Étude du transport des sucres dans les racines d`Arabidopsis

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THÈSE
Pour l'obtention du grade de
DOCTEUR DE L'UNIVERSITÉ DE POITIERS
UFR des sciences fondamentales et appliquées
Ecologie et biologie des interactions - EBI (Poitiers)
(Diplôme National - Arrêté du 7 août 2006)
École doctorale : Sciences pour l'environnement - Gay Lussac
Secteur de recherche : Biologie des organismes ; Biotechnologies animales, végétales et
microbiennes
Présentée par :
Dany Mainson
Étude du transport des sucres dans les racines
d'Arabidopsis thaliana au cours de son cycle
de développement et en réponse à un stress osmotique
Directeur(s) de Thèse :
Rémi Lemoine, Nathalie Pourtau
Soutenue le 11 janvier 2013 devant le jury
Jury :
Président
Soulaïman Sakr
Professeur des Universités, Université de Angers
Rapporteur
Soulaïman Sakr
Professeur des Universités, Université de Angers
Rapporteur
Alain Bouchereau
Professeur des Universités, Université de Rennes 1
Membre
Rémi Lemoine
Directeur de recherche, CNRS, Université de Poitiers
Membre
Nathalie Pourtau
Maître de conférences, Université de Poitiers
Membre
Jean-Louis Durand
Chargé de recherche, INRA de Lusignan
Membre
Patrick Armengaud
Assistant de recherche, INRA de Versailles
Pour citer cette thèse :
Dany Mainson. Étude du transport des sucres dans les racines d'Arabidopsis thaliana au cours de son cycle de
développement et en réponse à un stress osmotique [En ligne]. Thèse Biologie des organismes ; Biotechnologies
animales, végétales et microbiennes. Poitiers : Université de Poitiers, 2013. Disponible sur Internet
<http://theses.univ-poitiers.fr>
THESE
Pour l’obtention du Grade de
DOCTEUR DE L’UNIVERSITE DE POITIERS
(Faculté des Sciences Fondamentales et Appliquées)
(Diplôme national – Arrêté du 7 août 2006)
Ecole doctorale : Sciences pour l’Environnement Gay Lussac
Secteur de recherche : Biologie des organismes ; Biotechnologies Animales, Végétales et
Microbiennes
Présentée par :
Dany MAINSON
**********************
Etude du transport des sucres dans les racines
d’Arabidopsis thaliana au cours de son cycle de
développement et en réponse à un stress osmotique
**********************
Travaux dirigés par Rémi LEMOINE et Nathalie POURTAU
Soutenance prévue le 11 janvier 2013 à Poitiers devant la commission d’examen
JURY
Alain BOUCHEREAU
Soulaiman SAKR
Jean-Louis DURAND
Patrick ARMENGAUD
Rémi LEMOINE
Nathalie POURTAU
Professeur de l’Université de Rennes
Professeur de l’Université d’Angers
Chargé de recherche INRA, Lusignan
Assistant de recherche INRA, Versailles
Directeur de recherche de l’Université de Poitiers
Maître de conférence de l’Université de Poitiers
Rapporteur
Rapporteur
Examinateur
Examinateur
Examinateur
Examinateur
THESE
Pour l’obtention du Grade de
DOCTEUR DE L’UNIVERSITE DE POITIERS
(Faculté des Sciences Fondamentales et Appliquées)
(Diplôme national – Arrêté du 7 août 2006)
Ecole doctorale : Sciences pour l’Environnement Gay Lussac
Secteur de recherche : Biologie des organismes ; Biotechnologies Animales, Végétales et
Microbiennes
Présentée par :
Dany MAINSON
**********************
Etude du transport des sucres dans les racines
d’Arabidopsis thaliana au cours de son cycle de
développement et en réponse à un stress osmotique
**********************
Travaux dirigés par Rémi LEMOINE et Nathalie POURTAU
Soutenance prévue le 11 janvier 2013 à Poitiers devant la commission d’examen
JURY
Alain BOUCHEREAU
Soulaiman SAKR
Jean-Louis DURAND
Patrick ARMENGAUD
Rémi LEMOINE
Nathalie POURTAU
Professeur de l’Université de Rennes
Professeur de l’Université d’Angers
Chargé de recherche INRA, Lusignan
Assistant de recherche INRA, Versailles
Directeur de recherche de l’Université de Poitiers
Maître de conférence de l’Université de Poitiers
Rapporteur
Rapporteur
Examinateur
Examinateur
Examinateur
Examinateur
REMERCIEMENTS
Je tiens tout d’abord à remercier la Région Poitou-Charentes pour m’avoir accordé la
confiance nécessaire en finançant ces travaux.
Je tiens à remercier Rossitza Atanasova pour m’avoir permis de rédiger ce manuscrit
dans de bonnes conditions.
J’adresse mes remerciements à Alain Bouchereau et Soulaiman Sakr pour m’avoir fait
l’honneur de juger ce travail en qualité de rapporteurs. Je remercie également Jean-Louis
Durand et Patrick Armengaud pour leur participation à mes comités de suivi de thèse, ainsi
que pour avoir accepté de faire partie de mon jury de thèse.
Je présente aussi mes remerciements à Marie-Pascale Prud’Homme et Nathalie Noiraud
pour avoir accepté de discuter de mon travail au cours de mes différents comités de thèse.
Je remercie Rémi Lemoine pour m’avoir chaleureusement accueilli dans son laboratoire
et pour m’avoir guidé dans mes travaux de thèse. Je remercie également Nathalie Pourtau
pour m’avoir encadré pendant ces trois ans de thèse. Je garderai de très bon souvenir de notre
cohabitation dans le bureau et de nos récoltes nocturnes ! Je tiens aussi à les remercier tous les
deux pour la patience et la grande disponibilité dont ils ont fait preuve lors de la rédaction de
ce manuscrit.
Merci aussi à Laurence Maurousset pour ta gentillesse et pour tes conseils avisés sur
l’interprétation de certains résultats, lors de l’écriture de ce manuscrit.
Je remercie bien sur Benoît Porcheron et Cécile Gaillard pour leur aide précieuse
pendant ces trois années de laboratoire. Beaucoup de mes manips auraient été très laborieuse
sans votre participation ! Je remercie aussi Vincent Lebeure et Bruno Faure pour avoir porté
un œil attentif sur mes plantes.
Un merci à Maryse Laloi et Sylvain La Camera pour m’avoir initié aux techniques de
macroarray et RT-qPCR.
Mes remerciements s’adressent aussi à Christelle Roudaut pour tout le travail qu’elle a
fourni derrière son spectromètre de flamme.
Je remercie tous mes collègues thésards et ex-thésards du laboratoire (Damien, Anna,
Audrey, Cyril, Pauline, Jonathan et Mickael). Je remercie tout particulièrement Pauline, pour
tous les bons moments partagés ensemble dans le bureau, et pour toutes tes petites manies
irrésistibles. Un très grand merci aussi à Jo et Lydia pour leur soutien infaillible et pour
m’avoir fait profiter de leurs excellents dons de cuisiniers.
Je remercie aussi tous mes autres collègues du laboratoire (chercheurs, techniciens et
secrétaires) pour leur gentillesse et leur soutien au cours de mes 3 années de thèse. Une
pensée particulière pour Andrée Bourbouloux, avec qui j’ai partagé le grand labo et de
longues discussions …
Merci aussi à Manuel Vaury, Arnaud Traineau et Florian Veillet, pour leur précieuse
participation à mes travaux de recherche au cours de leur stage.
Enfin, un énorme merci à ma famille et mes amis pour leur soutien indéfectible. Je
remercie très affectueusement mes parents et Agnès, qui m’ont toujours encouragé et soutenus
tout au long de ces trois ans de thèse.
Je dédie l’ensemble de ce travail à JMS.
ABREVIATIONS
ABA
Acide Abscissique
Act
Actine
ADN
Acide désoxyribonucléique (c : complémentaire)
AOS
Active Oxygen Species
ARN
Acide Ribonucléique
ATP
Adénosine Triphosphate
BET
Bromure d’Ethidium
BSA
Bovine Serum Albumin
CNRS
Centre National de la Recherche Scientifique
Col-0
Accession Colombia 0
Ct
Cycle Threshold
dATP
Deoxyadenosine triphosphate
dCTP
Deoxycytidine triphosphate
dGTP
Deoxyguanosine triphosphate
DNase
Désoxyribonucléase
dNTP
Desoxyribonucléotide
dTTP
Desoxythymidine triphosphate
DO
Densité Optique
DST
DiSaccharide Transporter
EDTA
Acide Ethylène Tétra Acétique
EF1α
Elongation Factor 1 alpha
ERD
Early Responsive to Dehydratation
FAO
Food and Agriculture Organization
GAPDH
Glyceraldéhyde 3-Phosphate Déhydrogenase
His
Histone
HPLC
High Performance Liquid Chromatography
INRA
Institut National de la Recherche Agronomique
INT
Inositol Transporter
LEA
Late Embryogenesis Abundant
Ler
Accession Landsberg erecta
MES
Acide 2-(n-Morpholino Ethanesulfonique
MF
Masse Fraiche
MI
Masse Imbibée
MPa
Méga Pascal
MS
Murashigue et Skoog
MST
Major Facilitator Superfamily
NADP
Nicotinamide adénine dinucléotide phosphate
Oligo (dT)
Oligo-desoxythymine
Osm
Osmolarité
PAR
Photosynthetically Active Radiation
pb
Paire de bases
PCR
Polymerase Chain Reaction
PEG
Polyéthylène Glycol
pGlcT
Plastidic Glucose Transporter
pH
Potentiel Hydrogène
RD
Responsive Dehydratation
REB
RNA Extraction Buffer
PLT
Polyol Transporter
PVPP
Polyvinylpolypyrrolidone
R/S
Rapport Root/Shoot
RT
Reverse Transcription
RT-qPCR
Real-Time quantitative PCR
RWC
Relative Water Content
SDS
Sodium dodécylsulfate
SIC
Signal, Image et Communication
SSC
Standard Sodium Citrate
STP
Sugar Transporter Protein
SUC
Sucrose Carrier
TM
Température d’hybridation
TMT
Tonoplast Monosaccharide Transporter
Tris
Tri-(hydroxyméthyl)-amino méthane
UMR
Unité Mixte de Recherche
UTR
Untanslated Terminal Region
UV
Ultraviolet
VGT
Vacuolar Glucose Transporter
TABLE DES MATIERES
1.
INTRODUCTION 1
1.1 Le transport des sucres chez les végétaux supérieurs .................................................. 2
1.1.1
Production des sucres ........................................................................................... 2
1.1.2
Chargement dans le phloème ............................................................................... 3
1.1.3
Déchargement du phloème dans les organes puits ............................................... 4
1.2
Distribution des ressources carbonées dans la plante .................................................. 4
1.3
Les transporteurs de sucre chez Arabidopsis thaliana ................................................ 5
1.3.1
Les gènes de transporteurs de disaccharides (DSTs) : ......................................... 5
1.3.2
Les gènes de transporteurs de monosaccharides (MSTs) : .................................. 6
1.4
1.4.1
Stratégies adaptative des plantes en réponse au stress hydrique .......................... 9
1.4.2
Mécanismes de tolérance des plantes au déficit hydrique .................................. 10
1.4.3
Réponse des racines au déficit hydrique ............................................................ 13
1.4.4
Modification du transcriptome lors d’un stress hydrique................................... 14
1.5
2
Le déficit hydrique ....................................................................................................... 8
Objectifs de l’étude .................................................................................................... 15
MATERIEL ET METHODES .......................................................................................... 17
2.1
Matériel végétal ......................................................................................................... 18
2.2
Méthodes ................................................................................................................... 18
2.2.1
Mise en place du système de culture des plantes en hydroponie ....................... 18
2.2.2
Contrôle du développement des plantes cultivées en hydroponie ...................... 20
2.2.3
Etude du cycle complet de développement d’Arabidopsis thaliana (Col-0)
cultivée en hydroponie et mesure de quelques paramètres reflétant son métabolisme
carboné ............................................................................................................................ 21
2.2.4
Etude quelques paramètres reflétant le métabolisme carboné d’Arabidopsis
thaliana au cours du cycle nycthémère ............................................................................. 21
2.2.5
Mise en place du stress osmotique sur Arabidopsis thaliana cultivée en
hydroponie ........................................................................................................................ 22
2.2.6
Mise en place du système de culture d’Arabidopsis thaliana en rhizobox ........ 23
2.2.7
Suivi physiologique des plantes ......................................................................... 26
2.2.8
Méthodes d’analyse de l’expression des gènes .................................................. 31
2.2.9
Méthodes d’analyse biochimique ....................................................................... 35
2.2.10
Etude du transport de [U-14C]-saccharose .......................................................... 36
2.2.11
3
Analyses statistiques .......................................................................................... 38
RESULTATS ET DISCUSSION ..................................................................................... 39
3.1
Mise en place de la culture en hydroponie ................................................................ 40
3.1.1
Mesure de paramètres physiques de la chambre de culture et du milieu de
culture - 3 - ..................................................................................................................... 40
3.1.2
Etude du développement végétatif d’Arabidopsis thaliana (C24) en culture
hydroponique .................................................................................................................... 46
3.2 Etude du cycle complet de développement d’Arabidopsis thaliana (Col-0) cultivée
en hydroponie et mesure de quelques paramètres reflétant son métabolisme carboné ........ 56
3.2.1
Observation du phénotype .................................................................................. 57
3.2.2
Répartition de la biomasse ................................................................................. 57
3.2.3
Etude de la teneur en chlorophylles. .................................................................. 60
3.2.4
Discussion .......................................................................................................... 61
3.2.5
Etude de l’expression des gènes de transporteurs de sucre ................................ 67
3.2.6
Etude de la teneur en sucres solubles : saccharose, glucose et fructose ............. 79
3.2.7
Etude de la teneur en amidon au cours du développement. ............................... 89
3.2.8
Etude du flux de saccharose radiomarqué : ........................................................ 92
3.2.9
Bilan ................................................................................................................... 96
3.3 Etude de quelques paramètres liés au métabolisme et au transport du carbone au
cours d’une période de 24h. .................................................................................................. 98
3.3.1
Etude de l’expression des gènes de transporteurs de sucre par macroarray ....... 98
3.3.2
Etude du contenu en sucre solubles (saccharose, glucose, fructose)................ 100
3.3.3
Etude de la teneur en amidon ........................................................................... 101
3.3.4
Discussion ........................................................................................................ 101
3.3.5
Bilan ................................................................................................................. 105
3.4
Mise en place d’un protocole de stress osmotique en hydroponie .......................... 106
3.4.1
Mise en place du stress osmotique sur l’écotype Col-0 (Essai stress Col-0) ... 106
3.4.2
Discussion : ...................................................................................................... 109
3.5
Etude d’une cinétique de stress osmotique (« Campagne stress ») ......................... 113
3.5.1
Observation phénotypique des plantes ............................................................. 114
3.5.2
Etude de l’état hydrique des plantes ................................................................. 114
3.5.3
Détermination des masses sèches et du rapport Root/Shoot (rapport R/S) ...... 115
3.5.4
Teneurs en chlorophylles au cours du stress .................................................... 116
3.5.5
Suivi du contenu en quelques éléments constitutifs de la plante ..................... 116
3.5.6
Etude de l’expression des gènes de transporteurs de sucre au cours d’une
cinétique de stress osmotique.......................................................................................... 117
3.5.7
Etude de la teneur en sucres solubles au cours d’une cinétique de stress
osmotique ........................................................................................................................ 119
3.5.8
Etude de la teneur en amidon au cours d’une cinétique de stress osmotique ... 120
3.5.9
Discussion ........................................................................................................ 120
3.6 Mise en place du stress osmotique suivi d’une réhydratation sur l’écotype Col-0
(« Essai réhydratation ») ..................................................................................................... 125
3.6.1
Observation phénotypique des plantes ............................................................. 126
3.6.2
Etude de l’état hydrique des plantes :............................................................... 127
3.6.3
Etude de l’expression des gènes de transporteurs de sucre par qRT-PCR ....... 129
3.6.4
Discussion ........................................................................................................ 131
3.7
3.7.1
Observation phénotypique des plantes ............................................................. 134
3.7.2
Suivi de la croissance des plantes .................................................................... 134
3.7.3
Suivi de la conductance stomatique au cours du stress hydrique ..................... 135
3.7.4
Etude de l’état hydrique des plantes ................................................................. 136
3.7.5
Evolution de la biomasse.................................................................................. 136
3.7.6
Suivi du contenu en chlorophylles ................................................................... 138
3.7.7
Suivi du contenu en quelques élément constitutif de la plante......................... 138
3.7.8
Etude de l’expression des gènes de transporteurs de sucre .............................. 139
3.7.9
Etude de la teneur en sucres solubles ............................................................... 139
3.7.10
Etude de la teneur en amidon ........................................................................... 140
3.7.11
Etude du flux de saccharose radiomarqué ........................................................ 141
3.7.12
Discussion ........................................................................................................ 142
3.8
5
Etude d’un stress hydrique suivi d’une réhydratation (Campagne réhydratation) .. 133
Etude du stress hydrique en culture rhizobox .......................................................... 148
3.8.1
Suivi du phénotype des plantes ........................................................................ 148
3.8.2
Suivi de la croissance du réseau racinaire ........................................................ 149
3.8.3
Suivi de l’état hydrique des plantes.................................................................. 151
3.8.4
Etude de l’expression des gènes de transporteurs de sucres ............................ 152
3.8.5
Discussion ........................................................................................................ 152
CONCLUSION ............................................................................................................... 156
5.1
La culture en hydroponie ......................................................................................... 157
5.2
Le stress osmotique ................................................................................................. 159
5.3
Transporteurs de sucre et transport de saccharose ................................................... 164
5.4
Les sucres ................................................................................................................ 166
6
PERSPECTIVES ............................................................................................................ 168
7
BIBLIOGRAPHIE .......................................................................................................... 171
INTRODUCTION
1 INTRODUCTION
1
INTRODUCTION
1.1
Le transport des sucres chez les végétaux supérieurs
Chez les végétaux supérieurs, les organes qui composent la plante peuvent être divisés en
deux catégories selon leur bilan carboné. D’un côté les organes sources, lieu de
photosynthèse, où la quantité de sucres produite est supérieure à ce qui est nécessaire pour la
croissance et développement. Ce sont essentiellement les feuilles matures des plantes qui
entrent dans cette catégorie. De l’autre côté, les organes puits sont incapables d’effectuer la
photosynthèse et, par conséquent, sont nourris par les organes sources. Les sucres représentent
la principale source d’énergie des plantes mais sont aussi indispensables comme élément de
base dans la formation des réserves (amidon), des parois (cellulose), comme squelette carboné
dans la synthèse de métabolites (acides aminés ou métabolites secondaires), voire comme
molécule signal (Lalonde et al. 2003). Ainsi, une partie des glucides produits par la
photosynthèse est directement utilisée pour la croissance des organes sources, une partie y est
stockée temporairement (amidon, saccharose vacuolaire) et le reste est exporté vers les
organes puits. Parmi les organes puits on peut trouver les racines, mais aussi les tiges, fleurs,
graines ou les feuilles en développement. Afin d’alimenter les organes puits en molécules
carbonées, un transport constant des photoassimilats des feuilles sources vers ces derniers, via
le phloème, est donc nécessaire tout au long du développement de la plante (Ho 1988). Ce
transport peut être décomposé en 3 principales étapes : le transport latéral du lieu de synthèse
des sucres jusqu’au phloème, le transport longitudinal dans les tissus conducteurs du phloème
et enfin le transport latéral au niveau de l’organe puits receveur.
1.1.1 Production des sucres
La photosynthèse a lieu majoritairement dans les cellules du mésophylle des feuilles
matures (organes sources), et les produits de ce processus sont les trioses phosphate. Ces
molécules sont soit directement utilisées pour la synthèse d’amidon dans les chloroplastes où
ils ont été synthétisés, soit exportés vers le cytosol pour être convertis en saccharose
(Frommer and Sonnewald 1995). Le saccharose constitue le sucre majoritairement transporté
chez les végétaux supérieurs (Lemoine 2000). En effet, c’est un sucre assez inerte puisque
non réducteur et relativement insensible au métabolisme (seules deux enzymes sont capables
de dégrader le saccharose : les invertases et la saccharose synthase). Une fois synthétisé, le
saccharose peut être transporté dans la vacuole, où il est stocké temporairement (Lemoine
2000).
2
Figure 1 : Chargement du saccharose dans le phloème (Conde et al. 2007). Le saccharose
(S) produit dans les cellules du mésophylle peut être chargé dans le phloème par la voie
symplastique ou par la voie apoplastique. Dans la voie symplastique le saccharose diffuse à
travers les plasmodesmes jusqu’au complexe cellule compagne/tube criblé. Dans le
chargement apoplastique, le saccharose relâché dans l’apoplaste des cellules du mésophylle
est importé dans les cellules compagnes par transport actif. (1) Symport Saccharose/H+
(source) ; (2) ATPase H+ de la membrane plasmique.
INTRODUCTION
1.1.2 Chargement dans le phloème
A partir des cellules du mésophylle où il est synthétisé, le saccharose va dans un premier
temps circuler par la voie symplastique vers les cellules parenchymateuses du phloème
(Figure 1). Ce transport se fait via les plasmodesmes des cellules en suivant le gradient de
concentration du saccharose (Lalonde et al. 2003). Le saccharose doit ensuite être chargé des
cellules parenchymateuses dans le complexe conducteur (tube criblé-cellule compagne). Deux
mécanismes peuvent intervenir dans le chargement du phloème : une voie symplastique et une
voie apoplastique (Kühn et al. 1999, Truernit 2001). Dans le cas du chargement symplastique,
le saccharose est transporté par le biais de plasmodesmes élargis entre les cellules du
parenchyme et le complexe conducteur (cellules compagnes puis tubes criblés).
Dans le cas d’un chargement apoplastique, le saccharose doit dans un premier temps être
transféré des cellules parenchymateuses vers l’apoplaste. Ce transport à travers la membrane
des cellules est facilité par la présence de protéines transmembranaires : les transporteurs
d’efflux du saccharose. Chez Arabidopsis thaliana , deux transporteurs seraient impliqués : les
protéines AtSWEET11 et AtSWEET12 (Chen et al. 2012). Ces deux transporteurs n’utilisent
pas d’énergie pour transporter le saccharose et leur fonctionnement s’apparenterait plus à
celui des canaux. Une fois dans l’apoplaste, le saccharose doit être chargé dans les cellules
compagnes du phloème. La concentration en saccharose du phloème étant beaucoup plus
importante que celle des cellules de l’apoplaste, un transport actif du saccharose est
nécessaire. Ce transport est assuré par des protéines spécialisées présentes sur la membrane
plasmique de ces cellules, les transporteurs de sucre. Ces protéines transportent le saccharose
en utilisant la force protomotrice, permettant ainsi l’import du saccharose contre son gradient
de concentration (Sauer 2007). Cette force protomotrice est fournie par une ATPase pompe à
proton située sur la membrane plasmique et exportant les protons vers l’apoplaste (Poole
1978). Ce transport actif du saccharose contre son gradient de concentration permet ainsi
d’accumuler de façon importante ce sucre dans les cellules compagnes. Le saccharose
diffusera ensuite dans les tubes criblés via les nombreux plasmodesmes les reliant aux cellules
compagnes. Le saccharose est alors transporté des organes sources aux organes puits dans les
tubes criblés, selon la théorie du flux de masse proposée par Münch (1930).
3
Figure 2 : Déchargement du saccharose dans le phloème (Conde et al. 2007). Au niveau
des organes puits, le saccharose peut diffuser à travers les plasmodesmes jusqu’aux cellules
receveuses. Alternativement, le saccharose est relâché dans l’apoplaste et importé dans les
cellules puits par transport actif. Le saccharose peut aussi être clivé par l’action des invertases
pariétales, et les hexoses produits sont transportés activement dans les cellules receveuses. Le
transport dans la vacuole serait possible grâce à des antiports Hexose/H+ et Saccharose/H+).
Le gradient de pression de turgescence, déterminé par le chargement et le déchargement du
phloème, permet le mouvement de la sève des organes source aux organes puits. (3) ATPase
H+ vacuolaire ; (4) Pyrophosphatase ; (5) antiport saccharose/H+ ; (6) antiport hexose/H+ ;
Symport Saccharose/H+ (puits) ; symport hexose/H+ ;
invertase.
INTRODUCTION
1.1.3 Déchargement du phloème dans les organes puits
Au niveau de l’organe puits, le déchargement du phloème peut se faire par la voie
apoplastique et/ou symplastique en fonction de l’organe receveur (Figure 2). Au niveau des
racines par exemple, le déchargement symplastique est la voie principale (Patrick 1997). Le
saccharose est alors transporté via les plasmodesmes selon son gradient de concentration. Il
existe également un déchargement par voie apoplastique du saccharose. Il va alors devoir
franchir les membranes plasmiques du complexe conducteur, ainsi que celles des cellules
puits, impliquant la présence de transporteurs de saccharose spécifiques. Toutefois, arrivé
dans l’apoplaste, le saccharose peut également être hydrolysé en hexoses (glucose + fructose)
grâce à l’activité d’invertases pariétales (Tymowska-Lalanne and Kreis 1998). Le transport
des hexoses produits s’effectue alors via des transporteurs d’hexose membranaires présents
sur les cellules puits. Les sucres ainsi transportés sont directement utilisés dans le
métabolisme de l’organe puits (croissance et développement des racines par exemple), stockés
(canne à sucre, betterave à sucre) ou bien utilisés pour l’osmorégulation des tissus (Lemoine
2000).
1.2
Distribution des ressources carbonées dans la plante
Le transport des sucres à longue distance permet une répartition du carbone dans tous les
organes de la plante. Cette répartition est fortement dépendante de l’activité des organes puits
de la plante (Ho 1988). En effet, une compétition vis-à-vis du prélèvement de saccharose dans
le phloème va s’installer entre les différents organes puits de la plante. La capacité d’un
organe puits à accumuler les assimilats carbonés est fonction de sa force de puits. La force de
puits peut être déterminée par le produit de la taille du puits et de l’activité de ce dernier
(Wolswinkel 1984). L'activité d'un puits se mesure par sa capacité à prélever les
photoassimilats en provenance du phloème mais aussi à métaboliser ces derniers.
De nombreux paramètres vont influencer la force de puits des organes comme le stade de
développement ou bien les facteurs environnementaux auxquels la plante peut être soumise
(Wardlaw 1990). La régulation de cette force de puits est un processus très complexe faisant
intervenir les différentes voies hormonales et les teneurs en sucres des organes (Patrick 1997).
Il est possible d’imaginer que cette régulation implique en partie les différents transporteurs
de sucre présents. En effet, ces protéines vont réguler la quantité de sucres disponible dans le
phloème au niveau des organes sources, mais aussi la capacité des organes puits à importer les
photoassimilats (Kuhn and Grof 2010, Roitsch 1999).
4
INTRODUCTION
1.3
Les transporteurs de sucre chez Arabidopsis thaliana
Le séquençage complet du génome de la plante modèle A. thaliana a permis de révéler
l’existence de nombreux gènes de transporteurs de sucre. Ceux-ci sont classés en deux
grandes familles : les gènes de transporteurs de disaccharides (DSTs) et les gènes de
transporteurs de monosaccharides (MSTs) (Buttner 2007, Williams et al. 2000).
1.3.1 Les gènes de transporteurs de disaccharides (DSTs) :
Les DSTs sont représentés chez A. thaliana par les transporteurs de saccharose appelés
SUC pour SUcrose Carrier dont 9 gènes ont été identifiés, notés de AtSUC1 à AtSUC9 (Sauer
2007). Ces transporteurs, comme chez les autres espèces, sont capables de transporter le
saccharose contre son gradient de concentration, en utilisant l’énergie de la force protonmotrice générée par une H+/ATPase membranaire. L’expression de ces gènes de transporteurs
de saccharose peut être très variable entre les différents membres de cette famille.
Le gène AtSUC1 est principalement exprimé dans le grain de pollen et dans le style où il
serait impliqué dans la croissance du tube pollinique et dans la déhiscence des anthères
(Stadler et al. 1999). Une expression forte de ce gène a aussi été montrée dans les racines par
Sivitz et collaborateurs (2008), ainsi que dans les trichomes des feuilles (Stadler et al. 1999).
Une répression importante de l’expression de ce gène a été mesurée en présence d’une forte
concentration de saccharose et d’ABA (Hoth et al. 2010).
Le gène AtSUC2 est principalement exprimé dans les cellules compagnes des fines
nervures des feuilles, où il aurait un rôle majeur dans le chargement apoplastique du phloème
(Chandran et al. 2003, Truernit and Sauer 1995). Ceci a été confirmé par le fait que chez les
mutants n’exprimant pas AtSUC2, la croissance est très fortement réduite, avec parfois un
phénotype létal chez les homozygotes (Gottwald et al. 2000, Srivastava et al. 2008). Ce gène
est exprimé au niveau du complexe conducteur de tous les organes, y compris les racines.
Le gène AtSUC3 semble fortement exprimé dans de nombreux tissus puits tels que la
cellule de garde, la pointe racinaire ou encore le grain de pollen où il pourrait jouer un rôle
dans l’approvisionnement en saccharose (Meyer et al. 2004b). Le gène AtSUC4, quant à lui,
est le seul gène de transporteurs de saccharose localisé sur le tonoplaste (Endler et al. 2006).
Il serait impliqué dans l’export de saccharose du compartiment vacuolaire vers le cytoplasme
(Neuhaus 2007).
L’expression du gène AtSUC5 a été mise en évidence par Baud et collaborateurs (2005)
dans l’albumen, où il jouerait un rôle dans le développement des graines d’ A. thaliana . Ces
5
Figure 3 : Arbre phylogénétique des transporteurs de monosaccharides identifiés chez
Arabidopsis thaliana (Büttner, 2007). Les 53 séquences protéiques sont regroupées en 7
sous-familles : les AtSTPs (Sugar Transport Proteins), les AtVGT-like (Vacuolar Glucose
Transporters), les AtPLT (Polyols Transporters), les AtINTs (Inositol Transporters), les
AtTMTs (Tonoplast Monosaccharide Transporters), les AtpGlcT/AtSGB1 (Plastidic Glucose
Transporter/Suppressor of G protein B1) et les AtERD6-like (Early Responsive to
Dehydratation).
Figure 4 : Schéma de la distribution subcellulaire des monosaccharides et de la
localisation des différentes sous-familles de transporteurs de la famille des MST
(Büttner, 2007).
INTRODUCTION
études ont aussi pu montrer une faible expression de ce gène de transporteur de sucre dans les
racines. Les gènes AtSUC6, AtSUC7 et AtSUC8 sont des gènes présentant une très forte
homologie de séquence. Cependant, seul le gène AtSUC8 semble coder une protéine
fonctionnelle (Sauer et al. 2004). Les études réalisées par Sauer et collaborateurs (2004)
montrent que le gène AtSUC8 est co-exprimé avec le gène AtSUC9 dans les tissus floraux. Le
gène AtSUC9 est aussi exprimé dans l’embryon, ainsi que dans les feuilles (Sivitz et al. 2007).
Ce transporteur de sucre aurait un rôle à jouer dans la période de floraison des plantes. En
effet, les travaux de Sivitz et collaborateurs (2007) ont montré que les plantes présentant une
mutation sur le gène AtSUC9 présentent des phénotypes de floraison accélérée.
1.3.2 Les gènes de transporteurs de monosaccharides (MSTs) :
Dans la famille des MSTs, une cinquantaine de gènes ont été identifiés chez A. thaliana
(Figure 3). Ces transporteurs, catalysant le transport des hexoses mais aussi le transport de
certains polyols, sont classés en 7 sous-familles : AtSTP (Sugar Transporter Protein), AtPLT
(Polyol Transporter), AtVGT (Vacuolar Glucose Transporter), AtTMT (Tonoplast
Monosaccharide Transporter), AtERD6-like (Early Responsive to Dehydratation), AtINT
(Inositol Transporter) et AtpGlcT/AtSGB1 (Plastidic Glucose Transporter/Suppressor of G
protein B1) (Buttner 2007). La localisation subcellulaire des différents transporteurs de
monosaccharides est indiquée sur la Figure 4.
1.3.2.1 Sous-famille des AtSTPs (Sugar Transporter Protein)
La famille des AtSTPs est la famille la plus étudiée et comprend 14 gènes notés d’AtSTP1
à AtSTP14. Ces transporteurs catalyseraient le transport des monosaccharides de l’apoplaste
vers la cellule en symport avec un proton, comme les transporteurs de saccharose. Les études
de spécificité indiquent que la plupart des transporteurs caractérisés transportent plus
efficacement le glucose que le fructose. La plupart des AtSTPs sont exprimés exclusivement
dans les organes puits comme le pollen, la graine ou les racines.
Certains de ces gènes sont très spécifiques d’un organe donné. Par exemple, les gènes
AtSTP2, 6, 9, 10 et 11 ne sont exprimés que dans les grains de pollen et le tube pollinique
(Johnson et al. 2006, Schneidereit et al. 2003, Schneidereit et al. 2005, Scholz-Starke et al.
2003, Truernit et al. 1999). De même, l’expression des gènes AtSTP5, 8 et 12 n’a été montrée
que dans les graines d’A. thaliana (Buttner 2010).
6
INTRODUCTION
D’autres gènes comme AtSTP4, 7 et 13 peuvent être exprimés dans plusieurs organes puits
en même temps. En effet, AtSTP4 est par exemple exprimé dans les racines et dans les grains
de pollen (Fotopoulos et al. 2003, Truernit et al. 1996), AtSTP7 est exprimé dans les racines
mais aussi dans les graines (Buttner 2010) et l’expression de AtSTP13 a été observée dans les
racines et dans les fleurs (Norholm et al. 2006).
Certains AtSTPs, exprimés dans des organes puits sont aussi exprimés dans les feuilles.
C’est le cas de AtSTP1 par exemple dont l’expression est retrouvée dans les fleurs, les racines,
les cellules de garde mais aussi dans les feuilles matures (Sherson et al. 2000, Stadler et al.
2003). De même, Poschet et collaborateurs (2010) ont montré une expression de AtSTP14
dans les fleurs, les siliques, les tiges et les graines, mais aussi dans les feuilles matures. En
revanche, un seul gène d’AtSTPs a été retrouvé exclusivement exprimé dans les feuilles d’A.
thaliana , le gène AtSTP3 où il serait impliqué dans la collecte des hexoses de l’apoplaste
(Buttner et al. 2000).
1.3.2.2 Sous-famille des AtPLTs (Polyol Transporter)
Les polyols sont des formes réduites d’aldoses et de cétose pouvant avoir une structure
linéaire ou cyclique. Ces dérivés de sucres peuvent être utilisés pour le transport de carbone à
longue distance bien que cette fonction n’ait pas été montrée chez A. thaliana (Klepek et al.
2005). Certains polyols peuvent aussi s’accumuler en réponse à des stress environnementaux,
comme le stress salin (Noiraud et al. 2001b).
Chez A. thaliana , 6 gènes de transporteurs de polyols ont été identifiés et sont notés
d’AtPLT1 à AtPLT6. Ces transporteurs semblent avoir une spécificité de substrat assez large
car ils transportent non seulement des polyols (mannitol, sorbitol, xylitol) mais aussi des
hexoses. Leur rôle exact chez A. thaliana est donc loin d’être clair.
Seuls les gènes AtPLT1, 2 et 5 ont été caractérisés. Les gènes AtPLT1 et AtPLT2 sont deux
gènes présentant une forte homologie de séquence, qui sont co-exprimés dans les grains de
pollen et les cellules jeunes du xylème (Klepek et al. 2010). Le gène AtPLT5 quant à lui
montre une forte expression dans les pointes racinaires, dans les vaisseaux conducteurs des
feuilles, ainsi que dans certains organes floraux (Klepek et al. 2005). L’expression des gènes
AtPLT3, 4 et 6 n’a pas été étudiée à l’heure actuelle, cependant ces gènes sembleraient plus
exprimés dans les organes puits (pollen, graines et racines) d’après les données
Genenvestigator.
7
INTRODUCTION
1.3.2.3 Autres gènes de transporteurs de monosaccharides
Les autres sous-familles de MSTs sont beaucoup moins étudiées que les AtSTP ou
AtPLT. Trois de ces sous-familles de MSTs regroupent des gènes de transporteurs qui
semblent être localisés sur le tonoplaste : les AtVGT (Vacuolar Glucose Transporter), les
AtTMT (Tonoplaste Monosaccharide Transporter) et les AtERD6-like (Early-Responsive to
Dehydratation) (Buttner 2007). Les AtVGTs regroupent 3 gènes, dont le gène AtVGT1 qui est
fortement exprimé dans les grains de pollen et un peu moins dans les feuilles et les tiges
(Aluri and Buttner 2007). Les 2 autres gènes AtVGT1 et AtVGT2 n’ont à l’heure actuelle pas
été caractérisés. Dans la sous-classe des AtTMT, trois gènes ont pu être identifiés chez A.
thaliana . Wormit et collaborateurs (2006) ont montré une expression de AtTMT1 dans les
feuilles ainsi que dans les fleurs et une expression de AtTMT2 principalement dans les racines
et la tige. Ces études ont aussi mis en évidence que ces deux AtTMTs jouent un rôle majeur
dans la réponse à certains stress environnementaux (stress hydrique, froid ou salin). Le gène
AtTMT3 quant à lui n’a pas pu être étudié en raison d’un très faible niveau d’expression.
Les gènes de la sous-famille AtERD6-like sont au nombre de 19 chez A. thaliana . Le gène
AtSFP2 est exprimé dans tous les organes testés (source et puits) et associé aux tissus
conducteurs, alors que le gène AtSFP1 est exprimé dans la graine et induit lors de la
sénescence foliaire (Quirino et al. 2001). Un troisième gène de cette sous-famille est le gène
AtESL1, principalement exprimé dans le péricycle et les cellules du parenchyme xylémien, et
induit en condition de stress hydrique et salin, ainsi qu’à l’application exogène d’acide
abscissique (Yamada et al. 2009).
Une autre sous-famille de MSTs regroupe les transporteurs d’inositol (AtINT). Ces gènes
de MSTs semblent exprimés dans les grains de pollen et les tissus vasculaires des feuilles
(Schneider et al. 2006, Schneider et al. 2007). Le rôle de ces transporteurs reste encore mal
connu. La dernière sous-famille des MSTs regroupe les gènes de transporteurs plastidiaux
(AtpGlcT). Ces transporteurs, au nombre de 3 chez A. thaliana seraient impliqués dans
l’exportation du glucose des plastes vers le cytoplasme (Weber et al. 2000).
1.4
Le déficit hydrique
Au cours du dernier siècle, l’utilisation mondiale de l’eau douce a augmenté deux fois
plus vite que le taux de croissance démographique (FAO 2007). De ce fait, l’eau douce est
devenue une ressource de plus en plus convoitée. Ce phénomène est accentué par le
8
Figure 5 : Augmentation de la sécheresse mondiale (Philippe Rekacewicz (Le Monde
diplomatique), Février 2006). La diminution de la disponibilité en eau potable est la plus
marquée dans les zones colorées en orange foncé.
INTRODUCTION
réchauffement climatique qui exacerbe la pénurie d’eau douce dans certaines régions de la
planète (Figure 5).
Le secteur agricole est le premier consommateur d’eau douce de la planète et la sécheresse
constitue à l’heure actuelle l’un des principaux facteurs de la diminution des rendements de
grandes cultures. Un nouveau challenge de la recherche actuelle en biologie végétale est de
produire des variétés de plantes à intérêt agronomique présentant une tolérance vis-à-vis du
stress hydrique. L’élaboration de telles variétés implique une bonne connaissance des
mécanismes biologiques intervenant dans la signalisation et la réponse à la contrainte
hydrique (Harb et al. 2010).
Au niveau physiologique, le stress hydrique peut être généré par le manque d’eau au
niveau des racines mais également par de fortes concentrations en sel dans le sol et les basses
températures (Verslues et al. 2006). Ces trois stress ont en commun d’engendrer un stress
osmotique qui va rompre l’homéostasie de l’eau de la plante. L’état hydrique des plantes est
étroitement lié à celui du sol dans lequel leur système racinaire est installé. L’état hydrique du
sol et de la plante peut être caractérisé par son potentiel hydrique. Le potentiel hydrique d’un
compartiment est l’énergie qu’il faut appliquer à ce compartiment pour libérer 1g d’eau. Ce
potentiel exprimé sous forme de pression est toujours négatif (potentiel hydrique de l’eau pure
égal à 0) et est d’autant plus bas que la liaison entre l’eau et le compartiment est forte. Le
mouvement de l’eau va du compartiment ayant le potentiel hydrique le moins négatif vers le
compartiment avec le potentiel hydrique le plus négatif, et donc de la zone retenant le moins
l’eau (la plus hydratée), à la zone retenant le plus l’eau (la moins hydratée). En condition de
sécheresse, une diminution du potentiel hydrique du sol est donc constatée. Cette diminution
du potentiel hydrique du sol est perçue au niveau de la plante par le compartiment racinaire. A
partir de cette perception, la plante va mettre en place des modifications et réponses aux
niveaux morphologique, physiologique, biochimique et moléculaire qui vont lui permettre de
s’acclimater à la contrainte hydrique (Casal 2002, Davies and Zhang 1991).
1.4.1 Stratégies adaptative des plantes en réponse au stress hydrique
On distingue classiquement deux principales stratégies en réponse au déficit hydrique :
l’évitement et la tolérance. Néanmoins, ces deux stratégies ne sont pas mutuellement
exclusives et en pratique, les plantes vont combiner toute une série de réponses vis-à-vis du
stress (Chaves et al. 2003).
9
INTRODUCTION
L’évitement est la stratégie conduisant les plantes à effectuer leur cycle de vie très
rapidement avant une période de sécheresse importante et régulière. C’est typiquement la
stratégie d’adaptation utilisé par les plantes désertiques. Ces plantes vont combiner un cycle
de vie très court, une vitesse de croissance très élevée et une utilisation des ressources
optimisée lorsque les conditions d’humidité de l’environnement sont bonnes. C’est l’une des
stratégies d’adaptation les plus efficaces vis-à-vis du stress hydrique, cependant le rendement
potentiel des plantes s’en trouve très diminué.
La tolérance des plantes se traduit par le maintien des fonctions de la plante malgré le
stress hydrique. Classiquement, la plante va mettre en place plusieurs mécanismes lui
permettant de limiter ses pertes d’eau et d’augmenter son approvisionnement en eau, réduisant
ainsi l’impact du stress hydrique sur sa physiologie. Pour ce faire, un ensemble de réponses au
niveau morphologique, physiologique et moléculaire vont se mettre en place pour tenter de
maintenir une certaine homéostasie de l’eau chez les plantes stressées (Bray 2004, Chaves et
al. 2002). Nous ne prendrons pas en compte les adaptations morphologiques retrouvées chez
de nombreuses espèces xérophytes.
1.4.2 Mécanismes de tolérance des plantes au déficit hydrique
1.4.2.1 Limitation des pertes d’eau
Fermeture des stomates
Les stomates, situés sur l’épiderme des feuilles, ont pour rôle de permettre l’entrée dans
les tissus du CO2, indispensable à la photosynthèse, et de laisser sortir l’eau sous forme de
vapeur (transpiration) et l’O2 produit par la photosynthèse. L’ouverture et la fermeture des
stomates doivent être très finement régulées afin d’assurer un approvisionnement suffisant en
CO2 tout en s’adaptant à la disponibilité en eau de la plante. Ainsi, très rapidement après
l’application d’une contrainte hydrique, une fermeture des stomates va être observée (Chaves
1991, Schulze 1986). Elle va permettre de diminuer les pertes d’eau de la plante par
transpiration, qui pourraient entrainer une déshydratation des cellules et des phénomènes de
cavitation xylémienne. L’ouverture ou la fermeture des stomates résultent des changements de
turgescence des cellules de garde par rapport aux cellules de l’épiderme. Cette réponse des
plantes peut être déclenchée après une déshydratation perçue au niveau des feuilles ou des
racines. Plusieurs auteurs ont en effet montré qu’un signal hormonal (acide abscissique)
provenant des racines et transporté à longue distance jusqu’aux feuilles permettait la fermeture
10
INTRODUCTION
des stomates (Davies and Zhang 1991, Gollan et al. 1992, Gowing et al. 1990) lors du déficit
hydrique.
Limitation de la croissance des organes
La limitation de la croissance foliaire est un mécanisme adaptatif qui permet de réduire la
surface de transpiration de la plante (Boyer 1970). La réduction de la vitesse de croissance fait
intervenir plusieurs mécanismes : la division cellulaire va fortement décroitre (Tardieu et al.
2000), les parois cellulaires deviennent plus rigides, empêchant l’élongation cellulaire
(Cosgrove 2005) et la turgescence cellulaire décroit (Bouchabké et al. 2006). Chacun de ces
mécanismes met en jeu plusieurs familles de gènes dont la régulation est encore mal connue.
Par conséquent, la compréhension de la signalétique des modifications de la croissance est
complexe. Il est tout de même admis que la diminution de la croissance foliaire n’est pas que
la conséquence d’un manque d’eau au niveau cellulaire, mais aussi la résultante de
l’inhibition d’un certain nombre de gênes. Cette réponse rapide des plantes va permettre à
plus ou moins long terme le maintien d’une certaine turgescence cellulaire (Tardieu et al.
2000).
1.4.2.2 Ralentissement de la photosynthèse et détoxication des AOS (Active Oxygen
species)
L’un des résultats de la fermeture des stomates est la réduction de la disponibilité en CO 2
pour la photosynthèse (Cornic 2000), conduisant à une diminution de la production
d’assimilats. En fonction de l’intensité du stress hydrique, la production de sucres pourra ainsi
être maintenue ou fortement diminuée. Parallèlement, l’arrêt de la croissance foliaire va, de
facto, engendrer un arrêt de la consommation de ces derniers (Muller et al. 2011). Ces sucres
vont alors s’accumuler dans les tissus où ils sont très probablement stockés dans les vacuoles
ou sous forme d’amidon. L’accumulation de ces sucres solubles pourrait par ailleurs participer
à l’ajustement osmotique des cellules (Clifford et al. 1998).
Le ralentissement de la photosynthèse va tout de même entrainer un déséquilibre entre la
capture de l’énergie lumineuse et son utilisation et induire la production et l’accumulation
d’espèces actives de l’oxygène (AOS), conduisant ainsi à un stress oxydatif. Dans le but de
limiter le stress oxydatif plusieurs mécanismes de détoxication enzymatique et nonenzymatique des AOS vont être mis en place. Ainsi chez A. thaliana une induction de
l’expression d’enzymes de détoxication des AOS comme la péroxidase, la superoxide
dismutase, la catalase ou bien la glutathion réductase, a été mise en évidence en réponse à un
11
INTRODUCTION
stress hydrique (Jung 2004). En parallèle, l’accumulation de pigments antioxydants tels que
les anthocyanes va être observée (Chalker-Scott 1999).
1.4.2.3 Ajustement osmotique
L’ajustement osmotique est considéré comme l’un des processus cruciaux lors de
l’acclimatation des plantes à la sécheresse (Morgan 1984). Il permet, lors d’un stress hydrique
de faible intensité, de maintenir le potentiel hydrique des feuilles grâce à l’accumulation de
solutés compatibles (sucres, acides aminés, ions). Cette accumulation va alors augmenter le
potentiel osmotique des cellules afin de créer un influx d’eau, ou tout du moins éviter un
efflux. Ceci permet un certain maintien de la quantité d’eau dans les cellules. Il semblerait
aussi que l’accumulation d’osmolites permet la protection de l’intégrité des protéines et des
membranes (Crowe et al. 1983, Rathinasabapathi 2000). Parmi les molécules organiques pour
lesquelles il a clairement été établi un rôle d’osmoprotection en condition de stress hydrique,
on peut citer la proline, la glycine-bétaïne et certains sucres comme les polyols, le saccharose
et certains hexoses (Chaves et al. 2003 ; Taji et al. 2002).
De nombreuses études ont en effet mis en évidence l’implication des sucres comme
osmoprotectants, la nature des sucres pouvant varier selon les espèces étudiées. Les travaux
de Garcia et collaborateurs (1997) ont par exemple montré une accumulation de tréhalose en
réponse à un stress salin chez le riz. D’autres études ont montré une accumulation de polyols
comme le galactinol chez A. thaliana en réponse au déficit hydrique (Taji et al. 2002) ou bien
le mannitol chez le céleri en réponse à un stress salin (Noiraud et al. 2001a). En ce qui
concerne le saccharose, une forte accumulation de ce sucre a été mesurée chez Craterostigma
plantagineum en réponse à un déficit hydrique (Bianchi et al. 1991). Cette accumulation serait
d’ailleurs stimulée au niveau transcriptionnel par l’induction d’un gène codant une sucrose
synthase (Kleines et al. 1999). La surexpression d’une sucrose synthase a aussi été montrée
chez A. thaliana en réponse au déficit hydrique par Déjardin et collaborateurs
(1999).Toujours chez A. thaliana , les travaux d’Hummel et collaborateurs (2010) ont montré
l’accumulation de saccharose mais aussi d’hexoses dans les feuilles d’A. thaliana (écotype
Col-0) en réponse à la contrainte hydrique. Ceci a également été confirmé par les travaux de
Sperdouli et Moustakas (2012) qui montrent également une augmentation de proline.
12
Figure 6 : Vitesse d’élongation de la racine principale (ronds pleins) et des feuilles
(triangles vides) sur des plantules de quatre espèces cultivées à plusieurs potentiels
hydriques (Sharp et al. 2004).
INTRODUCTION
1.4.2.4 Augmentation de l’approvisionnement en eau
En condition de stress hydrique, une des premières réponses des plantes est, comme nous
avons pu le voir, de diminuer les pertes d’eau et de limiter les dommages engendrés au niveau
cellulaire. Sur une longue période, d’autres mécanismes d’acclimatation vont permettre de
maintenir l’approvisionnement de la plante en eau. Ces mécanismes vont être mis en place
dans les racines. Dans un premier temps, un ajustement osmotique permettra de diminuer le
potentiel hydrique des cellules, et ainsi d’attirer plus d’eau dans les tissus. Ce processus
d’acclimatation a été mis en évidence dans les racines d’olivier par les travaux de Dichio et
collaborateurs (2006). Leur étude a montré une diminution du potentiel osmotique de l’ordre
de 0,54 MPa dans les racines des plantes soumises à un faible stress hydrique et une
diminution de 1,67 MPa dans les racines des plantes soumises à un stress hydrique drastique.
Cet ajustement osmotique serait en grande partie dû à l’accumulation de sucres solubles
comme le sorbitol, le glucose ou le fructose (Ranney et al. 1991).
1.4.3 Réponse des racines au déficit hydrique
L’optimisation de l’absorption d’eau par les racines lors de la contrainte hydrique serait un
paramètre majeur de la tolérance des plantes à la contrainte hydrique. De nombreuses plantes
adaptées aux zones arides possèdent d’ailleurs un enracinement très profond leur permettant
de prospecter les couches les plus profondes du sol.
Il est souvent admis qu’au cours d’un déficit hydrique, la croissance racinaire est
beaucoup moins affectée que celle des parties aériennes (Saab et al. 1990, Sharp and Davies
1979). La Figure 6 montre en effet que la croissance de la racine principale de plusieurs
espèce à intérêt agronomique continue à des potentiels hydriques du sol inférieurs à -1,5 MPa,
alors que la croissance des feuilles est déjà complétement inhibée. Les études réalisées par
Van de Weele et collaborateurs (2000) montrent même une stimulation de la croissance de la
racine principale d’A. thaliana en réponse à un stress osmotique appliquée avec le PEG. Le
maintien de la croissance racinaire permet l’absorption de l’eau dans de nouvelles zones du
sol alors même que la transpiration au niveau des feuilles est stoppée. Ce phénomène
permettrait de rétablir une certaine turgescence au niveau des cellules des racines et des
feuilles permettant la conservation de leur fonction (Spollen and Sharp 1991).
Il semblerait toutefois que le déficit hydrique n’affecte pas toutes les zones de la racine de
la même façon. Chez le maïs, dans de bonnes conditions d’irrigation, les cellules se divisent
au niveau du méristème, et la zone d’’expansion maximale se situe vers 4,5 mm de l’apex et
s’étend ensuite jusqu’à 12 mm de l’apex. En conditions de stress hydrique, la zone d’élongation
13
INTRODUCTION
des cellules est limitée aux premiers mm au-dessus de l’apex (Sharp et al. 1988). De plus, la
croissance radiale de ces cellules est également diminuée, conduisant à des racines plus fines
en cas de stress hydrique. L’inhibition de la croissance au niveau de la zone d’élongation de la
racine serait due à l’augmentation de la lignification des parois cellulaires diminuant ainsi
l’extensibilité de ces dernières (Fan et al. 2006). Le développement de la racine principale
n’est pas le seul impacté par la contrainte hydrique. Une étude réalisée par Deak et Malamy
(2005) sur les racines d’A. thaliana a mis en évidence une réduction du nombre de racines
latérales sur des plantules soumises à un stress osmotique. Leurs travaux ont permis de
montrer que le stress osmotique réprime de façon très importante le développement des
racines latérales à partir des primordiaux racinaires, pourtant bien présents sur la racine
principale. Ces observations laissent penser que les plantules vont optimiser le développement
de leur système racinaire en inhibant la prolifération des racines dans les régions du substrat
ou la disponibilité est limitée. En revanche, le développement des primordium racinaires est
maintenu permettant aux plantes de mettre en place rapidement de nouvelles racines latérales
si l’eau redevient disponible.
Ces éléments indiquent donc que les plantes possèdent une grande capacité adaptative via
l’architecture de leur système racinaire. Ce caractère est d’ailleurs un critère de sélection de
choix en vue d’améliorer la productivité des plantes en conditions d’approvisionnement limité
en eau ou en éléments minéraux, et certains n’hésitant pas à y voir la possibilité d’une
seconde révolution verte (Gewin 2010).
1.4.4 Modification du transcriptome lors d’un stress hydrique
Le déficit hydrique va déclencher de nombreuses modifications dans l’expression des
gènes contrôlant la mise en place des réponses adaptatives en partie décrites précédemment.
L’étude de l’expression de ces gènes est nécessaire non seulement pour comprendre les voies
de régulation de ces gènes, mais aussi pour mettre en évidence la fonction de ces gènes et les
mécanismes de tolérance dans lesquelles ils peuvent être impliqués. Les études
transcriptomiques réalisées par les techniques de microarray ont permis de classer les gènes
dont l’expression est augmentée en deux catégories : ceux qui codent des protéines permettant
de lutter contre les effets du stress (mise en place de l’ajustement osmotique, protection des
protéines et structures cellulaires, détoxification) et ceux codant des protéines impliquées dans
la régulation (Yamaguchi-Shinozaki and Shinozaki 2006).
14
INTRODUCTION
Parmi les gènes permettant de limiter les dommages engendrés par le stress hydrique il est
possible de trouver ceux codant des LEA (Late Embryogenesis Abundant). Ces protéines sont
normalement exprimées dans les graines pendant les derniers stades de développement de ces
dernières et permettant la tolérance à la dessiccation. Elles sont généralement de faible poids
moléculaire et hydrophiles (Hundertmark and Hincha 2008). Bien que leurs fonctions
physiologiques et biochimiques soient largement inconnues, il est couramment admis que ces
protéines jouent un rôle crucial dans la tolérance des cellules à la déshydratation.
Une autre famille de gènes dont l’expression est très modifiée en condition de stress
hydrique est celle codant des aquaporines. Ces protéines sont des canaux que l’on retrouve
dans les membranes plasmiques des cellules et qui permettent de faire varier la perméabilité
hydraulique de cette dernière (Kjellbom et al. 1999). Ces protéines ont sans aucun doute un
rôle important dans l’homéostasie de l’eau dans la plante en condition de stress,
(Alexandersson et al. 2005).
1.5
Objectifs de l’étude
Afin de mieux comprendre les flux de sucres chez A. thaliana , le laboratoire s’intéresse au
rôle des transporteurs de sucre dans les transferts de sucre entre organes de la plante,
notamment lors de la contrainte hydrique. Des travaux préliminaires se sont principalement
orientés sur l’expression des gènes de transporteurs de sucre dans les feuilles par la
modification de leur expression lors d’un stress hydrique effectué par arrêt d’arrosage. Afin
d’intégrer ces résultats au niveau de la plante entière, l’objectif de mes travaux de thèse est
d’identifier les gènes de transporteurs de sucre exprimés dans la racine d’A. thaliana et de
déterminer si leur expression est modifiée en réponse à la contrainte hydrique.
Le compartiment racinaire est par nature difficile à étudier. C’est pourtant un
compartiment essentiel de la plante assurant l’approvisionnement en eau et en sels minéraux.
Ces deux ressources sont d’ailleurs souvent les facteurs limitant de la productivité des plantes.
Afin de pallier ces carences, l’agriculture fait aujourd’hui appel à l’utilisation massive
d’intrants et une irrigation importante des plantes. Pourtant il est possible d’imaginer qu’une
partie de ces carences pourrait être limitée en optimisant l’absorption de ces deux ressources
par le système racinaire.
15
INTRODUCTION
Les analyses de biochimie ou biologie moléculaire effectuées sur le compartiment
racinaire nécessitent l’obtention de matériel végétal propre, complet (tous les types de racines
doivent être présents) et, si possible, exempt de blessures liées à la récolte. La culture des
plantes en terre ne répond pas à ces différents critères. Dans le but d’étudier les racines d’A.
thaliana au laboratoire, il a été décidé de travailler sur des plantes cultivées en hydroponie. En
effet, ce système de culture permet de s’affranchir de la terre : les racines récoltées sont
propres et nécessitent un nombre minimal de manipulations pour leur récolte en vue
d’analyses biochimique et moléculaire. Le matériel végétal peut être récolté en quantités
relativement larges, contrairement à la culture en boite de Pétri sur milieu gélosé.
La première partie de mon travail de thèse a été de mettre en place un système de culture
hydroponique. Une première analyse de l’expression des gènes de transporteurs de sucre dans
les racines dans nos conditions de culture sera alors effectuée tout au long du développement
de plantes et au cours d’un cycle de 24h. Le fait d’avoir accès à tous les organes de la plante
nous a aussi permis d’effectuer une étude du transport à longue distance de saccharose
radiomarqué des feuilles sources où il est produit vers les autres organes de la plante.
Dans un second temps, un protocole d’étude de la contrainte hydrique a été élaboré. Afin
de mimer un stress hydrique en culture hydroponique, il est nécessaire d’utiliser un agent
osmotique. Plusieurs agents osmotiques sont classiquement utilisés dans la littérature comme
le mannitol, le sorbitol ou le polyéthylène glycol. Le PEG de haut poids moléculaire présente
l’avantage de ne pas être absorbé par les tissus de la plante contrairement au mannitol et au
sorbitol. De plus ces deux derniers agents osmotiques étant des sucres, ils peuvent influencer
le métabolisme carboné de la plante et ainsi biaiser les études de transport de sucres à longue
distance ainsi que les études d’expression des gènes de transporteurs de sucre. De plus, le
stress osmotique induit par le PEG serait plus proche d’un stress hydrique obtenu par arrêt
d’arrosage dans la terre (Verslues et al. 2006). Ces arguments nous ont donc conduit à utiliser
le PEG 6000 dans nos expériences. La mise au point de ce protocole l’application du stress a
été réalisée en vue de déterminer l’impact d’une contrainte osmotique sur la croissance des
racines et des feuilles, sur l’expression des gènes de transporteurs de sucre, la répartition des
sucres entre les feuilles et les racines et aussi sur le transport du saccharose dans la plante. Le
but est de mieux comprendre comment la plante redistribue les sucres en cas de stress
osmotique et d’identifier certains des acteurs moléculaires impliqués.
16
MATERIEL ET METHODES
2 MATERIEL ET METHODES
17
Figure 7 : Photographies du système de culture de plantes en hydroponie : (A) :
photographie du système de culture en hydroponie composé d’un bloc et d’un bac-réservoir ;
(B) : Photographie d’un bloc composé de 4 bacs Araponics reliés entre eux en série et notés I,
II, III et IV.
MATERIEL ET METHODES
2.1
Matériel végétal
L’ensemble des expérimentations a été réalisé sur la plante modèle Arabidopsis thaliana
(L.) Heynh (Brassicacées, Dicotylédone). Deux écotypes d’A. thaliana ont été utilisés, les
écotypes Col-0 et C24.
Deux expérimentations ont été réalisées sur l’écotype C24. Cependant ces études devaient
à l’origine être menées sur l’écotype Col-0. Une mauvaise annotation des tubes de graines
stock a entraîné une inversion entre l’utilisation des graines de l’écotype Col-0 et les graines
de l’écotype C24. Ces premières expérimentations ont tout de même permis la mise en place
du système de culture des plantes en hydroponie (« Campagne mise en place hydroponie»)
ainsi qu’un premier essai d’application du stress osmotique sur cet écotype (« Essai stress
C24 »). Par la suite, toutes les expérimentations portant sur l’étude de l’expression des gènes
de transporteurs de sucre dans les racines d’A. thaliana , ont été réalisées sur l’écotype Col-0.
Les graines de l’écotype C24, Col-0 ont été fournies par le centre de ressources
biologiques de l’INRA de Versailles.
2.2
Méthodes
L’étude du réseau racinaire et notamment les approches de physiologie moléculaire
nécessitent de pouvoir travailler sur du matériel végétal non contaminé par la terre. Nous
avons testé deux systèmes de cultures qui permettent de récolter les racines propres et intègres
en grosse quantité : la culture hydroponique et la culture en rhizobox. La culture en
hydroponie présente l’avantage de pouvoir obtenir une grande quantité de matériel végétal
non souillé par la terre. La culture en rhizobox que nous avons mis en place au laboratoire,
permet quant à elle, de cultiver les plantes en terre, de suivre le développement des racines sur
3 semaines, mais la production de matériel végétal (feuilles et racines) est plus limitée que
pour la culture en hydroponie.
2.2.1 Mise en place du système de culture des plantes en hydroponie
Afin de mettre en place la culture hydroponique au laboratoire, nous avons choisi le
système Araponics (Gardena micro-drie-system AP620A) développé par la société Araponics
(Araponics SA, Liège). Nous disposons de 4 systèmes d’hydroponie, chacun étant composé
d’un bloc relié à un bac-réservoir. Un bloc est composé de 4 bacs Araponics reliés entre eux
en série. Les blocs sont reliés à des bac-réservoir contenant 15 litres de milieu de culture
(Figure 7).
18
Figure 8 : Schéma représentant le circuit du milieu de culture réalisé dans le système
d’hydroponie (bloc composé de 4 bacs hydroponie).
Tableau 1 : Composition du milieu de culture hydroponique utilisé, d’après Gibeaut et
collaborateurs (1997).
Concentration
Macronutriments dans le milieu
de culture (mM)
Micronutriments
Concentration
dans le milieu
de culture (µM)
Ca(NO3)2, 4 H2O
1,5
KCl
50
KNO3
1, 25
MnSO4, H2O
10
MgSO4, 7 H2O
0,75
CuSO4, 5 H2O
1,5
KH2PO4
0,5
ZnSO4, 7 H2O
2
FeNa-EDTA
7,2 x10-5
H3BO3
50
(NH4)6Mo7O24
75 x 10-3
Figure 9 : Schéma d'un porte graine du système Araponics utilisé pour semer les graines
d'Arabidopsis thaliana dans le système de culture en hydroponie.
MATERIEL ET METHODES
Chaque bac Araponics contient environ 1,8 L de milieu de culture. Le milieu de culture
est propulsé depuis le bac réservoir de 15 litres vers les 4 bacs Araponics (= 1 bloc) grâce à un
système de pompe électrique (New-Jet 400 l/h, jusqu’à 70 cm de hauteur). La pompe
d’aquarium propulse le milieu de culture contenu dans le bac réservoir posé au sol vers le
premier bac (I) disposé sur une étagère du phytotron à une hauteur de 76 cm au-dessus du bac
réservoir. Le milieu de culture s’écoule ensuite dans les trois autres bacs dans l’ordre II, III et
IV puis il est, à la sortie du bac IV, à nouveau déversé dans le bac-réservoir (Figure 8). La
circulation du milieu de culture dans le système de culture en hydroponie (bac-réservoir +
bacs Araponics) permet une oxygénation de ce milieu. Certains auteurs ont montré que cette
oxygénation pouvait être suffisante (Artéca et Artéca 2000). D’autres considèrent que pour
éviter une trop grande hypoxie au niveau des racines, il est préférable de renforcer cette
oxygénation du milieu de culture en ajoutant un bulleur d’aquarium dans le bac-réservoir
(Gibeault, 1997). De plus, cette recommandation nous a été suggérée lors du premier comité
de thèse aussi, pour l’expérimentation « Campagne réhydratation », nous avons ajouté dans
les bac-réservoirs des bulleurs (Rena Air 100, 120 L/heure). Les systèmes de culture
hydroponie ont été disposés dans un phytotron (PLASTEUROP SERRE.S-S.00.01).
Le milieu nutritif utilisé pour la culture des plantes est le milieu de culture utilisé par pour
la culture d’A. thaliana par Gibeaut et collaborateurs (1997). La composition en
macroélément et microéléments de ce milieu est reporté sur le Tableau 1. Le changement de
milieu nutritif dans les bacs réservoirs est réalisé une fois par semaine afin d’éviter le
développement de micro-organismes et l’épuisement de certains éléments du milieu, qui
pourrait entrainer des carences. Les plantes sont placées dans le phytotron dans lequel les
conditions de cultures sont contrôlées (photopériode 10h de jour/14h de nuit ; température de
23°C le jour et 18°C la nuit ; humidité relative de 50% le jour et 70% la nuit).
Chaque système d’hydroponie permet la culture de 72 plantes dont les graines sont semées
individuellement (18 plantes x 4 bacs). Les graines sont déposées dans une goutte de milieu
MS 1X (Murashige and Skoog 1962) gélosé (Agar 0,65%), elle-même déposée sur le porte
graine rempli de laine de roche stérile (Figure 9).
Après deux semaines de culture, les racines des plantes placées les unes à côté des autres
ont atteint une taille de 3 à 4 cm et peuvent commencer à se mêler. Afin de pouvoir récolter
chaque plante individuellement, les racines sont séparées les unes des autres tous les jours dès
qu’elles commencent à s’entremêler, en soulevant délicatement chaque plateau d’un bac
19
Figure 10 : Schéma du protocole expérimental appliqué pour la culture des plantes au
cours de l’expérimentation « Campagne mise en place hydroponie ». Les 288 plantes de
l’écotype C24 sont cultivées dans 4 systèmes d’hydroponie contenant du milieu nutritif
pendant 39 jours. Une première récolte des plantes au stade jeune est réalisée après 20 jours
de culture. Une seconde récolte est réalisée à la fin de l’expérimentation.
MATERIEL ET METHODES
Araponics au-dessus du bac sans les sortir du milieu. En effet, les racines des plantes (18
plantes) portées par se plateau sont alors séparées grâce à des mouvements de va et vient dans
l’eau. En réalisant ce geste tous les jours, il est possible de prévenir l’enroulement des racines
les unes aux autres.
Nous disposons au laboratoire de 4 systèmes d’hydroponie indépendants, permettant la
culture de 288 plantes (72 plantes x4). Les expérimentations appelées « Campagne » ont été
réalisées sur ces systèmes. Des expérimentations ont aussi été réalisées sur bac individuel,
composé d’un bac Araponics relié à un bac-réservoir (7L). Chaque bac individuel permet la
culture de 18 plantes et a été utilisé pour effectuer les expérimentations nommées « Essais ».
2.2.2 Contrôle du développement des plantes cultivées en hydroponie
La première expérimentation réalisée sur le système de culture en hydroponie mis en place
au laboratoire (« Campagne mise en place hydroponie », Figure 10) a été menée afin
de contrôler les conditions de culture des plantes au cours de leur développement. Ce contrôle
était nécessaire aussi bien au niveau du phytotron, remis en fonctionnement après une longue
période d’inactivité, qu’au niveau du système de culture hydroponique nouvellement mis en
place au laboratoire. En effet, au niveau des conditions de culture appliquées dans le
phytotron, un suivi de la température de l’humidité et du PAR a été réalisé. Au niveau du
système de culture en hydroponie, la température le pH ainsi que le potentiel hydrique du
milieu de culture ont été vérifiés dans le bac-réservoir et dans chacun des bacs constituant un
système hydroponie. Le développement des plantes dans ce nouveau système de culture a été
étudié en réalisant un suivi du nombre de feuilles par plantes tout au long de leur
développement, en mesurant leur biomasse et leur rapport root/shoot (masse de partie
racinaire/masse de la partie aérienne). En vue de réalisé un stress hydrique par ajout d’un
agent osmotique dans le milieu de culture, l’étude de l’état hydrique des plantes par mesure
du contenu relative en eau (RWC pour Relative Water Content) des feuilles et des racines,
ainsi que la mesure du potentiel osmotique dans ces deux compartiments a été mis en place au
cours de la première expérimentation.
Cette expérimentation a été réalisée sur 4 systèmes de culture (288 plantes). Une première
récolte est réalisée après 20 jours de culture, correspondant au stade jeunes feuilles, et une
seconde récolte est réalisée à la fin de l’expérimentation (J39), correspondant au stade feuilles
adultes.
20
Figure 11 : Schéma du protocole expérimental de culture des plantes appliqué au cours
de l’étude des différents stades de développement d’Arabidopsis thaliana. Les 144 plantes
de l’écotype Col-0 sont cultivées dans 2 systèmes d’hydroponie contenant du milieu nutritif
pendant tout le cycle de vie d’Arabidopsis thaliana . Six récoltes ont été effectuées
correspondant aux stades : jeunes feuilles (J, J20), feuilles adultes (A, J40), émergence de la
hampe florale (E, J53), fleurs (F, J67), siliques vertes (SV, J95) et graines (G, J114).
MATERIEL ET METHODES
2.2.3 Etude du cycle complet de développement d’Arabidopsis thaliana (Col-0)
cultivée en hydroponie et mesure de quelques paramètres reflétant son
métabolisme carboné
Une fois avoir établi les conditions de culture des plantes en hydroponie, l’étude du cycle
complet de développement d’A. thaliana a été menée en hydroponie afin de suivre le
métabolisme carboné dans les feuilles, les racines, la hampe florale et les siliques à des stades
importants du cycle de développement des plantes. Pour ce faire, des mesures de biomasse, de
teneurs en chlorophylles, d’expressions de transporteurs de sucre, de dosages de sucres
solubles, d’amidon ainsi que de transport à longue distance de saccharose radiomarqué ont été
réalisées.
Ainsi, 144 plantes ont été mises en culture hydroponique (2 systèmes). Les 6 principaux
stades de développement d’A. thaliana décrit par Boyes et collaborateurs (2001) ont été
étudiés au cours de cette expérimentation. Ainsi, comme représenté sur la Figure 11, 23
plantes sont récoltées pour chaque stade de développement : le stade jeunes feuilles (J20), le
stade feuilles adultes (J40), le stade émergence de la hampe florale (J53), le stade fleurs (J67), le
stade siliques vertes (J95) et le stade graines (J114). Les hampes florales sont récoltées à partie
du stade fleurs à J67.
Les organes ayant permis de mesurer la biomasse sèche ont été lyophilisées 72h à -20°C,
ainsi que les feuilles destinées aux dosages des chlorophylles. Les organes destinées aux
analyses d’expression de gènes et au dosage des sucres solubles et d’amidon sont congelées
dans l’azote liquide et stockées à -80°C juste après la récolte. Les plantes entières destinées à
l’étude du transport à longue distance du saccharose radiomarqué sont directement placées
dans l’enceinte de culture de la zone radioactive du laboratoire.
2.2.4 Etude quelques paramètres reflétant le métabolisme carboné d’Arabidopsis
thaliana au cours du cycle nycthémère
Après avoir étudié l’allocation du carbone dans la plante au cours de son cycle de
développement complet, nous avons souhaité étudier les variations du statut carboné de la
plante au cours d’une journée de 24h. Pour ce faire 144 plantes (2 systèmes) ont été mises en
culture hydroponique. Après 20 jours de culture des plantes, 20 plantes, correspondant au
stade jeunes feuilles de l’étude précédente (cf 2.2.3), ont été récoltées toutes les 4 heures
pendant 24h. La première récolte a eu lieu à 5h du matin puis 9h, 13h, 17h, 21h, et 1h. Afin de
21
MATERIEL ET METHODES
ne pas perturber le métabolisme des plantes, les récoltes nocturnes ont été effectuées à l’aide
d’un éclairage vert (Kircher et al. 1999).
Le suivi du métabolisme carboné a été réalisé dans les feuilles et les racines, les seuls
organes présents à ce stade de l’étude (20 jours après semis) en mesurant l’expression de
transporteurs de sucre, le dosage de sucres solubles ainsi que l’amidon. Les plantes destinées
aux analyses d’expression de gènes ou de dosage de sucres sont congelées dans l’azote liquide
et stockées à -80°C juste après la récolte.
2.2.5 Mise en place du stress osmotique sur Arabidopsis thaliana cultivée en
hydroponie
Après avoir réussi la culture de plantes homogènes en hydroponie, nous avons mis en
place un protocole de stress osmotique dans ce système culture, afin d’étudier l’allocation du
carbone dans les plantes en réponse à cette contrainte. Pour mimer le stress hydrique en
culture hydroponique, un agent osmotique, le PEG (Polyéthylène glycol) de poids moléculaire
moyen 6000 (min 5000 et max 7000, SIGMA) est utilisé. Il a été montré que, le degré de
polymérisation du polymère choisi dans notre étude, limite l’absorption du PEG par les
racines des plantes, sans pour autant augmenter de façon importante la viscosité du milieu et
permettant ainsi, de maintenir une bonne circulation du milieu dans le système en présence de
PEG (van der Weele et al. 2000).
Des expérimentations préalablement réalisées au laboratoire (notamment par Andrée
Bourbouloux, CR CNRS) consistaient en l’application directe d’une concentration importante
de PEG (5% et 10%) dans le milieu de culture. L’application de ce protocole a engendré un
stress osmotique drastique, rapidement létal pour les plantes. Pour notre étude, nous
souhaitons étudier l’allocation du carbone dans la plante en réponse à un stress osmotique
Aussi, il est nécessaire que les plantes puissent continuer à se développer pendant une certaine
période du stress. Pour cela, il est nécessaire d’appliquer un stress modéré qui permet de
maintenir les plantes en stress sur une assez longue période (Dubos et al. 2003). Nous avons
ainsi choisi d’appliquer sur plusieurs jours des concentrations croissantes de PEG de façon
progressive dans le milieu de culture.
Plusieurs expérimentations de types « essai stress » et « essai réhydratation » ont été
menées pour déterminer le protocole final. Les analyses réalisées pour chacune de ces
expérimentations seront précisées dans chacune des parties résultats qui s’y rapportent. Aussi,
des expérimentations Campagne « mise en place hydroponie », « stress » et « réhydratation »,
22
Figure 12 : Schéma représentant le protocole expérimental appliqué pour l’étude d’un
stress osmotique suivi d’une période de réhydratation. Les 288 plantes de l’écotype Col-0
sont cultivées dans 16 bacs Araponics (8 bacs témoins et 8 bacs stressés; 72 plantes par
condition) pendant 24 jours dans le milieu nutritif. Après 20 jours de culture, 176 plantes sont
retirées afin d’éviter le chevauchement des feuilles des rosettes des différentes plantes entre
elles. Une première dose de PEG est ajoutée au milieu nutritif des bacs-réservoir « Stress »
après cette date, permettant d’atteindre une concentration de 0,5%. Par la suite 0.5% de PEG
est ajouté au milieu de culture tous les 2 jours jusqu’à l’obtention d’une concentration de
2,5% de PEG. Trois jours après l’application de 2,5% de PEG le milieu de culture des bacsréservoirs « Stress » a été changé par du milieu nutritif frais et les plantes ont subi la phase de
réhydratation pendant une semaine.
Tableau 2 : Masses de PEG à ajouter au milieu nutritif pour chaque palier
d’augmentation de la concentration en PEG dans le bac réservoir « stress ».
Concentration finale
en PEG (%)
0,5
Concentration en
PEG (g/l)
5
Masse de PEG dans
milieu (15L) en g
75
Masse de PEG a
ajouter en enlevant 1L
75
Masse de PEG
dans 1L (g)
5
1
10
150
80
10
1,5
15
225
85
15
2
20
300
90
20
2,5
25
375
375
Figure 13 : Schéma représentant une rhizobox permettant la culture en terre
d’Arabidopsis thaliana.
MATERIEL ET METHODES
réalisées sur les 4 systèmes hydroponie et représentant une étude complète sur un grand
nombre de plantes, seront aussi présentées en détail dans la partie résultats.
Ces différentes expérimentations ont ainsi permis de mettre au point un protocole définitif
d’application du stress osmotique qui est utilisé pour l’expérimentation « Campagne
réhydratation ». Ce dernier protocole est représenté Figure 12. Après 24 jours de culture, une
première dose de 0,5% de PEG a été ajoutée au milieu de culture. Ensuite, une dose
équivalente à 0,5% de PEG a été ajoutée tous les 2 jours dans le milieu nutritif. L’ajout de
cette dose est effectué en retirant 1L de milieu nutritif aux 15L en circulation dans le système,
et en remettant 1L de milieu de culture contenant la quantité de PEG nécessaire à l’obtention
de la concentration voulue. Les quantités de PEG à ajouter pour chaque pas d’augmentation
de concentration sont présentées sur le Tableau 2. L’ajout de PEG a été poursuivi jusqu’à
l’obtention d’une dose de 2,5% de PEG final. Pour cette dose de PEG, correspondant à 8 jours
après le début d’application du stress, le milieu de culture est changé et la dose de PEG
nécessaire est ajoutée directement au milieu nutritif préparé. Trois jours après l’application de
2,5% de PEG, une première récolte des plantes est réalisée. Au moment de cette récolte, le
milieu de culture des bacs réservoirs contenant le PEG a été changé par du milieu nutritif frais
dans le but de réaliser une phase de réhydratation. Après une semaine de réhydratation une
seconde récolte est réalisée.
2.2.6 Mise en place du système de culture d’Arabidopsis thaliana en rhizobox
Afin de vérifier si notre modèle d’étude du compartiment racinaire par culture
hydroponique et l’application d’un stress osmotique par ajout de PEG se rapprochent des
conditions retrouvées en terre, un nouveau système de culture permettant d’étudier le
compartiment racinaire dans son intégralité a été confectionné au laboratoire. La réalisation de
ce système de culture appelé rhizobox s’est inspirée de travaux réalisés dans d’autres
laboratoires (Wenzel et al. 2001, Xiong et al. 2006). La rhizobox permet la culture des plantes
entre une plaque de plexiglas et une membrane de nylon (diamètre des mailles 7 µm, SefarNitex 03-7/2, Buisine), elle-même placée contre la terre (Figure 13). Celle-ci permet ainsi les
échanges d’eau et d’éléments nutritifs entre les racines et la terre. La composition du système
en plexiglas permet aussi de visualiser et de suivre la croissance des racines toute au long de
l’expérimentation. De plus, ce système permet de récolter des racines propres et non souillées
par la terre pour les analyses de biochimie et biologie moléculaire. Ce système a été mis en place
23
Figure 14 : Photographie d’une rhizobox entourée d’un sac noir, maintenue fermée par
ses pinces.
Figure 15 : Photographie d’une rhizobox après son identification par pyrogravure.
Figure 16 : Photographie d’une rhizobox où la membrane de nylon présente de
nombreux des plis.
MATERIEL ET METHODES
afin de pouvoir comparer les résultats d’expression des gènes de transporteurs de sucre en
condition normale et en condition de stress osmotique obtenus par culture hydroponique, à
ceux retrouvés en rhizobox sur des plantes ayant subi en stress hydrique.
2.2.6.1 Description de la rhizobox
-
Matériel :
La rhizobox est constitué de 2 plaques de plexiglas de 20x20 cm, séparées par deux
espaceurs en plexiglass (1 cm de longueur et de largeur). La rhizobox est maintenue fermée à
l’aide de 2 pinces (wolfcraft, Leroy-Merlin). Afin de maintenir l’obscurité au niveau du
compartiment racinaire, un sac noir (20x20 cm) recouvre la rhizobox (Figure 14). De la même
façon, des bandes de scotch noir de 1 cm de large ont été placées sur la tranche supérieure des
plaques de plexiglas de chaque rhizobox (Figure 15). En effet, il avait été montré dans des
expérimentations préliminaires le développement d’algues sur la terre localisé dans la partie
haute de la rhizobox. Nous disposons au laboratoire de 13 rhizobox, chacune numérotée afin
de pouvoir les identifier au cours de l’expérimentation (Figure 15).
-
Remplissage des rhizobox :
Le terreau utilisé pour le remplissage des rhizobox (EGO de la société Tref) est tamisé
avec un tamis de 0,5 mm juste après l’ouverture du sac afin d’éliminer les particules des plus
grossières. Ce tamisage permet d’obtenir un substrat homogène qui limitera la formation de
plis au niveau la membrane de nylon appliquée entre la terre de la rhizobox et la plaque de
plexiglas amovible. Ces plis peuvent se former au moment du rabat de la laque de plexiglas
amovible sur la terre, lors de la fermeture de la rhizobox (Figure 16). Afin d’éviter toute
contamination, la terre ainsi tamisée est autoclavée 1h à 120°C.
Par la suite, une quantité de terre (provenant d’un sac de terreau fraichement ouvert)
correspondant à un volume d’un litre est prélevé et pesé, puis 200 mL d’eau du robinet sont
ajoutés. Le mélange est homogénéisé en malaxant la terre et l’eau afin d’obtenir une terre
totalement humide. Cet état d’humidification de la terre permet d’éviter la formation de
fissures lors du remplissage de la rhizobox, causées par une terre trop sèche ou trop humide.
Un volume de 500 mL de terreau ainsi préparé est pesé, puis étalé sur la surface de la
rhizobox, et son niveau est égalisé à l’aide d’une taloche. Ceci permet d’obtenir un
remplissage homogène de la rhizobox, afin de limiter la formation de plis ou de bulles d’air
entre la membrane et la terre. En effet, ces plis ou bulles biaiseraient le développement naturel
des racines.
24
Figure 17 : Schéma représentant les emplacements des gouttes d’agarose dans lesquelles
seront semées les graines.
MATERIEL ET METHODES
-
Semis dans les rhizobox :
Afin d’assurer un meilleur taux de germination des graines d’A. thaliana , celles-ci sont
déposées dans une goutte d’agarose 0,25% contenant du milieu MS 1X (Murashige et Skoog).
Pour chaque rhizobox, 4 gouttes de milieu agarose 0,25% + MS 1X sont déposées le long de
la rhizobox à une distance de 4 cm les unes des autres (Figure 17). Dans chacune des gouttes
et afin de maximiser le succès de germination, 3 graines ont été semées. Pour la culture des
plantes, les dix rhizobox sont placées dans un phytotron dans lequel les conditions de culture
sont contrôlées (photopériode 10 h de jour / 14 h de nuit ; température de 23°C le jour et de
18°C la nuit ; humidité relative de 50% le jour et 70% la nuit). Cinq jours après le semis, une
seule plante est conservée par goutte d’agarose. Les graines qui n’ont pas germé sont retirées
ainsi que les plantules surnuméraires et/ou présentant un développement anormal (présence
d’un seul cotylédon).
2.2.6.2 Mise en place du stress hydrique
Dans le cas de la culture en rhizobox, deux régimes hydriques sont appliqués afin
d’étudier l’expression des gènes de transporteurs de sucre dans les racines d’A. thaliana . Un
premier régime hydrique est appliqué sur 5 rhizobox témoins et correspond à l’humidification
de la terre obtenue après remplissage des rhizobox. Ce taux d’humidité de la terre est
considéré dans notre étude comme étant une terre avec un taux d’humidité de 100% (différent
du 100% de la capacité en eau de la terre). Afin de maintenir une humidité de 100% dans ces
rhizobox, ces dernières sont pesées tous les jours afin de déterminer la masse d’eau évaporée
en 24h. Le volume d’eau correspondant à la masse d’eau évaporée est alors ajouté dans la
rhizobox. Un autre régime hydrique est appliqué sur 5 autres rhizobox afin de mimer un
déficit hydrique. Pour cela, ces rhizobox sont remplies comme les rhizobox témoins, pesées et
placées sous une hotte à flux laminaire quelques heures. Le flux d’air de la hotte permet
d’évaporer l’eau jusqu’à obtenir des rhizobox avec une terre correspondant à 75% de
l’humidité des rhizobox témoin. Afin de maintenir ce taux d’humidité dans la terre, les
rhizobox sont pesées tous les jours afin de déterminer la masse d’eau évaporée et ainsi,
ajouter cette quantité dans la rhizobox par arrosage.
25
Figure 18 : Images correspondant à des captures d’écran effectuées lors de la mesure
des surfaces foliaires projetées à l’aide du logiciel ImageJ.
MATERIEL ET METHODES
2.2.7 Suivi physiologique des plantes
2.2.7.1 Suivi de la croissance des plantes
-
Suivi du nombre de feuilles au cours du temps.
Les feuilles de toutes les plantes ont été comptées une fois par semaine après le jour de
semis. A partir du nombre moyen de feuilles par plante calculé chaque semaine, la vitesse
moyenne d’émergence des feuilles a été établie. Ce suivi a été effectué pendant les 6
premières semaines de culture des plantes de la « Campagne mise en place hydroponie » et
sur les 4 premières semaines de culture des plantes en rhizobox.
-
Suivi de la surface foliaire projetée :
La croissance des plantes a été estimée en mesurant la surface foliaire projetée des rosettes
pour les expérimentations « Campagne réhydratation » et rhizobox. Pour les plantes en
conditions témoins et les plantes en conditions stressées, une photographie des rosettes est
effectuée pour chaque point du suivie des plantes. Ces photographies sont ensuite utilisées
pour calculer l’aire des rosettes à l’aide du logiciel ImageJ (version 1.43, Wayne Rasband
National Institutes of Health, USA, http://rsb.info.nih.gov/ij/).
Avant d’effectuer l’analyse d’image proprement dite, il faut définir une échelle qui
permettra au logiciel de calculer la surface foliaire. Sur chaque photographie de rosette, une
référence de 1 cm (une règle pour les expérimentations en hydroponie et le bord du plexiglas
pour les rhizobox) est déposée. Un trait correspondant à 1 cm de longueur réel est tracé sur
l’image ce qui va permettre de définir le nombre de pixel que recouvre le trait de 1 cm. La
fonction « Analyze » → « Set scale » permet de faire correspondre la quantité de pixel
déterminée à une valeur réelle en mm.
Une fois la calibration effectuée, la fonction « Plugins » → « Treshold color » de la barre
d’outils est utilisée pour isoler les rosettes du reste de l’image. En effet, ce plugin permet de
séparer l’image de la rosette du fond de la photo selon 3 paramètres : la teinte, la saturation et
la luminosité. Ces trois paramètres vont être modifiés de façon à obtenir une image ne laissant
apparaitre que la couleur verte sur la photographie, permettant ainsi de délimiter l’image des
rosettes du reste de la photographie. La fonction « Threshold » va ensuite permettre de
convertir l’image en noir et blanc. L’outil « Wand tool » va enfin permettre de sélectionner le
contour de la rosette pour définir la surface foliaire à calculer. L’aire de la surface foliaire est
calculée à partir de la commande « Analyze » → « Measure ». Cette dernière étape permet
l’ouverture d’une nouvelle fenêtre contenant le résultat de la surface foliaire donné en mm²
(Figure 18).
26
Figure 19 : Images représentant les captures d’écran après seuillage, utilisation de la
commande « comp.connexes » et ouverture de la page de résultat lors de l’utilisation du
logiciel « Réseau_racinaire ».
MATERIEL ET METHODES
-
Suivi du réseau racinaire pour les plantes cultivées en rhizobox :
La croissance des racines n’a pu être étudiée que pour les plantes cultivées dans le
système rhizobox, car la transparence du plexiglas permet le suivi de ces dernières. Pour
estimer cette croissance, la longueur des racines principales est mesurée tous les jours entre J8
et J26 dans les 2 conditions de culture, témoins et stressées. Pour les racines latérales, ces
mesures sont effectuées lors de leur apparition à J17 et jusqu’à J26. Après 26 jours de culture,
les racines de certaines plantes atteignent le bas des systèmes de culture, empêchant le suivi
de la longueur des racines principales. De plus, la contrainte mécanique engendrée pouvant
entrainer un biais dans la croissance et le développement des racines, la mesure des racines
latérales est aussi arrêtée ce jour-là.
Afin de calculer la longueur des racines principales, le logiciel d’analyse d’images
« Réseau_racinaire », développé au laboratoire en fonction des paramètres que nous désirons
mesurer (stage de licence en informatique effectué par Manuel Vaury, 2010) est utilisé. Ce
logiciel a dans un premier temps été mis en place sur des scans de plantes cultivées en boite
de Pétri. Comme il n’était pas possible de scanner les rhizobox, nous avions pensé utiliser des
photographies du système racinaire prises au travers du plexiglas. Cependant, l’analyse des
photographies du réseau racinaire des plantes cultivées en rhizobox par le logiciel s’est avérée
impossible. En effet, le contraste entre les racines et la membrane de nylon est très faible, ce
qui empêche la détection des racines par le logiciel.
Pour pallier ce problème, les racines sont calquées tous les jours sur un transparent avec
un stylo blanc. Les transparents sont ensuite scannés et les images obtenues analysées par le
logiciel d’analyse d’images « Réseau_racinaire ». Dès l’ouverture du scan, le logiciel va
transformer l’image couleur en une image en niveaux de gris. Cette étape va permettre de
sélectionner le seuil de gris permettant de n’obtenir une image ne montrant que les racines
blanches sur un fond noir. Une fois cette étape effectuée, il est possible via la fonction
« Comp.connexes » de sélectionner individuellement les racines de chaque plante d’une
rhizobox. La fonction « Traitement » permet enfin de déterminer la longueur de la racine
principale, le nombre de racines latérales ainsi que leur longueur, pour chaque plante de
l’image (Figure 19).
27
MATERIEL ET METHODES
2.2.7.2 Suivi de paramètres liés à l’état hydrique des plantes
Deux paramètres nous permettent de suivre l’état hydrique des plantes : le contenu relatif
en eau (RWC = relative water content) et le potentiel osmotique des tissus. Ces paramètres
sont calculés sur 3 ou 5 plantes par condition selon les expériences.
-
Mesure du RWC (Relative Water Content ou contenu relatif en eau) :
La mesure du RWC permet de connaitre le contenu relatif en eau de la plante. Le calcul de
cette valeur nécessite la mesure de 3 paramètres : la masse fraiche (MF), la masse imbibée
(MI) et la masse sèche (MS). La masse fraîche est pesée immédiatement après la récolte, la
masse imbibée est mesurée après 24h d’immersion dans de l’eau distillée à 4°C et la masse
sèche (MS) est déterminée après 24h de séchage des rosettes dans un four à 80°C. Le RWC se
calcule en appliquant l’équation suivante RWC= 100 * (MF-MS)/(MI-MS). Ce paramètre a
été mesuré dans toutes les expérimentations réalisées. Cependant, le nombre de plantes
utilisées pour le déterminer peut varier en fonction de ces dernières. Il sera donc précisé pour
chaque expérimentation dans la partie résultat.
Détermination du Potentiel osmotique des plantes (π) et du Potentiel hydrique du
milieu de culture (Ψ).
Afin de déterminer le potentiel osmotique des feuilles, l’osmolalité du contenu cellulaire
-
est mesurée par un osmomètre (VAPRO 5520, Wescor). Pour chaque rosette, les liquides
physiologiques de 3 feuilles adultes ont été extraits sur des plantes récoltées en début d’aprèsmidi (15h). Pour ce faire, les tissus sont placés directement après récolte dans des seringues en
plastique de 2 mL et subissent 3 étapes successives de congélation/décongélation dans l’azote
liquide. Cette étape permet de casser les parois et les membranes cellulaires afin de libérer les
liquides cellulaires. Les seringues sont ensuite placées dans des tubes de 15 mL. Les tubes et
seringues sont centrifugés 10 min à 8000 rpm à 4°C, afin de récupérer le liquide
physiologique contenu dans les 3 feuilles. L’osmolalité de l’extrait est aussitôt mesurée à
l’aide de l’osmomètre. Le solvant de l’échantillon étant l’eau, l’osmolalité mesurée est égale à
l’osmolarité de l’échantillon. Le potentiel osmotique est déterminé à partir de l’osmolarité
grâce à l’équation de Van’t Hoff.
π = - R.T.(Osm)
où :
R = 8,314 (Constante des gaz parfait)
T = température en °K (20°C = 293,15°K)
Osm = Osmolarité (mosm.L-1)
28
MATERIEL ET METHODES
Ce paramètre a été mesuré dans toutes les expérimentations réalisées. Cependant, le
nombre de plantes utilisées pour le déterminer peut varier en fonction de ces dernières. Il sera
donc précisé pour chaque expérimentation dans la partie résultat.
Afin de déterminer le potentiel hydrique du milieu nutritif, un prélèvement de 15 mL est
effectué et l’osmolarité de l’échantillon est aussitôt mesurée à l’aide de l’osmomètre.
L’équation de Van’t Hoff ci-dessus est aussi utilisée pour calculer le potentiel hydrique de la
solution. En effet, le potentiel hydrique d’une solution est égal au potentiel osmotique de cette
dernière.
2.2.7.1 Suivi de l’allocation de la biomasse (rapport Root/Shoot)
Afin de déterminer la répartition de la biomasse entre le compartiment racinaire et le
compartiment aérien de la plante, le rapport R/S (Root/Shoot ou partie racinaire sur partie
aérienne) a été déterminée. Le calcul de ce rapport nécessite la détermination des masses de
matière sèche (après 24h à 80°C) des racines et des feuilles. Le rapport de la masse sèche des
parties racinaires sur la masse sèche des parties aériennes est ensuite calculé à partir des
mesures effectuées sur 5 plantes. Ce paramètre a été mesuré dans les expérimentations
« Campagne » et lors de l’étude du développement de la plante. Cependant, le nombre de
plantes utilisées pour le déterminer peut varier en fonction de ces dernières. Il sera donc
précisé pour chaque expérimentation dans la partie résultat.
2.2.7.2 Dosage des chlorophylles
Les chlorophylles sont extraites à partir d’un mélange de 3 feuilles jeunes et 3 feuilles
adultes par plantes. Les tissus sont dans un premier temps broyés dans l’azote liquide, puis
déshydratés par lyophilisation (48h à -30°C). La poudre obtenue est pesée et 3 mL d’acétone
80% sont ajoutés. L’extraction est réalisée toute une nuit à 4°C sous agitation douce. Les
débris cellulaires sont ensuite éliminés après une centrifugation de 7 min à 12000g à
température ambiante. L’absorbance de l’extrait est déterminée au spectrophotomètre à 663 et
645 nm qui sont les longueurs d’ondes les plus absorbées par la chlorophylle a (663 nm) et la
chlorophylle b (645 nm). La concentration en chlorophylles totales est calculée selon la
relation de Mackinney (Mackinney 1941).
Cchl. tot = (0,0127.DO663-0,00269.DO645) + (0,0229.DO645-0,00468.DO663)
Ce paramètre a été mesuré dans les expérimentations « Campagne » et lors de l’étude du
développement de la plante. Cependant, le nombre de plantes utilisées pour le déterminer peut
varier en fonction de ces dernières. Il sera donc précisé pour chaque expérimentation dans la
partie résultat.
29
MATERIEL ET METHODES
2.2.7.3 Dosage de quelques éléments minéraux de la plante
Le dosage de certains éléments minéraux permet de déterminer leur allocation dans les
parties aériennes ou dans la partie racinaire. Il renseigne également sur la capacité
d’absorption des racines selon les conditions de culture (présence d’un stress ou pas). Ainsi, la
teneur en ions calcium (Ca2+), magnésium (Mg2+), potassium (K+), fer (Fe2+, Fe3+) a été
évaluée par absorption atomique de flamme (modèle AA200, Perkin Elmer). Le dosage du
phosphore (P), lui, a été réalisé par ICP-OES (induced coupled plasma – optical emission
spectrometer) (modèle OPTIMA 2000 DV, Perkin Elmer). L’expérience a été menée sur les
plantes des Campagnes « stress » et « réhydratation ». Pour chaque condition, 5 échantillons
sont testés. Pour chaque échantillon, 3 mesures sont effectuées, chaque mesure étant la
moyenne de 50 mesures instantanées.
Les plantes utilisées sont séchées 24h à 80°C juste après récolte, puis broyées dans une
solution de HCl 0,5%. Le broyat est ensuite centrifugé 15 minutes à 8000g. Le surnageant est
filtré sur un filtre de 0,45 µm. C’est ce filtrat qui est utilisé pour le dosage. En fonction de la
quantité d’éléments présents dans le filtrat des différents échantillons, des dilutions peuvent
être effectuées afin de rester dans la gamme de sensibilité des appareils.
2.2.7.4 Dosage du nitrate de la plante
Cette expérience est effectuée sur le filtrat préparé pour le dosage des éléments (cf.
2.2.7.3). Elle est basée sur la réaction entre le nitrate et le salicylate de sodium qui produit du
paranitrosalicylate de sodium coloré en jaune pouvant être dosé en spectrophotocolorimétrie.
Dix mL de filtrat convenablement dilués sont alcalinisés avec 0,5 mL de solution S
(hydroxyde de sodium 40 % et tartrate double de sodium et potassium 6 %). Un mL de
salicylate de sodium 0,5 % est rajouté. L’ensemble est mis à 65°C pendant environ 15h, de
façon à évaporer la solution. Après refroidissement, le résidu est repris par 2 mL d’acide
sulfurique. Après 10 min, 15 mL d’eau ultrapure et 15 mL de solution S sont ajoutés,
permettant le développement de la couleur jaune. L’absorbance est mesurée au
spectrophotocolorimètre à 415 nm et la concentration en nitrate est estimée à l’aide d’une
droite d’étalonnage.
30
Tableau 3 : Liste des sondes utilisées pour l’élaboration des macroarrays avec leurs
annotations respectives dans genbank.
AtSTPs
Nom
Locus
AtSUCs
Nom
Locus
AtPLTs
Nom
Locus
AtSTP1 AT1G11260 AtSUC1 AT1G71880
AtPLT1
AT2G16120
AtSTP2 AT1G07340 AtSUC2 AT1G22710
AtPLT2
AT2G16130
AtSTP3 AT5G61520 AtSUC3 AT2G02860
AtPLT3
AT2G18480
AtSTP4 AT3G19930 AtSUC4 AT1G09960
AtPLT5
AT3G18830
AtSTP5 AT1G34580 AtSUC5 AT1G71890
AtPLT6
AT4G36670
AtSTP6 AT3G05960 AtSUC6 AT5G43610
AtSTP7 AT4G02050 AtSUC7 AT1G66570
AtSTP8 AT5G26250 AtSUC8 AT2G14670
AtSTP9 AT1G50310 AtSUC9 AT5G06170
AtSTP10 AT3G19940
Gènes de références
AtSTP11 AT5G23270
Nom
Locus
AtSTP12 AT4G21480
Actine 11
At3G12110
AtSTP13 AT5G26340
Histone H4
At2G28740
AtSTP14 AT1G77210
Ef1α
At5G60390.1
MATERIEL ET METHODES
2.2.7.5 Suivi de la conductance stomatique
La conductance stomatique est mesurée à l’aide d’un poromètre (Leaf Porometer model
SC-1, DECAGON DEVICE) tous les 2 jours, à partir de la première application du PEG. Les
mesures sont effectuées entre 9h30 et 11h sur les feuilles 8 et 10, de 5 plantes cultivées en
conditions témoins et 5 plantes cultivées en conditions stressées. La calibration de l’appareil
s’effectue une heure avant chaque expérimentation selon les instructions du fabricant.
L’expérience a été menée sur les plantes des Campagnes « stress » et « réhydratation ».
2.2.8 Méthodes d’analyse de l’expression des gènes
2.2.8.1 Extraction des ARN
Les ARN des feuilles et des racines (échantillons constitués d’un pool de plusieurs
plantes) sont extraits à partir de matériel congelé à -80°C suivant la méthode d’extraction au
REB (RNA Extraction Buffer : Tris HCl 25 mM, pH 8 ; EDTA 25 mM ; NaCl 75 mM ; SDS
1% v/w ; β-mercaptoethanol 1M) mise au point par Kay et collaborateurs (1987). Après
extraction, les ARN sont dosés au spectrophotomètre et leur qualité est vérifiée sur gel
d’agarose 2% après coloration au bromure d’éthidium (BET 0,5 µg.mL-1).
2.2.8.2 Analyse de l’expression par macroarray
- Elaboration des membranes de macroarray :
Des travaux réalisés précédemment au laboratoire ont permis la réalisation d’un filtre
thématique « transporteurs de sucre » (macroarray) comportant des séquences partielles
correspondant aux 14 gènes de transporteurs d’hexose de la famille des AtSTPs (AtSTP1 à
AtSTP14), aux 9 gènes de transporteurs de saccharose AtSUCs (AtSUC1 à AtSUC9) ainsi
qu’aux 5 gènes de transporteurs de polyol AtPLTs (AtPLT1, AtPLT2, AtPLT3, AtPLT5 et
AtPLT6) d’A. thaliana . Les séquences partielles sont utilisées afin d’éviter les hybridations
aspécifiques dues aux fortes homologies de séquence entre les gènes de transporteurs de sucre
(Afoufa-Bastien et al. 2010). De plus 3 gènes de référence, EF1 (AtEF1), l’Histone
(AtHISH4) et l’Actine (AtACT2) ont été déposés sur la membrane afin de pouvoir normaliser
les résultats d’expression. La liste complète des sondes utilisées pour les macroarrays avec
leurs annotations respectives dans genbank est rapportée sur le Tableau 3.
31
Figure 20 : Plan de dépôt des différentes sondes sur les membranes de macroarray
MATERIEL ET METHODES
Chacune des sondes déposées sur les macroarrays a été clonée dans un plasmide bactérien
pGemT-Easy (Promega). En vue de réaliser les macroarrays nécessaires à nos analyses. Les
sondes de chacun des gènes déposés sur le filtre ont été amplifiées en grande quantité. Pour ce
faire, les séquences partielles des gènes de transporteurs de sucre ainsi que les gènes de
référence, ont été amplifiés par PCR à partir des plasmides en utilisant des amorces
positionnées dans la région 3’UTR des gènes. Cinquante ng de sondes des gènes d’intérêt et
100 ng des sondes des gènes de ménage ont été ensuite déposés sur une membrane de nylon
(Amersham Hybond-N+, GE Healthcare) à l’aide d’un « dotter » (BIO-RAD BIO-DOT
Apparatus). Toutes les sondes ont été déposées en triple sur la membrane comme indiqué sur
la Figure 20. La membrane est ensuite placée 2 minutes dans une solution de dénaturation (1,5
M NaCl ; 0,5 M NaOH) afin de dénaturer les ADN déposés sur la membrane. Cette dernière
est ensuite déposée dans une solution de neutralisation (1,5 M NaCl ; 0,5 M Tris pH8)
pendant 30s, puis dans une solution de SSC 2x (0,3M NaCl ; 0,03 M Citrate trisodique ; pH
7). Les ADN sont ensuite fixés de façon covalente à la membrane par une exposition aux UV
pendant 1 minute à 0,120 J.cm-² à l’aide d’un cross-linker (Bio-Link, BLXE, E254). La
membrane est ensuite séchée puis conservée à 4°C dans un sac hermétiquement fermé jusqu’à
son utilisation.
- Préparation des ADNc radiomarqués :
Les ADNc radiomarqués sont synthétisés à partir des ARN totaux extraits. Dans un
premier temps les ARN vont subir un traitement DNase afin d’éliminer toute trace d’ADN
dans ces extraits. Ainsi, 10 µL de tampon RDD (QUIAGEN) et 2,5 µL de DNaseI
(QUIAGEN) sont ajoutés à une solution contenant maximum 100 µg d’ARN. Le volume du
mélange est ramené à 100 µL par ajout d’eau ultrapure puis incubé 30 min à 37°C. A la suite
du traitement DNase, la solution d’ARN obtenue est purifiée par le kit RNeasy kit (QIAGEN)
en suivant les instructions du fabricant.
Les ARN ainsi préparés sont ensuite rétrotranscrits. Pour se faire, 30 µg d’ARN sont
suspendus dans 20 µL d’eau ultrapure et 1 µL d’oligo dT 100 µM (16 thymines) sont ajoutés
à la solution. Le mélange est incubé 5 minutes à 70°C. Après l’incubation, 10 µL de tampon
MMLV 5x (PROMEGA), 5 µL d’un mix de dNTPs (0,5 mM dATP, dGTP, dTTP et 2,26 µM
dCTP), 4 µL de reverse transcriptase M-MLV 200 u/µL (PROMEGA) et 5 µL de [α-33P]dCTP 0,33 µM sont ajoutés et le mélange est incubé 2h à 37°C. La réaction de reverse
transcription est ensuite stoppée par 15 min d’incubation à 70°C et le mélange réactionnel est
transféré immédiatement dans la glace. Après rétro-transcription, les ARN sont dégradés par
32
Figure 21 : Image obtenue après exposition d’une membrane de macroarray sur un
écran PhosphoImager.
MATERIEL ET METHODES
l’ajout de 5 µL de Ribonucléase 2 u/µL (PROMEGA) et incubation pendant 30 min à 37°C.
Les ADNc radiomarqués sont alors purifiés sur colonne GR 50 IllustraTM ProbeQuantTM (GE
Healthcare). Les ADNc radiomarqués sont ensuite dénaturés 5 minutes à 100°C puis
incorporés au tampon Church (0,25 M Na2HPO4-NaH2PO4 pH 7,2 ; 1 mM Na2EDTA ; 7%
SDS (m/v) et 1% BSA (m/v)).
- Hybridation des membranes de macroarray :
Afin de saturer les sites aspécifiques des membranes de macroarray, ces dernières sont
pré-hybridées dans 20 mL de tampon Church (NaPO4 (pH 7,2) 0,25M ; SDS 7% (p/v) ;
Na2EDTA 1mM ; BSA 1% (p/v)) dans des tubes à vis pour hybridation, pendant 3h à 65°C
sous rotation lente. Au terme de la pré-hybridation, les membranes sont hybridées en présence
des ADNc radioactivement marqués, dans 20 mL de tampon Church à 65°C pendant toute une
nuit.
Après une nuit de préhybridation, les membranes sont lavées à 65°C, 2 fois 15 min avec
une solution de 2X SSC, 0,1X SDS, 2 fois 15 min avec une solution de 1X SSC, 0,1X SDS
puis 1 fois 15 min avec une solution de 1X SSC, 0,1X SDS. Les membranes sont ensuite
déposées sur un papier Whatman® préalablement imbibé de SSC 2x puis emballées
hermétiquement dans un sac plastique thermosoudé.
Les membranes sont enfin déposées dans des cassettes et sur un écran PhosphoImager
(Storage Phosphor Screen ; Molecular Dynamics) pendant 96h. Les écrans exposés sont
ensuite révélés par un scanner (Scanner Typhoon, GE Healthcare ; Figure 21). L’intensité des
spots est analysée à l’aide du logiciel ImageQuantTL 7.0 (GE Healthcare). Les données sont
ensuite analysées dans un tableur Excel qui permettra de normaliser les intensités des spots
des gènes d’intérêt en fonction de l’intensité des spots des 3 gènes de références utilisés sur
les membranes (EF1α, ACT2 et HISH4).
2.2.8.3 Analyse de l’expression des gènes par RT-qPCR
L’analyse de l’expression de gènes par PCR en temps réel est réalisée selon la méthode
utilisant le réactif SYBRGreen. Le SYBRGreen est un agent intercalant qui émet de la
fluorescence lorsqu’il est lié à un fragment d’ADN double brin. Pendant une réaction PCR,
l’intensité de la fluorescence est directement proportionnelle à la quantité d’amplicons
générés. Ainsi, la mesure de fluorescence à chaque cycle permet le suivi de l’amplification en
temps réel. Les résultats obtenus sont les nombres de cycles (Cycle threshold, Ct) nécessaires
pour que la fluorescence émise par les amplicons atteigne un signal seuil déterminé par le
logiciel.
33
Tableau 4 : Séquences des amorces utilisées pour l’amplification des gènes par RTqPCR
Nom des
gènes
At5g12240
AtSUC1
AtSUC2
AtSUC5
AtSTP13
AtPLT6
AtRD29
AtTIP1,2
Amorce sens
Amorce antisens
AATATCGCTTTGCAGCTTCTG
TATGCCGCTGGTTCGTACACT
ATCTAGCCATTGTCGTCCCTC
GTGCGTCCGGAGGCGGTGAA
TATGGGACCGCCAAGATTAAA
GGAGGCGTGTTGGAAGAA
GAAAGGAGGAGGAGGAATGGTT
CAAGAACGGTAGTCTCGGAACA
GATTTTGCAAGGCTTTCGAG
GAACAAAGGAACGCTTGA
AGAGAGCCAAACAACCAC
GGACGCTCAATTCGGCGG
AAGCTCCGACCGTTAGAAGAA
TGGTGAAGGAGTGTGGAA
GGAGCCAAGTGATTGTGGAGA
GACCAGCCCAGTAAACCCAGT
MATERIEL ET METHODES
Un gène de référence (At5g12240), de fonction inconnue, dont l’expression est constante
lors d’un stress hydrique (Czechowski et al. 2005), est utilisé pour normaliser l’expression des
gènes d’intérêt. Le Ct obtenu pour ce gène est systématiquement soustraits aux Ct obtenus
pour les gènes étudiés permettant d’obtenir une valeur de delta de Ct (ΔCt). Le ΔCt obtenu
pour chaque gène étudié est comparé dans les différentes conditions testées.
De plus, pour comparer les modifications du transcriptome dans nos conditions de stress
hydrique avec celle d’autres études sur le même stress, des gènes dont l’expression est
modifiée lors d’un stress ont été sélectionnés dans la littérature. Ainsi l’expression des gènes
RD29a , dont l’expression est systématiquement induite en condition de stress hydrique
(Alexanderson et al. 2005 ; Msanne et al. 2011), et TIP1,2, connu pour avoir une expression
fortement réprimée en stress hydrique (Hundertmark and Hincha 2008), sera suivie pour
chacune de nos expérimentations. Ces 2 gènes servent de contrôle de stress pour toutes les
analyses en RT-qPCR de chacune de nos expérimentations.
Les PCR sont réalisées à partir des ADNC synthétisés à partir des ARN totaux extraits des
racines ou des feuilles de plantes soumises à différentes expérimentations. En vue de réaliser
la synthèse de ADNc à partir de ces ARN extraits et afin d’éliminer toute trace d’ADN (en
vue des études d’expression), ceux-ci sont traités avec la DNase RQ1 (Promega) pendant 30
minutes à 37°C. Les ARN sont ensuite rétrotranscrits en utilisant une réverse transcriptase
(M-MLV, Promega) selon les instructions du fabricant.
Les amorces utilisées sont sélectionnées pour une température d’hybridation de 60°C, une
composition en GC proche de 50% et une longueur d’environ 20 nucléotides (Tableau 4). Le
mélange réactionnel (20 µL) contient 10 µL de SYBRGreen (Power SYBR®Green, Applied
Biosystem), 0,2 µL de chacune des amorces 10 mM, 5 µL de matrice ADNc. Le programme
d’amplification comprend une première étape de dénaturation (10 min à 95°C), 40 cycles
d’amplification (15s à 95°C, 1 min à 60°C). A la fin des 41 cycles d’amplification, une
augmentation progressive de la température de 60°C à 95°C est réalisée par palier de 0,1°C
pour déterminer la courbe de fusion du produit d’amplification. Le profil de la courbe permet
de vérifier la présence d’un seul produit d’amplification et donc la spécificité des amorces
utilisées. Pour chaque réaction, 3 réplicats techniques sont réalisés. Les réactions
d’amplifications sont réalisées à l’aide d’un thermocycleur Realplex² (Eppendorf).
L’analyse des résultats est effectuée par le logiciel Mastercycler® ep realplex (Eppendorf).
Les données obtenues sont les valeurs de Ct pour chacun des gènes étudiés. L’analyse des
résultats est réalisée à l’aide du logiciel Excel, selon la méthode de quantification relative décrite
34
Figure 22 : Schéma des différentes étapes de l’élaboration des colonnes de purification
des extraits de sucres solubles.
MATERIEL ET METHODES
par Livak et Schmittgen (2001). Dans un premier temps la moyenne des Ct des 3 réplicats
techniques est calculée pour le gène cible et pour le gène de référence pour obtenir ensuite le
ΔCt de chaque gène cible étudié. La quantité relative du transcrit est calculée comme 2-ΔCt.
Pour effectuer une quantification relative qui met en relation l’expression du gène cible dans
deux conditions (témoin et stressé), un ΔΔCt (ΔCtSt-ΔCtTm) est calculé et l’expression relative
est exprimée comme 2-ΔΔCt.
2.2.9 Méthodes d’analyse biochimique
2.2.9.1 Dosage de sucres solubles
Les sucres solubles sont extraits à partir de matériel végétal congelé dans l’azote liquide et
stocké à -80°C. Les tissus (racines, feuilles, hampes florales ou siliques) sont dans un premier
temps déshydratés par lyophilisation (48h à -30°C). L’extraction est ensuite réalisée sur 50
mg de tissu lyophilisé en suivant le protocole d’extraction au Méthanol-Chloroforme-Eau (125-3 v/v/v) décrit par Dickson (1979). Après extraction, la solution aqueuse contenant les
sucres est prélevée afin d’être purifié, et 10 mL d’éthanol 80% est ajouté au culot afin de
doser l’amidon ultérieurement.
La purification des extraits glucidiques est réalisée sur des cartouches de purification
ionique fabriquées au laboratoire. Ces cartouches sont élaborées à partir d’une résine
anionique (AG1*8 100-200 mesh, forme HCO3-), d’une résine cationique (DOWEX 50W
*8 400 Mesh forme H+), et de PVPP (protocole INRA Clermont-Ferrand). La purification de
ces extraits permet d’éliminer les composés polaires (acides aminés ou sucres-phosphate) et
les pigments. Cette purification permet de mieux séparer les différents sucres lors de l’analyse
HPLC. La résine anionique, achetée sous forme acétate, est passée sous forme carbonate par
3h d’incubation sous agitation dans une solution de Na2CO3 1M. Les résines ainsi que le
PVPP sont ensuite lavées 3 fois avec de l’eau ultrapure avant d’être déposées dans les
cartouches. La Figure 22 décrit les étapes de la fabrication de ces colonnes de purification.
Les extraits glucidiques, préalablement ramenés à un volume de 1 mL par évaporation
sous vide 5h à 30°C (MiVac Quatro concentrator, GeneVac), sont déposés sur la colonne de
purification qui sera ensuite rincée avec 1 mL d’eau ultrapure. Les 2 mL ainsi purifiés, sont
enfin ramené à un volume de 1 mL par évaporation sous vide 2h à 30°C. La séparation des
sucres est réalisée par méthode isocratique (eau ; 0,6 mL.min-1 ; 85°C.) sur une colonne
Aminex HPX-87C (300 X 7,8 mm ; BIO-RAD) qui combine les mécanismes des
chromatographies d’exclusion et d’échange d’ions. Les molécules sont détectées à l’aide d’un
35
Figure 23 : Schéma du système de culture des plantes utilisé pour l’absorption du
saccharose radiomarqué.
MATERIEL ET METHODES
refractomètre différentiel IOTA2 (Refractive Index detector 475, Kontron Instruments). La
concentration pour chacun des sucres présents dans l’échantillon dosé est déterminée à partir
de courbe étalons (absorbance = f (concentration)) réalisées pour chacun des sucres et
stockées dans le logiciel d’analyse (TOTAL CHROME, Perkin Elmer). Les différentes
dilutions réalisées sont prises en compte pour exprimer le contenu en sucre de l’échantillon en
µmol sucre par g masse sèche.
2.2.9.2 Dosage de l’amidon
Les culots obtenus après extraction des sucres solubles sont utilisés pour extraire
l’amidon. Dans un premier temps, 5 mL d’eau ultrapure sont ajoutés au culot d’amidon
obtenu, et le mélange est vigoureusement agité afin d’obtenir une solution assez homogène.
La préparation des échantillons est réalisée selon le protocole de Smith et Zeeman (2005). Le
dosage de l’amidon s’effectue ensuite sur 0,5 mL à l’aide du kit ‘Starch Assay Reagent, HK’
(SIGMA SA20-1KT). L’amidon est dans un premier temps clivé en glucose par
l’amyloglucosidase. Le glucose produit est ensuite phosphorylé en glucose-6-phosphate par
l’hexokinase en présence d’ATP. Une dernière enzyme, la glucose-6-phosphatedeshydrogénase va enfin oxyder le glucose-6-phosphate en présence de NADP+ qui est réduit
en NADPH. L’absorbance du NADPH est ensuite mesurée au spectrophotomètre à 340 nm et
est divisée par le quotient d’extinction molaire du NADPH (ɛ = 6,22). La teneur en amidon
des échantillons est calculée selon l’équation donnée par Smith et Zeeman (2006) :
-1
[Amidon] mg.gMS = 162 X
Absorbance (340 nm)/6,22
Volume d’incubation de
l’échantillon (0,1 ml)
10
X
Masse sèche de
l’échantillon (g)
2.2.10 Etude du transport de [U-14C]-saccharose
- Mise en place des plantes étudiées :
Chaque plante est placée dans un tube Falcon® contenant 50 mL du milieu de culture, le
bouchon ayant été percé pour introduire le porte-graine (Figure 23). Les plantes sont
acclimatées la veille de l’expérience dans une enceinte en plexiglass avec un éclairage
artificiel (80 µmol.m-2.s-1), à température ambiante.
- Préparation de la solution de [U-14C] -saccharose :
Le [U-14C]-saccharose (Perkin Elmer) est en solution dans un mélange éthanol/eau (9/1).
La veille de l’expérience, pour chaque plante, 5 µL soit 18,5 kBq de cette solution sont évaporés
36
MATERIEL ET METHODES
pendant la nuit sous une hotte à flux laminaire. Après évaporation, juste avant l’expérience, le
[U-14C]-saccharose est dissous dans 2 µL de tampon MES (10 mM, pH 5,5).
- Transport du [U-14C] -saccharose :
Sur chaque plante, une feuille adulte est choisie. Cette feuille est légèrement abrasée sur
une portion de la face supérieure, à l’aide de particules de carborundum de 60 µm (Prolabo).
Deux µL de [U-14C]-saccharose sont déposés sur cette zone. Après 5h d’absorption, les
plantes sont récoltées.
- Récolte des plantes :
A la récolte, la feuille sur laquelle a été déposé le saccharose radioactif, est isolée du reste
de la rosette. De même les différents organes de la plantes sont séparés les uns des autres. Les
racines sont séchées sur papier absorbant puis tous les organes sont placés sur une feuille de
papier Whatman® et recouverts d’un film transparent. L’ensemble est placé entre 2 plaques
d’acier préalablement refroidies à -80°C. Toutes ces opérations doivent être effectuées le plus
rapidement possible afin d’éviter la redistribution du traceur radioactif dans les tissus après la
récolte. Les plantes sont ensuite lyophilisées 1 semaine.
- Autoradiographie :
Après lyophilisation, dans le but de visualiser la répartition du marquage au sein des
plantes, celles-ci sont placées dans des cassettes d’exposition avec un écran de
PhosphorImager (Storage Phosphor Screen ; Molecular Dynamics). Après une semaine
d’exposition, le marquage est révélé, à une résolution de 50 micromètres, par un scanner
(Scanner Typhoon, GE Healthcare).
- Quantification de la radioactivité :
Afin de mesurer la radioactivité dans les différents tissus, ils sont découpés, pesés et
digérés par un mélange acide perchlorique/eau oxygénée/Triton X100 0,1% (56/17/27)
pendant 24h à 55°C (Girousse et al. 2003). Un facteur de proportion est gardé entre la masse
sèche des échantillons (20 mg maximum) et le volume du milieu de digestion (150 µL). Puis
4 mL de scintillant (EcoliteTM) sont ajoutés au milieu de digestion. La radioactivité dans le
milieu de culture a également été mesurée : 250 µL de milieu sont prélevés auxquels sont ajoutés
4 mL de scintillant (EcoliteTM). La radioactivité contenue dans les différents tissus et dans le
milieu de culture peut ainsi être évaluée par un compteur à scintillation liquide (Tri-Carb
2910TR, Perkin Elmer).
37
MATERIEL ET METHODES
2.2.11 Analyses statistiques
L’analyse statistique des résultats a été effectuée à l’aide du logiciel SigmaStat 3.5. Le test
statistique effectué est choisi en fonction du nombre de données obtenues pour chaque
expérimentation. Ainsi lorsque le nombre de données est supérieur à 30, un t-test de Student
est réalisé. En revanche, lorsque le nombre de donnée est compris entre 5 et 30, un u-test de
Mann et Witney est utilisé. Aucun test statistique n’a en revanche été réalisé pour un nombre
d’échantillon inférieur à 5. Un test d’analyse de la variance (ANOVA) à un facteur, a aussi été
utilisé pour l’analyse des résultats de dosage des chlorophylles au cours du développement.
38
RESULTATS ET DISCUSSION
3 RESULTATS ET DISCUSSION
39
Figure 24 : Schéma de la disposition des 4 systèmes de culture en hydroponie dans le
phytotron. Les 4 systèmes de culture d’hydroponie A, B, C et D sont disposés sur l’étagère
médiane gauche du phytotron. Un système d’hydroponie est composé d’un bac-réservoir (A0,
B0, C0 ou D0) relié à 4 bacs Araponics (noté par exemple pour le système A : AI, AII, AIII et
AIV), eux-mêmes reliés en série.
RESULTATS ET DISCUSSION
3.1
Mise en place de la culture en hydroponie
La mise en place de la culture en hydroponie a été réalisée sur l’écotype C24 d’A. thaliana
au cours de l’expérimentation nommée « Campagne mise en place hydroponie ». Ce travail
devait initialement être mené sur l’écotype Col-0. Cependant, une mauvaise annotation des
tubes de graines stock a entrainé une inversion entre les graines de l’écotype Col-0 et les
graines de l’écotype C24. Cette erreur n’a été mise en évidence qu’après le semis des plantes
utilisées lors des expérimentations « Campagne mise en place hydroponie» et « Essai stress
C24 ».
La « Campagne mise en place hydroponie » a été menée afin de contrôler les conditions
de culture des plantes au cours de leur développement. Ce contrôle était nécessaire aussi bien
au niveau du phytotron, remis en fonctionnement après une longue période d’inactivité, qu’au
niveau du système de culture hydroponique nouvellement mis en place au laboratoire. De ce
fait, l’erreur concernant l’écotype utilisé pour cette première expérimentation a été de faible
conséquence pour la suite de ce travail de thèse. Cette expérimentation a été réalisée à l’aide
de 4 systèmes d’hydroponie notés A, B, C et D, disposés comme indiqué sur le schéma de la
Figure 24. Les 4 bacs Araponics sont numérotés I, pour le premier bac à recevoir le milieu de
culture, puis II, III et IV par ordre de remplissage des différents bacs. Les 4 bacs-réservoirs
contenant le milieu de culture sont, quant à eux, appelés A0, B0, C0 et D0.
3.1.1 Mesure de paramètres physiques de la chambre de culture et du milieu de
culture
3.1.1.1 Suivi de la température et de l’humidité dans le phytotron
Le suivi de la température et de l’humidité du phytotron a été effectué par un enregistreur
d’humidité relative et de température au cours de la journée et de la nuit (Datalogger
ECOLOG TH1, ELPROG). Ce suivi a été effectué afin de vérifier si le phytotron, remis en
fonctionnement après une longue période d’inactivité, régulait ces deux paramètres
correctement. Ces mesures ont permis de montrer que la température est maintenue à 23°C
pendant la journée et à 18°C au cours de la nuit. L’humidité relative enregistrée par l’appareil
a permis de déterminer une valeur de 50% le jour et de 70% la nuit, comme ce qui était
attendu. Ces données permettent de conclure au bon fonctionnement du phytotron après sa
remise en marche.
3.1.1.2 Suivi du PAR dans le phytotron
La mesure du PAR (photosynthetically active radiation) a été effectuée par un photomètre
(LI-250A light meter LI-COR) à l’intérieur du phytotron, au niveau des systèmes de culture
40
Figure 25 : Schéma de la disposition des 4 systèmes d’hydroponie sur l’étagère du
phytotron avec les valeurs de PAR en µmol.m-2.s-1, mesurées au niveau des plantes au
milieu de chaque système de culture.
Figure 26 : Schéma du bloc de culture en hydroponie A avec les valeurs de PAR en
µmol.m-2.s-1, mesurées au niveau l’étagère du phytotron, aux 4 coins du système de
culture ainsi qu’au centre du système de culture.
Tableau 5 : Valeurs des températures du milieu de culture mesurées dans les bacsréservoirs A0, B0, C0 et D0 toutes les 2h, de 9h à 19h (photopériode jour de 10h) au cours
d’une journée de culture.
Heures de
mesure
9h
11h
13h
15h
17h
19h
Bac A0
Bac B0
Bac C0
Bac D0
19,5
21,5
22,5
23
23
23
20
22
23
24
24
24
20
22
23
24
24
24
20
22
23
24
24
24
RESULTATS ET DISCUSSION
d’hydroponie. Les mesures de PAR ont, dans un premier temps, été effectuées au centre des
systèmes A, B, C et D, au niveau des plantes comme indiqué sur la Figue 25. Les résultats
montrent que les valeurs de PAR sont comprises entre 74,04 et 88,97 µmol.m-2.s-1. Ces
valeurs mesurées au niveau des différents blocs correspondent à une valeur de luminosité
modérée (80 µmol.m-2.s-1) permettant cependant une bonne croissance des plantes d’A.
thaliana (Tikkanen et al. 2006).
Les valeurs de PAR ont aussi été mesurées au niveau de l’étagère du phytotron autour du
système de culture en hydroponie A. La Figure 26 représente les valeurs de PAR mesurées au
niveau de l’étagère, aux 4 angles du système de culture ainsi qu’au milieu de celui-ci. Les
valeurs indiquent que le PAR mesuré aux quatre coins du bloc est beaucoup plus faible (entre
31 µmol.m-2.s-1 et 66 µmol.m-2.s-1) qu’au centre de ce dernier (74 µmol.m-2.s-1) mais au
niveau des plantes. Ce résultat est vraisemblablement dû à la géométrie de la chambre de
culture. Afin de limiter l’influence de cette différence de PAR sur la croissance des plantes,
une rotation des plateaux des 4 bacs Araponics (par exemple AI, AII, AIII et AIV) de chaque
système d’hydroponie (A, B, C et D) est effectuée tout au long de l’expérimentation.
3.1.1.3 Mesure de la température du milieu nutritif
Dans un premier temps, les températures du milieu de culture des bacs A I à AIV ainsi que
du bac-réservoir A0 ont été mesurées au moment de l’allumage des lampes de la chambre de
culture, correspondant au passage de la température de nuit (18°C) à la température de jour
(23°C). La température du milieu nutritif mesurée dans les bacs A I, AII, AIII et AIV et dans le
bac-réservoir A0 à ce moment-là est de 19,5°C. Ces résultats montrent que la température du
milieu de culture des quatre bacs Araponics (AI, II, III et IV) ainsi que du bac-réservoir A0 sont
identiques. Etant donné que la température du milieu de culture est la même dans les 5
compartiments du système d’hydroponie (AI, II, III, IV et A0), pour la suite des expérimentations
la température n’a été mesurée que dans les 4 bacs-réservoirs.
Afin de savoir si la température du milieu nutritif varie dans les 4 bacs-réservoirs (A0, B0,
C0 et D0) au cours d’une journée de culture, celle-ci a été mesurée toutes les 2 heures au cours
de la photopériode de 10h appliquée (9h à 19h). Les résultats montrent une augmentation de
la température des différents milieux de culture de 9h à 15h. En effet, la température moyenne
des bacs-réservoirs à 9h du matin est de 20°C et à 15h celle-ci a atteint 24°C (Tableau 5).
L’élévation de la température observée au niveau du milieu de culture est due à
l’augmentation de la température de l’air. La température du milieu de culture se stabilise à
41
Tableau 6 : Valeurs de pH du milieu de culture mesurées dans les bacs-réservoirs A0, B0,
C0 et D0, et dans chaque bac Araponics (AI, II, III et IV, BI, II, III et IV, CI, II ,III et IV et DI, II ,III et
IV) après 14 jours de semis (J14).
Milieu
mesuré
pH
Bac-réservoir
A0
Milieu
mesuré
Bac-réservoir
6,1
Milieu
pH
mesuré
Bac-réservoir
6,1
B0
pH
Milieu
mesuré
pH
Bac-réservoir
6,1
C0
D0
6,1
Bac AI
6,1
Bac BI
6,1
Bac CI
6,1
Bac DI
6,1
Bac AII
6,1
Bac BII
6,1
Bac CII
6,1
Bac DII
6,1
Bac AIII
6,1
Bac BIII
6
Bac CIII
6,1
Bac DIII
6,1
Bac AIV
6,1
Bac BIV
6,1
Bac CIV
6,1
Bac DIV
6,1
Milieu Témoin
5,9
Tableau 7 : Valeurs de pH du milieu de culture mesurées dans les bacs-réservoirs A0, B0,
C0 et D0 à J14, J21, J28, J35 et J42 après semis.
Jours
pH du
après
milieu
semis
témoin
14
pH du bac-
pH du bac-
pH du bac-
pH du bac-
réservoir A0
réservoir B0
réservoir C0
réservoir D0
5,9
6,1
6,1
6,1
6,1
21
5,7
6,4
6,5
6,4
6,4
28
5,6
6,4
6,4
6,4
6,4
35
5,9
6,3
6,4
6,2
6,2
42
5,7
6,5
6,6
6,5
6,3
RESULTATS ET DISCUSSION
une température de 23°C pour le milieu de culture du bac-réservoir A0 et de 24°C pour les
autres bacs-réservoirs entre 15h et 19h (Tableau 5).
3.1.1.4 Mesure du pH du milieu nutritif
Le pH du milieu de culture est un paramètre important car le milieu de culture est en
contact direct avec les racines. Au niveau de la rhizosphère, des travaux indiquent que le pH
influence l’absorption de certains éléments nutritifs comme le Fe, Zn, Mn ou P (Walter et al.
2009). Il a aussi été montré que des variations de pH peuvent avoir un impact sur l’effet
toxique de certains ions. Une étude réalisée par Degenhardt et collaborateurs (1998) met ainsi
en évidence une toxicité plus forte de l’ion aluminium chez des plantes d’A. thaliana cultivées
dans un milieu acide.
Aussi, afin de vérifier les conditions de pH dans notre système de culture, la mesure de ce
paramètre est réalisée sur le milieu nutritif fraichement préparé. Une autre mesure est réalisée
dans le milieu après une semaine de culture des plantes et juste avant le changement de
milieu.
Dans un premier temps, le pH du milieu de culture de chaque bac Araponics (AI, II, III et IV,
BI, II, III et IV, CI, II ,III et IV et DI, II ,III et IV aussi notés XI, II, III et VI où X = A, B, C ou D), ainsi que
des bacs-réservoirs (A0, B0, C0 et D0 aussi notés X0 où X = A, B, C ou D) a été mesuré 14
jours après le semis (J14), période qui correspond à la sortie des premières racines à travers le
porte-graine. Le pH mesuré dans le milieu nutritif frais (milieu témoin) est de 5,9 unités pH
(Tableau 6), ce qui correspond à la valeur de pH attendu pour la solution nutritive que nous
utilisons (Gibeaut et al. 1997). Le pH du milieu nutritif mesuré dans tous les bacs Araponics
(XI, II, III et IV) et dans les bacs-réservoirs (X0) est assez similaire et oscille entre 6 et 6,1 unités
pH (Tableau 6). Pour la suite de l’expérimentation, le pH sera mesuré uniquement dans les 4
bacs-réservoirs (X0).
Les valeurs de pH ont été mesurées avant chaque changement de milieu de culture dans
les 4 bacs-réservoirs (X0). Les mesures ont débuté 14 jours après le semis (apparition des
racines) et ont été effectuées une fois par semaine, jusqu’à J42 (fin de l’expérimentation), afin
de suivre l’évolution de pH du milieu nutritif tout au long du développement des plantes. Le
Tableau 7 indique le pH mesuré dans les 4 bacs-réservoirs (X0), et pour chaque jour de
mesure (J14, J21, J28, J35 et J42).
42
Tableau 8 : Valeurs de potentiel hydrique (Ψ) du milieu de culture dans les différents
bacs Araponics (AI, II, III et IV, BI, II, III et IV, CI, II ,III et IV et DI, II ,III et IV) et bacs-réservoirs
(A0, B0, C0 et D0) après 14 jours de semis (J14).
Ψ
Milieu
(MPa)
mesuré
-0,06 Bac B0
Ψ
Milieu
(MPa)
mesuré
-0,06 Bac C0
Ψ
Milieu
(MPa)
mesuré
-0,06 Bac D0
Bac AI
-0,06 Bac BI
-0,05 Bac CI
-0,06 Bac D1
-0,07
Bac AII
-0,06 Bac BII
-0,06 Bac CII
-0,07 Bac D2
-0,06
Bac AIII
-0,06 Bac BIII
-0,06 Bac CIII
-0,06 Bac D3
-0,07
Bac AIV
-0,05 Bac BIV
-0,07 Bac CIV
-0,07 Bac D4
-0,07
Milieu
mesuré
Bac A0
Milieu Tm
-0,08
Ψ
(MPa)
-0,07
RESULTATS ET DISCUSSION
Les résultats montrent dans un premier temps de légères variations de la valeur du pH (de
5,6 à 5,9 unités pH) pour les milieux nutritifs préparés en début de chaque semaine (J 14, J21,
J28, J35 et J42) au cours de l’expérimentation. Le pH n’étant pas ajusté lors des préparations du
milieu nutritif, ces variations pourraient s’expliquer par les variations de pH de l’eau utilisée.
En effet, l’eau utilisée est de l’eau osmosée, ayant par conséquent des variations de pH plus
importantes que l’eau du robinet.
Pour tous les jours de mesures considérés (J14, J21, J28, J35 et J42), les valeurs de pH
mesurées dans les 4 bacs-réservoirs (X0) restent proches entre elles. Par exemple, à J21 les
valeurs de pH pour les bacs-réservoirs A0, B0, C0 et D0 sont respectivement de 6,4 ; 6,5 ; 6,4
et 6,4 (Tableau 7). La mesure du pH, après une semaine de culture des plantes, révèle une
alcalinisation du milieu nutritif par rapport au pH du milieu nutritif frais. Cette augmentation
du pH est faible après 14 jours de culture (+0,2 unités pH) mais devient plus importante à
partir de J21 et jusqu’à J42 (en moyenne +0,7 unités pH / pH du milieu frais à J21 ; et +0,8
unités pH / pH du milieu frais à J42 ; Tableau 7).
3.1.1.5 Suivi du potentiel hydrique (Ψ) du milieu nutritif
Le relargage éventuel de composés par les racines dans le milieu nutritif peut entrainer,
une variation du potentiel hydrique de celui-ci, entre 2 changements de milieu de culture
(Badri and Vivanco 2009). Dans le but de déterminer si ce paramètre varie au sein du système
de culture d’hydroponie, le potentiel hydrique du milieu de culture a été calculé à partir de la
mesure de l’osmolarité et en appliquant l’équation de Van’t Hoff (cf § n°2.2.7.2).
Tout comme pour les mesures de pH, une première mesure de potentiel hydrique du
milieu de culture a été effectuée après 14 jours de culture, sur les bacs-réservoirs (X0) et les 4
bacs Araponics (XI, II,
III, IV),
ainsi que dans le milieu nutritif fraichement préparé. Le
potentiel hydrique calculé pour le milieu de culture frais est de -0,08 MPa. Concernant le
milieu nutritif contenu dans les bacs Araponics (XI, II,
III
et
IV)
et les bacs-réservoirs (X0), les
valeurs de potentiel hydrique calculées oscillent entre -0,05 MPa et -0,07 MPa (Tableau 8).
Ces résultats montrent que le potentiel hydrique du milieu nutritif des 4 bacs Araponics de
chaque système d’hydroponie, ainsi que leur bac-réservoir respectif, est très proche de celui
du milieu témoin. De plus, il est à noter que les valeurs de potentiel hydrique sont très
homogènes dans les différents bacs XI, II,
III
et
IV
du système d’hydroponie quel que soit le
système considéré (A, B, C ou D ; Tableau 8). Aussi, pour la suite de l’expérimentation, le
potentiel osmotique sera déterminé uniquement dans les bacs-réservoirs (A0, B0, C0 et D0).
43
Tableau 9 : Valeurs de potentiel hydrique (Ψ) du milieu de culture mesurées dans les
bacs-réservoirs A0, B0, C0 et D0 à J14, J21, J28, J35 et J42 après semis et dans le milieu frais.
Ψ du
Ψ du bacΨ du bacΨ du bacΨ du bacJours
après milieu frais réservoir A réservoir B réservoir C réservoir D
semis
(MPa)
(MPa)
(MPa)
(MPa)
(MPa)
-0,08
-0,06
-0,06
-0,06
-0,07
14
-0,10
-0,09
-0,09
-0,09
-0,09
21
-0,06
-0,11
-0,10
-0,10
-0,10
28
-0,10
-0,09
-0,07
-0,07
-0,09
35
-0,09
-0,05
-0,05
-0,04
-0,05
42
RESULTATS ET DISCUSSION
Les valeurs du potentiel hydrique, pour les milieux nutritifs contenus dans les 4 bacsréservoirs (A0, B0, C0 et D0), ont été mesurées une fois par semaine avant le changement de
milieu, à partir de 14 jours après semis (apparition des premières racines) jusqu’à la fin de
l’expérimentation à J42. Le Tableau 9 montre que les valeurs de potentiel osmotique
déterminées dans les quatre bacs-réservoirs A0, B0, C0 et D0 restent très homogènes pour un
jour de mesure donné. Par exemple pour le prélèvement à J 28 les valeurs de potentiel hydrique
du milieu nutritif dans les bacs-réservoirs sont comprises entre -0,11 MPa et -0,10 MPa.
Cependant, de faibles variations des valeurs du potentiel hydrique (entre -0,04 MPa et -0,1
MPa) sont observables dans les 4 bacs-réservoirs (A0, B0, C0 et D0) lors les différents jours de
mesures (J14, J21, J28, J35 et J42 ; Tableau 9).
3.1.1.6 Discussion
Afin de contrôler les conditions de culture de plantes d’A. thaliana (C24) au cours de leur
développement dans le phytotron et dans chaque système de culture en hydroponie, quelques
paramètres physiques du phytotron et du milieu nutritif ont été mesurés.
L’ensemble des valeurs des paramètres physiques mesurés indique un bon maintien de la
température et de l’humidité par le phytotron tout au long de la journée et de la nuit. Le PAR
mesuré au centre des systèmes de culture est assez proche pour les quatre systèmes
d’hydroponie utilisés (A, B, C et D). Les valeurs de PAR, autour de 80 µmol.m -2.s-1, sont
suffisantes pour la croissance et le développement des plantes comme l’indique le suivi des
plantes au cours l’expérimentation appelé « Campagne mise en place hydroponie ». Bien qu’il
ait été montré que le développement optimal d’A. thaliana avait lieu pour une intensité
lumineuse comprise entre 100 et 150 µmol.m-2.s-1, sa croissance est cependant maintenue
pour une valeur de 80 µmol.m-2.s-1 (Tikkanen et al. 2006). En revanche, au sein d’un même
système de culture (A, B, C ou D), les valeurs de PAR retrouvées peuvent varier de façon
assez importante. C’est la raison pour laquelle, une rotation des bacs Araponics a été réalisée
une fois par semaine tout au long de l’expérimentation, afin d’homogénéiser la quantité de
lumière reçue par les plantes tout au long de leur développement.
Pour ce qui est des paramètres physiques du milieu de culture, une augmentation de la
température des milieux nutritifs est observée jusqu’au milieu de journée (de 9h à 15h). Cette
augmentation suit celle de la température ambiante du phytotron. Cependant nos mesures
montrent que la température du milieu de culture des différents systèmes est très légèrement
supérieure à la température ambiante dans le phytotron. Ce résultat peut s’expliquer par la chaleur
44
RESULTATS ET DISCUSSION
apportée par la pompe électrique et qui permet la circulation du milieu de culture dans le
système. De plus, les bacs-réservoirs sont composés de boîtes en plastique grises fermées par
un couvercle de couleur noire. Ces paramètres peuvent contribuer à maintenir une température
légèrement plus élevée dans le milieu de culture que dans l’atmosphère ambiante du
phytotron. Il est à noter que cette variation de température reste néanmoins très proche de
celle observée dans les premières couches du sol. En effet, sur les 5 premiers centimètres d’un
sol, les racines vont subir une variation de température d’environ 5°C entre le jour et la nuit
(Walter et al. 2009).
De plus, les températures du milieu de culture mesurées dans nos conditions restent dans
la gamme de températures utilisées en laboratoire pour la culture d’A. thaliana, comprises
entre 16°C et 25°C (Gibeaut et al 1997), et permet une croissance normale des racines d’A.
thaliana (Walter et al. 2002).
Concernant les mesures de pH dans le milieu de culture, une légère alcalinisation est
observée après 3 semaines de culture des plantes malgré un changement de milieu chaque
semaine. L’alcalinisation du milieu nutritif en culture hydroponique est un phénomène
observé dans d’autres études, comme celle présentée par Smeet et collaborateurs (2008) dans
laquelle le pH du milieu nutritif augmente de 5,75 à 6,22 en deux semaines de culture. Ce
résultat peut s’expliquer par la sortie du porte-graine de presque toutes les racines des plantes
cultivées. En effet, l’alcalinisation de la rhizosphère par les racines est un phénomène
couramment observé lors de l’assimilation du nitrate par les plantes (Stitt 1999) : dans le
milieu de culture utilisé pour notre étude, la totalité de l’azote apporté aux plantes est sous
forme de nitrate. Dans notre expérimentation, il semblerait que ce phénomène soit observé à
partir de la période où l’ensemble des racines des plantules baigne dans le milieu (3 semaines)
et réalise l’absorption des éléments nutritifs du milieu. Les valeurs de pH du milieu de culture
restent en revanche très homogènes entre les différents systèmes d’hydroponie (A, B, C et D).
De plus, les valeurs de pH mesurées pour les milieux frais sont comprises dans la gamme
de pH classiquement utilisée pour la culture en hydroponie d’A. thaliana . En effet, plusieurs
études menées sur la culture d’A. thaliana en hydroponie (Gibeaut et al. 1997 ; Toda et al.
1999) préconisent que le pH du milieu nutritif doit être compris entre 5,5 et 6 unités pH.
La détermination du potentiel hydrique du milieu de culture des différents systèmes
d’hydroponie a permis de montrer une assez bonne homogénéité de cette valeur au sein d’un
même système et au cours du développement des plantes (J14, J21, J28, J35 et J42). Il semblerait que
45
Figure 27 : Schéma du protocole expérimental appliqué pour la culture des plantes au
cours de l’expérimentation « Campagne mise en place hydroponie ». Les 288 plantes de
l’écotype C24 sont cultivées dans 4 systèmes d’hydroponie contenant du milieu nutritif
pendant 39 jours. Une première récolte des plantes au stade jeune est réalisée après 20 jours
de culture. Une seconde récolte est réalisée à la fin de l’expérimentation.
RESULTATS ET DISCUSSION
l’exsudation racinaire ne soit pas assez importante pour modifier ce paramètre entre chaque
changement de milieu nutritif. Toutefois, malgré ces faibles variations, ces valeurs de
potentiel hydrique restent proches du potentiel hydrique utilisé pour définir des conditions de
culture sans carence hydrique (-0,1 MPa) par van der Weele et collaborateurs (2000).
L’ensemble des paramètres physiques mesurés sur le milieu de culture reste donc dans des
gammes de valeurs couramment mesurées dans la culture d’A. thaliana en laboratoire (Arteca
et Arteca 2000 ; Gibeaut et al. 1997 ; Smeets et al. 2007 et Siedlecka et Krupa 2002). De plus,
ces paramètres présentent très peu de variations entre les différents systèmes de culture
hydroponique utilisée. Ces résultats confirment que l’utilisation de ces quatre systèmes
Araponics permet d’appliquer des conditions de culture relativement homogènes.
Ces systèmes seront donc utilisés pour étudier d’une part, le cycle de développement
complet de l’écotype Col-0 en hydroponie ainsi que quelques paramètres de son métabolisme
carboné. D’autre part, l’étude de son métabolisme carboné sera suivie au cours d’une journée
de 24h sur des jeunes plantules de 20 jours.
Par ailleurs, ces systèmes seront aussi utilisés afin de mettre en place le stress osmotique
destiné à mimer un stress hydrique sur des plantes cultivées en hydroponie. En effet, l’objectif
de ce travail est d’étudier le métabolisme carboné des racines et plus particulièrement le profil
d’expression des transporteurs de sucre, en réponse à un stress osmotique.
3.1.2 Etude du développement végétatif d’Arabidopsis thaliana (C24) en culture
hydroponique
En parallèle du suivi des paramètres physiques, un suivi des plantes a été effectué afin
vérifier leur croissance et leur développement dans les différents systèmes de culture en
hydroponie. Ainsi, la croissance foliaire, le rapport Root/Shoot (rapport de la masse sèche des
racines sur la masse sèche des rosettes) et l’état hydrique des plantes ont été déterminés au
cours de l’expérimentation « Campagne mise en place hydroponie ». Au cours de cette
expérimentation, les plantes ont été cultivées pendant 39 jours. Deux récoltes ont été
effectuées correspondant au stade jeune (J20) et au stade adulte (J39) (Figure 27). Le stade
jeune correspond à des rosettes comportant environ 7 feuilles et le stade adulte correspond,
quant à lui, à des rosettes possédant environ 27 feuilles. Pour ces deux récoltes, les racines et
les feuilles de plantes individuelles ont été récoltées. La récolte des racines et des feuilles, à
ces deux stades de développement, a permis de déterminer la biomasse sèche de ces 2 organes et
46
Figure 28 : Nombre moyen de feuilles par plante mesuré pour les plantes d’Arabidopsis
thaliana cultivées dans les 4 systèmes A, B, C et D après 11, 18, 25, 32 et 39 jours. Le
nombre de feuilles moyen (± écart type) a été déterminé à partir de 18 plantes pour chaque
système étudié. Un test de Mann et Witney a été effectué. Des lettres différentes sur le
graphique indiquent une différence significative entre les échantillons (P < 0,05).
.
RESULTATS ET DISCUSSION
de calculer le rapport R/S d’une part. D’autre part, ces récoltes ont servi aussi à vérifier l’état
hydrique des plantes cultivées en hydroponie en calculant le contenu relatif en eau (ou relative
water content, RWC) ainsi que le potentiel osmotique.
3.1.2.1 Observation phénotypique
La première observation qu’il est possible de faire sur des plantes cultivées en hydroponie,
est que celles-ci se développement de la même manière que des plantes cultivées en terre. En
effet, dans notre système, la germination des plantules s’effectue en 2 ou 3 jours comme cela
a pu être observé sur l’écotype Landsberg erecta (Ler) cultivées avec une photopériode de 10h
(Gibeaut, 1997). C’est aussi ce qui est généralement observé pour des plantes de Col-0
cultivées en terre dans notre laboratoire. L’émergence de la première vraie feuille, quant à
elle, apparaît à J6 comme ceci a pu être noté pour les plantes cultivées en terre
(communication personnelle de Thierry Allario). De plus, comme pour de nombreuses études
utilisant la culture en hydroponie, il est observé que les plantes cultivées en hydroponie ont
une taille beaucoup plus importante que les plantes cultivées en terre dans les mêmes
conditions (T°, humidité et photopériode). Au niveau des racines, la culture en hydroponie
permet aussi d’obtenir une plus grande quantité de matériel végétal que pour les plantes
cultivées en terre.
3.1.2.2 Suivi de la croissance foliaire
Afin de suivre la croissance des plantes de l’expérimentation « Campagne mise en place
hydroponie », les feuilles de 72 plantes (18 plantes par système) ont été comptées 11, 18, 25,
32 et 39 jours après le semis. Les résultats représentés sur la Figure 28 indiquent le nombre
moyen de feuilles comptées sur les plantes cultivées dans chacun des 4 systèmes A, B, C et D.
Les valeurs montrent que le nombre moyen de feuilles par plante augmente sur toute la
période de culture des plantes. Pour les plantes du système A par exemple, le nombre moyen
de feuilles par plante est de 3,75 feuilles à J11, 7,44 à J18, 12,94 à J25, 22 à J32 et 27,81 pour le
dernier jour de comptage J39. L’analyse des moyennes par le test statistique non paramétrique
de Mann et Witney (P < 0,05) indique des différences significatives dans le nombre moyen de
feuilles entre chaque jour de comptage (J11, J18, J25, J32 et J39). En revanche, aucune différence
significative du nombre moyen de feuilles par plante n’est toutefois observée entre les
différents systèmes et ce, pour chaque jour de comptage considéré. Par exemple, après 18
jours de culture, le nombre moyen de feuilles pour les plantes du système A est de 7,44, de
6,72 pour celles du système B, de 7,21 pour celles du système C et de 6,71 pour les plantes du
système D (Figure 28). Ceci indique une croissance homogène des plantes dans les 4 systèmes
47
Figure 29 : Vitesse d’émergence moyenne des feuilles de plantes, mesurée pour les
plantes d’Arabidopsis thaliana cultivées dans les 4 systèmes A, B, C et D dans les
intervalles de temps [J11/J18], [J18/J25], [J25/J32] et [J32/J39]. La vitesse d’émergence des
feuilles a été calculée à partir du nombre de feuille déterminé sur 18 plantes pour chaque
système étudié. Un test de Mann et Witney a été effectué. Des lettres différentes sur le
graphique indiquent une différence significative entre les échantillons (P < 0,05).
Figure 30 : Masse sèche moyenne des racines et des feuilles mesurées au stade jeune (J 20)
et au stade adulte (J39). La masse moyenne (± écart type) a été calculée à partir de 5 plantes
dont 2 prélevées dans le système A et 1 dans chacun des systèmes B, C et D.
RESULTATS ET DISCUSSION
d’hydroponie (A, B, C et D) utilisés.
A partir du comptage des feuilles, la vitesse moyenne d’émergence des feuilles par jour a
pu être calculée pour l’ensemble des plantes de chaque système (A, B, C et D). Cette vitesse
d’apparition des feuilles par jour a été calculée dans les intervalles de temps [J11 ; J18], [J18 ;
J25], [J25 ; J32] ainsi que [J32 ; J39]. Les résultats montrent une augmentation de la vitesse
moyenne d’émergence des feuilles pour les plantes de tous les systèmes (A, B, C et D)
jusqu’à J32 (Figure 29). Puis une diminution de cette vitesse d’émergence des feuilles est
observée entre J32 et J39 pour les plantes de tous les systèmes. L’analyse des vitesses
moyennes d’apparition des feuilles par jour, réalisée à l’aide d’un test statistique de Mann et
Witney (P < 0,05), indique que les variations de cette moyenne au cours des 4 périodes
étudiées ([J11 ; J18], [J18 ; J25], [J25 ; J32], [J32 ; J39]) sont significativement différentes.
Cependant, aucune différence significative dans les vitesses moyennes d’apparition des
feuilles par jour n’a été notée entre les différents systèmes et ce, pour chaque période
considérée. Comme pour le nombre de feuilles moyen par plante, ces analyses indiquent que
les plantes cultivées dans les 4 systèmes d’hydroponie (A, B, C et D) ont une croissance
homogène.
3.1.2.3 Biomasse sèche des racines et des feuilles
Afin de suivre le développement des plantes dans les différents systèmes de culture en
hydroponie, la croissance des plantes est estimée par la mesure de biomasse sèche et le calcul
du rapport R/S a été réalisé à partir de ces données (rapport de la masse sèche des racines sur
la masse sèche des rosettes). Ces mesures sont effectuées sur 5 plantes individuelles au stade
jeune (20 jours après semis, 7 feuilles) et au stade adulte (39 jours après semis, 27 feuilles).
Sur les 5 plantes prélevées, 2 ont été prélevées sur le bloc A et 1 dans chacun des blocs B, C et D.
Les masses sèches moyennes des racines et des feuilles mesurées sont présentées sur la
Figure 30. Les résultats montrent qu’au stade jeune (J20), la masse sèche des feuilles (1,3 mg)
est environ 3 fois plus importante que la masse des racines (0,4 mg). A ce stade de
développement, la masse des feuilles représente 75,5% de la masse totale de la plante et les
racines 24,5%.
Au stade adulte (J39), la masse sèche moyenne des racines est de 22 mg et celle des
feuilles de 126 mg. Pour ce stade de développement, la masse sèche des racines ne représente
plus que 17% de la biomasse totale de la plante et les rosettes 83%. Ces résultats semblent
indiquer qu’après J20, la biomasse des racines augmente donc moins rapidement que celle des
feuilles.
48
Tableau 10 : Valeurs des rapports R/S calculés au stade jeune (J20) et au stade adulte
(J39). Le calcul du rapport R/S a été effectué à partir des masse sèche déterminées sur 5
plantes dont 2 prélevées sur le système A et 1 sur les systèmes B, C et D.
Echantillon
J20
J39
Plante 1
Plante 2
Plante 3
Plante 4
Plante 5
0,20
0,18
0,25
0,18
0,25
0,17
0,26
0,50
0,17
0,17
RESULTATS ET DISCUSSION
3.1.2.4 Rapport R/S
Les valeurs des rapports R/S ont été calculées à partir des masses sèches des racines et des
feuilles et les données sont consignées dans le Tableau 10. Les résultats montrent que les
rapports R/S des plantes au stade jeune (J20) sont très proches pour 4 plantes sur les 5 étudiées
et est compris entre 0,20 et à et 0,26. Une seule des plantes étudiées présente un R/S de 0,50
(Tableau 10). L’hétérogénéité de cette valeur de R/S, par rapport à celles trouvées pour les 4
autres plantes, pourrait s’expliquer par les erreurs introduites lors de la pesée des racines et de
la feuille eue égard au seuil de sensibilité de la balance. En effet, à ce stade de
développement, les masses pesées pour ces deux organes sont de l’ordre de 1 mg.
Les rapports R/S des plantes de notre expérimentation déterminés au stade adulte (J 39)
sont en revanche très homogènes et compris entre 0,17 et 0,18 pour les 5 plantes étudiées
Tableau 10). Cette diminution du R/S reflète bien les résultats obtenus pour les biomasses à
J39. En effet, ceux-ci indiquent que la masse des racines a diminué par rapport à la masse
totale de la plante, ce qui a pour conséquence de diminuer la valeur du R/S.
En comparant les résultats obtenus après 20 et 39 jours dans notre étude, il apparaît que le
rapport R/S de l’écotype C24 diminue au cours de cette période de développement des
plantes. Ce phénomène est dû à une augmentation plus importante de la croissance de la partie
aérienne par rapport à celle de la partie racinaire entre J20 et J39 (Figure 30).
3.1.2.5 Détermination de paramètres permettant d’estimer l’état hydrique des plantes
cultivées en hydroponie :
Après avoir suivi le développement végétatif de l’écotype C24 d’A. thaliana en culture
hydroponique, nous avons souhaité étudier l’état hydrique des plantes à J20 et J39
correspondant respectivement, au stade jeune et au stade adulte du développement de la
rosette. Ces premières mesures ont été réalisées sur les rosettes, mais aussi sur les racines.
L’objectif de ce travail étant d’étudier plus tard, l’impact d’un stress osmotique sur l’état
physiologique des plantes et sur leur métabolisme carboné, le développement de mesures
permettant de suivre cet état hydrique était donc indispensable. Les deux paramètres que nous
avons choisi de suivre pour estimer l’état hydrique des plantes sont le contenu relatif en eau
(ou RWC pour relative water content) et le potentiel osmotique, car il est très difficile de
mesurer le potentiel hydrique sur A. thaliana .
49
Figure 31 : Valeurs moyennes de RWC calculées sur les racines et les rosettes récoltées
au stade jeune (J20) et au stade adulte (J39) de plantes cultivées en hydroponie. Les
moyennes (± écart type) sont calculées à partir de 5 plantes dont 2 prélevées sur le système B
et 1 sur les systèmes A, C et D. Un test de Mann et Witney a été effectué. Des lettres
différentes sur le graphique indiquent une différence significative entre les échantillons (P <
0,05).
Figure 32 : Valeurs moyennes de potentiel osmotique calculées sur les racines et 3
feuilles récoltées au stade jeune (J20) et au stade adulte (J39) de plantes cultivées en
hydroponie. Les moyennes (± écart type) sont calculées à partir de 5 plantes dont 2 prélevées
sur le système D et 1 sur les systèmes A, B et C.
RESULTATS ET DISCUSSION
-
Détermination du RWC (contenu relatif en eau = relative water content)
Le calcul du RWC a été effectué sur les rosettes et les racines de 5 plantes individuelles au
stade jeune (J20) et au stade adulte (J39). Sur les 5 plantes prélevées, 2 ont été prélevées sur le
bloc B et 1 dans chacun des blocs A, C et D.
Après 20 jours de culture, le RWC moyen calculé dans les rosettes est de 86,6% et celui
calculé dans les racines de 80,9% (Figure 31). Au stade adulte (J 39), la valeur moyenne de
RWC déterminée dans les feuilles est de 83,5% et de 89,1% dans les racines.
Pour les feuilles et les racines , les analyses statistiques (test statistique de Mann et Witney
avec P < 0,05%), des résultats n’indiquent aucune différence significative pour les valeurs de
RWC calculées au stade jeune et au stade adulte. Cependant, le graphe (Figure 31) montre que
l’écart des valeurs de RWC mesurées entre J20 et J39 dans les racines est plus important que
celui observé dans les feuilles.
-
Détermination du potentiel osmotique
Le potentiel osmotique est un paramètre permettant de prédire les mouvements d’eau au
travers d’un compartiment. Il est fortement dépendant de la concentration en solutés présent
dans le compartiment étudié. Ce potentiel osmotique est calculé dans les racines et les feuilles
grâce à l’équation de Van’t Hoff, à partir de la mesure de l’osmolarité. La quantité de liquide
physiologique collecté sur les tissus des plantes après 20 jours de culture n’étant pas
suffisante pour la mesure de l’osmolarité, le potentiel osmotique des racines et des feuilles n’a
été calculé qu’au stade adulte à partir de 5 plantes (2 prélevées dans le système D, et 1 sur
chacun des systèmes A, B et C). Les résultats obtenus montrent que les feuilles présentent un
potentiel osmotique plus faible que les racines (Figure 32). En effet, la valeur moyenne de
potentiel osmotique mesurée dans les racines est de -0,56 MPa alors qu’elle est de -1 MPa
dans les feuilles.
3.1.2.6 Discussion
L’étude du développement végétatif d’A. thaliana (C24) en culture hydroponie
(photopériode de 10h de jour) a permis de montrer que son développement était similaire à
celui observé lors de sa culture en terre. Ce résultat est à rapprocher des travaux réalisés sur
l’écotype Col-0 cultivé avec une photopériode de 16h et sur l’écotype Wassilewskija (Ws)
soumis à une photopériode de 8h, en parallèle sur des plantes en terre et en hydroponie. Leurs
résultats indiquent que les plantes d’ A. tha lia na présentent les mêmes caractéristiques
50
RESULTATS ET DISCUSSION
morphologiques et physiologiques dans les deux systèmes de culture (Artéca et Artéca 2000 ;
Norén et al. 2004).
De plus, l’observation du phénotype des plantes cultivées en hydroponie indique que les
plantes de l’écotype C24 ont des rosettes de plus grande taille que lorsqu’elles sont cultivées
en terre. Ceci a été aussi montré lors de l’étude menée sur Ws qui indique que cet écotype en
hydroponie avait plus de feuilles que les plantes du même âge cultivées en terre, ce qui
conduit à une rosette beaucoup plus dense. De plus, ces auteurs ont aussi montré que le
diamètre des feuilles en hydroponie est 5 fois plus large que celui des feuilles des plantes
cultivées en terre (Norén et al. 2004). De même la masse de racines des plantes cultivées en
hydroponie est beaucoup plus importante que pour les plantes cultivées en terre (Norén et
collaborateurs (2004). En effet, ces auteurs ont montré que la biomasse des racines des plantes
cultivées en hydroponie était deux fois plus élevée que la biomasse des plantes cultivées en
terre. Il est généralement admis que la culture des plantes en hydroponie fournit beaucoup
plus de matériel végétal (jusqu’à 5 fois plus) que la culture en terre, mais surtout elle permet
l’obtention de plantes présentant un développement plus uniforme (Gibeaut et al. 1997 ;
Norén et al. 2004).
Afin de suivre le développement végétatif d’A. thaliana (écotype C24) dans nos
conditions de culture en hydroponie, plusieurs paramètres physiologiques ont été suivis au
cours de l’expérimentation.
La mesure du nombre de feuilles par plante et de la vitesse d’émergence des feuilles par
jour a été effectuée tout au long de la culture des plantes. Nos résultats indiquent une
diminution de la vitesse moyenne d’émergence des feuilles des plantes entre les intervalles de
temps J32 et J39 qui pourrait s’expliquer par la fin de la période de croissance végétative. En
effet, un ralentissement de l’émergence des feuilles pour l’écotype Col-0 est observé par
Boyes et collaborateurs (2001), lors de phase de transition des plantes du stade végétatif au
stade reproducteur. Ces auteurs ont pu observer un ralentissement de la vitesse d’émergence
des feuilles à J22, 4 jours avant l’émergence de la hampe florale (J26) sur des plantes cultivées
en terre. Dans nos conditions, l’émergence des premières hampes florales sur les plantes de
l’écotype C24 d’A. thaliana a lieu autour de 50 jours de culture en hydroponie (observation
personnelle). Ainsi, le ralentissement de la vitesse d’émergence des feuilles a lieu 10 jours
avant que les hampes florales n’apparaissent. L’augmentation de la durée de la phase de
transition du stade végétatif au stade reproducteur observée dans notre expérimentation,
pourrait s’expliquer en partie, par le fait de la différence de développement entre les 2
51
RESULTATS ET DISCUSSION
écotypes (C24 vs Col-0). Des études ont montré la variation de la date de floraison pour
différents écotypes et mutants d’A. thaliana (Koornneef et al. 1998, Loudet et al. 2003).
D’autre part, la photopériode utilisée dans nos conditions de culture peut aussi expliquer le
décalage dans les dates de floraison. En effet, dans notre expérimentation, les plantes sont
cultivées avec une photopériode de 10h de jour alors que dans l’étude de Boyes et
collaborateurs (2001), une photopériode de 16h est appliquée. Cependant, la mesure du
nombre de feuilles et le calcul de la vitesse d’émergence des feuilles par jour montrent que la
morphologie des plantes cultivées en hydroponie est similaire à celles cultivées en terre. De
plus, ces paramètres ne présentent pas de différences significatives entre les plantes cultivées
dans les quatre systèmes de cultures
En parallèle de la mesure du nombre de feuilles et du calcul de la vitesse d’émergence des
feuilles par jour, la mesure de la masse des racines et des feuilles ainsi que le calcul du rapport
R/S ont été effectués. Ceci a été réalisé afin d’estimer la croissance des plantes au cours de
l’expérimentation.
Une première mesure de la masse sèche a été réalisée sur des plantes au stade jeune (J20)
et les résultats indiquent que la masse des rosettes (75,5% de la masse totale de la plante) est
très supérieure à la masse des racines (24,5%). Ces résultats sont à rapprocher d’une étude
réalisée sur l’écotype Col-0 cultivé en hydroponie avec une photopériode de 16h de jour. En
effet dans cette étude, après 18 jours de culture en hydroponie, la masse sèche de la rosette
représente 84% de la masse totale de la plante et la masse sèche des racines 16% (Artéca et
Artéca 2000). Les écarts observés au niveau des valeurs de pourcentage entre les deux
expérimentations (masse de rosette/masse totale de la plante et masse des racines /masse
totale de la plante) pourraient être liés au fait que ces résultats concernent deux écotypes
différents. En effet, nous avons pu observer au laboratoire que pour un même jour de culture
post-semis, l’écotype C24 a une plus grande taille que l’écotype Col-0, ce qui reflète un taux
de croissance différent entre les deux écotypes. Ces différences de croissance pourraient
expliquer les variations de masses des racines et rosettes par rapport à la masse totale de la
plante entre les deux écotypes. Des études ont montré que la taille des plantes ainsi que leur
taux de croissance pouvaient varier en fonction des écotypes (Koornneef et al. 2004, Li et al.
1998)
Au stade adulte (J39), les résultats ont permis de montrer une augmentation de la biomasse
sèche des feuilles et des racines entre les deux stades de développement étudiés (stade jeune, J20 ;
52
RESULTATS ET DISCUSSION
stade adulte, J39). Cependant, la part de la biomasse des racines (17%) diminue par rapport à
la biomasse totale de la plante alors que celle des rosettes (83%) augmente, ce qui semble
indiquer qu’après J20, la masse des racines de C24 augmente moins rapidement que celle des
feuilles. Dans l’étude menée sur l’écotype Col-0, les auteurs ont mis en évidence qu’après 35
jours de culture en hydroponie avec une photopériode de 16h, la masse sèche de la rosette
représente 76% de la masse totale de la plante et la masse sèche des racines 24%. Pour cette
étude, les résultats indiquent qu’entre J18 et J35, la masse de la rosette des plantes Col-0 a
diminué. Ceci peut s’expliquer par le fait que la phase de transition entre le stade végétatif et
le stade reproducteur a lieu en 4 jours, entre J22 et J26, ce qui a pour conséquence de stopper
l’émergence des feuilles et donc la croissance de la rosette (Arteca et Arteca 2000). Dans
notre expérimentation, la vitesse d’émergence des feuilles commence à diminuer à J 39 (cf §
n°3.1.2.2) et la hampe florale n’apparait qu’à J50, ce qui peut expliquer que la masse de la
rosette par rapport à la masse totale de la plante n’ait pas encore diminué.
De plus, il est à noter que des variations de la biomasse racinaire et foliaire au cours du
développement des plantes sont couramment observées chez d’A. thaliana , que ce soit en
culture en hydroponie (Arteca and Arteca 2000) ou en culture en terre (Devienne-Barret et al.
2006)
A partir des mesures des matières sèches des deux organes, il a été possible de déterminer
le rapport R/S. Au stade jeune J20, les valeurs de R/S (entre 0,2 et 0,3) déterminées sur 4 des 5
plantes étudiées sont proches de celles mesurées par Artéca et Artéca sur l’écotype Col-0
(2000). En effet, ces auteurs ont montré qu’après 18 jours de culture en hydroponie avec une
photopériode de 16h le R/S pour leurs plantes est de 0,2 (Arteca et Artéca, 2000). Cette valeur
correspond à la plus petite valeur de R/S trouvée parmi les 5 plantes qui ont servi à nos
mesures.
L’augmentation plus rapide de la biomasse sèche des feuilles par rapport à celle des
racines se traduit, dans notre expérimentation, par la diminution du rapport R/S entre les deux
points de récolte effectués (J20 et J39). Dans les travaux réalisés par Arteca et Arteca (2000),
c’est l’inverse qui est observé, à savoir qu’à J35, la masse des racines par rapport à la masse de
la plante entière augmente (croissance de la rosette stoppée). Ceci a pour conséquence
d’augmenter le rapport R/S qui est alors de 0,33±0,01 pour des plantes de l’écotype Col-0
après 35 jours de culture en hydroponie. Des travaux menés sur l’écotype Ler soumis à une
photopériode de 10h montrent en revanche, que la valeur du R/S diminue légèrement entre les
deux temps de récolte J25 (0,23) et J39 (0,19).
53
RESULTATS ET DISCUSSION
Les rapports de R/S étant calculés à partir de la masse sèche des racines et des rosettes, la
variation des rapports R/S entre les différents cultivars est à rapprocher de résultats mettant en
évidence des différences dans la taille et le taux de croissance des différents écotypes d’A.
thaliana (Koornneef et al.2004 ; Li et al. 1998). Néanmoins, on peut à nouveau souligner
l’homogénéité du matériel végétal obtenu dans nos conditions de culture, notamment à J39.
Le statut hydrique des plantes a aussi été étudié par la mesure du RWC et du potentiel
osmotique. Ainsi, les valeurs de RWC obtenues dans les feuilles ( 86,6% à J20 et 83,5% à J39)
sont très proches de celles observées dans une étude réalisée par Jha et collaborateurs (2010).
Ces travaux indiquent que les valeurs de RWC dans les feuilles de plantes d’A. thaliana
(écotype C24) cultivées 5 semaines en hydroponie, est de l’ordre de 85,5%. De plus, des
travaux menés sur différents écotypes d’A. thaliana cultivés dans un sol bien irrigué,
indiquent que les valeurs de RWC en condition témoin varient très peu entre les feuilles de
différents écotypes et sont comprises entre 80 et 90% (Bouchabke et al. 2008).
Les valeurs de RWC que nous avons notées pour les racines au stade adulte à J39 (89,1%)
sont proches de celles mesurées par Jha et collaborateurs (2010) sur l’écotype C24 (cultivé en
hydroponie) et qui sont de l’ordre de 94,5%. En revanche, dans les racines au stade jeune
(J20), la valeur de RWC mesurée (80,9%) est inférieure à celle obtenue pour les plantes
adultes (J39), de notre expérimentation (89,1%).
La difficulté de pesée des racines de petite taille au stade jeune (dont la masse est de
l’ordre du mg) pourrait entrainer un biais dans les pesées et engendrer des variations dans les
valeurs de RWC. En effet, afin de déterminer la masse fraiche des racines, ces dernières sont
égouttées après la sortie du milieu de culture. Une faible variation de la masse peut être due
soit à la présence sur les racines d’une goutte de milieu non essuyée, soit à l’inverse, par un
égouttage trop vigoureux entrainant la sortie d’eau de la racine. Ces problèmes de pesée
peuvent entraîner une grande variation dans les valeurs permettant le calcul du RWC. En
effet, ce type d’erreur peut être reproduit à une autre étape, à savoir la pesée de la masse
imbibée des racines. La masse imbibée des organes est obtenue après leur imbibition pendant
24h dans l’eau à 4°C. Avant la pesée, il est nécessaire de procéder à une légère absorption de
l’eau en excès avant de déposer l’organe sur la balance. Afin de limiter au maximum les biais
engendrés par la pesée, il est important de procéder aux mesures en réalisant les mêmes gestes
et pour une expérimentation donnée, ces mesures doivent être réalisées par le même
manipulateur.
54
RESULTATS ET DISCUSSION
En ce qui concerne le potentiel osmotique de nos plantes (écotype C 24), la valeur obtenue
dans les racines est de -0,56 MPa et pour les feuilles -1 MPa. Cette valeur de potentiel
osmotique) est du même ordre de grandeur que celles mesurées sur des racines de maïs (de
0,68 à -0,61 MPa), cultivés dans un sol bien irrigué, selon une étude réalisée par Schmidhalter
et collaborateurs (1998).
Les valeurs de potentiel osmotique obtenues dans les feuilles de C24 sont légèrement
inférieures (-1 MPa) à celles mesurées dans d’autres études sur A. thaliana . Par exemple,
l’étude réalisée par Déjardin et collaborateurs (1999) indique que les feuilles d’A. thaliana
(Col-0) cultivée en terre présente une valeur moyenne du potentiel osmotique de -0,82 MPa.
Le potentiel osmotique plus faible retrouvé dans nos conditions pourrait s’expliquer d’une
part, par la différence entre les 2 écotypes utilisés et d’autre part, par le choix des feuilles
utilisées pour déterminer ce paramètre. Dans l’étude réalisée par Déjardin et collaborateurs
(1999), seules les feuilles adultes sont utilisées pour la détermination du potentiel osmotique.
Or, dans notre étude un mélange de feuilles adultes et de jeunes feuilles est utilisé pour
déterminer ce paramètre. Les feuilles en croissance possédant un potentiel osmotique plus
négatif pour permettre l’élongation cellulaire (Cosgrove 1981), il parait justifié que le
potentiel osmotique mesuré sur notre échantillonnage de feuille soit inférieur à celui mesuré
dans l’étude réalisée par Déjardin et collaborateurs (1999).
Cependant les valeurs de potentiel osmotique mesurées dans notre expérimentation restent
dans une gamme correspondant à des potentiels osmotiques de plantes d’A. thaliana cultivées
en terre, dans un sol normalement irrigué (Schmidhalter et al. 1998 ; Déjardin et al. 1999).
L’étude des paramètres estimant la croissance et le développement des plantes (nombre de
feuilles, vitesse d’émergence des feuilles, évolution de la biomasse des racines et des feuilles,
RWC et potentiel osmotique) a permis de déterminer des valeurs de ces paramètres proches
de celles mesurées sur des plantes cultivées dans un sol bien irrigué. Ces résultats valident
l’utilisation du système de culture en hydroponie sur des plantes d’A. thaliana .
Une première expérimentation réalisée sur Col-0 cette fois-ci va permettre d’étudier son
cycle de développement complet en hydroponie, ainsi que la réalisation de quelques mesures
de paramètres liés à son métabolisme carboné. D’autre part, une étude permettra le suivi
toutes les 2h, au cours d’une journée de 24h, de jeunes plantules de 20 jours.
55
RESULTATS ET DISCUSSION
3.2
Etude du cycle complet de développement d’Arabidopsis thaliana (Col-0) cultivée
en hydroponie et mesure de quelques paramètres reflétant son métabolisme
carboné
Tout au long du cycle de vie de la plante, la répartition des ressources carbonées va être
considérablement modifiée. Les différents organes des plantes peuvent être classés en
fonction de leur bilan carboné : les organes sources, qui produisent plus de sucres qu’ils n’en
utilisent, et les organes puits, incapables de produire les sucres, nécessitant par conséquent
l’apport constant de sucres venant des organes sources. Au début du développement de la
plante, les seuls organes nécessitant l’apport de sucre (puits) sont les racines et les jeunes
feuilles de la rosette. Par la suite, de nouveaux organes vont apparaitre (organes
reproducteurs, soit chez A. thaliana , successivement, hampes florales, siliques puis graines)
qui seront autant de nouveaux puits pour la plante. Le principal apport en molécules
carbonées de ces organes provient du saccharose produit dans les feuilles matures (organes
sources) et transporté à longue distance par le phloème. Ce transport à longue distance est
dépendant de l’activité des transporteurs de sucre au niveau des différents organes sources et
puits. Dans le cadre de ce travail, nous souhaitons étudier les variations de la répartition des
sucres et l’expression des différents gènes de transporteurs de sucre dans les différents
organes au cours du développement.
Afin de mettre en évidence ces variations d’expression chez A. thaliana , des plantes de
l’écotype Col-0 ont été cultivées en hydroponie. Nous voulions vérifier, dans un premier
temps, que les plantes (Col-0) pouvaient effectuer un cycle de développement complet en
hydroponie et comparer ce développement avec celui d’une part, de l’écotype C24 cultivé en
hydroponie précédemment (malencontreusement utilisé dans la mise en place du système
d’hydroponie) et d’autre part, avec des plantes de Col-0 cultivées en terre. Il s’agit d’un point
important pour les comparaisons avec les données de la littérature. Ainsi, une cartographie des
gènes de transporteur de sucre exprimés dans les différents organes de la plante au cours de
son développement a été réalisée et, en parallèle, la distribution de la biomasse entre les
différents organes a été mesurée ainsi que le contenu en principaux sucres solubles
(saccharose, glucose et fructose) et amidon. Ces mesures permettront d’évaluer la force
d’appel respective des différents puits présents aux différents stades de développement étudiés
au cours du cycle complet de développement d’A. thaliana . Enfin, le transport à longue
distance du saccharose dans la plante a été estimé par l’étude du flux de [U-14C]-saccharose.
56
Figure 33 : Photographies des plantes aux 6 stades de développements étudiés : stade
jeune (J), stade adulte (A), stade émergence de la hampe florale (E), stade fleurs (F),
stade siliques vertes (SV) et stade graines (G).
RESULTATS ET DISCUSSION
Six différents stades de développement ont été étudiés au cours de cette étude : le stade
jeune (20 jours après germination, rosette jeune présentant une dizaine de feuilles), stade
adulte (40 jours après germination, rosette présentant une trentaine de feuilles), stade
émergence de la hampe florale (53 jours après germination), stade fleurs (67 jours après
germination), stade siliques vertes (95 jours après germination) et stade graines (114 jours
après germination). Ces 6 stades de développement sont les 6 principaux stades décrits chez
A. thaliana par Boyes et collaborateurs (2001). En effet, ces auteurs ont proposé une
nomenclature permettant d’indexer les différents phénotypes observés au cours du
développement en terre d’A. thaliana.
3.2.1 Observation du phénotype
La photographie des plantes observées pour chacun des 6 stades de développement étudiés
est présentée sur la Figure 33. Elle montre que les plantes de l’écotype Col-0 sont capables de
se développer de façon tout à fait satisfaisante dans les conditions de culture choisies comme
cela a déjà été décrit dans le sous-chapitre 3.1, mise en place de l’hydroponie. Comme pour
l’écotype C24, le développement de l’écotype Col-0 en hydroponie met en évidence des
plantes de plus grande taille que lorsqu’elles sont cultivées en terre (observations
personnelles).
L’étude du développement de l’écotype Col-0 en hydroponie, nous indique que la phase
du passage du stade végétatif au stade reproducteur (émergence de la hampe florale) a lieu 53
jours après le semis (Figure 33). Dans l’étude précédente menée sur l’écotype C24 (souschapitre 3.1, mise en place de l’hydroponie) cette phase de transition était apparue à J50, ce qui
semble indiquer que ces 2 écotypes ont un cycle de développement très proche dans ce
système de culture. De plus, le passage au stade reproducteur s’effectue au même moment que
pour des plantes de l’écotype Col-0 cultivées en pot dans le même phytotron (Communication
personnelle de Thierry Allario).
L’accomplissement complet du cycle de développement de l’écotype Col-0, en
hydroponie et avec une photopériode de 10h/jour, est assez long puisqu’il se déroule en
environ 4 mois, avec une très abondante production de graines qui a lieu après 114 jours.
3.2.2 Répartition de la biomasse
Afin de suivre la croissance des plantes en hydroponie, pour chacun des stades étudiés
(stade jeune (J), adulte (A), stade émergence la hampe florale (E), fleurs (F), siliques vertes
(SV) et graines (G)), la croissance des plantes a été estimée par la mesure de biomasse sèche.
Cette biomasse sèche a été mesurée sur 4 organes lorsqu’ils étaient présents : les racines, les feuilles,
57
Figure 34 : Répartition de la biomasse de la plante entre les racines, les feuilles, les
hampes florales et les siliques pour les 6 stades de développement étudiés : stade jeune
(J), stade adulte (A), stade émergence de la hampe florale (E), stade fleurs (F), stade
siliques vertes (SV) et stade graines (G). (A) Masses sèches moyennes (± Ecart type) des
racines, des feuilles, des hampes florales et des siliques mesurées sur 5 plantes pour chaque
stade de développement. (B) Répartition en pourcentage de la masse sèche des racines,
feuilles, hampes florales et siliques par rapport à la masse totale des plantes. Les pourcentages
sont calculés à partir de la moyenne des masses sèches mesurées sur 5 plantes par stade de
développement.
RESULTATS ET DISCUSSION
les hampes florales et les siliques. Ces mesures sont effectuées sur 5 plantes individuelles
pour chacun des stades. L’évolution de la masse sèche de ces organes au cours du
développement complet de Col-0 en hydroponie est consignée dans la Figure 34A. La
répartition de la biomasse sèche entre les différents organes présents sur les plantes à un stade
de développement donné est représentée sur la Figure 34B.
En ce qui concerne l’organe qui fait l’objet de cette thèse, les racines, le graphe représenté
sur la Figure 34A indique que leur masse sèche augmente régulièrement du stade jeune
jusqu’au stade fleurs, pour rester assez stable ensuite. Au stade jeune, la masse sèche des
racines est de 14 mg et de 238 mg au stade fleurs (Figure 34A). Cependant les résultats
indiquent que les racines sont, avec les siliques, les organes présentant la masse sèche la
moins élevée puisque leur valeur ne dépasse pas 0,5g.
La masse sèche des feuilles mesurée aux 6 stades de développement augmente de façon
importante du stade jeune, pour lequel la masse de la rosette est de 30 mg, jusqu’au stade
siliques vertes où elle atteint 1962 mg. A ce stade de développement, la rosette est l’organe
qui représente la masse sèche la plus importante de tous les autres organes présents, à savoir
la racine, les hampes florales et les siliques. Après le stade siliques vertes (1962 mg), la masse
sèche de la rosette diminue et sa valeur est de 1495 mg au stade graines. Ceci représente donc
une diminution de 23%.
Les hampes florales apparaissent après 53 jours de culture en hydroponie et la première
mesure de masse sèche a été réalisée au stade fleurs à J67 et est de 546 mg. La masse sèche des
hampes florales augmente alors jusqu’au dernier stade étudié, le stade graines, où elles
atteignent une masse de 2219 mg. Cette variation représente une augmentation de 400% entre
ces 2 stades. Au stade graines, les hampes florales représentent d’ailleurs l’organe qui a la
masse sèche la plus importante. Ceci souligne l’importance que représente cet organe dans la
masse de la partie aérienne d’A. thaliana .
Les derniers organes qui apparaissent à J95 sont les siliques. Leur masse sèche a été
mesurée pour les deux derniers stades où ils sont présents : le stade siliques vertes et le stade
graines. Le graphe indique que la valeur de leurs masses sèches augmente entre ces deux stades
(90 mg au stade siliques vertes et 280 mg au stade graines). Cependant les siliques, comme les
racines, sont les organes qui ont la masse sèche la plus faible.
Afin de pouvoir mieux estimer la croissance relative de chaque organe aux différents
stades de développement, la répartition de la biomasse totale représentée par les différents
organes a été exprimée en pourcentage Figure 34B.
58
RESULTATS ET DISCUSSION
Pour le stade jeune la masse de la racine représente environ un tiers (32%) de la masse
totale de la plante, contre deux tiers pour les feuilles (68%) (Figure 34B). Nos premières
études sur la biomasse qui ont porté sur l’écotype C24 (cf § 3.1, Mise en place de
l’hydroponie), montraient que pour le même stade de développement (J20) la rosette
représentée 75,5% de la masse sèche totale de la plante et les racines 24,5%. Ces résultats
corroborent nos observations personnelles puisque nous avons observé que, pour un même
stade de développement, l’écotype C24 présentait des rosettes de plus grande taille que
l’écotype Col-0.
Au stade adulte, la biomasse sèche du compartiment racinaire ne représente plus que 24%
de la biomasse sèche totale de la plante (Figure 34B), contre 76% pour le compartiment
aérien. De plus, nos résultats indiquent que la masse de la rosette de Col-0 a plus fortement
augmenté que celle de la racine entre J20 et J 40. En effet, le graphe de la Figure 34A montre
que les valeurs de la biomasse sèche des racines augmentent faiblement du stade jeune (J20) au
stade fleurs (J67). Cette différence de vitesse de croissance entre les deux organes a donc un
impact direct sur la répartition de la biomasse au sein de la plante.
Au moment de l’émergence de la hampe florale, la masse relative des racines continue de
diminuer pour atteindre 17% de la masse totale de la plante et celle des feuilles a encore
augmentée (83%).
Assez rapidement après l’émergence des premières inflorescences (14 jours), les
premières fleurs sont observées sur les hampes florales d’A. thaliana . Bien que la masse sèche
des feuilles de la rosette continue d’augmenter par rapport au stade précédent (de 660 mg à
1400 g ; Figure 34A), ce compartiment ne représente plus que 64% de la biomasse totale de la
plante au stade fleurs (Figure 34B). La masse sèche des racines a elle aussi augmenté mais
plus légèrement du stade émergence de la hampe florale au stade fleurs (de 130 mg à 240 mg,
(Figure 34 A). Cependant, comme pour les feuilles à ce stade (stade fleurs), la représentation
de la biomasse des racines diminue par rapport à la biomasse totale de la plante (de 17% à
11%, Figure 34B). Les hampes florales quant à elles représentent déjà 25% de la biomasse
totale de la plante (0,56g) à ce stade de développement (Figure 34B).
Au cours du remplissage de la graine (stade siliques vertes), le compartiment racinaire ne
représente plus que 6% de la masse totale de la plante (Figure 34B) et sa masse sèche se
stabilise à ce stade de développement comme l’indique la Figure 34A. Au stade siliques
vertes, la biomasse des feuilles (54%) représente la moitié de la masse totale de la plante ce
59
Figure 35 : Teneurs moyennes en chlorophylles totales. Le dosage des chlorophylles a été
réalisé sur un mélange de jeunes feuilles et feuilles matures, issues de 5 plantes individuelles
pour chaque stade de développement : stade jeune (J), stade adulte (A), stade émergence la
hampe florale (E), stade fleurs (F), stade siliques vertes (SV) et stade graines (G). Le test
statistique effectué est un test ANOVA P < 0,05 : les moyennes identifiées par des lettres
différentes sont statistiquement différentes au seuil de 5% d’après le test de Fisher.
RESULTATS ET DISCUSSION
qui représente une chute de 15% par rapport à la représentation de sa biomasse (64%) au stade
précédent (stade fleurs). Le graphe de la Figure 34A indique que ce stade (stade siliques
vertes) correspond au stade où la masse sèche des feuilles commence à chuter. Les hampes
florales quant à elles, représentent 37% de la biomasse totale de la plante ce qui représente
une augmentation de 12% par rapport au stade fleurs (25%). En effet, leur biomasse augmente
entre le stade fleurs (546,5 mg) et le stade siliques vertes (1334,7 mg) comme l’indique la
Figure 34A. Ce stade de développement (siliques vertes) correspond à la phase d’apparition
des siliques dont la biomasse représente 2% de la masse totale de la plante (Figure 34B). A ce
stade, les hampes florales et les siliques représentent les deux organes puits majoritaires d’A.
thaliana (hampes florales et siliques représentent 39% de la biomasse totale de la plantes
contre 6 % pour les racines). En effet, en parallèle du développement des siliques, le
développement de nouvelles fleurs et de hampes florales axillaires entraine une demande en
ressources carbonées très importante.
Enfin pour le dernier stade de développement étudié, le stade graines, les feuilles de la
rosette voient leur masse sèche diminuer de façon importante par rapport au stade siliques
vertes (-460 mg en moyenne, Figure 34A). En effet, la photo d’une plante à ce stade de
développement (Figure 33) montre qu’un plus grand nombre de feuilles de la rosette sont
sénescentes comparées au stade précédent (stade siliques vertes). Ainsi, la masse sèche des
feuilles ne représente plus que 34% de la masse totale de la plante (Figure 34B). La masse
sèche du compartiment racinaire augmente légèrement (130 mg) entre les deux derniers stades
de développement étudiés (Figure 34A). Il ne représente toutefois que 6% de la biomasse
totale de la plante (Figure 34B). En revanche, les masses sèches des hampes florales et des
siliques ont encore augmenté. La masse sèche des hampes florales est passée de 1334 mg au
stade siliques vertes à 2219 mg au stade graines, ce qui représente une augmentation de 66%
(Figure 34). La biomasse des hampes florales représente à ce stade 51% de la masse totale de
la plante et celle des graines 6%.
3.2.3 Etude de la teneur en chlorophylles.
Afin d’estimer l’état photosynthétique des plantes aux différents stades de développement,
le dosage des chlorophylles des feuilles a été effectué. Les résultats présentés Figure 35,
montrent que pour les 3 premiers stades de développement étudiés (jeune, adule, émergence
de la hampe florale), aucune différence significative n’est observée dans la teneur en chlorophylles
60
RESULTATS ET DISCUSSION
des feuilles des rosettes. Pour ces 3 stades la teneur en chlorophylles totales est comprise entre
12,9 et 14,3 mg.gMS-1.
Dans nos échantillons la teneur en chlorophylles augmente de façon significative pour les
plantes au stade fleurs et au stade siliques vertes. Ces valeurs sont respectivement de 16,6 et
16,3 mg.gMS-1. Il est à noter que dans notre étude, l’échantillon sur lequel les dosages des
chlorophylles ont été réalisés correspond à un mélange de feuilles jeunes (n’ayant pas encore
complètement mis en place son système photosynthétique) et de feuilles matures.
Pour le dernier stade de développement étudié (stade graines, J114), la teneur en
chlorophylle diminue de façon importante (10,8 mg.gMS-1). En effet, la quantité de
chlorophylles ne représente plus que 67% de la quantité mesurée au stade siliques vertes (J 95)
témoignant de la perte en chlorophylles des feuilles de la rosette.
3.2.4 Discussion
L’étude du développement complet de l’écotype Col-0 en hydroponie nous a permis de
voir, comme de nombreux auteurs sur Col-0 ou sur d’autres écotypes d’A. thaliana , que les
plantes cultivées en hydroponie présentent les mêmes traits morphologiques et physiologiques
que les plantes cultivées en terre (Arteca et Arteca 2000 ; Norén et al. 2004). Ceci a déjà été
observé, en première partie des résultats (sous-chapitre 3.1, mise en place de l’hydroponie)
sur la croissance de la partie végétative de la plante (écotype C24). De même, l’étude du cycle
complet de développement de Col-0 en culture hydroponique indique aussi que le
développement des inflorescences, dans ces conditions, est morphologiquement identique à
celui observé sur les plantes cultivées en pot (Arteca et Arteca 2000).
Cependant, comme nous l’avons observé dans le sous-chapitre précèdent, la culture en
hydroponie permet la production de plantes de plus grande taille (Norén et al. 2007 ; Gibeaut
et al. 1997). En effet, pour un stade de développement donné, ces plantes présentent un
appareil végétatif plus important que les plantes cultivées en terre, mais aussi un grand
nombre hampes florales (Gibeaut et al. 1997 ; Norén et al. 2004). Ce phénomène est de plus
amplifié si la photopériode appliquée est de 8 ou 10h comme c’est le cas dans notre étude
(Norèn et al. 2004).
Cette étude nous a permis de noter que pour l’écotype Col-0, le passage du stade végétatif
au stade reproducteur s’effectue 53 jours après le semis, comme pour les cultures en terre. Ces
observations sont à rapprocher de travaux menés sur la sénescence de l’écotype Col-0 qui ont
montré que pour une photopériode de 12h/jour, la hampe florale émergeait à J46 après le semis
(Wingler et al. 2004). De plus, les études comparatives sur des plantes cultivées en et en terre,
61
RESULTATS ET DISCUSSION
ont montré que, pour une même photopériode, l’émergence de la hampe florale se faisait au
même jour. En effet, l’écotype Ws, sous une photopériode de 8h/jour, voit sa hampe florale
émerger 50 jours après le semis en terre ou en hydroponie (Norén et al. 2004) et l’écotype
Col-0, cultivé avec une photopériode de 16h/jour, après 22 jours de culture en hydroponie ou
en terre Artéca et Artéca (2000).
Notre travail a aussi permis de montrer que l’écotype Col-0 cultivé en hydroponie avec
une photopériode de 10h/jour, accomplissait son cycle de développement complet sur une
période d’environ 4 mois avec, en fin de cycle, une production de graines. Dans une étude
menée sur la senescence (Wingler et al. 2004), les auteurs indiquent que l’écotype Col-0
cultivé en pot (12h de photopériode) accompli son cycle de développement complet en plus
de 3 mois, résultat qui se rapproche donc de notre étude. Cependant, quelques différences
dans le phénotype des feuilles de la rosette entre ces 2 études peuvent être soulignées. En
effet, dans l’étude sur la sénescence de Col-0 cultivées en terre, la sénescence foliaire
s’accompagne d’une accumulation d’anthocyanes dans les feuilles dès l’émergence de la
hampe florale (Wingler et al. 2004) ce que nous n’observons pas. De plus, des travaux menés
sur des lignées recombinantes d’A. thaliana montrent que les lignées présentant une matière
sèche importante présentent une sénescence retardée (Diaz et al. 2008). Ces résultats
pourraient indiquer que les plantes cultivées en hydroponie ne subissent que de rares carences,
ce qui explique d’une part leur sénescence retardée et d’autre part, la taille importante des
plantes par rapport à des plantes cultivées en terre, ainsi que leur développement.
Ceci pourrait s’expliquer par la plus grande disponibilité des éléments minéraux et d’eau
dans un système de culture en hydroponie (Gibeaut et al. 1997). La masse et le nombre plus
important de feuilles observés pour les plantes cultivées en hydroponie pourraient permettre
de prolonger la capacité photosynthétique des plantes, comme pour les écotypes présentant
une phénotype « stay green » (Davies et Gan 2012). L’ensemble de ces remarques pourrait
expliquer le retard dans l’apparition des symptômes de sénescence caractéristiques de
l’écotype Col-0 cultivés en hydroponie.
La croissance des plantes Col-0 cultivées en hydroponie a été suivie en estimant la
biomasse sèche des plantes aux différents stades étudiés : le stade jeune (J), stade adulte (A),
stade émergence la hampe florale (E), le stade fleurs (F), stade siliques vertes (SV) et stade
graines (G).
62
RESULTATS ET DISCUSSION
A ce jour, nous n’avons pas trouvé de publications ayant étudiées les différents organes au
cours du suivi du développement complet de Col-0 en hydroponie. Cependant, les quelques
études réalisées sur d’A. thaliana cultivées en hydroponie montrent les mêmes types de
résultats malgré une période plus courte de l’étude de la croissance.
Nos résultats indiquent que la biomasse des racines augmente de J20 (stade jeune) à J67
stade fleurs), celle des feuilles de J20 (stade jeune) à J95 (stade siliques vertes), et celle des
hampes florales augmente du jour de leur apparition J53 (stade émergence de la hampe florale)
jusqu’au dernier stade étudié à J114 (stade graines). Des études menées sur Col-0 sous une
photopériode de 16h montrent que la masse sèche des racines, des feuilles et des hampes
florales augmente au cours de leur période d’étude allant de J 18 à J35 après le semis (Arteca et
arteca 2000). De même Gibeaut et collaborateurs (1997) ont montré que la masse sèche des
racines et des feuilles de l’écotype Ler, cultivés sous 10h de jour, augmentait tout au long de
leur étude (J25 à J48 après le semis).
Comme pour notre étude, Arteca et Arteca (2000) montrent qu’à la fin de leur
expérimentation à J35, la masse des inflorescences est plus importante que la masse des
feuilles. Cependant les valeurs des masse sèches trouvées dans les différentes
expérimentations sont difficilement comparables étant donnés que, d’une part ce n’est pas
toujours le même écotype qui est étudié, et d’autre part les conditions de cultures, notamment
les photopériodes utilisées, ne sont pas identiques.
L’évolution de la croissance de chaque organe au cours du développement de l’écotype
Col-0 cultivée en hydroponie a été suivie en calculant le pourcentage que représente leur
biomasse par rapport à la biomasse totale de la plantes aux différents stades étudiés.
Nos résultats indiquent qu’au stade jeune (J20), les racines représentent un tiers (32%
racines, 68% feuilles) de la masse totale de la plante alors que pour l’écotype C24 (souschapitre 3.1, mise en place de la culture hydroponique), la masse des racines représentait un
quart (24,5% racines, 75,5% feuilles) de la masse totale de la plante. En effet, nous avions
observé que pour un même stade de développement les plantes de C24 présentaient une taille
plus grande que les plantes de Col-0. Les variations de taille et de vitesse de croissance de
plantes sont des traits mis en évidence au sein de la variabilité naturelle d’A. thaliana
(écotype) (Koorneef et al 2004 ; Li et al 1998).
Cependant l’étude de la biomasse sur l’écotype Col-0, menée par Meyer et collaborateurs
(2004a) montrent une répartition de la biomasse très proche de celle mise en évidence par nos
résultats. En effet, les racines représentent 28% de la biomasse totale de la plante et les
feuilles 72% pour des plantules d’A. thaliana âgées de 15 jours, cultivées en boite de Pétri.
63
RESULTATS ET DISCUSSION
Au stade adulte (J40), Le pourcentage représenté par le compartiment racinaire a diminué
et ne représente plus qu’un quart de la biomasse sèche totale de la plante. Cette augmentation
plus rapide de la biomasse des feuilles par rapport à la biomasse des racines est assez
habituelle lors de la culture de plantes d’A. thaliana aussi bien en culture hydroponique
(Arteca and Arteca 2000) qu’en culture en rhizotron (Devienne-Barret et al. 2006).
Ce phénomène se poursuit d’ailleurs progressivement ensuite de J53 (stade émergence de
la hampe florale) jusqu’à J95 (stade siliques vertes). Artéca et Artéca (2000) observent eux
aussi sur Col-0 cultivé en hydroponie, une diminution de la masse sèche des racines (14,4%)
par rapport à celle des feuilles (85,6%) pour le stade de développement précédent l’apparition
de la hampe florale. Ce stade de développement marque un bouleversement majeur dans
l’allocation de la biomasse, puisque la plante passe du stade végétatif au stade floraison. En
plus des racines et des jeunes feuilles de la rosette, jusque-là principaux organes puits, un
nouvel organe puits émerge : la hampe florale. Ce stade de développement marque ainsi le
début d’une compétition pour les ressources carbonées entre les organes végétatifs et les
organes de reproduction (Christophe et al. 2008).
Rapidement après l’émergence de la hampe florale (J53), le pourcentage de la biomasse
des feuilles par rapport à la plante entière va diminuer, alors que celle de la hampe florale va
augmenter et au stade fleurs (J67), celle-ci représente déjà 25% de la biomasse totale de la
plante (11%racines, 64% feuilles). Ces résultats sont à nouveau à rapprocher des résultats
obtenu sur Col-0 cultivé en hydroponie, avec une photopériode de 16h qui indiquent des
répartitions de biomasses très similaires pour ces 3 organes, à savoir 17% pour les racines,
55% pour les feuilles et 28% pour les hampes florales (Artéca et Artéca 2000).
L’apparition des siliques J95 (stade siliques vertes), représente un nouveau puits pour la plante.
A ce stade, la biomasse des racines diminue de moitié en pourcentage par rapport au stade
précédent. A ce stade de développement, les feuilles matures de la rosette d’A. thaliana sont
en pleine remobilisation de leurs nutriments en faveur de la hampe florale et des siliques.
Cette remobilisation d’éléments a pour rôle d’apporter les ressources nécessaires au
développement des hampes florales (Hensel et al. 1993). La photo d’une plante à ce stade de
développement, présentée sur la Figure 33, montre en effet que les feuilles les plus âgées de la
rosette sont jaunes et présentent donc des symptômes avancés de sénescence (BuchananWollaston et al. 2003).
64
RESULTATS ET DISCUSSION
Pour le dernier stade de développement étudié, le stade graines (J114) la biomasse des
feuilles (34%) a fortement diminuée par rapport à la biomasse entière. De plus, les feuilles les
plus âgées présentent des symptômes de sénescence avancée. Ceci laisse aussi supposer, qu’à
ce stade, les feuilles ont remobilisé une grande partie de leurs ressources en carbone et azote
vers les siliques, pour le remplissage de graines. Ces deux processus vont conduire à une
diminution de la biomasse de la feuille, comme observée dans notre expérimentation
(Masclaux-Daubresse et al. 2010 ; Wingler et al. 2004).
En revanche, la biomasse des hampes florales a augmenté à ce stade (51%) comparé au
stade précédent (37%, stade silique vertes, J95,). Ces résultats sont à rapprocher de ceux
obtenus sur Col-0 cultivé en hydroponie sous une photopériode de 16 h de jour. En effet, cette
étude montre qu’après 35 jours de culture (inflorescences matures), la biomasse sèche des
racines représente 8% de la masse totale de la plante, celles des feuilles 26% et les
inflorescences (hampes florales, siliques et graines) 65% (Arteca et Arteca 2000). Ces
résultats indiquent bien que les ressources remobilisées depuis les feuilles au cours de la
sénescence sont allouées à la formation des hampes florales et des graines (MasclauxDaubresse et al. 2010 ; Diaz et al. 2008).
L’ensemble de ces résultats montre qu’au cours du cycle de vie d’A. thaliana , deux phases
distinctes régissent l’allocation de la biomasse de la plante. En effet, au cours des 53 premiers
jours de son cycle de vie, le développement végétatif de la plante est privilégié, avec une
augmentation importante de la masse des racines et des feuilles. Ainsi, au cours de la première
phase de développement d’A. thaliana , les organes puits principaux de la plante sont les
racines et les jeunes feuilles de la rosette. Il apparait tout de même que durant cette phase de
développement, la croissance des parties aériennes devient progressivement plus importante
que celle de la partie racinaire. En effet, la culture hydroponique limite les contraintes
d’absorption de l’eau et des minéraux par les racines, augmentant probablement l’activité
photosynthétique des plantes, et permettant ainsi le développement plus rapide des parties
aériennes au détriment des parties racinaires (Gibeaut et al. 1997).
A partir de l’émergence des hampes florales (53 jours), le développement végétatif est
ralenti pour permettre l’apparition des organes floraux. Dans un premier temps les feuilles de
la rosette, principaux organes sources, restent le compartiment le plus important en
pourcentage de biomasse bien que l’on puisse supposer que la remobilisation des ressources par
65
RESULTATS ET DISCUSSION
par sénescence monocarpique ait débuté (Masclaux-Daubresse et al. 2010 ; Wingler et al.
2004). La biomasse du compartiment racinaire va en revanche décroitre en pourcentage assez
fortement à partir de ce stade de développement par rapport à la biomasse totale de la plante.
Cependant sa croissance ne semble pas stoppée puisque la biomasse sèche moyenne des
racines augmente jusqu’au dernier stade de développement étudié.
Au stade siliques vertes et graines, le pourcentage représenté par la biomasse des feuilles
par rapport à la biomasse totale continue de diminuer, reflétant la forte remobilisation des
nutriments liée au processus de sénescence foliaire. Cette étape est nécessaire à la mise en
place des premières siliques et pour le remplissage des graines (Hensel et al. 1993 ; Robinson
and Hill 1999 ; Masclaux-Daubresse et al. 2010). Cependant, il semblerait que dans nos
conditions de culture hydroponique, les symptômes liés à la sénescence des feuilles soient
retardés par rapport à ceux observés sur des cultures de Col-0 cultivés en terre (Wingler et al.
2004). En revanche, cette remobilisation des ressources des feuilles semble pourtant se
manifester au dernier stade de développement des plantes puisque une diminution de la masse
sèche moyenne des rosettes est observée. Pour avoir plus d’informations sur l’état de
sénescence des feuilles, nous avons procédé à des mesures de contenu en chlorophylles.
Les valeurs de chlorophylles mesurées sur les feuilles prélevées aux 3 premiers stades de
développement étudiés (stade jeune J20, stade adulte J40 et stade émergence de la hampe
florale J53) sont très proches entre elles et sont comprises entre 12,9 et 13,3 mg.gMS-1. Ces
valeurs correspondent à des valeurs de chlorophylles classiquement retrouvées dans les jeunes
feuilles d’A. thaliana cultivées en terre (Diaz et al 2008). De même, une étude menée sur
l’écotype Ws cultivé à la fois en hydroponie et en terre, montre des teneurs équivalentes en
chlorophylles sur 6 feuilles prélevées au même stade de développement et pour les deux
systèmes de culture (Norén et al 2004).
En revanche nos mesures indiquent que les teneurs en chlorophylles totales augmentent
dans les feuilles aux stades fleurs (J67) et siliques vertes (J95). Ces résultats sont
contradictoires avec ce qui est rapporté dans la littérature. En effet, chez A. thaliana il est
connu que les feuilles entrent en sénescence (sénescence végétative) avant même que le
développement complet de la rosette ne soit terminé (Stessman et al. 2002) et la première
étape de la sénescence foliaire correspond à la dégradation des chlorophylles (BuchananWollaston et al. 2003 ; Pruzinska et al. 2005). Dans notre étude, l’échantillon sur lequel les
dosages des chlorophylles ont été réalisés correspond à un mélange de feuilles jeunes (n’ayant
pas encore compétemment mis en place son système photosynthétique) et de feuilles
matures. Il est à noter que nous n’avons pas récolté de feuilles présentant les premiers symptômes
66
RESULTATS ET DISCUSSION
avancés de sénescence à savoir un jaunissement au niveau de l’extrémité des feuilles. Nous ne
pouvons pas exclure que ce problème d’échantillonnage crée un biais dans nos résultats. En
effet, l’augmentation de la teneur en chlorophylles observée au stade fleurs et siliques vertes
semble refléter la présence de feuilles ayant atteint leur maturité plutôt que la teneur réelle en
chlorophylles de la rosette. Si les dosages avaient été réalisés sur l’ensemble de la rosette ou
sur exactement les mêmes rangs foliaires, la teneur en chlorophylles aurait diminuée au cours
du développement des plantes comme cela a été observé dans la littérature (Wingler et al.
2004 ; Pourtau et al. 2006)
De plus, les mesures de la masse sèche des rosettes (Figure 34) à ces deux stades de
développement montrent que la biomasse totale de feuilles diminue par rapport à la biomasse
totale de la plante. A la vue de ces résultats, il est possible d’imaginer que la teneur globale en
chlorophylles de la rosette diminue dans le même sens que la biomasse.
Cependant l’étude phénotypique du développement des A. thaliana Col-0 a montré qu’en
culture hydroponique le processus de sénescence semble être ralenti. Aussi, il n’est pas
surprenant que dans notre échantillon composé de jeunes feuilles et de feuilles matures la
quantité de chlorophylles soit encore élevée comparée à des plantes cultivées en terre ou en
boites de Pétri.
Pour le dernier stade de développement étudié, le stade graines (J 114), la teneur en
chlorophylle diminue de façon importante. Ceci reflète une perte en chlorophylles des feuilles
correspondant au premier phénomène observé au cours de la sénescence foliaire et qui
conduit, à plus long terme, aux symptômes de sénescence avancée résultant au jaunissement
des feuilles et à leur dessèchement (Stressmann et al. 2002 ; Buchanan-Wallason et al. 2003).
3.2.5 Etude de l’expression des gènes de transporteurs de sucre
L’étude de l’expression des gènes de transporteurs de sucre a été réalisée par la technique
de macroarray sur les racines, les feuilles et les hampes florales, pour les 6 stades de
développement étudiés. Cette technique permet de suivre l’expression de 14 gènes de
transporteurs d’hexose (AtSTP1 à AtSTP14), de 9 gènes de transporteurs de saccharose
(AtSUC1 à AtSUC9) et de 5 gènes de transporteurs de polyols (AtPLT1, 2, 3, 5 et AtPLT6).
Seuls les gènes dont l’expression est supérieure au seuil de sensibilité fixé sont représentés.
67
Figure 36 : Expression de gènes de transporteurs de sucre dans les racines d’Arabidopsis
thaliana analysée par la technique de macroarray pour chaque stade de développement
étudié : stade jeune, stade adulte, stade émergence de la hampe florale, stade fleurs,
stade siliques vertes et stade graines. Pour chaque gène, l’étude de l’expression a été
réalisée sur les racines de 10 plantes. L’expression des gènes de transporteurs de sucre a été
normalisée par la moyenne d’expression des gènes de ménage Ef1α, Actine2 et HistoneH4.
RESULTATS ET DISCUSSION
3.2.5.1 Etude de l’expression des gènes de transporteurs de sucre dans les racines
3.2.5.1.1 Les gènes de transporteurs de saccharose
Les résultats d’expression obtenus dans les racines mettent en évidence l’expression de 3
gènes de transporteurs de saccharose, AtSUC1, AtSUC2 et AtSUC5, pour tous les stades de
développement étudiés (Figure 36).
Le gène AtSUC1 est le gène de transporteurs de sucre le plus exprimé dans les racines d’A.
thaliana . Son expression est toujours très importante, quel que soit le stade de développement
considéré. Cependant, un pic d’expression de ce gène est mesuré au stade émergence de la
hampe florale et au stade siliques vertes, stades correspondant à l’apparition de nouveaux
organes puits. Le gène AtSUC2 présente moins de variation de son expression que le gène
AtSUC1 au cours des différents stades de développement étudiés. La quantité de transcrits
mesurés par macroarray est assez faible dans les racines pour les 4 premiers stades de
développement étudiés (stade jeune, stade adulte, stade émergence de la hampe florale et
stade fleurs). L’expression d’AtSUC2 est ensuite fortement augmentée dans les racines au
moment du remplissage des siliques, puis diminue une fois les siliques matures, en restant
toutefois supérieure à celle mesurée dans les 4 premiers stades (stade jeune, adulte, émergence
de la hampe florale et fleurs).
Le dernier gène de transporteurs de saccharose dont l’expression a été mesurée dans les
racines est le gène AtSUC5. L’expression de ce gène est assez faible, comparable à celle
mesurée pour AtSUC2 au stade jeune. Nos résultats montrent que l’expression d’AtSUC5 est
constante dans les racines tout au long du développement des plantes.
3.2.5.1.2 Les gènes de transporteurs de polyol
L’étude transcriptomique effectuée par macroarray dans les racines a aussi révélée
l’expression de 2 gènes de transporteurs de polyols, les gènes AtPLT5 et AtPLT6 (Figure 36).
Les transcrits du gène AtPLT5 sont retrouvés dans les racines pour chaque stade de
développement étudié. L’expression de ce gène est assez faible aux stades jeune, adulte et
fleurs. En revanche, son expression est plus importante dans les racines aux stades émergence
de la hampe florale, siliques vertes et graines.
En ce qui concerne le gène AtPLT6, son expression est détectée dans les racines pour tous
les stades de développement, excepté le stade siliques vertes. Son niveau d’expression est très
faible et est similaire pour tous les stades de développement où il a été détecté.
68
Figure 37 : Expression de gènes de transporteurs de sucre dans les feuilles d’ Arabidopsis
thaliana analysée par la technique de macroarray pour chaque stade de développement
étudié : stade jeune, stade adulte, stade émergence de la hampe florale, stade fleurs,
stade siliques vertes et stade graines. Pour chaque gène, l’étude de l’expression a été
réalisée sur les feuilles de 10 plantes. L’expression des gènes de transporteurs de sucre a été
normalisée par la moyenne d’expression des gènes de ménage Ef1α, Actine2 et HistoneH4.
RESULTATS ET DISCUSSION
3.2.5.1.3 Les gènes de transporteurs d’hexose
L’étude de l’expression des gènes de la famille des STPs (Sugar Transporter Protein) par
macroarray a révélé l’expression de 2 gènes de transporteurs d’hexose dans les racines d’A.
thaliana , les gènes AtSTP7 et AtSTP13 (Figure 36).
A l’exception du stade émergence de la hampe florale, les transcrits du gène AtSTP7 sont
détectés dans les racines des plantes pour tous les stades de développement étudiés.
L’expression de ce gène de transporteur de sucre est assez faible, excepté au stade siliques
vertes pour lequel une forte quantité de transcrit d’AtSTP7 a été détectée.
Le second gène de transporteurs d’hexose retrouvé exprimé dans les racines d’A. thaliana
est le gène AtSTP13. Son expression n’est détectée dans les racines que pour deux stades de
développement : le stade siliques vertes et le stade graines. L’expression de ce gène reste
assez faible pour ces deux stades de développement. Toutefois, la quantité de transcrits
mesurée dans les racines des plantes au stade graines est quasiment 2 fois plus importante que
celle mesurée dans les racines au stade siliques vertes.
3.2.5.2 Etude de l’expression des gènes de transporteurs de sucre dans les feuilles
3.2.5.2.1 Les gènes de transporteurs de saccharose
L’analyse de l’expression des gènes de transporteurs de saccharose dans les feuilles d’A.
thaliana au cours du développement a montré l’expression des gènes AtSUC1 et AtSUC2
(Figure 37). Le gène AtSUC5, exprimé dans les racines, n’est pas retrouvé dans les feuilles.
L’expression du gène AtSUC1 est mesurée dans les feuilles d’A. thaliana pour tous les
stades de développement étudiés. Au stade jeune, il est avec le gène AtSUC2 le gène le plus
exprimé dans les feuilles. L’expression d’AtSUC1 augmente ensuite dans les feuilles adultes
puis diminue légèrement dans les feuilles des plantes au stade émergence de la hampe florale.
Pour le stade fleurs, l’expression d’AtSUC1 augmente à nouveau dans les feuilles pour
atteindre un niveau plus élevé que celui mesuré au stade adulte. Le niveau d’expression au
stade siliques vertes est identique à celui du stade émergence de la hampe florale. C’est au
stade graines que le plus grand nombre de transcrits d’AtSUC1 a été détecté dans les feuilles
d’A. thaliana .
En ce qui concerne le gène AtSUC2, son expression est aussi mesurée dans les feuilles
pour chaque stade de développement étudié. Les variations d’expression de ce gène au cours
du développement sont moins importantes que celles observées pour le gène AtSUC1. Aux
stades jeune et émergence de la hampe florale, la quantité de transcrits détectée pour le gène
AtSUC2 est du même ordre que celle mesurée pour le gène AtSUC1. L’expression d’AtSUC2
69
RESULTATS ET DISCUSSION
est en revanche plus forte dans les feuilles au stade adulte, au stade hampes florales et au
stade fleurs, et atteint son maximum d’expression dans les feuilles au stade graines.
3.2.5.2.2 Les gènes de transporteurs de polyol
Parmi les 7 gènes de transporteurs de sucre exprimés dans les feuilles au cours du
développement de la plante, deux sont des gènes de transporteurs de polyol, AtPLT5 et
AtPLT6 (Figure 37), les mêmes que ceux exprimés dans les racines.
Aux stades jeune et adulte, le nombre de transcrits retrouvé dans les feuilles pour le gène
AtPLT5 est assez faible. L’expression de ce gène va ensuite augmenter progressivement dans
les feuilles à chaque stade de développement étudié. Son expression pour les 3 derniers stades
de développement étudiés (fleurs, siliques vertes et graines) est d’ailleurs supérieure à celle
retrouvée pour le gène AtSUC2.
En ce qui concerne le gène AtPLT6, son expression est extrêmement faible au stade jeune
et elle n’est pas détectée au stade adulte (Figure 37). Pour les stades émergence de la hampe
florale, fleurs et siliques vertes, le nombre de transcrits du gène AtPLT6 est plus important et
reste identique pour ces 3 stades de développement. Son expression, en revanche, augmente
fortement dans les feuilles au stade graines.
3.2.5.2.3 Les gènes de transporteurs d’hexose
L’expression de trois gènes de transporteurs d’hexose a été détectée dans les feuilles d’A.
thaliana au cours de son cycle de vie, les gènes AtSTP13, AtSTP14 et AtSTP3 (Figure 37).
Seul AtSTP13 est commun avec les gènes exprimés dans les racines.
L’expression du gène AtSTP3 n’est pas détectée dans les feuilles des plantes au stade
jeune. Aux stades adulte et émergence de la hampe florale, l’expression de ce gène reste assez
faible. En revanche, son expression augmente de façon assez importante dans les feuilles au
stade fleurs. Le nombre de transcrits détecté pour ce gène aux stades siliques vertes et graines
reste assez élevé, bien qu’un peu plus faible que pour le stade fleurs.
Le gène AtSTP13 est exprimé dans les feuilles pour tous les stades de développement
étudiés. Son expression reste toutefois très faible aux stades jeune et fleurs. Le nombre de
transcrits mesuré dans les feuilles aux stades adulte, émergence de la hampe florale et siliques
vertes est en revanche plus élevé. Mais c’est au stade graines que la plus forte expression
d’AtSTP13 est mesurée. C’est d’ailleurs le gène de transporteur de sucre le plus exprimé dans
les feuilles à ce stade de développement.
Concernant, l’expression du gène AtSTP14, celle-ci n’est détectée qu’aux stades : jeune,
émergence de la hampe florale, fleurs et siliques vertes (Figure 37). Son expression est très
70
Figure 38 : Expression de gènes de transporteurs de sucre dans les hampes florales
d’Arabidopsis thaliana analysée par la technique de macroarray pour chaque stade de
développement étudié : stade jeune, stade adulte, stade émergence de la hampe florale,
stade fleurs, stade siliques vertes et stade graines. Pour chaque gène, l’étude de
l’expression a été réalisée sur les hampes florales de 10 plantes. L’expression des gènes de
transporteurs de sucre a été normalisée par la moyenne d’expression des gènes de ménage
Ef1α, Actine2 et HistoneH4.
RESULTATS ET DISCUSSION
faible aux stades jeune et émergence de la hampe florale et semble légèrement augmenter lors
de la floraison et la formation des siliques.
3.2.5.3 Etude de l’expression des gènes de transporteurs de sucre dans les hampes
florales
Nous avons pu observer que pour les plantes d’A. thaliana cultivées en hydroponie, les
hampes florales émergent après 53 jours de culture. L’étude de l’expression des gènes de
transporteurs de sucre dans cet organe ne sera donc effectuée que pour les stades fleurs,
siliques vertes et graines.
3.2.5.3.1 Les gènes de transporteurs de saccharose
Tout comme dans les racines, les trois gènes de transporteurs de saccharose AtSUC1,
AtSUC2 et AtSUC5 sont exprimés dans les hampes florales (Figure 38).
Le gène AtSUC1 est, avec AtSUC2, le gène le plus exprimé dans les hampes florales d’A.
thaliana au stade fleurs. Le niveau d’expression d’AtSUC1 va ensuite légèrement augmenter
dans les hampes au stade siliques vertes, puis augmenter de façon beaucoup plus importante
dans les hampes florales des plantes au stade graines.
Le niveau d’expression du gène AtSUC2 est, quant à lui, similaire à celui d’AtSUC1 dans
les hampes florales des plantes au stade fleurs. Au stade siliques vertes, l’expression de ce
gène augmente, puis celle-ci diminue dans les hampes florales des plantes au stade graines.
Le dernier gène de transporteurs de sucres dont la présence de transcrits a été mesurée
dans les hampes florales est le gène AtSUC5. Son expression n’a été détectée qu’au stade
fleurs et au stade graines, bien qu’elle soit cependant très faible.
3.2.5.3.2 Les gènes de transporteurs de polyol
Le seul gène de transporteur de polyol dont l’expression a pu être mesurée dans les
hampes florales est le gène AtPLT5 (Figure 38). Son expression est très faible dans les
hampes des plantes au stade fleurs mais augmente de façon importante pour les deux derniers
stades de développement étudiés (siliques vertes et graines). Cette forte expression est
d’ailleurs aussi observée sur les feuilles de la rosette pour ces 2 derniers stades de développement.
3.2.5.3.3 Les gènes de transporteurs d’hexose
L’étude de l’expression des gènes de transporteurs d’hexose dans les hampes florales n’a
révélé l’expression que d’un seul gène de transporteur d’hexose dans ce compartiment, le
gène AtSTP13 (Figure 38). Ce gène est peu exprimé dans les hampes florales des plantes aux
stades fleurs et siliques vertes, mais les résultats indiquent une surexpression de ce gène dans
les hampes florales au stade graines.
71
RESULTATS ET DISCUSSION
3.2.5.4 Discussion
L’étude de l’expression des transporteurs de sucre dans la racine au cours du cycle de
développement complet de Col-0 en hydroponie a permis de mettre en évidence un certain
nombres de gènes.
Parmi les transporteurs de saccharose, le gène AtSUC1 est celui qui est le plus exprimé
tout au long du développement de Col-0. L’expression de ce gène dans les racines d’A.
thaliana a été mis en évidence dans les travaux menés par Sivitz et collaborateurs (2008).
Cette étude montre que l’expression de d’AtSUC1 est localisée dans les pointes racinaires et
les racines latérales des plantules d’A. thaliana . Ce transporteur de sucre permettrait le
déchargement du saccharose par voie apoplastique dans ces zones de la racine. Les valeurs
d’expression maximales d’AtSUC1 que nous avons observées au cours du développement
d’A. thaliana, coïncident avec deux stades particuliers du cycle de développement de la
plante. Ces stades correspondent à l’apparition de nouveaux organes puits, à savoir la hampe
florale et les siliques qui constituent de nouveau puits de carbone au niveau de la plante, qui
vont entrainer une compétition pour cette ressource avec les racines (Christophe et al. 2008).
Le second gène de transporteur de saccharose le plus exprimé dans la racine est le gène
AtSUC2. Nos résultats montrent que son expression augmente fortement dans les derniers
stades de développement étudiés (stade siliques vertes J95 et stades graines, J114). Les travaux
de Truernit et Sauer (1995) ont permis de localiser l’expression d’AtSUC2 dans les racines
d’A. thaliana . La fonction de ce transporteur dans les racines est encore mal connue. Il
pourrait, comme pour AtSUC1, jouer un rôle dans le déchargement apoplastique du
saccharose (Carpaneto et al. 2005, Juergensen et al. 2003). L’augmentation de l’expression de
ce gène dans les racines, à la fin du développement de la plante pourrait, de la même façon
qu’AtSUC1, participer au maintien d’un flux de carbone des feuilles vers ce compartiment.
Le dernier gène de transporteur de saccharose dont l’expression a été observée dans notre
étude est le gène AtSUC5. Son expression, assez faible, est constante dans les racines tout au
long du développement des plantes, et elle est proche de celle mesurée pour AtSUC2 au stade
jeune. De précédents travaux réalisés par Baud et collaborateurs (2005) ont permis de montrer
l’expression de ce gène dans les racines d’A. thaliana , mais sur l’écotype Ws. En revanche,
aucune étude n’a été effectuée sur le rôle d’AtSUC5 dans ce compartiment. L’analyse des
données d’expression de la base de données microarray Genevestigator semble aussi montrer
un niveau d’expression assez constant de ce gène au cours du développement de la plante.
72
RESULTATS ET DISCUSSION
Parmi les gènes de transporteurs de polyol étudiés, seuls 2 d’entre eux sont exprimés dans
la racine : AtPLT5 et AtPLT6. Nos travaux indiquent que le gène AtPLT5 s’exprime tout au
long du développement. Son expression semble augmenter au cours des derniers stades de
développement étudiés (stade émergence de la hampe florale J53, stade fleurs J67, stade
siliques vertes, J95 et stade graines, J114). L’expression d’AtPLT5 a précédemment été mise en
évidence dans les racines par des études réalisées par Klepek et collaborateurs (2005). Ces
travaux ont permis de localiser l’expression de ce gène dans la zone d’élongation de la racine
d’A. thaliana. D’après Reinders et collaborateurs (2005), ce transporteur de sucre participerait
au déchargement apoplastique des sucres depuis le phloème. En effet, il permettrait le
transport d’hexoses issus du clivage de saccharose par les invertases pariétales au niveau des
cellules de la racine. L’augmentation de l’expression de ce gène dans la racine au cours des
derniers stades de développement des plantes permettrait d’accélérer le déchargement du
saccharose dans l’apoplaste des cellules de la racine, créant une force de puits plus importante
au niveau de ces dernières, permettant de compenser la demande importante des autres puits
de la plante. En effet, les siliques vertes et les graines représentent des puits de carbone
importants lors du développement de la plante (Hensel et al. 1994), celles-ci entrant en
compétition avec le puits racines. Les racines vont donc activer l’ensemble des transporteurs
de sucre qui leur permettront d’augmenter leur approvisionnement en sucre.
En ce qui concerne le gène AtPLT6, son expression a été détectée dans les racines pour 5
des 6 stades de développement étudiés (non exprimé au stade siliques vertes, J95). Cependant
cette expression reste faible et identique pour tous les stades de développement où il a été
détecté. Les études sur l’expression de ce gène disponibles sur la base de données microarray
Genevestigator semblent aussi montrer que l’expression de ce gène ne varie pas au cours du
développement de la plante. Toutefois, aucune donnée n’est disponible sur la nature des
substrats transportés par AtPLT6. Une étude phylogénétique sur les transporteurs de polyols,
réalisée au laboratoire, laisse supposer qu’AtPLT6 est assez éloigné des autres transporteurs
de polyol caractérisés (Lemoine, Porcheron, Mainson, Maurousset et Laloi, soumis pour
publication).
Seuls deux gènes de transporteurs d’hexose, AtSTP7 et AtSTP13, semblent s’exprimer
dans les racines de plantes cultivées au cours de notre expérimentation. Le transporteur
d’hexose AtSTP7 s’exprime à tous les stades de développement à l’exception du stade
émergence de la hampe florale (J53) et son expression est la plus importante au stade siliques
vertes (J95). Aucune étude n’a été à ce jour réalisée sur l’expression de ce gène. Cependant,
l’analyse des données AREX ( Ar a bidopsis Gene Expression Database), regroupant des
73
RESULTATS ET DISCUSSION
données d’expression issues de microarray, a permis de retrouver l’expression de ce gène
dans les racines, et plus particulièrement dans les cellules de l’épiderme de la coiffe des
racines d’A. thaliana . L’analyse des données de microarray Genevestigator semble aussi
montrer l’expression d’AtSTP7 dans les racines (Buttner 2007, Buttner 2010). Ces données
d’expression semblent aussi indiquer une augmentation de son expression au stade siliques
vertes, tout comme ce qui est observé dans notre étude.
L’expression du gène AtSTP13 n’a été mesurée que pour les stades siliques vertes (J95) et
graines (J114). L’expression d’AtSTP13 dans les racines a fait l’objet d’une étude réalisée par
Yamada et collaborateurs (2011). Tout comme dans notre analyse, l’expression de ce gène
reste très faible dans cet organe. En revanche, ce gène est surexprimé dans les racines en
condition de stress salin. Il aurait pour rôle de collecter les hexoses relargués dans le milieu
extérieur suite aux dommages engendrés par le stress. Ainsi, il est possible d’imaginer que
l’augmentation de l’expression d’AtSTP13 observée dans notre étude aux derniers stades de
développement de la plante (siliques vertes et graines) pourrait s’expliquer par la récupération
des hexoses engendrés par la mort naturelle des cellules racinaires.
Lors d’une étude sur les gènes de transporteurs AtSTPs exprimés dans les racines et d’A.
thaliana , Yamada et collaborateurs (2011), retrouvent en plus d’AtSTP7 et AtSTP13, deux
autres gènes de transporteurs assez fortement exprimés, AtSTP1 et AtSTP4. Nous n’avons pas
retrouvé ces 2 gènes dans nos résultats, mais ceci pourrait s’expliquer par le fait que les
racines étudiées par Yamada et collaborateurs (2011) provenaient de plantes cultivées in vitro
avec du saccharose dans le milieu de culture. Il a été démontré que les plantules sont capables
d’acquérir les molécules carbonées présentes dans le milieu, via les racines, et que AtSTP1 est
principalement responsable de cette absorption (Yamada et al. 2011). Aussi, dans ces
conditions, il est compréhensible que nous ne retrouvions pas l’expression d’AtSTP1 dans
notre étude, le milieu de culture en hydroponie ne contenant pas de sucre.
Ces premiers résultats sur l’étude de l’expression des gènes de transporteurs de sucre dans
les racines d’A. thaliana cultivée en hydroponie ont permis de montrer que le gène AtSUC1
est le gène le plus exprimé dans ce compartiment. Il est celui, avec le gène AtPLT5, dont
l’expression est la plus variable au cours du développement. Ces deux gènes possèdent
d’ailleurs l’expression la plus forte dans les racines au stade émergence de la hampe florale.
Leur rôle potentiel dans le déchargement du phloème au niveau des racines (Sivitz et al.
2008 ; Reinders et al. 2005) pourrait suggérer que leur expression dans cet organe soit liée à
un transport plus important des sucres dans les racines. Il est ainsi possible d’imaginer que
74
RESULTATS ET DISCUSSION
l’expression plus importante des gènes AtSUC1 et AtPLT5 pourrait jouer un rôle dans le
maintien de la force de puits des racines, permettant de continuer un transport de sucre
suffisant pour le maintien de la croissance et du développement de ce compartiment. Ces deux
gènes sont d’ailleurs également surexprimés dans la racine, tout comme les gènes AtSUC2 et
AtSTP7, au moment de l’apparition des siliques, nouvel organe puits majeur dans la plante.
L’étude de l’expression des gènes de transporteurs de sucre dans les feuilles d’A. thaliana
en hydroponie a permis de mettre en évidence l’expression de 2 gènes de transporteurs de
saccharose (AtSUC1 et AtSUC2), de 3 gènes de transporteurs d’hexose (AtSTP3, AtSTP13 et
AtSTP14) et de 2 gènes de transporteurs de polyol (AtPLT5 et AtPLT6).
Concernant les transporteurs de saccharose, les résultats montrent que le gène AtSUC1
s’exprime dans les feuilles tout au long du développement de la plante mais aussi que cette
expression est fluctuante. Les 3 stades de développement au cours desquels il est le plus
fortement exprimé sont : le stade adulte (J40), stade fleur (J67) et le stade graines (J114).
L’expression du gène AtSUC1 a été suivie par Sivitz et collaborateurs (2007) en utilisant le
gène rapporteur de la β-glucuronidase. Cette étude a permis de localiser l’expression de ce
gène uniquement dans les trichomes des feuilles d’A. thaliana . Très clairement, l’expression
d’AtSUC1 se maintient tout au long du développement de la plante, sans que l’on puisse
attribuer une fonction précise au trichome.
L’étude du gène AtSUC2 indique que ce gène s’exprime dans les feuilles à tous les stades
de développement étudiés et que son expression montre de faibles variations au cours du
développement. Plusieurs études ont permis de localiser le transporteur AtSUC2 dans le
phloème des feuilles d’A. thaliana et plus précisément dans la membrane plasmique des
cellules compagnes (Stadler and Sauer 1996, Truernit and Sauer 1995). Ce transporteur de
sucre est le transporteur impliqué dans le chargement apoplastique du saccharose dans le
phloème (Gotwald et al. 2000 ; Srivastava et al. 2008).
De plus, notre étude montre qu’AtSUC2 est le gène ayant l’expression la plus stable dans
les feuilles au cours du développement. La faible variation de son expression au cours du
développement de la plante pourrait indiquer un chargement constant du phloème afin de
subvenir aux besoins en sucre des différents compartiments puits de la plante : les racines et
les jeunes feuilles dans les premiers stades de développement, puis les hampes florales, fleurs
et siliques en fin de développement. De plus, quelle que soit l’origine du saccharose,
photosynthétique durant la majeure partie du développement, ou provenant de la dégradation de
75
RESULTATS ET DISCUSSION
réserves au cours de la sénescence, les feuilles adultes sont toujours exportatrices de
saccharose, ce qui nécessite l’expression d’AtSUC2.
En ce qui concerne les transporteurs de polyol, notre étude indique que l’expression dans
les feuilles du gène AtPLT5 est stable au cours des deux premiers stades de développement
étudiés (stade jeune J20 et stade adulte J40). Pour les 4 derniers stades de développement, son
expression augmente graduellement pour atteindre son maximum au stade graines (J 114). La
localisation de l’expression du gène de transporteur de sucre AtPLT5 a été étudiée par
Reinders et collaborateurs (2005) à l’aide du gène rapporteur de la β-glucuronidase. Ces
études ont permis de mettre en évidence l’expression de ce gène dans les principaux vaisseaux
conducteurs des feuilles. Ce transporteur de sucre pourrait être impliqué dans la collecte des
hexoses relargués lors de la dégradation des cellules qui se déroule à la fin du processus de
sénescence, et qui conduit à la mort cellulaire (Reinders et al. 2005). Ceci pourrait expliquer
la forte expression de ce gène dans les feuilles aux derniers stades de développement, au cours
de la sénescence.
Concernant le gène AtPLT6, son expression est mesurable dans les feuilles à tous les
stades de développement étudiés, à l’exception du stade adulte (J40), et celle-ci est maximale
au stade graines (J114). Aucune étude n’a été effectuée sur le transporteur de sucre AtPLT6.
L’analyse des données de microarray disponible sur la base de données Genevestigator
permet tout de même de préciser son expression dans les feuilles. Ces données semblent aussi
montrer une expression plus importante du gène AtPLT6 dans les feuilles des plantes au stade
graines, confirmant ainsi nos résultats.
Parmi les transporteurs d’hexose étudiés, l’expression du gène AtSTP3 a été mise en
évidence dans les feuilles. Son expression est observée à tous les stades de développement
étudiés à l’exception du stade jeune (J40), et son expression la plus importante a été notée au
stade graines (J114). De plus, il est à noter que l’expression du gène AtSTP3 n’a été détectée
dans nos expérimentations que dans les feuilles. En effet, ce gène semble avoir une expression
spécifique dans les feuilles d’A. thaliana (Büttner et al. 2000). L’analyse des données
d’expression AREX a aussi permet de montrer une expression plus importante de ce gène
dans les feuilles au dernier stade de développement.
L’expression du gène AtSPT13 dans les feuilles est observée à tous les stades de
développement étudiés. Son expression varie au cours des 5 premiers stades de
développement et est fortement activée au stade graines (J114). Le gène AtSPT13 a fait l’objet
d’une étude réalisée par Norholm et collaborateurs (2006) qui a permis de montrer son expression
76
RESULTATS ET DISCUSSION
dans les feuilles d’A. thaliana . Tout comme dans notre étude, ces travaux ont montré que
l’expression du gène AtSTP13 est fortement induite dans les feuilles au cours de la
sénescence. Il a été supposé, comme pour AtPLT5, que ce transporteur de sucre permettrait de
collecter les hexoses laissés dans le compartiment apoplastique après la mort des cellules des
feuilles sénescentes.
Concernant le gène AtSTP14 son expression n’est pas détectée dans les feuilles au stade
adulte (J40) et au stade graines (J114). Il est détecté dans tous les autres stades de
développement mais son niveau d’expression est cependant assez faible. Les études réalisées
par Poschet et collaborateurs (2010) ont aussi permis de montrer l’expression du gène
AtSTP14 dans les feuilles d’A. thaliana . Cette étude montre qu’AtSTP14 transporte
essentiellement du galactose. Ce gène serait donc impliqué dans le transport des sucres qui
entrent dans la structure et la mise en place de la paroi au niveau des jeunes feuilles. De plus,
il serait aussi responsable, dans les feuilles, du recyclage du galactose des parois lors de leur
démantèlement au cours de la sénescence (Poschet et al. 2010).
On peut penser que l’augmentation de l’expression des gènes de transporteurs d’hexose
dans les feuilles d’A. thaliana au cours du développement est liée à la remobilisation des
ressources carbonées des feuilles au cours de la sénescence. En effet, plusieurs études
suggèrent l’implication des gènes AtSTP13, AtPLT5 et AtSTP14 dans la récolte des hexoses
présents dans l’apoplaste après la mort des cellules par sénescence (Norholm et al. 2006 ;
Reinders et al. 2005 ; Poschet et al. 2010).
L’étude de l’expression des transporteurs de sucre dans les hampes florales a été réalisée
pour 3 stades de développement uniquement : le stade fleurs (J67), le stade siliques vertes (J95)
et le stade graines (J114). Les résultats ont permis de mettre en évidence l’expression de 5
gènes de transporteurs de sucre : les gènes AtSUC1, AtSUC2, AtSUC5, AtPLT5 et AtSTP3.
Tout comme dans les racines, les trois gènes de transporteurs de saccharose AtSUC1, AtSUC2
et AtSUC5 sont exprimés dans les hampes florales.
L’expression du gène AtSUC1 dans les hampes florales est assez important et augmente
progressivement au cours des 3 stades de développement étudiés. Dans l’étude menée par
Stadler et collaborateurs (1999), une forte expression du gène AtSUC1 a été mis en évidence
dans les anthères des plantes d’A. thaliana . En effet, ce transporteur de sucre serait impliqué
dans la déhiscence des anthères en modulant le potentiel hydrique dans les tissus environnants
par accumulation de saccharose. L’expression du gène AtSUC1 a aussi été mise en évidence dans
77
RESULTATS ET DISCUSSION
les trichomes des feuilles d’A. thaliana (Sivitz et al. 2007) et il est à noter que de nombreuses
feuilles caulinaires sont présentes sur les hampes florales d’A. thaliana . L’expression
d’AtSUC1 mesurée dans notre expérimentation est certainement due à l’expression de ce gène
à la fois dans les feuilles caulinaires et les anthères des fleurs présentes sur les hampes
florales.
L’expression du gène AtSUC2 dans les hampes florales est très proche de celle observée
pour le gène AtSUC1, avec l’expression la plus importante observée aux stades siliques vertes
(J95) et graines (J114). Le profil d’expression dans les hampes florales aux stades : fleurs,
siliques vertes et graines est proche de celui observé dans la base de données de microarray
AREX. En effet l’analyse de ces données montre une expression assez forte d’AtSUC2 dans
les feuilles caulinaires de la hampe florale, expression qui diminue ensuite progressivement
dans ce compartiment à la fin du cycle de vie de la plante. Ce transporteur de sucre étant
impliqué dans le chargement du saccharose dans le phloème pourrait avoir un rôle dans
l’exportation des sucres des feuilles caulinaires vers les organes puits de la hampe (fleur,
siliques et graines).
Le dernier transporteur de saccharose exprimé dans les hampes florales est le gène
AtSUC5. Son expression n’a été détectée que pour 2 des 3 stades de développement étudiés
(stade fleurs J67 et le stade graines J114) et celle-ci est de faible niveau. L’expression de ce
gène a été mise en évidence dans l’étude menée par Baud et collaborateurs (2005) au niveau
de l’endoderme des graines d’A. thaliana dès le début de leur développement. Il est ainsi
possible de penser que l’expression d’AtSUC5 détectée dans notre étude serait localisée dans
les siliques en formation de la hampe florale.
Notre étude montre que, le seul transporteur de polyol dont l’expression a pu être
mesurée dans les hampes florales, est AtPLT5. Son expression est très faible au stade fleurs
(J67) et augmente fortement pour les 2 derniers stades étudiés (stade siliques vertes J97 et
stades graines J114). Une forte expression de ce gène a déjà été mise en évidence dans les
hampes florales d’A. thaliana (Reinders et al. 2005). Les auteurs suggèrent qu’AtPLT5, dont
l’expression est fortement détectée dans les zones d’abscission florale, serait impliqué dans la
collecte des sucres produits par la dégradation des polysaccharides de la paroi des cellules
localisées dans ces zones et lors de remobilisation des ressources carbonées des feuilles
caulinaires vers les hampes florales.
Un seul gène de transporteur d’hexose a été mis en évidence dans les hampes florales, le
gène AtSTP13. Ce gène s’exprime au cours des 3 stades de développement étudiés mais nos
travaux indiquent une forte surexpression de ce gène au stade graines (J114). Conformément aux
78
Figure 39 : Teneur en saccharose, glucose et fructose dans les racines, pour chaque stade
de développement étudié : stade jeune (J), adulte (A), émergence de la hampe florale (E),
fleurs (F), siliques vertes (SV) et graines (G). Le dosage des sucres a été réalisé sur les
racines de 5 plantes mélangées pour chaque point de récolte. Les histogrammes représentent
la moyenne de deux réplicats techniques du dosage. Les valeurs notés ND présentent les
points où les quantités de sucres n’ont pas pu être déterminés, étant inférieurs au seuil de
détection de l’HPLC (300 nmol.L-1).
RESULTATS ET DISCUSSION
résultats de Norholm et collaborateurs (2006) ce transporteur de sucre serait impliqué dans la
collecte des hexoses relargués au cours de la destruction des membranes cellulaires lors de la
sénescence des feuilles caulinaires.
Les 2 transporteurs de monosaccharides, AtSTP13 et AtPLT5 auraient la même fonction à
savoir : la collecte des hexoses produits par la dégradation des parois et la mort des cellules au
cours de la sénescence.
3.2.6 Etude de la teneur en sucres solubles : saccharose, glucose et fructose
Afin de mieux comprendre les modifications de la répartition des ressources carbonées
dans la plante au cours de son développement, le dosage du saccharose, glucose et fructose a
été effectué dans les racines, feuilles, hampes florales et siliques, pour les 6 stades de
développement étudiés. Le choix s’est porté sur ces 3 sucres car le saccharose est la principale
forme de transport du carbone à longue distance chez A. thaliana et le glucose et le fructose
sont ses produits d’hydrolyse par les invertases.
3.2.6.1 Teneurs en sucres solubles (saccharose, glucose, fructose) dans les racines
La Figure 39 présente les résultats de dosage du saccharose, glucose et fructose dans les
racines des plantes aux différents stades de développement étudiés. Les teneurs en saccharose
dans les racines des plantes aux stades adulte, émergence de la hampe florale et fleurs n’ont
pas pu être déterminées, étant inférieures au seuil de sensibilité de l’HPLC (300 nmol). La
quantité de saccharose la plus importante est retrouvée dans les plantes au stade jeune (3,4
µmol.gMS-1, Figure 39). Pour les stades siliques vertes et graines, les teneurs en saccharose
des racines restent très faibles (respectivement 1,5 et 0,5 µmol.gMS-1).
Le dosage du glucose montre que ce sucre est le plus représenté dans les racines, quel que
soit le stade de développement étudié. La teneur en glucose des racines pour les plantes des 3
premiers stades étudiés (jeune, adulte, émergence de la hampe florale) est assez similaire
(respectivement 19, 18,2 et 21 µmol.gMS-1), puis diminue pour les trois derniers stades de
développement fleurs, siliques vertes et graines (respectivement 9,2, 8,8 et 6,4 µmol.gMS-1 ;
Figure 39).
Les quantités de fructose mesurées sont environ deux fois moins importantes que celles
mesurées pour le glucose pour chaque stade de développement étudié (Figure 39), sauf au
stade émergence de la hampe florale, où la quantité de fructose représente moins de la moitié
de celle de glucose. Aux stades jeune, adulte et émergence de la hampe florale, les quantités
respectives en fructose des racines sont de 9, 10,3 et 7,8 µmol.gMS-1. La teneur en fructose est
79
Figure 40 : Teneur en saccharose, glucose et fructose dans les feuilles, pour chaque stade
de développement étudié : stade jeune (J), adulte (A), émergence de la hampe florale (E),
fleurs (F), siliques vertes (SV) et graines (G). Le dosage des sucres a été réalisé sur les
feuilles de 5 plantes mélangées pour chaque point de récolte. Les histogrammes représentent
la moyenne de deux réplicats techniques du dosage.
RESULTATS ET DISCUSSION
ensuite moins importante dans les racines des plantes aux stades fleurs, siliques vertes et
graines (respectivement 5,2, 4,4 et 2,8 µmol.gMS-1 ; Figure 39).
En sommant les quantités de ces 3 sucres, il est possible de montrer que les teneurs en
sucres solubles dans les racines restent assez stables pour les 3 premiers stades de
développement (31,4 µmol.gMS-1 au stade jeune, 28 µmol.gMS-1 au stade adulte et 29
µmol.gMS-1 au stade émergence de la hampe florale). Une diminution de la quantité de ces
sucres solubles est ensuite observée dans les plantes aux stades fleurs et siliques vertes
(respectivement 14 et 14,5 µmol.gMS-1). Au stade graines enfin, la teneur en sucres solubles
totale mesurée est très faible (9,5 µmol.gMS-1).
3.2.6.2 Teneurs en sucres solubles (saccharose, glucose, fructose) dans les feuilles
Les teneurs en saccharose, glucose et fructose mesurées dans les feuilles de la rosette sont
présentées sur la Figure 40. Les résultats obtenus montrent que la teneur en sucres solubles
présente deux phases bien distinctes mais comparables dans leur déroulement : une première
phase voit une diminution progressive de la teneur en sucres depuis le stade jeune jusqu’au
stade émergence de la hampe florale. La deuxième phase se déroule du stade fleurs au stade
graines : les teneurs en sucres solubles augmentent nettement au stade fleurs et diminuent à
nouveau jusqu’au stade graines.
Comme dans le compartiment racinaire, le sucre le moins présent dans les feuilles est le
saccharose. Il est toutefois retrouvé en plus grande quantité dans les feuilles que dans les
racines et surtout, à tous les stades de développement. Les teneurs en saccharose mesurées
dans les feuilles au stade jeune, adulte et siliques vertes sont assez similaires (respectivement
5,9.gMS-1, 7,6 et 6,1 µmol.gMS-1). La plus grande quantité de saccharose est retrouvée dans
les feuilles au stade fleurs (14,5 µmol.gMS-1) et la plus faible aux stades émergence de la
hampe florale (2,5 µmol.gMS-1) et graines (2,1 µmol.gMS-1 ; Figure 40).
Le glucose est le sucre soluble le plus représenté dans les feuilles des plantes pour chaque
stade de développement étudié. La teneur en glucose dans les feuilles aux stades jeune, adulte
et siliques vertes est assez proche (respectivement 35,3, 33,7 et 39,9 µmol.gMS -1 ; Figure 40).
Comme pour les teneurs en saccharose, la quantité de glucose la plus importante dans les
feuilles est mesurée au stade fleurs (61,9 µmol.gMS-1) et la plus faible aux stades émergence
de la hampe florale (17,3 µmol.gMS-1) et graines (14,4 µmol.gMS-1 ; Figure 40).
La quantité de fructose mesurée au stade jeune (22,4 µmol.gMS-1) est la quantité
maximum de fructose retrouvée dans les feuilles pour tous les stades de développement étudiés
80
Figure 41 : Teneur en saccharose, glucose et fructose dans les hampes florales, pour les 3
derniers stades de développement étudiés : stade fleurs (F), siliques vertes (SV) et au
stade graines (G). Le dosage des sucres a été réalisé sur les hampes florales de 5 plantes
mélangées pour chaque point de récolte. Les histogrammes représentent la moyenne de deux
réplicats techniques du dosage. Les valeurs notés ND présentent les points où les quantités de
sucres n’ont pas pu être déterminés, étant inférieurs au seuil de détection de l’HPLC (300
nmol.L-1).
RESULTATS ET DISCUSSION
(Figure 40). Aux stades adulte, fleurs et siliques vertes, la quantité de fructose est très proche
(respectivement 16,5, 17,7 et 12,4 µmol.gMS-1). Comme pour les teneurs en saccharose et
glucose, les quantités de fructose les plus faibles sont retrouvées dans les feuilles au stade
émergence de la hampe florale (8,6 µmol.gMS-1) et au stade graines (5,9 µmol.gMS-1).
3.2.6.3 Teneurs en sucres solubles (saccharose, glucose, fructose) dans les hampes
florales
Les teneurs des 3 sucres solubles (saccharose, glucose et fructose) mesurées dans les
hampes florales sont représentées Figure 41. Chez une plante en rosette comme A. thaliana , le
passage au stade reproducteur représente un grand changement dans l’architecture de la
plante. En effet, les hampes florales qui vont se développer portent des feuilles caulinaires
capables de photosynthèse et donc de synthétiser des sucres. Une étude sur différents écotypes
d’A. thaliana (mais pas Col-0) a permis de montrer que les inflorescences contribuent pour
une part très importante à l’acquisition globale du carbone dans le cycle de la plante (Earley et
al. 2009).
Le dosage du saccharose dans les hampes florales au stade fleurs montre une valeur assez
faible (2,3 µmol.gMS-1), beaucoup plus faible que celle mesurée dans les feuilles au même
stade de développement (14,5 µmol.gMS-1). Au stade siliques vertes, le saccharose dans les
hampes florales n’a pas pu être détecté. En revanche, cette quantité semble assez importante
dans les hampes florales au stade graines (8,8 µmol.gMS-1). En ce qui concerne les teneurs en
glucose dans les hampes florales, elles sont moins élevées que celles mesurées dans les
feuilles au stade fleurs (61,9 contre 17,9 µmol.gMS-1 ; Figure 40 et 41). Par contre, la quantité
de glucose augmente fortement dans les hampes florales au stade siliques vertes (49,6
µmol.gMS-1) et au stade graines (129,8 µmol.gMS-1).
Le dosage du fructose a aussi montré une teneur plus faible dans les hampes florale que
dans les feuilles pour les plantes au stade fleurs (17,7 dans les feuilles µmol.gMS-1 contre 8,5
µmol.gMS-1 dans les siliques ; Figure 40 et 41). Comme pour le glucose, cette quantité
augmente de façon importante dans les hampes des plantes au stade siliques vertes (44,3
µmol.gMS-1). Elle est d’ailleurs à ce stade quasiment 4 fois plus importante que celle mesurée
dans les feuilles. Au stade graines, la teneur en fructose mesurée dans les hampes florales
reste identique à celle mesurée au stade siliques vertes (44 µmol.gMS-1 ; Figure 41).
81
Figure 42 : Teneur en saccharose (A), glucose (B) et fructose (C) dans les siliques, pour
les 2 derniers stades de développement étudiés : stade siliques vertes (SV) et au stade
graines (G). Le dosage des sucres a été réalisé sur les siliques de 5 plantes mélangées pour
chaque point de récolte. Les histogrammes représentent la moyenne de deux réplicats
techniques du dosage.
RESULTATS ET DISCUSSION
3.2.6.4 Teneurs en sucres solubles (saccharose, glucose, fructose) dans les siliques
Le dernier compartiment étudié est le compartiment silique où les quantités de saccharose,
glucose et fructose ont été dosées pour les deux derniers stades de développement (Figure 42).
Les résultats montrent que les quantités de saccharose dosées sont quasiment identiques
dans les siliques pour les deux derniers stades de développement (2,6 µmol.gMS-1 pour le
stade siliques vertes et 2 µmol.gMS-1 pour le stade graines ; Figure 42).
En ce qui concerne le glucose, les quantités mesurées pour le stade siliques vertes sont très
importantes (53,7 µmol.gMS-1), comparables à celles mesurées dans les hampes florales (49,6
µmol.gMS-1 ; Figure 41). Cette teneur en glucose augmente ensuite au stade graines (77,3
µmol.gMS-1) bien qu’elle reste inférieure à celle mesurée dans les hampes florales au même
stade (129,8 µmol.gMS-1).
Le dosage du fructose a aussi permis de mettre en évidence d’importantes teneurs dans les
plantes au stade siliques vertes (28,7 µmol.gMS-1) et au stade graines (36,8 µmol.gMS-1 ;
Figure 42). Pour ce sucre aussi, les quantités mesurées restent inférieures à celles mesurées
dans els hampes florales (44,3 et 44 µmol.gMS-1 ; Figure 41)
3.2.6.5 Discussion
Les résultats du dosage des 3 sucres solubles dans les racines semblent montrer que les
teneurs en saccharose, glucose et fructose sont assez faibles dans cet organe.
En effet, les résultats montrent que les teneurs en saccharose dans les racines sont très
faibles pour 3 stades de développement étudiés (stades jeune J20, stade siliques vertes J95 et
stade graines J114) et non mesurables pour les stades adulte, émergence de la hampe florale
fleurs. En revanche, le dosage du glucose montre qu’il est le sucre soluble majoritaire
retrouvé dans les racines, et sa teneur est importante pour les 3 premiers stades de
développement. Elle diminue ensuite pour les derniers stades étudiés. Cette diminution dans
les racines en fin de développement pourrait s’expliquer par une augmentation du
métabolisme des racines, ou bien par le ralentissement du transport des sucres dans ce
compartiment. La mesure de la biomasse de la plante montre que la croissance des racines est
ralentie en fin de développement. Il est ainsi possible de penser que la diminution de la
quantité de glucose dans les racines en fin de développement serait plutôt due à un transport
moins important de molécules carbonées vers ce compartiment.
Le dosage du fructose dans les racines montre que les quantités mesurées pour ce sucre
sont deux fois moins importantes que celles du glucose. Cependant, le profil de teneur en
82
RESULTATS ET DISCUSSION
fructose est similaire à celui observé pour le glucose. Le même constat que pour les teneurs en
glucose peut être établi pour les quantités de fructose.
Toutefois, il est à noter que la teneur en hexoses est systématiquement plus importante que
la teneur en saccharose. Ces résultats corroborent les travaux réalisés par Wang et
collaborateurs (2010) qui trouvent des teneurs en saccharose de 5,5 µmol.gMS-1, en glucose
de 11,6 µmol.gMS-1 et en fructose de 9,4 µmol.gMS-1, mesurées dans les racines de plante
d’A. thaliana (écotype Col-0) cultivées pendant 11 jours en boite de Pétri. Ces valeurs sont
assez proches des quantités de sucres dosées dans notre expérimentation. Une étude a
d’ailleurs montré le lien entre l’expression et l’activité de l’invertase vacuolaire et la
croissance racinaire chez A. thaliana (Sergeeva et al. 2006) : ceci pourrait expliquer le fait
que les hexoses soient beaucoup plus présents que le saccharose. Les travaux de Freixes et
collaborateurs (2002) ont également montré un lien entre la croissance racinaire et la
concentration en hexoses mais pas en saccharose. Ainsi, la faible quantité de sucres présents
dans cet organe pourrait s’expliquer par l’utilisation rapide de ces derniers dans le
métabolisme de la racine (Deuschle et al. 2006) mais aussi par le relargage de sucres dans le
milieu extérieur, phénomène couramment observé chez A. thaliana (Jaeger et al. 1999)
En considérant la quantité totale de sucres solubles mesurée dans les racines au cours du
développement, nos résultats montrent que cette quantité est élevée et reste stable dans les 3
premiers stades de développements étudiés (stade jeune J20, stade adulte J40 et stade
émergence de la hampe florale J53). Pour les 3 derniers stades de développement étudiés
(stade fleurs, J67, stade siliques vertes, J95 et stade graines, J114), la quantité totale de sucres
solubles diminue mais reste stable pour ces 3 derniers stades. Ces résultats montrent
clairement deux phases différentes correspondant au passage de la croissance végétative d’A.
thaliana à la phase reproductive. En effet, au cours du développement végétatif, la racine est
le principal organe puits de la plante avec les très jeunes feuilles. La quantité la plus
importante en saccharose mesurée dans les racines l’est d’ailleurs au stade jeune, laissant
supposer que l’apport en sucre dans ce compartiment est même supérieur à sa consommation.
De plus, la quantité importante d’hexoses à ces premiers stades est en accord avec un
développement important du système racinaire lié aux hexoses (Freixes et al. 2002) et à
l’activité de l’invertase vacuolaire (Sergeeva et al. 2006). Dès l’apparition de la hampe
florale, une compétition va s’installer entre les racines et les autres organes puits émergents
(hampes florales, fleurs, siliques puis graines ; Christophe et al. 2008). Les sucres solubles
vont ainsi être répartis dans tous ces organes en fonction de la force de puits des différents
83
RESULTATS ET DISCUSSION
compartiments. Cette répartition des sucres est directement liée à la répartition de la biomasse
observée dans la plante au cours du développement (Schulze et al. 1991). En effet, nos
résultats montrent que le compartiment racinaire, qui représente quasiment un tiers de la
masse totale de la plante au stade jeune, est de moins en moins représenté dans la biomasse
totale de la plante au cours de son développement, au détriment d’autres organes puits comme
les hampes florales par exemple.
Le résultat du dosage des sucres solubles dans les feuilles montre dans un premier temps
que le saccharose est présent en quantité moins importante dans les feuilles que les hexoses
(glucose et fructose), et ce, pour tous les stades de développement étudiés.
Les teneurs en saccharose varient tout au long du développement de la plante. Les valeurs
de saccharose mesurées dans notre expérimentation sont proches de celles trouvées dans une
étude sur les feuilles de Col-0 en condition témoin et qui est de l’ordre de 4,3 µmol.gMS-1
(Taji et al. 2002). Notre étude montre que, la quantité maximale de saccharose est mesurée au
stade fleurs (J67) et minimale aux stades émergence de la hampe florale (J53) et graines (J114).
A priori, la quantité la plus importante de saccharose était attendue au stade adulte avant la
mise en place de la hampe florale et des fleurs, et non pas au stade fleurs qui correspond
plutôt à un stade de sénescence. En fait, deux explications peuvent être avancées : soit la forte
teneur en saccharose traduit la remobilisation des ressources carbonées des feuilles, sachant
que les dosages ont été réalisés sur la rosette entière, feuilles sénescentes incluses, soit elle est
la conséquence de la culture en hydroponie et du retard déjà discuté de la mise en place de la
sénescence.
La quantité de glucose mesurée dans les feuilles varie pour les différents stades de
développement étudiés. La teneur maximale a été détectée dans les feuilles des plantes du
stade fleurs (J67) et la teneur minimale est mesurée pour deux stades, le stade émergence de la
hampe florale (J95) et le stade graines (J114). Concernant le fructose les résultats montrent que
pour ce sucre aussi les teneurs varient tout le long du développement. Le maximum est dosé
au niveau des feuilles de plantes du stade jeune (J20) et du stade fleurs (J67), alors que la plus
faible quantité de fructose est mesurée dans les feuilles du stade graines (J114). Il est à noter
que pour ces deux derniers sucres, les valeurs trouvées sont proches de celles trouvées dans
deux études différentes portant sur l’étude de feuilles de Col-0 de plantes cultivées en terre.
Une des deux études indique des valeurs de glucose de l’ordre de 27 µmol.gMS-1 et de valeurs
de fructose de l’ordre de 13, 5 µmol.gMS-1 (Taji et al. 2002). Pour l’autre étude, les teneurs en
glucose et fructose sont plus faibles, 22 µmol.gMS-1 et 8 µmol.gMS-1 respectivement
(Srivastava et al. 2008). Il est important de noter qu’il existe une grande variabilité parmi les
84
RESULTATS ET DISCUSSION
données de la littérature portant sur le dosage des sucres chez A. thaliana , probablement due
aux différentes conditions de culture utilisées dans les différentes études. Aussi, il est assez
difficile de comparer nos résultats à d’autres études.
Toutefois, nos résultats montrent que le saccharose est présent en quantité moins
importante dans les feuilles que les hexoses (glucose et fructose), et ce, pour tous les stades de
développement étudiés. Cette répartition de ces 3 sucres est retrouvée dans plusieurs études
réalisées sur l’écotype Col-0 d’A. thaliana (Bae and Sicher 2004, Hummel et al. 2010). En ce
qui concerne le glucose et le fructose, nos résultats montrent que les quantités de glucose sont
environ 2 fois plus importantes que les quantités de fructose quel que soit le stade de
développement des plantes. Ces résultats corroborent ceux de Blasing et collaborateurs (2005)
qui montrent une quantité de glucose (3 µmol.gMS-1) quasiment deux fois plus importante
que celle de fructose (1,8 µmol.gMS-1) après 5 semaines de culture des plantes.
Une autre étude a été menée au laboratoire sur 3 écotypes d’A. thaliana cultivés en terre
(Thèse de Cyril Abadie), et a montré que sur des plantes adultes de l’écotype Col-0, récoltées
47 jours après semis (soit un âge un peu plus avancé que le stade adulte), les teneurs en sucres
solubles sont très comparables : 8,9 µmol.gMS-1 contre 7,6 µmol.gMS-1 dans nos expériences
pour le saccharose, 42,7 µmol.gMS-1 contre 33,7 µmol.gMS-1 pour le glucose dans nos
expériences et 19 µmol.gMS-1 contre 16,3 µmol.gMS-1 dans nos expériences pour le fructose.
Les conditions de culture (température, intensité lumineuse, photopériode et humidité) étant
comparables, la similarité des résultats démontre que le système de culture en hydroponie est,
du moins sur ce point, proche d’autres systèmes de culture. Les différences dans les teneurs en
sucres solubles observées en comparaison avec les données de la littérature seraient
probablement dues aux conditions de culture (intensité lumineuse, température humidité…).
En considérant la quantité totale de sucres solubles mesurée dans les feuilles au cours du
développement, nos résultats montrent que cette quantité est élevée pour 3 des 6 stades de
développement étudiés (jeune, J20, adulte, J40, et siliques vertes, J95) et est en revanche faible
pour deux autres stades considérés (émergence de la hampe florale, J67, et graines, J114). En
revanche au stade fleurs (J67) la quantité totale de sucres solubles augmente de manière
importante. A l’apparition de la hampe florale, ce nouvel organe puits est de faible taille et les
feuilles de la rosette ne sont pas encore entrées en phase de sénescence monocarpique. En
revanche, au stade suivant, une fois les premières fleurs mise en place, les quantités de sucres
(surtout de saccharose et de glucose) augmentent de façon importante dans les feuilles. A ce
85
RESULTATS ET DISCUSSION
stade de développement, la sénescence au niveau des feuilles a déjà commencé et la
remobilisation des ressources carbonées devient assez importante. Les fortes teneurs mesurées
s’expliquent également par le fait que l’ensemble des feuilles de la rosette a été utilisé pour
l’extraction des sucres. Les études menées par Wingler et collaborateurs (2006b) montrent en
effet une augmentation assez importante du saccharose, glucose et fructose dans les feuilles à
ce stade de développement. La forte teneur en sucres dans les feuilles au stade fleurs va
ensuite progressivement diminuer jusqu’au stade graines, avec des valeurs comparables au
stade émergence de la hampe florale. En effet au stade graines, la majorité des feuilles ont
remobilisé toutes leurs ressources et ont atteint le dernier stade de sénescence.
Le dosage des sucres solubles dans les hampes florales a été réalisée pour 3 stades de
développement uniquement : les stades fleurs (J67), siliques vertes (J95) et graines (J114). Les
résultats concernant le dosage du saccharose dans cet organe indiquent que le saccharose n’est
pas détectable au stade siliques vertes (J95). Concernant le glucose, sa valeur augmente au
cours des 3 stades étudiés pour atteindre sa valeur maximale au stade graines (J 114). Pour le
fructose, en revanche, sa teneur augmente du stade fleur (J67), au stade siliques vertes (J95) où
il atteint sa quantité maximale, et qui est maintenue dans le dernier stade de développement
étudié (stade graines J114). Comme pour les racines et les feuilles, nos résultats montrent que
le saccharose est présent en moins grande quantité que le glucose et fructose dans les hampes
florales. Au stade fleurs, la quantité de fructose dans les hampes florales augmente fortement
puis reste stable au stade graines. La teneur en glucose augmente fortement entre le stade
fleurs et le stade siliques vertes mais aussi entre le stade siliques verte et le stade graines où
elle est maximum. Il s’agit d’ailleurs de la plus forte teneur en glucose mesurée, tous organes
confondus.
Ces résultats montrent que la quantité de sucres solubles va augmenter de façon
importante dans les hampes florales lors des derniers stades de développement. Au stade
fleurs, la quantité en saccharose, glucose et fructose des hampes est déjà plus importante que
celle mesurée dans les racines, mais nettement inférieure à celle des feuilles. Ce résultat
pourrait suggérer que les hampes florales possèdent à ce stade une force de puits déjà plus
importante que celle des racines. Il faut toutefois tempérer ces explications car les feuilles
caulinaires sont-elles mêmes capables de photosynthèse, et les sucres mesurés proviennent
aussi bien de la rosette que des feuilles caulinaires, sans que nos mesures puissent détecter
l’origine de ces derniers. Les quantités de glucose et fructose des hampes florales deviennent
supérieures à celle mesurées dans les feuilles à partir de l’apparition des premières siliques. A
86
RESULTATS ET DISCUSSION
ce stade de développement, la croissance et le développement des nouveaux organes (fleurs,
siliques) au niveau des hampes florales, vont nécessiter une grosse quantité de sucres qui va
d’ailleurs s’accentuer jusqu’à la fin du développement des plantes. En effet au stade graines,
la quantité de saccharose, glucose et fructose continue d’augmenter dans les hampes florales,
alors qu’elle diminue toujours plus dans les feuilles de la rosette. Ce dernier stade de
développement semble le stade où la demande en sucres est la plus forte dans les hampes
florales
Le dosage des sucres solubles dans les siliques a été réalisé pour 2 stades de
développement uniquement : le stade le stade siliques vertes (J95) et le stade graines (J114). Les
résultats du dosage des sucres dans les siliques montrent que la quantité de saccharose est
identique pour les 2 stades de développement étudiés. Pour ce qui est du dosage du glucose,
notre étude montre que ce sucre est le plus abondant dans les siliques, et cette valeur élevée au
stade siliques vertes (J95) augmente au stade graines (J114). Le fructose, quant à lui, est présent
dans les siliques mais dans à un niveau moindre que le glucose, et sa valeur augmente du
stade siliques vertes (J95) au stade graines (J114).
Les résultats montrent que les graines accumulent beaucoup d’hexoses (glucose et
fructose), mais très peu de saccharose. En effet, le saccharose est le sucre importé dans les
graines par le transport à longue distance, mais il est très vite métabolisé pour mettre en place
les réserves de la graine (Focks and Benning 1998). Les hexoses résultant de la dégradation
du saccharose serviront ensuite à mettre en place les réserves formées d’amidon, mais surtout
de lipides comme les triacylglycérols (Baud et al. 2002).
L’étude du contenu en sucre dans les différents organes d’A. thaliana a permis de mettre
en évidence que le saccharose est très peu représenté dans les différents organes étudiés
(racines, feuilles, hampes florales et graines), par rapport aux hexoses (glucose et fructose).
En effet, le saccharose produit au niveau des feuilles, est transporté dans les organes puits où
il sera métabolisé afin de fournir les besoins en énergie et en squelettes carbonés. Les résultats
ont aussi montré que le glucose est le sucre le plus présent dans tous les organes étudiés et
quel que soit le stade de développement considéré. En effet ce sucre est directement
assimilable par les cellules ce qui expliquerait sa forte disponibilité dans tous les organes
étudiés.
D’importantes modifications dans les teneurs en sucres solubles de la plante ont été mises
en évidence au cours de son développement. Lors des premiers stades de développement de la
87
RESULTATS ET DISCUSSION
plante (jeune et adulte), les quantités mesurées dans les racines et les feuilles semblent assez
stables. Ces deux stades de développement correspondent à la croissance végétative des
plantes. Ainsi, le saccharose sera principalement transporté dans les racines et les jeunes
feuilles, pour être rapidement clivé en hexoses, assimilables par les cellules (Dinant and
Lemoine 2010). La constance dans les teneurs en saccharose, glucose et fructose pour ces
deux stades de développement suppose un équilibre constant entre saccharose stocké et le
saccharose exporté vers les racines. Ce résultat peut être mis en relation avec les résultats
d’expression des gènes de transporteurs de sucre. En effet, dans les racines l’expression des
gènes AtSUC1 et AtSUC2, potentiellement impliqués dans le déchargement du phloème, est
assez constante au stade jeune et adulte. Dans les feuilles, il a été observé une augmentation
de l’expression du gène AtSUC2 entre le stade jeune et le stade adulte. L’augmentation de la
biomasse des racines, observée entre ces 2 stades de développement, suppose une demande en
molécule carbonée plus importante de ce compartiment. Ainsi, l’augmentation de l’expression
d’AtSUC2 permettrait d’augmenter le chargement de saccharose dans le phloème pour
alimenter le système racinaire.
L’émergence de la hampe florale marque le début de la phase de reproduction des plantes
et donc l’apparition des futurs organes floraux. A ce stade de développement, une assez forte
diminution dans la teneur en saccharose, glucose et fructose a été mesurée dans les feuilles.
Cette diminution pourrait être due à la remobilisation importante des sucres solubles au
niveau des feuilles, afin de subvenir au besoin énergétique de la nouvelle hampe florale, mais
aussi des racines. En effet, dans les racines, la quantité de sucres solubles semble rester au
même niveau qu’au stade jeune et adulte. Les racines pourraient donc posséder à ce stade de
développement une force de puits suffisante pour rivaliser avec la demande en sucres au
niveau des hampes florales. Nos résultats ont montré une importante augmentation de
l’expression d’AtSUC1dans les racines pour ce stade de développement. Ces résultats laissent
penser que ce gène pourrait participer à l’augmentation de la force de puits dans les racines en
augmentant le déchargement du saccharose dans ce compartiment.
A partir de l’apparition des fleurs, les quantités d’hexoses mesurées dans les racines
deviennent plus faibles que pour les 3 premiers stades de développement. Cela pourrait laisser
penser que la force de puits des racines devient moins importante que celle des hampes
florales (Davies and Gan 2012). En effet, dès le stade fleurs, la quantité de sucres dosée dans
les hampes florales est plus importante que celle des racines. Les feuilles de la rosette restent
cependant, à ce stade de développement, l’organe contenant le plus de sucres solubles. Cette
accumulation des sucres dans les feuilles entre le stade émergence de la hampe florale et le stade
88
Figure 43: Teneur en amidon dans les racines, pour tous les stades de développement
étudiés : stade jeune (J), adulte (A), émergence de la hampe florale (E), fleurs (F),
siliques vertes (SV) et au stade graines (G). Le dosage de l’amidon a été réalisé sur les
racines de 5 plantes mélangées pour chaque point de récolte. Les histogrammes représentent
la moyenne de deux réplicats techniques du dosage.
Figure 44: Teneur en amidon dans les feuilles, pour tous les stades de développement
étudiés : stade jeune (J), adulte (A), émergence de la hampe florale (E), fleurs (F),
siliques vertes (SV) et au stade graines (G). Le dosage de l’amidon a été réalisé sur les
feuilles de 5 plantes mélangées pour chaque point de récolte. Les histogrammes représentent
la moyenne de deux réplicats techniques du dosage.
RESULTATS ET DISCUSSION
fleurs pourrait s’expliquer par une remobilisation importante des molécules carbonées au
niveau des feuilles. En effet, chez les espèces ayant une sénescence monocarpique comme A.
thaliana , la sénescence des feuilles serait accélérée après la floraison (Guiboileau et al. 2010).
Au stade siliques vertes, la quantité de sucres mesurée dans les hampes florales augmente
de façon très importante, vraisemblablement aux dépens des feuilles de la rosette, où la
quantité de sucres solubles diminue. Il semblerait en effet que les feuilles remobilisent leurs
sucres de façon importante pour ce stade de développement, afin de subvenir à la demande
des hampes florales. Ce phénomène est encore plus marqué au stade graines, surtout en ce qui
concerne le glucose. En effet, la quantité de sucres solubles mesurée dans les feuilles à ce
stade de développement est très faible, alors que celle mesurée dans les hampes et les siliques
continue d’augmenter, certainement avec l’apport des sucres synthétisés dans les feuilles
caulinaires. Cette importante diminution de la quantité de saccharose, glucose et fructose dans
les feuilles de la rosette est classique en toute fin de développement chez A. thaliana (Pourtau
et al. 2006). Ces sucres sont remobilisés dans les graines où ils vont permettre la synthèse des
réserves, essentiellement sous forme de triacylglycerol (Baud et al. 2008).
3.2.7 Etude de la teneur en amidon au cours du développement.
Afin de compléter l’étude de l’allocation du carbone dans la plante, les teneurs en amidon
ont été mesurées dans les racines, feuilles, hampes florales et siliques.
La Figure 43 présente les teneurs en amidon mesurées dans les racines. Les quantités
d’amidon mesurées au stade jeune (0,5 mg.gMS-1) et au stade émergence de la hampe florale
(0,2 mg.gMS-1) sont les plus faibles observées dans les racines au cours du développement de
la plante. La teneur en amidon est en revanche la plus forte au stade adulte avec 1,5 mg.gMS-1.
Pour les stades fleurs et siliques vertes, la quantité d’amidon mesurée est quasiment similaire
(0,7 mg.gMS-1) et est légèrement inférieure à celle mesurée dans les racines au stade graines
(1,1 mg.gMS-1).
Les teneurs en amidon mesurées dans les feuilles sont beaucoup plus élevées que celles
observées dans les racines, à tous les stades de développement, sauf au stade graines (1,1
mg.gMS-1 contre 0,5 mg.gMS-1 ; Figure 43 et 44). La quantité d’amidon déterminée reste
assez élevée aux stades adulte et émergence de la hampe florale (6,4 mg.gMS-1) puis diminue
assez fortement aux stades fleurs et siliques vertes (2 mg.gMS-1 et 1,9 mg.gMS-1). Au stade
graine, la teneur en amidon dans les feuilles devient très faible (0,5 mg.gMS-1).
89
Figure 45: Teneur en amidon dans les hampes florales, pour les 3 derniers stades de
développement étudiés : stade fleurs (F), siliques vertes (SV) et au stade graines (G). Le
dosage de l’amidon a été réalisé sur les hampes florales de 5 plantes mélangées pour chaque
point de récolte. Les histogrammes représentent la moyenne de deux réplicats techniques du
dosage.
Figure 46 : Teneur en amidon dans les siliques, pour les 2 derniers stades de
développement étudiés : stade siliques vertes (SV) et au stade graines (G). Le dosage de
l’amidon a été réalisé sur les siliques de 5 plantes mélangées pour chaque point de récolte. Les
histogrammes représentent la moyenne de deux réplicats techniques du dosage.
RESULTATS ET DISCUSSION
La Figure 45 montre les teneurs en amidon mesurées dans les hampes florales des plantes
au stade fleurs, siliques vertes et graines. Au stade fleurs, la quantité d’amidon retrouvée dans
ce compartiment est sensiblement égale à celle retrouvée dans les feuilles, pour le même stade
de développement (2,4 mg.gMS-1). Cette quantité d’amidon va ensuite augmenter de façon
assez importante dans les hampes florales pour le stade siliques vertes (8,9 mg.gMS-1) puis
revenir à des valeurs plus faibles dans les plantes au stade graines matures (4 mg.gMS-1 ;
Figure 45).
L’amidon a aussi été dosé dans les siliques pour les deux derniers stades de
développement étudiés. La teneur en amidon mesuré est de 2,2 mg.gMS-1 au stade siliques
vertes et va ensuite doubler dans les siliques des plantes au stade graines (4,2 mg.gMS-1 ;
Figure 46).
3.2.7.1 Discussion
Le dosage de l’amidon dans les différents organes d’A. thaliana a permis de suivre la
répartition de l’amidon au sein de la plante au cours de son développement.
Dans notre expérimentation, les quantités d’amidon mesurées dans les racines d’A.
thaliana sont faibles par rapport à celles mesurées dans les autres organes, et ce pour chaque
stade de développement étudié. Ceci s’explique dans la mesure où la racine d’A. thaliana
n’est pas un organe de réserve. Des études réalisées par Tsai et collaborateurs (2009) montrent
que l’accumulation d’amidon dans les racines d’A. thaliana est limitée exclusivement aux
cellules de la coiffe racinaire et plus précisément aux cellules de la columelle. L’amidon y est
synthétisé dans les amyloplastes et est surtout impliqué dans la croissance géotropique et
hydrotropique des racines (Ponce et al. 2008). La présence d’amidon à tous les stades de
développement suggère que, dans notre système de culture, la croissance des racines est
possible tout au long du développement de la plante.
Dans les feuilles les quantités d’amidon mesurées sont plus importantes que dans les
racines. Les résultats indiquent que les quantités les plus importantes (entre 6,4 et 9,3 mg.gMS1
) sont dosées pour les 3 premiers stades de développement (stade jeune, adulte et émergence
de la hampe florale J53), alors que les quantités les plus faibles (entre 0,5 et 2 mg.gMS-1) sont
retrouvées pour les derniers stades de développement étudiées (stade fleurs, J67, stade siliques
vertes, J95, et le stade graines, J114). Les quantités d’amidon retrouvées dans notre
expérimentation semblent assez équivalentes à celles mesurées lors des travaux de Smith et
Zeeman (2006), pour lesquels la teneur en amidon des feuilles d’A. thaliana est comprise 9,5 et
28,5 mg.gMS-1.
90
RESULTATS ET DISCUSSION
Cependant nos travaux montrent que dans les feuilles, la teneur en amidon est beaucoup plus
variable au cours du développement de la plante. En effet, au début du développement des
plantes, une grande quantité d’amidon est accumulée dans les feuilles d’A. thaliana . Dès
l’apparition des hampes florales, la quantité d’amidon diminue fortement dans les feuilles.
Cette forte dégradation de l’amidon au stade fleurs est à mettre en parallèle de la forte
accumulation de sucres solubles observée dans les feuilles pour ce stade de développement.
Cette dégradation importante de l’amidon est certainement à l’origine de l’augmentation de la
quantité de sucres solubles observée et témoigne de la remobilisation importante des réserves
carbonées de la feuille pour la croissance et le développement des organes floraux (hampes
florales, fleurs) (Wingler et al. 2006a). Au dernier stade de développement étudié, le
stade graines, quasiment la totalité de l’amidon des feuilles a été dégradée ce qui indique que
la remobilisation de l’amidon des feuilles continue au stade siliques vertes puis au stade
graines, pour lequel une très faible quantité d’amidon a été mesurée.
Le dosage de l’amidon dans les hampes florales a été réalisé pour les 3 derniers stades de
développement étudiées (stade fleurs, J67, stade siliques vertes, J95, et stade graines, J114). Les
données obtenues pour les hampes florales indiquent que l’amidon mesuré dans les hampes
florales est assez faible au stade fleurs (2,4 mg.gMS-1), augmente fortement au stade siliques
vertes (8,9 mg.gMS-1), puis diminue ensuite au stade graines (4 mg.gMS-1). L’amidon
retrouvé provient vraisemblablement en majorité des feuilles caulinaires présentes sur les
hampes florales. Ces feuilles vont se mettre en place au stade fleurs et sont matures au stade
siliques vertes. La forte quantité d’amidon mesurée pour le stade siliques vertes
correspondrait à un pic d’accumulation d’amidon dans les feuilles caulinaires. Au stade
graines, l’amidon contenu dans les hampes florales diminue et semble donc remobilisé pour la
croissance et le développement des siliques et des graines. Cette remobilisation des molécules
carbonées au niveau des hampes florales semble se rapprocher de ce qui est observé pour
l’azote chez A. thaliana . En effet, les études menées par Diaz et collaborateurs (2008) ont mis
en évidence dans un premier temps une accumulation de l’azote dans les hampes florales et
les feuilles caulinaires d’A. thaliana avant que cet azote ne soit stocké dans les graines. De la
même façon, la remobilisation importante de l’amidon au stade graines pourrait expliquer
l’importante accumulation de sucres solubles mesurée dans les hampes florales pour ce stade
de développement. Cette accumulation puis remobilisation des ressources carbonées dans les
hampes florales, pendant la phase de reproduction d’A. thaliana , a aussi été mise en évidence
dans les travaux réalisés par Christophe et collaborateurs (2008).
91
RESULTATS ET DISCUSSION
Le dosage de l’amidon dans les siliques a été réalisé pour les 2 derniers stades de
développement étudiées (stade siliques vertes, J95, et stade graines, J114). La présence
d’amidon dans les siliques d’A. thaliana a été détectée aussi bien au stade siliques vertes
qu’au stade graines. Les quantités d’amidon mesurées sont d’ailleurs assez élevées par rapport
à ce qui est classiquement observé dans les graines d’A. thaliana . Focks et Benning (1998)
montrent par exemple, que la quantité d’amidon par graine serait d’environ 1 µg, 4 jours après
floraison, et que cet amidon disparait en fin de maturation des graines. Dans notre étude, les
dosages des sucres et de l’amidon ont été réalisés dans l’ensemble siliques + graines. Aussi, il
est possible de penser que les fortes quantités d’amidon retrouvées proviennent de la silique
elle-même. Par ailleurs, la quantité d’amidon semble même augmenter dans les siliques entre
ces deux stades de développement (de 2,2 à 4,2 mg.gMS-1). Ce résultat est assez étonnant
puisque les graines d’A. thaliana n’accumulent normalement l’amidon qu’au début de la
maturation de ces dernières, avant d’être dégradé pour permettre la synthèse de
triacylglycérols, principale réserve de la graine (Hills 2004). Il semblerait tout de même que
lorsqu’une quantité importante de sucres solubles est présente dans les graines d’A. thaliana ,
l’excédent des sucres ne pouvant pas être synthétisés en triacylglycerols est stocké dans la
graine sous forme d’amidon (Focks and Benning 1998).
3.2.8 Etude du flux de saccharose radiomarqué :
Afin d’étudier le flux de saccharose entre les différents organes des plantes d’A.
thaliana , le transport du [U-14C]-saccharose a été suivi aux différents stades de
développement étudiés. Pour ce faire, une goutte de [U-14C]-saccharose est déposée sur une
feuille mature d’A. thaliana préalablement abrasée. La répartition de la radioactivité dans la
plante est étudiée après 5h de transport. Dans un premier temps, la répartition de la
radioactivité dans les différents organes de la plante est visualisée après exposition sur un
écran de PhosphorImager. La radioactivité est ensuite quantifiée, après digestion des tissus,
par comptage en scintillation liquide. Les racines ont été récoltées en deux parties : les
racines proprement dites et la portion des racines incluant le collet qui se trouve dans le portegraine. C’est cette partie qui est dénommée collet dans la suite des analyses.
92
Figure 47 : Photographies et autoradiographies de plantes après transport de [U-14C]saccharose pendant 5h, pour chaque stade de développement étudié : jeune, adulte,
émergence de la hampe florale, fleurs, siliques vertes et graines. C : Collet ; FD : Feuille
donneuse ; FM : Feuille marquée ; HF : Hampe florale ; M : Méristème de l’inflorescence ;
Ra : Racines ; Ro : Rosette. Les flèches rouges montrent l’emplacement de la feuille
donneuse.
RESULTATS ET DISCUSSION
3.2.8.1 Etude qualitative du transport de [U-14C]-saccharose
. Les autoradiographies des plantes à chaque stade de développement sont représentées
Figure 47, en parallèle des photographies des plantes.
A chaque stade de développement une grande partie de la radioactivité détectée reste dans
la feuille où la goutte de [U-14C]-saccharose a été déposée (feuille donneuse).
Les résultats montrent qu’au stade jeune (Figure 47), le
14
C a été transporté de la feuille
donneuse vers les racines et vers la rosette, principalement dans une seule feuille puits. Il faut
noter qu’il s’agit de la feuille en développement située directement au-dessus de la feuille
donneuse, donc sur la même orthostichie.
Le même profil de marquage au niveau des racines est retrouvé au stade émergence de la
hampe florale. La présence de
14
C est aussi faiblement détectée dans le méristème de
l’inflorescence (M en Figure 47). A partir du stade fleurs, la radioactivité révélée devient plus
diffuse dans la plante et difficilement visualisable, en raison de la grande quantité de feuilles
sur la rosette et sur la hampe florale. En effet, la quantité de [U-14C]-saccharose déposée sur
les plantes étant la même pour chaque stade de développement, le
14
C transporté est réparti
sur une surface plus grande, diminuant ainsi le radiomarquage final.
Les résultats semblent tout de même montrer qu’une quantité de carbone radioactif non
négligeable a été transportée dans les racines pour les 3 derniers stades de développement
étudiés (fleurs, siliques vertes, graines).
Le radiomarquage est en revanche toujours observé au niveau de la rosette, sur les feuilles
adjacentes à la feuille donneuse. Un radiomarquage est aussi observé au niveau des hampes
florales pour les 3 derniers stades de développement. De façon remarquable, seules quelques
hampes florales sont radiomarquées.
3.2.8.2 Etude quantitative du transport de [U-14C]-saccharose
Afin de déterminer la quantité réelle de 14C retrouvé dans les différents organes de la
plante, le comptage de la radioactivité présente dans les différents organes des plantes pour
chaque stade de développement a été effectué. La Figure 48 représente le pourcentage de
radioactivité retrouvée dans chaque compartiment étudié (racine, feuilles, hampes florales et
milieu nutritif). L’avantage du système de culture en hydroponie est de pouvoir analyser
également le milieu entourant les racines et ainsi d’évaluer d’éventuels échanges entre les
racines et ce milieu. La radioactivité mesurée dans la feuille donneuse n’a pas été prise en
compte dans le calcul des pourcentages afin de n’étudier que la répartition du 14C transporté.
93
Figure 48 : Pourcentage de carbone radiomarqué transporté, mesuré dans les racines,
les feuilles, les hampes florales et le milieu extérieur. Les pourcentages pour chaque organe
sont calculés à partir de la radioactivité moyenne mesurée sur 3 plantes. La radioactivité
mesurée dans la feuille donneuse est en revanche retirée des calculs pour ne prendre en
compte que la radioactivité transportée.
RESULTATS ET DISCUSSION
Au stade jeune, 61% de la radioactivité transportée est retrouvée dans les feuilles, 19 %
dans les racines et 20% dans le milieu de culture. Au stade adulte, la quantité de radioactivité
mesurée dans les racines (32%) augmente par rapport au stade jeune, au détriment de la
quantité trouvée dans les feuilles (45%). La quantité de radioactivité relarguée dans le milieu
nutritif reste similaire à ce qui a été mesuré au stade jeune (23%).
Au stade émergence de la hampe florale, quasiment 1% de la radioactivité mesurée est
détectée dans la hampe florale en émergence. Le reste de la radioactivité est majoritairement
retrouvée dans les feuilles et les racines (respectivement, 57% et 38%) et de façon moins
importante dans le milieu nutritif (4%). Pour le stade fleurs, le maximum de radioactivité
transportée est retrouvé dans les feuilles (69%). La hampe florale est le second compartiment
où le carbone radiomarqué est retrouvé (22%), alors que seulement 9% de la radioactivité est
mesurée dans les racines. Chez les plantes au stade siliques vertes, la rosette est toujours le
compartiment accumulant le plus de radioactivité (41%), suivi par les hampes florales (30%)
et les racines (28%). Très peu de radioactivité est mesurée dans le milieu nutritif (1%).
Pour le dernier stade de développement étudié (stade graines), la radioactivité mesurée
dans les rosettes reste la plus importante (68%). Le pourcentage de carbone radiomarqué dans
les racines et dans les hampes florales est, quant à lui, assez proche (respectivement 14% et
18%). Pour ce stade de développement également la radioactivité mesurée dans le milieu
nutritif est très faible.
3.2.8.3 Discussion
L’étude qualitative du transport de [U-14C]-saccharose dans les différents organes d’A.
thaliana a montré que pour tous stades étudiés, le
14
C a été transporté de la feuille donneuse
vers les racines, et vers une seule feuille puits de la rosette. Cette feuille correspond à la
feuille puits localisée directement au-dessus de la feuille donneuse. Une telle répartition selon
l’orthostichie a été retrouvée chez A. thaliana par Kiefer et Slusarenko (2003). A partir du
stade fleurs (J67), la radioactivité utilisée (même quantité pour chacun des stades) devient plus
diffuse dans la plante du fait de la taille plus importante des plantes. Cependant un marquage
dans les racines est toujours visible pour les 3 derniers stades de développement étudiés (stade
fleurs, J67, stade siliques vertes, J95, et stade graine, J114). Ces résultats corroborent ceux de
Robinson et Hill (1999) qui, par le biais d’un suivi du 14C dans la plante après assimilation de
CO2, ont montré que radiomarquage dans les racines d’A. thaliana diminuait mais restait
14
mesurable lors de la phase de reproduction de la plante. De plus, les autoradiographies
indiquent, de façon inattendue, que la radioactivité n’est détectée que sur quelques hampes
94
RESULTATS ET DISCUSSION
florales et non sur l’ensemble de l’inflorescence. Ce résultat suggère que la feuille donneuse
alimente préférentiellement certaines parties de l’inflorescence de la plante.
L’étude quantitative du transport de [U-14C]-saccharose dans les différents organes d’A.
thaliana a été réalisée. La quantité de radioactivité comptée a été exprimée en pourcentage de
radioactivité mesurée dans les racines, les feuilles, les hampes florales ainsi que le milieu
nutritif.
Les résultats montrent que le
14
C est majoritairement présent dans les feuilles et les
racines et ce, pour chacun des stades de développement étudiés. Les quantités mesurées dans
les hampes florales peuvent sembler assez faibles a priori. Une des explications possibles est
le temps de transport choisi (5h). En effet ce temps de transport avait été déterminé au
préalable sur des plantes au stade adulte afin d’obtenir une quantité de radioactivité suffisante
pour être facilement détectable dans les jeunes feuilles puits et les racines. Toutefois, cette
durée de transport n’est peut-être pas suffisante pour permettre un transport important vers des
organes plus distants de la feuille tels que la hampe florale. De plus, au cours des 3 premiers
stades (stade jeune, J20, stade adulte, J40, et stade émergence de la hampe florale, J53), un
pourcentage important de radioactivité est mesuré dans le milieu extérieur. Le relargage de
molécules carbonées (saccharose ou autre) dans le milieu extérieur est un phénomène bien
connu nommé rhizodéposition (Nguyen 2003). Il permettrait d’attirer les micro-organismes du
sol autour des racines, micro-organismes qui en contrepartie faciliteraient l’absorption des
ions par les racines. Il faut rappeler qu’A. thaliana , comme les autres Brassicacées, n’établit
pas de mycorhizes. Ce relargage du carbone devient ensuite très faible à partir de l’apparition
de la hampe florale (stades fleurs, siliques vertes et graines).
Nos résultats montrent quelques variations de la répartition de la radioactivité entre les
organes pour certains stades de développement. En effet, au stade fleurs, il semblerait qu’une
grosse partie de la radioactivité soit transportée dans les hampes florales aux dépens des
racines. La mise en place de la hampe florale marque chez A. thaliana un changement de
l’allocation des ressources des parties végétatives de la plante aux parties reproductivesensel
et al. 1994). Au stade siliques et graines, les résultats montrent que le [U-14C]-saccharose est
transporté de la même façon dans les racines et les inflorescences des plantes. Ce résultat
pourrait laisser penser que le transport de saccharose des feuilles vers les racines est maintenu
lors des derniers stades de développement de la plante (siliques vertes et graines), au moins
pendant les 5 h de transport de l’expérience. Il convient toutefois d’être prudent dans les
interprétations dans la mesure où de nombreux paramètres, tels que l’âge de la feuille
donneuse et son état physiologique, sa position sur la rosette, peuvent influer sur les résultats
95
RESULTATS ET DISCUSSION
mesurés. Malgré les précautions prises pour choisir des feuilles donneuses, aussi semblables
que possible, certains paramètres ne peuvent être contrôlés, notamment aux derniers stades de
développement.
3.2.9 Bilan
L’ensemble des résultats obtenu sur le transport des sucres, le dosage des sucres et de
l’amidon et le flux de [U-14C]-saccharose dans la plante ont permis de distinguer deux phases
distinctes caractérisant le développement des plantes d’A. thaliana : la phase de croissance
végétative et la phase de reproduction (Hensel et al. 2003). Au cours de la croissance
végétative, les feuilles de la rosette vont se développer et accumuler des réserves d’amidon,
tout en exportant du saccharose dans les racines. En effet, l’analyse du flux de [U-14C]saccharose montre un transport notable du 14C des feuilles vers le compartiment racinaire au
cours de ces deux stades de développement. Ce transport à longue distance est possible grâce
au chargement continu du phloème en saccharose, faisant majoritairement intervenir le
transporteur de saccharose AtSUC2 (Srivastava et al. 2008). Au niveau des racines, en plus du
déchargement symplastique du saccharose au niveau des pointes racinaires (Oparka 1990), les
transporteurs de sucre AtSUC2, AtSUC1 et AtPLT5 peuvent permettre un déchargement
apoplastique, au niveau des pointes racinaires et des zones d’émergences des racines latérales
(Sivitz et al, 2008 ; Reinders et al, 2005). Le suivi du transport de [U-14C]-saccharose a aussi
permis de montrer un relargage assez important du
14
C dans le milieu de culture aux stades
jeune et adulte.
Dès l’apparition du méristème de l’inflorescence, il semblerait que l’allocation des
ressources carbonées soit modifiée. En effet, la teneur en sucres solubles des feuilles diminue
légèrement (Figure 40) et le relargage du 14C dans le milieu extérieur semble moins important.
L’apparition de ce nouvel organe marque l’entrée d’A. thaliana dans la phase reproductive de
son développement. Le développement des hampes florales va ainsi bouleverser les rapports
sources/puits de la plante (Hensel et al. 1994). En effet, une compétition pour le carbone va
s’installer entre les racines et les organes floraux (hampes florales, fleurs, siliques et graines).
Ainsi au stade fleurs, le transport de saccharose provenant des feuilles vers les racines est
fortement ralenti, diminuant ainsi la teneur en sucres solubles de ce compartiment au profit
des hampes florales (Figure 39). Au niveau des feuilles, une forte teneur en sucres a pu être mesurée
96
RESULTATS ET DISCUSSION
au moment de la mise en place des fleurs (Figure 40). A ce stade de développement, la
demande en sucres des organes floraux est telle que les feuilles commencent à remobiliser les
ressources carbonées des cellules de façon importante (Guiboileau et al. 2010). Les feuilles
caulinaires de la hampe florale contribuent aussi à fournir les sucres solubles nécessaires au
développement des organes floraux, en produisant des sucres via la photosynthèse (Earley et
al. 2009). L’expression quasiment constante du transporteur de saccharose AtSUC2 mesurée
dans notre expérimentation pour ce compartiment sous-entend l’export, via le phloème, du
saccharose produit dans ces feuilles.
Aux derniers stades de développement étudiés (siliques vertes et graines), les feuilles de la
rosette sont en fin de sénescence. La majorité des ressources carbonées (sucres solubles et
amidon) sont remobilisées (Wingler et al. 2004). La récupération des hexoses dans les zones
de sénescence fait intervenir des transporteurs de sucre comme AtSTP13 mais aussi
probablement AtSTP14 et AtPLT5 (Norholm et al. 2006 ; Reinders et al. 2005 ; Poschet et al.
2010). Ces sucres pourraient être transportés sous forme de saccharose, via le phloème, vers
les inflorescences, mais aussi les racines. Il est possible d’imaginer que le transport de
saccharose dans les racines permet de maintenir un métabolisme suffisant dans ce
compartiment, afin de permettre l’absorption de l’eau et des sels minéraux. Ce transport
pourrait faire intervenir les transporteurs AtSUC1 et AtPLT5, dont l’expression dans les
racines s’est révélée assez forte pour ces stades de développement et dont l’implication dans
le déchargement au niveau des organes puits a été suggéré dans plusieurs études (Sivitz et al,
2008 ; Reinders et al, 2005). Au niveau des inflorescences, il semblerait que les besoins en
ressources carbonées soient complétés par la remobilisation des ressources des feuilles
caulinaires. En effet, les résultats ont montré qu’une grosse partie de l’amidon qui avait
jusque-là été stocké (stade fleurs et siliques vertes) est dégradé au stade graines, pour leur
remplissage (Baud et al. 2008).
97
Figure 49 : Etude de l’expression par macroarray de gènes de transporteurs de sucre
dans les racines (A) et les feuilles (B) d’Arabidopsis thaliana cultivées en hydroponie tout
au long d’un cycle de 24h. Pour chaque gène, l’expression dans les racines et les feuilles de
10 plantes prélevées pour chaque heures de récolte est normalisée par la moyenne
d’expression des gènes de ménage Ef1α, Actine2 et HistoneH4. Les zones grisées sur le
graphique représentent les périodes de nuit (19h à 9h) et les zones non grisées la photopériode
(9h – 19h).
RESULTATS ET DISCUSSION
3.3
Etude de quelques paramètres liés au métabolisme et au transport du carbone au
cours d’une période de 24h.
L’étude des gènes de transporteurs de sucre dans les différents organes de la plante au
cours de son développement a permis d’effectuer une première cartographie de l’expression
de ces gènes. Cependant, certains gènes de transporteurs de sucre, pourtant décrits comme
étant exprimés chez A. thaliana n’ont pas été détectés. Dans notre étude précédente,
l’expression des gènes a été étudiée à 13h, soit 4h après le début de la photopériode ce qui
pourrait ne pas correspondre au pic d’expression de certains gènes. Afin de compléter cette
étude, l’expression de ces gènes a été étudiée par macroarray dans les racines et les feuilles de
plantes âgées de 20 jours (stade jeune) récoltées à 9h (dès l’allumage de l’éclairage), 13h,
17h, 21h (2h après l’arrêt de l’éclairage), 1h et 5h. Les récoltes nocturnes ont été effectuées à
l’aide d’un éclairage vert (Active LED verte, HYDROZONE). En effet, les études réalisés par
Kircher et collaborateurs (1999) ont montré que cet éclairage permet de ne pas perturber le
métabolisme nocturne des plantes. Parallèlement à l’étude de l’expression des gènes de
transporteurs de sucre, le dosage du saccharose, glucose et fructose ainsi que le dosage de
l’amidon ont été effectués.
3.3.1 Etude de l’expression des gènes de transporteurs de sucre par macroarray
Les résultats d’expression des gènes dans le compartiment racinaire sont représentés sur la
Figure 49A. Ils mettent en évidence que 5 gènes de transporteurs de sucre sont principalement
exprimés dans les racines au cours de la journée et de la nuit, les gènes AtSUC1, AtSUC2,
AtSUC5, AtPLT5 et AtPLT6. Ces 5 gènes sont les mêmes que ceux retrouvés exprimés dans
les racines des plantes au stade jeune et l’expression d’aucun nouveau gène de transporteurs
de sucre n’a pu être détectée dans les conditions utilisées.
Le gène le plus exprimé dans les racines, quel que soit le moment de la journée, est
AtSUC1. Ce gène est aussi celui montrant la plus grande variation d’expression au cours du
cycle de 24h. En effet, son expression est maximum à 13h et minimum à 17h. Pendant la nuit
en revanche, l’expression de ce gène semble assez stable et importante. En ce qui concerne les
4 autres gènes, leur variation d’expression semble assez similaire au cours du cycle de 24h.
En effet, ces gènes, assez faiblement exprimés dans les racines, montrent tous un pic
d’expression en milieu de journée (13h) et en début de nuit (21h). Parmi ces 4 gènes, seule
l’expression du gène AtPLT5 a été détectée pour chaque point de récolte. Pour AtSUC2,
AtPLT6 et AtSUC5, une expression faible voire nulle est détectée en dehors des deux pics
d’expression à 13h et 21h.
98
RESULTATS ET DISCUSSION
Dans les feuilles, les gènes AtSUC1, AtSUC2, AtPLT5, AtSTP3 et AtSTP13 ont été
détectés au cours d’un cycle de 24h (Figure 49B). Ces résultats d’expression corroborent ceux
obtenus sur les feuilles des plantes récoltées au stade jeune. Comme ce qui a été observé dans
les racines, aucun nouveaux gènes n’a été détecté.
Les gènes AtSUC1 et AtSUC2 s’expriment aussi bien dans les feuilles que dans les
racines. Cependant, dans les feuilles, le gène AtSUC2 est plus exprimé que le gène AtSUC1.
Le transporteur de sucre AtSUC2 joue un rôle important dans les feuilles d’A. thaliana ,
puisqu’il est impliqué dans le chargement du phloème au niveau des fines nervures.
L’expression d’AtSUC2 est maximum en début de journée (9h), diminue régulièrement
pendant la journée (13h et 17h), pour ré-augmenter pendant la nuit (à partir de 21h). Le gène
AtSUC1, quant à lui, voit un pic d’expression au milieu de la nuit (1h). Son expression semble
ensuite diminuer pendant le reste de la nuit et de la journée, pour à nouveau atteindre un
niveau d’expression assez élevé en début de nuit (21h). Les gènes AtSTP3, AtSTP13 et
AtPLT5, transportant des hexoses, sont assez peu exprimés dans les feuilles. L’expression du
gène AtSTP13 n’est d’ailleurs mesurée qu’en fin de journée (17h).
L’étude de l’expression d’AtSTP3 au cours d’un cycle de 24h montre que ce gène semble
plus exprimé au cours de la nuit, dans les feuilles d’A. thaliana . En effet, son expression est
assez forte en début et milieu de nuit (21h et 1h), mais n’est pas détectée en fin de nuit (5h).
Au cours de la journée, ce gène ne semble que légèrement exprimé en début (9h) et fin de
journée (17h). Le gène AtPLT5 montre un profil d’expression assez similaire. En effet, les
résultats montrent aussi un maximum d’expression pour ce gène en début et milieu de nuit
(21h et 1h), puis son extinction en fin de nuit (5h). Pendant la journée (de 9h à 17h),
l’expression du gène AtPLT5 semble cependant assez constante (Figure 49B).
99
Figure 50 : Teneur en saccharose (A), glucose (B) et fructose (C) dans les racines et les
feuilles de plantes cultivées en hydroponie, tout au long d’un cycle de 24h. Le dosage des
sucres a été réalisé sur 10 plantes mélangées pour chaque point de récolte. Les histogrammes
représentent la moyenne de deux réplicats techniques du dosage. Les zones grisées sur le
graphique représentent les périodes de nuit (19h à 9h) et les zones non grisées la photopériode
(9h – 19h). Les valeurs notés ND présentent les points où les quantités de sucres n’ont pas pu
être déterminés, étant inférieurs au seuil de détection de l’HPLC (300 nmol.L-1).
RESULTATS ET DISCUSSION
3.3.2 Etude du contenu en sucre solubles (saccharose, glucose, fructose)
Parallèlement à l’étude de l’expression des gènes de transporteurs de sucre, les teneurs en
saccharose, glucose et fructose d’A. thaliana ont été mesurées sur toute une journée et une
nuit de culture, dans les racines et les feuilles de plantes cultivées en hydroponie.
Les résultats présentés Figure 50 montrent que les variations dans les quantités de ces 3
sucres sont assez importantes dans les racines, sur toute la période étudiée. Au moment de
l’allumage des lampes à 9h, les teneurs en saccharose, glucose et fructose sont respectivement
de 3,2, 10 et 7,4 µmol.gMS-1. Une légère diminution dans la quantité de ces 3 sucres est
observée au milieu de la journée (13h), puis la teneur en saccharose, glucose et fructose
augmente jusqu’à 21h (2h après extinction des lampes). Au milieu et à la fin de la nuit (1h et
5h), les quantités de saccharose et glucose sont trop faibles pour être détectées, contrairement
au fructose dont 7 et 8,3 µmol.gMS-1 sont mesurées dans les racines des plantes récoltées
respectivement à 1h et 5h.
Les résultats de dosage de saccharose, glucose et fructose dans les feuilles semblent
montrer moins de variation que dans les racines tout au long du cycle de 24h. Les teneurs en
saccharose sont par exemple assez stables au cours la journée et de la nuit (le maximum
mesuré est de 3,9 µmol.gMS-1 à 5h et le minimum de 2,2 µmol.gMS-1 à 17h ; Figure 50A). Il
est cependant à noter une légère diminution de la quantité en hexoses (glucose et fructose) en
milieu et fin de journée (de 13h à 21h ; Figure 50B et C).
100
Figure 51 : Teneur en amidon dans les racines (A) et les feuilles (B) des plantes cultivées
en hydroponie, tout au long du cycle de 24h. Le dosage des sucres a été réalisé sur 10
plantes mélangées pour chaque point de récolte. Les zones grisées sur le graphique
représentent les périodes de nuit (19h à 9h) et les zones non grisées la photopériode (9h –
19h).
RESULTATS ET DISCUSSION
3.3.3 Etude de la teneur en amidon
Afin de compléter l’étude de l’allocation des ressources carbonées dans les plantes d’A.
thaliana au cours d’une journée, le dosage de l’amidon a été effectué dans les racines et les
feuilles des mêmes plantes ayant permis le dosage des sucres solubles.
Les résultats présentés Figure 51 montrent dans un premier temps que les quantités
d’amidon mesurées dans les racines sont très faibles, comparées à celle retrouvées dans les
feuilles. Peu de variations dans la quantité d’amidon sont d’ailleurs observées au cours de la
journée et de la nuit dans les racines (Figure 51A).
Dans les feuilles, la quantité d’amidon est très faible en début de journée (0,8 mg.gMS-1 à
9h), augmente très rapidement, pour atteindre de fortes teneurs en milieu de journée (9,5
mg.gMS-1 à 13h et 10,8 mg.gMS-1 à 17h), puis diminue progressivement jusqu’à retrouver des
teneurs très faible en fin de nuit (1,4 mg.gMS-1 à 5h).
3.3.4 Discussion
L’étude de l’expression des transporteurs de sucre dans les racines et dans les feuilles de
plantes (stade jeune, J20) a été réalisée au cours d’une journée (récolte à 9h, 13h, 17h, 21h, 1h
et 5h).
Au niveau des racines, 5 gènes de transporteurs de sucre sont principalement exprimés :
AtSUC1, AtSUC2, AtSUC5, AtPLT5 et AtPLT6 et correspondent aux gènes identifiées au
cours de l’expérimentation « développement » pour le même stade de développement (stade
jeune, J20). Le gène AtSUC1 est le gène le plus fortement exprimé alors que les 4 autres
(AtSUC2, AtSUC5, AtPLT5 et AtPLT6) présentent une expression plus modérée. Les résultats
semblent montrer que l’expression de ces gènes varie peu au cours du cycle de 24h. Il faut
remarquer un pic d’expression pour tous les gènes identifiés à 13h (milieu de journée). Ce pic
d’expression pourrait correspondre à une augmentation importante de la croissance des
racines, mise en évidence 3h après le début de la photopériode sur des racines de plante d’ A.
thaliana (écotype Col-0) cultivées en boite de Pétri (Yazdanbakhsh and Fisahn 2011). Cette
augmentation de la croissance racinaire repose sur l’apport en sucres depuis les parties
aériennes, ce qui correspond donc à une augmentation de la force puits des racines.
L’augmentation de l’expression du gène AtSUC1, potentiellement impliqué dans le
déchargement du phloème, pourrait donc participer à l’augmentation de la force puits des
racines à cette heure de la journée. A un niveau moindre, AtSUC2, avec un profil d’expression
assez similaire, pourrait avoir le même rôle.
101
RESULTATS ET DISCUSSION
Dans les feuilles, nos résultats indiquent que les gènes AtSUC1, AtSUC2, AtPLT5, AtSTP3
et AtSTP13 s’expriment au cours de 24h, et ces gènes correspondent aussi aux gènes identifiés
au cours de l’expérimentation « développement », pour le même stade de développement
(stade jeune, J20). Nos résultats montrent que l’expression d’AtSUC2 diminue au cours de la
journée (entre 9h et 17h), et ré-augmente la nuit (à partir de 21h), pour atteindre son
maximum en début de journée (9h). Le gène AtSUC1 présente un maximum d’expression au
milieu de la nuit (1h) puis son expression diminue au cours du reste de la nuit et de la journée,
et ré-augmente en début de nuit (21h).
Concernent les transporteurs de monosaccharides (AtPLT5, AtSTP3 et AtSTP13), notre
étude montre que leur expression est faible dans les feuilles. L’expression du gène AtSTP13
n’est détectable qu’en fin de journée (17h). Ce résultat est en accord avec une expression très
spécialisé des gènes de transporteurs d’hexose dans les feuilles, qui permettraient une
récupération des hexoses sortis du cytoplasme de façon passive (Buttner et al. 2000) ou bien
provenant de cellules endommagées (Klepek et al. 2005 ; Norholm et al. 2006). L’expression
des gènes AtSTP3 et AtPLT5 est assez importante au cours de la nuit (entre 21h et 1h).
De manière générale, les résultats suggèrent que les gènes de transporteurs de sucre
identifiés dans les feuilles sont moins exprimés le jour que la nuit. En ce qui concerne les
transporteurs d’hexose, ce résultat semble confirmer les résultats d’expression mesuré pour le
gène AtSTP1 dans les travaux de Stadler et collaborateurs (2003). En effet, dans leur étude,
les auteurs montrent que ce gène de transporteur d’hexose est exprimé de façon plus
importante au cours de la nuit. Ils supposent qu’AtSTP1 aurait un rôle à jouer dans la
récupération des hexoses relargués dans l’apoplaste pendant la dégradation de l’amidon.
Ainsi, il est possible d’imaginer que les transporteurs AtSTP3, AtPLT5 et AtSTP13, connus
pour transporter des hexoses, jouent le même rôle qu’AtSTP1 au cours de la nuit.
L’expression préférentielle des gènes de transporteurs de saccharose au cours de la nuit dans
les feuilles d’A. thaliana pourrait sembler paradoxale. Pourtant, des travaux réalisés par Kuhn
et collaborateurs (1997) ont montré que StSUT1, l’homologue fonctionnel du gène AtSUC2
chez la tomate ou la pomme de terre, deux solanacées, ne voit son expression diminuer
qu’après une période d’obscurité longue (15h). La protéine correspondante est même présente
sur des durées encore plus longues. Il faut donc garder à l’esprit qu’il peut y avoir un décalage
entre l’expression d’un gène, et la quantité de protéine correspondante et l’activité de celle-ci.
Des études réalisées sur une autre solanacée, le tabac, ont montré que le maximum de croissance
102
RESULTATS ET DISCUSSION
des feuilles est mesuré au début de la nuit, supposant un besoin important des feuilles en
molécules carbonées pendant cette période (Walter and Schurr 2005). Ainsi, il est possible
d’imaginer que les sucres présents dans les feuilles seront préférentiellement utilisés pour la
croissance plutôt que transportés vers les organes puits. Chez A. thaliana , un profil différent
de croissance est observé. En effet, les études réalisées par Ruts et collaborateurs (2012) ont
montré que la croissance des feuilles est plus importante au cours de la journée qu’au cours de
la nuit. Les besoins en sucres dans les feuilles seraient donc plus importants au cours de la
journée qu’au cours de la nuit. Ce résultat laisse penser que le transport des sucres des feuilles
vers les organes puits serait ralenti au cours de la journée, expliquant l’expression moins
importante des gènes de transporteurs de sucre pendant la photopériode.
Les résultats des dosages des sucres solubles montrent que dans les racines les valeurs
obtenues varient au cours du cycle de 24h. Au cours de la période allant de 9h à 21h, les
profils des quantités de saccharose, glucose et fructose sont similaires, avec une chute des
quantités à 13h et un pic à 21h. Pour la période qui suit, les quantités de saccharose et glucose
sont trop faibles pour être détectées, contrairement au fructose qui présente une quantité
constante au 2 dernières heures de mesure 1h et 5h. Les sucres solubles mesurés dans les
racines sont essentiellement utilisés comme ressources carbonées pour la croissance et le
développement de l’organe. Les résultats montrent une teneur plus importante de ces sucres
au cours de la journée par rapport à la nuit. Ces résultats laissent penser que la consommation
des sucres est plus importante au cours de la nuit qu’au cours de la journée, traduisant une
activité métabolique des racines plus importante au cours de la nuit. Les travaux réalisés par
Yazdanbakhsh et Fisahn (2011) montrent en effet une croissance globalement plus rapide des
racines au cours de la nuit par rapport à la journée sur des plantes de Col-0 cultivées boite de
Pétri.
Concernant le dosage des sucres solubles dans les feuilles nos résultats indiquent que les
quantités de sucres sont beaucoup plus stables dans cet organe tout au long de la journée. Les
teneurs en saccharose varient peu, et sont comprises entre 2,2 et 3,9 µmol.gMS-1. Pour le
glucose et le fructose, les quantités mesurées dans les feuilles sont assez stables avec
cependant une légère diminution en milieu de journée entre 13h et 17h. Une étude menée par
Zeeman et Rees (1999) au cours du cycle de 24h sur l’écotype Col-0 montre un pic dans la
teneur en hexose dans les feuilles en début de la journée (3h après le début de la
photopériode), avant une diminution progressive pendant le reste de la journée et de la nuit. En ce
103
RESULTATS ET DISCUSSION
qui concerne la teneur en saccharose, leur étude montre des quantités stables tout au long du
cycle de 24h, sauf en début de nuit, où sa teneur diminue sur une période de 2h, avant de
revenir à des valeurs comparables à celles mesurées dans la journée. La diminution
progressive des hexoses dans les feuilles au cours de la journée observée dans notre étude
laisse penser que les sucres produits sont rapidement utilisés. En effet, Graf et collaborateurs
(2010) mettent en évidence l’utilisation rapide des produits de la photosynthèse dans les
feuilles d’A. thaliana au cours de la journée. Ils sont directement utilisés pour fournir de
l’énergie et permettre la croissance des feuilles, ou bien stockés sous forme d’amidon pour
subvenir aux besoins de la plante en carbone pendant la nuit.
Les résultats que nous avons obtenus peuvent être comparés à ceux obtenus au cours de
l’étude sur le développement. En effet les plantes utilisées pour l’étude sur le rythme circadien
étaient au stade jeune et la récolte à 13h est commune aux deux expériences. Dans les racines,
les teneurs en hexoses sont plus faibles pour l’étude sur le rythme circadien, mais les teneurs
en saccharose sont comparables. Par contre, dans les feuilles, toutes les valeurs obtenues pour
l’expérience développement sont largement supérieures à celles présentées dans la Figure 50,
principalement à nouveau pour les hexoses. Ces différences entre les expériences seront
discutées ultérieurement.
Le dosage de l’amidon au cours de 24h montre que dans les racines les valeurs mesurées
sont très faibles et varient très peu au cours de la journée (entre 0,1 et 0,7 mg.gMS-1). Ces
faibles valeurs sont du même ordre de grandeur que celle mesurées dans les plantes du même
âge (0,5 mg.gMS-1), lors de l’étude du développement d’A. thaliana .
Pour les feuilles, en revanche, les teneurs en amidon mesurées sont faibles en début de
journées et en fin de nuit, puis augmentent de façon considérable entre 13h et 1h, où elles sont
comprises de 9 et 10,9 mg.gMS-1. Ce profil dans le contenu en amidon des feuilles est le
profil classiquement observé pour l’écotype Col-0 d’A. thaliana . Plusieurs études ont en effet
montré l’accumulation progressive d’amidon tout au long de la journée et une dégradation de
l’amidon du début et jusqu’à la fin de la nuit (Gibon et al. 2009 ; Zeeman and Rees 1999). Les
sucres produits par la dégradation de l’amidon sont ensuite soit directement utilisés pour la
respiration, soit exportés sous forme de saccharose, afin d’alimenter les organes puits de la
plante et plus particulièrement les racines dont la croissance est globalement stimulée pendant
la nuit (Yazdanbakhsh and Fisahn 2011).
104
RESULTATS ET DISCUSSION
3.3.5 Bilan
Les résultats de dosage de sucres ont permis de montrer que la teneur en sucres solubles
dans les feuilles d’A. thaliana semble diminuer au cours de la photopériode. Parallèlement, le
dosage de l’amidon a montré que la quantité d’amidon dosé dans les feuilles augmente tout au
long de la journée. Ces résultats suggèrent que les sucres solubles sont préférentiellement
utilisés par les feuilles pendant la phase lumineuse. En effet, chez A. thaliana , la
photosynthèse va permettre la production d’une forte quantité de sucres dans les feuilles dont
la moitié est directement utilisée par la plante (pour la croissance et le développement), et
l’autre moitié est stockée sous forme d’amidon (Zeeman and Rees 1999). Pendant la nuit, en
revanche, les résultats montrent que la quantité de sucres solubles augmente progressivement,
alors que l’amidon présent dans les feuilles est dégradé pour atteindre son minimum en fin de
nuit (5h). Cette dégradation de l’amidon explique en partie l’augmentation de la teneur en
sucres solubles (Wiese et al. 2007), mais cette accumulation témoignerait aussi d’un
ralentissement de la croissance foliaire. En effet, les travaux effectués par Ruts et
collaborateurs (2012) ont permis de montrer une croissance des feuilles plus rapide au cours
de la journée par rapport à la nuit. Parallèlement à ces résultats, l’étude de l’expression des
gènes de transporteurs au cours du cycle de 24h semble montrer une expression du gène de
transporteur de saccharose AtSUC2 plus faible dans les feuilles pendant la photopériode. Ce
transporteur étant connu pour être impliqué dans le chargement du phloème, il est possible
d’imaginer que ce chargement pourrait être moins important au cours de la période lumineuse.
Tous ces résultats pourraient laisser penser qu’au cours de la journée, les feuilles vont
exporter moins de sucres vers les organes puits qu’au cours de la nuit. Pour des raisons
pratiques, la mesure du transport à longue distance du saccharose radiomarqué n’a pas été
réalisée. Cette expérience aurait permis de répondre, au moins partiellement à ces questions.
Contrairement à ce qui a été mesuré dans les feuilles, le dosage de sucres dans les racines
semble montrer une accumulation de sucres solubles pendant la journée et une diminution
importante de la teneur en ces sucres au cours de la nuit. Ce phénomène pourrait traduire une
utilisation préférentielle des sucres pour la croissance et le développement au cours de la nuit.
L’étude menée par Yazdanbakhsh et Fisahn (2011) montre bien une croissance globalement
plus importante des racines au cours de la nuit que de la journée. Parallèlement à la
diminution des quantités de sucres dans les racines, une expression assez élevée du gène
AtSUC2 a été notée dans les feuilles au cours de la nuit. Ces résultats suggèrent qu’au cours
de la nuit, le transport des sucres des feuilles vers les racines est élevé et va permettre
d’approvisionner ce compartiment en sucres solubles.
105
Figure 52 : Schéma du protocole expérimental d’application du stress utilisé au cours de
l’expérimentation « Essai stress Col-0 ». Les 36 plantes de l’écotype Col-0 sont cultivées
dans 2 bacs Araponics individuels (bac témoin et bac stressé ; 18 plantes/bac) pendant 28
jours dans le milieu nutritif. Au bout de 28 jours de culture (J28), une première dose de PEG
est ajoutée au milieu nutritif du bac réservoir stressé pour atteindre une concentration de 1%.
Par la suite 1% de PEG est ajouté au milieu nutritif tous les 2 jours jusqu’à atteindre la dose
de 3% à J42. Puis la concentration de PEG a été augmentée de 0,5%, pour atteindre la
concentration de 3,5% à J46. Les plantes sont récoltées 5h après l’application de la dose 3,5%
RESULTATS ET DISCUSSION
3.4
Mise en place d’un protocole de stress osmotique en hydroponie
Dans le but de mimer un stress hydrique en hydroponie, un protocole d’application de
stress osmotique par ajout d’un agent osmotique, le polyéthylène glycol (PEG 6000), a été
mis en place. Ce système permettra d’étudier la répartition des sucres dans la plante et
l’expression des gènes de transporteurs de sucre, notamment dans les racines, au cours d’un
tel stress. Les résultats précédents ont montré qu’au cours du développement végétatif (stade
jeune et adulte) l’expression des gènes de transporteurs de sucre reste assez constante dans la
racine (sous-chapitre 3.2). Il a donc été choisi d’étudier l’impact du stress osmotique sur des
plantes au stade adulte. De même, il a été montré que le maximum d’expression des gènes de
transporteurs de sucre dans la racine est autour de 13h (sous-chapitre 3.3). Il a donc été décidé
d’étudier l’expression de ces gènes à cette heure de la journée.
3.4.1 Mise en place du stress osmotique sur l’écotype Col-0 (« Essai stress Col-0 »)
Le premier essai d’application du stress osmotique par ajout de PEG a été réalisé sur
l’écotype C24 d’A. thaliana (« Essai stress C24 »). Cette expérimentation devait à l’origine
être effectuée sur l’écotype Col-0. Cependant, suite à une erreur dans l’annotation des tubes
stock de graines, c’est l’écotype C24 qui a été semé lors de cet essai. Les résultats de cette
étude sont présentés dans l’Annexe 1.
Cette expérimentation avait pour but de déterminer le pas d’augmentation de la
concentration en PEG dans le milieu de culture, ainsi que la dose maximum de PEG que les
plantes peuvent tolérer. Au cours de ce premier essai sur l’écotype C24, la concentration en
PEG a été ajoutée de 0,5% en 0,5% dans le milieu de culture à partir de J 28. Le suivi du
phénotype des plantes a permis d’observer les premiers symptômes de stress osmotique
(flétrissement des feuilles) à partir de 5% de PEG dans le milieu de culture (J 46). La dose de
6% (J53) de PEG a, quant à elle, entrainé une mort assez rapide des plantes de l’écotype C24
d’A. thaliana .
Suite à la mise en évidence de l’erreur d’écotype, il nous a fallu refaire un essai de mis en
place du stress osmotique sur l’écotype Col-0. La première expérimentation réalisée sur C24 a
servi de base pour la mise en place du protocole d’application du stress sur Col-0 (« Essai
stress Col-0 » ; Figure 52). En effet, l’essai du stress osmotique sur C24 a permis de mettre en
évidence que, les premiers symptômes du stress (flétrissement des feuilles) sont apparus alors
que les plantes étaient âgées de 46 jours L’étude du développement complet de l’écotype Col0 en hydroponie (sous-chapitre 3.2) indique que les plantes de Col-0 à J46 sont proches du
passage du stade végétatif au stade reproductif (J53). Au cours de cette étude du développement,
106
Figure 53 : Photographies des racines et des rosettes de l'écotype Col-0 d'Arabidopsis
thaliana au cours de la mise en place du stress osmotique. (A) : Photographie des racines
des plantes témoins et stressées un jour après l’application de 1% de PEG dans le milieu de
culture (J29). (B) : Photographie des rosettes des plantes témoins et stressées, un jour après
l’application des concentrations en PEG de 1%, 2% et 3% respectivement à J29, J31 et J33, et
quelques heures après l’ajout de 3,5% de PEG J34.
Figure 54 : Valeurs moyennes de RWC (A) et de potentiel osmotique (B) pour les racines
et les rosettes des plantes témoins et des plantes stressées (5h à 3,5% de PEG). Les
moyennes (± écart type) sont calculées à partir de 3 plantes témoins et 3 plantes stressées. Les
valeurs moyennes de potentiels osmotiques calculés pour les rosettes sont mesurées à partir de
3 feuilles des plantes témoins et stressées.
RESULTATS ET DISCUSSION
nous avons pu voir que cette transition entraine de nombreuses modifications dans les
paramètres liés au métabolisme carboné des plantes. Il nous est alors apparu nécessaire de
raccourcir la durée d’application du stress sur Col-0.
Comme pour l’expérimentation « Essai stress C24 », la première dose de PEG a été
ajoutée après 28 jours de culture des plantes Figure 52. Pour atteindre plus rapidement la dose
de 5%, la première concentration en PEG ajoutée au milieu de culture est de 1%. Cette
concentration a ensuite été augmentée de 1% en 1% tous les 2 jours. De façon surprenante, les
premiers symptômes sont apparus sur les feuilles des rosettes stressées de Col-0 dès la dose
3% de PEG (à J33). Afin de ne pas entrainer d’aggravation trop rapide de ces symptômes, la
concentration en PEG du milieu de culture a ensuite été augmentée de 0,5% pour atteindre la
dernière dose appliquée de 3,5% (J36). A la vue de l’état des feuilles 5h après l’application de
cette dose, les plantes ont été aussitôt récoltées.
3.4.1.1 Observation phénotypique des plantes
Le premier phénotype observé, dès l’application de la première dose de PEG (1%), est un
brunissement des racines des plantes stressées (J29 ; Figure 53A). Ce brunissement ne semble
pas s’accentuer avec l’ajout de PEG dans le milieu de culture. En ce qui concerne les feuilles,
le premier symptôme de réponse phénotypique au stress observé est un flétrissement des
feuilles des plantes stressées. Ce phénotype n’apparait qu’à partir de 3% de PEG dans le
milieu nutritif. Dès les premières heures après l’application de la dose de 3,5% de PEG, ce
flétrissement s’accentue de façon importante (Figure 53B), comme ce qui avait été observé
sur les feuilles de l’écotype C24 à 6% de PEG dans le milieu nutritif.
3.4.1.2 Etude de l’état hydrique des plantes :
Afin de comparer l’état hydrique des plantes en condition témoin et en condition stressé,
le RWC (contenu relatif en eau, Relative Water Content) et le potentiel osmotique des racines
et des feuilles ont été déterminés. Ces deux paramètres ont été déterminés sur 3 plantes
témoins et 3 plantes stressées, récoltées 5h après que la concentration du milieu de culture ait
atteint 3,5% de PEG.
Les résultats de RWC représentés sur la Figure 54A tendent à montrer des valeurs
légèrement inférieures dans les feuilles stressées (-3,5%) par rapport aux feuilles témoins. En
revanche, le RWC dans les racines reste très proche en conditions témoins et stressées
(respectivement 71,5% et 70,1%).
Le potentiel osmotique dans les feuilles témoins est de -0,95 MPa (Figure 54B). En
condition de stress osmotique, le potentiel osmotique des feuilles diminue de façon assez
107
Figure 55 : Expression relative des gènes de transporteurs de sucre dans les racines des
plantes témoins et stressées (5h après que la concentration en PEG du milieu de culture
ait atteint 3,5%). Pour chaque gène, l’expression mesurée par macroarray dans les racines de
10 plantes est normalisée par la moyenne d’expression des gènes de ménage Ef1α, Actine2 et
HistoneH4.
Figure 56 : Rapport de l’expression relative des gènes de transporteurs de sucre des
racines stressées sur celle des racines témoins lors de l’« Essai stress Col-0» exprimée en
log2 (St/Tm). Pour chaque gène, l’expression mesurée par macroarray dans les racines
(témoins ou stressées) de 10 plantes est normalisée par la moyenne d’expression des gènes de
ménage Ef1α, Actine2 et HistoneH4 et le logarithme de base 2 du rapport d’expression dans
les deux conditions (St/Tm), est reporté sur le graphe. Une valeur seuil de log2 ≥1,5 (ou ≤ 1,5) a été définie pour considérer un gène comme induit ou réprimé.
RESULTATS ET DISCUSSION
importante (-1.42 MPa). Le potentiel osmotique des racines est plus élevé (moins négatif)
que celui calculé dans les feuilles et varie peu dans les deux conditions de culture (πTm = -0,64
MPa et πSt = -0,59 MPa ; Figure 54B).
Le potentiel osmotique dans les feuilles témoins de -0,95 MPa (Figure 54B). En condition
de stress osmotique, le potentiel osmotique des feuilles diminue de façon assez importante (1.42 MPa). Le potentiel osmotique des racines est plus élevé (moins négatif) que celui calculé
dans les feuilles et varie peu dans les deux conditions de culture (πTm = -0,64 MPa et πSt = 0,59 MPa ; Figure 54B).
3.4.1.3 Etude de l’expression des gènes de transporteurs de sucre :
L’étude de l’expression des gènes de transporteurs de sucre réalisée dans le sous-chapitre
3.2 a permis de réaliser une cartographie dans l’espace de l’expression des gènes dans les
plantes de l’écotype Col-0. En effet cette étude a mis en évidence l’expression spécifique des
transporteurs de sucre dans 4 organes différents (racines, feuilles, hampes florales et siliques
avec graines) et ceci au cours de 6 stades de développement différents. Le sous-chapitre 3.3 a,
quant à lui, permis de réaliser une cartographie dans le temps de l’expression des
transporteurs de sucre en mesurant cette expression à différentes heures d’une journées de 24h
sur des plantes adules (J40).
L’étude menée ici, et qui consiste au premier essai d’application du stress osmotique sur
l’écotype Col-0, devrait nous permette de réaliser une étude comparée de l’expression des
gènes de transporteurs de sucre dans les racines et les feuilles des plantes témoins et des
plantes stressées. Cette analyse a été réalisée par macroarray sur les racines et les feuilles de
plantes récoltées 5h après que la concentration en PEG du milieu ait atteint 3,5%.
3.4.1.3.1 Etude de l’expression des gènes de transporteurs de sucre dans les racines
La Figure 55 montre l’expression des gènes de transporteurs de sucre retrouvés dans les
racines témoins et stressées. Parmi tous les gènes de transporteurs de sucre étudiés,
l’expression de 6 d’entre eux a été détectée dans les racines. Le profil d'expression de ces
gènes dans l'ordre décroissant en condition témoin est le suivant : AtSUC1 > AtPLT5 >
AtSUC2 > AtSTP7 > AtSUC5 > AtPLT6.
Les différences d’expression de ces gènes dans les racines des plantes les témoins et des
plantes stressées sont consignées dans la Figure 55. Ainsi, les résultats montrent que 3 gènes
sont réprimés de façon significative (log2<-1,5) dans les racines des plantes stressées par
rapport aux plantes témoins, les gènes AtSUC1, AtSUC5 et AtPLT6. Au contraire, le gène
108
Figure 57 : Expression relative des gènes de transporteurs de sucre dans les feuilles des
plantes témoins et stressées (5h après que la concentration en PEG du milieu de culture
ait atteint 3,5%). Pour chaque gène, l’expression mesurée par macroarray dans les feuilles de
10 plantes est normalisée par la moyenne d’expression des gènes de ménage Ef1α, Actine2 et
HistoneH4.
Figure 58 : Rapport de l’expression relative des gènes de transporteurs de sucre des
feuilles stressées sur celle des feuilles témoins lors de l’« Essai stress Col-0» exprimé en
log2 (St/Tm). Pour chaque gène, l’expression mesurée par macroarray dans les feuilles de 10
plantes (témoins ou stressées) est normalisée par la moyenne d’expression des gènes de
ménage Ef1α, Actine2 et HistoneH4 et le logarithme de base 2 du rapport d’expression dans
les deux conditions (St/Tm), est reporté sur le graphe. Une valeur seuil de log2 ≥1,5 (ou ≤-1,5)
a été définie pour considérer un gène comme induit ou réprimé.
RESULTATS ET DISCUSSION
AtSTP13 voit son expression augmenter de façon significative (log2>1,5) dans les racines des
plantes stressées par rapport aux plantes témoins.
En ce qui concerne les gènes AtPLT5, AtSTP7 et AtSUC2, les variations de leur expression
en conditions stressées par rapport aux conditions témoins sont inférieures au seuil de
significativité défini dans nos expérimentations.
3.4.1.3.2 Etude de l’expression des gènes de transporteurs de sucre dans les feuilles
Les résultats présentés sur la Figure 57 montrent les valeurs d’expression relative des
gènes de transporteurs de sucre dans les feuilles témoins et stressées. Sur les 26 gènes de
transporteurs de sucre étudiés, l’expression de 6 d’entre eux a été mesurée dans les feuilles
témoins et stressées (Figure 57). Ces gènes correspondent à 2 gènes de transporteurs de
saccharose, AtSUC1 et AtSUC2, 3 gènes de transporteurs d’hexose, AtSTP3, AtSTP7 et
AtSTP13, et 1 gène de transporteurs de polyol, AtPLT5.
La comparaison de l’expression de ces gènes en condition témoin et en condition de
stress osmotique montre que les différences d’expression observées sont inférieures au seuil
de log2 que nous avons défini pour définir l’induction ou la répression d’un gène (Figure 58).
En considérant tout de même les faibles différences d’expression observées, les résultats
semblent montrer une légère augmentation des gènes AtSUC2, AtPLT5, AtSTP3, AtSTP7 et
AtSTP13, ainsi qu’une légère diminution de l’expression du gène AtSUC1.
3.4.2 Discussion :
La mise en place du premier essai d’application du stress osmotique sur l’écotype Col-0 a
été établie à partir du premier essai réalisé sur l’écotype C24 (Annexe 1, erreur d’écotype).
Dans cette expérimentation, la dose finale de PEG était de 6%, et c’était donc cette dose que
nous avions projetée d’imposer à l’écotype Col-0, afin de vérifier la dose maximale que cet
écotype pouvait supporter. Il s’est avéré que l’état physiologique des plantes de Col-0 au
cours de l’application de ce protocole ne nous a pas permis d’atteindre la dose de 5% de PEG
dans le milieu de culture, comme ce qui avait été réalisé sur l’écotype C24 (« Essai stress
C24 », Annexe 1). En effet, des symptômes de flétrissement des feuilles sont apparus sur Col0 dès la dose de 3% de PEG, alors même que les plantes sont âgées de 32 jours. Ceci est
différent de ce que nous avions observé préalablement sur les plantes stressées de C24
(Annexe 1), qui au même âge étaient exposées à une dose de 1,5% de PEG. De plus, pour C24
la dose de 3% a été atteinte lorsque les plantes étaient âgées de 38 jours, et les premiers
symptômes de flétrissement des feuilles sont observés pour 5% de PEG à J46.
109
RESULTATS ET DISCUSSION
Il est ainsi possible de penser, que pour une même dose de PEG, la différence de
comportement des plantes observées entre Col-0 et C24 soit liée à l’écart d’âges des plantes
lors de l’application de cette dose. Cette différence pourrait aussi s’expliquer par une
différence de sensibilité des deux écotypes vis-à-vis du stress appliqué. En effet, plusieurs
études mettent en évidence que les différents écotypes d’A. thaliana ne tolèrent pas le stress
hydrique de la même façon. Les travaux menées par Granier et collaborateurs (2006)
montrent par exemple, que les plantes de l’écotype An-1 tolèrent mieux le stress hydrique
appliqué en terre par arrêt d’arrosage que les plantes de l’écotype Col-0.
Cependant, cette première expérimentation de stress osmotique menées sur Col-0 a aussi
permis de montrer que l’application de 3,5% de PEG dans le milieu nutritif entraine une
accélération très rapide de ces symptômes de flétrissement des feuilles de la rosette.
Parallèlement à ce flétrissement des feuilles, un brunissement des racines des plantes en
condition de stress a été observé.
Il avait été envisagé, lors d’un premier comité de thèse (Octobre 2010), la possibilité que
ce brunissement soit causé par une hypoxie. Pour tester cette hypothèse, une expérimentation
a été réalisée au cours de laquelle la concentration en oxygène du milieu de culture, ainsi que
l’expression du gène de l’alcool déshydrogénase, deux marqueurs du stress hypoxie, ont été
mesurés. Pour cette étude, les 4 systèmes ont été utilisés, et des bulleurs d’aquarium ont été
ajoutés dans deux d’entre eux. Ainsi, il a été possible d’étudier l’impact de l’ajout de PEG sur
la concentration en oxygène dans les bacs témoins et stressés, avec ou sans bulleurs. Les
résultats ont montré que la concentration d’oxygène varie très peu, aussi bien entre les milieux
témoins avec et sans bulleurs, qu’entre les milieux témoins et stressés. De même, cette
expérimentation a permis de mettre en évidence que le gène de l’ADH est exprimé aussi bien
dans les racines des plantes cultivées dans le milieu témoins qu’en présence de PEG. Il est
tout de même à noter une légère diminution de l’expression du gène dans les plantes cultivées
dans le milieu stressé, oxygéné avec un bulleur. Cependant, le même brunissement des racines
est observé, aussi bien sur les plantes stressées pour lesquelles un bulleur a été ajouté dans le
milieu, que pour celles cultivées sans bulleur dans le milieu. Le brunissement des racines
observé en présence de PEG ne serait donc pas provoqué par une hypoxie. Ce brunissement
pourrait en revanche se rapprocher de celui décrit par Chen et collaborateurs (2006) sur les
racines du riz cultivé en hydroponie et provoqué par un dépôt de fer. L’oxygénation du milieu
de culture étant un paramètre très important lors de la culture des plantes en hydroponie
110
Figure 59 : Valeurs de potentiel hydrique dans le milieu de culture en fonction de la
concentration en PEG dans le milieu. Le potentiel hydrique a été déterminé après mesure de
l’osmolarité les milieux testés (milieu nutritif seul, puis milieu nutritif contenant les
différentes concentrations de PEG utilisées).
RESULTATS ET DISCUSSION
(Gibeaut et al. 1997), pour la suite des expérimentations, un bulleur d’aquarium a tout de
même été ajoutée dans chacun des bacs-réservoirs, afin d’améliorer l’oxygénation du milieu.
L’état hydrique des plantes a été évalué à la fin du stress par le calcul du RWC et du
potentiel osmotique. Les résultats tendent à montrer une légère diminution du RWC et une
diminution plus importante de leur potentiel osmotique dans les feuilles de la rosette des
plantes stressées, comparées aux plantes témoins. La diminution de ces deux paramètres au
cours d’une contrainte hydrique est un phénomène classiquement observé chez A. thaliana
(Chaves et al. 2003 ; Verslue et al. 2006). Les études réalisées en terre sur des plantes de Col0 par Hummel et collaborateurs (2010) montrent par exemple une diminution moyenne de 8%
de RWC au cours d’un stress hydrique modéré, et de 21% lors d’un stress sévère. Néanmoins,
certaines publications montrent des variations beaucoup plus faibles voir nulles du RWC chez
des plantes de l’écotype Col-0 en condition de stress hydrique appliqué en terre (Bouchabke
et al. 2008). La diminution du potentiel osmotique des feuilles en condition de stress est aussi
retrouvée dans les travaux de Hummel et collaborateurs (2010) : elle est de 0,19 MPa lors
d’un stress modéré et de 0,52 MPa lors d’un stress sévère. Cette baisse du potentiel osmotique
dans les feuilles peut s’expliquer d’une part, par la perte d’eau des cellules, entrainant une
concentration des solutés dans celle-ci, et d’autre part, par l’accumulation de certains solutés
compatibles comme la proline ou certains sucres solubles (Zhang et al. 1999).
Les premiers résultats obtenus dans nos conditions sur l’écotype Col-0 d’A. thaliana
laisseraient ainsi supposer que le stress osmotique appliqué se rapproche d’un stress hydrique
modéré. La dose de 3,5% de PEG dans le milieu correspond à une différence de potentiel
hydrique de 0,06 MPa par rapport au milieu témoin (Figure 59), ce qui représente une
variation assez minime entre les deux milieux. Cependant, les symptômes observés sur les
feuilles stressées de notre étude ne correspondent pas à l’effet d’un stress hydrique modéré,
mais semblent refléter un stress plus sévère. Ces symptômes apparaissent plus importants que
ce que les valeurs des paramètres mesurés le laissent penser, et ils pourraient être liés d’une
part, au système de culture en hydroponie et d’autre part, à un effet secondaire due à
l’utilisation de PEG. Des travaux préalables ont toutefois montré que, l’utilisation de PEG de
poids moléculaires compris entre 1000 g.mol-1 < PEG < 6000 g.mol-1, engendrait peu ou pas
de toxicité sur les plantes et permettait une bonne aération du milieu de culture par sa faible
viscosité (Dubos et al. 2003).
111
RESULTATS ET DISCUSSION
Ce premier essai d’application du stress sur l’écotype Col-0 a permis d’effectuer une
comparaison de l’expression des gènes de transporteurs de sucre dans les racines et les
feuilles des plantes témoins et stressées. A l’exception du gène AtSTP7, le profil d'expression
des gènes exprimés dans les racines témoins est identique à celui mesuré dans les racines des
plantes d’A. thaliana au stade adulte lors des études précédentes (sous-chapitre 3.2 et 3.3) : le
gène le plus fortement exprimé est AtSUC1 puis AtPLT5, AtSUC2, AtSTP7, AtSUC5 et AtPLT6.
Dans les feuilles des plantes témoins, l’expression des gènes AtSUC1, AtSUC2, AtSTP3,
AtSTP7 , AtSTP13 et AtPLT5 a été mesuré. Hormis pour le gène AtSTP7 , ces gènes sont les
mêmes que ceux retrouvés exprimés dans les feuilles d’A. thaliana au stade adulte, lors de
l’étude sur le développement des plantes. En ce qui concerne ce gène, peu de données sont
disponibles dans la littérature. Les données Genevestigator, compilées par Büttner (2007)
semblent cependant confirmer une faible expression de ce gène dans les feuilles d’A. thaliana ,
tout comme les travaux effectués au laboratoire par Maryse Laloi et Cyril Abadie. A part
AtSTP7, nous n’avons pas identifié de nouveaux gènes en condition de stress, aussi bien dans
les racines que dans les feuilles.
La comparaison de l’expression de ces gènes dans les racines a permis de mettre en
évidence la répression des gènes AtSUC1, AtSUC5 et AtPLT6 ainsi que l’augmentation de
l’expression du gène AtSTP13. En revanche, les résultats n’ont pas permis de montrer de
différences significatives d’expression dans les feuilles. En considérant tout de même les
faibles différences d’expression observées, les résultats semblent montrer une légère
augmentation des gènes AtSUC2, AtPLT5, AtSTP3, AtSTP7 et AtSTP13 ainsi qu’une légère
diminution de l’expression du gène AtSUC1. De telles variations de l’expression de ces gènes
de transporteurs de sucre ont plusieurs fois été mises en évidence sur des travaux de stress
hydrique menées au laboratoire, notamment par les études de Maryse Laloi et de Cyril Abadie
(communication personnelle et manuscrit de thèse). Cependant, les valeurs d’induction ou de
répression mesurées dans leurs études étaient supérieures au seuil de log2 définissant la
significativité des résultats d’expression
De plus, dans notre expérimentation, la récolte des plantes a été effectuée rapidement
après l’application de la dose de 3,5% de PEG, en raison de l’importante augmentation des
symptômes de flétrissement observés sur les feuilles de la rosette. Il est possible de penser que
la récolte précipitée des plantes ait été trop rapide pour permettre une réponse des gènes de
transporteurs de sucre dans les feuilles stressées des plantes d’A. thaliana . L’étude d’un stress
112
Figure 60 : Schéma du protocole expérimental d’application du stress au cours de la
« Campagne stress ». Les 288 plantes de l’écotype Col-0 sont cultivées dans les quatre
systèmes (systèmes A et C : témoins ; et systèmes B et D : stressées ; 72 plantes par système)
pendant 20 jours dans le milieu Gibeaut. Au bout de 20 jours, une première récolte de 120
plantes, nommée « stade jeune », a été réalisée. Puis, une première dose de PEG est ajoutée au
milieu nutritif des bacs réservoir St à J35, permettant d’atteindre une concentration de 1%. Par
la suite 1% de PEG est ajoutée à J37 pour atteindre la dose 2%. La concentration de PEG a
ensuite été augmentée de 0,5%, car les plantes présentaient les premiers signes de
flétrissement après l’application de la dose 2%, pour atteindre la concentration de 2,5% à J 39.
Une première récolte de 50 plantes (25 plantes témoins et 25 plantes stressées) a été réalisée
après 3 jours d’application de la dose 2,5% (J42) et une seconde de 50 plantes également (25
plantes témoins et 25 plantes stressées) après 6 jours d’application de la dose 2,5% (J45).
RESULTATS ET DISCUSSION
moins poussé pourrait permettre de déterminer si les tendances d’induction ou de répression
observées se confirment dans les feuilles ayant subi le stress osmotique. Cette première
expérimentation nous indique aussi que pour le prochain stress osmotique à réaliser sur
l’écotype Col-0, la dose de 3% de PEG ne pourra être dépassée.
L’expérimentation « Campagne stress », (expérimentation suivante), a été effectuée sur
des plantes cultivées dans les quatre systèmes d’hydroponie. Cette expérimentation a été
réalisée afin d’effectuer un stress osmotique plus long (6 jours à la dose maximale) et sur
un plus grand nombre de plantes. De même, afin de déterminer si la sensibilité différente visà-vis du stress observée dans notre expérimentation entre l’écotype Col-0 et l’écotype C24 est
liée à l’âge des plantes au moment de l’application du stress, le début du traitement sera
réalisé sur des plantes plus âgées. Ceci nous permettra de comparer les réponses de ces deux
écotypes à une même dose et au même stade de développement.
3.5 Etude d’une cinétique de stress osmotique (« Campagne stress »)
La « Campagne stress » a été réalisée sur les 4 systèmes d’hydroponie disponibles au
laboratoire. Le protocole utilisé pour appliquer le stress osmotique lors de cette
expérimentation s’inspire de celui utilisé lors de l’« Essai stress Col-0 » (Figure 60). La
concentration en PEG a ainsi été augmentée de 1% en 1% dans le milieu de culture.
Cependant, afin d’avoir des plantes plus matures lors de l’application du PEG, la première
dose n’a été ajoutée qu’après 35 jours de culture des plantes (contre 28 jours pour « l’essai
stress Col-0 »). A partir de 2% (J38), la concentration en PEG du milieu n’a été augmentée que
de 0,5% dans le but d’atteindre la dose de 3% de PEG plus progressivement que lors de
l’expérimentation « essai stress Col-0 ». Ceci a été mis en place afin que les feuilles des
rosettes ne présentent pas trop rapidement les symptômes de stress, comme ceci avait été
observé dans l’expérimentation précédente. De plus, à la fin de l’expérimentation « essai
stress Col-0 », nous avions émis l’hypothèse que le faible niveau d’expression des gènes de
transporteurs de sucre dans les feuilles pouvait être dû au fait que les plantes n’étaient restées
que quelques heures à la dose maximale (3,5%). Aussi, pour l’expérimentation « campagne
stress » nous souhaitions que les plantes restent plus longtemps (quelques jours) à la dose
maximale (initialement prévue à 3%), afin de vérifier l’expression des transporteurs de sucre
dans cette nouvelle condition.
L’observation des plantes au cours de cette nouvelle expérimentation « campagne stress »
montre que les premiers symptômes de flétrissement apparaissent sur les feuilles dès que le
113
Figure 61 : Photographies de l'écotype Col-0 d'Arabidopsis thaliana au cours de
l’application du stress osmotique, lors de la « Campagne stress ». (A) Photographie des
rosettes des plantes témoins et stressées de l'écotype Col-0 un jour après l’application des
concentrations en PEG de 1%, 2%, et 2,5% respectivement à J36, J38 et J40. (B) : Photographie
des rosettes des plantes stressées de l’écotype Col-0, 3 et 6 jours après l’application de 2,5%
de PEG.
Figure 62 : Valeurs moyennes de RWC calculées pour les racines et les feuilles de
plantes témoins ou stressées après 3 jours (A) et 6 jours (B) de stress à 2,5% de PEG. Les
moyennes (± écart type) sont calculées à partir de 5 plantes pour chaque condition testée. Un
test de Mann et Witney a été effectué. Des lettres différentes sur le graphique indiquent une
différence significative entre les échantillons (P < 0,05).
RESULTATS ET DISCUSSION
milieu nutritif a atteint la concentration de 2,5% en PEG. Aussi, l’augmentation de la
concentration en PEG n’a pas été poursuivie. Une première récolte de 50 plantes (25 plantes
témoins et 25 plantes stressées) a été réalisée après 3 jours d’application de la dose de 2,5%
(J42). Afin, d’étudier le comportement des plantes sur un temps plus long, le stress osmotique
a été maintenu 3 jours de plus. Ainsi, après 6 jours de stress à 2,5% (J45), une seconde récolte
de 50 plantes (25 plantes témoins et 25 plantes stressées) a été réalisée (Figure 60).
3.5.1 Observation phénotypique des plantes
Dans un premier temps, le phénotype des plantes témoins et stressées a été suivi au cours
de l’application du stress osmotique. Dès l’application de PEG dans le milieu de culture, un
brunissement des racines des plantes stressées est observé (résultats non montré). Pour cette
expérimentation, les premiers symptômes de stress sur les feuilles apparaissent dès
l’application de la concentration de 2,5% de PEG (Figure 61A). Trois jours après l’application
de la dose 2,5% les feuilles des plantes stressées sont flétries et montrent un léger
brunissement (Figure 61B). L’observation des plantes après 6 jours de stress à 2,5% de PEG
semble montrer une faible accentuation des symptômes de flétrissement sur les feuilles. En
revanche, le brunissement des feuilles des plantes stressées semble, quant à lui, plus important
après 6 jours de stress qu’après 3 jours.
3.5.2 Etude de l’état hydrique des plantes
Dans le but de déterminer l’intensité du stress osmotique appliqué aux plantes lors de cette
expérimentation, le RWC et le potentiel hydrique ont été déterminés dans les feuilles et les
racines des plantes témoins et stressées, au moment des deux récoltes (3 et 6 jours après
l’application de 2,5% de PEG).
-
Détermination du RWC
A J43 (3 jours à 2,5% de PEG), le RWC dans les feuilles des plantes stressées est inférieur
(70,5%) à celui mesuré sur les plantes témoins (74% ; Figure 62A), bien que cette différence
ne soit pas significative. Cette légère diminution paraît confirmer les précédents résultats de
RWC obtenus sur cet organe lors de l’Essai stress Col-0 . En revanche pour les racines, et
comme observé dans les précédentes expérimentations, la valeur moyenne de RWC des
racines stressées (74,1%) reste très proche de celle mesuré sur les racines témoins (74% ;
Figure 62A)
Les résultats représentés Figure 62B représentent les valeurs de RWC après 6 jours
d’application de 2,5% de PEG. Les résultats montrent très peu de variation du RWC entre les
114
Figure 63 : Valeurs moyennes de potentiel osmotique calculées pour les racines et 3
feuilles de plantes témoins ou stressées après 3 jours (A) et 6 jours (B) de stress à 2,5%
de PEG. Les moyennes (± écart type) sont calculées à partir de 5 plantes pour chaque
condition testée. Un test de Mann et Witney a été effectué. Des lettres différentes sur le
graphique indiquent une différence significative entre les échantillons (P < 0,05).
Figure 64 : Masse sèche moyenne des racines et des feuilles des plantes témoins et
stressées après 3 (J43) et 6 jours (J46) de stress à 2,5% de PEG. La masse sèche moyenne
(± écart type) a été calculée à partir de 5 plantes pour chaque condition testée. Un test de
Mann et Witney a été effectué. Des lettres différentes sur le graphique indiquent une
différence significative entre les échantillons (P < 0,05).
RESULTATS ET DISCUSSION
plantes stressées et témoins. En effet, le RWC des feuilles témoins est de 73% et celui mesuré
dans les feuilles stressées est de 72%, tandis que dans les racines témoin, le RWC est de
72,1%, et 73,9% dans les racines stressées. Il faut donc noter que la différence de RWC entre
les feuilles stressées et témoins est plus importante à J3 du stress qu’à J6.
-
Détermination du potentiel osmotique
Les résultats présentés Figure 63A montrent le potentiel osmotique calculé dans les
racines et feuilles des plantes témoins et stressées, après 3 jours d’application de 2,5% de
PEG. A J43 (3 jours à 2,5% de PEG), le potentiel osmotique dans les feuilles des plantes
stressées est significativement inférieur (Δ = -0,45 MPa) à celui mesuré sur les plantes
témoins (Figure 63A). En revanche, pour les racines, le potentiel osmotique mesuré dans les
racines stressées varie peu par rapport à celui mesuré sur les racines témoins (Δ = +0,1 MPa,
Figure 63A).
Après 6 jours à 2,5% de PEG, les résultats indiquent que la différence de potentiel
osmotique entre les feuilles témoins et stressées est moins importante (non significative)
qu’après 3 jours de stress (Δ = -0,06 au lieu de -0,45, Figure 63B). Dans les feuilles stressées,
les valeurs de potentiel osmotique mesurées (-0,95 MPa) sont revenues à des valeurs
sensiblement égales à celles mesurées dans les plantes témoins (-0,90 MPa). Concernant le
compartiment racinaire, le potentiel osmotique des racines stressées, après 6 jours de stress,
est toujours légèrement plus élevé que celui mesuré sur les racines témoins (Δ = +0,04, Figure
63B).
3.5.3 Détermination des masses sèches et du rapport Root/Shoot (rapport R/S)
La masse sèche moyenne des racines et des feuilles des plantes témoins et stressées après
3 (J43) et 6 jours de stress (J46) est représentée sur la Figure 64. Les résultats montrent que les
masses des racines et des feuilles des plantes témoins à J43, sont respectivement identiques à
celles des racines et des feuilles des plantes stressées pour ce point de récolte (3 jours de stress
à 2,5% de PEG). Les résultats montrent aussi que la masse moyenne des feuilles et des racines
augmente significativement dans les plantes témoins entre J43 et J46. En revanche, aucune
différence significative n’est mesurée entre la masse des racines stressées récoltées à 3 et 6
jours de stress. Il en est de même pour les feuilles des plantes stressées, bien que leur masse
après 6 jours de stress à 2,5% (223 mg) soit légèrement plus importante que celle mesurée
après 3 jours de stress à 2,5% (197 mg).
115
Figure 65 : Valeurs moyennes de rapport R/S calculées pour les racines et les feuilles de
plantes témoins ou stressées après 3 (J43) et 6 jours (J46) de stress à 2,5% de PEG. Le
calcul du rapport R/S a été effectué à partir des masses sèches déterminées sur 5 plantes pour
chaque condition testée. Un test de Mann et Witney a été effectué. Des lettres différentes sur
le graphique indiquent une différence significative entre les échantillons (P < 0,05).
Figure 66 : Teneurs moyennes en chlorophylles totales déterminées sur un mélange de
feuilles jeunes et adultes de plantes témoins et stressées après 3 (J43) et 6 jours (J46) de
stress osmotique à 2,5% de PEG. Le dosage des chlorophylles a été effectué sur 5 plantes
pour chaque condition testée. Un test de Mann et Witney a été effectué. Des lettres différentes
sur le graphique indiquent une différence significative entre les échantillons (P < 0,05).
RESULTATS ET DISCUSSION
Le rapport R/S a été calculé à partir des résultats précédents. Les résultats représentés
Figure 65 montrent un rapport R/S proche entre les plantes témoins et les plantes
stressées, après 3 jours de stress à 2,5% de PEG (respectivement 0,15 et 0,14). En revanche, 6
jours après l’application de 2,5% de PEG, une diminution significative du rapport R/S des
plantes stressées est observée par rapport aux plantes témoins, respectivement 0,11 et 0,14.
3.5.4 Teneurs en chlorophylles au cours du stress
Afin de mieux caractériser l’effet du stress osmotique sur le métabolisme carboné au sens
large, le dosage des chlorophylles totales a été effectué sur les feuilles (échantillon constitué
de feuilles jeunes et matures) après 3 et 6 jours de stress osmotique à 2,5% de PEG.
Les résultats représentés Figure 66 montrent une teneur moyenne en chlorophylles dans
les feuilles témoins de 11,8 mg.gMS-1 à J43 et 11,2 mg.gMS-1 à J46. En condition de stress, une
diminution significative de la teneur en chlorophylles dans les feuilles stressées est mesurée
de l’ordre de 37% après 3 jours de stress, et de 31% après 6 jours de stress. Les teneurs en
chlorophylles mesurées dans les feuilles stressées des deux points de stress ne sont en
revanche pas significativement différentes : 7,4 mg.gMS-1 après 3 jours de stress et, 7,7
mg.gMS-1 après 6 jours de stress.
3.5.5 Suivi du contenu en quelques éléments constitutifs de la plante
Parmi les 92 éléments identifiés sur Terre, 17 sont connus pour être indispensables à
toutes les plantes. Les macroéléments (C, H, O, N, S, P, Ca, K et Mg) sont requis en grande
quantité (ils représentent plus de 0,1% la masse sèche) alors que les microéléments (Ni, Mo,
Cu, Zn, B, Fe et Cl) représentent moins 0,01% de la masse sèche.
Parmi ces éléments, nous avons choisi de doser le Ca, Mg, K, P, Fe et également une
molécule organique, le nitrate qui est la forme sous laquelle l’azote était fourni aux plantes.
Ce dosage a été réalisé afin de vérifier si le stress osmotique avait un impact sur l’absorption
de ces éléments par les racines, et pouvait entrainer ainsi une carence dans la plante.
Les résultats observés dans notre étude (Tableau 11) peuvent être comparés avec ceux
obtenus dans les travaux de Lequeux et collaborateurs (2010), également effectuée sur des
plantes d’A. thaliana cultivées en hydroponie. Dans ces travaux, comme dans notre étude, les
mêmes éléments sont mesurés par la même technique d’analyse à savoir l’absorption
atomique de flamme. Dans notre étude, les valeurs de dosages obtenues dans les racines et les
feuilles des plantes en conditions témoins sont très proches de celles obtenues dans leur étude,
et ce pour tous les éléments étudiés.
116
RESULTATS ET DISCUSSION
Le rapport R/S des différents éléments a également été étudié. En fonction de ce rapport,
les éléments peuvent être rangés en plusieurs catégories : soit l’élément est plus présent dans
les feuilles que dans les racines (R/S<1, cas du Ca2+, Mg2+ et NO3-) soit l’élément est plus
présent dans les racines que dans les feuilles (R/S>1, cas du K+, du Fe et du P). Un premier
élément à noter est que, quel que soit l’élément considéré, le rapport R/S n’est pas inversé en
cas de stress osmotique, après 3 ou 6 jours de stress. Ceci signifie que la répartition globale
des ions n’est pas affectée par le stress osmotique. De plus, les valeurs de dosage et les R/S ne
changent pas de façon considérable, ce qui permet de penser qu’il n’y pas de carence qui se
développe pendant le stress. Ceci peut s’expliquer par le système de culture en hydroponie où
les ions sont facilement disponibles, et par le maintien d’un flux de sève entre racines et
feuilles. D’autre part, il est probable, qu’au niveau de la rosette, un certain nombre d’ions sont
remobilisés depuis les feuilles qui entrent en sénescence. L’ensemble de ces éléments peut
donc conduire à une sorte d’homéostasie des ions, du moins dans nos conditions de stress. Il
s’agit d’un argument supplémentaire pour conclure à un stress modéré.
3.5.6 Etude de l’expression des gènes de transporteurs de sucre au cours d’une
cinétique de stress osmotique
Dans les expérimentations intitulées « Essai », l’étude de l’expression des transporteurs de
sucre a été réalisée par l’analyse de macroarray et/ou RT-qPCR sur les racines et par
macroarray sur les feuilles. En effet, ces expérimentations ont généralement été mises en
place afin de tester différents protocoles d’application de stress sur les plantes cultivées en
hydroponie. Aussi, pour chacun de ces essais il nous fallait d’une part cartographier la
population de transporteurs qui s’exprimaient en réponse au protocole expérimental appliqué.
D’autre part, la seule référence disponible au laboratoire pour la réponse des transporteurs de
sucre à un stress hydrique (terre) concerne l’organe feuille. Nous avons donc vérifié que le
stress osmotique appliqué dans nos expérimentations via l’utilisation du PEG mimait un stress
hydrique. Pour cela, dans chaque expérimentation essai, l’étude de l’expression des
transporteurs de sucre dans les feuilles a été réalisée afin de la comparer au profil déjà établi
au laboratoire (stress hydrique en terre, communication personnelle Maryse Laloi, manuscrit
de thèse Cyril Abadie).
Dans les expérimentations « Campagne », l’expression des transporteurs de sucre n’a été
étudiée que sur l’organe racine, qui fait l’objet de ce travail de thèse. Cette analyse a été
réalisée par RT-qPCR afin d’obtenir des valeurs plus précises. Seuls les gènes de transporteurs
117
Figure 67 : Rapport de l’expression relative des gènes AtRD29a et AtTIP1;2 mesurée par
RT-qPCR dans les racines après 3 (A) et 6 (B) jours de stress à 2,5% de PEG.
L’expression des gènes a été mesurée sur un mélange de 10 plantes et est normalisée par
rapport à l’expression du gène de référence At5g12240. Le logarithme de base 2 du rapport
d’expression dans les deux conditions (St/Tm), est reporté sur le graphe. Une valeur seuil de
log2 ≥1,5 (ou ≤ -1,5) a été définie pour considérer un gène comme induit ou réprimé.
Figure 68 : Etude de l’expression par RT-qPCR de six gènes de transporteurs de sucre
dans les racines d’A. thaliana en condition normales et en condition de stress osmotique,
après 3 (A) et 6 (B) jours de stress à 2,5% de PEG. L’expression des gènes a été mesurée
sur un mélange de 10 plantes et est normalisée par rapport à l’expression du gène de référence
At5g12240. Le logarithme de base 2 du rapport d’expression dans les deux conditions
(St/Tm), est reporté sur le graphe. Une valeur seuil de log2 ≥1,5 (ou ≤ -1,5) a été définie pour
considérer un gène comme induit ou réprimé.
RESULTATS ET DISCUSSION
de sucre présentant une différence d’expression dans les racines (stress osmotique vs témoin)
lors de l’expérimentation préliminaire « Essai stress Col-0 » ont été étudiés : AtPLT5, AtPLT6,
AtSTP13, AtSUC1, AtSUC2 et AtSUC5. Le gène AtSTP7 n’a pu être étudié car aucune des
amorces dessinées pour l’analyse en RT-qPCR n’a permis d’amplifier le fragment attendu.
Lors de cette étude, l’expression de deux gènes, connus pour être différentiellement
exprimés dans les racines des plantes lors d’un stress hydrique, a aussi été analysée par RTqPCR. Ces gènes sont AtRD29a et AtTIP1;2 qui codent tous les deux des aquaporines. Le
gène AtRD29a a été décrit dans plusieurs études comme étant induit lors d’un stress hydrique,
salin ou osmotique (Hundertmark and Hincha 2008 ; Msanne et al. 2011 ; Xiong et al. 2006).
Pour le gène AtTIP1;2 en revanche, une forte répression de son expression est mesurée dans
les racines en réponse à un stress hydrique ou salin (Alexandersson, Fraysse, Sjovall-Larsen,
Gustavsson, Fellert, Karlsson, Johanson and Kjellbom 2005, Boursiac et al. 2005). Il est à
noter aussi que l’expression de ce gène est quasiment identique dans les racines et les feuilles
cultivées aussi bien en terre qu’en hydroponie (Alexandersson et al. 2005).
La Figure 67A montre les rapports d’expression St/Tm (stressées/témoins) des gènes
AtRD29a et AtTIP1;2 mesurés dans les racines après 3 jours de stress à 2,5% de PEG. Les
résultats montrent une augmentation de l’expression d’AtRD29a de 2,7 fois. En ce qui
concerne le gène AtTIP1;2, son expression est réprimée de 145 fois.
Les rapports d’expression ont été également mesurés dans les racines des plantes stressées
après 6 jours d’application de 2,5% de PEG (Figure 67B). Les résultats montrent que le
niveau d’expression des gènes AtRD29a et AtTIP1;2 ne varie pas entre les racines témoins et
stressées.
La Figure 68A présente les rapports d’expression relative des 6 gènes de transporteurs de
sucre étudiés dans les racines après 3 jours de stress à 2,5% de PEG. Les résultats montrent
que l’expression des 3 gènes de transporteurs de saccharose AtSUC1, AtSUC2, AtSUC5 et des
2 gènes de transporteur de polyol AtPLT6 et AtPLT5, est réprimée dans les racines stressées
par rapport aux racines témoins. Seul le gène AtSTP13 montre une augmentation d’expression
après 3 jours de stress osmotique.
Les résultats d’expression après 6 jours de stress osmotique montrent, qu’excepté pour les
gènes AtPLT6 et AtSUC1, l’expression mesurée dans les racines stressées est quasiment
similaire à celle observée dans les racines témoins (Figure 68B). Les gènes AtPLT6 et
AtSUC1, quant à eux, sont réprimés, mais de façon moins importante qu’après 3 jours à 2,5%
de PEG.
118
Figure 69 : Teneur en saccharose, glucose et fructose dans les racines (A) et les feuilles
(B) des plantes témoins et stressées, après 3 jours de stress osmotique à 2,5% de PEG. Le
dosage des sucres a été réalisé sur les racines et les feuilles de 5 plantes mélangées pour
chaque condition étudiée. Les histogrammes représentent la moyenne de deux réplicats
techniques du dosage.
Figure 70 : Teneur en saccharose, glucose et fructose dans les racines (A) et les feuilles
(B) des plantes témoins et stressées, après 6 jours de stress osmotique à 2,5% de PEG. Le
dosage des sucres a été réalisé sur les racines et les feuilles de 5 plantes mélangées pour
chaque condition étudiée. Les histogrammes représentent la moyenne de deux réplicats
techniques du dosage.
RESULTATS ET DISCUSSION
3.5.7 Etude de la teneur en sucres solubles au cours d’une cinétique de stress
osmotique
La Figure 69A présente les résultats du dosage du saccharose, glucose et fructose dans les
racines des plantes témoins et stressées après 3 jours de stress à 2,5% de PEG. Les résultats
montrent que la teneur en saccharose augmente de façon importante dans les racines après 3
jours de stress à 2,5% de PEG (2,2 µmol.gMS-1 dans les racines témoins et 15,7 µmol.gMS-1
dans les racines stressées). En revanche, les teneurs en glucose et fructose semblent diminuer
dans les racines des plantes stressées (respectivement 19.8 et 8,7 µmol.gMS-1) par rapport aux
racines des plantes témoins (respectivement 63,4 et 28,1 µmol.gMS-1).
La Figure 69B présente les résultats de dosage du saccharose, glucose et fructose dans les
feuilles des plantes témoins et stressées après 3 jours de stress à 2,5% de PEG. En condition
témoins, les teneurs en saccharose, glucose et fructose mesurées dans les feuilles sont
respectivement de 2,6, 26,1 et 12 µmol.gMS-1. Après 3 jours de stress osmotique à 2,5% de
PEG, les résultats montrent que pour chacun des 3 sucres dosés, la quantité retrouvée dans les
feuilles stressées est plus importante que celle mesurée dans les feuilles témoins. Pour le
saccharose, la teneur dans les plantes stressées est quasiment 6 fois supérieure à celle mesurée
dans les plantes témoins (respectivement 16,4 et 2,6 µmol.gMS-1 ; Figure 69B) ; le fructose
mesuré dans les feuilles stressées est approximativement 5 fois plus important que dans les
feuilles témoins (respectivement 59.5 et 12 µmol.gMS-1 ; Figure 69B) ; et le glucose quant à
lui, est presque 10 fois plus présent dans les feuilles stressées que dans les feuilles témoins
(respectivement 253,9 et 26,1 µmol.gMS-1 ; Figure 69B).
La Figure 70A présente les teneurs en saccharose, glucose et fructose après 6 jours de
stress osmotique à 2,5% de PEG. La teneur en saccharose mesurée dans les racines témoins
(2,7 µmol.gMS-1) est proche de celle mesurée 3 jours avant à J 43 (2,2 µmol.gMS-1). En
revanche, en ce qui concerne les quantités de glucose et de fructose, une diminution
importante est mesurée dans les racines témoins entre ces deux points de récolte : la teneur en
glucose est de 20,9 µmol.gMS-1 à J46 alors qu’elle était de 63,4 µmol.gMS-1 à J43 ; pour le
fructose la teneur à J46 est de 13 µmol.gMS-1 alors qu’elle est de 28,1 µmol.gMS-1 à J43. En
comparant les teneurs de ces 3 sucres dans les racines témoins et stressées, les résultats
montrent que la quantité de saccharose dans les racines stressées (21,5 µmol.gMS-1) est
supérieure à celle retrouvée dans les racines témoins (2,7 µmol.gMS-1 ; Figure 70A). Cette
quantité mesurée dans les racines stressées après 6 jours de stress (21,5 µmol.gMS-1 ; Figure
70A) est aussi supérieure à celle retrouvée dans les racines stressées après 3 jours de stress
osmotique (15,7 µmol.gMS-1 ; Figure 69A). De la même façon, après 6 jours de stress, les teneurs
119
Figure 71 : Teneur en amidon dans les racines et les feuilles des plantes après 3 et 6
jours de stress osmotique à 2,5% de PEG. Le dosage de l’amidon a été réalisé sur les
racines et les feuilles de 5 plantes mélangées pour chaque condition étudiée. Les
histogrammes représentent la moyenne de deux réplicats techniques du dosage.
RESULTATS ET DISCUSSION
en glucose et fructose des racines stressées (respectivement 61,9 et 31,5 µmol.gMS -1) sont
supérieures à celles mesurées dans les racines témoins (respectivement 20,9 et 13 µmol.gMS1
; Figure 70A).
En ce qui concerne les feuilles (Figure 70B), le dosage du saccharose, glucose et fructose
montre, une forte accumulation de ces 3 sucres dans les feuilles des plantes stressées après 6
jours de stress (respectivement 16,1, 249 et 61,2 µmol.gMS-1). Ces teneurs dans les feuilles
stressées sont très proches de celles mesurées dans les feuilles stressées après 3 jours de stress
osmotique (respectivement 16,4, 253,9 et 59,5 µmol.gMS-1 ; Figure 69B)
3.5.8 Etude de la teneur en amidon au cours d’une cinétique de stress osmotique
La Figure 71 représente les teneurs en amidon mesurées dans les racines et les feuilles des
plantes témoins et stressées après 3 et 6 jours de stress à 2,5% de PEG. Les résultats montrent
dans un premier temps que la teneur en amidon est beaucoup plus faible dans les racines que
dans les feuilles, aussi bien en condition témoin qu’en condition de stress osmotique. Après 3
jours de stress, les résultats semblent indiquer une diminution de la teneur en amidon dans les
racines stressées (0,7 mg.gMS-1) par rapport aux racines témoins (1,3 mg.gMS-1). En
revanche, après 6 jours de stress, une augmentation de la teneur en amidon est observée dans
les racines stressées par rapport aux racines témoins (respectivement 1 et 0,7 mg.gMS-1).
En ce qui concerne les feuilles, la teneur en amidon augmente légèrement dans les feuilles
stressées par rapport aux feuilles témoins, aussi bien après 3 jours que 6 jours de stress à 2,5%
et reste élevée dans les deux cas.
3.5.9 Discussion
L’expérimentation « Campagne stress » a permis de tester un nouveau protocole
d’application du stress hydrique sur l’écotype Col-0 d’A. thaliana . Cette expérimentation a été
effectuée sur les 4 systèmes d’hydroponie disponibles au laboratoire. Le plus grand nombre
de plantes disponibles a ainsi permis d’effectuer deux récoltes de plantes stressées, une
première après 3 jours de stress à 2,5% de PEG et une seconde après 6 jours de stress à 2,5%
de PEG.
3.5.9.1 Etude phénotypique et physiologique des plantes en condition de stress
osmotique
L’observation phénotypique des plantes a dans un premier temps montré un brunissement
des racines, dès la première application de PEG, comme lors de l’expérimentation « essai
stress Col-0 », ainsi que le flétrissement des feuilles après l’ajout de 2,5% de PEG dans le milieu.
120
RESULTATS ET DISCUSSION
Le suivi phénotypique des plantes entre 3 et 6 jours de stress n’a pas mis en évidence une
aggravation importante du flétrissement des feuilles entre ces 2 points de stress. Après 3 jours
de stress, les feuilles stressées présentent un léger brunissement par rapport aux feuilles
témoins. Ce brunissement semble, en revanche, s’accentuer entre 3 et 6 jours de stress. Cette
couleur brune observée sur les feuilles pourrait être due à l’accumulation d’anthocyanes dans
les feuilles des plantes stressées. En effet, ce phénomène est couramment observé sur les
feuilles des plantes en condition de stress hydrique, où l’accumulation d’anthocyanes
permettrait de limiter le stress oxydatif généré par un tel stress (Sperdouli and Moustakas
2012).
L’étude de l’état hydrique des plantes au cours de l’expérimentation « Campagne stress »,
a montré une diminution du RWC et du potentiel osmotique dans les feuilles stressées après 3
jours d’application de la dose de 2,5% de PEG dans le milieu. Cette diminution du RWC est
du même ordre de grandeur que celle qui a été observé lors de l’« Essai stress Col-0 ». En
revanche, les valeurs de ces deux paramètres sont quasiment équivalentes dans les feuilles
témoins et stressées après 6 jours de stress osmotique. Ces résultats présentent la même
tendance que ceux obtenus par Harb et collaborateurs (2010), lors d’une étude effectuée en
terre sur l’écotype Col-0 d’A. thaliana . Ces auteurs montrent après 2 jours de stress une
diminution du RWC des feuilles stressées par rapport aux feuilles témoins (-5%), et après 6
jours de stress, des valeurs comparables de ce paramètre dans les feuilles témoins et stressées
(RWC d’environ 72%). Ces résultats indiquent donc que les plantes sont capables de
s’acclimater pour retrouver un nouvel équilibre hydrique après une exposition prolongée à un
stress modéré. Il est aussi intéressant de noter que ce phénomène est observé à la fois en
hydroponie et en terre. En ce qui concerne les racines, le potentiel osmotique et le RWC
varient très peu entre les plantes témoins et les plantes stressées. Ne pouvant pas dégager de
variation nette de ces deux paramètres dans les racines stressées, les mesures du RWC et du
potentiel osmotique ne seront réalisées que sur les feuilles lors des prochaines
expérimentations.
Le suivi de la biomasse des plantes semble montrer que le stress osmotique n’a pas
d’impact sur l’accumulation de biomasse des plantes (feuilles et racines) stressées après 3
jours. En revanche, après 6 jours de stress osmotique, la biomasse des feuilles et racines
stressées est plus faible que celle des racines et feuilles témoins du même âge. De même, le
rapport R/S, mesuré après 3 jours de stress, est comparable entre les plantes témoins et
stressées, mais diminue après 6 jours. Cette diminution serait due à une légère augmentation de
la masse sèche de la rosette plutôt qu’à une diminution de la masse sèche des racines. Autrement
121
RESULTATS ET DISCUSSION
dit, il semblerait que l’accumulation de biomasse des racines soit stoppée entre 3 et 6 jours de
stress, alors que celle des feuilles, bien que très ralentie, continue entre ces deux moments de
récolte. Cette augmentation de biomasse dans les feuilles pourrait être due en partie à
l’accumulation d’anthocyanes observée dans cet organe au cours du stress. L’accumulation
d’anthocyanes dans les feuilles de l’écotype Col-0 est un phénomène qui a déjà été observé au
cours de son développement (Wingler et al 2004).
Afin de mieux suivre l’état physiologique des plantes au cours du stress hydrique, le
dosage des chlorophylles totales a été effectué sur les plantes témoins et les plantes stressées.
Les résultats indiquent que la teneur en chlorophylle diminue de façon significative chez les
plantes stressées après 3 et 6 jours de stress osmotique. La diminution de la teneur en
chlorophylles au cours d’un stress hydrique est un phénomène décrit dans la littérature depuis
longtemps. Les travaux d’Alberte et al. (1977) montrent par exemple une diminution de 27%
de la quantité en chlorophylles totales, 2 jours après l’application d’un stress hydrique par
arrêt d’arrosage sur le maïs. Des études réalisées par Wingler et collaborateurs (2004) sur A.
thaliana montrent que la diminution de la teneur en chlorophylles des feuilles s’accompagne
d’un stress oxydatif (accumulation de ROS) dû au déséquilibre produit entre l’énergie
lumineuse capturée et dissipée au niveau des antennes collectrices des photosystèmes. Ces
résultats sont en accord avec les observations d’accumulation d’anthocyanes dans les feuilles
stressées, dont un de leur rôle est de participer à la dissipation de l’excès d’énergie
d’excitation et à la protection de l’appareil photosynthétique. De plus, ces auteurs montrent
que la diminution de la teneur en de chlorophylles des feuilles est associée à une baisse de
l’activité photosynthétique du photosystème II.
Aussi nos résultats sur les teneurs en chlorophylles dans les feuilles laissent penser que le
stress hydrique appliqué entraine une diminution de l’activité photosynthétique dans les
plantes en condition de stress. Cette hypothèse semble aussi appuyée par les résultats de
dosage de certains éléments de la plante comme le magnésium ou le phosphore, directement
impliqués dans les processus de photosynthèse, et dont la quantité diminue dans les feuilles en
condition de stress osmotique. Plusieurs études ont en effet montré une diminution importante
de l’activité photosynthétique de la plante au cours d’un stress hydrique entrainée d’une part,
par la moins grande disponibilité en CO2 dans les tissus résultant de la fermeture des stomates
(Sperdouli and Moustakas 2012), et d’autre part par la diminution de l’activité métabolique
des cellules des feuilles au cours du stress hydrique (Hummel et al. 2010).
122
RESULTATS ET DISCUSSION
3.5.9.2 Etude de paramètres liés au transport et au métabolisme du carbone des
plantes en condition de stress osmotique
L’étude de l’expression des gènes de transporteurs de sucre a été effectuée par RT-qPCR
en temps réel sur les racines des plantes témoins et stressées (3 et 6 jours à 2,5% de PEG). Les
résultats montrent une répression de l’expression de 3 gènes, AtSUC1, AtSUC5 et AtPLT6
ainsi que l’induction d’un gène AtSTP13 après 3 jours de stress à 2,5%. Ces résultats
corroborent les résultats précédemment obtenus lors de l’expérimentation « Essais stress Col0» où les mêmes variations d’expression avaient été mesurées dans les racines stressées.
L’induction du gène AtSTP13 dans les racines d’A. thaliana a aussi été retrouvée dans une
étude effectuée par Yamada et collaborateurs (2011) en condition de stress salin. En effet, ce
transporteur de sucre permettrait l’absorption des hexoses présents dans la rhizosphère en
condition de stress salin. En ce qui concerne les gènes AtSUC1 et AtSUC5, il est possible
d’imaginer que la diminution de l’expression de ces gènes entrainerait une diminution du
déchargement du saccharose au niveau des racines. L’expression de tous ces gènes semble en
revanche retourner à un niveau témoin après 6 jours de stress à 2,5% de PEG.
L’étude du contenu en sucres solubles dans les racines et les feuilles des plantes témoins
et stressées a permis de montrer une augmentation assez importante de la teneur en
saccharose, aussi bien dans les racines que dans les feuilles stressées, après 3 et 6 jours de
stress osmotique. En ce qui concerne la teneur en hexose dans les racines, les résultats
montrent qu’elle est beaucoup plus importante dans les racines témoins à J43 qu’à J46. En
raison de cette très forte variabilité dans les plantes témoins, il est difficile d’interpréter les
différences mesurées en conditions de stress osmotique dans les racines. Dans les feuilles,
après 3 et 6 jours de stress, une augmentation assez importante de la teneur en glucose et
fructose est mesurée. Plusieurs études ont montré une accumulation de sucres dans les feuilles
des plantes en condition de stress hydrique. Les travaux réalisés par Xue et collaborateurs
(2008) ont par exemple montré chez le blé qu’un stress hydrique entraine l’accumulation de
10 fois plus de glucose et fructose dans les feuilles stressées par rapport au feuilles témoins.
Une autre étude, réalisée sur le maïs, a aussi montré une forte accumulation de glucose,
fructose et, dans une moindre mesure, de saccharose dans les feuilles subissant un stress
hydrique (Pelleschi et al. 1997). Chez A. thaliana , les travaux de Hummel et collaborateurs
(2010) ont aussi mis en évidence une accumulation d’hexose et de saccharose au cours d’un
stress hydrique appliqué en terre. De même, lors d’un stress hydrique réalisé par application
de 100 mM d’ABA sur des plantes de l’écotype Col-0 cultivées en boite de Pétri, le dosage de
ces sucres montre que leurs teneurs augment au cours du stress (Taji et al ,2002). Les sucres
123
RESULTATS ET DISCUSSION
accumulés dans les feuilles des plantes stressées pourraient jouer un rôle dans l’ajustement
osmotique des cellules (Bray et al. 1997 ; Chaves et al. 2003). Cette augmentation de la
quantité de sucres dans les feuilles coïncide effectivement dans notre étude avec la diminution
importante du potentiel osmotique dans les feuilles stressées. De plus cette augmentation des
sucres solubles est maintenue pendant la durée du stress dans les feuilles. La grande quantité
de sucres solubles mesurés dans les feuilles des plantes stressées pourrait aussi être à l’origine
de l’accumulation d’anthocyanes observée en condition de stress. En effet, il a été montré que
les sucres induisent l’activité de certaines enzymes de la voie de biosynthèse des anthocyanes
dans les feuilles en condition de stress hydrique (Solfanelli et al. 2006).
Afin de mieux comprendre l’origine de l’accumulation de ces sucres, le dosage de
l’amidon a été effectué. En effet, plusieurs études ont montré qu’au cours d’un stress
hydrique, l’amidon était dégradé afin de pourvoir les besoins en sucres pour la respiration ou
bien pour permettre l’accumulation de sucres solubles comme composés compatibles (Basu et
al. 2007, Todaka et al. 2000). De façon surprenante, aucune diminution de la quantité
d’amidon n’est mesurée dans les plantes stressées par rapport aux plantes témoins dans notre
expérimentation. Il est possible de penser que cette différence est liée à notre système de
culture. En effet, comme il a pu être discuté au cours du sous-chapitre 3.2, il semblerait que
les teneurs en sucres solubles mesurées dans notre étude soient plus importantes que celle
mesurées sur des plantes en terre. Il est alors possible de penser que les quantités de sucres
des feuilles soient suffisantes pour les besoins de la plante, sans faire appel aux sucres stockés
sous forme d’amidon.
Un grand nombre de paramètres que nous avons mesurés sur les plantes après 6 jours
stress ont tendance à revenir à des valeurs proches de celles mesurées sur les plantes témoins
notamment dans les feuilles. Ceci indique que les variations notées sur les plantes après 3
jours de stress sont en fait transitoires et correspondent à la réponse rapide au stress
osmotique. Ces observations concernent les paramètres liés au contenu hydrique comme le
RWC et le potentiel osmotique et l’expression des gènes marqueurs du stress et de
transporteurs de sucre. Ces résultats indiquent que notre protocole d’application du stress a
permis une acclimatation des feuilles aux conditions de stress après 6 jours. Cette
acclimatation de la plante au stress appliqué est possible grâce au rétablissement d’une
certaine homéostasie de l’eau dans les feuilles. Un tel processus a été observé lors de
l’acclimatation des plantes à un stress hydrique modéré (Ingram and Bartels 1996). Pour permettre
124
Figure 72 : Schéma du protocole expérimental d’application du stress utilisé au cours de
l'« Essai réhydratation ». Les 36 plantes de l’écotype Col-0 sont cultivées dans 2 bacs
Araponics individuels (bac témoin et bac stressé ; 18 plantes/bac) pendant 35 jours dans le
Gibeaut. Au bout de 35 jours de culture (J35), une première dose de PEG est ajoutée au milieu
nutritif du bac réservoir stressé permettant d’atteindre une concentration de 1%. Puis 1% de
PEG est ajouté à J37 pour atteindre la dose 2%. La concentration de PEG a ensuite été
augmentée de 0,5%, car les plantes présentaient les premiers signes de flétrissement après
l’application de la dose 2%, pour atteindre la concentration de 2,5% à J 39 et 3% à J41. Une
première récolte de 12 plantes (6 plantes témoins et 6 plantes stressées) a été réalisée après 2
jours d’application de la dose 3% (J43). A J43, le milieu de culture des 2 bacs a été changé par
du milieu nutritif frais et les plantes du bac stressé ont suivi la phase de réhydratation pendant
une semaine. L’ensemble des plantes (6 témoins et 6 stressées) a été récolté à J50.
RESULTATS ET DISCUSSION
une telle réponse, plusieurs phénomènes physiologiques doivent être mis en place par la
plante stressée, et l’un de ces phénomènes pourrait être l’accumulation de solutés
compatibles, comme certains sucres solubles.
Il y a toutefois deux exceptions notables pour les paramètres que nous avons mesurés : la
teneur en chlorophylles dans les feuilles reste à un niveau faible après 6 jours de stress alors
que la teneur en sucres solubles est maintenue à un fort niveau dans des feuilles entre 3 et 6
jours de stress. La forte teneur en sucres solubles, notamment en hexoses, est certainement
nécessaire pour rétablir l’équilibre hydrique dans les feuilles. En revanche, l’explication de
l’origine de ces sucres dans les feuilles reste problématique dans la mesure où les quantités
d’amidon ne varient pas de façon significative. Cette accumulation pourrait résulter du fait
que la photosynthèse des plantes est inhibée moins rapidement que le métabolisme de
croissance des plantes. La non utilisation des sucres produits entrainerait alors leur
accumulation dans les cellules les produisant (Muller et al. 2011).
3.6 Mise en place du stress osmotique suivi d’une réhydratation sur
l’écotype Col-0 (« Essai réhydratation »)
L’expérimentation « Campagne stress » a permis de montrer que le protocole
expérimental que nous avons mis en place avec l’application progressive de PEG dans le
milieu de culture hydroponique permet de se rapprocher de la réponse des plantes vis-à-vis
d’un stress hydrique modéré, du moins en ce qui concerne les critères étudiés. Ce protocole
d’application du stress a ainsi permis de mettre en évidence une expression contrastée des
gènes de transporteurs de sucre suite au stress osmotique par comparaison avec les conditions
témoins
Afin de mimer les conditions hydriques observées en conditions naturelles caractérisées
par des alternances de périodes de déficit hydrique et de périodes de régimes hydriques
satisfaisants, nous avons souhaité mettre en place un protocole de réhydratation pour nous
permettre l’étude de la réversibilité de la réponse des plantes vis-à-vis du stress. Comme pour
l’« Essai stress Col-0 » et la « Campagne stress », la première concentration en PEG
appliquée à J35 est de 1%, puis celle-ci a été augmentée 2 jours après (J37) pour atteindre 2%
(Figure 72). Par la suite, la concentration en PEG dans le milieu de culture a été augmentée de
0,5% pour atteindre la concentration de 2,5% à J41.
Il semblerait que lors des expérimentations « Essais », la dose de 2,5% de PEG induise
peu de symptômes de flétrissement des feuilles, comme cela a été observé lors des
expérimentations sur les systèmes complets d’hydroponie. En effet, pour retrouver les mêmes
125
Figure 73 : Photographies des rosettes de l'écotype Col-0 d'Arabidopsis thaliana au cours
de la mise en place du stress hydrique et de la réhydratation. (A) Photographies des
rosettes de l'écotype Col-0 un jour après l’application des concentrations en PEG de 2%, 2,5%
et 3% respectivement à J38, J40 et J42. (B) : Photographies d’une rosette de l’écotype Col-0
deux jours après l’application de 3% de PEG (J43) et à J44, J47 et J50 correspondant à la
semaine de réhydratation après le remplacement du milieu de culture avec PEG par le milieu
nutritif seul.
Figure 74 : Photographie d’une rosette d’Arabidopsis thaliana, présentant un dépôt de
cristaux blancs sur la face supérieure, après un stress osmotique à 3% de PEG (J43).
RESULTATS ET DISCUSSION
symptômes de flétrissement des feuilles de la rosette, il faut attendre la concentration de 3%
de PEG dans le milieu de culture. Ce résultat pourrait s’expliquer par la forte densité des
plantes dans les systèmes « Essais » (18 plantes par bacs) comparés au système complet, où
les plantes sont éclaircies (7 plantes par bacs). En effet, la forte densité de plantes dans les
systèmes « Essais » permet le recouvrant des feuilles des plantes contigües. Ceci aurait pour
effet une limitation de l’évapotranspiration des plantes qui seraient alors en mesure de résister
à des doses plus fortes de PEG. Dans le système complet, les plantes ne sont plus que 7 par
plateau au lieu de 18, et ces plantes sont assez éloignées les unes des autres pour que leurs
feuilles ne se recouvrent pas.
Du fait cette adaptation des plantes lors de cette expérimentation, un dernier ajout de PEG
a été effectué à J43 pour atteindre la concentration de 3% de PEG dans le milieu de culture.
Les plantes sont laissées pendant 2 jours à cette dernière dose de PEG avant une première
récolte. A la suite du stress osmotique, les plantes sont réhydratées en remplaçant le milieu de
culture avec PEG par du milieu nutritif frais. Les plantes ainsi réhydratées sont récoltées après
une semaine.
3.6.1 Observation phénotypique des plantes
Le phénotype des plantes a été suivi au cours de l’application du stress osmotique et
pendant la semaine de réhydratation. Comme dans les études précédentes (« Essai stress Col0 » et « Campagne stress »), un brunissement des racines est observé un jour après
l’application de PEG (1% de PEG) dans le milieu de culture (résultats non montrés).
Les premiers symptômes de flétrissement sur les feuilles apparaissent dès 2,5% pour cette
expérimentation. Ces symptômes sont beaucoup plus importants pour la dose de 3% (Figure
73A). De plus, au cours de cette expérimentation, un nouveau symptôme est apparu sur les
feuilles des plantes stressées : un dépôt de cristaux blancs apparait sur les feuilles adultes du
centre de la rosette après l’application de 3% de PEG dans le milieu nutritif (Figure 74). Lors
des premières observations, il a été supposé que les cristaux présents sur les feuilles adultes de
la rosette étaient le résultat d’une sécrétion par les feuilles de PEG absorbé par les racines. Un
prélèvement de ces cristaux a été effectué et étudié par analyse thermodifférentielle et
thermogravimétrique (ATD-ATG) (plateforme de chimie, par Christelle Roudaut). Cette
analyse soumet l’échantillon à une gamme de température allant de la température ambiante
jusqu’à une température de 600°C par pallier de 5°C toutes les minutes, et mesure la perte de
masse de l’échantillon tout au long de l’analyse. Ainsi, il a été montré que les cristaux blancs sont
126
Figure 75 : Valeurs moyennes de RWC calculées à partir de feuilles de plantes témoins
et de plantes stressées (2 jours à 3% de PEG J43). Les moyennes (± écart type) sont
calculées à partir de 3 feuilles par plante, sur 3 plantes témoins et 3 plantes stressées soit 9
feuilles au total.
Figure 76 : Valeurs moyennes de potentiels osmotiques calculées à partir de 3 les feuilles
de plantes témoins et stressées (2 jours à 3% de PEG). Les moyennes (± écart type) sont
calculées à partir de 3 plantes et 3 mesures par plante ont été effectuées. Un test de Mann et
Witney a été effectué. Des lettres différentes sur le graphique indiquent une différence
significative entre les échantillons (P < 0,05).
RESULTATS ET DISCUSSION
détruits par une température légèrement supérieure à 100°C, alors que pour la même
température, la masse du PEG pur n’a pas évolué. Il faut atteindre 300°C pour que le PEG soit
détruit. Cette analyse laisse penser que ces cristaux blancs sont formés par une autre molécule
que le PEG. Des analyses en spectrographie de masse sont en cours et en vue de déterminer
leur nature.
La Figure 73B représente l’évolution du phénotype des rosettes à partir de la fin de
l’application du stress osmotique (J43, 3% de PEG) et pendant la période de réhydratation (de
J43 à J50). Dès le lendemain de la réhydratation, les jeunes feuilles du centre de la rosette
semblent retrouver un phénotype similaire à celui des feuilles témoins. Les feuilles plus
matures, qui présentaient des symptômes de flétrissement « moyen » après 2 jours à 3% de
PEG, commencent aussi à retrouver un phénotype identique à celui des feuilles témoins
(Figure 73B). Le recouvrement du phénotype témoin de ces deux lots de feuilles est observé
tout au long de la semaine de réhydratation (Figure 73B). En effet, les jeunes feuilles
continuent leur croissance et les feuilles plus matures reprennent un développement normal,
comme celui observé sur les feuilles des plantes témoins. Parallèlement, de nouvelles feuilles
vont émerger au centre de la rosette. En revanche, pour certaines feuilles plus âgées
présentant les symptômes de flétrissement les plus importants, les tissus ne se sont pas
réhydratés et montrent plutôt une accentuation du processus jusqu’au dessèchement complet
des feuilles (Figure 73B).
3.6.2 Etude de l’état hydrique des plantes :
- Comparaison plantes témoins/plantes stressées
Afin de comparer l’état hydrique des plantes en conditions témoins et en conditions
stressées, le RWC et le potentiel osmotique des feuilles ont été déterminés. Pour cette
expérimentation Essai, le nombre de plantes disponibles étant assez limité, le RWC a été
mesuré sur 3 feuilles adultes prélevées sur 3 plantes témoins et 3 plantes stressées après 2
jours de culture à 3% de PEG (J43).
Les résultats indiquent que la valeur moyenne de RWC des feuilles témoins (81,2%) est
supérieure à celle des feuilles stressées (71,9% ; Figure 75) ce qui représente une diminution
de 9,3% entre les deux conditions.
Le potentiel osmotique des feuilles a été calculé à partir de la mesure de l’osmolarité des
tissus de 3 feuilles adultes prélevées sur 3 plantes témoins et 3 plantes stressées (9 feuilles au
total). Les résultats représentés Figure 76 montrent que le potentiel osmotique des feuilles des
127
Figure 77 : Valeurs moyennes de RWC calculées à partir de 3 feuilles de plantes témoins
et de plantes réhydratées (J50). Les moyennes (± écart type) sont calculées à partir de 3
plantes témoins et 3 plantes stressées.
Figure 78 : Valeurs moyennes de potentiels osmotiques calculées et les feuilles des
plantes témoins et stressées (2 jours à 3% de PEG). Les moyennes (± écart type) sont
calculées à partir de 3 plantes et 3 mesures par plante ont été effectuées. Un test de Mann et
Witney a été effectué. Des lettres différentes sur le graphique indiquent une différence
significative entre les échantillons (P < 0,05).
RESULTATS ET DISCUSSION
128
Figure 79 : Expression relative des gènes AtRD29a et AtTIP1;2 dans les racines des
plantes témoins et stressées (2 jours à 3% de PEG J43). Pour chaque gène, l’expression
mesurée par RT-qPCR dans les racines de 5 plantes est normalisée par rapport à l’expression
du gène de référence At5g12240.
Figure 80 : Rapport de l’expression relative des gènes AtRD29a et AtTIP1;2 mesurée par
RT-qPCR dans les racines après le stress osmotique (2 jours à 3% de PEG ; A) et après
une semaine de réhydratation (B). L’expression des gènes a été mesurée sur un mélange de
5 plantes et est normalisée par rapport à l’expression du gène de référence At5g12240. Le
logarithme de base 2 du rapport d’expression dans les deux conditions (Traité/Tm), est reporté
sur le graphe. Une valeur seuil de log2 ≥1,5 (ou ≤ -1,5) a été définie pour considérer un gène
comme induit ou réprimé.
RESULTATS ET DISCUSSION
plantes stressées (-1,18 MPa) est significativement inférieur ( = -0,25) à celui mesuré dans
les plantes témoins (-0,93 MPa).
Après une semaine de réhydratation (J50), 3 plantes témoins et 3 plantes stressées ont été
récoltées pour déterminer le RWC des feuilles (sur 3 feuilles adultes). Le RWC calculé pour
les feuilles des plantes réhydratées (Réhy = 68,9%) est inférieur ( = -7,71%) à celui des
feuilles des plantes témoins (TmRéhy = 76,6% ; Figure 77). Cependant l’écart des valeurs de
RWC réhydratées vs témoins à J50 ( = - 7,71%) est moindre que celui observé pour témoins
vs stressées à J43 ( = -9,3%).
Le potentiel osmotique de 3 feuilles a été déterminé sur 3 plantes témoins et 3 plantes
réhydratées. Les résultats représentés Figure 78 indiquent que le potentiel osmotique des
feuilles témoins (-0,9 MPa) et réhydratées (-0,85 MPa) est pratiquement identique.
3.6.3 Etude de l’expression des gènes de transporteurs de sucre par qRT-PCR
Dans cette expérimentation « Essai réhydratation », l’étude de l’expression des
transporteurs de sucre a été réalisée par l’analyse macroarray sur les racines et les feuilles
dans les conditions témoins vs stressées ainsi témoins vs réhydratées (Résultats non montrés).
Comme aucun nouveau gène n’avait été identifié, l’expression des gènes de transporteurs de
sucre retrouvés en macroarray a été vérifiée par RT-qPCR dans les racines en conditions
témoins vs stressées ainsi que témoins vs réhydratées.
-
Etude de l’expression des gènes marqueur du stress et des gènes de transporteurs de
sucre dans les racines en conditions témoin, de stress osmotique et réhydratée
Dans un premier temps, l’expression des gènes AtRD29a et AtTIP1,2, gènes marqueurs du
stress hydrique, a été étudiée par RT-qPCR. La Figure 79 présente les résultats d’expression
de ces 2 gènes et montre que l’expression d’AtRD29a est supérieure dans les racines stressées
par rapport aux racines témoins. Le gène AtTIP1;2, quant à lui, est fortement réprimé dans les
racines stressées par rapport aux racines témoins. La comparaison de l’expression de ces deux
gènes a été effectuée par le calcul du rapport de leur expression mesurée dans les racines
stressées par rapport aux racines témoins (Figure 80A). Ainsi, les résultats montrent que
l’expression du gène AtRD29a est augmentée de 7 fois dans les racines stressées par rapport
aux racines témoins. A l’inverse, l’expression du gène AtTIP1;2 diminue de 77 fois dans les
racines stressées par rapport aux racines témoins. Après une période de réhydratation d’une
semaine, l’expression de ces deux gènes dans les racines des plantes réhydratées est
semblable à celle mesurée dans les plantes témoins (Figure 80B).
129
Figure 81 : Expressions relative de six gènes de transporteurs de sucre dans les racines
des plantes témoins et stressées (2 jours à 3% de PEG J43). Pour chaque gène, l’expression
mesurée par RT-qPCR dans les feuilles de 5 plantes est normalisée par rapport à l’expression
du gène de référence At5g12240.
Figure 82 : Etude de l’expression par RT-qPCR de six gènes de transporteurs de sucre
dans les racines d’Arabidopsis thaliana en condition témoin et de stress osmotique (A) et
en condition témoin et réhydratation (B). L’expression des gènes a été mesurée sur un
mélange de 5 plantes et est normalisée par rapport à l’expression du gène de référence
At5g12240. Le logarithme de base 2 du rapport d’expression dans les deux conditions
(St/Tm), est reporté sur le graphe. Une valeur seuil de log2 ≥1,5 (ou ≤ -1,5) a été définie pour
considérer un gène comme induit ou réprimé.
RESULTATS ET DISCUSSION
L’étude de l’expression des 6 gènes de transporteurs de sucre préalablement sélectionnés
par les résultats de macroarray a été réalisée. Les résultats montrent que le gène le plus
exprimé dans les racines témoins est le gène AtSUC1. Les gènes les plus exprimés sont
ensuite AtPLT5, AtSUC2, AtSUC5, AtPLT6 et AtSTP13 (Figure 81).
Les rapports d’expression entre les conditions stressées et témoins pour ces 6 gènes sont
représentés sur la Figure 82A. Les résultats montrent dans un premier temps que l’expression
des gènes AtSUC2 et AtPLT5 ne varie quasiment pas (rapport d’expression inférieur au seuil
de log2 de ±1,5). En revanche pour les gènes AtSUC1, AtSUC5 et AtPLT6, une forte
répression de leur expression est mesurée dans les racines stressées. Le gène AtSTP13, quant à
lui, voit son expression fortement augmenter dans les racines stressées.
Les rapports d'expression des gènes exprimés dans les racines réhydratées sur les gènes
exprimés dans les racines témoins sont présentés sur la Figure 82B. Les résultats montrent que
les différences d’expression observées dans les racines témoins et les racines réhydratées sont
très faibles. L’expression des gènes de transporteurs de sucres observés dans les racines après
réhydratation est revenue à un niveau comparable à celui observé dans les racines témoins.
-
Etude de l’expression des gènes de transporteurs de sucre dans les feuilles en
condition témoin, en condition de stress osmotique et en réhydratation
L’analyse de l’expression des transporteurs de sucre dans les feuilles a été réalisée par
macroarray pour les conditions témoins vs stressées ainsi témoins vs réhydratées (Résultats
non montrés). Cette étude a été réalisée afin de la comparer au profil déjà établi au laboratoire
(stress hydrique en terre, communication personnelle Maryse Laloi, manuscrit de thèse Cyril
Abadie) afin de valider notre protocole expérimental en hydroponie.
Les résultats macroarray ont permis de montrer le même profil d’expression pour les
gènes de transporteurs de sucre que celui observé lors de l’expérimentation « Essai stress Col0 » (AtPLT5, AtPLT6, AtSTP13, AtSUC1, AtSUC2 et AtSUC5). Les résultats indiquent une
augmentation de l’expression des gènes AtSUC2, AtPLT5, AtSTP3, AtSTP7 et AtSTP13 ainsi
qu’une diminution de l’expression du gène AtSUC1.
L’analyse de l’expression des transporteurs de sucre des feuilles des conditions témoins vs
réhydratées par macroarray montre que leur expression est revenue à un niveau comparable à
celui observé dans feuilles témoins.
130
RESULTATS ET DISCUSSION
Tout comme pour les racines ces résultats semblent montrer que les modifications
d’expression des gènes observées lors du stress osmotique sont réversibles et qu’une période
de réhydratation d’une semaine permet un retour de l’expression de ces gènes à un niveau
témoin.
3.6.4 Discussion
L’expérimentation « Essai réhydratation » a été réalisée afin de mettre en place un
protocole de stress osmotique suivi d’une période de réhydratation des plantes stressées. Cette
expérimentation avait pour but de déterminer si dans nos conditions, une période de
réhydratation appliquée après un stress osmotique pouvait permettre une restauration de la
croissance des plantes stressées. Dans un premier temps un stress osmotique par ajout
progressif de PEG a été appliqué. L’observation phénotypique des plantes a permis de mettre
en évidence un brunissement des racines dès l’ajout de PEG dans le milieu nutritif, et un
début d’apparition des symptômes de flétrissement des feuilles à 2,5% de PEG, qui ont atteint
leur maximum pour la dose de 3%. A ce stade, les symptômes observés sur les plantes étaient
identiques à ceux observés lors de l’expérimentation « Campagne stress ».
Au cours de la semaine de réhydratation, une reprise de croissance des jeunes feuilles et
une récupération de l’état hydrique des feuilles un peu plus développées est observée. Ce
phénomène est classiquement observé sur les plantes d’A. thaliana cultivées en terre,
réhydratées après un stress hydrique modéré (Chaves et al. 2009).
Tout comme pour les expérimentations précédentes (« Essai stress Col-0 » et « Campagne
stress »), la mesure du RWC et du potentiel osmotique a permis de mettre en évidence une
diminution de ces deux paramètres dans les feuilles des plantes stressées par rapport aux
plantes témoins. Il est tout de même à noter que la diminution de RWC des feuilles stressées
est plus importante dans cette expérimentation que celle mesurées dans les expérimentations
« Essai stress Col-0 » et « Campagne stress ». Ce résultat pourrait être expliqué par le fait que
dans cette étude, le RWC n’a été mesuré qu’à partir de 3 feuilles de la rosette, en raison du
faible nombre de plantes disponibles, et non sur la rosette entière comme pour ces 2 autres
expérimentations. Il peut être supposé que l’échantillonnage est responsable d’un biais dans la
mesure du RWC. En effet, l’absence des jeunes feuilles, moins touchées par le stress
osmotique, peut entrainer une valeur de RWC plus basse.
La mesure du potentiel osmotique des feuilles a permis de mettre en évidence une
diminution de ce paramètre dans les feuilles stressées (J43, 2 jours à 3%) comme cela a été observé
131
RESULTATS ET DISCUSSION
pour les plantes stressées lors de « l’essai stress Col-0 » et la « Campagne stress ». La
diminution du potentiel osmotique observé dans les feuilles au cours du stress hydrique
pourrait être la conséquence de la faible consommation des solutés organiques de la cellule
(saccharose par exemple), en plus d’une réponse de la plante accumulant des osmoticums
(Serraj and Sinclair 2002)
Après une semaine de réhydratation, les résultats de RWC semblent indiquer que cette
période de réhydratation ne permet pas de retrouver des valeurs de RWC comparables à celles
des feuilles témoins dans les feuilles réhydratées. Ainsi, après une période de réhydratation, la
reprise de l’activité métabolique de la plante, et donc la consommation des composés
organiques jusque-là accumulés dans la cellule, expliquerait un retour du potentiel osmotique
à des valeurs comparables à celles des plantes témoins, sans que pour autant la turgescence
normale des cellules soit rétablie.
En revanche, après une semaine de réhydratation, la mesure du le potentiel osmotique des
feuilles réhydratées indique que celui-ci revient à des valeurs comparables à celles des feuilles
témoins. Ces valeurs sont proches de celles retrouvées pour des feuilles d’A. thaliana en
conditions normales de culture de -0,9 MPa (Déjardin et al. 1999). Ce rétablissement assez
rapide du potentiel osmotique après réhydratation est un résultat couramment observé après
l’application d’un stress hydrique modéré sur les plantes d’A. thaliana (Jung 2004 ; Martre et
al. 2002)
L’analyse de l’expression des gènes de transporteurs de sucre par macroarray et par RTqPCR a été effectuée dans les racines témoins et stressées. Les résultats ont mis en évidence,
une forte répression des gènes AtSUC1, AtSUC5 et AtPLT6 dans les racines stressées alors
que le gène AtSTP13 y est surexprimé. Ces résultats confirment les modifications
d’expression mesurées lors des expérimentations « Essai stress Col-0 » et « Campagne
stress ». Dans les feuilles et pour les mêmes conditions, les résultats de macroarray
confirment l’expression des mêmes transporteurs de sucre que ceux précédemment identifiés
lors de l’« Essai stress Col-0 », mais aussi les résultats obtenus au laboratoire lors de l’étude
d’un stress hydrique sur les feuilles d’A. thaliana en terre après arrêt d’arrosage
(communications personnelles Cyril Abadie et Maryse Laloi).
Pour les racines comme pour les feuilles, après une semaine de réhydratation, les résultats
ont permis de montrer que les gènes présentant variation d’expression dans ces deux organes
au cours du stress osmotique, retrouvent une expression proche de celle des plantes témoins après
132
Figure 83 : Schéma du protocole expérimental permettant l’étude d’un stress avec
réhydratation (Expérimentation « Campagne réhydratation »). Les 288 plantes de
l’écotype Col-0 sont cultivées dans 16 bacs Araponics (8 bacs témoins et 8 bacs stressés; 72
plantes par condition) pendant 24 jours dans le milieu nutritif. Une première dose de PEG est
ajoutée au milieu nutritif des bacs-réservoirs après cette date, permettant d’atteindre une
concentration de 0,5%. Par la suite 0.5% de PEG est ajouté au milieu de culture tous les 2
jours jusqu’à l’obtention d’une concentration de 2,5% de PEG. Trois jours après l’application
de 2,5% de PEG le milieu de culture des bacs-réservoir St a été changé par du milieu nutritif
frais et les plantes du bac stressé ont suivi la phase de réhydratation pendant une semaine.
RESULTATS ET DISCUSSION
une semaine de réhydratation. Ces résultats montrent que les modifications d’expression des
gènes sont réversibles. Une étude transcriptomique réalisées sur A. thaliana a permis de
montrer que sur les 2000 gènes dont l’expression est modifiée en condition de stress hydrique
modéré (diminution de 5% du RWC des plantes pendant 5 jours), la plupart d’entre eux
retrouvent une expression témoins après seulement 3h de réhydratation (Huang et al. 2008).
Ceci semble confirmer que le stress appliqué dans notre expérimentation est bien un stress
modéré permettant un rétablissement des plantes.
Cette première étude de la réhydratation des plantes après une période de stress osmotique
montre que la période d’une semaine est suffisante pour retrouver un profil d’expression des
gènes comparable à celui des plantes témoins. Cependant, le suivi de l’état hydrique des
plantes a montré que cette semaine de réhydratation ne permettait pas la restauration d’un
RWC comparable à celui des plantes témoins chez les plantes réhydratées. Le faible nombre
d’échantillons étudiés lors de cette expérimentation ne permet cependant pas de montrer de
différence significative entre ces valeurs. Pour ce faire, une étude de la réhydratation sur un
nombre de plantes plus important a été effectuée.
3.7 Etude d’un stress hydrique suivi d’une réhydratation (« Campagne
réhydratation »)
Dans le but de confirmer les résultats obtenus au cours de l’« Essai réhydratation »,
l’étude de la réhydratation des plantes après l’application d’un stress osmotique a été
effectuée sur quatre systèmes d’hydroponie, permettant ainsi l’étude d’un plus grand nombre
de plantes. Ceci permet de mesurer de nouveaux paramètres physiologiques, comme la
surface foliaire et la conductance stomatique ,ainsi qu’un plus grand nombre de paramètres
liés au métabolisme carboné des plantes, notamment la quantité de sucre et le transport à
longue distance. Le protocole d’application du stress et de réhydratation a été légèrement
modifié par rapport à celui qui a été utilisé lors de « l’essai réhydratation ». D’une part,
l’apparition des premiers symptômes de stress sur les feuilles dès la dose 2,5% de PEG
observé lors de « l’essai réhydratation » nous a amené à choisir cette dose comme nouvelle
concentration finale en PEG. D’autre part, l’observation de l’apparition de cristaux blancs sur
les feuilles après l’application de la dose maximale de PEG 3% (« essai réhydratation »), nous
a amené à penser que cette apparition pouvait être due à une réaction de la plante vis à vis
d’une exposition trop rapide des plantes au PEG. Ceci nous a conduits à établir un protocole
d’ajout de PEG dans le milieu de culture encore plus progressif. Pour cela, l’ajout de PEG
dans le milieu nutritif s’est fait de 0,5% en 0,5% jusqu’à l’obtention de la dose de 2,5% (Figure 83).
133
Figure 84 : Photographies de l'écotype Col-0 d'Arabidopsis thaliana au cours du stress
osmotique, lors de la « Campagne réhydratation ». (A) Photographies des rosettes de
l'écotype Col-0 le jour de l’application du stress (T0), un jour après l’application des
concentrations en PEG de 0,5%, 1%, 1,5%, 2% (respectivement à J 25, J27, J29, J31) et trois
jours après l’application de la dose de 2,5% (J35) ; (B) Photographies d’une rosette de plante
témoin et de plante stressée en réhydratation pendant la semaine de réhydratation (J35 à J42).
RESULTATS ET DISCUSSION
Pour que les plantes ne soient pas trop âgées à la fin de la période de stress, le premier
ajout de PEG s’est effectué à J24 (au lieu de J35 pour l’ensemble des expérimentations
précédentes) permettant d’atteindre la concentration en PEG de 2,5% à J 32. Après 3 jours de
suivi des plantes à cette dose, le milieu de culture contenant le PEG est remplacé par un
milieu de culture frais. Les plantes en réhydratation sont ensuite suivies pendant toute une
semaine.
3.7.1 Observation phénotypique des plantes
Comme observé pour les expérimentations « Essais » d’application du stress osmotique
(« Essai stress Col-0 », « Essai réhydratation ») et la « Campagne stress », l’ajout progressif
de PEG dans le milieu de culture entraine un brunissement des racines dès la première dose
ajoutée, et un flétrissement des feuilles stressées dès l’ajout de la dernière dose de PEG dans
le milieu nutritif (ici 2,5%). Pour cette nouvelle expérimentation, ce flétrissement augmente
progressivement pendant les 3 jours suivant l’ajout de cette dose de PEG (Figure 84A). Au
cours de la période de réhydratation, ces symptômes disparaissent progressivement sur les
jeunes feuilles et les feuilles plus développées. Aussi, l’apparition de cristaux blancs a été
notée sur les feuilles adultes du centre de la rosette des plantes stressées après l’application de
la dernière dose de PEG 2,5%. De plus, de façon surprenante, ces cristaux sont apparus sur
des feuilles adultes stressées après 3 jours de réhydratation (J38), alors que celles-ci n’en
possédaient pas lors de l’application du PEG (feuilles à l’extérieur du centre de la rosette
(Figure 84B). Par ailleurs, pendant cette semaine de suivi des plantes, de nouvelles feuilles
d’aspect normal sont apparues sur la rosette. En revanche, pour les feuilles les plus âgées,
présentant des symptômes de flétrissement plus importants, les tissus montrent une
accentuation du processus jusqu’au dessèchement complet des feuilles (Figure 84B).
3.7.2 Suivi de la croissance des plantes
Afin d’avoir plus d’informations sur l’impact du stress osmotique sur la croissance les
plantes, la surface foliaire, comme indicateur de la croissance des plantes, a été mesurée tout
au long de l’expérimentation. Les résultats représentés sur la Figure 85 montrent que les
plantes du lot témoin et du lot stressé ont une surface foliaire projetée équivalente avant
l’application du stress osmotique. Après 25 et 27 jours de culture, lendemain des jours
auxquels sont appliquées les doses de 0,5% puis 1% de PEG dans le milieu, la surface foliaire
projetée des plantes stressées (1789 mm² et 2427 mm²) reste similaire à celle des plantes
témoins (1801 mm² et 2371 mm² ; Figure 85). Dès l’application des doses de 1,5% et 2% de
PEG, la surface foliaire projetée mesurée devient plus faible chez les plantes stressées (2955
134
Figure 85 : Evolution de la surface foliaire projetée des plantes témoins et stressées au
cours de l’expérimentation « Campagne réhydratation ». Les mesures sont effectuées sur
128 plantes entre J0 et J24, 49 plantes témoins et 49 stressées entre J24 et J35 et sur 25 plantes
témoins et 25 stressées entre J35 et J42. La flèche rouge sur le graphe représente le début de la
période de stress osmotique et la flèche bleue le début de la période de réhydratation. Le test
de Student est réalisé afin de déterminer les différences significatives qui sont indiquées sur le
graphique par des astérisques.
Figure 86 : Evolution de la conductance stomatique des plantes témoins et stressées au
cours de du stress osmotique et de la réhydratation. Les mesures de conductance
stomatique ont été effectuées sur 2 feuilles pour 5 plantes témoins et 5 plantes stressées. La
flèche rouge sur le graphe représente le début de la période de stress osmotique et la flèche
bleue le début de la période de réhydratation. Le test de Mann-Whitney est réalisé afin de
déterminer les différences significatives qui sont indiquées sur le graphique par des
astérisques.
RESULTATS ET DISCUSSION
mm² et 3047 mm²) que chez les plantes témoins (3020 mm² et 3443 mm²), bien qu’elle
continue d’augmenter dans les deux lots étudiés. Après 3 jours de stress à 2,5% de PEG, la
surface foliaire projetée mesurée sur les plantes stressées devient inférieure à celle mesurée à
la dose de 2% (3020 mm² à la dose de 2% de PEG contre 2708 mm² à la dose de 2,5% de
PEG).
Dès le lendemain du début de la réhydratation (J36), la surface foliaire projetée des plantes
stressées réhydratées augmente à nouveau (3183mm²). Tout au long de la semaine de
réhydratation, la surface déterminée augmente aussi bien chez les plantes témoins (560
mm²/jour) que chez les plantes en réhydratation (356 mm²/jour).
3.7.3 Suivi de la conductance stomatique au cours du stress hydrique
La mesure de la conductance stomatique, directement dépendante de l’ouverture des
stomates, permet d’avoir des indications sur le taux de transpiration foliaire des plantes. La
première mesure de conductance stomatique est effectuée avant la première application de
PEG dans le milieu de culture (J24) et est ensuite mesurée le lendemain de chaque ajout de
PEG.
Les résultats présentés sur la Figure 86 montrent que la conductance stomatique mesurée à
J0 du stress osmotique (J24) et après l’application de 0,5% de PEG (J25), n’est pas
significativement différente entre les plantes témoins (respectivement 92 et 117 mmol.m².s-1)
et les plantes stressées (119 et 110 mmol.m².s-1). En revanche, les conductances stomatiques
mesurées chez les plantes stressées après l’application des doses de 1%, 1,5% et 2% de PEG
(respectivement 64, 51 et 52 mmol.m².s-1) sont significativement moins élevées que celles
mesurées chez les plantes témoins (respectivement 93, 85 et 83 mmol.m².s-1). Après 3 jours de
stress à 2,5% de PEG, la conductance stomatique mesurée chez les plantes stressées chute
drastiquement pour atteindre une valeur de 13 mmol.m².s-1 alors que celle-ci reste constante
chez les plantes témoins (110 mmol.m².s-1).
Dès le premier de jours de réhydratation (J36), la conductance stomatique des plantes
stressées augmente (45 mmol.m².s-1). A J38 la conductance stomatique mesurée sur les plantes
en réhydratation (106 mmol.m².s-1) continue d’augmenter, bien qu’elle soit toujours
significativement inférieure à celle mesurée chez les plantes témoins (215 mmol.m².s-1).
Après 5 (J40) et 7 (J42) jours de réhydratation, en revanche, aucune différence significative
n’est mesurée dans les valeurs de conductance stomatique des plantes réhydratées et des
plantes témoins. Il est tout de même à noter une augmentation de la conductance stomatique
135
Figure 87 : Valeurs moyennes de RWC (A) et de potentiel osmotique (B) pour les plantes
témoins et stressées, après 3 jours de stress à 2,5% de PEG (J35). Les valeurs moyennes de
RWC sont calculées pour les rosettes de 5 plantes témoins et 5 plantes. Les valeurs moyennes
de potentiel osmotique sont calculées à partir du liquide cellulaire de 3 feuilles par plantes sur
5 plantes témoins et 5 plantes stressées. Un test de Mann et Witney (P < 0,05) a été effectué
pour tester les différences significatives : des lettres différentes sur le graphique montrent une
différence significative entre les échantillons.
Figure 88 : Valeurs moyennes de RWC (A) et de potentiel osmotique (B) pour les plantes
témoins et réhydratées après une semaine de réhydratation (J42). Les valeurs moyennes
de RWC sont calculées pour les rosettes de 5 plantes témoins et 5 plantes réhydratées. Les
valeurs moyennes de potentiel osmotique sont calculées à partir du liquide cellulaire de 3
feuilles par plantes sur 5 plantes témoins et 5 plantes réhydratées. Un test de Mann et Witney
(P < 0,05) a été effectué pour tester les différences significatives : des lettres différentes sur le
graphique montrent une différence significative entre les échantillons.
RESULTATS ET DISCUSSION
observée chez les plantes témoins (215 mmol.m².s-1 à J38, 193 mmol.m².s-1 à J40 et 199
mmol.m².s-1 à J42) tout au long de cette semaine de réhydratation.
3.7.4 Etude de l’état hydrique des plantes
Dans nos expériences, l’état hydrique des plantes est déterminé par le calcul du RWC
ainsi que par la mesure du potentiel osmotique. Les résultats de calculs de RWC sont
présentés sur la Figure 87A. Les valeurs moyennes de RWC mesurées après 3 jours de stress à
2,5% de PEG (J35) sont inférieures pour les plantes stressées (73,2%) comparées aux plantes
témoins (76,2%), bien que les différences mesurées ne soient pas significatives.
Le potentiel osmotique des feuilles témoins et stressées a aussi été mesuré après 3 jours de
stress osmotique (Figure 87B). Les résultats mettent en évidence une diminution significative
du potentiel osmotique moyen dans les feuilles des plantes stressées. En effet, le potentiel
osmotique moyen mesuré dans les feuilles des plantes stressées (-1,42 MPa) est de 0.56 MPa
inférieur à celui mesuré dans les feuilles des plantes témoins (-0,86 MPa).
Les résultats représentés sur la Figure 88 montrent le RWC ainsi que le potentiel
osmotique des plantes réhydratées pendant une semaine (J42). Les valeurs de RWC calculées
sont légèrement supérieures chez les plantes réhydratées (82,8%) par rapport aux plantes
témoins (79,9% et; Figure 87A). Les valeurs de potentiel osmotique mesurées sur les feuilles
des plantes témoins et réhydratées sont sensiblement identiques (respectivement -0,86 MPa et
-0.90 MPa ; Figure 88B).
3.7.5 Evolution de la biomasse
La mesure de la biomasse ainsi que le calcul du rapport R/S (rapport de la masse racinaire
des plantes sur la masse aérienne) a été effectué sur les plantes témoins et stressées après 3
jours de stress osmotique à 2,5% de PEG (J35) et à la fin de la période de réhydratation (J42).
La biomasse sèche mesurée après 3 jours de stress à 2,5% de PEG dans les plantes
témoins et les plantes stressées ne montre pas de différences significatives, même si les
valeurs mesurées dans les plantes stressées sont plus faibles (Figure 89A), aussi bien en ce qui
concerne la masse racinaire (respectivement 22 mg et 16 mg) que la masse foliaire
(respectivement 132 mg et 93 mg). De la même façon, la répartition de la biomasse dans la
plante évaluée par le rapport R/S ne montre pas de différence significative entre les plantes
136
Figure 89 : Masse sèche moyenne des racines et des feuilles des plantes témoins ou stressées (A) et
valeurs moyennes de rapport R/S (B) mesuré après 3 jours de stress à 2,5% de PEG. La masse sèche
moyenne (± écart type) a été calculée à partir de 5 plantes pour chaque condition testée. Le calcul du
rapport R/S a été effectué à partir des masses sèches déterminées sur 5 plantes pour chaque condition
testée. Un test de Mann et Witney (P < 0,5) a été effectué pour tester les différences significatives : des
lettres différentes sur le graphique montrent une différence significative entre les échantillons.
Figure 90 : Masse sèche moyenne des racines et des feuilles des plantes témoins ou réhydratée (A) et
valeurs moyennes de rapport R/S (B) mesuré après une semaine de réhydratation (J42). La masse
sèche moyenne (± écart type) a été calculée à partir de 5 plantes pour chaque condition testée. Le calcul du
rapport R/S a été effectué à partir des masses sèches déterminées sur 5 plantes pour chaque condition
testée. Un test de Mann et Witney (P < 0,5) a été effectué pour tester les différences significatives : des
lettres différentes sur le graphique montrent une différence significative entre les échantillons.
Figure 91 : Teneurs moyennes en chlorophylles totales déterminées sur un mélange de feuilles
adultes et jeunes de plantes témoins et de plantes traitées après 3 jours de stress à 2,5% (J35). (A) et
une semaine de réhydratation (J42) (B). Le dosage des chlorophylles a été effectué sur 5 plantes pour
chaque condition testée. Le test de Mann-Whitney est réalisé afin de déterminer les différences
significatives : des lettres différentes sur le graphique montrent une différence significative entre les
échantillons.
RESULTATS ET DISCUSSION
137
RESULTATS ET DISCUSSION
témoins et les plantes stressées à la fin de la période de stress osmotique (respectivement 0,16
et 0,17 ; Figure 89B).
Après une semaine de réhydratation en revanche, la biomasse mesurée dans les feuilles
des plantes réhydratées est significativement inférieure à celle mesurée dans les plantes
témoins (respectivement 158 mg et 346 mg ; Figure 90A). De la même façon, la masse sèche
des racines des plantes réhydratées est inférieure à celle mesurée chez les plantes témoins
(respectivement 30 mg et 62 mg). En ce qui concerne les valeurs de R/S calculé en revanche,
aucune différence significative n’est mesurée entre les plantes réhydratées et les plantes
témoins (Figure 90B).
3.7.6 Suivi du contenu en chlorophylles
Le dosage des chlorophylles totales a été effectué après 3 jours de stress osmotique (J35) et
en fin de réhydratation (J42). Les résultats représentés Figure 91A mettent en évidence une
diminution significative de la teneur en chlorophylles des plantes stressées par rapport aux
plantes témoins de 26% (respectivement 9,5 et 12,9 mg.gMS-1). La teneur en chlorophylles
mesurée dans les feuilles en fin de réhydratation (11 mg.gMS-1) montre une augmentation par
rapport à la quantité mesurée dans les feuilles stressées (Figure 91B). Cette quantité de
chlorophylles mesurée dans les feuilles réhydratées semble d’ailleurs légèrement inférieure à
celle des feuilles témoins (13,4 mg.gMS-1).
3.7.7 Suivi du contenu en quelques élément constitutif de la plante
Le contenu en Ca, Mg, K, P, Fe et en nitrate des racines et des feuilles des plantes témoins
et traitées a été déterminé après 3 jours de stress osmotique à 2,5% de PEG et après une
semaine de réhydratation selon les méthodes de dosage identiques à celles de la campagne
stress.
Globalement la répartition des ions entre feuilles et racines est la même que pour la
campagne stress. Lorsque la mesure de R/S dans les plantes stressées à J3 de PEG 2,5% est
différente de celle des plantes témoins, la différence a tendance à s’amenuiser après une
semaine de réhydratation (Tableau 12). Il y a toutefois 2 exceptions notables : le Mg2+ et le Fe
pour lesquels le rapport R/S augmente fortement chez les plantes réhydratées indiquant une
teneur importante dans les racines des plantes stressées.
Comme lors de la campagne précédentes, ces mesures semblent indiquer qu’il n’y a pas de
différence importante entre les teneurs en ions et minéraux des plantes témoins et stressées.
138
Figure 92 : Rapport de l’expression relative des gènes AtRD29a et AtTIP1;2 mesurée par
RT-qPCR dans les racines après 3 jours de stress à 2,5% de PEG (A) et après une
semaine de réhydratation (B). L’expression des gènes a été mesurée sur un mélange de 10
plantes et est normalisée par rapport à l’expression du gène de référence At5g12240. Le
logarithme de base 2 du rapport d’expression dans les conditions (Traité/Tm), est reporté sur
le graphe. Une valeur seuil de log2 ≥1,5 (ou ≤ -1,5) a été définie pour considérer un gène
comme induit ou réprimé.
Figure 93 : Etude de l’expression par RT-qPCR de six gènes de transporteurs de sucre
dans les racines d’Arabidopsis thaliana en condition témoin et de stress osmotique (A) et
en condition témoin et réhydratation (B). L’expression des gènes a été mesurée sur un
mélange de 10 plantes et est normalisée par rapport à l’expression du gène de référence
At5g12240. Le logarithme de base 2 du rapport d’expression dans les deux conditions
(St/Tm), est reporté sur le graphe. Une valeur seuil de log2 ≥1,5 (ou ≤ -1,5) a été définie pour
considérer un gène comme induit ou réprimé.
RESULTATS ET DISCUSSION
3.7.8 Etude de l’expression des gènes de transporteurs de sucre
L’expression des gènes de transporteurs de sucre identifiés précédemment (AtPLT5,
AtPLT6, AtSTP13, AtSUC1, AtSUC2 et AtSUC5) a été suivie dans les racines par RT-qPCR,
ainsi que celle de 2 gènes de réponse au stress hydrique (AtTIP1;2 et AtRD9a ).
La Figure 92 présente les résultats d’expression des gènes AtTIP1;2 et AtRD9a après 3
jours de stress osmotique à 2,5% de PEG et après une semaine de réhydratation. Les résultats
montrent une importante répression du gène AtTIP1,2. Pour le gène AtRD29a , son expression
est légèrement augmentée (Figure 92A). Après une semaine de réhydratation, l’expression des
deux gènes AtRD29a et AtTIP1;2 ne présente pas de différence d’expression dans les racines
témoins et les racines réhydratées (Figure 92B).
Les résultats de l’expression des gènes de transporteurs de sucre en condition de stress
osmotique sont représentés sur la Figure 93A. Ces derniers montrent une répression
significative des gènes AtSUC1, AtSUC5 et AtPLT6 ainsi qu’une induction du gène AtSTP13
au cours du stress osmotique. L’expression du gène AtPLT5 augmente faiblement et de
manière non significative. En revanche, dans cette expérimentation, une augmentation de
l’expression du gène AtSUC2 a aussi été mise en évidence dans les racines stressées.
L’étude de l’expression des six gènes de transporteurs de sucre a aussi été réalisée à la fin
de la période de réhydratation. Les résultats présentés Figure 93B montrent que les rapports
d’expression des gènes dans les plantes réhydratées sont très faibles et en dessous du seuil de
significativité fixé, et ce pour tous les gènes étudiés. Ce résultat indique que les gènes de
transporteurs de sucre ont retrouvé un niveau d’expression dans les plantes réhydratées
comparable à celui des plantes témoins du même âge.
3.7.9 Etude de la teneur en sucres solubles
Le dosage du saccharose, glucose et fructose a été effectué sur les racines et les feuilles
des plantes témoins et stressées récoltées après 3 jours d’application de stress osmotique (J35).
La Figure 94 montre les résultats de dosage dans les racines des plantes témoins et des plantes
stressées. Dans un premier temps, il est à noter que les teneurs de saccharose, glucose et
fructose mesurées dans les racines des plantes témoins (respectivement 3,4, 30 et 17
µmol.gMS-1 ; Figure 94A) semblent légèrement supérieures aux valeurs obtenues pour ces 3
sucres dans les racines des plantes adultes lors de l’étude du développement d’A. thaliana
(respectivement ND, 18,2 et 10,3 µmol.gMS-1). Après 3 jours de stress osmotique à 2,5% de
PEG, le contenu en sucres solubles total des racines stressées diminue par rapport aux plantes
témoins : la teneur des racines en saccharose, glucose et fructose baisse en effet dans les
racines stressées de respectivement 17%, 42% et 41% (Figure 94A).
139
Figure 94 : Teneur en saccharose, glucose et fructose dans les racines (A) et les feuilles (B) des plantes
témoins et stressées, après 3 jours de stress osmotique à 2,5%. Le dosage des sucres a été réalisé sur les
racines et les feuilles de 5 plantes mélangées pour chaque condition étudiée. Les histogrammes représentent
la moyenne de deux réplicats techniques du dosage.
Figure 95 : Teneur en saccharose, glucose et fructose dans les racines (A) et les feuilles (B) des plantes
témoins et réhydratées, après 3 jours de stress osmotique à 2,5%. Le dosage des sucres a été réalisé sur
les racines et les feuilles de 5 plantes mélangées pour chaque condition étudiée. Les histogrammes
représentent la moyenne de deux réplicats techniques du dosage.
Figure 96 : Teneur en amidon dans les racines et les feuilles des plantes après 3 jours de stress
osmotique à 2,5% de PEG et après une semaine de réhydratation. Le dosage des sucres a été réalisé sur
les racines et les feuilles de 5 plantes mélangées pour chaque condition étudiée. Les histogrammes
représentent la moyenne de deux réplicats techniques du dosage.
RESULTATS ET DISCUSSION
Le dosage du glucose et fructose dans les feuilles témoins (respectivement 42 et 24
µmol.gMS-1 ; Figure 94B) montre une teneur un peu plus élevée que ce qui avait été mis en
évidence dans les feuilles des plantes au stade adulte lors de l’étude du développement d’A.
thaliana (respectivement 33,7 et 16,3 µmol.gMS-1). En revanche les quantités de saccharose
mesurées dans les feuilles pour cette expérimentation (5 µmol.gMS-1) sont du même ordre de
grandeur que celles mesurées lors de l’étude du développement (7,6 µmol.gMS -1). En
comparant les quantités de sucres solubles mesurées dans les deux conditions (témoins et
stressées), une forte augmentation de la teneur en saccharose, glucose et fructose est observée
(respectivement 15,4 ; 218 et 55 µmol.gMS-1 mesuré dans les feuilles stressées ; Figure 94B).
Le dosage du saccharose glucose et fructose a aussi été effectué dans les racines et les
feuilles des plantes après une semaine de réhydratation (J42). Ces résultats montrent que le
contenu en saccharose, glucose et fructose des racines témoins à J42 (respectivement 3,6 ; 31
et 16 µmol.gMS-1 ; Figure 95A) est quasiment identique de celui mesuré dans les racines
témoins à J35 (respectivement 3,4 ; 30 et 17 µmol.gMS-1). De la même façon, le dosage de ces
3 sucres dans les racines des plantes après réhydratation (respectivement 2,8 ; 15 et 10
µmol.gMS-1) montre des teneurs assez proches de celles mesurées dans les racines après 3
jours de stress à 2,5% de PEG (2,9 ; 19 et 12 µmol.gMS-1 ; Figure 95A).
En ce qui concerne les feuilles, la teneur en saccharose, glucose et fructose des plantes
témoins à J42 (3,4, 27 et 13 µmol.gMS-1 Figure 95B) semble légèrement inférieure à celle
mesurée dans les plantes témoins à J35 (5, 42, 24 µmol.gMS-1). Ces valeurs sont, en revanche,
à rapprocher de celles mesurées dans les feuilles à J40 lors de l’étude du développement d’A.
thaliana (7,6, 33,7 et 16,3 µmol.gMS-1). Le dosage de ces sucres dans les feuilles réhydratées
montre toujours des valeurs supérieures à celles mesurées chez les plantes témoins (8,4
µmol.gMS-1 de saccharose, 75 µmol.gMS-1 de glucose et 32 µmol.gMS-1 de fructose ; Figure
95B), mais qui diminuent par rapport à ce qui a été mesuré dans les feuilles des plantes après
3 jours de stress osmotique à 2,5% de PEG.
3.7.10 Etude de la teneur en amidon
La Figure 96 représente les teneurs en amidon mesurées dans les racines et les feuilles des
plantes après 3 jours de stress osmotique à 2,5% de PEG (J35) et après une semaine de
réhydratation (J42).
140
Figure 97 : Photographies et autoradiographies d’une plante témoin et d’une plante
stressée (3 jours à 2,5% de PEG) après transport de [U-14C]-saccharose pendant 5h. Ra :
Racines ; Ro : Rosette ; FD : Feuille donneuse ; C : Collet ; FM : Feuille marquée. Les flèches
rouges montrent l’emplacement de la feuille donneuse.
RESULTATS ET DISCUSSION
Les résultats du dosage de l’amidon montrent que les valeurs sont très proches dans les
racines témoins (0,7 mg.gMS-1) et les racines stressées (0,6 mg.gMS-1). Ces valeurs sont plus
faibles que celles mesurées dans les racines des plantes adultes lors de l’expérimentation sur
le développement d’A. thaliana (1,5 mg.gMS-1). Après une semaine de réhydratation, les
teneurs en amidon des racines des plantes témoins (0,7 mg.gMS-1) et réhydratées (1,1
mg.gMS-1) montrent une constance des valeurs pour les racines témoins et une augmentation
pour les racines stressées par rapport aux valeurs précédentes (J35).
La quantité d’amidon dosée dans les feuilles en condition témoins est très proche, aussi
bien à J35 (7,4 mg.gMS-1) qu’à J42 (6,3 mg.gMS-1), des teneurs en amidon mesurées dans les
feuilles adultes (J40) des plantes étudiées lors de l’expérimentation sur le développement d’A.
thaliana (6,4 mg.gMS-1). Après 3 jours de stress osmotique à 2,5%, la quantité d’amidon
mesurée dans les feuilles stressées est supérieure (11,3 mg.gMS-1) à celle mesurée dans les
plantes témoins (x1,5). Après une semaine de réhydratation, la teneur en amidon des plantes
réhydratées (7,8 mg.gMS-1) semble revenir à des valeurs comparables à celles mesurées dans
les plantes témoins (6,3 mg.gMS-1 à J42 et 7,4 mg.gMS-1 à J35).
3.7.11 Etude du flux de saccharose radiomarqué
L’étude de l’expression des gènes de transporteurs de sucre a montré que l’expression de
ces gènes était modifiée en condition de stress osmotique. De la même façon, les résultats du
dosage des sucres ont montré une forte accumulation des sucres solubles dans les feuilles,
suggérant une modification du transport des sucres dans la plante. Afin de tester cette
hypothèse, l’étude du flux de [U-14C]-saccharose a été réalisée.
La Figure 97 montre la photographie d’une plante témoin et d’une plante stressée ayant
permis l’étude du transport de [U-14C]-saccharose, ainsi que les autoradiographies de ces
plantes après une semaine d’exposition sur un écran PhosphoImager. Les résultats montrent
qu’outre la radioactivité retrouvée dans la feuille donneuse, celle-ci est retrouvée au niveau
des feuilles adjacentes à la feuille donneuse, et de manière plus prononcée au niveau de la
feuille en développement située directement au-dessus de la feuille donneuse, donc sur la
même orthostichie. La radioactivité est aussi observée dans le collet et les racines. La
comparaison visuelle des autoradiographies des plantes témoins et stressées semblerait
indiquer qu’après le stress osmotique, le [U-14C]-saccharose serait moins transporté dans les
racines. Afin de confirmer cette observation, le comptage de la radioactivité présente dans les
différents organes des plantes a été effectué.
141
Figure 98 : Pourcentage de carbone radiomarqué transporté, mesuré dans les racines,
les feuilles et le milieu extérieur chez les plantes témoins, stressées et réhydratées. Les
pourcentages pour chaque organe sont calculés à partir de la radioactivité moyenne mesurée
sur 3 plantes. La radioactivité mesurée dans la feuille donneuse est en revanche retirée des
calculs pour ne prendre en compte que la radioactivité transportée.
RESULTATS ET DISCUSSION
Le comptage de la radioactivité moyenne des plantes étudiées est représenté Figure 98.
Les résultats semblent montrer qu’en condition témoin, la moitié du carbone exporté de la
feuille donneuse (51,2%) est transportée dans les autres feuilles de la rosette. L’autre moitié
est retrouvée majoritairement dans les racines (44,7%) et dans le milieu de culture (4,1%).
Pour les plantes stressées, les résultats montrent que 69,3% du carbone radiomarqué est
retrouvé dans les feuilles, 29,9% dans les racines et seulement 0,8% dans le milieu de culture.
Après une semaine de réhydratation (J42), les résultats de comptage de la radioactivité
dans les plantes témoins montrent quasiment la même répartition du carbone radiomarqué que
les plantes témoins de la récolte à J35, à savoir 45,4% de la radioactivité transportée dans les
feuilles, 53,1% dans les racines et 1,4% dans le milieu de culture. Chez les plantes réhydratées
55,4% de la radioactivité détectée dans la plante est présente dans les feuilles, 41,2% dans les
racines et 3,4% dans le milieu de culture. De plus, ce résultat indique que la radioactivité dans
les feuilles réhydratées (55,4%) diminue par rapport aux feuilles stressées (69,3%). Dans les
racines cependant, la radioactivité augmente en conditions réhydratées (41,2%) après avoir
diminué en conditions stressées (29,9%). Il en est de même pour la radioactivité mesurée dans
le milieu extérieur qui après avoir diminuée en condition de stress (0,8%) augmente à
nouveau (3,4%).
3.7.12 Discussion
3.7.12.1 Etude phénotypique et physiologique des plantes en condition de stress
osmotique
L’expérimentation « campagne réhydratation» a permis de tester un nouveau protocole
d’application du stress hydrique et de réhydratation sur l’écotype Col-0 d’A. thaliana . Cette
expérimentation a été effectuée sur les 4 systèmes d’hydroponie disponibles au laboratoire. Le
nombre plus important de plantes disponibles a ainsi permis d’étudier de nouveaux
paramètres physiologiques (surface foliaire et conductance stomatique) sur les plantes au
cours du stress et de la semaine de réhydratation. Dans cette étude l’expression des
transporteurs de sucre a été vérifiée (comparaison avec les résultats de « l’essai
réhydratation ») et complétée par l’étude du dosage des sucres, et le transport de de [U-14C]saccharose.
Dans un premier temps, l’observation phénotypique des plantes a montré un flétrissement
des feuilles stressées à partir de 2,5% de PEG dans le milieu de culture. Au cours de la
semaine de réhydratation, les jeunes feuilles et les feuilles un peu plus développées vont recouvrer
142
RESULTATS ET DISCUSSION
progressivement un phénotype témoin. Aussi, l’émergence de nouvelles feuilles est constatée
sur les rosettes des plantes stressées. Cette évolution des feuilles des plantes en réhydratation
au cours de cette expérimentation est similaire à celle observée lors du premier essai de
réhydratation des plantes (« Essai réhydratation »).
Dans le but d’estimer la croissance foliaire des plantes, la surface foliaire projetée a été
mesurée dans cette expérimentation. Les résultats tendent à montrer que l’application des
premières doses de PEG (0,5% et 1%) n’a pas d’impact sur le développement et l’état
physiologique des feuilles de la rosette. Dès l’application de la dose de 1,5% de PEG dans le
milieu de culture, le stress osmotique appliqué par le PEG semble freiner la croissance foliaire
des plantes stressées. A partir de 2,5% de PEG, les valeurs de surfaces foliaires mesurées sur
les feuilles des plantes témoins stagnent et diminue même pour les plantes stressées (3020
mm² à la dose de 2% de PEG contre 2708 mm² à la dose de 2,5% de PEG). Cette observation
peut indiquer d’une part que la croissance est complètement stoppée, mais cette diminution
est certainement la conséquence du flétrissement important des feuilles. Le ralentissement de
la croissance des feuilles en condition de stress hydrique est un phénomène d’acclimatation
classiquement observé chez A. thaliana (Aguirrezabal et al. 2006). En effet, la limitation de la
croissance foliaire permettrait à long terme de diminuer les pertes d’eau de la plante par
transpiration (Chaves et al. 2003 ; Granier et al. 2006).
Dès le lendemain de la réhydratation, une augmentation de la surface foliaire projetée est
observée sur les plantes stressées (J36). Ceci semble indiquer un rétablissement rapide de la
turgescence des feuilles des plantes réhydratées. Tout au long de la semaine, l’accroissement
de la surface foliaire projetée chez les plantes réhydratées reflète une reprise de la croissance
foliaire. Cette reprise de croissance de plantes réhydratées est aussi observée après une
période de stress hydrique modéré en terre (Chaves and Oliveira 2004). Cependant, dans notre
expérimentation, la vitesse de croissance des plantes réhydratées reste tout de même moins
rapide que celle mesurée chez les plantes témoins (356 mm²/jour chez les plantes réhydratées
contre 560 mm²/jour pour les plantes témoins).
Pour cette expérimentation et pour la première fois, le suivi de la conductance stomatique
a été effectué au cours de l’application du PEG et lors de la réhydratation. Les résultats ont
permis de mettre en évidence une diminution progressive de cette conductance stomatique
dans les feuilles stressées dès 1,5% de PEG dans le milieu de culture. Après l’ajout de 2,5%
de PEG, la conductance stomatique mesurée montre des valeurs très faibles dans les plantes
stressées (13 mmol.m².s-1) et témoignerait de la fermeture de la quasi-totalité des stomates des
143
RESULTATS ET DISCUSSION
feuilles. Ces résultats suggèrent que le stress osmotique appliqué entraine une fermeture des
stomates des feuilles des plantes stressées. Cette réponse des plantes vis-à-vis d’un stress
osmotique/hydrique est un phénomène bien décrit dans la littérature (Schroeder et al. 2001),
permettant d’effectuer un ajustement rapide de la transpiration de la plante et limitant ainsi les
pertes d’eau lors d’un stress hydrique (Bray 1997). Cette fermeture des stomates entraine en
contrepartie une inhibition de la photosynthèse du fait de la moins grande disponibilité en
CO2 (Bertamini et al. 2007). Nos résultats montrent par ailleurs une diminution de la teneur en
chlorophylles dans les feuilles des plantes stressées, suggérant que le stress osmotique
appliqué a bien un impact sur le système photosynthétique.
Après une semaine de réhydratation, les résultats ont montré une réouverture progressive
des stomates des feuilles réhydratées, jusqu’au recouvrement de valeurs proches de celles des
feuilles témoins en fin de réhydratation. La réouverture des stomates sur les feuilles de plantes
en réhydratation est aussi un phénomène assez rapide. Martre et collaborateurs (2002) ont, par
exemple, mis en évidence un rétablissement de 84% de la conductance stomatique 4 jours
après réhydratation des plantes d’A. thaliana ayant subi un stress hydrique en terre par arrêt
d’arrosage. Parallèlement, le dosage des chlorophylles sur les plantes réhydratées montrent
des valeurs comparables à celles des plantes témoins. Il est ainsi possible de penser que la
réouverture des stomates ainsi que la néosynthèse de chlorophylles dans les feuilles
réhydratées, supposent une reprise de activité des photosystèmes similaire à celle des feuilles
témoins. Les travaux de Jung (2004) ont en effet montré une reprise rapide de l’activité
photosynthétique, après une période de réhydratation, sur des plantes d’A. thaliana ayant subi
un stress hydrique en terre.
La mesure du RWC et du potentiel osmotique, témoignant de l’état hydrique des plantes, a
permis de montrer une diminution de ces deux paramètres au niveau des feuilles dans les
plantes soumises au stress osmotique. Ce résultat était attendu puisque systématiquement
observé au cours des expérimentations « Essai stress Col-0 » et « Essai stress réhydratation »,
ainsi que la « Campagne stress ». Après une semaine de réhydratation, la mesure de ces deux
paramètres indiquerait que les plantes ont retrouvé un état hydrique comparable à celui
observé dans les feuilles témoins. Ces résultats semblent montrer que le stress osmotique
appliqué par l’ajout de PEG provoque des modifications dans l’état hydrique des plantes qui
sont réversibles après une semaine de réhydratation. Ce phénomène corrobore la reprise de
croissance mesurée par le suivi de la surface foliaire projetée des plantes au cours de la
semaine de réhydratation.
144
RESULTATS ET DISCUSSION
Au cours d’un stress hydrique plusieurs auteurs ont mis en évidence que la biomasse des
plantes en condition de stress diminue par rapport à la masse des plantes témoins (Hummel et
al. 2010). Dans notre étude, cette diminution est observée dans les racines et les feuilles après
3 jours de stress à 2,5% de PEG. Cependant, les différences entre les valeurs mesurées ne
deviennent significatives que pour les mesures réalisées après une semaine de réhydratation,
même si les feuilles des plantes stressées ont regagné de la biomasse au cours de cette
période. Il semblerait donc que l’impact du stress osmotique appliqué sur la biomasse des
plantes soit amplifié par la semaine de réhydratation des plantes. En effet, l’étude de la
surface foliaire a montré qu’au cours de la semaine de réhydratation, la vitesse de croissance
des feuilles des plantes est tout de même moins élevée que celle des plantes témoins. Cette
croissance moins rapide pourrait en partie expliquer la biomasse plus faible des feuilles
réhydratées par rapport aux témoins. Il est tout de même à noter que le rapport R/S mesuré
après le stress osmotique et la semaine de réhydratation est similaire chez les plantes témoins
et les plantes réhydratées, ce qui a été observé aussi sur les rapports R/S des éléments. Ainsi,
les résultats suggèrent que le ralentissement de la croissance observé au niveau des feuilles
serait aussi observé au niveau du compartiment racinaire. Ce ralentissement de la croissance
racinaire a aussi été mesuré dans les travaux de Xiong et collaborateurs (2006) sur des plantes
d’A. thaliana soumises à un stress hydrique en terre.
Afin de mesurer l’impact du stress osmotique sur le transcriptome des plantes,
l’expression des gènes marqueurs de stress AtTIP1;2 et AtRD29a a été mesuré dans les
racines en condition témoin et stressé. La modification d’expression retrouvée pour le gène
AtTIP1;2 en condition de stress osmotique est similaire à celles décrites dans plusieurs
travaux effectués sur A. thaliana en condition de stress hydrique en terre (Alexandersson et al.
2001 ; Seki et al. 2001), et en accord avec nos précédents résultats. En ce qui concerne
l’expression du gène AtRD29a , les résultats montrent une faible augmentation de son
expression dans les racines stressées. Bien que ce gène soit référencé dans un grand nombre
d’études comme étant fortement surexprimé dans les feuilles en condition de stress hydrique,
son induction dans les racines semble en revanche beaucoup plus faible (Xiong et al. 2006),
tout comme ce qui a été mesuré dans notre expérimentation.
3.7.12.2 Etude de paramètres liés au transport et au métabolisme du carbone des
plantes en condition de stress osmotique
L’étude des gènes de transporteurs de sucre dans les racines des plantes témoins et
stressées a permis de mettre en évidence une forte répression des gènes AtSUC1, AtSUC5 et
145
RESULTATS ET DISCUSSION
AtPLT6, ainsi qu’une augmentation de l’expression du gène AtSTP13 et dans une moindre
mesure (en dessous du seuil de significativité) d’AtPLT5. Ces résultats sont conformes à ceux
obtenus dans les racines stressées des Essai « stress » et « réhydratation » et de la « Campagne
stress ». En revanche pour la première fois dans cette expérimentation, une augmentation de
l’expression du gène AtSUC2 a été mise en évidence dans les racines stressées. Pour ce gène,
le résultat est différent de ce qui a été observé dans les expérimentions précédentes.
Cependant, les informations obtenues à partir de l’observation des données de microarray
Genevestigator indiquent une augmentation de l’expression du gène AtSUC2 dans certaines
expérimentations portant sur le stress hydrique. Il est toutefois à noter qu’en règle générale,
ces données montrent que l’expression d’AtSUC2 est faiblement modifiée au cours d’un tel
stress. Après une semaine de réhydratation, l’expression de tous les gènes de transporteurs de
sucre mesurée dans les racines réhydratées est similaire à celle mesurée dans les racines
témoins. Ceci confirme la réversibilité du stress osmotique appliqué par notre protocole
expérimental, comme cela a été supposé suite à l’expérimentation « Essai réhydratation ».
Le dosage du saccharose, glucose et fructose a montré une augmentation importante de la
quantité de ces 3 sucres dans les feuilles stressées. Cette forte augmentation en sucres solubles
observée dans les feuilles stressées corrobore les résultats précédemment observés lors de
l’expérimentation « Campagne stress ». Dans les plantes réhydratées, il semblerait que la
quantité de sucres solubles mesurées dans les feuilles soit toujours supérieure à celle retrouvée
dans les feuilles témoins, mais inférieures à celles mesurées dans les feuilles stressées.
Autrement dit, il semblerait que la semaine de réhydratation permette une récupération
partielle de la teneur en sucres solubles dans les feuilles des plantes réhydratées. Dans les
racines les résultats semblent montrer une diminution de la teneur en sucres solubles en
condition de stress, retrouvée aussi après une semaine de réhydratation.
Afin de mieux comprendre l’origine de l’accumulation de ces sucres, le dosage de
l’amidon a été effectué. Nos résultats indiquent que dans les racines la quantité d’amidon est
faible et est équivalente en conditions témoins et en conditions stressées. Ceci est différent des
dosages obtenus lors de la « Campagne stress » au cours de laquelle, la teneur en amidon dans
les racines diminuait au cours du stress. De plus, les dosages réalisés après la période de
réhydratation montrent que cette diminution se poursuit. Dans les feuilles, la quantité
d’amidon des plantes stressées augmente par rapport aux plantes témoins comme cela a été
observé lors la « Campagne stress ». Lors de la réhydratation, la teneur en amidon dans les
146
RESULTATS ET DISCUSSION
feuilles réhydratées est légèrement supérieure à celle mesurée dans les plantes témoins mais
diminue cependant par rapport à celle observée dans les feuilles stressées.
Les résultats obtenus dans les racines semblent assez cohérents avec les résultats obtenus
dans d’autres études. En effet, plusieurs études ont montré qu’au cours d’un stress hydrique,
l’amidon était dégradé afin de pourvoir les besoins en sucres pour la respiration ou bien pour
permettre l’accumulation de sucres solubles comme composés compatibles (Basu et al. 2007 ;
Todaka et al. 2000). En revanche le fait que la quantité d’amidon ne diminue pas dans les
feuilles stressées paraît surprenant. Comme cela a été discuté dans le chapitre 3, il est possible
de penser que cette différence soit liée à notre système de culture qui permet d’obtenir des
teneurs en sucres solubles plus importantes que celles généralement mesurées sur des plantes
en terre. De ce fait, il est légitime de penser que les quantités de sucres des feuilles soient
suffisantes pour les besoins de la plante, sans faire appel aux sucres stockés sous forme
d’amidon.
Parallèlement à ces résultats, l’étude du transport du [U-14C]-saccharose dans les plantes
semble montrer que le transport de saccharose des feuilles sources vers les racines serait
ralenti dans les plantes en condition de stress osmotique. Ce résultat serait à rapprocher de
l’accumulation des sucres solubles observé dans les feuilles des plantes stressées coïncidant
avec une diminution de la teneur de ces sucres dans les racines. De la même façon, ce
ralentissement du transport pourrait aussi être lié avec la forte répression des gènes de
transporteurs de saccharose (AtSUC1 et AtSUC5) mesurée dans les racines après 3 jours de
stress osmotique. En effet, la forte inhibition de ces gènes dans les racines au cours du stress
osmotique pourrait induire une diminution de la force de puits entrainant le ralentissement du
transport de saccharose observé dans ces conditions. Des expérimentations complémentaires
sur un plus grand nombre de plantes devront tout de même être réalisées afin de confirmer ces
résultats.
Après une semaine de réhydratation, il semblerait que la quantité de carbone radiomarqué
dans les racines réhydratées soit comparable à celle mesurée dans les racines témoins et
supérieure à celle observée dans les racines stressées. Ce phénomène pourrait suggérer que le
transport du saccharose des feuilles vers les racines est en partie restauré pendant la semaine
de réhydratation. Cette récupération est aussi à mettre en parallèle de la restauration du profil
d’expression des gènes de transporteurs de saccharose (AtSUC1 et AtSUC5) dans les racines.
En effet, la reprise de leur expression dans les plantes réhydratées permettrait de restaurer une
147
Figure 99 : Photographie des rosettes d’Arabidopsis thaliana témoins et stressées
cultivées en rhizobox, au cours de leur développement.
RESULTATS ET DISCUSSION
force de puits au niveau des racines permettant de rétablir le transport des sucres vers ce
compartiment.
Les résultats ont montrés que le protocole d’application du stress osmotique suivi d’une
réhydratation utilisé dans cette expérimentation a permis une restauration de l’ensemble des
paramètres suivis sur les plantes. Le stress appliqué par ajout de PEG que nous avons mis en
place est donc bien réversible. Cette restauration rapide de l’état physiologique des plantes
après réhydratation a été observée dans des études portant sur l’impact du stress hydrique sur
A. thaliana en terre (Hummel et al. 2010 ; Martre et al. 2002). La capacité des plantes à se
rétablir d’un stress hydrique est dépendante de l’intensité du stress appliqué : seul un stress
modéré permet aux plantes une récupération rapide après réhydratation (Xu et al. 2010).
Ainsi, ces résultats suggèrent que le stress osmotique appliqué par le biais de notre protocole
d’ajout de PEG serait comparable à un stress hydrique en terre modéré comme ce qui avait été
supposé lors de l’étude de la cinétique de stress.
3.8 Etude du stress hydrique en culture rhizobox
Dans le but de vérifier les résultats d’expression des transporteurs de sucre dans les
racines de plantes cultivées en hydroponie, nous avons décidé de les comparer avec ceux
obtenus à partir de racines de plantes cultivées en terre. Toutefois, comme nous l’avons déjà
précisé, ceci n’est pas possible directement à partir de plantes cultivées en pot. Ainsi, un
protocole de culture en rhizobox a été mis au point au laboratoire, dans lequel les racines sont
séparées de la terre par une membrane perméable tout en étant toujours soumis aux échanges
avec la terre (ions, eau). Ce système permet de récolter le système racinaire dans son
intégralité, non souillé par la terre. Ce système permet aussi d’effectuer un suivi de la
croissance foliaire et racinaire des plantes et réaliser un stress hydrique véritable en terre en
appliquant différents régimes hydrique.
3.8.1 Suivi du phénotype des plantes
La Figure 99 présente les photographies de plantes cultivées en rhizobox en condition
normale d’irrigation (100% d’humidité, correspondant à une terre bien irriguée voir matériel
et méthodes) et en condition de stress hydrique (75% de l’humidité mesurée dans les rhizobox
témoins). Ce protocole a pour but d’appliquer un stress hydrique modéré sur les plantes
stressées. Toutefois, contrairement aux expérimentations réalisées en hydroponie, un stress
hydrique réel est cette fois ci appliqué. L’observation du phénotype des rosettes à partir du
148
Figure 100 : Nombre moyen de feuilles par plantes comptées sur les plantes témoins et
les plantes stressées au cours de leurs développement. Les moyennes et écart types ont été
calculés à partir de 17 plantes témoins et de 15 plantes stressées. Un test de Mann et Witney
(P<0,05) a été réalisé afin de déterminer la significativité des résultats et aucune différence
significative n’a été mise en évidence entre les plantes témoins et les plantes stressées pour
chaque jour de mesure.
Tableau 13 : Vitesse d’émergence des feuilles d’Arabidopsis thaliana témoins et stressées
cultivées en rhizobox, au cours de leur développement. Les résultats sont exprimés en
feuilles.J-1.
Intervalle
de temps
[J9;J12]
[J12;J16]
[J16;J19]
[J19;J23]
[J23;J27]
[J27;J30]
[J9;J30]
Témoins
0,39
0,53
0,33
0,57
0,81
0,63
0.54
Stressées
0,41
0,53
0,44
0,64
0,64
0,52
0.53
Figure 101 : Surface foliaire projetée moyenne des plantes témoins et stressées tout au
long de l’expérimentation. Les moyennes et écart types ont été calculés à partir de 17 plantes
témoins et de 15 plantes stressées. Un test de Mann et Witney a été réalisé afin de déterminer
la significativité des résultats (P<0,05). Les astérisques indiquent les différences significatives
entre les données témoins et stressées.
RESULTATS ET DISCUSSION
16ème jour de culture et tout au long de l’expérimentation indique que les rosettes des plantes
stressées sont de plus petite taille que les rosettes des plantes témoins.
3.8.1.1 Suivi du nombre de feuilles par plantes
Afin de suivre le développement des plantes cultivées dans les deux conditions étudiées
(témoins et stressées), les feuilles de toutes les plantes utilisées pour l’étude ont été comptées
après 9, 12, 16, 19, 26 et 30 jours de culture. Les résultats présentés sur la Figure 100
indiquent que le nombre moyen de feuilles par plante est très proche dans les deux conditions
étudiées.
A partir de ces comptages, il a été possible de calculer la vitesse moyenne d’émergence
des feuilles par plantes. Les résultats présentés dans le Tableau 13 montrent que les vitesses
d’émergence des feuilles varient de manière assez importante entre chaque intervalle de
comptage, aussi bien pour les plantes du lot témoins que pour les plantes du lot stressé. Les
vitesses moyennes d’émergence des feuilles restent cependant très proches entre les deux lots
pour chaque intervalle considéré. La vitesse moyenne d’émergence des feuilles calculée sur
toute la durée l’expérimentation est d’ailleurs quasiment la même chez les plantes témoins
(0,54 feuilles.jour-1) et chez les plantes stressées (0.53 feuilles.jour-1 ; Tableau 13). Ces
résultats indiquent que la fréquence globale d’apparition des feuilles est équivalente pour les
plantes témoins et pour les plantes stressées.
3.8.1.2 Suivi de la croissance des plantes
L’évolution de la croissance a été estimée par le suivi de la surface foliaire projetée
réalisée sur les plantes en condition témoin et en condition de stress hydrique. Les résultats
présentés Figure 101 montrent une augmentation plus lente de la surface foliaire projetée chez
les plantes stressées que chez les plantes témoins. Par exemple, la surface foliaire projetée
moyenne du lot de plantes stressées passe de 910 mm² à J23 à 1520 mm² à J26, alors qu’elle
passe de 1540 mm² à 2057 mm² pour le lot témoin à ces mêmes dates.
3.8.2 Suivi de la croissance du réseau racinaire
Le système de culture des plantes en rhizobox permet l’observation des racines des plantes
grâce à la transparence de la plaque de plexiglas composant le système. Ce système permet
donc le suivi de la croissance des réseaux racinaires sur une période de 26 jours. En effet,
après 26 jours de culture, les racines principales de certaines plantes atteignent le fond de la
rhizobox (20 cm) et les racines latérales des plantes côte à côte dans les rhizobox commencent
149
Figure 102 : Photographie d’une rhizobox pour laquelle le suivi de la croissance
racinaire n’est plus possible, les racines ayant atteint le fond du système de culture.
Figure 103 : Longueur de la racine principale des plantes témoins et stressées tout au
long de l’expérimentation. Les moyennes et écart types ont été calculés à partir de 12 plantes
témoins et de 14 plantes stressées. Un test de Mann et Witney a été réalisé afin de déterminer
la significativité (P<0,05) des résultats et aucune différence significative n’a été mise en
évidence entre les plantes témoins et les plantes stressées pour chaque jour de mesure.
RESULTATS ET DISCUSSION
150
Figure 104 : Suivi de la croissance et du développement des racines latérales chez les
plantes témoins et stressées entre 17 et 26 jours de cultures après semis. (A) Nombre
moyen de racines latérales comptées sur les plantes témoins et stressées ; (B) Longueur totale
moyenne des racines latérales chez les plantes témoins et les plantes stressées. Les moyennes
et écart types ont été calculés à partir de 4 plantes témoins et de 3 plantes stressées.
RESULTATS ET DISCUSSION
à se mélanger, empêchant toutes analyses (Figure 102). Ce suivi a été effectué sur des plantes
cultivées en condition normale de culture et en condition de stress hydrique de J8 à J26
3.8.2.1 Suivi de la croissance des racines principales
La mesure de la longueur de la racine principale est effectuée tous les jours entre 8 et 26
jours de culture. Pour chaque plante, les racines sont dessinées sur un papier transparent, luimême scanné. La longueur des racines principales est ensuite déterminée grâce au logiciel
‘Réseaux_racinaire’ disponible au laboratoire. Les résultats présentés Figure 103 montrent
une augmentation progressive de la longueur de la racine principale aussi bien chez les
plantes en conditions témoins que les plantes en conditions stressées. Ces mesures permettent
de calculer la vitesse moyenne d’élongation de la racine principale qui est de 9,1 mm.jour-1
chez les plantes témoins et de 8,7 mm.jour-1 chez les plantes stressées.
3.8.2.2 Suivi de la croissance et du développement des racines latérales
La croissance et le développement des racines latérales ont aussi été étudiés dans les
mêmes conditions que les racines principales.
Le nombre de racines latérales a été compté tous les jours à partir de J 17. Les résultats
présentés sur la Figure 104A montrent une augmentation du nombre de racines latérales qui
semble assez régulière chez les plantes témoins (1,3±0,1 racines.jour-1) et les plantes stressées
(1,2±0,5 racines.jour-1).
Pour estimer la croissance du réseau racinaire, la longueur totale des racines latérales par
plante est mesurée tous les jours entre 17 et 26 jours de culture. La longueur totale des racines
latérales pour une plante est la somme des longueurs de toutes les racines latérales. Les
résultats présentés Figure 104B montrent que dès le début de l’étude, la longueur totale
moyenne des racines latérales mesurée chez les plantes témoins est plus importante que celle
mesurée chez les stressées. Par exemple pour les plantes du lot témoin, la longueur totale
moyenne des racines latérales est de 3,2 cm et 4 cm à J18 et J19 alors qu’elle est de 2,7 cm et 3
cm pour les plantes du lot stressé. Cette tendance se confirme jusqu’au dernier jour de mesure
(J26) où la longueur totale moyenne des racines latérales mesurée chez les plantes témoins est
de 23,6 cm alors qu’elle est de 17.3 cm chez les plantes stressées.
3.8.3 Suivi de l’état hydrique des plantes
L’état hydrique des plantes a été étudié en fin d’expérimentation chez les plantes témoins
et les plantes stressées par la mesure du RWC et du potentiel osmotique dans les feuilles des
plantes étudiées. Les valeurs de RWC, représentées sur la Figure 105A, montre qu’il y a peu
de variation du contenu relatif en eau chez les plantes stressées (80%) par rapport au plantes
151
Figure 105 : Suivi de l’état hydrique des plantes témoins et stressées par la mesure du
RWC et du potentiel osmotique à la fin du stress hydrique. (A) Valeur moyenne de RWC
calculé chez les plantes témoins et stressées ; (B) Valeur moyenne de potentiel osmotique
mesuré chez les plantes témoins et les plantes stressées. Les moyennes et écart types ont été
calculés à partir de 3 plantes témoins et de 3 plantes stressées.
Figure 106 : Expression des gènes de transporteurs de sucre par la technique de
macroarray dans les racines de plantes témoins (100% d’humidité) et stressées (75%
d’humidité). (A) : Expression relative des gènes de transporteurs de sucres dans les racines
des plantes témoins et stressées, normalisées par rapport à l’expression moyenne de 3 gènes
de référence (Ef1α, Actine2, Histone H4) ; (B) : Rapport d’expression en log de base 2, des
gènes de transporteurs de sucre dans les racines (plantes stressées/plantes témoins). Une
valeur seuil de log2 ≥ (ou ≤ -1,5) a été définie pour considérer un gène comme induit ou
réprimé.
RESULTATS ET DISCUSSION
témoins (78,4%). De la même façon, la mesure du potentiel osmotique est quasiment
identique chez les plantes stressées (-1,1 MPa) et les plantes témoins (-1 MPa ; Figure 105B).
3.8.4 Etude de l’expression des gènes de transporteurs de sucres
Nous avons voulu comparer par une analyse macroarray l’expression des gènes de
transporteurs de sucre dans les racines de plantes cultivées en rhizobox avec l’expression de
ces gènes dans les racines des plantes cultivées en hydroponie. Les résultats présentés Figure
106A, montrent dans un premier temps qu’en conditions témoins dans les racines, 3 gènes de
transporteurs de saccharose (AtSUC1, AtSUC2 et AtSUC5), 2 gènes de transporteurs de polyol
(AtPLT5 et AtPLT6) ainsi qu’un gène de transporteur d’hexose (AtSTP7) sont exprimés. Le
gène le plus exprimé est le gène AtSUC1, suivi du gène AtPLT5 et du gène AtSUC2. Les
gènes AtSUC5, AtSTP7 et AtPLT6 ont, quant à eux, une expression quasiment équivalente
(Figure 106A).
La comparaison de l’expression de ces 6 gènes en condition témoin et en condition stressé
a été effectuée par l’étude des rapports d’expression de ces gènes dans les deux conditions
(Figure 106B). Les résultats montrent que les rapports d’expression de ces gènes sont
inférieurs au seuil de log2 ± 1,5 établi pour définir la significativité des différences
d’expression dans les deux conditions.
3.8.5 Discussion
L’observation du phénotype des rosettes à partir du 16ème jour de culture et tout au long de
l’expérimentation indique que les rosettes des plantes stressées sont de plus petite taille que
les rosettes des plantes témoins à partir de 16 jours de culture, observation classique en cas de
stress hydrique (Chaves et al. 2002 ; Koorneef et al.2004). En revanche, le comptage du
nombre de feuilles par plante sur les plantes témoins et stressées n’a pas permis de mettre en
évidence de différences significative entre les deux conditions. De plus, le calcul de la vitesse
moyenne d’émergence des feuilles au cours de l’expérimentation [J9 ; J30] n’indique pas non
plus de différence entre les 2 conditions étudiées (Tm : 0,54 feuilles.jours-1 ; St : 0,53
feuilles.jour-1). Ces résultats indiquent que la fréquence globale d’apparition des feuilles est
équivalente pour les plantes témoins et pour les plantes stressées. Ceci semble confirmer les
travaux de Granier et collaborateurs (2006) qui ont mis en évidence que pour certains
écotypes d’A. thaliana , le nombre de feuilles par plantes n’est pas affecté par un stress
hydrique modéré. Ces observations ont été aussi notées par une autre étude qui a montré que
152
RESULTATS ET DISCUSSION
la carence en eau n’affectait pas le nombre final de feuilles de la rosette d’ A. thaliana (Tisne
et al. 2010).
En ce qui concerne la croissance des feuilles en revanche, les résultats montrent que les
feuilles stressées ont une surface foliaire plus faible que celle des feuilles témoins. Ces
résultats montrent une croissance plus lente chez les plantes en condition de stress hydrique
par rapport aux plantes témoins. Ce ralentissement de la croissance foliaire peut être comparé
à celui observé dans l’étude du stress osmotique en hydroponie où un ralentissement
important de la croissance des feuilles a été observé. D’autres travaux comme par exemples
ceux de Aguirrezabal et collaborateurs (2006) montrent aussi un ralentissement plus ou moins
important de la croissance foliaire en condition de stress hydrique, chez plusieurs écotypes
différents d’A. thaliana .
Le suivi de la croissance des plantes a aussi été effectué au niveau du compartiment
racinaire. Les résultats montrent qu’il n’y aurait pas de différence importante au niveau la
croissance de la racine principale ainsi que sur la fréquence d’émergence des racines latérales
en condition normale et en condition de stress hydrique. En revanche, une diminution de la
longueur totale des racines latérales par plante est mesurée en condition de stress hydrique.
L’impact du stress hydrique sur le développement du système racinaire est encore
controversé à ce jour. En effet, certains auteurs ont montré que la contrainte hydrique
provoquait une diminution de la croissance du système racinaire et d’autres ont mis en
évidence une augmentation de sa taille. Ces différences semblent être liées à l’intensité de
stress hydrique qui est appliqué lors de l’expérimentation (Xiong et al. 2006). Une étude
menée sur des plantes cultivées en boite de Pétri montre que l’application d’un stress
osmotique modéré (de -0,2 MPa -0,9 MPa) avec du polyéthylène glycol (PEG) stimule la
croissance de la racine principale (van der Weele et al. 2000).
Il a aussi été montré qu’un stress hydrique modéré avait un impact sur la formation des
racines latérales. Les auteurs indiquent que la contrainte hydrique modérée entraîne une faible
diminution du nombre des primordium racinaires, mais aussi une forte diminution du
développement des racines latérales (Deak and Malamy 2005), ce qui semble être le cas dans
nos résultats également.
Ces mêmes études ont estimé la longueur totale des racines latérales en sommant la
longueur de toutes les racines latérales d’une plante. Les résultats indiquent, comme pour
notre expérimentation, que la longueur totale des racines latérales chez les plantes stressées
est inférieure à celles mesurées chez les plantes témoins (Deak et Malamy 2005 ; Xiong et al.
2006). Ces études semblent indiquer qu’A. thaliana optimise son système racinaire en réprimant
153
RESULTATS ET DISCUSSION
la prolifération de la croissance des racines dans les zones où l’eau est moins disponible
(Deak and Malamy 2005)
L’état hydrique des plantes a été estimé par la mesure du RWC et du potentiel osmotique
dans les feuilles. Aucune différence significative de ces deux paramètres n’a pu être mesurée
entre les plantes témoins et les plantes stressées. Les résultats laissent penser que les plantes
en condition stressées se sont acclimatées à la moindre disponibilité en eau du sol. Il faut
noter que dans le protocole expérimental appliqué, les plantes étaient soumises à un stress
hydrique aussitôt après leur germination. Les travaux réalisés par Harb et collaborateurs
(2010) ont en effet montré qu’après une longue période d’acclimatation des plantes au stress
hydrique, ces dernières vont effectuer un ajustement osmotique au niveau des feuilles
parallèlement à une réduction de la croissance. Ces deux phénomènes vont ainsi établir un
équilibre entre l’absorption et l’utilisation de l’eau, permettant d’avoir un métabolisme et une
physiologie similaires à ceux retrouvés chez les plantes bien irriguées.
Le système de culture en rhizobox a permis de récolter les racines des plantes cultivées et
ainsi d’effectuer une première étude de l’expression des gènes de transporteurs de sucre sur
des plantes cultivées en terre. Nous avons retrouvé exprimés dans les racines les mêmes gènes
que ceux identifiés dans les expériences en hydroponie à savoir les gènes AtSUC1, AtSUC2,
AtSUC5, AtPLT5, AtPLT6 et AtSTP7 (Figure 105). Ces résultats semblent dans un premier
temps montrer que l’expression des gènes de transporteurs de sucre dans les racines n’est pas
impactée par le mode de culture utilisé.
Les résultats montrent que les rapports d’expression de ces gènes entre les conditions
témoins et stressées sont inférieurs au seuil de log2 ± 1,5 établi pour définir la significativité
des différences d’expression dans les deux conditions. Ce résultat pourrait s’expliquer de deux
façons : d’un côté par l’intensité très faible du stress appliqué dans nos conditions, dont
témoignent les valeurs de RWC et de potentiel osmotique quasiment similaires chez les
plantes témoins et stressées. D’un autre côté, il a été constaté lors de l’expérimentation «
Campagne stress » (sous-chapitre 3.5) qu’après une période de 6 jours de stress osmotique, le
profil d’expression des gènes revient à un profil témoin. Il se pourrait donc, que dans nos
conditions de stress continu, les plantes soient complétement acclimatées au stress appliqué.
Afin de voir une réponse des plantes plus importante vis-à-vis du stress hydrique, une autre
expérience a été réalisée en appliquant un stress hydrique plus important (50% de l’humidité
mesurée dans les rhizobox témoins). Cette expérimentation est actuellement en cours d’analyse.
154
RESULTATS ET DISCUSSION
Néanmoins, cette première expérience a permis de mieux définir les modifications induites
par le stress hydrique au niveau de la croissance racinaire et de confirmer le profil
d’expression des gènes de transporteurs de sucre obtenu en hydroponie.
155
CONCLUSION
4 CONCLUSION
156
CONCLUSION
4.1 La culture en hydroponie
La première partie de ce travail a été la mise en place d’un système de culture en
hydroponie sur A. thaliana . La culture en hydroponie présente le principal avantage de
permettre l’étude du système racinaire aussi bien pour des analyses physiologiques,
biochimiques que moléculaires. Les résultats ont montré que la culture en hydroponie
permettait d’obtenir une grande quantité de matériel végétal aussi bien au niveau des racines
que des parties aériennes. De plus, le matériel végétal obtenu dans nos conditions de culture
était très homogène. L’étude du cycle complet de développement d’A. thaliana (écotype Col0) montre que les plantes sont capables de terminer leur cycle de développement en
produisant une grande quantité de graines viables.
L’inconvénient majeur rencontré lors de la culture en hydroponie est l’enchevêtrement des
racines entre elles dans le milieu de culture. Ce phénomène empêche la récolte de plante
individuelle sans séparer les racines, occasionnant le plus souvent des dommages au niveau de
ces dernières. Afin de limiter cet emmêlement, il est nécessaire de limiter le nombre de
plantes cultivées par bac Araponics.
Une solution qui aurait pu être adoptée aurait été de récolter les plantes à un stade plus
précoce, avant que les systèmes racinaires de 2 plantes contigües ne se mélangent (20 jours).
Toutefois, ceci aurait été à l’opposé de notre démarche qui consiste à comparer avec des
données obtenues sur plantes cultivées sur terre (stade de développement assez avancé, stress
appliqué à J47 après semis) et non avec des plantules cultivées in vitro. D’autre part, une des
perspectives à la suite de ce travail sera de mesurer les paramètres photosynthétiques des
feuilles de plantes cultivées en hydroponie et cela nécessite d’avoir des feuilles dont la surface
est relativement importante pour pouvoir être utilisée avec le système de mesure (CIRAS II).
Un autre inconvénient de la culture en hydroponie est la difficulté d’étude de
l’architecture racinaire. L’absence de contrainte physique ainsi que la circulation constante du
milieu de culture rendent par nature impossible l’établissement d’une architecture racinaire
stable dans le temps. Au cours de mes travaux de thèse, un système de culture en rhizobox a
été mis en place parallèlement à la culture en hydroponie, permettant l’étude de l’architecture
et de la croissance du réseau racinaire. De même, une collaboration avec un laboratoire
d’analyse d’image (Xlim-SIC, Université de Poitiers, Signal, Image et Communication) est en
cours au laboratoire et devrait permettre d’effectuer un suivi du réseau racinaire de plantes
d’A. thaliana cultivées en hydroponie, en 3 dimensions et en continu dans le temps.
157
CONCLUSION
De nombreux paramètres ont été mesurés sur les feuilles des plantes cultivées en
hydroponie (surface foliaire, conductance stomatique, teneur en sucre, réponse au stress
osmotique, expression des transporteurs de sucres) et les valeurs obtenues sont tout à fait en
accord avec celles décrites dans la littérature pour des plantes cultivées en terre. La culture en
hydroponie, telle que nous l’avons pratiquée, permet donc d’obtenir un matériel adapté à notre
problématique et représentatif de la physiologie d’une plante.
En ce qui concerne les racines, les données comparatives sont forcément moins
nombreuses et souvent obtenues sur des plantules cultivées in vitro. Néanmoins nous avons
également pu montrer que les racines récoltées étaient en excellent état physiologique et ont
permis d’effectuer les mesures de transport de saccharose radiomarqué à longue distance. Un
des points tout à fait intéressant dans cette technique est la possibilité de pouvoir analyser la
radioactivité relarguée dans le milieu par les racines. Bien que cela n’était pas le thème de
cette thèse, la nature des molécules radioactives (sucres ou autres) relarguées pourra être
étudiée dans l’avenir. Les résultats obtenus sur l’expérience développement ont montré que,
pour les premiers stades de développement des plantes, la quantité de radioactivité relarguée
par les racines est tout à fait notable.
La mise en place du système en hydroponie a aussi permis d’effectuer une première
cartographie de l’expression de ces gènes dans les racines d’A. thaliana . Toutefois une des
limites du système de culture en hydroponie est de ne pas pouvoir facilement faire d’analyses
séparées sur les différents types de racines (primaires, secondaires…), ni sur les différentes
régions d’une racine. C’est pourquoi nous avons commencé à développer en parallèle le
système de culture en rhizobox qui permet d’observer la totalité du système racinaire en 2
dimensions. Les premiers résultats obtenus grâce au logiciel d’analyse de racines ont permis
de retrouver des résultats typiques de l’effet du stress hydrique sur les racines, à savoir un
ralentissement de la croissance des racines latérales et une diminution de l’épaisseur de la
racine principale (van der Weele et al. 2000 ; Sharp et al. 1988).
Les deux techniques de culture s’avèrent donc complémentaires dans l’étude des racines.
Les premières analyses d’expression des gènes indiquent que ce sont les mêmes gènes de
transporteurs de sucre qui sont exprimés dans les 2 systèmes. Nous verrons dans les
perspectives, l’utilisation qui pourra être faite de la possibilité de visualiser la position des
racines en rhizobox.
158
CONCLUSION
4.2
Le stress osmotique
Afin de mimer une contrainte hydrique sur les plantes d’A. thaliana cultivées en
hydroponie, un stress osmotique a été appliqué. Plusieurs agents osmotiques existent afin de
créer ce stress osmotique comme le mannitol, le sorbitol ou le polyéthylène glycol (PEG). Le
PEG présente l’avantage, a priori, de ne pas être absorbé par les tissus de la plante
contrairement au mannitol et sorbitol.
En effet, des travaux ont montré que le mannitol pouvait entrer librement dans la cellule
en passant à travers les pores de la paroi et entrainer la plasmolyse. Ceci a pour conséquence,
une diminution du volume du protoplaste sans que le volume de la paroi cellulaire ne soit
affecté (Verslues et al. 2006). Ces auteurs précisent que cette réponse est différente de celle
observée lors d’un stress hydrique, où l’eau quitte progressivement l’espace pariétal et le
protoplaste, diminuant ainsi la taille de ces 2 compartiments. Dans cette étude les auteurs ont
mis en évidence que ce même processus était observé lors de l’application d’un stress
osmotique contenant des solutés de haut poids moléculaires comme le PEG 6000 (Verslues et
al. 2006). Ceci est probablement lié au fait que le PEG 6000 ne rentre pas à travers les pores
de la paroi cellulaire (Carpita et al. 1979, Oertli 1985).
De plus, dans ce travail de thèse, l’utilisation du mannitol ou du sorbitol comme agents
osmotiques pouvait aussi poser un problème lors de l’étude du métabolisme carboné de la
plante. En effet, ces deux composés étant des sucres, ils pouvaient influencer le métabolisme
carboné et ainsi biaiser les études de transport de sucres à longue distance ainsi que les études
d’expression des gènes de transporteurs de sucre.
Par ailleurs, l’utilisation du mannitol lors de l’application d’un stress osmotique a aussi
montré qu’il avait des effets toxiques sur la croissance notamment la croissance cellulaire
(Hohl and Schopfer 1991, Verslues et al. 1998). Généralement les molécules de faibles poids
moléculaires comme le mannitol ont des effets toxiques sur les plantes et peuvent masquer les
réponses liées au stress osmotique (Verslues et al. 2006).
De précédents travaux ont testé la toxicité du PEG sur les plantes. Une étude a porté sur
l’utilisation de PEG de différents poids moléculaires P200, P400, P1000 et P20000. Ces
auteurs ont montré que le PEG de faible poids moléculaire P200, P400, P1000 pouvait entrer
dans les racines et ce processus est accentué si les racines sont coupées. En revanche le PEG
de très haut poids moléculaire P20000 ne pénètre pas, probablement à cause de la forte
viscosité qu’il induit dans le milieu (Lawlor 1970). Ces résultats sont appuyés par une étude
sur le pin qui a testé des solutions nutritives contenant du PEG de différents poids moléculaires
159
CONCLUSION
pour appliquer un stress osmotique. Ces auteurs précisent que le PEG de poids moléculaire
inférieur à 1000 est fortement absorbé par la plante et induit une forte toxicité pouvant
conduire parfois à la mort de la plante. Au contraire l’utilisation d’un PEG de poids
moléculaire compris en 1000 et 6000 utilisé dans un milieu bien oxygéné réduit le risque de
toxicité de cette molécule. En revanche, l’utilisation de PEG de haut poids moléculaire,
supérieur à 6000 rend la solution trop visqueuse et peut engendrer de l’anoxie s’il est utilisé
sur une longue période (Dubos et al. 2003). Pour de nombreux auteurs, le PEG est le meilleur
soluté utilisable pour imposer un stress osmotique de faible potentiel reflétant le stress
existant dans un sol lors d’un déficit hydrique (Verslues et al. 2006).
Suite à ces données de littérature, nous avons donc choisi d’utiliser du PEG 6000 pour
imposer un stress osmotique à nos plantes. De plus, malgré le système de propulsion du
milieu de culture dans les bacs d’hydroponie par une pompe d’aquarium créant une
circulation et une certaine aération du milieu, un bulleur d’aquarium a été ajouté pour prévenir
tout risque d’hypoxie des plantes
Lors de la culture des plantes en sol, la contrainte hydrique appliquée par arrêt d’arrosage
augmente progressivement en fonction de l’eau utilisée par la plante. Ainsi pour se rapprocher
au maximum des conditions retrouvées en sol, il a été décidé d’appliquer le PEG de façon
progressive dans le milieu de culture. Les premiers essais d’application du stress ont été
réalisés sur des bacs Araponics individuels (18 plantes). Les premiers résultats obtenus sur
l’écotype Col-0 d’A. thaliana ont montré que ce protocole d’application du stress entraine un
flétrissement des feuilles de la rosette pour une dose de 3% de PEG.
De façon inattendue, ce flétrissement est apparu pour une dose légèrement plus faible de
PEG (2,5%) lors des expérimentations « Campagne ». La principale différence entre ces deux
systèmes de culture est le nombre de plantes cultivées par bacs : 18 plantes par bac lors des
« Essais » et 6 plantes par bacs lors des « Campagne ». Ces résultats semblent montrer que la
densité de plantes cultivées par bacs pourrait jouer un rôle sur la tolérance des plantes vis-àvis du PEG. En effet, il semblerait que la forte densité de plantes dans les systèmes « Essais »
permet le recouvrement des feuilles des plantes contigües. Ceci aurait pour effet une
limitation de l’évapotranspiration des plantes qui seraient alors en mesure de résister à des
doses plus fortes de PEG.
Plusieurs phénomènes observés sur les plantes stressées semblent montrer que
l’application du PEG dans le milieu de culture entraîne certains effets secondaires. Tout d’abord
160
CONCLUSION
un brunissement des racines est systématiquement observé dès le premier ajout de PEG dans
le milieu de culture. Il avait été envisagé, lors d’un premier comité de thèse, la possibilité que
ce brunissement soit causé par une hypoxie. Ainsi, la concentration en oxygène du milieu de
culture ainsi que l’expression du gène de l’alcool déshydrogénase, deux marqueurs du stress
hypoxie ont été suivies tout au long de l’application du stress osmotique. Les résultats ont
ainsi montré que la concentration en oxygène du milieu de culture varie très peu dans le
milieu de culture pendant la période d’étude du stress et que l’expression de l’alcool
déshydrogénase est sensiblement égale dans les racines des plantes témoins et cultivées avec
PEG. Le brunissement des racines observé en présence de PEG ne serait donc pas provoqué
par une hypoxie. Ce brunissement pourrait en revanche se rapprocher de celui décrit par Chen
et collaborateurs (2006) sur les racines du riz cultivé en hydroponie et provoqué par un dépôt
de fer présent dans la solution nutritive.
Un autre phénomène observé sur les plantes stressées, est l’apparition de cristaux blancs
sur les feuilles. L’origine et la nature de ces cristaux sont encore indéterminées. Les premières
analyses ont tout de même permis de montrer que ces cristaux ne sont pas formés de PEG.
D’autres analyses en spectrométrie de masse sont actuellement en cours afin de déterminer la
composition de ces cristaux.
Plusieurs paramètres ont été mesurés afin de suivre les effets du stress appliqué sur les
plantes. Ainsi, les résultats ont permis de mettre en évidence un ralentissement de la
croissance au niveau des feuilles de plantes soumises au stress, accompagnée d’une
diminution de la biomasse sèche. De la même façon une diminution de la conductance
stomatique indiquant une fermeture des stomates assez importante, est mesurée en fin de
stress sur les feuilles des plantes stressées. L’état hydrique des plantes a été estimé par le suivi
du RWC des rosettes et du potentiel osmotique des feuilles. Dans toutes les expérimentations
effectuées, une diminution de ces deux paramètres a été mesurée dans les feuilles des plantes
stressées. Il est tout de même à noter que la diminution du RWC mesurée dans nos conditions
est assez faible. Il apparaitrait que le RWC des feuilles stressées chez l’écotype Col-0 d’A.
thaliana n’est soumis qu’à peu de variation lors d’un stress hydrique (Bouchabke et al. 2008)
En revanche, nos résultats ont montré que la mesure du potentiel osmotique des feuilles est,
quant à lui, un bon indicateur de l’état de stress des plantes.
161
CONCLUSION
Outre ces deux phénomènes (brunissement des racines et apparition de cristaux blancs sur
les feuilles), qui semblent spécifiques à l’ajout de PEG dans le milieu de culture, les
différences physiologiques mesurées entre les plantes stressées et témoins (diminution de la
croissance foliaire, diminution de la conductance stomatique, baisse du RWC et du potentiel
osmotique, diminution de la teneur en chlorophylles) semblent celles classiquement observées
dans la littérature en réponse à une contrainte hydrique (Chaves et al 2003 ; Verslue et
al.2006).
Le système racinaire des plantes présente, malgré sa simplicité apparente, une grande
plasticité. En effet, des plantes génétiquement identiques peuvent présenter un système
racinaire différent d’un point de vue morphologique en réponse à un microenvironnement
rencontré dans le milieu. Il est connu d’ailleurs que la nature du sol, son humidité et ses
nutriments influencent considérablement l’architecture du réseau racinaire (Deak and Malamy
2005, Lopez-Bucio et al. 2003). Les changements qui peuvent s’observer le sont au niveau du
nombre de racines latérales, de leur distribution, de leur taux de croissance et de leur
orientation (Malamy 2005). De plus, il a été observé chez de nombreuses plantes dont
Arabidopsis thaliana , que le potentiel osmotique du sol pouvait altérer la profondeur du
système racinaire, sa masse globale, le taux d’élongation et le nombre de racines latérales
(Deak et Malamy 2005 ; Van der Weele 2000). Cependant peu de choses sont connues sur les
mécanismes qui contrôlent la réponse du système racinaire en réponse à la disponibilité en
eau.
Il semblerait cependant qu’une carence en eau aurait un impact sur la croissance de la
racine principale. En effet chez le maïs il a été montré que l’élongation cellulaire était inhibée
dans les régions distales de l’apex racinaire, alors que l’élongation de l’apex lui-même est
maintenu à un niveau similaire à celui observé chez les témoins (Yamaguchi and Sharp 2010).
En revanche, la réponse du réseau racinaire à un stress osmotique serait indirecte. En effet,
elle serait liée à la fermeture des stomates qui a pour effet de diminuer la photosynthèse et
limiter la croissance des jeunes feuilles. Ceci entraine par conséquent la réduction de la
croissance racinaire (Galvan-Ampudia and Testerink 2011, Munns and Tester 2008).
Des travaux menés sur A. thaliana en réponse à un stress osmotique induit par du
mannitol ou le KCl, ont montré une réduction de la formation des racines latérales à partir des
primordium, sur des plantes cultivées en boites de Pétri. En effet ces auteurs ont observé que
162
CONCLUSION
pour les plantes témoins et les plantes stressées le nombre de primordium des racines latérales
était identique. Cependant la croissance des racines latérales est, quant à elle, stoppée.
On pourrait supposer que ce type de réponse, observé dans nos essais en rhizobox, existe
aussi en hydroponie, car ces auteurs précisent que cette inhibition de la croissance des racines
latérales est observée pour des potentiels osmotiques compris autour de -0,64 à -0,68 MPa
dans leur milieu gélosé (potentiel témoin est de -0,51 MPa).
De plus, cette étude précise que ce phénomène serait régulé par deux hormones, l’acide
abscissique qui réprimerait la croissance des racines latérales et l’auxine qui l’induirait (Deak
et Malamy 2005). Ces résultats ont été confirmés par une autre étude menée sur A. thaliana
soumis à un stress osmotique par du saccharose ou des sels de nitrates. Dans cette étude, en
plus d’une réduction de la croissance des racines latérales en réponse au stress, il a été observé
une réduction de la croissance de la partie aérienne, comme nous avons pu l’observer dans
nos expérimentations en hydroponie et en rhizobox.
A l’inverse, certains auteurs précisent que lors de la réponse des plantes en condition
hydrique limitée, les racines sont moins affectées que la partie aérienne. Leurs travaux
indiquent que lors d’un stress hydrique modéré, la croissance de la tige est complètement
stoppée alors que celle des racines continue pour d’aller puiser l’eau disponible dans le sol,
afin que la plante puisse terminer son cycle de développement et permette la production de
graines (Roycewicz and Malamy 2012).
Des travaux menés sur A. thaliana cultivée en boite de Pétri et soumis à un stress
osmotique par ajout de PEG dans le milieu, montrent que la réponse de la racine principale est
différente selon le régime hydrique appliqué. Il semblerait qu’un stress hydrique modéré,
correspondant à des valeurs de potentiels osmotiques compris entre -0,23 et -0,51 MPa,
favorise le taux d’élongation de la racine principale. Au contraire, un stress hydrique sévère,
correspondant à des valeurs de potentiels osmotiques compris entre -0,8 et -1,2 MPa,
entrainerait une diminution de la croissance de la racine principale de 50 %. De même ces
auteurs n’ont pas observé de variation dans le nombre et dans la longueur des racines latérales
en conditions de stress hydrique modéré, ou dans les conditions témoins. En revanche un
stress plus sévère réduit ces deux paramètres. Ils ont aussi montré, comme cela avait été
observé chez le Maïs (Sharp et al. 1988), qu’après plusieurs jours de stress modéré ou sévère,
l’épaisseur de la racine diminuait par comparaison avec les témoins (van der Weele et al.
2000). Dans notre expérimentions Rhizobox, le suivi journalier de la croissance racinaire nous
a permis d’observer le même type de résultat. Concernant nos travaux en hydroponie, la
collaboration mise en place avec le laboratoire Xlim-SIC (Université de Poitiers, SIC, Signal,
163
CONCLUSION
Image et Communication) sur l’étude de développement du réseau racinaire en 3D devait
nous permettre de visualiser l’évolution de ce paramètre en condition de stress osmotique.
L’architecture du système racinaire est un des facteurs cruciaux impliqué dans la survie de
la plante car il contribue à l’efficacité d’acquisition de l’eau et des sels minéraux, ce qui
permet son adaptation compétitive dans un environnement donné (Grime et al. 1986). Par
exemple, la majorité des variétés de riz résistantes à la sécheresse possèdent un système
racinaire très ramifié et très profond par rapport au espèces sensibles (Price et al. 1997).
Cependant dans certains cas, il semblerait que ce ne soit pas l’architecture racinaire qui
confère un avantage sélectif mais plus tôt la capacité du système racinaire à répondre à une
signal provenant de l’environnement (Malamy 2005). Par exemple, l’étude de différents
écotypes d’A. thaliana en réponse à la carence en phosphate du sol montre que l’écotype qui
est capable d’augmenter la taille de son système racinaire et des poils racinaires, est celui qui
survit le mieux à cette carence (Narang et al. 2000).
4.3 Transporteurs de sucre et transport de saccharose
La culture en hydroponie et l’accès aisé aux racines a permis une première cartographie de
l’expression des gènes de transporteurs de sucre dans les racines d’A. thaliana . La technique
de macroarray utilisée pour mettre en évidence l’expression de ces gènes a permis de
déterminer les gènes les plus fortement exprimés dans ce compartiment à savoir AtSUC1,
AtSUC2, AtSUC5, AtPLT5, AtPLT6 et AtSTP13.
Les données existant sur l’expression des gènes de transporteurs de sucre dans les racines
(littérature et données d’expression microarray Genevetigator ou Arex) peuvent être très
différentes en fonction du système de culture utilisé (boite de Pétri, terre) mais aussi des
conditions de culture des plantes. D’autre part, il apparaît que certains gènes qui avaient été
décrits comme exprimés dans les racines (Buttner 2010 ; Sauer et al. 1991 ; Yamada et al.
2011) ne sont pas retrouvés dans nos analyses. Ceci peut s’expliquer dans la mesure où la
technique de macroarray n’est certainement pas la plus sensible. Néanmoins, elle a permis
l’analyse d’un grand nombre d’échantillons et correspondait à notre objectif d’identifier les
gènes de transporteurs de sucre les plus exprimés dans les racines.
Nous avons déjà discuté le fait que, dans les interprétations, nous avons considéré que le
principal niveau de régulation était transcriptionnel et que le niveau d’expression d’un gène
pouvait donner une bonne indication de l’activité de la protéine correspondante. Cette dernière
164
CONCLUSION
affirmation est certainement à nuancer et nous indiquerons des pistes d’études dans les
perspectives. Un des buts de cette thèse était de trouver des relations entre l’expression des
transporteurs de sucre et certains phénomènes reliés au transport de ces sucres, à savoir la
biomasse des organes, la teneur en sucre et en amidon, l’activité de transport à longue
distance, avec une attention particulière portée sur les racines. En effet, le transport des sucres
vers les racines est encore très mal connu, malgré l’importance d’un système racinaire
fonctionnel pour la croissance et le développement des autres organes de la plante. Tout au
long de la croissance de la plante, les racines représentent un organe puits qui doit être
maintenu en état de capter l’eau et les minéraux jusqu’aux stades ultimes (remplissage des
graines). Il était donc intéressant de suivre l’évolution des racines au cours du développement
et au cours d’un stress osmotique, lorsque la compétition entre puits va être modifiée par un
facteur externe.
Nos résultats suggèrent que la force de puits des racines est diminuée lors de l’apparition
des organes liés à la reproduction. Toutefois, il est à noter que le transport du saccharose, bien
que diminué, est maintenu dans les racines jusqu’au dernier stade de développement des
plantes, comme l’ont montré les expériences avec le saccharose radiomarqué. En effet, le
système racinaire fournit un apport constant d’eau et de nutriments, permettant le
développement et la croissance de tous les organes de la plantes, et ce jusqu’au dernier stade
de développement. Des travaux réalisés par Gersani et collaborateurs (2001) sur le soja ont
d’ailleurs montré une corrélation directe entre l’augmentation de la biomasse racinaire et
l’augmentation du nombre de graines produites par la plante. La racine doit par conséquent
être constamment alimentée en matière carbonée pour assurer son bon fonctionnement,
impliquant le maintien d’une certaine force de puits dans ce compartiment.
Le maintien de cette force de puits au niveau des racines pourrait faire intervenir plusieurs
transporteurs de sucre. Les résultats ont montré l’expression constante de 3 gènes de
transporteurs de saccharose, AtSUC1, AtSUC2 et AtSUC5, tout au long du cycle de vie de la
plante. Il est possible de penser que ces trois transporteurs de saccharose ont un rôle à jouer
dans le maintien de la force de puits en permettant le déchargement phloème dans le
compartiment racinaire. De la même façon, deux gènes de transporteurs d’hexoses, AtPLT5 et
AtPLT6, sont aussi exprimés régulièrement dans les racines au cours du cycle de vie d’A.
thaliana . Ces deux transporteurs pourraient eux aussi participer à l’augmentation de la force
de puits des racines en permettant l’import dans les cellules des hexoses issus de l’hydrolyse
du saccharose. En effet, les quantités de saccharose retrouvées dans les racines sont toujours
165
CONCLUSION
beaucoup plus faibles que les quantités de glucose et de fructose, ce qui laisse supposer une
hydrolyse importante du saccharose importé. Ceci est en accord avec les travaux de Freixes et
collaborateurs (2002), qui ont montré que la croissance et la ramification des racines ont lieu
dans les zones de forte concentration en hexoses, et ceux de Wang et collaborateurs (2010)
qui ont relié l’activité de l’invertase vacuolaire avec l’élongation racinaire. L’absence de
quantité d’amidon conséquente dans les racines indique également la nécessité de maintenir
un import continu de sucres dans les racines.
Il faut d’ailleurs noter que dans les expériences sur le stress osmotique, nous avons
observé une diminution systématique de l’expression de certains gènes de transporteurs de
sucre (AtSUC1, AtSUC5…) qui est en accord avec la diminution de la croissance relative des
racines par rapport aux feuilles. Cet arrêt de la croissance des racines lié à un maintien de
l’import du saccharose (même s’il est réduit par rapport aux plantes témoins, comme l’on
montré les expériences avec le
14
C saccharose) pourrait conduire dans certains cas à une
accumulation de sucres solubles (Campagne « stress » et « réhydratation »).
Afin de déterminer la fonction de tous ces gènes de transporteurs de sucre et leur
implication dans la régulation du transport des sucres, l’étude des plantes présentant une
mutation sur ces derniers devra être réalisée (voir perspectives).
4.4 Les sucres
La mise en place du protocole d’application du stress osmotique avec le PEG en culture
hydroponique a aussi permis l’étude de quelques paramètres liés au métabolisme carboné de
la plante en condition de stress osmotique. En ce qui concerne le dosage des sucres solubles il
a été mis en évidence une accumulation systématique de saccharose, glucose et fructose dans
les feuilles en condition de stress. Ce phénomène est probablement dû à un arrêt de la
croissance des feuilles, et donc à un arrêt de la consommation des sucres (Hummel et al.
2010 ; Muller et al. 2011). L’accumulation de ces sucres permettrait ainsi de participer à
l’ajustement osmotique des feuilles mais permettrait aussi de constituer un pool de sucres
directement disponible pour la cellule en fin de stress. Toutefois, il faut noter que dans nos
expériences la quantité d’amidon dans les feuilles ne diminue pas en cas de stress osmotique,
ce qui confirmerait que l’accumulation de sucres solubles observés serait due à l’arrêt de
croissance des feuilles. De plus, dans tous les cas, on observe une diminution importante du
potentiel osmotique des feuilles, ce qui pourrait laisser supposer que l’augmentation des
sucres solubles participe de façon importante à la diminution du potentiel osmotique.
166
CONCLUSION
Toutefois les travaux de Hummel et al. (2010) sur A. thaliana , indiquent que ce sont les
acides organiques et le K+ qui sont les principales molécules responsables de l’ajustement
osmotique. Nous n’avons pas noté d’augmentation significative de K+ dans les feuilles de
plantes stressées dans nos conditions expérimentales, ce qui laisse penser qu’il n’aurait pas un
rôle majeur dans nos conditions.
Lors de l’étude du stress osmotique, deux expérimentations différentes ont été réalisées :
l’étude d’une cinétique de stress et l’étude d’un stress suivi d’une réhydratation. De façon
surprenante, à la fin de la cinétique de stress, les paramètres estimant l’état hydrique des
plantes stressées sont revenus à des valeurs témoins tout comme ce qui est observé en fin de
réhydratation. De la même façon, l’expression des gènes de transporteurs de sucres ainsi que
les gènes marqueurs du stress est retournée à un profil témoins dans les racines stressées.
Cependant, deux phénomènes bien distincts sont à l’origine de la récupération des plantes :
dans un cas les plantes se sont acclimatées au stress osmotique, probablement grâce à un
ajustement osmotique au niveau des feuilles rétablissant une certaine homéostasie de
l’eau (Gagneul et al. 2007) ; dans l’autre cas, c’est la disponibilité nouvelle de l’eau pour la
plante qui permet de rétablir l’homéostasie de l’eau dans les tissus. Dans les deux cas, les
résultats confirment l’application d’un stress modéré sur les plantes, permettant d’une part
l’acclimatation des plantes, et témoignant d’autre part de la réversibilité du stress appliqué
(Bray 2004 ; Martre et al. 2002).
Il est a noté que lors de l’acclimatation des plantes au stress, la teneur en sucre des feuilles
semble ne pas évoluer entre les deux points de stress. Comme nous avons pu le voir
précédemment, le stress osmotique appliqué entraine une inhibition de la croissance des
feuilles, pouvant résulter en une forte accumulation de sucres solubles. La forte quantité de
sucres solubles retrouvée après acclimatation laisse penser que ces derniers ont un rôle à jouer
dans l’ajustement osmotique des plantes. Cette hypothèse est de plus supportée par la mesure
de la biomasse sèche des feuilles qui ne montre pas d’évolution entre les deux points de stress.
Ces résultats semblent corréler les travaux de Harb et collaborateurs (2010) qui montrent que
lors du dernier stade d’acclimatation d’A. thaliana en réponse à un stress hydrique, les plantes
ont établi une nouvelle homéostasie, en ralentissant la croissance foliaire et la consommation
d’énergie, reproduisant ainsi le métabolisme et la physiologie d’une plante bien irriguée.
167
PERSPECTIVES
5 PERSPECTIVES
168
PERSPECTIVES
La première perspective que l’on doit envisager est la répétition de certaines expériences
de type « Campagne ». La campagne « réhydratation » a été répétée mais les valeurs de
certains paramètres (RWC notamment) ont été trop contradictoires avec les résultats présentés
dans la thèse pour pouvoir être inclus. Dans la répétition de ces expériences, un soin
particulier devra être apporté aux mesures (RWC, potentiel osmotique) qui renseignent sur
l’état hydrique des plantes. Nous pensons ajouter la mesure du potentiel hydrique dans une
chambre à pression, via un adaptateur nouvellement acquis au laboratoire.
Une autre perspective que l’on peut envisager est bien évidemment d’étudier les mutants
d’insertion sur les gènes de transporteurs que nous avons identifiés. Les mutants à étudier en
premier seront suc1 et suc5, pour comprendre le rôle de ces transporteurs dans la croissance
racinaire. Ces mutants ont déjà été caractérisés (Sivitz et al. 2008 ; Baud et al. 2005), mais les
auteurs n’ont pas cherché un phénotype particulier au niveau des racines. C’est pourquoi nous
pensons qu’il sera intéressant d’utiliser les différents systèmes de culture mis au point dans
cette thèse. Une première tentative sur le mutant suc1 a permis de constater une croissance
normale en hydroponie. Il pourrait donc être intéressant de réaliser des doubles mutants y
compris entre un transporteur de saccharose et d’hexose (AtPLT6 et AtSTP13).
Nous n’avons pas prévu de travailler sur le mutant suc2 car sa croissance est trop réduite
(Gottwald et al. 2000, Srivastava et al. 2008). En revanche, il pourrait être intéressant de
travailler sur ce mutant complémenté pour l’expression d’AtSUC2 dans les feuilles mais pas
dans les racines (Srivastava et al. 2008) pour étudier la croissance racinaire alors qu’AtSUC2
ne sera plus exprimé dans cet organe.
De plus, un autre type de matériel végétal aurait pu être utilisé dans notre étude. En effet,
il pourrait être intéressant de tester la réponse de différents écotypes existant chez A. thaliana
à un stress osmotique en hydroponie ou à un stress hydrique dans les rhizobox. Ceci nous
permettrait d’isoler des écotypes présentant d’une part des adaptations différentes aux
conditions de stress appliqué et d’autre part des tailles de réseaux racinaires contrastées leur
permettant une adaptation à ces milieux. Il serait alors intéressant d’étudier l’expression des
transporteurs de sucre sur les écotypes présentant les architectures racinaires les plus
contrastées. De plus, il a déjà été montré qu’il existait une variabilité naturelle dans la taille du
système du réseau racinaire chez A. thaliana (Armengaud et al. 2009).
Afin de mieux comprendre le rôle de ces gènes, la localisation de leur expression par
hybridation in situ sera également réalisée sur les racines. Cela permettra de localiser leur
expression dans les différents types de racines et dans les différentes zones de la racine
169
PERSPECTIVES
(Derbyshire et al. 2008). De façon complémentaire, à moyen terme, la localisation des
protéines sera également envisagée à l’aide d’anticorps spécifiques, ce qui permettra de vérifier
s’il y a une bonne corrélation entre l’expression d’un gène et la quantité de protéines
correspondantes.
Une autre perspective consistera à approfondir les résultats déjà obtenus avec les
rhizobox. Comme nous l’avons indiqué, l’avantage de ce système est de pouvoir visualiser et
quantifier la croissance en 2 D des racines. Le protocole d’application de la contrainte
hydrique pourra être amélioré et nous envisageons également de réaliser des expériences de
transport à longue distance de
14
C saccharose. Ceci permettra d’avoir une image de la
répartition de la radioactivité entre les différentes zones du système racinaire.
En conclusion, cette thèse a permis de jeter les bases de l’étude des échanges carbonés
entre feuilles/source et racines/puits, et de suivre l’évolution de ces échanges au cours du
développement et lors d’un stress osmotique. De nombreuses données, assez exploratoires,
ont été collectées et permettront de concevoir de nouvelles expériences. Les résultats sur les
transporteurs de sucre exprimés dans les racines sont importants dans la mesure où ils
permettent de dresser une première cartographie de ces transporteurs. De même l’étude de la
réponse à un stress osmotique modéré a permis de montrer que les racines, même si leur
croissance est globalement réduite, sont toujours approvisionnées en saccharose, tout au long
de l’application du stress. Ces résultats permettront de mieux comprendre l’adaptation des
plantes à la contrainte hydrique.
170
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ANNEXE 1
Figure 107 : Schéma du protocole expérimental de l'« Essai stress C24 ». Les 36 plantes
de l’écotype C24 sont cultivées dans 2 bacs araponics individuels (bac témoin et bac stressé ;
18 plantes/bac) pendant 28 jours dans le milieu nutritif. Au bout de 28 jours de culture (J28),
une première dose de PEG est ajoutée au milieu nutritif du bac réservoir St, permettant
d’atteindre une concentration de 0,5%. Par la suite, 0,5% de PEG est ajouté au milieu nutritif
tous les 2 jours jusqu’à atteindre la dose de 5% à J46. Les plantes sont laissées une semaine à
cette concentration puis à J+51 la concentration en PEG dans le milieu nutritif est augmentée
pour atteindre 6%. Les plantes (témoins et stressées) sont récoltées 5h après l’application de
la dose 6%.
Figure 108 : Photographies des racines et des rosettes de l'écotype C24 d' Arabiodpsis
thaliana au cours de la mise en place du stress hydrique. (A) : Photographie du
brunissement des racines de l’écotype C24 un jour après l’application de 0,5% de PEG dans le
milieu de culture (J29). (B) : Photographies des rosettes de l'écotype C24 un jour après
l’application des concentrations PEG de 1%, 2%, 3%, 4% et 5% soit respectivement à J 31, J35,
J39 J43 et J46 (C) : Photographies des rosettes de l'écotype C24 après l’application de 5% de
PEG à J46, J48, J50 et J52 et après 5h d'application de la dose 6% (J53).
La mise en place du stress osmotique a été effectuée sur l’écotype C24 d’A. thaliana
(« Essai stress C24 » ; Figure 107). Le début du stress a été effectué après 28 jours de culture
(J28) et la concentration en PEG a été augmentée de 0,5% en 0,5% tous les 2 jours jusqu’à
atteindre une concentration finale de 5% à J46. Les plantes sont laissées 5 jours à cette
concentration jusqu'à J53, puis la concentration en PEG dans le milieu de culture a été
augmentée de 1%, pour atteindre la concentration finale de 6%. L'évolution phénotypique des
plantes a été observée tout au long de l'application du stress (Figure 108).
La première modification phénotypique des plantes stressées a été observée un jour après
l’application de 0,5% de PEG (J29) dans le milieu de culture. En effet, pour cette
concentration de PEG, un brunissement des racines stressées a été constaté sur l'ensemble des
plantes stressées alors que les racines des plantes témoins restent blanches.
L’aspect des rosettes a aussi été observé au cours de l'application de PEG. Aucun
symptôme n’est observé sur les rosettes avant l’application de la dose de 5% de PEG (J46). En
revanche un jour après l'application de cette concentration de PEG aux plantes (J 47), un
flétrissement des feuilles de rosettes est observé pour les plantes stressées (Figure 108B).
Afin de déterminer combien de temps les plantes sont capables de tolérer cette dose de
PEG, elles ont été maintenues à cette concentration pendant 5 jours. L'observation des rosettes
montre une accentuation des symptômes de flétrissement des feuilles tout au long de cette
période (Figure 108C). Cependant, cette dose de PEG n'entraîne pas pour autant la mort des
plantes sur la période de stress étudiée, ce qui semble indiquer une certaine acclimatation des
plantes à la contrainte osmotique induite par 5% de PEG.
Les plantes tolérant la concentration de 5% de PEG, nous avons augmenté la dose de
PEG de 1% pour obtenir une concentration de 6% (J53). L'application de cette dose a entraîné
un dessèchement rapide de l'ensemble des feuilles dès les premières heures (5h) suivant son
application. Dès le lendemain, l'ensemble des feuilles était complètement desséché ce qui
semble indiquer que la dose 6% de PEG représente une dose létale pour les plantes de
l'écotype C24 d'A. thaliana . Cette expérience a donc permis de montrer que les plantes étaient
capables de tolérer sans problème une concentration en PEG de 5%.
Etude du transport des sucres dans les racines d’Arabidopsis thaliana au cours de son cycle de
développement et en réponse à un stress osmotique
Au cours de la contrainte hydrique, l’allocation des sucres dans les différents organes de la plante
va être profondément modifiée. Cette répartition requerrait l’activité spécifique de transporteurs
membranaires : les transporteurs de sucres. En effet, ces protéines jouent un rôle aussi bien dans le
transport des sucres à longue distance que dans leur répartition fine au sein d’un même organe.
Parce que les racines sont des organes difficiles à étudier, peu de données sont disponibles sur le
transport des sucres ainsi que sur les transporteurs de sucre dans les racines d’A. thaliana . Pour ce
faire, il a été choisi de mettre en place la culture en hydroponie afin de récolter une grande quantité de
matériel végétal non souillé par la terre. Dans le but de mimer un stress hydrique en culture
hydroponique, un protocole d’application de stress osmotique par ajout progressif de polyéthylène
glycol (PEG) a été mis au point.
L’analyse par macroarray de l’expression des gènes de transporteurs de sucre des racines a révélé
l’expression d’AtSUC1, AtSUC2, AtSUC5, AtPLT5, AtPLT6, et AtSTP13 au cours du développement
de la plante. Parmi les 6 gènes de transporteurs de sucres identifiés, 5 présentent une expression
différentielle en condition de stress osmotique. Trois d’entre eux sont fortement réprimés : AtSUC1,
AtSUC5 et AtPLT6 et 2 présentent une surexpression : AtSUC2 et AtSTP13. Parallèlement, il a été mis
en évidence un ralentissement du transport de saccharose dans les racines des plantes en condition de
stress. L’implication des gènes de transporteurs de sucres dans les modifications du transport des
sucres dans les racines est discutée.
Mots clés : Arabidopsis thaliana , racines, hydroponie, transporteurs de sucre, stress osmotique.
Sugar transport in roots of Arabidopsis thaliana during its life cycle and in response to an
osmotic stress
During water stress, sugars allocation in the different organs of the plant will be strongly altered.
This redistribution would require the specific activity of membrane transporter: sugar transporter.
Indeed, these proteins play a role in both long distance sugar transport and fine distribution through
different organs of the plant.
Due to the difficulty of studying this compartment, few data are available on sugar transport and
sugar transporter in the roots of Arabidopsis thaliana . In order to make it possible, hydroponic culture
has been established to raise a large amount of plant material unsullied by the earth. To mimic water
stress in hydroponics, an osmotic stress was developed by gradually adding polyethylene glycol (PEG)
in the growth medium.
Roots sugar transporters gene expression has been analyzed by macroarray and revealed the
expression of AtSUC1, AtSUC2, AtSUC5, AtPLT5, AtPLT6 and AtSTP13 during plant development.
Among these six sugar transporters genes, 5 show differential expression in osmotic stress, 3 are
strongly repressed: AtSUC1, AtSUC5 and AtPLT6 and 2, AtSUC2 and AtSTP13 are slightly up
regulated. In parallel, a slow transport of sucrose to the roots of plants was maintained under osmotic
stress. The involvement of these sugar transporters genes in changes of sugar transport in roots is
discussed.
Key words: Arabidopsis thaliana , roots, hydroponic, sugar transporter, osmotic stress.
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