Quelques-uns de ceux qui nous ont précédés sur le chemin – ceux que nous nommons
«les grands initiés» - ont notablement influencé l’évolution de la pensée actuelle. Connaître
leurs œuvres nous aidera à mieux appréhender la réalité du monde ; chacun, à son degré, y
trouvera matière à connaissance et à réflexion.
Pour Pythagore (580-497 av. J-C), un des initiés auquel se réfère la Franc-Maçonnerie :
« Le nombre est le principe de toute chose ». Il traduit l’harmonie de l'univers, qu'il fut le
premier à appeler cósmos, « ordre et beauté ». Selon le philosophe J-F MATTEI (Pythagore et
les pythagoriciens. Que sais-je?), « L'école pythagoricienne fut le premier modèle d'une société
secrète, et donc fermée sur ses particularités, en même temps que le premier exemple d'une
société ouverte sur l'universel par son rôle politique et l'importance accordée à la philosophie ».
Les mathématiques, la musique, la cosmologie, la physique et les applications sur le monde, la
fraternité qui subsiste au-delà de la mort (« entre amis tout est commun » et « un ami est un
autre soi-même »), le secret qui révèle la ligne de fracture entre le visible et l'invisible, sont au
centre de son enseignement, exclusivement oral. La maçonnerie se réfère au pythagorisme:
loges, enseignement ouvert à tous mais ésotérisme réservé à quelques-uns qui font l'effort
d’apprentissage nécessaire, secret absolu, symbolisme, étude des nombres et de la géométrie...
Siddhârta Gautama (env. 563-483 av. J-C) – celui que ses disciples ont nommé « le
Bouddha », l’éveillé – contemporain de Pythagore (comme de Lao Tseu et de Confucius) et,
comme lui mais dans un autre contexte culturel, s’est initié à la nature profonde de l’être et des
lois de l’univers. Le problème central de la vie humaine est la douleur, la souffrance ;
l’expérience et la pratique du Bouddha, ainsi que son enseignement, visent à nous en délivrer
radicalement, i.e., à en trancher la racine. Il a ainsi développé la doctrine du Salut qui s’énonce
en quatre nobles vérités (la douleur, l’origine de la douleur, la suppression de la douleur, le
chemin qui mène à l’extinction de la douleur) et se développe dans le noble octuple sentier (la
compréhension juste, la pensée juste, la parole juste, l’action juste, les moyens d’existence
justes, l’effort juste, l’attention juste, la concentration juste). L’homme est responsable de son
salut. La pensée philosophique grecque, celle d’Epicure (342-270 av. J-C) notamment, entrera
en résonance avec cette doctrine, par l’indépendance ou autarcie que l’homme oppose aux
coups du destin, la quiétude de l’âme... l’ataraxie (absence de trouble, l’équanimité). Il s’agit là
de la pratique de la voie du milieu, la voie de l’équilibre, familière à la pratique maçonnique.
Socrate (470-399 av. J-C) – considéré en Occident comme le premier sage de l'histoire de
la pensée - cherche la vérité rationnellement, sait qu'il ne sait rien, est persuadé que chaque
homme a un cheminement unique et intérieur et favorise l'accouchement des idées par ses
questions. « Connais-toi toi même », « Même seul, même au prix de sa vie, ne pas cesser de
faire le bien ». « Craindre la mort, c'est s'imaginer connaître ce qu'on ne connaît pas. En effet,
personne ne connaît la mort, ni ne sait si elle n'est pas, par hasard, pour l'homme le plus grand
des biens. Cependant on la craint comme si on savait d'une manière certaine qu'elle est le plus
grand des maux. Or n'est-ce pas l'ignorance la plus honteuse que de croire savoir ce qu'on ne
sait pas... ». Condamné à mort, devant boire la cigüe, Socrate dit : « Voici qu'il est l'heure de
nous quitter pour aller, moi vers la mort, vous vers la vie. Qui, de vous ou de moi, s'en va vers
la meilleure affaire, c'est le secret de la Divinité seule ! ».
Platon (427-347 av. J-C). Dans le « Dictionnaire amoureux du ciel et des étoiles »,
l'astrophysicien contemporain Trinh XUAN THUAN écrit : « Quand nous tentons de
comprendre le monde nous nous trouvons confrontés à une dichotomie profonde, celle entre le
temporel et l'intemporel, le devenir et l'être, ou, en termes bouddhiques, entre l'impermanence
et la permanence. Les lois naturelles s'appliquent à un univers en perpétuelle évolution,
changeant, sans arrêt, alors même qu'elles sont immuables et intangibles. ». Poursuivant, il dit: