La France en première ligne
En prenant la présidence de cette conférence qui sera le seul sommet
international d’envergure de ce quinquennat, la France bénéficie d’un rôle important6.
Même si l’UE est en charge de négocier pour ses 28 états, la France a déjà
commencé un travail préparatoire de négociations destiné à construire un consensus
autour des décisions qui pourront être prises en aboutissement des travaux lancés
en 2011.
Car l’objectif recherché est connu : parvenir à un accord ambitieux, applicable
à tous, juridiquement contraignant et limitant le réchauffement de la planète à 2°C.
La position française se veut originale : elle propose non plus “le nécessaire
partage des émissions” de CO2 mais un “agenda positif”7 pour transformer le défi
climatique en opportunité8. Par ailleurs, elle implique les pays “en développement” du
G77 pour permettre des avancées intermédiaires lors de la COP de Lima en 2014.
De Rio à Varsovie en passant par Copenhague : de la prise de conscience à
l’impuissance
Créées en 1992 lors du Sommet de Rio, les COP révèlent une vraie prise de
conscience puisqu’elles réunissent annuellement depuis 1995 près de 200 pays
autour de réflexions et d’actions pour lutter contre le réchauffement.
Si Kyoto en 1997 a été porteur d’espoir par des engagements chiffrés et
contraignants pour certains pays industrialisés sur 2005-2012, les conférences
suivantes ne sont pas parvenues à transformer cet espoir. Le nombre de
participants, les intérêts divergents, le statut de “pays industrialisé” ou “en
développement” mais aussi l’évolution de ce statut depuis 1997 ont été les causes
principales du succès très limité voire de l’échec de plusieurs COP.
On retiendra notamment Copenhague en 2009, qui établit l’importance d’une
limite à 2°C du réchauffement et l’idée d’un fonds d’actions doté de 100 milliards de
dollars par an à partir de 2020. Mais pas de financement prévu, aucun engagement
de planning, et rien sur l’après Kyoto de 2012. En 2011, Durban fixe sous l’impulsion
de l’UE une première feuille de route, encore imparfaite, pour préparer l’après 2020.
Jusqu’à cette date, le protocole de Kyoto est partiellement reconduit par la
conférence suivante, à Doha. Enfin, en 2013, Varsovie s’illustre par son manque
d’ambition flagrant et son impuissance. En ligne de mire, la COP21 est attendue pour
matérialiser les propositions de Copenhague.
Crise économique et refroidissement des relations internationales feront-ils
échouer la conférence 2015?
Si l'inefficacité des dernières conférences à trouver un consensus a fait naître
déception et découragement chez certaines parties prenantes, d’autres sujets sont
sources d’inquiétude pour 2015.
D’abord la crise économique mondiale se poursuit. Les pays développés
cherchent des solutions pour redresser leurs économies nationales, reléguant à
l’arrière plan d’éventuelles considérations climatiques. Ainsi, le “fonds vert” de 100
!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
6MH. Aubert, Conférence : Changement Climatique 2015: L’action de la France,!29.01.14!
7Laurence Caramel, Le Monde : La France hérite du dossier délicat de la négociation climatique, 21.11.13!
8France Diplomatie, Les enjeux de la Cop21, 14.11.13!