L’étude des changements d’occupation et d’usage des sols et leurs interactions avec les sociétés
humaines et leurs territoires constitue un enjeu majeur pour la communauté scientifique dans un
contexte de changement global (climatique, environnemental, démographique, socio-économique,
politique…). En contexte agricole intensif, caractérisé par de très fortes dynamiques spatio-
temporelles, l’identification de ces changements, leur caractérisation et leur suivi sont généralement
effectués par télédétection (satellites, photographies aériennes, drones,…). Cependant, si la résolution
spatiale des capteurs depuis les années 2000 a considérablement augmenté et apparait plus adaptée au
parcellaire parfois fragmenté des territoires agricoles (Ex : Spot, Landsat, Irs-Liss…), sa résolution
temporelle est généralement faible voir insuffisante pour un suivi régulier de la cinématique culturale.
Au contraire, lorsque cette résolution temporelle est bonne (MODIS, SPOT-Végétation…), c’est la
résolution spatiale qui fait défaut et qui ne permet pas une caractérisation à fine échelle de l’usage des
sols. Or, une plus fine compréhension des dynamiques intra et interannuelles est maintenant
requise pour une meilleure gestion des territoires d’agriculture intensive généralement soumis à de
fortes pressions environnementales (dégradation de la ressource en eau, des sols…) et anthropiques
(conflits d’usage…).
Ce projet de thèse vise ainsi à évaluer les derniers capteurs satellitaires optiques et radar
(Pléiades et Sentinel) qui offrent conjointement la très haute résolution spatiale et temporelle pour le
suivi phénologique de la végétation en contexte agricole intensif. Encore en phase exploratoire,
ces nouveaux capteurs offrent par leur résolution spatiale (d’ordre métrique) et temporelle
(hebdomadaire) de nouveaux défis méthodologiques et thématiques pour le suivi intra annuel de
l’occupation des sols. Un des objectifs majeurs de ce projet de thèse est ainsi de cartographier à très
fine échelle (intra-parcellaire) la phénologie de la végétation pour une meilleure compréhension et
gestion des territoires agricoles (gestion de l’eau, optimisation des pratiques culturales, adaptation
au changement climatique…).
Nous nous focalisons ici sur les territoires viticoles dont la phénologie est très étudiée et constituent
à ce titre, un espace d’étude privilégié pour l’évaluation des capteurs satellitaires. La méthodologie
utilisée ici sera ainsi basée sur l’exploitation des images satellitaires fournies par l’Agence Spatiale
Européenne (Pléiades et Sentinel) pour le suivi phénologique de la vigne. Ces images multi capteurs
(optiques et radar) seront testées sur le site expérimental de Mendoza en Argentine. Ce site,
caractérisé par une viticulture irriguée, fait l’objet depuis plusieurs années de recherche
pluridisciplinaires où sont récoltées des données in situ (phénologie, stress hydrique, pratiques
culturales, valeurs moyennes et extrêmes climatiques…) qui serviront à valider les traitements
effectués sur les images satellitaires (extraction de variables biophysiques, humidité des sols, indices
de végétation, de texture, évolution phénologique…).
Ces résultats combinés à une modélisation climatique à l’échelle des terroirs viticoles (modèles
RAMS, WRF…) permettront de spatialiser et de modéliser les interactions entre la variable
phénologique et la variable climatique dans un contexte de changement global.