Vous trouvez donc ici les raisons de ma démission

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Sainte-Rose le 28/09/2015
Annie Babu
21 Domaine de Nogent
97115 Sainte-Rose
Adhérente ADMD depuis le 2/2/1999
Mesdames et Messieurs membres du CA
de l’ADMD.
Objet : Lettre de démission
Mesdames, Messieurs,
Par la présente, je vous informe de ma démission de la charge de déléguée de
l’ADMD pour la Guadeloupe que j’occupe depuis 12 ans.
En ce genre de circonstances, la coutume prévoit l’exposé des motifs d’une telle
décision, aussi vais-je m’y plier bien que j’ai une conscience particulièrement aiguë
de la parfaite inutilité de cette démarche auprès de vous.
En fait, il y a une condition préalable à un échange équilibré et à ce qu’une parole ait
la moindre chance d’être entendue : la capacité de l’autre à recevoir cette parole. Or,
il m’apparaît désormais de manière évidente, pour ne pas dire criante, que la parole
de l’autre ne peut plus vous atteindre. Ce qui explique sans doute l’aisance et la
tranquille assurance avec laquelle le président de notre association, qui emploie à
tous propos le mot « dignité », a été capable de piétiner la mienne en adressant, à mes
désormais ex-collègues, à vous-mêmes et aux salariés de l’association, une lettre dans
laquelle je fais l’objet d’attaques personnelles d’une grande violence et qui plus est
diffamatoires.
Si ces faits vous sont apparus tout-à-fait normaux, il est certainement vain de vous
demander de réfléchir à ce qu’une telle démarche sous-tend, à ce que vous cautionnez
toutes et tous par votre silence. Mais je tiens à m’expliquer.
Que signifie la « dignité » d’une personne ? Rien d’autre que sa valeur intrinsèque.
Pourquoi, lorsqu’il s’agit de la vie au quotidien, de vos relations à vos contradicteurs,
et singulièrement de moi, la dignité que vous invoquez à propos du passage de
chacun d’entre nous de la vie à la mort, perdrait-elle tout son sens ?
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Les deux courriers adressés par le président de l’ADMD aux seuls délégués
signataires d’une lettre ouverte - au mépris donc de la dignité des simples adhérents
signataires qui eux n’ont jamais été directement contactés, comme s’ils n’étaient que
quantité négligeable - ont achevé de me convaincre : il y a plus que de simples
divergences entre nous concernant la compréhension que nous avons du mot
« dignité », ainsi que du mot « éthique », c’est un véritable abîme qui sépare nos
conceptions sur la manière de gérer une association et d’appréhender l’humain : elles
sont parfaitement irréconciliables.
Un exemple pour m’assurer que vous compreniez bien mon propos et afin que vous
puissiez considérer la profondeur de ce qui nous sépare, cette phrase rédigée par le
président de l’ADMD dans le courrier qu’il intitule « Réponse à la lettre ouverte du
31 août » : « Vous évoquez des risques de dérives autocratiques, clientélistes et
népotiques ? Je vous donne ma parole qu’il n’en sera rien sous ma présidence. »
Le népotisme se définit comme une attitude qui consiste à accorder des avantages aux
membres de sa famille, à ses amis ou à ses relations. Il suffit de regarder la
composition des instances dirigeantes de l’ADMD, pour comprendre que nous
sommes bien dans ce cas de figure. Pourtant, le premier d’entre nous, celui qui est
notre voix, celui qui prétend porter la voix de l’ensemble des adhérents de l’ADMD,
n’hésite pas à donner sa parole quant à une absence totale de népotisme sous sa
présidence. A l’évidence, soit nous n’avons pas la même définition du mot
« népotique », soit nous n’avons pas la même notion de la valeur de la parole donnée.
N’osant imaginer que notre président ignore la définition du mot « népotique », je me
vois contrainte de remettre en question la valeur de cette parole qu’il a donnée.
Connaissez-vous le dicton populaire selon lequel « la parole vaut l’homme » ?
Si vous le voulez bien, parlons maintenant d’éthique, à savoir des principes
régulateurs et de la conduite morale. Là encore nous divergeons très sensiblement. Je
cite le président de l’ADMD, toujours dans le même courrier :
« L’article 5.11 a été modifié afin, en conformité avec la loi, de prendre acte d’une
pratique qui a existé par le passé dans notre association et pour éviter toutes
critiques à la suite du paiement d’honoraires à un cabinet juridique dans lequel est
associé l’un de nos administrateurs. »
N’importe qui, doté d’un degré d’éthique moyen, devrait pouvoir comprendre que si
l’un des membres du conseil d’administration fait partie d’un cabinet d’avocats, pour
prévenir tout risque de conflit d’intérêt, il est préférable d’éviter de favoriser ce
cabinet.
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Au lieu de cela, il a été décidé de modifier les statuts. Dans la même logique : si la loi
ne nous permet pas de petits arrangements entre amis (népotisme), il n’y a qu’à
changer la loi et ouvrir la porte au clientélisme et à l’autocratie.
Je pourrais multiplier à l’envi les exemples qui expliquent qu’il m’est résolument
impossible de jouer le rôle que vous attribuez aux délégués : celui de la voix de leur
maître. Il s’agit d’abord d’une question de dignité, mais aussi de liberté. Je milite
depuis bien trop longtemps en faveur de la liberté individuelle, de la liberté de choix,
pour m’en priver aujourd’hui.
C’est pourquoi, non seulement je suis résolue à continuer de dénoncer les
modifications statutaires qui, je le crains, vont se poursuivre désormais rapidement,
dévoyant l’esprit qui m’avait attirée dans cette association, mais encore je ne puis me
satisfaire de l’absence de comptabilité analytique ou d’appel d’offres, non plus que de
la mise en place d’un système de cooptation à tous les échelons, qui maintient les
adhérents à l’extrême périphérie de l’ADMD et non au cœur de celle-ci, si ce n’est,
évidemment, en matière de financement...
Je suis choquée de l’amalgame que pratique systématiquement le président de
l’ADMD entre sa personne et cette association, confondant sa mise en cause
personnelle avec la mise en cause de l’association et de ses revendications.
De plus n’est-il pas inquiétant voire scandaleux que l’ADMD puisse réaffirmer, dans
sa lettre d’information du 18 septembre dernier, que pour protéger ses proches, il faut
les inscrire à cette association. Mais de quoi l’ADMD serait-elle capable de protéger
nos proches ? Ne vous apparaît-il pas que nous sommes là en présence d’une
publicité tout simplement mensongère ? Pour ma part, je ne peux me reconnaître un
seul instant dans ce type de propagande qui ressort non pas de l’acte militant de
revendication d’un droit mais tout simplement de la publicité pour une assurance
privée.
Bref, je ne me satisfais pas de toutes ces comportements ou actions qui entravent la
pleine expression d’une démocratie éclairée et privent de la réelle considération
qu’elles méritent, toutes les personnes qui ont adhéré et payé leur cotisation, quand
bien même elles ne disposent pas de gros moyens, ou souffrent de pathologies plus ou
moins invalidantes, sans pour autant rien réclamer pour elles, quelles que soient leurs
conditions de vie, si ce n’est la reconnaissance de leur dignité.
Ces personnes demandent de pouvoir choisir, de pouvoir bénéficier de leur droit à
mourir dans la dignité or, et c’est aussi extrêmement important à mes yeux, je ne
parviens plus à considérer aujourd’hui qu’il leur est accordé un droit à vivre leur
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adhésion dans la dignité quand je mesure le dévoiement des principes fondateurs de
l’ADMD. Et ce droit-là, je le revendique haut et fort.
Au long de notre vie, nous sommes toutes et tous confronté-e-s à de multiples choix.
Aujourd’hui je fais le choix de ne pas cautionner ce qu’il advient de cette association
en démissionnant de ma charge de déléguée.
L’ensemble des pratiques que vous mettez en œuvre en matière de fonctionnement
interne ne saurait recevoir mon approbation ni la moindre collaboration à son
épanouissement.
Il est bien évident que l’adhérente que je demeure n’a à aucun moment remis en
cause les objectifs qui ont motivé son adhésion ; en revanche, elle ne peut cautionner
de telles dérives, qui finissent par confiner à un sectarisme destructeur et suicidaire,
lequel se manifeste de manière exemplaire dans la condamnation et le rejet radical de
l’ADMD envers des associations non pas concurrentes dans l’objet, mais ressentie
comme telles parce que cela prive, de fait, l’ADMD d’adhérents et donc des
cotisations de ces adhérents.
Une attitude ouverte et intelligente ne constituerait- elle pas à vous interroger sur ce
que signifie les nombreuse défections de délégués et adhérents actifs et brillants,
rejetés par vos instances, qui, pour pouvoir continuer à faire vivre le débat, la
confrontation d’idées et la démocratie, ont dû créer leurs propres instances.
Voilà pourquoi, je démissionne de ma charge de déléguée de l’ADMD pour la
Guadeloupe.
Veuillez agréer, Mesdames les administratrices et Messieurs les administrateurs,
l’expression de mes salutations.
Annie Babu
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