Mais n’allons pas trop vite, l’enfant, le présent de Dieu, la paix de Dieu est
aujourd’hui encore un petit enfant blotti dans les bras de sa mère. Nous fêtons
aujourd’hui 1er janvier Marie, mais Marie célébrée en tant que mère de Dieu,
magnifique titre de ce qui est la plus ancienne fête mariale de la tradition
romaine. Une semaine après avoir fêté la venue en notre chair du Verbe, la
liturgie tourne notre regard vers celle qui lui a donné sa chair d’homme, Marie,
la terre admirable, terre de la promesse, la bonne terre en qui Dieu a planté ce
germe de Paix, le Prince de la Paix, son Fils. Et qui lui a donné sa chair
d’homme.
« Seigneur accueille dans ton silence le bruit de notre monde, et fais descendre
sur nous ta paix, ton Fils Jésus Christ notre Seigneur »
C’est d’abord en Marie, dans le sein de Marie, que le Seigneur a fait descendre
sa paix. Saint Luc nous dit que Marie gardait toutes ces choses en son cœur.
Qu’est-ce à dire ? Le verbe grec employé par Luc, vous le savez est symbolizein,
rassembler, le contraire de diabolizein, diviser. Marie rassemblait, relisait ou
reliait toutes ces choses dans son cœur. Que relisait-elle ? D’abord les Ecritures,
la longue attente de son peuple, les promesses répétées du Dieu dont, Vierge
fidèle, elle savait mieux que quiconque qu’il était le Dieu fidèle, et qu’il
tiendrait sa promesse. Et puis elle relisait et reliait tous ces évènements : la
salutation de l’ange, la grossesse d’Elisabeth, le tressaillement de l’enfant en
elle au moment de la salutation de sa cousine, la magnanimité de Joseph, le
voyage à Bethléem, l’auberge pleine à craquer, l’installation dans la précarité
d’une crèche, tous ces évènements, elle les méditait, les gardait, les relisait,
alors qu’elle tenait dans ses bras, Jésus, l’Emmanuel, l’Enfant de la promesse.
Tous ces évènements auraient dû mettre de l’agitation, du brouhaha, de
l’inquiétude, au sens étymologique de non quies, dans son cœur et pourtant le
cœur de Marie, aujourd’hui, à Bethléem, est un cœur apaisé, comme il le sera
tout au long de l’itinéraire de ce Fils, cœur parfois douloureux, transpercé
même, mais qui demeure toujours capable de relire, de relier ces évènements
épars, étranges parfois à vue humaine, pour y lire la trace de l’accomplissement
des promesses de Dieu.
Dieu que j’aimerais avoir un cœur semblable à celui de Marie, capable de lire la
présence de Dieu au milieu de tant d’évènements épars et chaotiques. Un
cœur semblable au cœur de Marie. C’est peut-être ce que je demande quand je
fais à Dieu cette prière :