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Congrès AFS / RTf 6 Texte P. Lyet
Villetaneuse / 24-27 février 2004
Cette théorie de la régulation conjointe ne semble pas opératoire dans le cadre des
actions étudiées. L’organisation en question est différente de celles que REYNAUD a étudié,
par son côté partenarial. On ne peut pas identifier, ici, une régulation de contrôle qui serait le
fait de l'autorité hiérarchique et une régulation autonome qui serait le fait des subordonnés.
Cette répartition habituelle entre supérieurs hiérarchiques et subordonnés est inopérante
puisque les collaborations entre partenaires ne s'inscrivent pas dans un axe vertical mais dans
des relations horizontales. De plus, aucune hiérarchie n'a de légitimité pour s'imposer comme
l'autorité de référence aux yeux des agents des autres institutions. Il faut donc penser les
rapports stratégiques des acteurs selon une autre logique.
Erhard FRIEDBERG (1992) a bien compris que les processus organisationnels ne sont
pas tous confinés à l’interne des organisations et qu’ils peuvent se déployer dans des espaces
d’action interinstitutionnels. Il appelle ces espaces champs d’action organisée quand quatre
dimensions sont repérables : la formalisation et la codification de la régulation par les
participants, la finalisation de la régulation, la prise de conscience de la régulation par les
participants et la délégation explicite de la régulation à un ou des organes centraux. Si, à la suite
de REYNAUD, il se centre, dans une perspective utilitariste lui aussi, sur la question de la
régulation, c’est-à-dire sur les processus de négociation et d’ajustement autour de la règle, il
reconnaît que l’activité de régulation n’est pas automatique dans les espaces
interinstitutionnels.
C’est ce que j’observe dans les exemples étudiés. Si les échanges initiaux entre les acteurs
ne portent pas sur une négociation des règles préexistantes dans une logique de recherche de
bénéfices, la raison en est que les règles de collaboration des acteurs de terrain n'existent pas au
départ. On ne peut donc pas, comme le fait REYNAUD, parler de stratégies concurrentes
visant à influencer l'interprétation des règles.
Les deux actions étudiées ont, en effet, une caractéristique commune : leur cadre et leur
contenu sont à déterminer.
Elles se caractérisent, dans leurs prémices, par une zone
indéterminée où l'objet de l'action, ses principes, les règles de fonctionnement, les structures,
fonctions et organes, la répartition des rôles et les évolutions identitaires qui en sont le
corollaire, sont à construire. Aussi, dans un tel contexte, une approche exclusivement
utilitariste ne peut rendre compte de l’ensemble des phénomènes en jeu, entre autres, la
mobilisation des acteurs dans des constructions à la fois cognitives et identitaires.
Pour développer cette approche, il faut, dans un premier temps, déterminer un cadre
conceptuel pour analyser cette situation de construction de régulations « sur terrains
mouvants ». Ces processus ont été pensés par le concept de « transaction sociale » (J. REMY, L.
VOYE, in M. BLANC, 1992). Ce concept permet de comprendre comment des acteurs peuvent
pallier l'absence de cadre institué par des règles négociées et stabilisées sur la base d'une
articulation de leurs intérêts, d'une recherche de solutions pratiques « efficaces », d'un accord
A la CUCM, l’idée que le contenu comme le cadre sont à préciser peut surprendre. Le suivi du public du PLIE
s’inscrit dans un des volets du contrat de ville, des conventions ont été signées, une instance de pilotage existe.
Pourtant, au-delà de ces réalités institutionnalisées, l’action reste à engager et à construire. Sans un processus qui
rassemble avec le temps les acteurs (à convaincre), lesquels, par leur engagement, donnent un peu de réalité à la
volonté d’insérer localement des chômeurs dans l’emploi, sans la définition de procédures pratiques qui
permettent d’organiser et de stabiliser les collaborations des professionnels de terrain, le projet peut rester lettre
morte ou produire peu d’effets. Divers audits de ce type de dispositif accrédite cette idée. Voir, par exemple l’audit
des PLIE de Bourgogne réalisé pour le Conseil régional.