de 200 ans, beaucoup ont moins de 50 ans et n’ont pas de grande expérience militaire,
diplomatique, encore liés à d’autres Etats. La genèse de ces Etats et surtout de ces nouveaux
Etats affecte leur stabilité. Les Etats-Nation, autrement dit une conjonction entre une identité
nationale et une souveraineté nationale. D’autres Etats sont nés des les revendications
souverainistes du XIXe siècle, nations issues de l’échec de l’épopée bolivarienne entre autres,
qui sont bien territorialisées. Troisième catégorie, celle des systèmes politiques où la
revendication nationale s’effectue en-dehors de toute communauté nationale, l’Etat par
amalgamation, revendiquées par des élites. Dans la meilleure des hypothèses, cette création
d’Etat réussi (Sénégal), dans d’autres cela ne marche pas.
Le problème qui se pose n'est pas tant le morcellement, mais dans la logique qui anime
ce morcellement. A l'inverse des revendications classiques, elles présentent aujourd'hui des
caractères « identitaristes », c'est-à-dire selon Thual qui procède d'un besoin de rester entre
soi, un rejet de l'autre, psychologie exclusiviste, auquel s'ajoute un sentiment victimaire,
sensation de persecussion. La démarche nationalitaire, on peut craindre qu'elle opère dans le
registre de la violence. C'est ce qui est à l'origine des épurations ethniques. Au Sri Lanka, le
conflit dure depuis deux décennies, avec plusieurs mouvements, parfois mafieux, contre les
autorités: une partition du pays déboucherait sur des souverainetés précaires.
Un Etat, c'est d'abord une démographie, un territoire suffisamment grand. L'exemple
pédagogique serait les Îles Fidjis: un groupe mafieux prend en otage le gouvernement, ce qui
paralyse le pays. L'économie est aussi une source de division pour les pays. On peut parler de
« ré-ensauvagement du monde », avec la multiplication des guerres civiles. La multiplication
se fait donc de manière étrange, avec des Etats faibles, intoduction d'une nouvelle distinction,
car autrefois l'Etat était nécessairement fort. Ces disparités n'étaient pas aussi marquées, sauf
dans le cas de guerres. Aujourd'hui on pénètre les Etats, les autorités étant noyautées par les
réseaux mafieux, sorte de captation d'Etat; on n'a plus besoin de guerre pour avoir un Etat
paradoxal (narco-Etats). Ce phénomène de l'érosion étatique peut être amorcé également par
les politiques des Etats eux-mêmes, ou par des politiques dictées, notamment par des bailleurs
de fonds, ce qu'on pourrait appeler « l'Etat mince », dépendant d'organisations internationales
ou d'organismes privé.
Ce qui est nouveau aujourd'hui, c'est la multiplication des acteurs non-étatiques, avec
parfois plus d'efficacité que les Etats eux-même. Ces acteurs existaient déjà auparavant,
comme l'Eglise, mais ce qui est nouveau, c'est aujourd'hui leur nombre. Il y a 4 façons d'agir à
l'international: faire du lobbying auprès d'Etats ou d'organisations internationales; promouvoir
certaines normes, conscientiser certaines sociétés civiles; exercer des prérogatives et exercer
des services qui se substituent dans certains secteurs aux Etats; avoir des impacts directs sur
les relations internationales, avec l'usage de la force (terrorisme, boycott).
Les acteurs non-étatiques
Cette catégorie regroupe des entités qui se sont construites par « voie de
fédéralisation » de l'espace public: ce sont des entités qui vont se former par exemple à partir
d'Etats. Cette fédéralisation peut se faire par le haut ou par le bas, supra ou infra étatique. Ce
n'est pas très nouveau. Certaines ont si bien réussi à revendiquer ce rôle international que ce
sont aujourd'hui quasiment les premiers acteurs des relations internationales (ONU, FMI,
OMC, ...). C'est par le biais que ces organisations que les Etats agissent aujourd'hui, ce qui
leur donne une certaine légitimité. Leur nombre a augmenter depuis un demi-siècle de façon
considérable: 350-400. Les Etats sont souvent membres de ces organisations. L'idée de
multiplication de ce type d'acteurs ne va pas à l'encontre de la prolifération des Etats.