Les chapitres XII, XIII, XIV sont consacrés à la défense militaire de son Etat contre les invasions
extérieures. Le Prince, bon stratège et sage, saura parfaitement choisir son armée en se défiant des mercenaires et les
soldats auxiliaires : « tout Etat qui ne s’appuiera que sur des armées de cette nature ne sera jamais en sûreté, parce
qu’elles sont toujours en division entre elles, sans discipline, ne cherchent que leur intérêt, infidèles, brutales,
lâches… ». Ch. XII. Le Prince vertueux sera celui qui mène lui-même au combat ses armées constituées de ses
propres sujets. Il doit posséder l’art de la guerre et savoir bien régner sur son armée. Prenant l’exemple de François
Sforza, Machiavel montre que le Prince judicieux saura parfaitement connaître l’Histoire et son pays pour pouvoir le
défendre.
Après avoir montré comment défendre son Etat par rapport aux attaques extérieures, Machiavel étudie
l’attitude que doit avoir le Prince vis-à-vis du peuple. Il part du fait que celui-ci est de toute façon mauvais et
corrompu pour montrer que tout Prince même bon à l’origine doit se comporter comme le peuple pour être sûr de
maintenir son pouvoir : « un homme qui voudrait faire en toutes choses profession de vertu, périra dans la cohue des
scélérats », Ch. XV. Il légitime les actions non toujours morales du Prince par le fait que celui-ci doit s’aligner sur la
perfidie du peuple. Machiavel cite trois défauts que le Prince doit savoir user pour se conserver : l’avarice, la
cruauté, la perfidie.
- Un Prince ne doit pas paraître trop libéral sinon il devra surcharger d’impôts son peuple ce qui le
rendra impopulaire. Le Prince avare laisse au peuple la possession de ses biens et même s’il est méprisé, il n’est pas
haï par son peuple.
- Trop de clémence encourage le désordre et la rébellion. Un Prince sera plus humain s’il a recours
à la cruauté exemplaire qui le fait craindre et respecter du peuple et qui calmera les rébellions. Il est en de même
pour l’armée qui doit subir une stricte discipline.
- Un Prince n’est également pas tenu de tenir ses paroles : le peuple étant scélérat et menteur, il
n’est pas obligé de tenir ses promesses.
Dans chacun des cas, il ne s’agit pas de ne pas avoir les qualités mais seulement d’en user avec modération
et de paraître les avoir. La politique du Prince a pour unique fonction d’éviter le mépris et la haine du peuple :
« c’est de n’être ni méprisé, ni odieux, en rendant le peuple content de vous » Ch. XIX. Un Prince aimé de son
peuple n’aura pas à craindre de lui la moindre chose. « un Souverain doit bien traiter les grands, et ne se rendre point
odieux au peuple » Ch. XIX. Machiavel utilise l’exemple d’empereurs romains avec l’opposition entre Marc-Aurèle,
Pertinax et Sévère, Commode.
Le chapitre XXI est consacré aux relations que le Prince doit entretenir avec ces voisins pour acquérir de la
réputation. Il est admiré lorsqu’il tient ses engagements dans les alliances et ne reste pas dans la neutralité. Le Prince
doit afficher clairement ses relations, ne pas être indéterminé et s’engager avec ses alliés en cas de conflit afin
d’attirer le respect sur lui.
Après avoir discerné les bonnes relations avec le peuple et l’armée, Machiavel s’attache à la troisième
composante de la population d’un Etat : les Grands. D’abord, dans le choix des ministres, ceux-ci doivent être
intelligents et plus intéressés par les affaires publiques que par les siennes car le Prince sera jugé suivant son
entourage. De même, par sa prudence, il doit savoir se méfier de l’avis de ses conseillers qui tendent souvent à la
flatterie et ne reflètent pas la réalité de leur intention. La dernière partie du Prince constitue une analyse politique de
l’Italie du XVème siècle. Machiavel en tant qu’observateur politique tente d’expliquer dans un premier temps la
raison de la division de l’Italie : l’imprudence des Princes. Enfin, en visionnaire politique, il témoigne de son amour
pour l’Italie qu’il souhaite voir réunifiée par l’arrivée d’un Prince libérateur qui saura suivre ces conseils.
II : Les concepts importants dans le Prince
Le Prince
Toute l’œuvre de Machiavel tourne autour de ce personnage central. L’action politique du Prince détaché
du peuple par le mérite, la fortune ou par le crime, a pour unique but d’assurer son pouvoir. Machiavel élabore
l’attitude que le Prince devra adopter. Homme de vertu, de mérite, courageux (il doit lui-même conduire ses propres
armées et savoir analyser les circonstances pour connaître la Fortune), il doit cependant user efficacement au bon
moment des vices que le peuple possède, s’il tient à conserver le pouvoir. « Un Prince qui voudra conserver son
Etat, doit apprendre à n’être toujours pas bon selon les circonstances », Ch. XV. Le Prince doit apprendre à devenir
menteur, avare, cruel quand bien même ses intentions de départ étaient morales. Vis-à-vis du peuple, sa seule tâche
sera de ne pas se faire haïr : « le pire qu’un Souverain puisse craindre de la part du peuple, c’est d’en être
abandonné », Ch. IX et non de satisfaire ses intérêts instables. Par rapport aux Grands, le Prince doit les utiliser pour