Etude n° 26
Le docteur Jean-Claude PEREZ
Adhérent du Cercle Algérianiste de Nice et des Alpes Maritimes
Auteur des livres :
« Le sang d’Algérie »
« Debout dans ma Mémoire »
« Vérités tentaculaires sur l’OAS et la guerre d’Algérie »
« L’Islamisme dans la guerre d’Algérie »
« Attaques et contre-attaques »
aux Editions Dualpha - BP 58, 77522 COULOMMIERS CEDEX
Tel. : 01.64.65.50.23
Primatice Diffusion distribution 10 Rue Primatice 75013 Paris
Tel. : 01.42.17.00.48 Fax : 01.42.17.01.21
NOUS COMMUNIQUE SOUS LE 26 L’ETUDE SUIVANTE
dans le cadre de sa contribution à l’étude du Pourquoi et du
Comment de l’assassinat de la France Sud-Méditerranéenne
(Evian 18-19 mars 1962) :
LES ISLAMISTES FONDAMENTALISTES
AGISSENT-ILS EN CONFORMITE
AVEC TOUTES LES PRESCRIPTIONS DU PROPHETE ?
A/ la loi du 4 février 1919…..
Je ne suis pas un spécialiste de l’Islam.
Je ne suis riche d’aucune connaissance de la langue arabe.
Je ne suis pas un théologien.
Je ne suis qu’un praticien de médecine dite « générale ». Titulaire d’un énorme
capital de vécu dramatique. Un vécu qui a bouleversé le déroulement prévu et
conventionnel d’une vie bourgeoise théoriquement bien assise.
2
Un vécu consécutif à mon engagement clandestin dans le combat pour l’Algérie
française, dès les premiers jours de la guerre d’Algérie. Le combat pour la
France sud-méditerranéenne.
J’ai assumé des décisions opérationnelles, riches de passion et de violence, mais
surtout d’espérance.
J’ai pris soin d’enrichir cet engagement d’une réflexion politique et
philosophique progressive, et, aujourd’hui, plus actuelle que jamais. Une
réflexion qui s’est progressivement étoffée à partir d’une expérience mise en
œuvre au quotidien à partir du 1er novembre 1954. Une expérience qui n’était
pas prévue dans le cadre de mon rôle professionnel et social : celui de médecin
praticien.
C’est ce pragmatisme enrichi d’une longue réflexion politique et philosophique
qui, aujourd’hui encore, me permet de comprendre à quel point le
« comportement Algérie française » ou le « comportement anti-Algérie
française » constituent les critères d’appréciation ultime et définitive de la
« bonne santé politique » de ceux dont c’est le métier et l’ambition de faire de la
politique.
Mes insuffisances théologiques et linguistiques éventuelles, néanmoins, ne
m’interdisent pas de m’interroger :
1°/ lorsque l’on parle de l’Islam, pourquoi ne fait-on allusion qu’au
comportement intégriste, fanatique, inquisitorial des islamistes ?
2°/ Serait-ce parce que les musulmans sont tous crédités d’un fanatisme
conquérant et colonisateur ?
3°/ Pourquoi ne fait-on, pratiquement, jamais référence aux musulmans
partisans de la sécularisation de l’islam et qui recherchent, eux aussi, les
conditions d’un « vivre ensemble » pacifique et harmonieux ?
4°/ Question subsidiaire et cessaire néanmoins : cette tendance
sécularisationniste musulmane existe-t-elle ?
Je réponds à cette dernière question : oui, elle existe, puisque les
sécularisationnistes musulmans, en tant que tels, sont condamnés à mort par les
fondamentalistes, et constamment interdits de parole.
Cet anti-sécularisationnisme forcené, et surtout proclamé, ne révèle t’il pas en
réalité, une attitude contraire aux prescriptions ultimes du prophète ?
3
C’est le sujet d’une réflexion que je vous propose par cette étude n° 26.
Aujourd’hui, on s’évertue, encore et encore, à amputer la relation
historique de la guerre d’Algérie, de sa définition idéologique exclusive : une
définition ethnico-religieuse, à la fois berbère et arabo-islamiste, prenant ses
premières racines dans la mouvance de la Nahdah
1
d’abord, dans la société des
Frères Musulmans
2
ensuite.
Un événement français s’illustre, historiquement et chronologiquement, comme
une étape opérationnelle fondamentale dans la mise en place de l’appareil
révolutionnaire islamiste, qui déclenchera la guerre contre la France : c’est la loi
du 4 février 1919.
Dans quelle réflexion nous conduit cette loi du 4 février 1919 ?
Rappelons que ce fut le jour de publication des décrets d’application de cette loi.
C’est-à-dire qu’il s’agit du jour terminal de la vie d’un projet de loi
gouvernemental. Après une période d’élaboration et de rédaction. Après un vote,
et en fin de parcours, après la publication du décret pris par le Président de la
République dans le Journal Officiel, rendant cette loi immédiatement applicable.
Tout cela pour affirmer que la conception de cette loi remonte à une période
durant laquelle la France était encore en guerre contre l’Allemagne. Il ne s’agit
pas d’une loi votée à la « va vite » par des hommes politiques incompétents.
Tout au contraire, elle fut suivie des effets attendus et espérés, par les
inspirateurs occultes de cette loi.
Premier effet possible : il concerne l’adhésion des musulmans, qui le voulaient,
à la citoyenneté française, en vertu des facilités que leur offrait cette loi : ce fut
un échec total. Je précise, ce fut un « bide » total. Mais c’est cet échec qui était
officiellement et secrètement espéré. Une infime minorité de musulmans
franchit le pas néanmoins, malgré les menaces de mort qui étaient proférées
contre eux.
Second effet : ce fut un succès total. Il fut illustré et concrétisé par la réaction
du Berbère islamiste Omar Smaïl. Celle-ci s’est traduite dans trois conséquences
que nous rappelons :
1
Nahdah : Renaissance de l’Islam créée après la bataille des Pyramides. L’émir libanais chékib Arslan fut l’un
de ses membres les plus importants dès le début du XXème siècle. C’est lui qui, à partir de Genève, le 7 mai
1945, lança l’ordre du Jihad qui provoqua les émeutes de Damas et des Hauts Plateaux Sétifiens le 8 mai 1945.
2
Frères Musulmans : organisation intégriste fondée en 1928 en Egypte par le leader islamiste Hassan El Banna.
4
1°/ la constitution des Cénacles en 1920 et la promotion de
l’arabité de l’Algérie. Smaïl proclame la volonté de s’opposer
à l’assimilation, à la francisation et surtout, à
l’évangélisation. Il exige l’utilisation exclusive de la langue
arabe littérale dans l’engagement de cette lutte.
Omar Smaïl professe ainsi publiquement son hostilité au
christianisme, d’une part. Il identifie la langue arabe comme le
moyen essentiel du combat contre la France, d’autre part.
2°/ le cercle du progrès en 1925 : Dans la vie associative de
l’arabité rénovée, celui-ci constitue l’assise idéologique. Il
soumet implicitement par la création secondaire du cercle
franco-musulman, la notion de Français à la notion de
Musulman. Cercle « franco-musulman » c’est un barbarisme,
ni plus ni moins. Car il associe un terme évoquant une
nationalité à un terme évoquant une religion. Il subordonne la
notion de « français » à la notion de « musulman ». Il aurait été
préférable de dire « franco-arabe » comme on dit franco-
allemand » ou « franco-espagnol ».
3°/ L’association des Oulémas est fondée en 1931. Est implanté
dans l’histoire de l’Algérie française le trépied révolutionnaire
du cheik Ben ou Ibn Baddis. Ce trépied, « ma religion c’est
l’Islam, ma langue c’est l’arabe, ma patrie c’est l’Algérie »
définit le pourquoi du combat livré contre la France au nom de
l’arabo-islamisme. Et de la nation algérienne, qui est inventée
ce jour-là par Ibn Baddis.
On ne peut souscrire à l’hypothèse que le second effet de cette loi du 4/02/19, le
raidissement islamiste, soit le résultat d’une imprévision gouvernementale.
Il faut avoir constamment à l’esprit, en effet, l’anti-catholicisme forcené du
président du conseil, Clémenceau, et sa totale aversion pour l’Algérie française,
dont il était avide de se défaire.
Cette loi du 4/02/19 fut l’occasion de donner vie à ses deux convictions :
- anti-Algérie française d’une part,
- anti-catholique romaine, d’autre part.
5
CONCLUSION : Dans les faits, tout s’est passé comme si l’islamisme
fondamentalisme avait été installé en Algérie par des gouvernants français.
Pour éliminer, le moment venu, notre pays de cette terre, il fallait promouvoir
l’islam. Pour promouvoir l’islam, il a fallu en faire tout d’abord une religion
apparemment asphyxiée par l’administration française. Faire du culte
musulman, soi-disant opprimé, un thème de combat au nom de la liberté
religieuse.
Voilà donc se situe, tout logiquement, la signification de la loi du 4 février
1919 : provoquer par réaction une promotion de l’islamisme en Algérie. Celui-ci
étant considéré comme l’arme privilégiée pour tuer dans l’œuf le
développement possible d’un plus grand christianisme méditerranéen, grâce
à l’Algérie française. C’était le but recherché par les hommes de pouvoir de la
IIIème République, toujours motivés par un anti-christianisme fondamentaliste.
Lorsque le sénateur de Batna, Ben Chenouf déclara à un notable de la IVème
République, Monsieur Augarde, mon compatriote de Bougie « La France se
débarrasse des musulmans en les cloîtrant dans la religion », ce sénateur de
Batna simulait une ignorance.
Je veux dire qu’il s’exprimait comme s’il n’avait pas compris qu’en « cloîtrant »
les Arabes d’Algérie dans la religion, les gouvernants français les soumettaient
aux entreprises volutionnaires de l’islamisme fondamentaliste, le moteur réel
de l’anti-France, mis en route en 1920 par Omar Smaïl au lendemain de la loi du
4 février 1919.
B/ la rénovation de l’Islam
L’importance de la langue arabe, voilà ce qui frappe l’esprit quand on fait
l’effort de s’approcher de l’histoire de l’islam.
Rappelons qu’elle fut choisie, au VIIème siècle, comme la langue du qoran.
Langue choisie administrativement par le 3ème calife pour transcrire et faire
connaître la parole de Dieu, enseignée et transmise, selon la tradition
musulmane, par l’archange Gabriel au rasoul Mohamed.
Ce n’était pas, nous le savons, la langue du prophète, selon le professeur Karl
Vollers de l’université d’Iéna. C’est lui qui a enseigné, lors du congrès
orientaliste d’Alger de 1905, que la langue arabe fut choisie ultérieurement, bien
après la mort du prophète pour diffuser son message. Mohamed ne parlait pas
l’arabe.
1 / 15 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !