Régime de Vichy
Le nom de régime de Vichy désigne le régime politique dirigé par le maréchal Philippe Pétain, qui assure le
gouvernement de la France au cours de la Seconde Guerre mondiale, du 10 juillet 1940 au 20 août 1944 durant
l’occupation du pays par l’Allemagne nazie3, et dont le siège se situe à Vichy5, situé en zone libre jusqu'en
novembre 1942.
Après le Vote des pleins pouvoirs à Philippe Pétain le 10 juillet 1940 par l’Assemblée nationale, la mention
« publique française » disparaît des actes officiels : le régime est dès lors désigné sous le nom d’« État
français ». Du fait de son aspect particulier dans l’histoire de France, de sa légitimité contestée6 et du caractère
générique de son nom officiel, le régime est le plus souvent désigné sous les appellations « régime de Vichy »,
« gouvernement de Vichy », voire simplement « Vichy ».
Les Allemands, qui occupent d’abord le nord et l’ouest du territoire national et, à partir du 11 novembre 1942, la
métropole tout entière, laissent l’administration française sous l’autori d’un gouvernement français installé
à Vichy (Allier) et dirigé par le maréchal Pétain, nommé président du Conseil par le président Albert Lebrun.
Dès juin 1940, Pétain met en œuvre une politique de collaboration avec les nazis, se substitue au président de
la République, qui, bien que n'ayant pas démissionné de son mandat, se retire de la fonction7, et se nomme lui-
même « chef de l’État français8 ».
Au cours de la guerre, cette collaboration prendra plusieurs formes : coopération économique, arrestations
de résistants, de francs-maçons, et des opposants de gauche ainsi que de rafles de Juifs sur le territoire
métropolitain. Sur le plan militaire, le régime n’est pas un all officiel pour le Troisième Reich mais le
gouvernement Laval reconnaît la Légion des volontaires français (LVF) comme une association d’utilité
publique9 et contribue aussi à l’effort de guerre allemandvia la collaboration de son industrie militaire comme
défini dans les conditions d’armistice10. Il fournit en outre à l’occupant une force armée supplétive de répression
en métropole, avec la Milice française.
Considérant que la République française n’a jamais cessé d’exister, le général de Gaulle déclare le régime de
Vichy « nul et non avenu » à la libération en 1944.
Les circonstances
Prologue : la défaite de 1940 et l'invasion allemande
En réponse à l'invasion de la Pologne par les troupes d'Adolf Hitler, la France et le Royaume-Uni déclarent la
guerre au IIIe Reich. Adoptant alors une stratégie défensive, les deux alliés, au lieu d'envahir l'Allemagne dont
l'armée est occupée en Pologne, laissent passivement son armée détruire les troupes polonaises. Les Français
restent donc derrière la ligne Maginot et temporisent, en espérant pouvoir s'appuyer sur un blocus maritime,
comme celui qui provoqua l'effondrement allemand en 14-18. C'est la « drôle de guerre ». Mais le 10 mai 1940,
Hitler attaque en envahissant les Pays-Bas, le Luxembourg et la Belgique. Le commandement français s'y
attendait et lance ses troupes à la défense de la Belgique, comme prévu. Utilisant à plein les concepts des
novateurs français de 1918, ignorés par leur propre commandement (choc et rapidité, couple char-avion,
concentration), le fer de lance de l'armée allemande (une dizaine de divisions blindées) traverse le massif des
Ardennes, jugé impénétrable par les généraux français (et donc mal défendu, et mal soutenu lorsque l'attaque
apparut évidente) et encercle du sud vers le nord l'armée franco-britannique engagée en Belgique.
Début juin, défendu autour de Dunkerque par quelques divisions françaises qui se sacrifient, le corps
expéditionnaire britannique regagne la Grande-Bretagne lors de l'opération Dynamo. Le gouvernement quitte
Paris le 10 juin pour Bordeaux. Les réfugiés qui fuient la Belgique et le Nord de la France sont alors rejoints par
deux millions de réfugiés de la région parisienne. Selon l'historien Jean-Pierre Azéma, entre le 15 mai et le 10
juin, au moins six millions de Français abandonnent leur domicile. Participant à l'« exode » de 1940, ils se
retrouvent sur les routes sous les attaques de la Luftwaffe, et ruinent la logistique militaire française. La bataille
de France est perdue, en dépit de la résistance héroïque de nombreuses unités. La campagne militaire
cause 120 000 morts côté français (100 000 militaires et 20 000 civils) et 40 000 militaires côté allemand ; les
Allemands font plus de deux millions de prisonniers.
Le 10 juin 1940, Mussolini, allié d'Hitler, déclare la guerre à la France (sa démarche étant qualifiée de « coup de
poignard dans le dos »11,12,13), mais ne parvient pas à faire avancer ses troupes à travers les Alpes bien
défendues par l'armée des Alpes du général Olry. Franco, sollicité, refuse d'entrer en guerre contre la France,
même lorsque l'effondrement français est patent.
La demande d'armistice
C'est la panique en France dans le monde politique et militaire. Certains veulent poursuivre la lutte alors que
d'autres veulent demander l'armistice. Paul Reynaud, bien qu'étant pour la poursuite de la guerre, est trop
timoré et n'agit pas de manière ferme. Pourtant appuyé sans réserve par le ministre de la Marine et des
Colonies, le ministre de l'Armement et le sous-secrétaire d’État à la Guerre Charles de Gaulle, et soutenu de
façon relative par le président de la République Albert Lebrun, la majorité du Conseil des ministres et quelques
militaires, il ne parvient pas à constituer un « cabinet de guerre » à l'anglaise.
C'est le deuxième camp, soutenu par le général Weygand, le maréchal Pétain, Pierre Laval et l'amiral Darlan,
qui l'emporte. Le général de Gaulle, partisan de la poursuite de la guerre, rejoint Londres pour chercher du
soutien auprès des Alliés. D'autres personnalités se réfugient en Amérique. Le président du Conseil Paul
Reynaud, qui voulait continuer la lutte, choisit finalement de démissionner le16 juin 1940.
Le président de la République Albert Lebrun nomme alors le maréchal Pétain président du Conseil. Le
lendemain (17 juin), ce dernier forme un nouveau gouvernement à Bordeaux, puis annonce à la radio que la
France doit cesser le combat et demander l'armistice. Suite à quoi, le général de Gaulle prononce depuis
Londres son « Appel du 18 Juin » devenu célèbre (mais passé relativement inaperçu dans le chaos ambiant). Le
mouvement de la France libre s'organise au Royaume-Uni avec d'autres volontaires français. Voir : France libre
Chronologie de la France libre.
Le 22 juin 1940, la délégation française doit aller signer l'armistice, dans la clairière de Rethondes, dans
le wagon qui avait servi de cadre à l'armistice de la Première Guerre mondiale et devant le monument qui parlait
de l'« orgueil criminel de l'Empire allemand vaincu par les peuples qu'il voulait asservir ». Hitler fait ensuite
exploser le monument sous les caméras. Quant au wagon il est envoyé en Allemagne, où il sera détruit
en 194514. L'Allemagne entend ainsi effacer la défaite de la Première Guerre mondiale et humilier la France.
L'armistice
Les conditions de l'armistice sont motivées par les préoccupations d'Hitler à cette époque. Il faut bien sûr,
empêcher de façon durable que la France ne redevienne une grande puissance militaire, mais à court terme, il
faut veiller à ce que sa flotte ne rejoigne pas le Royaume-Uni qui reste le dernier pays à vaincre ou à séduire,
car un accord de paix avec le Royaume-Uni reste souhaité en cette fin du mois de juin. Enfin, il ne faut froisser
ni l'allié italien, ni le potentiel allié espagnol. Ce sont toutes ces considérations complexes qui vont déterminer le
contenu de la convention d'armistice, un texte bref de vingt-quatre articles, qui contient notamment les clauses
suivantes :
Les prisonniers de guerre (plus de 1,8 million d'hommes) restent en captivité jusqu'à la signature d'un
accord de paix.
La moitié nord, ainsi que la côte atlantique, passent sous occupation allemande : c'est la zone occupée,
qui couvre à peu près les trois cinquièmes du territoire. Le reste constitue la zone libre (c'est-à-dire « non
occupée »), regroupée essentiellement au sud de la Loire. Les deux zones sont séparées entre elles par
la ligne de démarcation.
La France doit pourvoir à l'entretien de l'armée d'occupation. Il s'avéra que le montant de ces indemnités
allait être fixé de façon quasi-discrétionnaire par les Allemands, et leur montant s'élèvera, en moyenne,
à 400 millions de francs par jour.
Dans la zone libre, l'armée française est limitée à 100 000 hommes et les troupes sont désarmées.
La souveraineté française s'exerce sur l'ensemble du territoire exceptées l'Alsace et la Moselle : elle
s'exerce donc en zone occupée, mais dans celle-ci, il est stipulé que l'Allemagne exerce « les droits de la
puissance occupante15 », ce qui implique que l'administration française doit collaborer avec elle d'une
« manière correcte15 ».
L'Empire colonial français reste également sous l'autorité du Gouvernement français.
Les bâtiments de la flotte de guerre française rejoignent leurs ports d'attache du temps de
paix, Cherbourg, Brest et Lorient se trouvant en zone occupée. La désignation de ces ports sera faite
d'après les ports d'attache des navires en temps de paix »).
La France doit livrer les réfugiés politiques allemands ou autrichiens présents sur son sol.
Le choix d'Hitler de laisser à la France vaincue son empire peut paraître aujourd'hui tout à fait singulière. À
l'époque, dans une lettre au Duce,Hitler a justifié ce choix (ainsi que celui de maintenir une zone non occupée),
par le souci de ne pas pousser la France et sa puissante flotte à continuer la guerre à partir de ses colonies, la
marine allemande n'étant pas en mesure de conquérir le vaste empire colonial Outre-Méditerranée, et l'envoi de
troupes dans des contrées éloignées n'entrant pas dans la stratégie d'Hitler. Dans les faits, à l'exception de
l'Afrique-Équatoriale française, de la Polynésie française (alors désignée sous le nom d'Établissements français
de l’Océanie) et de la Nouvelle-Calédonie, lescolonies françaises ne se rallieront ni à de Gaulle ni aux Alliés
dans les mois qui suivront l'armistice.
De son côté, Churchill, face au risque de voir la flotte française rejoindre ses ports d'attaches maintenant
occupés par l'ennemi, conformément aux conventions d'armistice envoie le 3 juillet 1940, dépêche une escadre
britannique pour sommer l'escadre française de Mers el-Kébir de se joindre à elle, ou de rejoindre les Antilles
françaises16. L'amiral françaisMarcel Gensoul rejeta l'ultimatum, sans informer Vichy de toutes les possibilités
ouvertes par celui-ci, dont celle de rejoindre les Antilles françaises pour se mettre à l'abri des Allemands. Il
s'ensuivit un combat naval à Mers el-Kébir, au cours duquel trois des huit bâtiments de ligne (dont 2 hors d'âge)
que possède la marine française sont coulés ou mis hors de combat, faisant plus de 1100 victimes parmi les
marins français.
En outre, l'Italie bien que revendiquant l'ancien com de Nice et laSavoie, dont elle n'est pas parvenue à
s'emparer, doit se contenter d'une partie de Menton et de Fontan (ses seules prises de guerre). Les autres
territoires revendiqués (dont la Corse) ne seront occupés par l'armée italienne qu'ultérieurement, le 11
novembre 1942, lors de l'invasion de la zone antérieurement non occupée.
Le fondement législatif du régime de Vichy
Le nouveau gouvernement et l'Assemblée nationale s'installent en juillet àVichy, ville calme et disposant de
grandes capacités hôtelières. Unepropagande est mise en place, destinée à justifier les choix politiques dont
celui de la nouvelle « capitale ». Le culte de la personnalité du maréchal, appelé aussi « maréchalisme » en est
le principal moteur.
Le 10 juillet 1940 est soumise à l'Assemblée nationale, réunion de la Chambre des députés et du Sénat (réunie
pour l'occasion dans la salle de l'Opéra du Grand Casino de Vichy), une proposition de révision de
la Constitution permettant d'attribuer les pleins pouvoirs aumaréchal Pétain, président du Conseil. Sur 649
suffrages exprimés, sur les 907 parlementaires de l'époque, 57 députés et 23 sénateurs votent « non », 20
autres parlementaires s'abstiennent (dont 3 après demande de rectification de leur vote) et le reste approuve. La
séance fut présidée par Jules Jeanneney.
Le texte adopté était :
« Article unique.
L’Assemblée nationale donne tout pouvoir au gouvernement de la République, sous l’autorité et la signature du
maréchal Pétain, à l’effet de promulguer par un ou plusieurs actes une nouvelle constitution de l’État français.
Cette constitution devra garantir les droits du Travail, de la Famille et de la Patrie.
Elle sera ratifiée par la Nation et appliquée par les Assemblées qu’elle aura créées. La présente loi
constitutionnelle, délibérée et adoptée par l’Assemblée nationale, sera exécutée comme loi de l’État17. »
Cet acte législatif n'ayant pas été voté dans les formes18 prévues par les lois constitutionnelles de
1875 organisant les institutions de laTroisième République, sa régularité est sujette à caution, mais il met fin, de
fait, à la forme républicaine du gouvernement de la France.
La nouvelle constitution, rédigée par le maréchal Pétain, ne fut jamais promulguée19, le chef de l'État n'édictant
que 12 actes constitutionnels, pris entre 1940 et 1942 sur la base de la loi constitutionnelle de 1940, pour
organiser provisoirement le régime de l'État français. Le projet de Constitution prévoyait de conserver pour le
chef de l'État le titre de président de la République20.
Durant la période de l'Occupation, le parlement ne fut pas dissous, mais Sénat et Chambre des députés
furent « ajournés jusqu'à nouvel ordre », seul le chef de l'État pouvant les réunir21. Le Parlement ne se réunit
plus durant toute l'Occupation, entérinant dans les faits le caractère autoritaire du régime de Vichy.
Par la suite, le régime a dû chercher une forme de représentation pour remplacer le suffrage universel égalitaire
et atomisé. Cette recherche aboutit à l'annonce, le 24 janvier 1941 de la création d'une « assemblée
consultative ». C’est le Conseil national22.
Les puissances étrangères, dont les États-Unis23, et l'URSS24,25, prennent cependant acte de ces changements et
dépêchent leurs représentations diplomatiques à Vichy ; à ce moment, le général de Gaulle n'a encore d'autre
légitimité que sa conscience, le soutien immédiat du gouvernement britannique (le 28 juin 1940) et d'une
poignée de Français libres, qui pour le régime de Vichy ne sont que « des rebelles, traîtres et ditieux ».
Lorsque la guerre prend une tournure plus favorable aux Alliés, les gaullistes commencent à se faire admettre
comme représentants légitimes de la France. Après leur entrée en guerre, le 22 juin 1941, les Soviétiques
reconnaissent le Comité national français le 26 septembre 194124. Le Comité français de la Libération
nationale est reconnu par les Alliés le26 août 194324. Les Américains n'admettent pleinement l'autorité de
Charles de Gaulle qu'après le débarquement du 6 juin 1944.
Controverse sur les fondements juridiques du régime
La question de savoir si, derrière ce changement d'appellation, l'« État français » est la
même personnalité de droit public etinternational que la République française, reste encore controversée. En
effet, deux thèses s'opposent.
selon l'une, l'« État français » est la même personnalité de droit public et international que la République
française, parce que c'est le Parlement qui a investi le maréchal Pétain du pouvoir de former un
gouvernement et de demander l'armistice : à l'appui de cette thèse, ses tenants rappellent que jusqu'à fin
1944, les ambassades des États étrangers dialoguaient toutes avec le gouvernement Pétain et non avec la
« France libre »;
selon l'autre, pendant les quatre années d'occupation, la continuité historique et juridique de l'état
français revient à la « France libre », au Conseil de défense de l'Empire, au Comité national français,
au Comité français de la Libération nationale (reconnu par les Alliés le 26 août 1943) et au Gouvernement
provisoire de la République française : à l'appui de cette thèse, ses tenants rappellent qu'en 1940, le
parlement qui a voté les plein pouvoirs au maréchal Pétain ne s'est pas réuni librement et régulièrement,
mais sous la pression de la panique provoquée par l'offensive allemande.
L'Ordonnance du 9 août 1944 relative au rétablissement de la légalité républicaine sur le territoire
continental tranche toutefois la question juridique et réaffirme ainsi que « La forme du gouvernement de la
France est et demeure la République. En droit celle-ci n'a pas cessé d'exister » et que « Sont, en conséquence,
nuls et de nul effet tous les actes constitutionnels, législatifs ou règlementaires, ainsi que les arrêtés pris pour
leur exécution, sous quelque dénomination que ce soit, promulgués sur le territoire continental postérieurement
au 16 juin 1940 et jusqu'au rétablissement du Gouvernement provisoire de la République française. » tout en
organisant en outre le retour à la légalité et à l'ordre républicain.
Cependant, certains actes récents comme le discours de Jacques Chirac du 16 juillet 1995 au Vélodrome
d'Hiver reconnaissant la responsabilité de la France dans la déportation vers l'Allemagne de Juifs français au
cours de l'occupation du pays par les nazis, constituent une rupture avec la doctrine gaullienne, suivie avant lui
par tous les présidents de la Quatrième République et de laCinquième République, qui rejette une telle
reconnaissance au motif que le gime de Vichy, sous la direction duquel ces exactions ont été menées, n'était
pas l'autorité politique gitime de la France (cette autorité étant incarnée par le général de Gaulle, chef de
laFrance libre26).
a « Révolution nationale » dans le paysage politique français[modifier]
Article détaillé : Révolution nationale.
Avers de la pièce de 2 francs« ÉTAT FRANÇAIS » de 1943.
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