Les insectes auxiliaires du jardin

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Maintenir la biodiversité
dans le Grand Lyon
Les insectes auxiliaires
du jardin
Définitions
Les ravageurs sont des
organismes qui se nourrissent
des plantes cultivées, des stocks
alimentaires ou du bois de
construction.
Les auxiliaires agissent de
manière antagoniste à celle des
ravageurs.
Doryphore
Courtilière
• Les parasitoïdes des ravageurs pondent un ou
plusieurs œufs selon l’espèce, dans ou sur leur hôte
(au stade œuf ou larve). Les larves commencent
par manger les parties non vitales (réserves de
graisses) de l'hôte et finissent par le tuer. Rapidement
apparaît alors une nouvelle génération, qui se met
aussi prestement, en chasse de nouveaux hôtes.
De nombreux petits hyménoptères parasitent des
pucerons, des chenilles...
Parmi les mouches, il convient
de citer les tachinaires, souvent
trapues et pourvues de poils
hérissés, qui parasitent des
chenilles, des punaises...
Tachinaire
• Les pollinisateurs participent quant à eux, grâce au
transport du pollen des fleurs, à la formation de fruits
et donc des graines. Citons naturellement les abeilles
(près de 1000 espèces en France !) qui pollinisent 80%
des plantes sauvages et 70% des plantes cultivées en
Europe.
Abeilles sauvages
Eucère mâle
Parmi les insectes auxiliaires de
cultures, on peut distinguer :
• Les prédateurs des ravageurs.
Ces chasseurs, spécialisés ou
généralistes, possèdent des
armes adaptées à la capture
de leurs proies : des pattes
ravisseuses, un stylet ou un dard
venimeux. Certaines espèces
chassent des proies pour nourrir
leurs larves.
Staphylin odorant
• Le rôle des décomposeurs,
ou recycleurs, est aussi
primordial : ils transforment
la matière organique morte,
en substances assimilables
par les plantes.
Les scarabées bousiers,
comme certains asticots,
se nourrissent d'excréments.
D'autres consomment encore
les cadavres, les végétaux
morts et pourrissant...
Anthidie femelle
Copris, un bousier
cornu
Mouches domestiques
Dans la Nature, un équilibre existe entre les
ravageurs et les auxiliaires ; chaque ravageur
a souvent plusieurs ennemis naturels.
Chaque année, la France déverse plus de 75 000 tonnes de pesticides, dont évidemment une
large part (80 à plus de 90% !) est larguée en pure perte ; en outre, presque 10% des produits
sont utilisés par les jardiniers amateurs, qui épandent parfois 5, même 10 fois plus de produits
au m² qu'un agriculteur !
L'Institut Français de l'ENvironnement (IFEN, sous l'égide du Ministère de l'Environnement)
rapporte, en 2007, que 91% des eaux de surface et 59% des nappes phréatiques
contiennent des traces de pesticides.
On continue pourtant à utiliser abusivement des pesticides (herbicides, insecticides...)
chimiques à large spectre, dont les effets sont dévastateurs sur la faune utile.
Pour un traitement ciblant une espèce d’insectes ravageurs, des dizaines, des centaines
d’espèces d’insectes auxiliaires, selon les produits, sont aussi atteintes.
Les principaux groupes d’insectes auxiliaires :
Coléoptères prédateurs :
- Carabes
- Staphylins
- Vers luisants
- Coccinelles
Diptères prédateurs :
- Syrphes
- Tachinaires
Larve de ver luisant
Larve de coccinelle
Syrphe sur lierre
Hyménoptères parasitoïdes :
- Ichneumons
- Braconides...
Ichneumon
- Guêpes, frelons
Névroptères
prédateurs :
- Sphégiens
Larve de
chrysope
- Chrysopes, Hémérobes
Chrysope
Ichneumon
Hyménoptères prédateurs :
Tachinaire hérisson
Hétéroptères prédateurs :
- Punaises
Hétérotome
Frelon
Ammophile
Réduve
Quelques dégâts sont parfois causés par des insectes auxiliaires, dégâts cependant négligeables
par rapport aux services gratuits rendus. Par exemple, les perce-oreilles peuvent, surtout l'été,
ronger quelques fleurs ou se glisser dans les noyaux de fruits, mais au printemps, ils dévorent
essentiellement pucerons et petites chenilles des arbres fruitiers !
Dermaptères :
- Perce-oreilles
Perce-oreille
Autres arthropodes:
Mille-Pattes :
- Lithobie, scutigère...
Lithobie
Et dans nos jardins ?
Pour qu’un jardin fonctionne, il faut le comprendre
comme un véritable écosystème, dans lequel des
auxiliaires de cultures régulent les populations de
ravageurs. Ainsi, une prolifération intempestive indique
généralement un déséquilibre entre les ravageurs et
leurs ennemis naturels. Sans contraintes, les ravageurs
peuvent se multiplier rapidement et causer des dégâts
importants aux cultures. Il faut donc repenser notre
manière de jardiner et on doit se demander :
que manque-t-il à mon jardin pour que les auxiliaires de
cultures soient présents ?
Les différentes formes de luttes naturelles permettent
de maîtriser le développement des ravageurs ; c'est
une alternative efficace à l’utilisation de pesticides.
Araignées :
- Orbitèles, tisseuses...
- Araignées-crabe,
coureuses, sauteuses...
Épeire fasciée
Comment attirer ces auxiliaires
de cultures ?
Et n'oublions pas les nombreux
amphibiens, reptiles, oiseaux,
mammifères...
L'installation d'auxiliaires dans son jardin dépend de
plusieurs facteurs ; pour accomplir leur cycle, les
auxiliaires ont besoin de sources de nourriture variées
(souvent différentes selon le stade de développement),
mais également d'abris (nuit) et de zones de refuge
(hiver, été), en résumé d'un jardin diversifié en
essences, en micromilieux...
Pour obtenir un milieu favorable : diviser les jardins
en micromilieux ; créer de nombreux petits recoins
• Laisser des coins de jardin en friche (toute l’année) : plusieurs mètres
carrés disséminés permettent d'héberger de nombreuses espèces
d’insectes.
• Préserver des friches, bandes fleuries et enherbées, comme abris
et sources d'alimentation de certains adultes ou comme réserves de
proies alternatives pour les prédateurs.
• Préserver ou créer des boisements (haies et bosquets) avec des
Gîte à chrysopes
plantes indigènes (originaires de la région), diversifiées, comme
sources de pollen et de nectar pour les auxiliaires adultes.
• Préserver ou créer des mares et points d'eau pour que les animaux puissent boire....
• Créer des abris et refuges en laissant des tas de bois mort, des arbres morts, des tas de
feuilles, de pierres, des tuiles.... Installer des nichoirs.
• Dans son jardin potager : pratiquer des plantations mixtes et la rotation de cultures,
éviter les grandes surfaces de même espèce et associer les cultures (défense, stimulation
réciproque).
Quelques gestes favorables aux
insectes auxiliaires de cultures :
• Ne pas utiliser de pesticides : les ennemis
naturels seraient aussi tués. Et une fois le milieu
déséquilibré, les ravageurs et les adventices ne
pourront que proliférer !
• Ne pas brûler les végétaux, c'est inutile, polluant
(dégagement de CO2...) et très destructeur.
• Tondre le moins souvent possible et le moins ras
possible (surtout en été) et uniquement les surfaces
utiles ; insectes et autres bestioles sont broyés par
la tondeuse.
Ainsi, nul besoin d’acheter des insectes auxiliaires
pour votre jardin, il faut pratiquer autrement.
Utilisez ces conseils et bénéficiez de l'assistance
spontanée de la nature de proximité...
Un jardin trop « propre », aseptisé,
est donc un milieu en total déséquilibre,
sans défense, propice à la prolifération des
ravageurs et adventices !
Le saviez-vous ?
Les insectes représentent la grande majorité
des animaux connus (près de 80% !).
La France compte près de 40 000 espèces,
presque autant que les espèces de
vertébrés de la planète !
Seule une faible part des insectes cause
des dommages aux cultures, aux denrées
alimentaires, au bois d’œuvre et de
charpente. Tandis que la majorité se
compose de prédateurs, qui chassent
d’autres insectes. Et parmi eux se trouvent
de nombreux auxiliaires.
Dans le même ordre d’insectes, on peut
donc trouver des ravageurs et des auxiliaires.
C’est le cas des punaises. Ne tuez donc pas
systématiquement ces insectes, mais sortez
plutôt vos loupes !
Selon le stade de développement de
l’insecte, son régime alimentaire évolue :
une larve peut être carnivore, puis se
transformer en un adulte nectarivore.
Exemple : certains syrphes, chrysopes,
parasites. Il est donc essentiel de fournir
des sites d'alimentation pour chaque stade.
Un insecte auxiliaire comme une larve de
coccinelle (Coléoptère) mange plusieurs
dizaines de pucerons par jour. Elle fait partie
des insectes spécialistes d’un groupe de
ravageurs (les pucerons). Par contre, d’autres
insectes auxiliaires sont des généralistes
comme les chrysopes (Névroptère) qui
s’attaquent à divers pucerons, cochenilles,
acariens, chenilles, psylles et aleurodes.
Les insectes ne sont pas les seuls auxiliaires
de cultures, les oiseaux (ex : mésanges,
rouge-queue...), les mammifères
(ex : chauve-souris, hérisson), les amphibiens,
les reptiles, les acariens (ex : Phytoseidae)
peuvent être, de précieux aides.
Coccinelle à sept points
Carabe doré ou Jardinière
Et les syrphes ?
Qui n’a jamais vu ces insectes au vol
stationnaire parfait, dont la livrée évoque
généralement une guêpe ou une abeille ?
Les syrphes, de l’ordre des diptères
("mouche"), sont de précieux auxiliaires :
leurs l arves sont , selon les espèces,
aphidiphages (se nourrissent de pucerons),
parasites ou détritiphages, tandis que tous
les adultes participent à la pollinisation des
fleurs. Plus de 500 espèces en France !
Syrphe écrit butinant
Pour en savoir encore plus :
Les relations entre les plantes et les insectes évoluent depuis plusieurs dizaines de millions
d’années et sont aujourd'hui très diversifiées : le mutualisme, comme la pollinisation ou la
symbiose sont à bénéfice réciproque. Mais il existe aussi le commensalisme (à bénéfice non
réciproque) comme le mimétisme (insectes imitant des végétaux) ; l'antagonisme comme le
parasitisme (un organisme tire profit de l'autre), l'herbivorie ou les plantes insectivores sont
encore d'autres exemples connus.
Les interactions tri-trophiques impliquent trois organismes différents ; par exemple, lorsqu'une
plante, endommagée par des ravageurs, émet des signaux chimiques pour attirer certains
prédateurs ou parasitoïdes du ravageur. Elle signale ainsi la présence d’une proie ou d’un hôte
potentiel.
Au cours de l’évolution, les plantes ont développé des
défenses physico-chimiques contre leurs ravageurs, tandis
que les insectes ont acquis des défenses et des résistances.
Hôtel à
hyménoptères
Laissons donc agir les plantes et les insectes, et apprenons
à tirer avantage des interactions qu’ils développent depuis
si longtemps !
Syrphe ceinturé en vol
stationnaire
Syrphe éristale butinant
Les espèces à larves aphidiphages :
Larves de syrphe
dévorant des pucerons
Les femelles pondent leurs œufs à proximité
des colonies de pucerons ; une fois écloses,
les larves mangeront plusieurs dizaines de
pucerons par jour.
Lorsque ces insectes attaquent vos plantes,
patientez quelques jours, vous observerez les
syrphes, et autres prédateurs, faire un gros
travail. Mais il faut avoir un jardin accueillant
pour ces insectes. Favorisez donc la vie dans
l'environnement des cultures, pour que les
auxiliaires accomplissent entièrement leur
cycle de vie !
La spirale à insectes est un exemple
d’aménagement qui favorise l’implantation
des auxiliaires de cultures.
Sa structure en pierres, montées en forme
de spirale, permet d’emmagasiner la
chaleur, ainsi on peut cultiver certaines
plantes aromatiques nectarifères
méditerranéennes, sur un sol maintenu
désherbé manuellement.
Des bestioles très diverses ont la
possibilité de nicher dans les interstices
entre les pierres et sur le sol sec.
Spirale à insectes
Informations et
formations sur les
auxiliaires de cultures :
Arthropologia propose des formations
pour les professionnels (espaces verts,
jardiniers, agriculteurs, étudiants...) pour
appréhender ce monde si particulier des
insectes, des plantes sauvages et de leur
environnement.
Des notions théoriques et des sorties
pratiques sur les insectes auxiliaires de
cultures permettent à chacun d’apprendre
à reconnaître ces précieuses aides.
Nous organisons également des sorties
tous publics, des ateliers, des expositions
ou des conférences.
N’hésitez pas à nous contacter.
Rue des Roches
69210 Sourcieux les mines
[email protected]
www.arthropologia.org
Tél. : 04 78 35 34 25
POUR ALLER PLUS LOIN !
• M. Chinery, Insectes de France et
d’Europe occidentale, Flammarion.
• J.N. Reboud, Les insectes
wentomophages, ACTA.
• J.P. Thorez, Le guide du jardinage
biologique, Terre Vivante.
• V. Albouy, Le jardin des insectes,
Delachaux et Niestlé.
Photos : H. MOURET, D. BOURGEOIS, Arthropologia
L. SCHWAB, L. BARBU, Arthropologia
Textes et réalisation : Hugues MOURET, Arthropologia
Ce document a été réalisé avec le soutien du :
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