Les inégalités dynamiques : le changement de travail (chômage), la remise en cause de la cellule familiale
(divorce), situations par nature transitoires, deviennent des situations durables. Dès lors, ces inégalités ne
sont plus acceptées : l’accident de parcours, autrefois réversible, devient une dégradation permanente de la
situation relevant du hasard et non plus de conséquences de choix délibérés.
2. La mesure des inégalités
L’impuissance de l’outil statistique et la croissance de l’aléatoire interdisent toute la modélisation de la société
française et toute homogénéisation des exclus.
III. LA MONDIALISATION EN QUESTION
1. Mondialisation : un alibi politique
Présentée comme le responsable des maux dont souffre la société française, les auteurs considèrent eux
que la mondialisation n’est qu’un alibi politique : le progrès et la croissance sont inhérents à la vie humaine et
n’ont pas de raison d’être abandonnés même si le taux de croissance économique est faible, voire négatif.
2. Mondialisation : des gagnants et des perdants
Le jeu de la concurrence économique mondiale recèle des gagnants et des perdants mais on doit refuser
que les pertes soient unilatérales et supportées par un même groupe d’individus, ou nation. La mondialisation
participe à un rééquilibrage économique entre Nord et Sud. Si les inégalités structurelles s’amenuisent entre les
continents, les inégalités structurelles et dynamiques internes se développent. Au niveau externe, on assiste à une
spécialisation mondiale qui valorise le travail qualifié dans les pays développés au détriment du travail non
qualifié dont la demande croît dans les pays en voie de développement…
L’avenir économique de la France n’est pas foncièrement remis en cause mais nécessite des adaptations.
Certains pensent que l’ouverture du pays va amener le chômage et donc un déséquilibre des finances publiques
et finalement une soumission plus grande aux marchés financiers, finançant ces déficits. Fitoussi et Rosanvallon
sont plus optimistes : « le défi que lance la mondialisation à l’Etat providence ne se pose pas en terme de survie
mais de capacité à accompagner le changement social ».
IV. LE REPERTOIRE DES NOSTALGIES POLITIQUES
Si la mondialisation nécessite une organisation concertée, les actions déterminantes sont à mener sur le
terrain interne à la France. Mais, l’idéologie dominante est à la résignation qui détermine l’abandon du politique.
Fitoussi et Rosanvallon analyse les nostalgies politiques et les idéologies alternatives à la résignation :
l’idéologie social démocrate, la vision républicaine, la civilisation post travail.
1. L’idéologie social démocrate
Elle prône le compromis et la reconnaissance de la diversité. C’est ce qui est absent de l’idéologie du PS
lors de son accession au pouvoir et qui l’a éloigné de la social démocratie. Les dirigeants français défendaient
l’indivisibilité de la nation et l’unicité du corps social.
Selon les auteurs, il semble que cela soit trop tard pour revenir en arrière.
2. La vision républicaine
La nostalgie républicaine se fonde sur la critique d’une gauche caractérisée par le déclin des trois
exigences qui la fondent : l’universalisme, la justice sociale et la liberté. Mais cette conception relève d’une
vision du passée, qui exclut toute modernité : « …retour à une vision autoritaire, unitaire, exclusive, universaliste
et intensément passéiste » (P.Nora). Les auteurs ajoutent qu’elle est « exclusive, parce qu’elle édifie sa
cohérence en s’opposant à ses ennemies, ayant besoin d’adversaires pour qu’elle-même puisse incarner le tout ».
3. La civilisation post travail
L’idée proposée est le dépassement de la valeur travail comme fondement de la vie sociale. Elle appelle
à une civilisation du temps libéré et au développement d’un modèle de justice redistributive. Cependant, les
auteurs se refusent à se résoudre à l’abandon de la valeur du travail qui est utile. En revanche, ils s’attachent à
réinventer un salariat pour que le travailleur réacquiert une certaine liberté et puisse défendre ses intérêts dans
une société où la négociation est fragmentée et le corps intermédiaires déclinants.
V. LE SENS DE LA DEMOCRATIE