est comparé à une source d'eau (Ps.1/3, 23/2 Esaïe 12/3). Jahvé est lui-même
comparé à une source d'eau vive (Jérémie 2/13) ou une source de vie (Ps 36/0 Jérémie 17/13 Esaïe
55/1).
Jésus part de la soif physique pour éveiller la soif spirituelle ou soif du don de Dieu
Si tu connaissais ...10.
Le langage imagé permet bien d'exprimer tout ce que l'eau vive peut apporter à l'être humain.
Il s'agit de sortir de l'insatisfaction pour s'assurer de l'amour de Dieu.
L'important, c'est la dynamique de la conversation. Après la conversation, la réalisation, 14ss:
la source jaillit et la femme assoiffée devient instrument de foi pour les Samaritains.
Les rôles s'inversent : Jésus cesse de demander pour donner.
La femme, seule capable de puiser au puits, se met à demander l'eau vive.
L'assoiffée, "la périphérique", devient source pour les gens du lieu.
Nombreux sont alors ceux qui voient en Jésus le Sauveur du monde.
Reprendre le récit dans la prédication. Ne pas abstraire mais concrétiser, imager le récit.
Faire une pause musicale et raconter des souvenirs de source vive.
Eventuellement confectionner et distribuer des gouttes d'eau en papier.
PRÉDICATION
Un homme avait un cheval qui avait décidé de ne plus boire. L'homme avait beau tout essayer, le cheval
refusait de boire. Si cela continuait, le cheval allait mourir. Quand l'homme eut une idée ...
Ne pas dire quelle idée. Expliquer qu'il s'agit d'une image, d'une parabole, d'une métaphore.
Il y a des gens qui n'éprouvent pas de soif spirituelle, ils ne ressentent pas le besoin de Dieu, ou se
contentent de succédanés.
Comment faire naître en eux la soif d'une vie vraie ?
Jésus a fait face à de telles situations. Il avait l'art de faire naître cette soif chez les gens, même chez
ceux qui semblaient irrécupérables.
1. Rencontre de la Samaritaine au puits. Point de départ : l'hostilité des Juifs et des Samaritains.
La tension homme/femme. Jésus seul, n'a rien pour puiser.
2. Jésus éveille chez la femme la soif de connaître, par sa demande, par ses allusions sources de
malentendu. La femme questionne, mais montre sa force. Les allusions font naître des questions
et éveillent l'attention. Exemples éventuels.
3. Donner du temps à la communauté ; donner des exemples, des expériences. Pause musicale.
Eventuellement distribuer les "gouttes" de carton. Fil conducteur : Je me souviens d'une eau vive...
Puis : Jésus donne l'eau vive. Pour moi, cela signifie que ...
Les auditeurs gardent leurs "gouttes", pour garder captives leurs pensées, pour faire naître des idées.
 4 L'entretien est fini.
La femme retourne chez elle et raconte, témoigne.
****
La femme, probablement une marginale, devient un témoin pour Jésus. Par elles des Samaritains
viennent à la foi en Jésus. La femme est soudain devenue une source, comme Jésus l'avait indiqué.
Jésus a donc bel et bien de l'eau vive. C'est son secret, c'est son pouvoir.
Ce qui reste vrai : aujourd'hui encore, Jésus veut éveiller la soif d'eau vive.
Parfois, Il nous interpelle directement ; parfois, il le fait par d'autres.
Parfois, c'est nous qui devenons des sources d'eau vive.
Fin de l'histoire du cheval : le paysan est allé chercher un autre cheval, il l'a fait boire à côté du sien.
En le voyant, le premier a senti la soif monter en lui ... et s'est mis à boire.
Quand nous laissons voir comment nous nous abreuvons à la source vive, d'autres se mettent à sentir
qu'ils ont soif !
**********
 PRESSE 2005
Jean 4/ 5 à 42 avec Exode 17/ 1 à 7 et Romains 5/ 1 à 8
 COURRIER DE L’ESCAUT
D’après l'abbé Louis DUBOIS
Lâchons la cruche !
Etonnant, subversif même, et cependant très actuel, le texte proposé pour ce 3e dimanche de Carême.
Relisons-le posément sans tenter de l'affadir.
Jésus et ses disciples sont près de Sychar, en Samarie.
Comme il est midi, les disciples sont allés en ville chercher de quoi manger.
Où est-il ce Jésus ? D’habitude, il marche à leur tête, grimpe la montagne pour parler aux foules, il se
déplace plus vite en traversant le lac.
Il est assis sur la margelle d'un puits, fatigué. Et il a soif.
Oui, le Fils de Dieu est fatigué.
Il a commencé
Arrive une femme du pays, avec sa cruche, pour puiser de l'eau.
Poliment, elle se tait. Une femme seule n'adresse pas la parole à un homme seul.
Et c'est Jésus qui parle, il parle, parce qu'il a soif ! Donne-moi à boire !
En fait, un "bon" juif ne doit pas adresser la parole à un Samaritain.
Vous tous, gardiens des traditions, sachez-le bien : ce n'est pas la femme qui a parlé la première, c'est
Jésus qui a commencé.
Il s'est permis de parler avec cette femme, pourtant, elle appartenait à un peuple dont la religion était
fausse, de plus, sa conduite n'était pas recommandable.
Tout le monde le sait : elle a changé cinq fois de concubin.
Pourtant, Jésus lui adresse la parole.
Quand ils reviendront, les disciples en seront fort surpris. Ils n'oseront rien dire.
La femme s'étonne, elle aussi, mais elle est polie et elle répond.
Elle pose une question de religion :
Nos pères ont adoré Dieu sur cette montagne, et vous, juifs, vous dites qu'il faut adorer à
Jérusalem, explique-moi !
Il ne fait pas de controverse, elle pose une question.
Jésus lui répond alors :
L'heure vient où vous n'irez plus sur cette montagne ni à Jérusalem pour adorer le Père. L'heure
vient, et c'est maintenant :
les vrais adorateurs adoreront le Père en Esprit et en vérité.
Suit un entretien spirituel et véridique.
Les disciples reviennent et déballent les victuailles. Ils sont étonnés de les voir ainsi parler.
Et voilà que la femme se fait missionnaire : elle lâche sa cruche, comme si elle n'avait plus besoin de
l'eau qu'elle était venue chercher.
Elle a trouvé une autre source, plus claire et plus vive.
Elle court en ville et elle crie :
Venez voir celui que j'ai vu, venez entendre celui que j'ai entendu !
N'est-ce pas un monde nouveau qui naît avec lui ?
Les gens accourent et invitent Jésus à rester chez eux.
Le plus simplement du monde, l'évangéliste Jean ajoute : il y resta deux jours!
Ecouter la différence
Tout cela est arrivé parce que Jésus était fatigué par la route et qu'ayant soif, il a demandé à boire.
Car il n'était pas là pour prêcher, sermonner, Il était vraiment fatigué.
Il avait vraiment soif et il avait besoin de cette femme pour lui donner à boire.
Est-ce qu'il n'en serait pas de même, aujourd'hui, pour notre Eglise ?
Fatiguée, ne devrait-elle pas s'asseoir ?
Et apprendre à écouter la différence ?
D'habituer à ne pas avoir la solution ?
Ne serait-il pas réconfortant pour nous de nous asseoir sur la margelle du puits avec les incroyants et les
adeptes d'autres religions, des hommes de sciences et de réflexions libres
et de les écouter et de leur offrir nos services ?
De faire partie d'une église qui se sait pauvre et qui se veut servante ?
Mais pour cela, elle devrait, comme la Samaritaine, lâcher la vieille cruche de ses certitudes au profit
d'un monde nouveau.
 DIMANCHE, commentaire des lectures de dimanche prochain
D’après Philippe LIESSE
Quelle eau pour quelle soif ?
Une femme !
Une femme à la vie sentimentale mouvementée !
Une Samaritaine !
Des barrières infranchissables qui auraient dû la laisser seule, livrée à elle-même,
à sa féminité, à sa corvée d'eau.
Selon les coutumes, Jésus devait passer son chemin sans même croiser son regard.
Il aurait dû respecter ces deux règles primordiales de discrimination et de rejet.
Mais Jésus lève les barrières, il passe au-delà des frontières culturelles en se faisant quémandeur :
Donne-moi à boire!
C'est plus que de l'étonnement chez cette femme.
Qui peut-il donc être cet homme qui ose franchir tous les tabous séculaires?
Quelle soif peut le pousser à agir ainsi ?
La suite fait penser à une épreuve théâtrale d'improvisation :
- Les réparties font naître le quiproquo.
- Tous les deux parlent d'eau !
- Mais pas de la même eau.
- Les mots s'emmêlent en se jouant l'un l'autre.
- Qui aura le dernier mot ?
En réalité, tout ce chassé-croisé met à jour un malentendu bien plus fondamental qui fait se dresser la
frontière entre juifs et samaritains.
Plus qu'une simple frontière, c'est quasi un mur, celui de l'exclusion réciproque, cimenté par la vérité
religieuse que chaque partie prétend détenir.
Nos pères ont adoré Dieu sur cette montagne,
et vous, juifs, vous dites qu'il faut adorer à Jérusalem, explique-moi !
Dieu localisé sur une montagne ! Dieu enfermé dans un sanctuaire !
Autant de limites pour mieux l'enfermer, le posséder, et prétendre pouvoir dire toute la vérité sur lui.
Faux problèmes ! Les vrais adorateurs sont ceux qui adorent en Esprit et en vérité.
La vraie adoration est une manière d'infléchir sa vie en l'ajustant à l'amitié et la tendresse de Dieu,
jusque dans les actions les plus concrètes.
La samaritaine est subjuguée par cette rencontre tout imprégnée de transparence et de vérité.
Je sais qu'il vient, le Messie, celui qu'on appelle Christ !
La réponse est provocante de simplicité : Je le suis !
C'est la première fois que Jésus dit qu'il est le Messie.
Il refuse tout préjugé de sexe, de race, de moralité, de religion.
Dans cette liberté déconcertante qu'il affiche, il se dévoile comme l'envoyé de Dieu, l'Eau vive par
excellence.
**********
Notes pour l’année A
 D'après SIGNES 1999
Les 3 dimanches avant la semaine sainte présentent des lectures qui prennent plus de temps.
3e dimanche de la Passion
Le thème de l'eau relie la 1ère lecture à l'Evangile.
Les deux passages montrent le rôle capital de l'eau dans la vie. Le symbolisme de l'eau est très fort et il
apparaît dans les deux textes.
Il s'agit du Dieu de la vie,
il est la source première et intarissable de chacune de nos vies.
Paul donne un nom à l'amour qui désaltère mieux que tout: c'est l'Esprit saint.
Jean 4/ 5 à 42
C'est une catéchèse en plusieurs actes.
Au départ, tout sépare les deux acteurs, la nationalité, le sexe, la religion.
En ce lieu, Jésus est étranger. L'occasion d'entrer en dialogue vient donc de son humilité :
il est fatigué et il a soif. C'est lui qui fait le premier pas, et c'est inattendu, tant pour la samaritaine que
pour les disciples.
Le symbole très fort du puits et de l'eau sert à Jésus pour déplacer le centre d'intérêt de la femme et
l'introduire dans un autre univers.
Le chemin se fait de l'eau du puits à l'eau vive donnée par Dieu, elle seule peut satisfaire celui/celle qui
la cherche.
La femme va progressivement reconnaître celui qui lui parle.
Elle l'appelle d'abord "Juif" avec la distance que cela implique pour elle, elle va voir en lui un
personnage plus grand que l'ancêtre Jacob, puis un prophète, enfin, elle l'appelle "Seigneur".
Au seigneur, elle demande d'éclairer sa foi.
Et Jésus, sans transiger sur le choix de Dieu, - il dit que le salut vient des juifs,- lui révèle qu'il est le
Messie qu'on attend.
A la fin, Jésus n'a ni mangé ni bu, il a fait la volonté de Dieu qui est de faire connaître le salut au
monde, à commencer par les Samaritains.
Soif de Dieu
Jésus assumé nos soifs. Il demande à boire à la Samaritaine pour les calmer jour après jour.
Sur la croix, il a crié sa soif de Dieu et sa volonté d'aller jusqu'au bout de sa mission :
Mon âme a soif du Dieu vivant.
C'est toi, mon Dieu, que je cherche, mon âme a soif de toi ! Psaume 42/3, 63/2
Les Samaritains
En 722 avant notre ère, Samarie avait été envahie par les Assyriens. Ils déportèrent une partie des
habitants et les remplacèrent par des étrangers, des païens.
Ce mélange des races (et des religions) rendit touts les Samaritains suspects aux yeux des juifs. Par
exemple, leur concours fut refusé lors de la reconstruction du Temple après le retour de l'exil.
L'hostilité était donc réciproque et elle ne cessait de grandir.
Mais Jésus ne la partageait pas.
Romains 5/1-2, 5-8
Paul insiste sur la gratuité du don de Dieu. A l'origine, il y a l'amour de Dieu. Cet amour s'est manifesté
en Jésus, mort pour nous alors que nous étions encore des pécheurs.
C'est notre confiance en cet amour qui fait de nous des justes, elle nous ouvre à l'espérance et nous
permet d'accepter le don de Dieu.
Ce que l'Esprit répand dans nos cœurs est pur cadeau.
La foi nous ouvre l'accès d'un monde insoupçonné, le monde de la grâce qui précède nos efforts et nous
assure la paix.
Notre justice vient de Dieu et non de nous.
 SIGNES 1999
Prière.
Seigneur, depuis que tu m'as appelé à la vie, j'ai cherché partout une eau qui apaiserait toutes mes soifs.
Donne-moi cette eau, Seigneur !
Toi seul me connais parfaitement.
Toi, tu sais ce qui est bon pour moi, tu sais où je dois aller pour donner le meilleur de moi-même.
Aide-moi à trouver où est ta volonté et où est mon véritable désir.
Aide-moi à unir les deux pour mon bonheur et le service de l'amour!
.
SIGNES 1999
Rien n'est impossible à Dieu
C'est la rencontre de Jésus et de la Samaritaine au bord du puits de Jacob.
C'est la rencontre de l'impossible.
Car il est impossible ce tête-à-tête d'un Juif et d'une Samaritaine.
Elle est impossible cette intimité en public d'un Juif avec une femme.
Il est impossible qu’une femme se retrouve aller chercher de l'eau en plein midi.
A cette heure-là, les femmes ont autre chose à faire que d'être dehors sous un soleil insupportable.
Mais rien n'est impossible à Dieu !
Pas même ce chemin de la révélation : il va à tâtons du visible vers l'invisible.
**********
 Jean 4 (Antérieurs à 1999)
Jean DEBRUYNNE
Etrange rendez-vous de Jésus et de cette Samaritaine ; étrange parce que rien ne "colle" dans ce récit :
 un juif parlant à une Samaritaine,
 un homme parlant à une femme, seul à seule, dans un pays du Moyen Orient ;
 le Fils de Dieu et une pécheresse.
Jésus demande à boire pour révéler à cette femme que c'est elle qui a soif.
Il n'y a de dieu possible que désiré. Car, comme l'écrivait Paul, Dieu fait de nous des justes par la foi, et
l'espérance ne trompe pas puisque l'amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs". La foi, l'espérance et
l'amour ne sont pas un système théologal, ce n'est pas d'abord une logique dogmatique, mais avant tout
un désir.
L'homme pécheur est avant tout un homme de désir. Comme la Samaritaine du puits de Jacob, il se
reconnaît dans son besoin, dans sa soif, dans son appétit. Contrairement aux repus, le pécheur est un
homme affamé, un homme de besoin. Ainsi, dans le livre de l'Exode, le passage par le désert révèle-t-il
au peuple ses vrais besoins que l'esclavage lui avait cachés : "Le peuple avait soif."
Ce n'est qu'alors, et alors seulement, que le thème de l'eau devient un langage et cesse d'être un thème
de prédication. On ne donne pas à boire aux gavés. A quoi cela servirait-il que Dieu soit une source
jaillissante si personne n'avait soif ? A quoi sert l'eau vive si personne n'est assoiffé ? Voici le temps
du besoin.
*****
Ch .WACKENHEIM
Il ne suffit pas d'être baptisé, même comme adulte, pour avoir "résolu" le problème de la foi. Et d'abord,
nous devons nous demander ce que signifie la distinction courante entre croyants et incroyants. A
l'instar des juifs du temps de Jésus, les chrétiens ont l'habitude de se considérer eux-mêmes comme les
vrais croyants et de situer les incroyants - les samaritains et tous les autres - au-delà d'une frontière au
tracé délimité.
Ce manichéisme correspond à une tentation universelle. Qu'on le veuille ou non, on est l'incroyant de
celui dont on ne partage pas les opinions. Pour les juifs et les musulmans, les chrétiens furent pendant
une longue période les incroyants par excellence. Aux yeux des théistes, tous ceux qui ne raisonnent pas
comme eux sont des athées ; ceux qui puisent dans leurs croyances des convictions structurées n'ont que
mépris pour les agnostiques.
Sous toutes les latitudes, les groupes socialement et idéologiquement dominants tendent à marginaliser
et à disqualifier les groupes déviants. Dans l'Evangile de la Samaritaine, Jésus prend le contre-pied de
cette mentalité : en dialoguant avec cette femme, il fait éclore la foi implicite qu'elle portait en elle.
*****
Gh. PINCKERS
La perspective baptismale est coexistant à toute l'existence chrétienne et il ne sera pas inutile de
l'accentuer.
Si le baptême puise sa densité dans les profondeurs de la condition humaine, il trouve son sens dernier
en Christ, l'Homme Nouveau, le Fils de Dieu.
Le baptisé a revêtu le Christ, et c'est par grâce qu'il a été sauvé.
Chez Paul, le baptême apparaît bien plus comme une vie (qui se déploie) que comme un rite : l'essentiel,
c'est la vie baptismale, en laquelle ne cessent d'être à l'œuvre le Seigneur et son esprit. Dès lors, ce qu'il
s'agit de célébrer, c'est cette présence agissante de Dieu : et par là sera retrouvée la source même du
baptême. Au fond, il s'agit pour nous de vivre ce carême baptismal dans l'esprit qui animait l'Eglise
quand, après le baptême, elle révélait aux néophytes les richesses de ce qu'ils avaient reçu dans les rites
tant il est vrai que la vie chrétienne n'est pas tant un effort pour atteindre Dieu qu'une réponse
clairvoyante au don de Dieu. N'est-ce pas ce que Jésus dit à la Samaritaine : "Si tu savais le don de Dieu
..."
**********
 2C2 Passion 2 1998 HOM.8/03/98 Reminiscere
Romains 5/1-5(11)
Notes pour texte Luthérien Année 2 Passion 2
PRAXIS 1998
Ludwig BURGDÖRFER
Approche réalisée sous deux aspects différents :
1
Un groupe de jeunes et des jeunes adultes, dans le contexte du Kirchentag.
Le texte écrit a été remis à chaque participant, et chacun a réagi par écrit.
2
Cercle biblique, en majorité des femmes engagées dans l’Eglise.
On a consacré une soirée complète au partage concernant le texte.
Remarquons que ces groupes très différents sont parvenus à des conclusions qui se ressemblent
fortement.
Thème central : PAIX avec Dieu - avec soi-même
 Cette paix n’est pas un acquis définitif, c’est un objectif sans cesse remis en question.
 L’ «échelle» des versets 3-5 a suscité beaucoup d’intérêt. Pas d’ascension unique, pas de carrière de
converti «une fois pour toutes» ; cela monte et cela descend, avance et recule.
La règle, c’est la répétition. C’est si difficile qu’il faut s’y entraîner.
Il s’agit généralement d’une formation involontaire en vue de la vraie vie, sans qu’on puisse en prévoir
la fin. En général, on ne dépasse guère le niveau des humanités inférieures, sans jamais atteindre à la
perfection ! Le pourcentage de rechutes est énorme.
Nous sommes des « libérés sur parole », - ce qui ne veut pas dire que notre paix avec Dieu et avec nousmêmes ne sera jamais remise en question.
 Pour pouvoir faire nos preuves, tenir parole, nous avons besoin d’être aidés, protégés.
 Les libérés courent beaucoup plus de risques que les prisonniers.
 Du point de vue de Dieu, la paix qu’il nous accorde est définitive. Ce qui ne signifie pas, que nous
puissions en jouir béatement. C’est comme toute relation étroite : il y a constamment des frottements,
des blessures, qui nous éloignent et nous privent momentanément de la paix de Dieu.
 Il s’agit alors de persévérer malgré cette absence de paix, se supporter, de continuer à vivre, en
lançant vers lui nos questions et nos dilemmes.
 Nous avons pris conscience, du rôle d’hygiène psychique des psaumes de lamentation.
 Il est plus sain, pour le corps et pour l’esprit, qu’avant de faire la paix avec Dieu, nous mesurions les
conséquences de l’absence de cette paix.
 Il y eut aussi des réactions négatives contre l’apparent « plaisir de souffrir » de Paul. Sa manière de
s’exprimer irrite toujours.
 On a répété à plusieurs reprises que les états d’âme, ce cheminement du dilemme vers l’espérance, ne
sont pas le résultat de nos propres efforts mais bien le fruit de faiblesses que l’on a assumées.
 On est donc revenu sur le thème de la tendance dépressive de certains textes pauliniens. On a noté
aussi que nous avions nous-mêmes une prédisposition certaine à constater avec tristesse combien la
pratique de notre foi peut être déficitaire.
 Soudain, quelqu’un protesta : Le plaisir et le soulagement émanant de l’élan d’une foi joyeuse sont
également légitimes ! Cela nous a alors ouvert les yeux, nous avons soudain pris conscience de
l’attrait particulier, du charme et du trésor déposés dans la vie d’une communauté.
 Nous sommes faits d’éléments extrêmement composites, ensemble, nous représentons tout le
spectre des formes possibles de rencontre avec Dieu et les diverses possibilités de vivre des
crises de la foi sont présentes en nous et autour de nous.
 C’est précisément ce rassemblement varié de natures si particulières qui nous donne du
courage pour persévérer, avec nous-mêmes et avec les autres, dans la proximité de Dieu.
 En suivant son incomparable chemin de souffrance, Jésus n’a-t-il pas pensé que tout était perdu ?
C’est bien LUI que nous donne l’exemple de Dieu offrant la paix avec persévérance alors que nous
traversons les sombres vallées de la mort et du doute, - aller au-delà de Gethsémané.
 Sur cet arrière-plan, il faut revoir, dans ma propre biographie, les conclusions qui feraient penser que
Dieu n’aurait pas été présent dans tous les moments où je pensais et souffrais en pensant qu’il était
loin de moi.
 Il faut noter que les traductions du type Bonne Nouvelle et Parole de Vie, comme Parole Vivante,
nous sont généralement plus accessibles, plus « amicales ».
 Beaucoup d’humains n’ont pas la paix, mais la guerre avec Dieu.
Leurs échecs et leurs blessures les empêchent de vivre en paix avec eux-mêmes et avec Dieu.
Paul est pratiquement incompréhensible pour eux, son langage ne peut les atteindre.
Il ne faut pas qu’il en soit de même de notre prédication ! Si l’on pouvait, lors de la Cène, boire à
la santé de Dieu et à la santé les uns des autres ! Cela pourrait montrer que la paix avec Dieu est
quelque chose de savoureux, de pétillant, de communicatif. Et l’appétit vient en mangeant.
L’ensemble du texte constitue une exigence énorme !
Celui qui veut le « servir » à une communauté doit être conscient que c’est quelque chose
d’absolument exorbitant, à cause de la densité de niveau théologique et dogmatique.
Le risque est de jouer au pasteur supérieur qui annonce :
« Je vais vous expliquer ce que vous n’êtes pas capables de comprendre ».
Si la prédication n’est pas une traduction humble et compatissante, elle contredit le texte.
 Si c’est trop difficile, il vaut mieux ne prendre qu’une partie du texte.
On ne vient pas au culte pour subir un test d’intelligence ! Ce serait de l’abus.
Beaucoup des participants ont eu le souffle coupé à la lecture du texte.
Les prédicateurs doivent s’en souvenir :
Afin que nous puissions faire quelque chose avec le texte du haut de la chaire, il faut que le texte aie
préalablement fait quelque chose avec nous, en nous !
 La simple lecture du texte avant la prédication peut signifier la fin de la prédication. Avec les textes
de Paul, il faut se méfier de tous les risques et de tous les effets secondaires.
ESQUISSE 1998
Heidi KELL
Ce que vous dites dans les derniers alinéas de l’Approche est bien vrai, cher Collègue.
Rien qu’en pensant au moment où le texte sera lu, je crois voir les visages des auditeurs :
 ceux des « habitués » sont tendus, ils se donnent de la peine pour essayer de suivre et de se souvenir.
 ceux des membres du groupe de femmes trahissent l’incompréhension, ou le mécontentement.
 les jeunes s’ennuient, ils me font pitié.
 Alors je m’imagine Paul devant moi. Lui aussi me fait pitié : je vais essayer de le traduire, de
transmettre au moins quelques bribes, sinon personne ne comprendra. Une nourriture « light »
Je préside des cultes pour que les participants aient un espace pour se retrouver eux-mêmes, et pour
rencontrer Dieu. Un espace où ils feront l’expérience d’un Dieu à qui on peut se confier.
Au premier abord, on croirait que le texte ne dit pas grand-chose d’un tel Dieu.
Les versets 6 à 11 vont plutôt en sens contraire. Je ne les infligerai pas à ma communauté, non pas
parce que je les considérerais comme incompréhensibles, mais parce qu’ils vont contre ce que je
crois.
Le Dieu que je rencontre dans ma vie n’est pas le dieu qui a besoin d’un rituel de purification
pour que l’être humain puisse le rencontrer.
Les chants traditionnels de la passion semblent se gargariser avec cette pensée paulinienne.
 Merci, Seigneur Jésus, tu es mort pour nous et ton sang précieux nous a rendus justes et bons
aux yeux de Dieu.
 Merci pour ta souffrance et des douleurs, Seigneur Jésus, Louange et grâce pour ta détresse
et tes cris, pour ta mort innocente.
Je ne parviens pas à comprendre comment il est possible qu’une foi libératrice, vivante et
agissante pourrait naître de cette contemplation morbide. C’est pourtant, autre chose :
Maintenant, il y a paix entre lui et nous !
Il y a l’excès de dolorisme, mais il y a aussi l’essentiel : la paix. Enfin !
Pour Paul, cette paix EST TOTALEMENT l’action salutaire de Dieu en notre faveur.
Nous avons accès à la grâce de Dieu par Jésus.
Maintenant, cette paix entre Dieu et nous devrait avoir ses répercussions dans notre vie quotidienne,
en public et en privé. Tout comme l’amour que Dieu a mis dans nos coeurs.
Paul ne prétend pas que l’amour et la paix caractérisent notre «maintenant»,
il dit qu’il y a d’une part, déjà de la joie et de l’assurance, et d’autre part encore des souffrances.
Le fait que Dieu fasse la paix avec nous n’exclut donc pas la souffrance. Bien au contraire.
La certitude que Dieu ne nous laisse pas tomber ne vient pas malgré la souffrance, mais plutôt par
elle. (5)
C’est vraiment ce qu’il y a de plus choquant dans le texte.
Il est certain que ce fut aussi l’expérience faite par Paul dans sa propre vie.
Ses deux lettres aux Corinthiens (chaque fois au chapitre 4) parlent de ses souffrances.
Mais, peut-on généraliser ? Les temps de souffrances ont-ils un sens, ou bien est-il raisonnable de
vouloir les éviter ? Aurions-nous droit à une vie sans souffrance, sans épreuve ?
Notre texte ne prétend pas que la souffrance a en soi une valeur positive.
Mais elle nous fait sortir de nous-mêmes. Elle est limitée.
Dans le maintenant du verset 3, la fin de la souffrance pointe déjà à l’horizon.
Je voudrais inviter la communauté à réfléchir à nos rapports avec la souffrance, la nôtre et celle des
autres.
Quel rôle joue ma foi, en présence de la souffrance ?
Qu’en est-il de la relation entre faire ses preuves et tenir bon ?
Ce qui importe pour moi, c’est qu’il y ait de la place aussi bien pour les questions et les plaintes
(Psaume et prière) que pour la recherche de certitude (Credo).
**********
ÉGLISE PROTESTANTE UNIE DE FRANCE – POLE NATIONAL FORMATION 23/03/2014
Église protestante unie de France - 47, rue de Clichy 75311 Paris Cedex 09 - Tél. 01 48 74 90 92
www.eglise-protestante-unie.fr
Dimanche 23 mars 2014
Équipe de prédicateurs de l’EPUdF De Vannes Morbihan-Est :
Henry Bellamy-Brown, Bernard Dorey, Pierre-François Farigoule (Pasteur), Alain LeJoncour,
André Le Mellionnec, Philippe Maurice
Textes : Psaume 28 Psaume 95
Exode 17, v. 3 à 7 Romains 5, v. 1 à 8 Jean 4, v. 5 à 42
Notes bibliques
Exode 17, 1-7
Délimitation du texte :
Il semble cohérent de commencer la lecture non pas au v. 3 mais au v. 1. Le v.1 indique un changement
de lieu ; le v. 7 est une glose conclusive du récit. Le v. 8 introduit un autre épisode où entrera en scène
le roi Amalec venant faire la guerre à Israël.
Contexte :
Le texte est introduit par une formule semblable à 16, 1 qui introduit le récit précèdent qui est le don de
la manne et des cailles. Ce parallèle établit un lien entre ces deux épisodes. La question du manger
(chapitre 16) et du boire (chapitre 17) est donc posée au tout début de la traversée du désert qui
commence effectivement en 15, 22 après le cantique de Moïse. Suivra la confrontation avec les ennemis
(17, 8ss.). C’est une nouvelle étape pour le peuple libéré d’Égypte : Le Seigneur a sauvé son peuple de
l’esclavage, mais comment celui-ci va t-il vivre sans maitre pour le nourrir lui, ses enfants et ses
troupeaux ?
Ces questions se posent dès le franchissement de la mer rouge selon un schéma narratif récurent : le
peuple maugrée contre Moïse ; Moïse crie vers le Seigneur ; le Seigneur répond concrètement aux
besoins premiers du peuple (nourriture et protection) ; le peuple est exhorté à reconnaître le Seigneur et
à mettre sa confiance en lui.
C’était le programme annoncé en Ex 15, 26 : « 26 Il (Moïse) dit : Si vraiment tu écoutes le SEIGNEUR,
Dieu, si tu fais ce qui lui convient, si tu prêtes l'oreille à ses commandements et si tu observes toutes ses
prescriptions, je ne t'infligerai aucune des maladies que j'ai infligées à l'Égypte : c'est moi, le
SEIGNEUR (YHWH), qui te guéris ».
Analyse narrative 1 :
L'intrigue :
1. Situation initiale : v. 1.
Les fils d'Israël, dans le désert, ont soif.
2. Nouement : v. 2-3.
Le peuple querelle Moïse et Aaron.
« Donnez-nous de l'eau à boire » ; le pluriel associe Moïse et Aaron.
Le peuple exprime son regret d'avoir quitté le confort de l'esclavage en Égypte.
3. L'action transformatrice : v. 4-5.
Moïse crie au SEIGNEUR et lui demande son aide ;
LE SEIGNEUR lui donne la marche à suivre.
4. Le dénouement : v. 6.
« Tu frapperas le rocher avec le bâton et il en sortira de l'eau et le peuple boira ».
C'est bien le pendant du nouement : le « donne nous à boire » reçoit sa réponse : « le peuple put boire ».
1
Cf. MARGUERAT, Daniel, BOURQUIN, Yvan, Pour lire les récits bibliques, Genève : Labor et Fidès,
2002. Église protestante unie de France – Pôle national formation 23/03/2014 page 2/5
5. La situation finale : v. 7a et 7b.
v. 7a : Le lieu reçoit un nom qui garde la mémoire de ce qui s’est passé : la demande du peuple, le rôle
de Moïse, la réponse du Seigneur.
V7b : Glose de l’auteur qui révèle l’enjeu pour Israël de ce qui s’est passé.
Ce récit est une intrigue de résolution ; c'est à dire que la situation de départ où le peuple à soif est
résolue puisque le peuple a pu boire. Mais aussi une intrigue de révélation car derrière la réponse
concrète à la demande du peuple pour sa survie, se révèle bien plus : le Seigneur est au milieu de son
peuple pour le conduire vers le pays où coule le lait et le miel. La glose finale déplace la préoccupation
du lecteur : à une question de survie, l’auteur répond par une affirmation théologique.
Derrière la demande d’eau se cachait le désir profond du peuple d’une présence divine tout aussi
essentielle.
Les personnages
1. Personnages principaux :
1. Le peuple qui a soif, qui murmure, qui querelle et qui finit par boire.
2. Moïse qui a pour mission de conduire le peuple d'Israël au milieu des épreuves.
3. Le Seigneur qui soutient Moïse et le dirige pour apporter la solution au peuple.
2. Personnages secondaires :
1. Le bâton de Moïse : il en est question au début du livre de l'exode (4, 1ss.). Au buisson ardent, le
Seigneur transforme le bâton de Moïse en serpent et en faisant confiance au Seigneur, Moïse prend le
serpent par la queue qui redevient bâton. Ce bâton, signe la puissance du Seigneur remise entre les
mains de Moïse et par laquelle il fera des signes : plaies d’Égypte, franchissement de la mer rouge, etc.
2. Les anciens qui sont témoins du dénouement. Dans l’Orient ancien, les « anciens » étaient les chefs
de famille et de clan, possédant l’autorité, et représentatifs du peuple. Moïse passe devant eux en prend
quelques-uns avec lui comme témoins. Ils jouent un rôle ici d’intermédiaires entre les demandes du
peuple et la satisfaction de ces demandes. Leur rôle étant exclusivement de témoins renforce la place de
Moïse comme porte parole du Seigneur et l’action exclusive du Seigneur par l’intermédiaire du bâton de
Moïse.
3. Figurants :
Les enfants et les troupeaux que Moïse laisserait mourir de soif selon le peuple et qui seront abreuvés.
Piste de prédication en faisant le lien avec l’évangile (Jésus et la samaritaine) : à travers nos demandes,
le Seigneur fait émerger le désir profond de sa présence.
Suggestions de chants :
Ps 65 Vers toi, Seigneur
AEC 155, Alléluia 12-10 : Avec des cris de Joie
AEC 181, Alléluia 14-09 : Cherchez d’abord
AEC 406, Alléluia 61-17 : Du fond de ma détresse
AEC 626, Alléluia 45-10 : J’ai soif de ta présence
AEC 623, Alléluia 46-08 : Toi qui gardes le silence
PRÉDICATION
Exode 17, v. 3 à 7 – Jean 4, v. 5 à 42
Parmi les textes qui nous sont proposés pour ce jour et que nous avons lus, deux parlent de soif, d'eau,
de sources. Le premier dans le livre de l'Exode et le second dans l'évangile de Jean. Ces deux textes, à
priori, n'ont rien de commun car ils racontent deux histoires différentes, à deux époques différentes avec
des interlocuteurs totalement différents. Et pourtant ils s'inscrivent dans la même histoire. Alors
pourraient-ils avoir quelque chose en commun et si oui quoi ?
Regardons d'abord le texte de l'Exode qui rappelle un épisode de la vie du peuple d'Israël au désert au
cours duquel ce dernier murmure contre Dieu et se révolte car il a soif et demande de l'eau. C'est la suite
des deux chapitres précédents dans lesquels par deux fois le peuple a déjà montré sa mauvaise humeur,
la première fois à cause de l'eau de Mara, amère, et la seconde fois car il avait faim.
Le peuple d'Israël, délivré de l'esclavage en Égypte, est en route. Libre, mais libre dans un
environnement hostile : le désert. Le désert est dans la Bible un lieu de danger, de mort, mais aussi lieu
privilégié de rencontre avec Dieu.
Dans le désert, le peuple d'Israël a perdu tous ses repères. Il marche en suivant un guide, Moïse, seul
intermédiaire entre lui et ce Dieu qu'il ne voit pas et n'entend pas. Le salut du peuple repose uniquement
sur cette confiance donnée à Moïse, détenteur d'une procuration d'un Dieu invisible et muet.
Le peuple se demande où il va. Cette confiance, cette foi en Dieu, le peuple ne l'a pas et ce n'est pas cela
qui le préoccupe. L'attente du peuple est pourrait-on dire "bassement" matérielle : du pain et de l'eau à
tel point que les questions et les commentaires fusent : Pourquoi être délivrés si c'est pour mourir de
faim ou de soif ?
Qu'avons-nous gagné ? Il était préférable de mourir en Égypte plutôt que d'être assoiffés.
Et on va atteindre le doute ultime quand cette question va être posée :
"Le Seigneur (YHWH) est-il parmi nous ou non ?".
Pour les Israélites, le passé est oublié et ils n'attendent rien de l'avenir. Ce qui les intéresse c'est le
présent et uniquement la satisfaction de leurs besoins matériels.
L'attente de Dieu, elle, est complètement différente.
Au début du livre de l'Exode, il est rappelé que Dieu veut sauver son peuple parce qu'il se souvient de la
promesse faite à Abraham, Isaac et Jacob. Il veut recréer une nouvelle relation avec son peuple. Les
Israélites seront son peuple, Il sera leur Dieu et ils sauront qu'Il est le Seigneur (YHWH).
Cette nouvelle alliance, qui sera proposée par Dieu au chapitre 19 du livre de l'exode et concrétisée par
les dix commandements, n'est pas encore possible. La relation que Dieu veut créer avec son peuple est
impossible pour l'instant car le hiatus est trop fort entre l'attente de Dieu et celle du peuple d'Israël. Ce
n'est que lorsque les besoins primaires du peuple seront satisfaits que ce dernier pourra rentrer dans
cette relation.
Et là, nous arrivons à un point que j'aborde avec beaucoup de questions et de prudence.
Par l'absence d'eau et de pain, le Seigneur (YHWH) met son peuple à l'épreuve. On pourrait dire que le
Seigneur (YHWH) provoque son peuple. J'ai énormément de mal à écrire ces deux dernières phrases. La
connotation négative de ces deux affirmations m'est insupportable.
Cette épreuve serait-elle bonne pour le peuple ?
Nous sommes confrontés ici à une alternative théologique.
D'une part une théologie de l'utilité de l'épreuve ou de la tentation illustrée, par exemple, par cet article
de Réforme dans lequel il est écrit : "Il est tout à fait clair dans la tête de Jésus que c'est bien Dieu qui
nous conduit vers l'obstacle. D'abord parce que l'obstacle nous apprend à vivre, il nous fortifie et fait
grandir… Dieu nous rend service en nous conduisant vers l'obstacle".
D'autre part une théologie, à laquelle j'adhère, de la non compromission de Dieu dans le mal ou
l'épreuve exprimée par Dietrich Bonhoeffer quand il écrit : "Si donc il n'est pas possible d'attribuer au
diable la faute de la tentation, il y a blasphème à en rendre Dieu responsable. Cela peut avoir
l'apparence de la piété, mais de fait cela revient à affirmer que d'une manière ou de l'autre, Dieu est
accessible au mal. Dans ce cas il y aurait en Dieu une dualité qui rendrait sa Parole douteuse et
équivoque."
Il y a peut-être une autre interprétation qui pourrait faire l'unanimité. Si nous considérons que "l'épreuve
n'est pas tentation mais invitation à une vie plus intense et à une relation plus profonde" (Xavier LéonDufour), on peut accepter qu'en agissant ainsi, Dieu a pu manifester sa puissance par des signes donnés
au peuple qui doutait. En faisant jaillir l'eau du rocher d'Horeb, il a fait jaillir à nouveau la continuité de
son amour et sa fidélité par rapport à son peuple.
Pas une fois, au cours de ces trois épisodes (l'eau de Mara, la manne, le rocher d'Horeb)
Dieu ne se met en colère. Il entend les réclamations du peuple et donne des signes. Ce n'est qu'après la
remise des tables de la loi, qu'à cause du veau d'or que Dieu envisagera d'exterminer son peuple.
Ce Dieu du rocher d'Horeb s'engage, se compromet pourrait-on dire, en satisfaisant les besoins matériels
immédiats de son peuple mais dans l'unique but que l'attente du peuple soit en phase avec son attente,
c'est-à-dire que soit rétablie cette relation d'amour et de confiance entre lui et le peuple qu'il a choisi.
En montrant sa puissance, par l'intermédiaire de Moïse qu'il fait "passer devant le peuple" comme le
souligne le texte, Dieu redonne confiance à Israël en le libérant de ses peurs et de ses doutes. Dieu est
amour et ne peut vivre qu'en relation avec son peuple, car il n'y a pas d'amour entre 2 entités sans
relation.
Cette attente de Dieu, nous la retrouvons dans le deuxième texte qui nous était proposé pour ce jour : le
récit de Jésus avec la femme samaritaine.
Il est là aussi question de soif et d'eau. Jésus traverse la Samarie pour se rendre de
Judée en Galilée. Il est environ midi. Il s'arrête au bord d'un puits car il a soif. Le Fils de Dieu n'est pas
un surhomme. Il est assis et une femme s'approche pour puiser de l'eau.
Il va se passer quelque chose de bizarre dès le début de ce texte. En bon juif Jésus aurait du se taire. Il
est en Samarie, région de Palestine dont les habitants sont considérés par les juifs comme hérétiques et
impurs. De plus, il parle à une femme et à une femme qui vient chercher de l'eau à midi en plein
cagnard quand il n'y a personne au puits (elle doit avoir certainement quelque chose à cacher !). Et lui le
Rabbi, le Maître, lui demande de l'eau ! La femme samaritaine lui fait remarquer le caractère incongru
et provocateur de sa demande : "Comment toi, qui es juif, peux-tu me demander à boire, à moi, qui suis
une samaritaine ?".
Jésus n'a rien pour boire, il a besoin d'aide pour étancher sa soif, mais comme dans Exode 17 cette soif
physiologique n'est pour Jésus qu'un prétexte qui lui permettra de guider cette femme vers cette
révélation qu'il veut qu'elle s'approprie.
Le point de départ de ce dialogue est bien sûr la demande de l'eau physique, de l'eau naturelle, mais
Jésus, en brisant tous les codes de l'époque, lance un défi à la femme. Un double défi : d'abord
reconnaître qui est celui qui lui parle et ensuite demander cette eau du ciel qui donne la vie éternelle.
Jésus, fils du Dieu de l'Exode, part, comme au rocher d'Horeb, du niveau terre à terre pour emmener son
interlocutrice vers cette relation de foi, de confiance et d'amour, vers ce Messie qu'on appelle Christ et
dont elle sait qu'il doit venir.
Ce qui a fait basculer le peuple au désert c'est le geste de Moïse qui frappe le rocher ; ce qui fait
basculer la femme samaritaine c'est la question que lui pose Jésus au sujet de ses cinq maris.
Le peuple au désert voit l'eau jaillir, la femme samaritaine voit jaillir la vérité en ce qui concerne sa vie.
Le peuple et la femme samaritaine se rendent compte qu'ils ont en face d'eux une présence qui les
dépasse et qui ne leur veut pas de mal, bien au contraire.
Et à ce moment précis se rejoignent simultanément les attentes des différents interlocuteurs de ces deux
récits :
 Attente des êtres humains (le peuple ou la femme) qui découvrent ou redécouvrent que Dieu est
présent et agit.
 Attente de Dieu qui ne peut pas vivre sans relation avec sa création.
Car c'est là, à mon avis, la bonne nouvelle de ce jour et le point commun entre ces deux récits. Il y a une
relation à recréer perpétuellement entre Dieu et le monde.
Dieu a besoin de nous, Dieu nous attend.
Trop souvent nous attendons tout de Dieu, nous sommes demandeurs sans nous rendre compte qu'en
agissant ainsi nous renforçons l'image de ce Dieu despote, tout puissant, sourd et silencieux qui n'est pas
le Dieu de l'Évangile.
Car le Dieu de l'Évangile, c'est ce Jésus qui s'approche d’une femme samaritaine, hérétique, méprisée et
qui lui donne toute la nourriture spirituelle dont elle a besoin. C'est ce Jésus qui va au-delà de l'alliance
conclue avec Israël pour en faire bénéficier toutes les nations.
Le Dieu de l'Évangile c'est ce Dieu qui fait des pas vers nous et qui attend que nous fassions des pas
vers Lui.
Le Dieu de l'Évangile c'est ce Dieu qui est amour, qui n'est qu'amour. "Dieu n'est pas quelqu'un qui se
regarde et tourne autour de soi, qui se gargarise de lui-même, mais au contraire quelqu'un qui se donne."
(Maurice Zundel). Mais ce Dieu d'amour total, ne peut-être véritablement lui-même que dans une
relation bilatérale avec l'humanité. S'il n'y a pas ou plus de destinataire, l'amour n'a plus de raison d'être.
Ce Dieu qui ne peut exister que dans la relation avec nous-mêmes, il est fragile comme l'amour. Et c'est
à nous de le protéger. De le protéger de qui ? De nous-mêmes. C'est notre responsabilité et notre
grandeur. "Dieu est tellement fragile en nous que, si nous ne Lui offrons pas notre fidélité en ce moment
même, Il risque d'être en nous comme inexistant." (Maurice Zundel).
Nous et personne d'autre, car si nous sommes infidèles, Lui est toujours fidèle.
Amen
Téléchargement