du ministère de l`Intérieur. Malgré les revendications
, un tel ministère ne sera créé qu’en
1909, après le changement de structures, sur lesquelles s’appuyait la révolution civile, qui
s’est déclenchée cette même année dans le quartier athénien de Goudi
.
Si l`on cherche à décrire l’économie agricole à travers les chiffres, les premiers éléments
statistiques officiels ne sont fournis qu’à partir de l’année 1851
. Selon le recensement de
1861, la population totale du pays s’élève à 1 096 810 individus
. Les familles agricoles sont
au nombre de 147 507 ; en multipliant ce chiffre par le nombre de personnes par famille
agricole (chacune étant composée d`environ 4 membres, évaluation d’ailleurs modeste), on en
déduit que la population agricole correspond à 60% de la population globale
. Malgré la
prépondérance de l’économie agricole, l’emploi de la terre n’est pas satisfaisant. Ainsi, selon
les commentaires de A. Mansolas, seul le 1/7 de la superficie grecque est cultivé
, tandis
qu'environ 50% des terres, qui restaient inoccupées, sont cultivables. Néanmoins, le
recensement agricole de 1875 montre une évolution positive, en ce qui concerne les terres
cultivées. Ainsi, selon ce recensement, l’étendue cultivée en Grèce s’élève à 10 721 200
stremmes, dont 3 500 000 stremmes de terres en jachère
. Or en 1875, l’étendue en culture
correspond aux 7 221 200 stremmes, à laquelle il faut retrancher les terres cultivées des îles
ioniennes (1 491 600 stremmes). En comparant le reste des 5 729 600 stremmes avec les
3 729 600 stremmes cultivés en 1860, on en conclut que les terres cultivées ont expérimenté
une augmentation de 23% dans l’espace de quinze ans. D’autre part, le rapport entre les terres
en culture et celles en jachère reste toujours pratiquement invariable.
Mansolas nous fournit également des informations importantes, sur les produits cultivés ;
ainsi, les cultures céréalières se trouvent à la première place, et occupent 2 369 696 stremmes.
Parmi les autres produits, on relève la culture du coton, de la vigne, des olives et du raisin sec.
Or, l’orientation de l’agriculture grecque vers d’une part les céréales et d’autre part certains
produits d’exportation, n’a pas changé, par rapport aux conditions qui dominaient avant la
guerre de l’indépendance
. Il semble, pourtant que, depuis les années quarante, s’affirme une
extension considérable de la culture du raisin sec, qui dorénavant (grâce à la hausse de prix)
sort de ses limites restreintes pour occuper de vastes surfaces dans le Péloponnèse. Arrêtons-
nous un instant sur la culture de ce produit, qui — selon la fameuse expression du Professeur
Zolotas — a joué pour l’économie grecque du XIXe grec un rôle équivalent à celui du café
pour l’économie brésilienne. En effet, la production de raisin sec, dès la création de l’État et
Cf. par exemple l’article de D. Christinis au journal Eon (11/11/1868), qui propose la création d’un Ministère
indépendant de l’Agriculture et de l’Industrie. Cité dans : G. Anastasopoulos, Istoria tis éllinikis viomichanias
[Histoire de l’industrie grecque] 1840-1940, Athènes: Elliniki Ekdotiki Etéria, 1947, vol. 1, p. 211.
Le ministre de l’Agriculture, du Commerce et de l’Industrie sera créé par la loi 3724/1910. D. Kalitsounakis,
Agrotiki Nomothésia [Législation Agricole], Mégali Elliniki Egyklopédia, 2e éd., Athènes, 1926, pp. 491-492.
Aléxandros Mansolas, Politiografiké pliroforié péri Ellados [Éléments statistiques sur la Grèce], Athènes,
Imprimerie Nationale, 1867 [réimpression en fac-simile par Th. Vérémis, S. Papagéorgiou, K.
Papathanasopoulos, Athènes, N. Karavias, MCMLXXX].
Ibid., p. 12.
L’indice de la population agricole est d’une grande importance dans la description d’une économie ; la place du
secteur rural dans une économie nationale est justement reflétée par le taux de la population active agricole dans
la population active totale. Cf. Henri Mendras, Yves Tavernier (dir.), Terre, paysans et politique. Structures
agraires, systèmes politiques et politiques agricoles, Paris, SEDEIS, 1969, p. 43.
Ainsi, les terres cultivées et en jachère s’élèvent à 7 435 900 stremmes (soit 74 359 hectares), tandis que la
superficie totale s’élève à 45 689 248 stremmes. Parmi les terres non cultivées, les 11 748 000 de stremmes
correspondent aux terres arables. Mansolas, Politiografiké pliroforié... op. cit., p. 51. D’autre part, en 1861 le
rapport des terres en jachère est 1 pour 2.
Chiffres cités dans : Alexandre Tompasis, La Grèce sous le point de vue agricole, Athènes, Imprimerie de
l’Indépendance Hellénique, 1878, p. 9.
Selon les données, fournies par l’ancien consul de France en Grèce Beaujour [Félix Beaujour, Tableau du
commerce de la Grèce, Paris, A. Renouard, 1800, t. I, pp. 63-71].