SCHISME
L’Église anglicane est-elle menacée de schisme ? C’est ce qu’on dit, et après tout c’est possible. En
tout cas, elle traverse une « crise historique », comme le souligne le journal Le Monde.
Et le fondement de cette crise tient à l’ordination des prêtres. Qui peut-on, qui doit-on sacrer prêtre ?
On voit s’opposer deux clans : ceux qui refusent que soient ordonnés prêtres des femmes et des
homosexuels, et ceux qui l’acceptent ou le souhaitent.
La crise est si profonde, si violente que l’institution religieuse que constitue cette Église anglicane
pourrait bien se fendre, se séparer en deux.
Et c’est bien là ce qu’on appelle un « schisme ». À l’origine, le mot signifie bien « séparation », mais
l’emploi de ce mot savant est presque uniquement réservé à la religion. On parle de « schisme »
quand, au sein d’une même église, un désaccord important surgit, et touche à un point essentiel, un
dogme, c’est-à-dire une croyance centrale, ou une pratique essentielle à la vie religieuse.
Deux groupes se créent alors, au lieu d’un seul. Mais, même si chacun se sent légitime, et clame son
bon droit, sa foi dans la vérité de ses actes, on distingue toujours le groupe d’origine et celui qui se
sépare.
Toute l’histoire de la chrétienté est rythmée par des schismes. On parle du « Grand Schisme
d’Occident », à la fin du 14e siècle et au début du 15e, époque troublée et embrouillée, où l’on vit
plusieurs papes en même temps, chacun prétendant être le seul à avoir l’autorité suprême sur l’Église.
Mais l’Église retrouva son intégrité, donc même si la période est appelée « schisme », ce n’en est
peut-être pas exactement un. En revanche c’est bien un schisme qui a séparé l’Église d’Orient de celle
d’Occident. Et même les protestants ont parlé de « schisme » à propos de la Réforme et de ceux qui
s’étaient rassemblés autour de Martin Luther.
Il existe un autre mot qui appartient à la même famille mais dont l’emploi n’est pas marqué par
l’histoire religieuse : c’est la « scission ». Le sens est proche : il s’agit bien d’une séparation en deux.
Et on dit parfois que dans un parti, un groupe peut « faire scission ». On dit également qu’il peut
« scissionner », et non « se scissionner ». L’usage est plutôt flou, mais on utilise peu la forme
pronominale : « scissionner » se comprend donc comme « se scinder en deux », « se couper en
deux ».
L’emploi de ce verbe est-il bien recommandable? On ne le trouve pas dans les dictionnaires, il n’existe
pas officiellement en français, mais il est assez couramment employé. Il y a donc deux constructions
différentes pour ces deux verbes « scissionner » et « se scinder ».
Enfin, il faut mentionner le mot « sécession », qui insiste non seulement sur la séparation, mais aussi
sur une idée de départ. Là encore, un ensemble est coupé en deux, mais la partie qui fait sécession
se sépare volontairement de l’autre pour aller vivre sa vie de façon autonome.
Et le mot « sécession » est très marqué par une autre histoire: il rappelle la guerre de Sécession aux
États-Unis, qui déchira le pays entre 1861 et 1865, lorsque plusieurs États du Sud, qui refusaient
d’abolir l’esclavage, voulaient se constituer en nation indépendante.
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