Le coin des rageux aussi fête Noël en avance ! Ce matin je regardais tranquillement les Totally Spies sur une chaîne du satellite dont il m’est interdit de citer le nom (neutralité du coin des rageux oblige). Jusque là, vous vous demandez sûrement quel peut être l’intérêt de cet article, a priori mes tentatives désespérées pour me convaincre que je ne suis pas devenu aussi vieux et rétrograde que je ne le suis réellement ne vous concernent pas. Mais, car il y a un mais, je fus soudain assailli par une coupure de publicité au moment crucial où j’allais enfin savoir quel détraqué pouvait bien attaquer tous les restaurants de Sushi de la côte Est avec une armée de poulpes géants ! Passé la rage soudaine (quoique naturelle) provoquée par l’interruption de mon programme matinal, je jetais un œil distrait aux spots qui défilaient à l’écran, présentant divers jouets fabuleux, période de pré-Noël oblige (je n’allais quand même pas zapper et risquer de rater la reprise de mon émission !). Et là, je fus soudain frappé par cette étonnante réalité : « Mais dans quel monde vivons-nous ?! ». Des publicités complètement stéréotypées aux jeux d’acteur minables, deux catégories très nettes de jouets, pour les petites filles propres sur elles d’une part, pour les petits garçons à tendance violente d’autre part, des jouets grotesques en plastique mal dégrossi, des concepts sans originalité s’appuyant honteusement sur de grosses licences pour appâter le chaland ! Ce ne sont donc que les ratés des écoles publicitaires et de marketing qui s’occupent des jouets pour enfants ?! Leurs capacités limitées ne leur permettent-elles pas d’arnaquer plus haut qu’un bambin de 5 ans, que la société ne pousse même pas à faire la différence entre niaiserie et réalité ? Mais vous vous dites sûrement que j’exagère, que je ne suis qu’un vieux rétrograde persuadé que c’était mieux avant, et que d’ailleurs je vous l’ai avoué en début d’article. Alors voici ce que j’ai vu : Dans une ambiance rose et mièvre à souhait, amplie de fausses dentelles et de paillettes rajoutées sous paint® (vu la qualité des effets graphiques), une voix déclare soudain pendant que la caméra zoom niaisement vers une petite fille au sourire forcé « Mon petit poney, my little poney® ! ». Cette introduction ne fait par ailleurs que confirmer la détestable tendance qu’ont les programmes adressés aux plus jeunes de vouloir introduire de manière tout à fait arbitraire et anti-pédagogique de sommaires conceptions d’anglais. Ainsi, qui regarderait Dora l’exploratrice avec grande attention, saurait tout au plus baragouiner (avec un horrible accent) deux ou trois phrases à l’intérêt contestable « Mix and mix your chocolate », « We did it », « F*** me i’m famous » ! Mais ça ne s’arrêtait pas là : la voix de surenchérir immédiatement : « Avec son scooter radiocommandé, il va où ça lui plaît ! ». Un poney, sur un scooter ?! Mais bon sang quoi ! Allo, la Terre, faut arrêter la coke là ! « En plus, il fait de vrais bruits de scooter » alors qu’un ridicule « pouet » se faisait entendre. Et la petite fille accompagnée d’une amie au sourire tout aussi forcé de se lancer dans une course effrénée de poneys sur scooter… Juste après quoi, un spot s’ouvre sur un marais aux eaux saumâtres bordé d’arbres morts où s’affrontent deux robots Bionicles® à coup de « lance-missiles » qu’il faut actionner à la main et dont la portée ne dépasse pas quelques dizaines de centimètres. Le tout filmé par un caméraman sous l’emprise de la boisson pour tenter de donner un côté dynamique à la scène complètement figée. Suivi de l’exclamation grandiloquente « Choisis ton camp ! », ridicule prise à parti proposant un choix cornélien entre le monstre vert et le monstre bleu. On croirait lire le dos d’un paquet de céréales : « Toi aussi prends ton lanceur Batman et protège Gotham ! ». Mais alors vous me direz que les enfants ont une grande capacité d’imagination, que peu importe que le missile ne parcoure pas plus de 15cm ou que le scooter du poney se traîne comme un escargot famélique, que tant qu’ils s’amusent les cm seront pour eux des dizaines de km et les km.h-1 des ua.s-1. Mais justement ! Puisque les enfants ont cette formidable capacité d’imagination, il est ridicule, voire même nuisible, de leur fournir ces jouets à l’ambition réduite, conçus dans l’optique d’une utilisation unique et prescrite par le fabricant, et dont le potentiel ludique limité ne pourra avoir pour effet au mieux que de les lasser, au pire de scléroser leur inventivité. Au moins les Pokémons, ça faisait travailler la mémoire !