SOMMET MONDIAL DES REGIONS « CHANGEMENT CLIMATIQUE : LES REGIONS EN ACTION » Saint-Malo (F), 29/30 octobre 2008 Lieu de réunion : Palais du Grand Large, Saint-Malo (F) Session 4: Echange et transfert de compétences - Mise en réseau - Coopération Intervention de l’Ambassadeur Callixte d’Offay, Secrétaire général de la Commission de l’Océan Indien Participer au Sommet mondial des régions « changement climatique : les régions en action » présente pour la Commission de l’Océan Indien (COI) une double opportunité : La première est de faire entendre, dans ce forum de solidarité Nord/Sud, la voix des Etats insulaires, La seconde est de présenter, dans cet atelier sur les capacités d’action régionale, la Déclaration commune adoptée en juillet 2008 par les Etats membres de la COI sur ce défi. Je remercie donc chaleureusement, la Région Bretagne et le réseau nrg4SD ainsi que la CRPM (Conférence des régions ultra périphériques maritimes) pour l’organisation de ce sommet et pour leur invitation. La Commission de l’Océan Indien regroupe 5 Etats membres, les Comores, la France (Réunion), Madagascar, Maurice et les Seychelles. Dans ce cercle de proximité, il y a 25 ans, l’organisation de coopération régionale a été créée sur des liens d’amitié et de solidarité. Sur ces mêmes valeurs, la COI axe aujourd’hui sa stratégie sur le développement durable et équitable de ses îles. Cependant le développement et dans certains cas, les objectifs du millénaire sont aujourd’hui compromis par la perte de la biodiversité, richesse inestimable sur laquelle reposent les économies insulaires des pays de la COI. Les îles de l’Océan Indien constituent l’un des 34 « hotspots » mondial. Ce « haut lieu » de la biodiversité est fortement menacé et ce, de façon cumulative, par les facteurs climatiques, les facteurs humains et les facteurs environnementaux. Les Etats membres de la COI sont parfaitement conscients que le changement climatique représente un multiplicateur de menaces. Ils ont donc, lors de la Conférence de Saint Denis, en juillet 2008, « appelé l’attention de la communauté scientifique internationale sur les conséquences à long terme du changement climatique sur ses territoires, particulièrement exposés et vulnérables en terme de dégradation de l’environnement, de menaces sur les ressources naturelles et marines, d’impact sur la santé des êtres humains et d’atteinte à leurs économies ». A cette occasion, ils ont réaffirmé «l’importance d’une véritable politique d’adaptation complémentaire des politiques d’atténuation » et ce, dans l’esprit des principes et engagements internationaux et européens pris depuis 2002. L’engagement régional face au changement climatique n’est également pas nouveau, il a été réaffirmé pour la 3e fois par les Etats membres de la COI en 2008. Cet engagement se traduit par « la volonté de faire de l’Océan Indien une zone d’application en matière d’adaptation et de lutte contre le changement climatique » Il est important de souligner que l’action régionale dans le cadre de la COI respecte le principe de subsidiarité et s’inscrit en termes de coordination, de cohérence et de complémentarité avec les initiatives nationales en cours. Cet ancrage se retrouve d’ailleurs autour du processus des secondes communications nationales, et du Plan Climat de la Réunion. St Malo08_Sommet Changement climatique Documents de travail _Version du 21 septembre Page 2 sur 5 Mesdames et Messieurs, Pour présenter la position de la COI sur les capacités d’action, je m’appuierai sur la Déclaration commune des Etats Membres adoptée à St Denis de la réunion, en juillet 2008. A cette occasion, les Etats Membres de la COI ont encouragé la Commission européenne et ses partenaires à soutenir un plan global de codéveloppement des îles du Sud Ouest de l’Océan Indien par différentes orientations et actions. Je ne retiendrai ici que les actions opérationnelles relatives, à la mise en réseau, à la coopération et au transfert de compétences, objet de cet atelier. L’intégralité du texte est disponible au secrétariat de ce Sommet. Ces actions pour la mise en œuvre d’un plan global visant le développement commun des îles, portent sur : - le renforcement de la concertation et la coordination régionale par la mutualisation des capacités d’expertise et des outils d’alerte et de prévention des risques dans la région, - la mise en œuvre dans la zone OI des moyens d’observation sur l’évolution et les conséquences du phénomène de réchauffement climatique en mobilisant l’expertise nécessaire y compris celle de tous les pays membres de la COI notamment l’expertise française. Les Etats membres de la COI ont également proposé des actions pour développer : - un programme partenarial d’expertise, de planification et de formation sur les solutions énergétiquement durables, - l’acquisition des données, ainsi que la mutualisation et l’utilisation des données existantes, notamment à travers les programmes de coopération régionale, - la sensibilisation des populations et de la formation, en soulignant le rôle essentiel des associations et des ONG dans la mobilisation citoyenne de cet enjeu. Les actions préconisées par les Etats Membres de la COI nécessitent donc une expertise régionale et internationale, un effort de recherche au niveau régional, la mutualisation des outils et des ressources ainsi que des mécanismes financiers adaptés. Certaines actions pourront être mises en oeuvre, rapidement, dans le cadre du Projet régional « Adaptation au changement climatique dans les pays membres de la COI » qui démarre ce mois-ci. Ce projet a pour objectif le renforcement des capacités de la COI et de ses Etats membres en matière d’adaptation au changement climatique pour le court et moyen terme, mais aussi pour développer des projets et politiques à plus long terme. Le projet fait appel à un partenariat large et réunit l’ensemble des parties prenantes et représentées dans ce Sommet. Au niveau du financement, il réunit la COI et l’UE, le FFEM, le Ministère français des Affaires étrangères et européennes et La Région Réunion. St Malo08_Sommet Changement climatique Documents de travail _Version du 21 septembre Page 3 sur 5 Dans le cadre de ce projet, une Cellule Adaptation au Changement Climatique (CACC) sera créée, au sein du Secrétariat général de la COI. Cette cellule permettra d’optimiser les actions opérationnelles pour limiter les effets du changement climatique. Il est donc fait appel à la Communauté scientifique internationale ici présente pour renforcer et soutenir cette cellule dédiée au changement climatique. Le projet COI/FFEM a été conçu pour être démonstratif et reproductible. Pour cela un dispositif de suivi-capitalisation sera mis en place, dès le démarrage, pour permettre de systématiser cette expérience, et de la rendre applicable dans de bonnes conditions à d’autres ensembles régionaux. J’encourage donc les organisations et organismes présents à ce Sommet à apporter leur concours à sa réussite. Mesdames et Messieurs, Une collaboration fructueuse Nord/Sud est devenue urgente et incontournable dans la région COI. Cette région se trouve en retrait par rapport aux autres bassins (Caraïbes ou Pacifique), tant dans la définition de stratégies d’adaptation au changement climatique, que dans leur mise en oeuvre, qu’il s’agisse d’accéder aux financements destinés à cet effet par les bailleurs multilatéraux comme le FEM, ou de mobiliser des fonds bilatéraux et ressources propres disponibles chez certains pays membres. Un partenariat Nord/Sud optimal renforcerait les capacités d’action de la COI en valorisant ses atouts et en constituant un vivier régional de compétences interdisciplinaires. La COI présente en effet une série d’atouts pour l’action sur le terrain La région est porteuse d’une valeur ajoutée reconnue pour évaluer les menaces et mettre en place des mesures d’adaptation appropriées à la région/COI. La COI est une véritable plate-forme de coopération régionale, nouant des partenariats multi acteurs avec des bailleurs de fonds, des agences de coopération internationale et diverses organisations de coopération régionale, des entreprises et des ONG. La COI est donc apte à échanger avec efficacité les savoir-faire et les meilleures pratiques de terrain en combinant par exemple l’action des gouvernements, du secteur privé et de la société civile Un autre atout pour la COI est la présence au sein de l’organisation et auprès des pays ACP et des PMA, de la RUP REUNION. Cette dernière a vocation à devenir un Pôle d’excellences en matière de recherche/développement durable de protection de la biodiversité, d’énergies renouvelables et d’adaptation aux changements climatiques. La COI a ainsi la capacité à développer des initiatives de façon intégrée depuis les 1ers étapes de la conception et de la recherche, à diriger des projets pilote puis leur mis en œuvre, à coordonner les acteurs et le cadre échéant à soumettre à l’approbation des Etats Membres le cadre politique et législatif nécessaires. St Malo08_Sommet Changement climatique Documents de travail _Version du 21 septembre Page 4 sur 5 Enfin les Programmes et projets régionaux de la COI en cours attestent de l’action de terrain de la COI Outre le projet précité, la COI assure la maîtrise d’ouvrage d’autres projets potentiellement pertinents par rapport aux problématiques de l’adaptation au changement climatique dans les domaines de la mer, des zones côtières, et plus globalement de la biodiversité insulaire. Outre les projets qui lui sont propres, la COI est également reconnue comme partenaire à part entière dans d’autres initiatives menées à l’échelle du continent africain. Il faut signaler en particulier son rôle au sein du dispositif AMESD, qui pourtant opère au niveau de zones plus étendues. La position de chef de file de la COI dans le projet d’Autoroute Maritime pour le Canal du Mozambique (projet FEM), est aussi un signal très positif de reconnaissance de la COI sur la scène internationale dans le domaine de la prévention des risques. Mesdames et messieurs, Favoriser les politiques d’adaptation au Changement climatique et intégrer cette problématique dans tous les secteurs de l’économie régionale nécessite une vision, un programme et un niveau élevé de connaissances scientifiques et de cohérence dans la conception de stratégies tant au niveau national que régional. Si la COI bénéficie d’un cadre instrumental solide en faveur de l’action régionale, elle doit également pouvoir accéder aux programmes de renforcement des capacités ainsi qu’aux financements émergents qui accompagnent ces initiatives. Un renforcement des capacités du Secrétariat général de la COI et de ses Etats membres est donc indispensable pour aborder les aspects scientifiques, techniques et financiers des questions complexes liées au changement climatique. Permettez moi donc de conclure, en citant les propos de Monsieur Rajendra Pachauri, recueillis pour les Dossiers de la Recherche de mai 2008 consacré au Défi climatique. « Ce qui nous manque le plus, ce sont des données régionalisées sur les impacts du réchauffement climatique… ». Il poursuivait en disant : « il faut faire surgir dans différentes parties du monde des compétences locales, notamment en matière de modélisation, de collectes de données, etc.. ». Ce sont ces compétences locales dont nous avons besoin pour travailler sur des modèles régionaux et fournir aux décideurs régionaux des outils d’aide à la décision. La COI entend donc avoir une attitude proactive pour favoriser les initiatives en cours et d’autres initiatives pour un développement régional soutenable. St Malo08_Sommet Changement climatique Documents de travail _Version du 21 septembre Page 5 sur 5