Plantation d’un arbre pour le climat Samedi 28 novembre 2015 Intervention de Gilles LEPROUST, Maire d’Allonnes, Vice-président de Le Mans Métropole. Mesdames, Messieurs, A la veille du lancement de la COP 21, les collectivités locales ont été invitées par l’Association des maires de France et plusieurs ONG, à planter un arbre, en signe d’engagement de la collectivité sur les questions du climat. Après les attentats du 13 novembre, nous nous sommes interrogés sur le maintien de cette initiative. Mais, rapidement, nous avons opté pour ce maintien. Cela ne nous empêche pas d’avoir une pensée pour toutes les familles qui ont perdu un être cher dans ces actes de barbarie. L’enjeu climatique a pris, ces dernières années, une place considérable dans les préoccupations de nos concitoyens. Même si les conséquences des dérèglements climatiques ne seront pas uniformes, poser ces questions c’est mettre en débat une question essentielle : « dans quel état allons-nous livrer notre planète aux générations futures ? ». Les perspectives de mutations climatiques envisagées par les scientifiques sont préoccupantes. Par son irréversibilité, par la diversité et par l’ampleur de ses conséquences, le réchauffement climatique constitue un 1 facteur de drames humains et, par là même, un de nos plus graves défis. L’humanité va devoir s’adapter à des inondations et submersions côtières, à la désertification de certains territoires, à la propagation de nouvelles maladies, à des exodes climatiques, à des conflits. Au-delà de ces drames humains, la facture sera exorbitante. Mais, je veux le dire, le coût de l’inaction serait quant à lui insoutenable. La réponse doit donc être globale, collective et constituer une priorité incontestable pour tous. Et j’espère que de ce point de vue, la COP 21 ne représentera pas un échec que tant de spécialistes prédisent, mais permettra d’adopter des mesures qui, ensuite ratifiées par tous les États, deviendront le moteur d’une action collective efficace pour contrer le réchauffement climatique. Pourtant, vous l’avez certainement entendu, le scepticisme règne à l’approche de la COP 21. En effet, il y a eu trop de rendez-vous manqués autour du climat, et trop souvent, c’est le renoncement à agir qui est sorti vainqueur de ces rendez-vous. Depuis 21 ans, grandes et petites nations se retrouvent à l’occasion des COP. 2 Et au cours de ces 21 années, peu de ces rencontres ont apporté des résultats positifs. Rappelons que l’échec de la COP 19 à Varsovie, il y a deux ans, avait été analysé par les ONG comme étant dû à la main mise du privé sur les négociations. Mais, signe des temps, de nombreux observateurs soulignent que l’écart entre les questions environnementales ou climatiques et la question de la globalisation financière se réduit. Il y a de plus en plus interaction entre ces deux questions, à un point tel qu’une personnalité comme Nicolas HULOT a récemment déclaré : « TAFTA ou climat, il faut choisir ! » Le TAFTA, c’est cet accord économique que les grandes puissances préparent dans le plus grand secret, et qui va faire tomber toutes les protections sociales, environnementales, commerciales, sanitaires, démocratiques pour ouvrir de nouveaux espaces à la concurrence libérale. Le climat a beaucoup à y perdre ! Il y a pourtant, au cœur même de cette situation des raisons d’espérer. Ainsi, l’évolution du débat montre que de plus en plus toutes les questions, citoyennes, sociales ou démocratiques se recoupent pour faire face aux multinationales, aux élites et aux institutions internationales qui veulent imposer leurs lois aux peuples et aux nations. 3 Alors, me direz-vous, comment dans ces conditions, agir efficacement pour le climat ? Bien sûr, chacun est concerné par le devenir de notre planète. Mais pas avec le même niveau de responsabilités ! Et il ne faut pas cacher le risque de dévoiement des responsabilités avec des mots d’ordre culpabilisants du type « je change le climat », c’était le thème d'une campagne récente qui mettait l’accent sur les gestes individuels. Alors, je dirais qu’en premier lieu, les nations les plus polluantes doivent modifier leur attitude, et singulièrement les Etats-Unis d’Amérique, responsables de nombreux échecs des COP précédentes, et qui refusent systématiquement tout accord contraignant car cela remettrait en cause les résultats financiers de leurs plus grosses entreprises et de leur économie. La Chine est également loin d’être exemplaire. Notre pays, puissance industrielle depuis deux siècles, porte aussi sa part de responsabilité dans les dérèglements climatiques et doit donc avoir un rôle exemplaire. Voilà pourquoi, si l’Etat, les entreprises, les collectivités locales, les associations et les habitants ont tous un rôle à jouer, tous, je le répète, n’ont pas des responsabilités au même niveau , et il me semblerait logique que les contraintes pèsent sur celles et ceux qui contribuent le plus aux gaz à effets de serre, notamment les entreprises, et celles qui sont les plus polluantes sont connues. 4 Alors, bien évidemment, les collectivités locales ont aussi leur rôle à jouer. Pour leur part, dans notre pays, les élus locaux ont adopté une attitude responsable et les collectivités territoriales sont des acteurs majeurs pour la mise en œuvre des politiques publiques en matière de protection de l’environnement et de lutte contre les changements climatiques. Cette manière de « penser global et agir local », pour reprendre une expression employée dès 1972 lors du 1er sommet de l’environnement, caractérise bien l’esprit dans lequel les élus s’inscrivent. C’est justement le sens de l’Engagement des maires et des présidents d’intercommunalité de France pour le climat, qui a été présenté, le 18 novembre dernier, lors du Rassemblement des maires de France, organisé par l’Association des Maires de France, dont je suis membre du bureau. Par cet engagement solennel, les maires s’engagent à poursuivre et à renforcer leurs actions, dans un esprit de solidarité nationale et internationale mais aussi à se faire le relais de cette cause mondiale dans les territoires. Pour sa part, la Ville d’Allonnes peut s’enorgueillir de mettre en œuvre des politiques environnementales vertueuses depuis longtemps déjà. 5 Notre territoire est dans l’action, et le quotidien fourmille d’exemples concrets d’actions locales qui contribuent à agir concrètement et efficacement. Par deux votes récents, nous avons en conseil municipal dénoncé le TAFTA, et lors du dernier CM, décidé de participer au mouvement pour inviter nos partenaires à se désengager de relations avec des entreprises pollueuses ou impliquées dans le réchauffement climatique. Nous travaillons aussi à l’éducation citoyenne pour modifier les comportements nous donnons, en ce domaine l’exemple, dans nos pratiques municipales. 6 Du côté de la ville Gestion des espaces verts (paillage d’arbres, désherbeurs thermiques, biodiversité…). Circuits courts dans l’achat des plantations. Les parcelles familiales. Gestion des bâtiments publics, réseaux de chaleur, limite des dépenses de fluides (électricité) Restauration : circuits courts dans l’achat des produits Enfance/ Education : mise en place du tri sélectif (exemple de l’école Lyautey) Transports : Tempo, pistes cyclables, boulevard nature Urbanisme : construction de logements BBC 7 Alors, nous allons maintenant planter un Gingko Biloba, un arbre qui, à l’âge adulte, est magnifique. Nous le plantons en symbole des menaces qui planent sur les arbres en général, menaces essentiellement dues à l’homme dans sa frénésie à surexploiter les ressources, à dégrader les milieux naturels, à polluer l’eau, l’air et les sols. Mais notre geste va au-delà du seul symbole, il se veut aussi l’affirmation d’une volonté politique forte partagée par l’ensemble et la diversité des élus de notre commune. Si l’arbre est victime du réchauffement, il est aussi une réponse par son captage du carbone. Et cette opération « Un arbre pour le climat ! » est avant tout une action citoyenne qui a pour ambition de rassembler un maximum de citoyens autour d’une cause qui nous concerne tous. Nous nous y sommes engagés depuis longtemps, nous nous retrouvons aujourd’hui à cette occasion, et de nombreux rendez-vous pour défendre notre planète ne manqueront pas de nous rassembler prochainement. Je vous remercie de votre attention. 8