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ORDINATION EPISCOPALE DE MGR JULIEN RIES
11.02.2012
HOMELIE
Au cours de l’Angélus du 6 janvier dernier à la Place Saint-Pierre, en la
Solennité de l’Epiphanie de Notre Seigneur, le Saint-Père Benoît XVI a
personnellement annoncé la création de 22 nouveaux cardinaux, parmi lesquels
figurait notre cher Mgr Julien Ries. La veille, j’avais eu la joie de communiquer
la décision du Pape à Mgr Ries et il m’a répondu avec la sérénité et la joie qui le
distinguent : « Si c’est la volonté du Saint-Père, je l’accepte ; mais ego non sum
dignus ! Je n’en suis pas digne ! » Et en toute simplicité, il a répété cette phrase
à plusieurs reprises.
Cher Mgr Ries, la décision de sa Sainteté de vous compter parmi les
Cardinaux de la Sainte Eglise a été accueillie avec joie par nous tous : par les
évêques de la Conférence épiscopale de Belgique; par le Diocèse de Namur
vous avez vu le jour ; par le Diocèse de Tournai, car depuis plusieurs années
vous résidez sur son territoire ; par la Famille Spirituelle l’Œuvre que vous avez
accompagnée dès sa naissance en conseillant et soutenant la Mère Julia
Verhaeghe et par tous ceux qui vous connaissent et vous aiment.
Le Saint-Père a voulu ainsi donner une récompense publique et officielle
pour votre longue activité de prêtre amoureux de son sacerdoce, d’homme de
science ayant une grande profondeur et de larges horizons, d’écrivain fécond sur
les thèmes de la foi, de lhistoire des religions et de l’anthropologie religieuse,
de professeur éminent et aimé auprès de l’Université à Leuven d’abord et puis à
Louvain-la-Neuve et encore, pour votre activité de prêtre avec une profonde
spiritualité qui a inspiré et qui continue à inspirer de nombreux prêtres et de
nombreuses personnes consacrées. Dignum et iustum est ! Il est juste et bon
pour la gloire de Dieu et pour l’édification de l’Eglise que votre œuvre soit
reconnue et que vous puissiez continuer à servir la communauté chrétienne avec
une mission faisant autorité.
Le Code de Droit Canonique établit que :
« Les Cardinaux de la Sainte Eglise Romaine outre à la faculté d’élire le Pape
pour ceux qui en ont le droit assistent également le Pontife Romain en
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agissant collégialement quand ils sont convoqués en corps pour traiter de
questions de grande importance, ou individuellement, à savoir par les divers
offices qu’ils remplissent. » (Can. 349 C.I.C.)
En outre, il faut relever qu’à partir de 1962, par la volonté du Bienheureux
Pape Jean XXIII, il a été établi que tous les Cardinaux doivent avoir reçu la
dignité épiscopale. Dans le « Motu Proprio : Cum gravissima » Jean XXIII
dispose ce qui suit : « Après avoir examiné avec pondération la question, de
notre propre volonté et par notre autorité, nous établissons et décrétons qu’à
partir de maintenant et dans le futur, tous les cardinaux membres du Sacré
Collège doivent être élevés à la dignité épiscopale » (MP Cum Gravissima, du
15 avril 1962).
Aujourd’hui nous sommes justement réunis dans ce sanctuaire de Notre-
Dame de Villers, sous le regard plein d’amour de la Mère de Dieu, Sede
Sapientiae (Siège de la Sagesse), pour conférer la plénitude du sacerdoce à Mgr
Julien Ries.
Nous savons bien que le Seigneur Jésus a fondé son Eglise en annonçant
la Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu, en donnant sa vie pour lEglise son
épouse, en répandant sur ses disciples l’Esprit promis par le Père le jour de la
Pentecôte (cf. L.G. n. 5). La Constitution du Concile Vatican II « Lumen
Gentium » parle en premier lieu de l’Eglise comme nouveau peuple de Dieu, qui
a pour chef le Christ, « livré pour nos péchés, ressuscité pour notre
justification ». Ce même peuple de Dieu a pour statut la dignité et la liberté des
fils de Dieu, dans le cœur de qui, comme en un temple, habite l’Esprit-Saint»
(L.G. 9). Mais comme le dit l’apôtre dans la lettre aux Corinthiens, Jésus a voulu
que ses disciples forment un seul corps dans la pluralité des membres : « Nous
avons tous été baptisés dans un seul Esprit pour former un seul corps. (…). Mais
Dieu a placé chacun des membres dans le corps, comme Il a voulu (…) si un
membre est honoré, tous les membres partagent sa joie. Or, vous êtes le corps
du Christ et vous êtes ses membres, chacun pour sa part» (I Cor. 12, 13, 18,26-
27).
« Le Christ Seigneur, pour assurer au Peuple de Dieu des pasteurs et les
moyens pour sa croissance, a institué dans son Eglise divers ministères, qui
tendent au bien de tout le Corps » (L.G. 18). C’est de là que vient la mission de
l’Evêque dans l’Eglise, comme successeur des Apôtres et représentant du
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Seigneur Jésus, Pontife suprême, au milieu des croyants (cf. L.G. 21). « Le saint
Concile enseigne que par la consécration épiscopale est conférée la plénitude
du sacrement de l’Ordre : … (Cette) consécration épiscopale, avec la charge de
sanctification, confère aussi les charges d’enseigner et de gouverner. La
Tradition qui sexprime surtout dans les rites liturgiques montre à l’évidence
que par l’imposition des mains et les paroles de la consécration la grâce de
l’Esprit-Saint est donnée, et le caractère sacimprimé, de telle sorte que les
évêques, dune façon éminente et patente, tiennent la place du Christ lui-même,
Maître, Pasteur et Pontife, et agissent en sa personne (in ejus persona dans la
personne même du Christ) » (L.G. 21).
Je n’ai suggéré que quelques points de réflexions sur la figure de l’Evêque
dans l’Eglise. Il existe sur elle une ample littérature théologique et pastorale.
Nous pouvons en effet beaucoup parler sur le sacerdoce dans l’Eglise. Mais à la
fin, il faut se recueillir dans la prière et dans la contemplation, en nous inspirant
de la belle intuition du Bienheureux Jean-Paul II qui, à loccasion du 50ème
anniversaire de son ordination sacerdotale, a écrit un livre autobiographique
qu’il a intitulé « Don et mystère ». « Dans son sens le plus profond, écrivait le
Pape dans l’introduction, toute vocation sacerdotale est un grand mystère, est
un don qui surpasse infiniment l’homme ».
Quand en effet nous parlons de sacerdoce et nous en donnons le
témoignage une telle réflexion vaut encore davantage pour l’épiscopat nous
devons le faire avec une grande humilité, conscients que Dieu « nous a appelés
par un saint appel, non en vertu de nos œuvres, mais en vertu de son propre
dessein et de sa grâce » (2 Tim. 1,9) (Don et Mystère, p. 10-11).
C’est avec cet esprit d’humilité et de constante gratitude que nous, prêtres
et évêques, nous devons penser au sacerdoce reçu, sans nous décourager,
puisque, comme Saint Paul nous l’a dit dans la 2ème lettre au Corinthiens que
nous avons lue, « c’est Dieu qui dans sa miséricorde nous a confié un si grand
ministère et nous portons ce trésor en nous comme dans des poteries sans
valeur : ainsi on voit bien que cette puissance extraordinaire ne vient pas de
nous, mais de Dieu » (2 Cor. 4, 1.7).
Nous croyons néanmoins qu’à l’origine de tout cela il y a l’amour de
Dieu, qui tout en faisant participer au sacerdoce du Christ, nous exhorte à aimer
et à servir comme le Christ a aimé son Eglise et a donné sa vie pour elle. C’est
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dans cet esprit de service humble et généreux, que Mgr Ries a choisi comme
devise de son ministère épiscopal : « Caritas Christi urget nos L’amour du
Christ nous presse ».
Eminence, vous avez voulu choisir le jour de la te de Notre-Dame de
Lourdes pour votre ordination épiscopale et comme lieu ce sanctuaire de Notre-
Dame de Villers, Sedes Sapientiae. Votre désir de placer votre nouveau
ministère épiscopal sous la protection de la Mère de Dieu est évident ainsi que
celui de vous inspirer à son exemple de femme de foi et de total abandon à la
Volonté de Dieu, d’humble et généreuse coopératrice dans l’œuvre du salut de
son divin Fils.
Depuis toute éternité Dieu Père l’avait choisie, immaculée, pour être la
digne mère du Sauveur et pour prendre part, au pied de la Croix, à l’immolation
de Jésus. Marie correspond à cet appel de Dieu, avec une humilité et nérosité
totales : « Voici la servante du Seigneur : que tout se passe pour moi selon ta
parole » (Luc 1,38).
Eminence, cette communauté se presse autour de vous pour implorer sur
vous en abondance les dons du Saint-Esprit, la plénitude du sacerdoce du Christ
et la constante protection de la Mère de Dieu.
Amen
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