PCF- BOUCHES-DU-RHONE COLLECTIF ECONOMIE OCTOBRE 2009 PROPOSITION POUR LE FONDS REGIONAL POUR L’EMPLOI ET LA FORMATION (FREF) TABLE DES MATIERES PREMIERE PARTIE : PRESENTATION p. 2 DEUXIEME PARTIE : MISE EN ŒUVRE p.6 TROISIEME PARTIE : p.9 ORGANISATION INSTITUTIONNELLE ET FONCTIONNEMENT QUATRIEME PARTIE : CONDITIONNALITE p.12 CONCLUSION 1 PROPOSITION POUR LE FONDS REGIONAL POUR L’EMPLOI ET LA FORMATION (FREF) PREMIERE PARTIE : PRESENTATION FREF : Fonds Régional pour l’Emploi et la Formation OBJECTIF : Inciter les à Entreprises et les Banques ainsi que des Institutions financières ayant une mission de service public (CDC…) financer par des prêts à moyen et long terme, des investissements développant l’emploi (création et maintien), la formation et la qualification, et la valeur ajoutée disponible pour la société dans son ensemble. CHAMP D’ACTION : PACA MOYENS D’ACTIONS : Le FREF se veut un outil de politique économique et sociale. Pour cela son objectif principal est la responsabilisation sociale des Entreprises et des Banques à partir d’une mobilisation du Crédit dans ce sens. PRINCIPES : Contrairement à une certaine vision toujours d’actualité, nous ne croyons pas que l’argent public, d’une région pour le moins, puisse être le moteur du développement économique, à plus forte raison dans la perspective déjà largement engagée, d’un tarissement des budgets locaux ou pour le moins de leurs mises en difficultés. La source essentielle de financement économique reste la banque et c’est donc vers la politique bancaire que les agents économiques, les décisionnaires politiques et les acteurs sociaux doivent agir. A) La bonification d’intérêts : Lors d’emprunt pour investissements pour capital fixe, technologies et technologies informationnelles, par l’entreprise l’action du FREF consisterait à attribuer une subvention servant à réduire le taux d’intérêt que l’entreprise doit verser à la banque. Le montant de cette subvention, donc la réduction d’intérêts, serait d’autant plus important que l’allocation du crédit satisferait les conditions corrélatives à l’objectif du FREF en matière d’emploi et de formation (Voir § Conditionnalités). Il convient donc de considérer à cet égard, et en les simplifiant, les paramètres suivant : le montant de la diminution de l’intérêt du crédit payé par le FREF, variable selon l’importance de la création nette d’emploi par entreprise le montant de l’investissement maximum donnant lieu à crédits bonifiés par emploi sur lequel s’applique l’intérêt payé par le FREF le nombre des emplois susceptibles d’être crées et/ou sécurisés à partir d’une somme affectée au budget régional. A titre indicatif, une dotation régionale de 5 millions d’euros, compte tenu d’un taux moyen des prêts à moyen et long terme aux entreprises à 3.06% 1 pratiqué entre avril 2008 et avril 2009, permettrait un montant total de prêt à taux zéro de plus de 160 millions d’euros. Comparativement le Plan Régional pour l’Emploi pour la Région PACA,2 a 1 Source : BDF, Enquête trimestrielle portant sur le coût du crédit aux entreprises – Avril 2009 Consultable : http://www.banque-france.fr/fr/stat_conjoncture/telechar/stat_mone/cout_entreprise_0409.pdf 2 Comprenant le SRDE (Schéma Régional de Développement Économique), le PROGRESS (Programme Régional de développement de l'Économie Sociale et Solidaire), le PRDF (Plan Régional de Développement des Formations) 2 voté en 2004 pour la présente mandature un budget de 250 millions d’euros3. Dit autrement, les études et les expériences dans ce sens montrent que l’engagement financier public est à hauteur d’environ 10% des investissements réalisés. Qu’il s’agisse donc des bonifications d’intérêts comme des garanties d’emprunts, les engagements du FREF ne représentent qu’un petit pourcentage en termes de dépenses publiques et par rapport aux investissements globaux, en raison du fait que les critères de sélection des investissements financés font que, sauf exception, l’emprunteur est en capacité de rembourser lui-même les crédits reçus. Il est utile de rappeler que ce principe n’est pas une innovation, ni dans les propositions du Parti Communiste et d’autres organisations progressistes où il figure depuis longtemps, ni dans les pratiques nationales et européennes ou par le passé et encore récemment 4 (pour les productions « vertes ») il a prouvé son opportunité et son efficacité. B) La garantie d’emprunts. Particulièrement appropriée aux entreprises manquant de « surface financière », l’intervention du FREF dans le montage des garanties d’emprunts (et en liaison avec les instruments existants tels que SOFARIS (ou Société Française pour l'Assurance du capital-risque des petites et moyennes entreprises) a pour buts immédiats : de soutenir l’investissement et renforcer l’appareil productif générateur d’emploi et de formation et donc d’agir corrélativement sur une plus grande maitrise du développement économique du territoire (fonction économique) et sur l’utilisation de la valeur ajoutée qui en résulte (fonction sociale) et des crédits bancaires qui y ont contribués ; d’agir sur le système bancaire lui-même par un effet d’entrainement puisque l’incitation financière publique en général et celle du FREF est elle-même productive de confiance des banques qui hésiteraient à s’engager dans un projet économique d’apporter, par le respect des conditions du FREF (Voir Partie IV § Conditionnalité) une plus grande efficacité de l’aide publique dans le tissu économique et social du territoire, moins par la voie réglementaire directe, toujours faillible, que par l’aménagement structurel financier, social et politique de l’environnement des investissements. C) Catégories de crédits visés : les prêts de trésorerie, pour un an les prêts pour investissement de capital fixe de 3 ans à 10 ans les prêts pour investissements informationnels (R&D, Formation…) les prêts pour les nouvelles technologies pour un développement prenant en compte les problèmes environnementaux…. 3 Source : Région PACA, Orientations 2008/2010. Consultable : http://www.regionpaca.fr/uploads/media/PRE_orientations_2008-2010.pdf 4 Commission Européenne note IP/08/93. Le système a été mis en place après la récession de 1993. Voir notamment le « Cinquième rapport de la Commission concernant la mise en œuvre de la décision relative à l’octroi de bonification d’intérêts par la commission » du 22/06/2000. Les rapporteurs notent : « que la bonification d’intérêts permet de " lever " des montants de crédits bancaires très importants comparativement aux fonds publics (subsides) qui sont injectés au départ ; l’effet de levier financier est considérable. De plus, ces financements s’opérant pour des projets d’investissements productifs, les emplois ainsi créés sont stables » . Ce même rapport renvoie à un autre document concernant un dispositif dit " facilité d’Édimbourg ", mis en place en 1995 et 1996 dans les quinze pays de l’Union sur décision de la Communauté européenne. Ce deuxième document relate l’utilisation, dans ce cadre du " mécanisme PME " de la Banque européenne d’investissement (BEI). Le principe de mise en ouvre s’est avéré simple, très peu coûteux et très efficace en termes de créations d’emplois stables. Pour la période récente voir le rapport de la Commission « Aides d’Etats » n°11/2009 du 03/02/2009 3 Dans ces cas, le taux d’intérêt de ces crédits serait d’autant plus abaissés qu’ils répondraient aux programmes inscrit dans la finalité du FREF, d’emploi, de formation et de développement économique durable. D) Catégories d’Entreprises Visées - Groupes par l’intermédiaire des filiales PME intermédiaires (+ 250 salariés) PME-TPE Au total, il faut souligner la caractéristique essentielle de ces deux dispositifs de bonifications et de garanties d’emprunts qui en constitue aussi l’originalité : ce n’est pas la puissance publique mais bien le système bancaire qui assure, comme il se doit, le financement de l’économie, et de ce fait, se voit réorienté vers son utilité première qui est le développement économique et social du territoire. Corrélativement, ce mode d’intervention publique, permet de soustraire en partie et structurellement la réalisation du développement, aux seuls critères du capital patrimonial ou des apporteurs de capital propre et des contraintes financières qui y sont attachés, lesquelles handicapent lourdement l’initiative économique et ses résultats sociaux, les TPE-PME en particulier, pour l’adosser davantage aux effets du crédit accordé, dans la valeur ajouté et dans l’emploi. LES LIMITES Par rapport aux institutions et organismes existants : Il ne s’agit en aucun cas de constituer un fonds pour la création d’entreprises, pour des dotations de capital ou des financements directs à la création d’emploi tel que l’ambitionne des institutions déjà existantes (OSEO ; ADEME ; ESIA PACA (pour l’économie sociale et solidaire par ses contributions techniques et financières) ; Fondation MACIF, FRIE (Fonds régional d’innovation pour l’emploi) ; IRIS (Fonds de formation Interprofessionnel)…La participation du FREF n’est toutefois pas à exclure lors de phases de pré-amorçage ou d’amorçage d’un projet économique. Dans la même optique, mais est-il besoin de le rappeler ?, le FREF n’a nullement vocation à se substituer aux responsabilités salariales de l’employeur. Par rapport à l’environnement bancaire et financier, le FREF n’a pas vocation non plus à rentrer en concurrence avec ces marchés. En revanche, une entreprise bénéficiaire du FREF devra nécessairement réviser, si elle en a, ses relations avec des pratiques tendant à dévier les services, ou les effets des services, du FREF, vers d’autres finalités que celles qui auront permis son intervention. - L’effet « d’aubaine » : le dispositif du FREF doit impérativement être soustrait à l’effet d’aubaine, économique et financier, lié malheureusement trop fréquemment à ce genre de dispositif comme le signale par exemple le rapport de la Cour des Comptes (2007) 5 relatif au Interventions Economiques des Collectivités Territoriales ou encore le rapport de du député M. Y. BUR (2008)6 sur tous les dispositifs d’allègements aux Entreprises, l’une des conclusions de 5 Rapport public de la Cour des Comptes présenté par M. P. SEGUIN le 28 novembre 2007. On peut y lire : « Il est évident qu’un tel dispositif {d’aides directes aux entreprises} ne correspond plus aux exigences et préoccupations actuelles, dans un contexte économique nouveau… Au lieu de privilégier des aides directes aux entreprises, il faut travailler à leur offrir un environnement économique favorable » Consultable : http://www.ccomptes.fr/fr/CC/documents/Allocutions/07-aides-collectivites-territoriales.pdf 6 Assemblée Nationale, Rapport par la mission d’information commune sur les exonérations des cotisations sociales, Par M. Y. BUR (député UMP) du 25/06/2008. Celles-ci s’élèvent à près de 70 milliards par an, hors allègements ciblés. Le rapport souligne « la nécessité d’un travail déterminé d’évaluation, et de remodelage de 4 l’un et de l’autre étant une dispersion et une efficacité relatives d’un point de vue économique et sociale de ce type de dispositif et pointant, pour le premier, l’urgence à privilégier « l’environnement économique » de l’entreprise donc bancaire et, pour le second, « l’urgence d’une plus grande maitrise des comptes publics ». Dans cette optique, s’en prendre seulement à la question des « charges financières » des entreprises pour en atténuer le coût, sans s’attaquer aux critères de financements, leur destination et leur réalisation reviendrait ni plus ni moins qu’à prendre le risque d’accroitre l’effet d’aubaine, c'est-à-dire à transformer le vaccin en maladie. L’envergure et l’ambition du dispositif du FREF ne doit pas masquer sa complexité, notamment en raison des critères retenus et la part de subjectivité qui est inévitable dans leur application. Toutefois, la région, les institutions monétaires et les acteurs intervenants, tant au niveau de l’expertise que des moyens d’application et de réalisation disposent ou pourront disposer des instruments capables d’éviter des dérives du dispositif (Voir Partie II § Expertise) En conclusion de cette présentation nous voulons souligner que la présente proposition entend donner à la collectivité civile, élus locaux, syndicats, comités d’entreprise, associations de lutte contre le chômage mais aussi à l’entreprise comme collectivité économique et sociale, le pouvoir partagé d’évaluer les projets existant dans une région et sélectionner ceux qui semblent économiquement viables, socialement efficaces et intéressants pour le développement du territoire et de la société qui y vit. En regard de la situation économique et sociale actuelle, dont la région PACA accuse de manière particulière la gravité7, mais aussi de l’histoire économique de ces trente dernières années, on observe que la régulation économique reposant sur le seul interventionnisme de l’Etat et de son implantation locale ne suffit pas à enrayer le système libéral responsable de cette situation parce que cet interventionnisme n’échappe pas aux contradictions néolibérales : peut-on nier l’évidence de l’un des enseignements de la crise actuelle qui est que ce système a placé autant les Etats et ses Institutions locales que les Institutions Bancaires dans le rôle de préteurs en derniers ressorts montrant ainsi une impuissance certaine des organes publiques de régulations. La régulation et la réorientation de l’économie et particulièrement son financement doit donc pour être efficace s’appuyer également et largement sur l’intervention politique démocratique, des acteurs économiques, politiques et citoyens, sur les structures et les mécanismes de la monnaie, du crédit et des finances. C’est la condition pour véritablement mettre en place une alternative dans l’organisation et le contenu du pouvoir économique et donc de la vie sociale dans la région et bien entendu au-delà. DEUXIEME PARTIE : LA MISE EN ŒUVRE DU FREF Cette mise en œuvre telle qu’élaborée ici appelle des modifications en fonction des partenaires intervenants dans sa réalisation et son évolution. certains dispositifs insuffisamment efficaces au regard de leur coût, ou qui suscitent des effets d’aubaine trop importants » et déplore que « Le Gouvernement, qui mène une politique opposée aux principes et aux conclusions de la mission en élargissant le champ des exonérations aujourd’hui aux heures supplémentaires et demain à l’intéressement, est placé devant ses contradictions » Consultable : http://www.assemblee-nationale.fr/13/rap-info/i1001.asp 7 Dont on trouvera une analyse détaillée dans les enquêtes de Conjonctures de la Banque de France Consultable : http://www.banque-france.fr/fr/stat_conjoncture/conjonc/conjonc.htm , Tendances Régionales PACA, août 2009 mais également dans l’enquête régionale de l’INSEE pour 2009 Consultable : http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?reg_id=5&ref_id=15298 5 En premier il importe de fournir un travail important d’expertise dont on donne ici les grands axes. Ce travail utilise les instruments d’expertise existants dans la Région. EXPERTISE Si sa nécessité dans le cadre de la mise en place du FREF tombe sous l’évidence, pourtant elle obéit pour nous à l’impératif démocratique qui sous tend l’ensemble de la présente proposition. Trop souvent, les dispositifs de l’intervention économique et sociale sont cloisonnés entre eux tant du point de vue des acteurs que des impacts, entre les pouvoirs publics, les buts et les effets sociaux recherchés et atteints, les financements et leurs critères d’affectation, pour ne rien dire du coté des agents économiques, entreprises, banques, salariat, patronat. Notre vision est que ces ensembles sont liés ou, pour le moins doivent l’être, car il va de soi que, par exemple, la détermination des critères de financement fait appel directement aux choix et décisions politiques en fonction des buts économiques et sociaux recherchés qui eux-mêmes convoquent une large intervention des acteurs sociaux et salariés. Et cela, dès l’analyse de la situation économique, sociale et financière du territoire A) L’EXPERTISE ECONOMIQUE ET SOCIALE. Nous suggérons que le groupe d’élus communistes de la région, mais non exclusivement, exerce la saisine de l’INSEE locale et finance une enquête d’information statistique sur la Région, portant sur l’activité économique par secteurs et par départements (champ ICS, Industries, Constructions, Commerces Services) afin d’appréhender l’impact de la crise économique. Une mention particulière doit être faite en ce qui concerne ce que nous considérons comme une fausse issue à la crise de l’entreprise, à savoir le dopage par l’auto-entreprise. Des études existent déjà mais dont l’actualisation et les perspectives sont à faire. En outre, on sait aujourd’hui que l’investissement d’une entreprise, s’il pourvoie, pour une part plus ou moins importante selon l’activité, à la constitution de capital fixe, voit la part qui revient à l’investissement humain devenir prépondérant notamment dans les technologies de l’information et de la communication. Il faut donc l’appréhender au plus près parce que celui-ci relève directement des critères bénéficiaires du dispositif du FREF. Enfin, si l’expertise doit s’intéresser aux situations ponctuelles et à des entités isolées, elle doit aussi faire apparaître l’approche par filières d’investissements. De la même façon, l’expertise sociale s’impose. La dégradation profonde de l’emploi, conséquence permanente du système en place, est le facteur le plus sérieux risquant de compromettre toute reprise durable de l’avenir économique de la Région, et d’ailleurs. Elle explique la faiblesse de la sollicitation des outils de production qui perdure dans l’activité régionale. L’expertise de l’emploi salarié localisé doit porter une attention particulière à l’emploi intérimaire, le sous emploi et le chômage partiel qui dans l’industrie (en particulier dans la métallurgie et la fabrication de composants électriques et électroniques) et dans la construction, a été significativement bouleversé. Le but est de recenser les besoins des bassins d’emplois et de formation par secteur ainsi que d’établir une évaluation des dispositifs de formation dans la région ; Il faut enfin cerner au plus près, par secteur, l’investissement annuel moyen par emploi, paramètre indispensable dans les niveaux d’intervention du FREF. E) EXPERTISE BANCAIRE ET FINANCIERE : 6 La même démarche de saisine doit être faite auprès de la Banque de France (Secrétariat Régional PACA8) qui dispose de plusieurs instruments dans sa mission de services aux institutions. Ainsi il s’agit d’obtenir la prestation (payante) ACSEL (Analyse Conjoncturelle et Structurelle Economique Localisée), les données de la Centrale des Bilans et par la suite celle de GEODE (Gestion Opérationnelle et Dynamique des Entreprises). Outre le bilan local de l’impact de la crise, et des diverses informations peuvent être produites par ces instruments, l’expertise bancaire et financière doit s’attacher aux données suivantes et non exhaustives : - Bilan des dépôts et des crédits accordés par les banques aux entreprises - Bilan des encours - Bilan de l’incidence des circuits courts. Ce bilan ne vise pas à engager l’épargne, notamment salariale, dans le Fonds Régional. La collecte de l’épargne reste l’affaire des banques, tout comme le crédit. Toutefois cette position n’exclut nullement la question de l’usage de l’épargne et des circuits courts à des fins de développement et d’emploi rejoignant évidemment l’ambition du FREF. La question est donc à débattre tant dans son principe que dans ses modalités techniques. La BDF doit être un partenaire privilégié de l’action du FREF non seulement dans cette phase de mise en place mais aussi par la suite lors du fonctionnement et de la gestion du FREF. F) EXPERTISE REGIONALE L’affectation des Fonds publics, comme d’ailleurs l’ensemble des dispositifs publics d’incitation économique, leur attribution et leur efficacité économique et sociale revêt une importance grandissante dans les préoccupations des élus locaux, régionaux, des représentants des personnels et des salariés, ainsi que des citoyens. Cette question nodale est aussi au centre de la proposition du présent projet. Il ne s’agit pas qu’une institution tentaculaire viennent regarder de près dans chaque agence bancaire ou entreprise si l’octroi des crédits bénéficiant des dispositifs du FREF répondent à leur finalité. Cette conception est absolument étrangère et contraire à notre proposition. Elle perd en outre de son intérêt en raison du fonctionnement démocratique du FREF puisqu’il associe tant dans la décision que sa réalisation les différents partenaires politiques, économiques et sociaux. Cette expertise régionale fait appel également aux organismes engagés dans la vie économique du territoire, notamment la Chambre de Commerce … Elle devrait faire apparaître (liste non exhaustives) : - Bilans quantitatif et structurel des interventions des finances publiques - Conversions de certaines lignes de fonds régionaux existants aussi bien au titre de l’investissement que celui de l’emploi et la formation. A priori, il n’y a pas de limites sur la nature et la provenance des ressources qui viendraient alimenter le FREF. - Récupération de fonds publics et utilisation d’autres sources de financements publics d’origine locale ou supra-locale - Elaboration d’une étroite coopération avec la Commission de contrôle des fonds publics, des modalités de cette coopération et des pouvoir d’intervention 8 Banque de France - Secrétariat régional Provence-Alpes-Côte d'Azur - Place Estrangin-Pastré – 13006 Marseille –B.P.91 – 13254 Marseille Cedex 6 Tél. 04 91 04 10 10 7 - De même avec les autres dispositifs d’intervention et de financements des autres niveaux territoriaux Une fois effectué, cet important travail d’expertise a pour but de réunir les acteurs politiques de la région, l’Etat, les banques (mutualistes et privées), le salariat (syndicats et institutions représentatives du personnel), les comités de chômeurs et des associations, les chefs d’entreprises afin d’examiner la proposition du FREF, ses modalités et sa mise en place. Chacun aura compris que cette proposition dont l’enjeu peut se révéler d’une grande importance pour l’avenir de la région, pour les hommes et les femmes qui y travaillent et la font vivre, est l’un des projets capable d’opérer une véritable rupture, claire et nette, avec des mécanismes et des pratiques financières dont les dommages sont avérés et sont inductifs de fragilité économique et de précarité individuelle et collective. Il s’agit donc bien de disputer le pouvoir d’orienter le crédit – facteur déterminant du développement économique et social du territoire - aux seuls logiques de marchés et aux institutions bancaires qui les soutiennent, pour le restituer aux acteurs locaux, politiques, économiques et sociaux engagés dans ce développement. TROISIEME PARTIE : ORGANISATION INSTITUTIONNELLE et FONCTIONNEMENT DU FREF Trois instances, au moins, sont à prévoir : LA PRESIDENCE Le VICE-PRESIDENT de la REGION chargé de l’emploi, par délégation du PRESIDENT DU CONSEIL REGIONAL LE SECRETARIAT Un SECRETARIAT permanent doit permettre d’assurer la continuité d’action du FONDS. LE CONSEIL D’ADMINISTRATION Ses attributions (à préciser et à finaliser) : - Impulser les actions du FREF - Organiser la coopération avec les administrations et institutions intervenants dans le FREF : Banques et Institutions Financières; Organisations représentatives du salariat ; Employeurs ; Elus Régionaux et des autres échelons Territoriaux ; Banque de France ; Instituts statistiques ; Chambre de Commerce ; Organismes de garanties bancaires… - Etablir les relations avec les dispositifs existants d’emploi et de formation. Il est utile de préciser que l’action vers l’emploi et la formation porte aussi bien sur la création d’emplois que sur la modification des emplois existants vers leur sécurisation, notamment celle des emplois dit « atypiques » (Interim, CDD, Temps partiel) et leur qualification. 8 - Organiser les personnels et compétences techniques nécessaires à l’action du FREF : expertise juridique et de gestion auprès du FREF et dans les bassins d’actions économiques et sociales où le FREF est appelé à intervenir. Une attention particulière doit être portée aux situations d’entreprises touchées par des restructurations et des suppressions d’emplois. - Organiser les modalités de saisine du FREF, les critères de sélection des interventions du dispositif et éventuellement mettre en place des commissions ad hoc. Un modèle de dossier de saisine et d’intervention doit être élaboré précisant les conditions d’attribution du dispositif. - En collaboration avec les institutions bancaires, l’élaboration d’un dossier spécifique « FREF ». - En collaboration avec les banques et la Banque de France, définir les modalités de la prise en compte des crédits sous dispositif FREF en matière de refinancement bancaire - Organiser la mise en place des contrôles des opérations du point de vue des financements, de l’emploi et de la formation pour des motifs évident d’efficacité - Ajuster et réajuster annuellement les quotités et les charges financières du FONDS - Organiser les modalités de concertations démocratiques sur toutes les questions du fonctionnement du dispositif - Préparer les décisions du Conseil Régional - La publication d’un bilan annuel, économique, financier et social du FREF - Organiser les conditions de publicité du dispositif dans l’activité économique et sociale du Territoire et auprès de populations salariées, de leurs représentants et des élus. Dans cette perspective, nous proposons l’organisation de conférences annuelles sur l’emploi et la formation et l’enseignement professionnel réunissant tous les partenaires actifs dans ce domaine -… Sa composition : - Elus Régionaux - Elus des autres niveaux territoriaux - Représentants de l’Etat et de ses administrations déconcentrées - Représentants du Salariat et des Associations de Chômeurs - Chefs et Représentants des Entreprises - Représentants des Banques et des organismes œuvrant dans le financement économique et social FONCTIONNEMENT Le fonctionnement du dispositif doit viser constamment à lier les deux ensembles qui le commandent : le développement de l’activité de l’entreprise et l’action sur l’emploi telle que définie ci-dessus. La Saisine du FREF 9 Plusieurs acteurs peuvent intervenir dans la saisine du FREF. Dans une entreprise ou un bassin d’emploi, les syndicats, les comités d’entreprises ou délégués du personnel, mais aussi les associations de chômeurs et les élus peuvent saisir le FONDS. En collaboration avec la direction de l’entreprise ou de l’établissement et une expertise technique de gestion et juridique, une négociation doit permettre d’aboutir à l’élaboration d’un projet de développement de l’entreprise et de l’emploi faisant apparaitre l’investissement, le type d’intervention du dispositif, bonification d’intérêts ou garantie d’emprunts, projets et montages bancaires chiffrés. A cet effet un modèle type de dossier doit être produit où apparaitrait pour le moins : - les informations générales concernant l’entreprise ou l’établissement - la nature de l’investissement - l’engagement sur l’honneur de la direction de l’entreprise ou de l’établissement à créer un ou plusieurs emplois, ou à maintenir, sécuriser, qualifier, l’emploi existant, ou encore à le transformer en emploi à plein temps. Ce paramètre tient compte évidemment de l’effectif de départ à partir duquel la prévision doit être faite et de la physionomie de l’emploi existant. - La signature d’une Charte d’engagement formalisant les engagements de l’entreprise sur les points suivants (non exhaustifs) : Investissements y compris en R&D ; emploi et formation ; intégration au territoire ; environnement ; dialogue social et transparence ; conditions de travail. - Acceptation des modalités de contrôle de la bonne exécution des engagements et le cas échéant de restitution de l’aide au FONDS. A l’inverse, des résultats supérieurs aux objectifs pourront ouvrir droit à un renforcement des aides du FREF. L’Examen du dossier Avec l’aide des services techniques compétents du conseil d’administration, celui-ci examine la proposition en fonction des critères objectifs du FONDS de rentabilité économique et sociale et en priorité avant toute autre considération strictement financière, peut faire des contrepropositions si besoin est, et s’assure des équilibres financiers de l’entreprise. L’acceptation du dossier détermine la mise en place du dispositif purement bancaire et les négociations avec la direction de l’entreprise. Au cours de la réalisation de l’intervention du FREF et du projet et jusqu’à la fin, l’organisme de pilotage (le conseil d’administration et ses acteurs) s’assure que les objectifs économiques et sociaux ont bien été atteints. Ainsi, d’un bout à l’autre du dispositif, la collectivité politique et publique sera intervenue dans la décision stratégique du pouvoir monétaire et financier qui, faut-il le rappeler, est le facteur déterminant du développement économique et sociale. Il n’est pas inutile d’insister sur le caractère et l’enjeu inédits, du point de vue politique, du dispositif, de son organisation et de son fonctionnement. QUATRIEME PARTIE : CONDITIONNALITE Fonder le crédit sur un critère d’efficacité sociale revient à fonder l’économie et son financement sur ce même critère. Aussi les conditions d’intervention et d’octroi du dispositif doivent clairement être énoncées et observés par les bénéficiaires. 1 0 S’il est possible de poser des conditions générales, il faut ensuite tenir compte de l’activité de l’entreprise, des ses relations avec la filière et avec son implantation et d’autres paramètres spécifiques. CONCERNANT L’INVESTISSEMENT La baisse des charges financières telle que le présent dispositif veut la promouvoir poursuit un double objectif : celui de l’élévation de la valeur ajoutée et de la valeur ajoutée disponible pour la population régionale. Il ne s’agit donc pas de satisfaire au discours doxologique et éculé sur le « coût du travail » mais sur celui du capital et sur ses contreparties. L’investissement ne saurait donc obéir à d’autres fins que ce double objectif. Cela implique évidemment qu’il s’agit d’investissement dans l’économie réelle, dans la production et la R&D, mais aussi, au niveau des engagements des actifs de l’entreprise et de la banque concernées, que les facilités obtenues tant au niveau des crédits que des garanties de crédits soient exclus de tous mécanismes purement financiers telle que la titrisation. Il est possible par contre d’admettre et à des conditions qui restent à préciser, en ce qui concerne le refinancement bancaire, que les crédits d’une entreprise ayant bénéficié du dispositif soient éligibles aux différentes procédures d’éligibilité du refinancement. Nous voulons insister sur l’extrême importance de cette condition. Outre qu’elle est en mesure d’apporter une protection efficace à l’entreprise contre les pressions financières souvent considérables qui s’exercent sur elle, et donc sur l’emploi et les conditions de travail des salariés, elle permet également d’adosser le crédit, donc la création monétaire et la monnaie, sur la production réelle, économique , et sur le développement social et humain qui doit en résulter, et non plus sur la seule rentabilité des capitaux propres et de leurs sophistications financières. Elle engage ainsi, par une nouvelle gestion du crédit, une nouvelle gestion de l’entreprise et de sa responsabilité économique et sociale. CONCERNANT L’EMPLOI L’Entreprise ou l’Etablissement bénéficiaires doit porter son attention aux conditions suivantes ; Fixation d’objectifs annuels de création et de sécurisation d’emploi Interdiction de détruire des emplois si les résultats de l’entreprise sont positifs ou si le dispositif permet une « reprise » d’entreprise. Selon l’activité, il peut exister des phases de basses productions. Dans ce cas, des mesures spécifiques sont à définir, notamment mettre à profit ces phases pour engager des formations qualifiantes pour les personnels. - La publication d’un bilan annuel des aides publiques du FREF et des autres organismes publics à l’entreprise Dans un souci évident de transparence le FONDS doit exiger l’engagement par l’entreprise à participer aux critères de vérification de l’utilisation des crédits bonifiés ou des garanties d’emprunts, de leur traçabilité et de la réalisation des objectifs Engagements portants sur les conditions de travail telles qu’elles sont définies par le droit du travail, les conventions collectives, les accords par branches. La réduction du temps du travail et l’égalité salariale, notamment de l’emploi féminin dans des secteurs où il est prépondérant, sont à mettre au premier plan de ces conditions. Engagements de l’entreprise à porter un effort particulier à l’emploi et la sécurisation des parcours professionnels des jeunes, du travail saisonnier dans des activités liées au tourisme et à l’agriculture Engagement à combattre toute discrimination raciale à l’embauche 1 1 Conditions relatives à la mobilité du travail. A cet effet, des comités interentreprises doivent travailler à rapprocher donneurs d’ordres et sous traitants Engagement de l’entreprise dans un partenariat de développement régional à long terme et à la participation et à l’élaboration d’une politique économique régionale et démocratique Contribution financière de l’entreprise au FREF ? Incidences sur les prélèvements obligatoires et les cotisations sociales ? La question de la conditionnalité doit être finalisée avec les partenaires, de l’entreprise en particulier (syndicats, représentants du personnel, Comités de liaison et employeurs) et des Elus.. CONCLUSION La recherche d’une élévation du ratio Valeur Ajoutée/Population Régionale passe par le choix ciblés de financement de politiques économiques et sociales à long terme et des projets qui le réalisent au mieux, notamment par une élévation de la VA disponible pour la population après financement de l’investissement. Le présent projet est une application pratique des conceptions et des programmes politiques que le Parti Communiste a constamment porté en économie politique qui lie ensemble développement et société, travail et démocratie. A n’en pas douter, le niveau régional de cette application et la question centrale du pouvoir monétaire telle qu’il la préconise sont à même d’initier plus largement des modifications structurelles porteuses de véritables transformations sociales. 1 2