Ils souhaiteraient aussi que les Eglises oeuvrent à tout prix contre une culture du mépris
à l’égard des deux religions. Un musulman de Tchéquie s’exprime :
« Il existe plusieurs courants et tendances dans l’Islam comme dans le christianisme. Il y
a des radicaux et des modérés des deux côtés. Nous pensons qu’il ne serait pas juste de
juger la chrétienté d’après l’Inquisition des 16ème et 17ème siècles, au même titre qu'il
n’est pas juste de juger l’Islam d’après ses extrémistes actuels. Les deux religions
contiennent plusieurs valeurs morales dont la société a besoin. Il faut œuvrer pour donner
l’image correcte des deux religions dans les médias afin de faciliter l’intégration des
immigrés dans la société »
.
D’après l’avis d’un musulman d’Allemagne :
« L’Eglise a également un rôle de médiation entre les différents groupes de la société.
Cela signifie qu’elle a à contribuer à plus d’entente mutuelle, de tolérance, de respect, à
détruire les préjugés, à bâtir et entretenir des relations ouvertes, l’unité et la fraternité
entre les hommes, les valeurs des religions des peuples eux-mêmes, de la société, de
l’institution et de l’Etat »
. L’Eglise peut donc soutenir les valeurs morales et religieuses
pour faciliter la convivance des cultures, des personnes, des religions au sein de la
diversité.
D’autre part, certains demandent d’agir ensemble pour ne pas tomber dans le
communautarisme. Réfléchir ensemble les questions de foi, de modernité, de société et
intervenir au niveau social, politique et économique.
Tout en espérant une collaboration, ils exigent que chacune des religions garde ses
convictions et même les précise, comme par exemple en Grande Bretagne :
« Là où nous pouvons travailler ensemble, nous collaborons étroitement avec les
organisations des Eglises et d’autres religions... du moment que nous tenons fermement
à nos convictions et au message d’origine donné par le Coran, la Bible… Je voudrais que
les Eglises soient plus fermes et plus intransigeantes à l'égard des valeurs éducatives en
particulier, pour faire respecter les valeurs familiales »
.
De plus, ils voudraient que les croyants soient à l’écoute les uns des autres, organisent
des rencontres et des débats, par exemple sur le plan de la formation, tiennent compte
de la culture et de la religion de l’autre dans les programmes scolaires, mettent les élèves
en situation de dialogue avec les croyants des religions étudiées, forment des
enseignants compétents, aient un débat de fond sur le contenu de la formation et sur les
objectifs et s’engagent ensemble à poser des questions, à susciter le débat.
Conclusion
Des Eglises se sont mises sur la voie d’un engagement en faveur de la pluralité
religieuse. C’est pourquoi les membres du Comité « Islam en Europe » pensent qu’il est
important de faire connaître aux Eglises les différents points de vue des musulmans sur
le rôle de celles-ci dans cette société plurielle. Il va de soi que ce n'est pas la vision du
Comité « Islam en Europe » et que nous ne nous identifions guère aux affirmations ou
aux critiques de certains musulmans et que nous n’avons pas l’intention d’y répondre.
Il a été dit que beaucoup de musulmans perçoivent l’Occident comme une civilisation qui
a perdu son âme, que les Eglises ne sont plus ce qu’elles étaient, que la religion
Interview par le Prof. Lubos Kropacek de Prague, de M. Salah El-Din Sayedi (docteur en droit,
avocat, résidant en Tchéquie depuis 17 ans, très actif dans la communauté musulmane de Prague. Il
participe assez souvent aux rencontres de dialogue interreligieux organisées par l’Académie
Chrétienne (une association éducative).
Extrait de la lettre du 9 juin 2000 de Hasan Demirbag, président de la « Türkisch Islamische
Union der Anstalt für Religion e.V. / Diyanet Ysleri Türk Islam Birligi (DITIB) » de Cologne.
Interview de Philippe Lewis avec Monsieur Iqbal Sacranie. Cit. supra.