La France en Europe, Anne Frémont-Vanacore, Armand Colin, 2010. Chapitre 1 : Identité de la France et Identité de l’Europe Introduction L’Europe est avant tout un « produit de synthèse », « résultat d’une collaboration entre les peuples » (E. Todd L’invention de l’Europe) :une approche nuancée exige de donner à la contribution française sa juste place, sans négliger de souligner l’importance des racines européennes de l’identité française. Facteurs et vecteurs de l’influence française dans la construction de l’identité européenne Pourquoi la France occupe-t-elle une place particulière dans la construction de l’identité européenne ? Quels sont les fondements et les vecteurs de son influence et de son rayonnement culturel, intellectuel et politique ? La France et l'identité européenne Riche d’une culture multiséculaire et modèle artistique originaux, l’Europe est à la fois le lieu de naissance du capitalisme et de l’individualisme et l’inventrice de l’Etat-nation et de la démocratie. Quelle place y prend la France ? Quelle exception de la France dans l'Europe d'aujourd'hui? Existe-il une exception française dans l’Europe d’aujourd’hui ? Si tel est le cas, quelle (s) formes (s)s prend-elle et quelles sont ses limites ? Dans quelle mesure la France se fond-elle dans un espace européen global ? Facteurs et vecteurs de l’influence française dans la construction de l’identité européenne [...] La France apparaît comme très représentative de "l'économie-monde" européenne définie par Braudel comme « une organisatrice géo-historique selon la double caractéristique de l’unité économique et intellectuelle et du fractionnement politique » (Grataloup Ch., Géohistoire de la mondialisation, A. Colin, 2007). Un des plus anciens États d'Europe Une conscience précoce de l’identité nationale française "La France est l’un des pays [européens] qui jouit de la plus ancienne conscience de lui-même, ce qui constitue l’une des raisons du rayonnement de sa culture à l’étranger." (J.-R. Pitte, La France, Nathan, 2001). Des territoires emboîtés : lignes et réseaux Isthme, frontières et rivages [...] La France n’est-elle pas un syncrétisme de culture européenne, à tout le moins « un agrégat culturel, constitué de deux espaces culturels (Nord et Midi) fédérés en un État hybride » (M.Foucher) ? Par ses frontières terrestres, naturelles ou pas, la France est en contact avec le reste du continent en général et 6 pays en particuliers (Espagne, Suisse, Italie, Allemagne, Luxembourg, Belgique). Conclusion La France a occupé avec d'autres, une place singulière dans la construction de l'identité européenne. Celle-ci résulte certes d'un mouvement d'ensemble, dans lequel la France s'insère, mais pour y participer si activement et d'une manière parfois si originale que sa contribution reste identifiable. Celle-ci s'inscrit bien dans la tension, si caractéristique de ce continent, entre unité et diversité. S'il reste possible d'identifier une spécificité culturelle de la France en Europe, la pays s'intègre de plus en plus dans une Europe caractérisée par le rapprochement des modes de vie et des pratiques sociales et culturelles. Chapitre 2: La France et la construction européenne "Les nations sont composées d'hommes vivant dans des formes nationales déterminées. Sans eux, sans leur labeur infatigable, il n'y aurait pas d'Europe" Jean Monnet, préface de J.-B. Duroselle, L’idée d’Europe dans l’histoire, 1965. « Pour comprendre l’Europe, il faut être génial ou Français » Madeleine Albright, Secrétaire d'État des États-Unis (1996-2001) Introduction La France, inspiratrice de la construction européenne Quel rôle la France joue-t-elle dans l'émergence de l'idée d'une construction européenne ? En quoi et pourquoi la France est-elle un membre fondateur particulièrement important des communautés européennes ? Au cœur du "compromis créateur" (H. Védrine) Quelles sont l'ampleur, les limites et les spécificités du rôle moteur de la France dans la construction européenne, alors même que ce rôle est partagé avec d'autres, au premier rang desquels figure l'Allemagne ? La construction européenne, vue de France Au nom de quelle conception singulière de la construction européenne la France agit-elle ? Comment les Français perçoivent-ils le projet européen ? La France, inspiratrice de la construction européenne Au premier rang des membres fondateurs Des idées à la politique : Aristide Briand et les mouvements européens d'après-guerre [...] Plus timide, même s’il propose « d’établir un régime de solidarité conventionnelle pour l’organisation rationnelle de l’Europe », le mémorandum du 1er mai 1930 prône la création d'un marché commun, grâce à la libre circulation des marchandises, des capitaux et des personnes. La France inspiratrice de la construction européenne Au cœur du "compromis créateur" (H. Védrine) La construction européenne, vue de France Conclusion La construction européenne est un formidable défi, dont la réussite exige audace des gouvernements et adhésion des peuples. Forts de leurs singularités et de l’alliance avec l’Allemagne, la France et les Français y ont tenu jusqu’à présent un rôle essentiel, allant jusqu’à modeler une Europe conforme aux intérêts du pays et à sa conception de construction européenne. La poursuite du processus, dans le cadre d’une Europe réunifiée et élargie, nécessite sans doute un renouvellement au moins partiel de l’idée européenne de la France et une concertation toujours plus approfondie avec ses partenaires. CHAPITRE 3 DES MILIEUX, DES RESSOURCES ET DES RISQUES PARTAGES Introduction Un isthme à l'Ouest Isthme médio-européen situé à la fois dans la continuité et aux limites du continent, comment la France s'inscrit-elle dans la géographie physique européenne. La France, "pays vert" de l'Europe ? À quels défis communs la France et l'Europe sont-elles confrontées en matière de gestion des ressources ? Comment la France se situe-t-elle dans une perspective de gestion communautaire des milieux et des ressources naturels ? La France dans l'Europe des risques environnementaux Quels risques, transfrontalières ou non, la France partage-t-elle avec ses partenaires européens ? Quelle est la place de la France dans les dispositifs européens de coopération ? Conclusion Isthme extrême-oriental du continent européen, la France partage avec le reste de l’Europe les données fondamentales de sa géographie physique et des problèmes environnementaux caractéristiques des pays industrialisés. Le processus d’intégration entraine la communautarisation des politiques de gestion et de préservation de l’environnement et des ressources à laquelle la France se prête peu à peu, mais avec des difficultés qui renvoient le plus souvent à une sorte de collision des échelles communautaires, nationales et locales et au contexte d’ensemble des sociétés développées, dans lesquelles la protection de l’environnement entre souvent en contradiction avec le développement économique. Dans le même temps, elle assume à travers sa triple façade maritime, de manière spécifique, les avantages et les risques inhérents à une position d’interface du continent avec l’Océan mondial. CHAPITRE 4 : LA POPUALTION FRANCAISE, EUROPEENNE ET SINGULIERE Profil démographique et peuplement : entre logique ouest-européennes et singularités En quoi le profil démographique et le peuplement de la France relèvent-ils de logiques européennes, et plus particulièrement ouest-européennes, tout en étant l’expression d’une singularité française ? La France dans l’espace migratoire européen Autrefois pays d’immigration ancienne, désormais intégré dans l’Europe de Schengen, comment se situe la France dans l’Europe des migrations ? Population active et société française en Europe Dans quelle mesure la population active française se rapproche-t-elle, ou se différencie-t-elle, de celle de nos voisins ? Dans quelle mesure la société française fait-elle sienne la modernité comportementale et les modèles de fonctionnement qui distinguent la société européenne des autres ? Conclusion En matière de comportement démographique, de peuplement et de migration, la France présente de fortes spécificités, notamment une histoire démographique et migratoire très singulière. Malgré les divergences persistantes, qui restent le plus souvent de l’ordre de la nuance, elle s’inscrit aujourd’hui dans des logiques communes à la plupart de ses voisins du Nord-Ouest européens. La population active française, très proche de ses voisines européennes, est souvent dans une situation intermédiaire, entre Europe du Sud et Europe du Nord. CHAPITRE 5 : PARIS, LES VILLES FRANCAISES ET LES VILLES EUROPEENNES Les villes françaises sont des villes européennes En quoi les villes françaises correspondent-elles au modèle de la ville européenne à l’élaboration duquel différents analystes se sont essayés ? Quelle culture, quelle histoire les villes françaises partagent elles avec les autres villes du continent ? Un réseau urbain entre logique française et logique européenne Quelles singularités le réseau urbain français présente-t-il en Europe ? Quelles sont les modalités de son articulation avec le système des villes européennes ? L’intégration européenne et les villes françaises Quels sont les effets de l’intégration européenne sur les villes ? Pour Braudel, les « villes barrent, encombrent, animent l’histoire changeante de la France » Très tôt, les villes deviennent des lieux privilégiés des échanges et du capitalisme, « superstructure » de l’économie paysanne chère à Baudrel Conclusion Les villes françaises sont à la fois européennes et dépositaires d’une spécificité nationale affirmée. Héritière d’une longue centralisation, plus grande ville de France deuxième plus grande métropole d’Europe après Londres, Paris est l’unique relais du système français du système des métropoles européennes. L’intégration européenne confère une nouvelle dimension aux projets des villes françaises, grâce à la constitution des réseaux de villes et au fonds européens. CHAPITRE 6 : L'INSERTION DE L'ESPACE FRANCAIS DANS LES RESEAUX DE TRANSPORTS EUROPEENS Quelle place de la France dans les transports européens ? Comment la France s’insère-t-elle dans les flux européens de transports ? Comment son système de transports répond-il à cette demande ? Les réseaux de transports : d’une logique hexagonale à une logique européenne Les transports ont contribué à l’unité du territoire français, notamment en favorisant sa polarisation. Pourquoi et comment la politique commune des transports offre-t-elle l’opportunité d’une meilleure insertion de la France dans l’espace européen, par l’abandon d’une logique purement hexagonale ? La nécessaire insertion dans l’Europe des transports Comment chaque mode s’adapte-il en France à l’Europe des transports facteur potentiel de développement, mais aussi de marginalisation ? Comment les projets d’infrastructures des vingt prochaines années prennent-ils en comptent la dimension européenne ? Conclusion En 2006, la route concentrait encore plus de 66% des investissements en infrastructures de transport. Certes, le Grenelle de l’environnement s’engage à limiter les nouveaux projets autoroutiers à caractère national. Cet engagement devrait être facile à tenir car il arrive après 40 d’amélioration du maillage autoroutier, ce qui permet globalement au réseau urbain d’offrir une très grande fluidité. D’autres seront nécessaires ailleurs, même si de très gros efforts sont consentis pour accroitre l’offre des transports en commun, afin de maintenir l’accessibilité des aires métropolitaines françaises dans le cadre européen. La volonté de favoriser les modes alternatifs à la route se traduit par de nouveaux projets d’infrastructures qui nécessitent eux aussi des investissements considérables. Pour tenir ses engagements, l’Etat devra mobiliser 41 milliards d’euros sur la période 2009-2012. CHAPITRE 7 : UN POIDS LOURD DE L'ECONIME EUROPEENNE La troisième puissance économique européenne Comment se situe la puissance économique de la France en Europe ? Quelle est l’ampleur de sa contribution à la puissance de l’Europe occidentale et de l’Union européenne ? Comment les entreprises européennes se situent-elles en Europe ? Un profil sectoriel typiquement européen, mais des spécialisations affirmées La structure et l’évolution de l’économie française sont connues à l’ensemble des pays du continent, plus particulièrement à ceux du Nord-Ouest européen. Quelles sont les spécialisations et les faiblesses de l’économie française ? La France au cœur du tourisme européen Quelle place la France occupe-t-elle dans le tourisme européen ? Quel rôle joue l’Europe dans la prospérité touristique du pays ? Comment s’organise la géographie des relations touristiques francoeuropéennes ? Conclusion Par ses richesses, son attractivité et son dynamisme commercial, l’économie française contribue fortement à la puissance économique européenne. Certains secteurs comme l’agriculture, l’aéronautique et le tourisme sont représentatifs à la fois du poids et de la spécialisation de l’économie française en Europe, et de l’importance des relations qu’elle entretient avec son environnement européen. Mais en matière de recherche et d’innovation, l’industrie française présente, en plus accentué l’un des handicaps majeurs de l’Europe dans la compétition économique mondiale. CHAPITRE 8 : "L'EUROPEANISATION" DE L'ECONOMIE FRANCAISE L’intégration européenne : quelles chances pour la France ? Quels sont les avantages et les inconvénients de l’ouverture de l’économie française sur l’Europe ? L’Europe, espace privilégié de la mondialisation de l’économie de l’univers Quels sont les différents aspects des liens d’interdépendance existant désormais entre l’économie française et les autres économies européennes ? Quels sont les partenaires privilégiés des acteurs français ? Conclusion Grâce au marché unique et à la communautarisation de certains secteurs, l’intégration européenne a fortement contribué à l’ouverture et à la modernisation de l’économie française. L’Europe a donc constitué et constitue encore aujourd’hui, l’espace privilégié de la mondialisation de l’économie française. Les liens économiques, financiers et commerciaux de la France avec ses partenaires du continent sont une des garanties fondamentales de sa prospérité, tout en générant des effets de concurrence indéniables, qui doivent aiguillonner la France et ses acteurs économiques et politiques vers l’amélioration du niveau de qualification et de formation de population active. CHAPITRE 9 : REGIONS ET TERRITOIRES DE FRANCE ET D'EUROPE Introduction Les régions françaises en Europe Comment les régions françaises se situent-elles dans l’espace et le paysage institutionnel communautaires ? Dans quelle mesure sont-elles des acteurs émergents des institutions et du territoire européen ? L’Europe, nouvel acteur régional Par quelles politiques communautaires les régions et territoires français sont-ils concernés ? Quels sont les outils des politiques territoriales de l’Union européenne ? Quelles sont les modalités de leur articulation avec la politique nationale et de leur mise en œuvre en région ? Quels en sont les impacts ? La France des « Petites Europe » Quelles sont les dimensions régionales de l’intégration européenne ? Dans quelle mesure a-t-elle modifié la notion de frontière ? A quelles structures de coopération européennes les régions françaises participent-elles ? Conclusion Les régions sont des réalités à la fois vivantes et conceptuelles typiquement européennes. Même si leur reconnaissance est récente et encore incomplète, leur existence est souvent ancienne en France, comme ailleurs en Europe. Leur affirmation en qualité d'acteur institutionnel de la construction européenne contribue à l'intégration européenne, mais aussi à une certaine homogénéisation du quadrillage politico-administratif de l'Union. La situation plutôt enviable des régions françaises en termes de richesse dans une Europe élargie ne se retrouve pas en matière institutionnelle. Malgré d'importants progrès dans la décentralisation, elles sont moins puissantes et autonomes que leurs homologues européennes : la France reste un État centralisé dans une Europe où fédéralisme et autonomies régionales gagnent du terrain. Néanmoins, grâce aux progrès de l'intégration, elles deviennent des acteurs reconnus du territoire européen : nouvel acteur du territoire régional, l'UE participe à leur dialogue avec l'État; la coopération transfrontalière et transnationale leur permet d'accroître leur solidarité et d'améliorer leur articulation avec leurs voisines européennes. Ce processus n'entraîne pas pour autant la dilution des identités, à l'échelle locale comme à l'échelle régionale, comme en témoigne la diversité des modalités d'appropriation des dispositifs communautaires.