Eric de Clermont-Tonnerre, o. p. C.E.S. 2 juin 2007
5
De plus, MdT continue à réfléchir aux relations entre Dieu et l’homme avant l’Incarnation et
après l’Incarnation ; la condition de l’homme est exclusivement la condition de créature…
… et comme, de soi, la créature est extérieure à Dieu, c'est aussi par le dehors et par un culte
extérieur qu'elle L'honorait, à son plan et selon son mode de créature. Par l'Incarnation,
l'Humanité a été assumée — d'abord dans un seul sujet, le Christ Jésus, puis en d'autres qu'Il
S'est agrégé.
(p. 2934/1741) D'extérieure, de ce fait, la religion due à la Déité est devenue toute intérieure,
revêtue qu'elle fut, dès l'Incarnation par la Personne du Verbe.
Du seul fait de l'Incarnation, elle est devenue intérieure aux Relations du Verbe au Père — c'est
pourquoi « Regnum Dei intra vos est ◊ Le Royaume de Dieu est au-dedans de vous. » et « ora
Patrem tuum in abscondito ◊ Prie ton Père dans le secret. »
C'est ainsi que la réalité de notre religion au Père est proportionnée à notre intériorité aux
Relations du Verbe au Père. Ceci est d'une importance capitale — non tant pour le fait lui-
même, que pour sa cause qui éclaire la qualité de notre religion = la qualité même de la
référence sacerdotale. Filiation et sacerdoce n° 4, p. 63
Avant l’Incarnation, la relation à Dieu est extérieure à la créature, elle s’exerce par le dehors
et par le culte extérieur. Après l’Incarnation, l’humanité est assumée dans un seul sujet : le
Christ, puis en nous-mêmes. De ce fait, la religion devient intérieure aux relations du Verbe
au Père. La créature est intégrée à l’intérieur des relations trinitaires par le Verbe, c’est
pourquoi le Royaume de Dieu est au-dedans de nous et qu’il est possible de prier dans le
secret (porte-close). Ainsi, par l’Incarnation, notre culte se fait par le Verbe. Ceci éclaire la
qualité de la référence sacerdotale.
Continuant sa réflexion (même s’il s’agit d’une réflexion datant du 15 mai 1942) MdT aborde
la distinction entre la filiation et le sacerdoce :
Il y a comme une double face dans la Très Sainte Humanité du Christ :
- celle qui regarde le Père, selon la Filiation = face qui est (p. 850/495) toute perfection,
splendeur de gloire en elle-même et au Père, toute pureté, toute sainteté, immobile dans une
plénitude et intimité de Déité qui ne peut s'accroître — immobile aussi dans l'assomption
consommée dès le premier instant, dans la vision glorieuse, dans une totale adhésion de tout
elle-même à ce à quoi adhère éternellement la Personne qui l'assume
- face intérieure, réservée au seul regard du Père, face de pure Filiation, splendeur de
perfection selon la nature, la grâce et la Déité — éclatante de la gloire du Créateur et du Père,
centre de convergence de la gloire du Père, du Verbe et de l'Esprit Saint, lieu d'effusion du
mystère éternel
- face d'une splendeur faite de toutes les splendeurs créées et incréées, que ne peuvent
atteindre ni ternir aucune des souillures de la terre
- face qui baigne tellement dans la Déité, et qui est plongée si avant dans le mystère du
Père, que toutes les angoisses et amères souffrances de la Rédemption ne l'en peuvent tirer ni
distraire, parce qu'elles ne peuvent atteindre jusque là
- c'est la face glorieuse de la Filiation
- puis il y a la face de la terre, qui n'est pas celle de la Filiation, mais du sacerdoce — et
non du sacerdoce de gloire, mais du sacerdoce de la terre, celui de l'expiation et de
l'immolation :
- face d'humilité et de compassion, de douceur et de patience, face de pauvreté, de
dénuement, d'impuissance — face cachée — face laborieuse — face obéissante et soumise à
toutes sortes de dépendances — face de toutes les miséricordes