CHRONOLOGIE DU SECOND EMPIRE 1855 : Crimée. Le 15 février, au large de Bonifacio, la frégate La Sémillante coule avec ses 300 hommes d’équipage et les 700 soldats qu’elle transporte en Crimée, il n’y a aucun survivant. Avec les beaux jours, les assiégeants de Sébastopol reprennent l’offensive. Les généraux alliés ne sont pas d’accord entre eux sur la tactique et certains sont remplacés. Le 1er mai, le 22 mai, assauts des Français (1er et 2e Étrangers, 98e d‘Infanterie, Chasseurs à pieds) qui prennent quelques redoutes et bastions. Il apparaît vite évident que le bastion de Malakoff est l'élément clé de la défense de Sébastopol. De plus, ce bastion est protégé par d'autres ouvrages plus petits, eux aussi puissamment armés. L'offensive française va s'attaquer aux lignes du "Mamelon Vert" et les "Ouvrages Blancs", qui sont défendus par 27 bataillons russes, soutenus par les batteries du Redan. Pendant que les Français attaquent pour s'emparer du Mamelon Vert, le 88e d'Infanterie anglais attaque les premières batteries du Redan, et s’en empare en moins de vingt minutes. Mais il y en a d'autres. La lutte va se poursuivre jusqu’à 22H30. Le Mamelon Vert et les ouvrages qui l’entourent sont quatre fois conquis par les soldats français, mais à chaque fois qu’ils y pénètrent, ils sont foudroyés par le feu des bordées du Redan. Ce qui les forcent à battre en retraite. Deux bataillons d'élite anglais vont de nouveau attaquer le Redan dont le feu massacre les Français. Mais, trop peu nombreux, les Anglais doivent céder à des forces russes supérieures en nombre. Ils ont pu cependant enclouer des pièces qui se trouvent ainsi inutilisables. Vers 22H30, les Français, qui n’ont plus à redouter ces canons, gl Bosquet en tête, remontent à l’assaut. Les Russes sont culbutés à la baïonnette, et s'enfuient. Après cette lutte sanglante, une des plus forte de ce siège, le Mamelon Vert, les Ouvrages Blancs et les Carrières tombent définitivement aux mains des Français et des Anglais. 62 canons et 6 mortiers sont capturés mais seulement 9 canons sont encore en état que les Français vont retourner. Les Français seuls ont perdu plus de 2 000 hommes tués ou blessés. Les pertes russes sont évaluées à 6 000 tués et blessés. Dans la nuit du 15 au 16, le gl d’Allonville, qui bivouaque avec sa division de cavalerie à la naissance de la vallée de Baïda, envoie prévenir le général en chef qu’il a du monde devant lui. Le gros des troupes russes, descendu des hauteurs de Mackensie ou débouchant par Aï-Todor, s’avance à la faveur de la nuit sur la Tchernaïa. A droite les 7e, 5e et 12e divisions traversent la plaine, et à gauche la 17e division, une partie de la 6e et la 4e suivent les plateaux du Chouliou. Une cavalerie nombreuse et 160 canons soutiennent l'infanterie. Les postes avancés de l’Armée sarde se replient, et annoncent que l’ennemi s’avance avec des masses importantes. Les Russes mettent leurs pièces en position sur les hauteurs de la Tchernaïa, et ouvrent le feu. Le gl Herbillon, qui commande les troupes françaises avait pris ses dispositions de combat : à droite, la division Faucheux, avec la 3e batterie du 12e d’artillerie ; au centre la division Herbillon, avec la 6e batterie du 13e ; à gauche la division Camou, avec la 4e batterie du 13e. Le gl de la Marmora a lui aussi disposé ses troupes sur des positions de combat. La division Morris de Chasseurs d’Afrique rapidement rejointe par la cavalerie anglaise du gl Scarlett, se place en arrière des mamelons de Kamara et de Tratkir. Le colonel Forgeot, commandant l’artillerie de la ligne de la Tchernaïa, tient prête une réserve de 6 batteries à cheval, dont 2 de la Garde Impériale. 6 bataillons turcs amenés par Sefer-Pacha, viennent se joindre aux troupes franco-anglaises. La division Levaillant, la division Dulac, et la Garde Impériale sont en réserve. 1 La brume épaisse qui couvre les bords de la Tchernaïa, et la fumée des canons empêche de voir où les Russes poussent leur attaque. La 7e division russe vient donner contre la division Camou . Il y a là : le 50e de Ligne, le 3e Zouaves, qui les reçoivent à la baïonnette, et le 82e de Ligne, qui les attaque de flanc. Les Russes font demi-tour, pilonnés par l'artillerie française. On ne reverra plus la 7e division russe. Au centre, l'ennemi a lancé deux divisions contre le pont de Traktir . Plusieurs de ses colonnes se ruent à la fois et sur le pont et sur des passages improvisés à l’aide d’échelles, de ponts volants et de madriers. Elles dépassent la Tchernaïa, puis le fossé de la dérivation, et enfin s’avancent sur nos positions Les divisions Faucheux et de Failly, culbutent les Russes qui sont forcés de repasser le pont qu’occupe le 95e de Ligne, et sont poursuivis par le 2e Zouaves, le 97e de Ligne et une partie du 19e Bataillon de Chasseurs à pied. La brume s’est dissipée, et il maintenant possible de voir les mouvements des Russes. La 17e division russe, descendue des hauteurs du Chouliou, tente, sans succès, de repartir au combat. Cette division es repoussée. A 09H00, il est visible que les Russes amorcent un mouvement de retraite. A 15H00, toute l'Armée russe a disparu. Prudemment les Français et les Anglais ne poursuivent pas. Dans l’Armée française, on compte environ 1 500 soldats tués ou blessés, et dans l’Armée sarde, 250 tués ou blessés environ. Les Russes perdent dans cette affaire plus de 6 000 soldats, dont 2 200 blessés et prisonniers. L’artillerie française avait acheminée 600 canons vers Malakoff et de leur côté, les Anglais, bien que ralenti par le terrain avaient environ 200 canons en batterie. Les Russes n'étaient pas resté inactifs et du coté de Malakoff ont construit une seconde enceinte. Le 5 septembre, l'artillerie alliée commence son travail qui va durer 3 jours. Dès le matin du 8 septembre, toutes les troupes d'assaut sont à leurs postes. A midi juste, toutes les batteries allongent leur tir sur les réserves de l’ennemi. Les divisions françaises de Mac-Mahon, Dulac et de la MotteRouge sortent des tranchées. Tambours et clairons battent, sonnant la charge. Au cri de “ Vive l’Empereur!”, les soldats français se précipitent sur l’ennemi. Le 1er Zouaves suivi du 7e de Ligne, avec à sa gauche le 4e Chasseurs à pied, s’élancent contre la face gauche et le saillant de l’ouvrage de Malakoff. L'ascension en est difficile, la largeur et la profondeur du fossé, la hauteur et l’escarpement des talus ralentissent les hommes. Mais les soldats parviennent sur le parapet, garni de soldats russes, qui se font tuer sur place, et qui, à défaut de fusils, se font armés de pioches, de pierres, d’écouvillons, de tout ce qui se trouve sous leur main. Les Français repoussent les Russes à coups de crosses et de baïonnettes, s’emparent des premiers retranchements. Les Russes contre-attaquent mais sont finalement refoulés. Peu d’instant après le drapeau français flotte au sommet de Malakoff. Mais tout le bastion n'est pas encore définitivement conquis. A droite et au centre, dans le même élan, les divisions Dulac et de la Motte-Rouge, se sont emparées du Petit-Redan, du Carénage et de la Courtine. Elles atteignent la seconde enceinte en construction. Le gl Pélissier fait alors le signal convenu avec le général anglais Simpson pour l’attaque du Grand Redan. Malgré des efforts inouïs, les Anglais sont repoussés avec des pertes énormes. Les Français qui sont toujours maîtres de la tour Malakoff, subissent pendant près de cinq heures, les attaques des Russes qui veulent reprendre cette position capitale pour la défense de Sébastopol. Mac-Mahon avec la brigade de Vinoy, les Zouaves de la Garde Impériale, la réserve française de Wimpfen, et une partie des voltigeurs de la Garde Impériale, tiennent la position. On prête la phrase "J'y suis, j'y reste" à Mac-Mahon. Les Russes tentent encore de reprendre l'ouvrage. Formés en colonnes profondes, ils attaquent par trois fois l’ouvrage, et trois fois ils sont obligés de se retirer, avec des pertes importantes. Il est 17H00, les Russes suspendent leurs attaques. Le général en chef se prépare à repousser de nouvelles attaques pendant la nuit, et prend des dispositions pour s’établir solidement sur la position. Précautions inutiles, car on s'aperçoit vite que les Russes commencent à évacuer la ville de Sébastopol. De longues files de troupes et de bagages défilent sur la rive nord. Bientôt des incendies embrasent la ville. Tout saute, défenses, magasins à poudre, édifices publics, 2 établissements industriels. S'aventurer en ville serait une folie. Les soldats attendent. Au jour, c'est un spectacle tragique. Les derniers vaisseaux russes mouillés la veille dans la rade sont coulés. L’ennemi enlève ses derniers fugitifs sur des vapeurs sauvés de la destruction. La ville brûle de partout. Les pertes, dans cette bataille de Malakoff, sont pour les Français de 7 551 tués, blessés et disparus. Les Alliés entrent dans la ville. Ceux de la bataille de Malakoff, sous les ordres du Général Pélissier : Au Premier Corps d'armée : les 5e, 6e, 9e, 10e Bataillons de Chasseurs à pied ; les 19e, 26e, 39e, 74e, 21e, 42e, 46e, 80e, 28e, 98e, 18e, 79e, 14e et 43e Régiments d'Infanterie ; les 1er et 2e Régiments de Légion Étrangère ; et en cavalerie les 1er, 3e, 2e et 4e Régiments de Chasseurs d'Afrique. Au Deuxième Corps d'armée : les 1er, 3e, 19e, 17e, 4e Bataillons de Chasseurs à pied ; les 7e, 20e, 27e, 50e, 82e, 6e, 95e, 97e, 57e, 85e, 10e, 61e, 86e, 94e, 49e et 100e Régiments d'infanterie ; les 1er, 3e, 2e Régiments de Zouaves, un régiment de marche des Tirailleurs algériens ; le 4e Régiment d'infanterie coloniale et en cavalerie : les 1er et 4e Hussards et les 6e et 7e Dragons. Au Corps d'armée de réserve : un régiment de marche des Zouaves, les 1er et 2e Voltigeurs de la Garde, le Bataillon de chasseurs de la Garde, les 1er et 2e Grenadiers de la Garde, les 14e, 7e, 17e Bataillons de Chasseurs à pied ; les 47e, 52e, 62e, 73e, 9e, 32e, 15e, 96e, 57e, 85e,10e et 61e Régiments d'Infanterie et en cavalerie : les 6e et 9e Cuirassiers. N'oublions pas les régiments d'artillerie, les services. N'oublions pas non plus, les marins et les canonniers qui sont transportés à terre et qui vont combattre comme des fantassins. Après la prise de Sébastopol, les Russes accepteront la paix signée à Vienne en 1856. 310 000 Français ont pris la mer pour la Crimée, bilan : 94 000 morts (dont 75 000 de maladie). 1855 : France. Le remplacement est supprimé. Mais contre une somme de 2 800 Francs versée à l’Armée, un appelé peut être dispensé du service actif (loi dite de donation de l‘armée). 1856 : France. L’Infanterie de marine cesse d’être employée à bord des navires. Pour assurer le service à bord est créé le corps des Fusiliers-marins. Napoléon III institue la Médaille de Saint Hélène. Elle est destinée à récompenser les vétérans des guerres du Ier Empire encore en vie. Ils sont encore 390 000 à recevoir cette médaille. 1857 : Algérie. La conquête de la Grande Kabylie qui résiste encore en Algérie s’achève après l’arrivée de 35 000 hommes retour de Crimée. Le 19 mai 1957, 40 000 hommes de 3 divisions partent vers Tizi-Ouzou. Les Kabyles s’accrochent. Tout le massif montagneux est encerclé et les Français progressent partout, rasant les villages, massacrant la population, pilonnant les oueds et les crêtes. A Icheriden, la résistance de 4 000 guerriers est finalement brisée. Une quatrième colonne rejoint les 3 autres pour soumettre le Djurdjura. En 6 semaines c’est terminé. Les Français ont perdus 1 500 tués et blessés. Quand aux Kabyles ? La conquête de l’Algérie est terminée. Du moins le croit-on. Car pendant les 5 années qui vont suivre, des soulèvements épisodiques vont se produire. Cette conquête de l’Algérie aurait coûté à la France la vie de 2 600 à 10 000 hommes selon les sources. Mais 189 000 Européens sont désormais installés en Algérie. 3 1857 : Mer de Chine. Les occidentaux veulent obtenir de la Chine un libre accès à ses ports. Une flotte de 32 corvettes et canonnières à vapeur transportant 4000 soldats est envoyée. Le 28 décembre 1857, prise de Canton. L’escadre de l’amiral Charner, commandant des forces navales françaises des mers de Chine, s’illustre au cours de la prise de Tché-Fou, du débarquement de Pétang et de la destruction des forts de Peï-Ho (20 mai 1858) et de Tien-Tsin. Puis la paix est signée, pour peu de temps. 1857 : Colonies Le décret impérial du 21 juillet 1857 institue les unités de Tirailleurs sénégalais (sous l'impulsion de Faidherbe). Ceux ci cessent des laptots (marins embarqués) et des supplétifs pour devenir des soldats réguliers des armées françaises. 1858 : Indochine. Le 31 août, des forces franco-espagnoles (14 bâtiments et environ 2 000 hommes) arrivent dans la baie de Tourane (aujourd'hui Da Nang) sous le commandement du vice-amiral Rigault de Genouilly. Après un ultimatum d'une journée, les forts sont bombardés, et enlevés par les compagnies de marins. Les Annamites avaient prévu notre attaque et mis la région en état de défense. Genouilly a des effectifs trop faibles pour lui permettre d'atteindre la capitale Hué. De plus la chaleur et les maladies (choléra, scorbut) déciment ses effectifs. L’amiral Genouilly laisse à Tourane juste des effectifs réduits et décide d'orienter ces efforts vers un autre point. Tourane sera entièrement évacué entre février et mars 1860. 1859 : Chine. Un nouvel affrontement à l'embouchure du Peï-Ho se solde par un désastre pour les Européens. Les pertes en hommes sont sévères et l'affront cinglant. 1859 : Italie. Dès le mois de mars, l'Autriche et le Piémont mobilisent leurs troupes et bientôt l'Autriche, rejetant les offres de médiation des grandes puissances, déclare la guerre au Piémont le 26 avril 1859. L'Armée autrichienne est forte de 100 000 hommes, divisés en 5 corps. Elle laisse échapper l'occasion d'entamer, avant l'arrivée des Français, l'Armée sarde (appelée aussi piémontaise) et ses 60 000 hommes dirigés par Victor-Emmanuel. Napoléon III a engagé la France aux cotés des Piémontais. L'Armée française (116 000 hommes) pénètre en Italie par deux voies opposées. Dans les premiers jours de mai : le IIIe et le IVe corps (Canrobert et Niel) arrivent par le Mont Cenis et le Mont Genèvre sur Turin ; le 1er et le IIe corps (Baraguay d'Hilliers et Mac-Mahon), ainsi que l'Empereur et la garde Impériale, débarquent à Gênes et se concentrent sur Alexandrie. Napoléon III est le commandant en chef. Un cinquième corps d'armée sera ensuite constitué. Pour la Garde Impériale : un Régiment de marche des Zouaves, les 1er, 2e, 3e Régiments de Grenadiers de la Garde, le Bataillon de Chasseurs de la Garde, les 1er, 2e, 3e et 4e Voltigeurs. En cavalerie, les 1er et 2e Cuirassiers, les Dragons, les Lanciers, les Chasseurs à cheval et les Guides de la Garde. 4 Au Premier Corps d'armée : les 17e et 10e Bataillons de Chasseurs à pied, les 74e, 84e, 91e, 98e, 15e, 21e, 61e, 100e, 33e, 34e, 37e et 75e Régiments d'infanterie, le 1er Régiment de Zouaves et en cavalerie : les 1er, 2e et 3e Chasseurs d'Afrique et le 5e Hussards. Au Deuxième Corps d'armée : Un régiment de marche des Tirailleurs Algériens, les 45e, 65e, 70e, 71e et 72e Régiments d'Infanterie, le 11e Bataillons de Chasseurs à pied, le 2e Zouaves, les 1er et 2e régiments Étrangers et en cavalerie : les 4e et 7e Chasseurs à cheval. Au Troisième Corps d'armée : les 8e, 19e, 18e Bataillons de Chasseurs à pied, les 23e, 90e, 56e, 41e, 43e, 44e, 64e, 88e, 11e, 14e, 46e et 56e Régiments d'infanterie et en cavalerie : les 2e, 7e, 6e et 8e Hussards. Au Quatrième Corps d'armée : les 5e et 6e Bataillons de Chasseurs à pied, les 30e, 49e, 6e, 8e, 52e, 73e, 85e, 86e, 2e, 53e, 55e et 75e Régiments d'infanterie et en cavalerie les 2e et 10e Chasseurs à cheval. Au Cinquième Corps d'armée : le 3e Zouaves, le 14e Bataillon de Chasseurs à pied, les 75e, 89e, 93e, 99e, 18e, 26e, 80e, 82e Régiments d'infanterie et en cavalerie : les 6e et 8e Hussards. Avec toutes les batteries d'artillerie divisionnaires, le Train, le Service de Santé, le Génie, etc... Le commandant de l'Armée autrichienne (Giulay) pense que Napoléon III va reprendre la tactique de son oncle en 1796 et il retire ses troupes dirigées vers Turin, évacue définitivement Verceil le 19 mai, et pour se rapprocher du théâtre supposé des opérations futures, transporte son quartier général de Mortara à Garlasco. Il dégarnit en même temps sa droite et son centre (Novare, Mortara) pour porter le gros de ses forces à gauche. Il organise sur la rive droite du Pô, une reconnaissance offensive avec 2 divisions. Les premiers éléments français (division Forey) rencontrent ces deux divisions à Montebello. Il est 16H30, le général Forey n'hésite pas à lancer ses hommes sur la position autrichienne, car pour lui, la retraite serait désastreuse. Combinant une attaque de front avec une attaque de flanc, il lance ses soldats contre les troupes autrichiennes massées autour de Montebello. Après des combats dans les rues, dans les jardins, dans les maisons, les Autrichiens sont acculés dans le cimetière qu'ils ont transformé en réduit. Ils y effectuent une ultime résistance, puis battent en retraite sur Casteggio. Loin de poursuivre l'ennemi, Forey, dont les troupes sont épuisées par cette lutte acharnée, regagne dans la nuit ses cantonnements de Voghera. Il a perdu 700 hommes pendant que les Autrichiens ont perdu 1 200 hommes. Giulay suppose que l'Armée française se prépare à traverser le Pô à Plaisance. Pour maintenir Giulay dans son erreur, l'Empereur concentre les différents corps français sur sa droite, puis brusquement, en utilisant les routes et les chemins de fer d'Alexandrie à Verceil, il fait exécuter à tous ses corps une marche de flanc de plus de 100 kilomètres qui lui permet de déborder la droite autrichienne et de se porter sur Milan. Cette marche s'effectue à l'insu de l'ennemi du 21 au 31 mai. Le I° corps seul doit rester à Voghera pour continuer à donner le change aux Autrichiens. L'Armée sarde qui forme l'aile gauche reçoit pour mission de masquer le mouvement des troupes françaises en occupant Verceil, et en chassant de la rive gauche de la Sésia la droite autrichienne qui occupe Palestro. Le 29 mai, Verceil est occupé. Le 30 mai, Victor-Emmanuel franchit la Sésia et se heurte aux Autrichiens à Palestro. L'action de l'Armée française se limite aux exploits des Zouaves du 3e Régiment qui campaient sur les bords de la Sésia. Masqués par les accidents de terrain, ils débouchent dans le flanc des Autrichiens. Rien ne les arrête, ni les fossés, ni les haies, ni les rizières. Un canal les sépare ensuite de l’ennemi, ils le franchissent, de l'eau jusqu'à la ceinture, se reforment sur la rive opposée, courent à une batterie et s'emparent de cinq canons. Sous cette attaque foudroyante, les Autrichiens reculent et bientôt s'enfuient vers Rivoltella et Robbio. Le reste du combat a été supporté par les Piémontais de Victor-Emmanuel. Tandis que se livrent ces combats, l'Armée française continue son mouvement tournant, et le 31 mai, Napoléon III établit son quartier général à Novare. Giulay, revenu enfin de son erreur, se replie en toute hâte derrière le Tessin qu'il choisit comme ligne de défense. Reste donc aux 5 Français à franchir le Tessin. Le 2 juin, la division Espinasse se porte sur San Martino, la division Camou sur Turbigo où elle prend pied sur la rive gauche de la rivière. Le 3 juin, le reste du corps de Mac-Mahon franchit le Tessin à Turbigo et livre le combat de Robecchetto sur Magenta et tombe sur le flanc droit des Autrichiens en position derrière le Tessin et que le reste de l'armée allait attaquer de front par San Martino. Deux colonnes forment le second corps d'armée français sous le commandement du général Mac Mahon : l'une est sous les ordres directs de Mac Mahon, l'autre sous les ordres du général Espinasse. Les deux colonnes partent de Turbigo vers Magenta par deux itinéraires différents. Mac Mahon passe par Boffalora, Espinasse par Marcallo. D'autres troupes françaises se disposent après Trecate sur le pont du Tessin dont seulement une partie a été détruite par les Autrichiens. Elles attendent que Mac Mahon arrive à Boffalora avant d'intervenir. Les troupes autrichiennes tardent à arriver de la Lomellina. Le Général Clam-Gallas décide de disposer ses 20 000 à 25000 hommes en forme de triangle avec les sommets à Magenta, Boffalora et Marcallo. Mac Mahon donne l'ordre d'assaillir Boffalora. Dès le premier coup de canon, les troupes françaises en alerte auprès du pont sur le Tessin se mettent en marche. A Boffalora, les Autrichiens réussissent à faire sauter le pont sur le Naviglio et ils défendent les quelques fermes dans les environs pour gagner du temps. Les combats sont acharnés autour du PontNeuf, le long de la ligne ferroviaire, à proximité du pont sur le Naviglio que les Autrichiens n'ont pas réussi à miner. Les Français avec des attaques répétées tentent d'enfoncer les Autrichiens. Pendant que le III° corps d'armée français, parti le matin de Novare, tarde à arriver sur le champ de bataille, Espinasse cherche en vain, à rejoindre Mac Mahon à Boffalora. Les plans sont changés : les deux colonnes marcheront séparément vers Magenta avec le clocher de l'église Saint-Martin comme point de repère. L'Armée autrichienne commence à arriver d'Abbiategrasso : son entrée en ligne rend la situation difficile pour les Français. Les Autrichiens envoient à Vienne une dépêche pour annoncer leur victoire. A Pont-Neuf, la situation des Français apparaît en effet sans issue. Pendant trois quarts d'heure, 5 000 soldats résistent à 50 000 Autrichiens. Les Français reprennent confiance grâce à l'avancée de Mac Mahon de Boffalora qui pousse les Autrichiens à abandonner Pont-Vieux pour défendre Magenta. La bataille s'étend autour de la gare de Magenta. Les Autrichiens abandonnent leurs postes et se réfugient dans les maisons pour défendre le terrain pied à pied. La division Espinasse (le général vient d'être tué) et celle de Mac Mahon attaquent par un mouvement en tenaille. Les Autrichiens barricadés dans le bourg réussissent néanmoins à contrôler les voies d'accès. Pourtant vers 19H00, les Autrichiens résignés constatent qu'ils ont perdu la bataille. Leur retraite est rapide. Sur le champ de bataille on compte environ 6 000 morts, dont 1 500 Français. Le 7juin, l'Armée française victorieuse entre dans Milan au milieu d'une population ivre de joie. Le 8, l'Armée autrichienne bat en retraite sur Mantoue, et son arrière garde qui couvre la retraite est battue au combat de Melegnano (Marignan). Pendant ces opérations, deux opérations annexes se déroulent, au nord, les Chasseurs des Alpes commandés par Garibaldi, longent les Alpes par Romagnano, Sesto-Calende, Varèse, Côme, et quoique un moment en difficulté, inquiètent la retraite des Autrichiens. Au sud, le V° corps (Prince Jérôme Napoléon) franchit l'Apennin et le Pô, en avant de Parme, et vient menacer la gauche autrichienne. Le 19, les Autrichiens arrivés derrière la Chiese se décident à défendre le cours de cette rivière, en prenant position sur la ligne de hauteurs qui se développent au sud du lac de Garde. A peine ce projet semble-t-il arrêté qu'ils craignent d'être mal positionnés et ils abandonnent la ligne de la Chiese et le 20 passent le Mincio pour établir une autre ligne de défense. Les Franco-Piémontais avancent très lentement : 8 kilomètres par jour (on est loin de la vitesse de la Grande Armée !). L'Armée alliée après avoir franchi l'Adda, l'Oglio, la Chiese, s'établit le 23 juin sur l'autre rive de la rivière, les Sardes entre Lonato et 6 Rivoltella, l'Armée française entre Lonato, Essenta et Carpenedolo. Le même jour, les Autrichiens, reconstitués en deux armées, désormais sous le commandement de l'Empereur François-Joseph, ont résolu de repasser le Mincio. Les deux armées campent la nuit du 23 au 24, à deux lieues de distance à peine. Les Autrichiens disposent de 151 bataillons d’infanterie, 52 escadrons de cavalerie, 451canons soit environ 100.000 hommes. Les Français-Piémontais ont 217 bataillons d’infanterie, 88 escadrons de cavalerie, 320 canons soit 118 600 hommes. Les souverains commandent en personne leurs troupes. L'Empereur François-Joseph pour les Autrichiens et l'Empereur Napoléon III pour les Français et le Roi Victor Emmanuel II pour les Piémontais (ou Sardes). Armée d'Italie Le 24 juin, c'est la rencontre à Solférino. Dès 05H00, le canon tonne et la fusillade commence. Napoléon III arrive en toute hâte sur le terrain et donne ses ordres pour la mise en place d'une ligne qui embrasse prés de vingt kilomètres. Le corps de Baraguey d'Hillier, est chargé de l'attaque principale sur Solferino. Mac-Mahon doit l'appuyer par un mouvement tournant sur Cavriana, dès que les corps de droite, Niel et Canrobert, se seront assez avancés dans la plaine pour protéger ce mouvement. Canrobert a comme devoir de s'opposer à un mouvement tournant de l'ennemi qui pourrait sortir de Mantoue. A 06H00, Napoléon observe que le corps de Baraguey d'Hillier lutte dans un terrain difficile contre des troupes qui se renouvellent sans cesse. La division Ladmirault est spécialement chargée d'enlever la redoutable position qui a donné son nom à la bataille. C'est la clé du succès. Un quart d'heure et la première position est enlevée. Il en reste cinq à prendre avant d'être maître des hauteurs. Jusqu'à 12H30 c'est une mêlée sanglante, les Français perdent beaucoup de monde. Les Autrichiens les fusillent bien à l'abri, il faut terminer l'attaque à la baïonnette. L’arrivée de la division Bazaine, vers 10H00, permet un dernier effort et à 12H30 les Français sont maîtres de la position. Le corps d'armée de Baraguey d'Hilliers a perdu plus de 4 000 hommes. Il faut envoyer du renfort à ce dernier. L'Empereur envoie l'Infanterie de la Garde qui quitte Castiglione et se dirige au plus vite vers le champ de bataille. La division de Grenadiers de la Garde prend position en avant de Cavrinana, tandis que la division de Voltigeurs de la Garde du général Camou et le Bataillon de Chasseurs a pied de la Garde se portent sur la ligne des collines parallèlement au Mincio. La lutte est toujours chaude au pied des hauteurs de Solferino. Le général Forey a pris de haute lutte un mamelon appelé le mont Fenile qu'il couronne aussitôt d'artillerie pour combattre les canons autrichiens. La brigade Dieu descend aussitôt de ce mamelon et chasse l'ennemi de crêtes en crêtes .Mais partout les habits blancs se multiplient et semblent sortir de terre. Une lutte terrible s'engage pour la possession d'un nouveau mamelon, le mont des Cyprès. Enfin il est emporté d'assaut. Sur le sommet, en signe de victoire, le colonel Auvergne fait flotter son mouchoir et son épée. Du mont Fenile d'où il embrasse tout le champ de bataille, Napoléon III vient de lancer les hauts shakos recouverts de toile cirée et les épaulettes jaunes de la division Camou. Aux soldats du général Manèque qui défilent devant lui, il dit, en montrant du doigt la tour de Solferino, entourée de bataillons ennemis : "Allons mes voltigeurs, a la baïonnette, culbutez moi tout ça". Sac a terre, la colline est vite descendue au pas de course pour gagner sur l'élan l'escarpement d'où pleut une pluie de balles. La mêlée s'engage. Commandant Clinchant en tête, le Bataillon de Chasseurs à pied de la Garde arrive le premier sur l’ennemi. Quatre canons encore attelés sont capturés. Un colonel autrichien est fait prisonnier. L'ennemi revient en force. Il faut s'abriter. Voici qu'arrivent les Voltigeurs de la Garde, baïonnette au canon. De furieux corps a corps à la baïonnette s'engagent dans les retranchements autour de la tour, les Autrichiens sont repoussés. La tour de Solferino est aux Français. 7 Maintenant en marche sur Cavriana où se trouve le quartier général autrichien et dont la prise parachèvera la victoire qui se dessine. La Garde et le corps de Baraguey d'Hillier vont trouver un précieux concours dans les troupes de Mac-Mahon. L'artillerie a cheval se met en batterie à droite et à gauche de la route de Solferino à Cavriana. Des troupes fraîches enlèvent le village de San Cassiano et les pentes abruptes du mont Fontana, dernier contrefort qui sépare Cavriana de San Cassiano, au sommet duquel les Autrichiens ont établi une forte redoute. L'empereur François-Joseph se trouve toujours à Cavriana autour duquel il a groupé ses réserves. Conserver ou perdre ce village va décider de la journée. Afin de la conserver a tout prix, il ordonne à toutes ces forces disponibles de marcher sur Castiglione .Son avant-garde pousse une pointe, entraînée par le feld-maréchal prince Alexandre de Hesse qui marche à pied en avant de ses hommes, brandissant un grand drapeau jaune et noir. L'artillerie française déchaîne son tir. Déjà les Autrichiens atteignent le pied de la colline où sont nos canons. Les Turcos et les grenadiers du 70e de Ligne s'élancent et se trouvent face a face avec la colonne autrichienne qui exécute une terrible décharge. Les colonels des Turcos et du 70e de Ligne, Laure et Douay, sont tués. Un grand nombre d'officiers tombent blessés. Les tirailleurs algériens hésitent puis tournent le dos et détalent, abandonnant la redoute où les Autrichiens pénètrent et achèvent les blessés. Mais bientôt les Turcos se ressaisissent et jurent de venger leur colonel. Arrêtés un instant devant son cadavre, ils trempent leurs mains dans le sang qui s'échappe de la blessure et les secouent du coté de l'ennemi. Un instant après, leur masse s'ébranle au milieu des 'You ! You!'. Un géant marche en tête, agitant un fanion jaune sur lequel tous fixent farouchement les yeux. A son signal, tous se jettent à terre pour laisser passer une terrible volée de mitraille, puis ils se relèvent d'un bond et se précipitent de nouveau, grisés de poudre, de mouvement et de cris. En hurlant, ils atteignent pour la seconde fois le pied du mont Fontana. Mais ils ont affaire à d'aussi bons guerriers qu'eux : des Croates. Les Voltigeurs et les Chasseurs a pied de la Garde impériale ont appuyé les Tirailleurs. Puis voici les Grenadiers du général Mellinet. Les munitions s'épuisent. Les soldats se sont partagés les munitions. Après avoir traversé des champs de maïs, nos fantassins pénètrent dans Cavriana pêle-mêle avec des Chasseurs tyroliens qui s'enfuient. .Parmi eux l'Empereur François-Joseph que personne n'a reconnu. Le corps de Niel se déploie et s'avance vers Medole. Son flanc gauche est sérieusement menacé par la ferme Casa Marino ou l'ennemi s'est retranché. Mac-Mahon la couvre du feu de ses batteries. Une vive canonnade s'engage. A peine Niel s'est il emparé de Medole qu'il est attaqué par les corps de Schwarzenberg, de Schaffgotsche et de Von Veigl. Avec 20 000 hommes, il lui faut tenir tête à 49 000 ennemis déterminés. Une charge de hussards et de chasseurs d’Afrique va déblayer le terrain. Les cavaliers, s'élancent au milieu des vignes et des blés, sautent des fossés, franchissent des haies et des barrières, entrent dans les vergers et finalement atteignent les colonnes autrichiennes formées en carrés. La fusillade n’arrive pas à les arrêter. Derrière l'infanterie, ils se heurtent à des pièces en batterie qui les écrasent de mitraille. Puis la cavalerie hongroise accourt à la rescousse et les oblige à tourner bride en les sabrant. Le sacrifice n'a pas été inutile. Il a permis d’arrêter le mouvement des Autrichiens qui cherchent à tourner la division Vinoy. Le feu d'une batterie de 42 canons contribue avantageusement à contenir les efforts de l'ennemi. La division Vinoy est dégagée, mais elle a encore à subir de face un nouvel assaut .La ferme de Casa Nuova ou nos fantassins se sont retranchés est entouré par de nuées d'ennemis. Bientôt c'est au tour de la division Renault et de la brigade Bataillé d'intervenir. Cette intervention est décisive .Avec ses sept bataillons, Renault entre dans Rebecco et s'en empare. Puis la brigade Bataillé, que Canrobert a formé lui même en échiquier, se jette en avant. Les bataillons passent entre les unités de la division Vinoy, tout en conservant sous le feu un ordre de marche remarquable. 8 Solférino Malgré la vigueur de leur dernière attaque, les Autrichiens ne sont pas parvenus à entamer notre aile droite, et leur Feld-Zeugmeister Wimpffen ordonne la retraite. Niel a repris l'offensive et l'ennemi commence à battre en retraite sur tous les points. .De son coté, VictorEmmanuel l'a forcé à repasser le Mincio, et ses troupes, combattant toute la journée, autour de San Martino ont participé activement à la victoire. Les Piémontais ne peuvent empêcher les Autrichiens de retraiter en bon ordre. A propos de Solferino, voila un commentaire du célèbre Suisse qui créera la Croix rouge, Henri Dunant, c'est un propos plutôt élogieux pour une armée : "Il y a réellement un élan et une bravoure toute spéciale chez ces intrépides sous-officiers de l'Armée française pour lesquels il n'existe pas d'obstacles, et qui, suivis de leurs soldats, se précipitent aux endroits les plus périlleux ou les plus exposés, comme s'ils couraient à une fête. C'est bien là sans doute ce qui constitue, en partie, la supériorité de l'Armée française sur les armées des autres grandes nations du monde." Cet observateur neutre nous allons en reparler. Au soir de la bataille qui a duré 15 heures sous un soleil infernal, l’Armée française compte 2 491 tués, 12 512 blessés, 2 292 disparus et prisonniers, Les Autrichiens ont 3 000 tués, 10 807 blessés et 8 368 disparus et prisonniers. Même Napoléon III est terrifié à la vision du champ de bataille où le typhus fait son apparition. L'Armée alliée franchit le Mincio le 1er juillet. Les Piémontais mettent le siège devant Peschiera. La flotte française, entrée dans l'Adriatique, menace Venise et Garibaldi se montre à Tirano. Une bataille décisive parait imminente quand un armistice, proposé par Napoléon III, amène un armistice qui est signée le 12 juillet à Villafranca. Devant la menace prussienne aux frontières où l’Armée française ne peut plus aligner que des conscrits, les troupes françaises rentrent immédiatement en France. Seul un petit contingent reste à Rome pour protéger le Pape. L’Armée française victorieuse défile dans Paris en tenue de combat, uniformes en loques, drapeaux noircis. C’est la deuxième fois qu’un défilé de la victoire se déroule ainsi (la première fois avait été après la Crimée). Ce sera la dernière, l’impression est déplorable. Le 10 novembre 1859, la paix est signée à Zurich entre l'Autriche, le Piémont et la France. Par un autre traité le 24 mars à Turin, la France cède au Piémont la Sardaigne mais reçoit Nice et la Savoie. L’unité Italienne se fera dans les années qui suivent, sans la France. 1859 : Sur le Champ de bataille de Solférino C’est au soir de la bataille de Solferino que l'écrivain Suisse Henri Dunant, devant la détresse des blessés abandonnés sans soin sur le champ de bataille, va se dépenser sans compter auprès des grandes puissances pour définir un code de bonne conduite en temps de guerre. Le premier texte de ce qui sera appelé Convention de Genève est signé le 22 août 1864. D’autres textes suivront, toujours en vigueur. Puis à partir de 1863, Henri Dunant fonde la Croix Rouge internationale. Avec Dunant, le comportement des troupes envers les blessés va insensiblement se modifier. Jusque là un blessé était un élément devenu inutile que l’on abandonnait à son sort. Un blessé ne pouvait plus combattre et pourquoi perdre du temps avec lui. Par charité chrétienne, des médecins et infirmiers tentaient maladroitement de les remettre sur pieds. Napoléon Ier avait bien tenté de mettre en place un service de santé, mais y croyait-il lui même ? Profitant de l’impulsion donnée par Dunant, des services de santé de plus en plus efficaces vont se mettre en place. Une véritable médecine et une véritable chirurgie de guerre vont commencer à être enseignés. Des structures vont se créer pour recueillir les blessés, les protéger, les soigner. Infirmeries de campagne, hôpitaux de campagne avec un personnel formé vont accompagner 9 les troupes. A bord des navires, des structures semblables vont s’installer de taille variable suivant la dimension des bateaux. L'emblème à Croix Rouge est sensée protéger ces personnels. Nous savons que ce ne sera pas toujours respecté. Mais depuis Dunant, un homme blessé n’est plus un homme abandonné. Les armées des pays évolués se feront un devoir de mettre en œuvre le maximum de moyens pour sauver leurs blessés. Les jeunes médecins feront leur service militaire. Tout juste sortis des Centres Universitaires, les jeunes médecins feront leur tour de service comme les autres. Compte tenu de leur durée d’études, ils auront quelques années de plus que l’ensemble des conscrits. Et leur niveau élevé d’études les feront en grande majorité intégrer le corps des officiers. Pendant les premiers mois de leur service, on verra de jeunes aspirants prendre en compte, seul avec une équipe d’infirmiers, la santé de toute une unité de combat. Les périodes de réserve concerneront également le corps médical. De véritables périodes d’instruction permettront également à des infirmiers de se former. Ce sera pour quelques réticents au service des armes de faire leur devoir dans ce service de santé des armées. 1859 : Indochine. Genouilly après avoir quitté Tourane choisit Saigon, accessible aux navires importants. De plus la région est le grenier à riz de Hué et de l'Armée annamite. Entre le 15 et le 17 février 1859, les forts de la ville sont pris .Mais les troupes françaises ne sont pas assez nombreuses pour occuper Saigon et ses environs. La troupe débarquée subit une épidémie de choléra et ne peut prendre la ville même de Saigon. La garnison, moins de 1 000 hommes ont à lutter contre les 12 000 Annamites du maréchal Nguyen-tri-phuong. Assiégée dans la forteresse de mars 1860 à février 1861 la garnison sera finalement sauvée par l’arrivée de la flotte française et de ses 3 500 hommes libérés de l’opération de Chine. 1859 : Afrique de l’ouest. Missions d’exploration sur le fleuve Sénégal, vers l’Adrar, vers le Fouta Djalon, vers Tombouctou, vers Mogador à travers la Mauritanie. Pour toutes ces missions une poignée de soldats venus de métropole encadre des troupes locales. 1860 : Liban. Les chrétiens maronites de Damas (Syrie) sont exterminés dans la nuit avec la complicité du gouverneur turc de Syrie. Les massacres font entre 4 000 et 6 000 victimes. Les survivants prennent la route de l'exil notamment vers Beyrouth et Alexandrie. Napoléon III envoie un corps expéditionnaire français de 7 000 hommes commandé par le général Beaufortd'Hautpoul pour assurer la protection des chrétiens en route vers le Liban. Ce corps expéditionnaire rembarquera en 1861. 1860 : Algérie L’Armée que Napoléon III a su flatter va lui rendre un accueil sans pareil à l’occasion de son voyage en Algérie. Chaque régiment de cavalerie a délégué à Alger un escadron, colonel et étendard en tête. Chaque régiment d’infanterie est représenté par un détachement avec son drapeau. Tous les militaires sont en grande tenue. Les galons, barrettes et médailles étincellent au soleil. 10 1860 : Chine. Les traités commerciaux sont de nouveau rompus. Une flotte de 61 bâtiments français et 77 britanniques partie de Hong-Kong emmène vers la côte chinoise un corps expéditionnaire de 21 000 hommes dont 8 000 Français (fantassins, artilleurs, sapeurs) du gl Cousin-deMontauban. La troupe doit débarquer dans la baie de Tché-Fou, à l’est de Pékin. Une série de forts interdits l'accès au fleuve Pei-Ho. Pour ne pas risquer un nouvel échec, comme en 1859, le commandement décide un débarquement en force plus au nord à l'embouchure du fleuve Peh-Tang-Ha. En 3 semaines, le corps expéditionnaire franco-anglais s'empare de toutes les défenses des deux fleuves (5 forts, 2 camps retranchés et 518 pièces d'artillerie). Tien-Tsin, Tong-Thcéou tombent. La porte de Pékin est alors ouverte. Les brigades Jamin et Collineau avancent. A moins de 20 kilomètres de la ville, 60 000 Tartares de l’Armée chinoise se sont retranchés dans le village de Palikao. Le 21 septembre, le combat est engagé par les cavaliers tartares. Les troupes franco-britanniques se sont bien retranchées. Les charges échouent. A midi, le gl Collineau contre-attaque avec en tête le 2e Bataillon de Chasseurs à Pied et le 101e de Ligne. L'ennemi défait tente de se regrouper autour du pont de Palikao dont les Français s'emparent après un assaut furieux, avant de capturer le camp chinois. 50 000 cavaliers mongols sont massacrés. Prise de Pékin le 13 octobre. Le pillage du Palais d’Été par les troupes françaises et anglaises constitue un modèle du genre. De fabuleuses richesses sont expédiées en France. Même l’Impératrice Eugénie aura sa part du butin. Ce pillage pourrait choquer, il est cependant une tradition dans toutes les armées du monde depuis la nuit des temps et ne sera partiellement aboli qu’en la deuxième partie du XX° siècle. Ne soyons pas trop sévère avec les pillards, d’origine souvent modeste. Ils perdent la tête devant les fabuleuses richesses accumulées par des siècles de civilisation chinoise. D’ailleurs regardez bien dans les souvenirs de famille, s’il n’y a pas un objet rapporté par un aïeul. Le 25 octobre, un nouveau traité de paix est signé qui ne sera pas plus respecté que les autres. 1861 : Mexique. Les démonstrations des marines européennes de 1838 et de 1853 ont été sans effet. Cette année 1861 verra le début de la folle aventure du Mexique pour contraindre ce pays à régler ses dettes, mettre un peu d’ordre dans un pays en pleine anarchie (240 coups d'état en 35 ans), protéger les ressortissants européens et surtout se constituer une vaste colonie européenne en Amérique face à la nation montante, les Etats-Unis. La période est propice, les Etats Unis se déchirent entre Nordistes et Sudistes et devraient marquer moins d'intérêt pour des pays qu'ils considèrent déjà comme leur "chasse gardée". Un corps de débarquement multinational est envoyé. En dehors des équipages des 3 escadres dont celle de France qui comprend 14 navires de guerre (amiral Jurien de la Gravière) , le corps expditionnaire est composé de troupes françaises (2 500 hommes), britanniques (700 hommes) et espagnoles (6 000 hommes venus de Cuba). Les Alliés débarquent à Vera-Cruz à la mi-janvier 1862. Les Mexicains abandonnent le terrain, d’autant plus vite que le vomitonégro (une forme de la fièvre jaune) y règne. Les Anglais (commodore Dunlop et l'embassadeur Charles Wyke) rembarquent et restent dans leurs navires. Les Espagnols (général Prim) et les Français s’établissent à Tehuacan, Orizaba et Cordoba. Des renforts parviennent enfin, 2 000 hommes qui arrivent de France. L'entente n'est pas parfaite entre les 3 nations intervenantes. Chacune défendant ses propres intérêts. Des pourparlers se déroulent au Mexique et l'Europe n'en ai informé que des mois plus tard. Napoléon III propose le trône du Mexique à Maximilien, un archiduc autrichien (frère de l'empereur François-Joseph) qu'il faut "caser". C'est un moyen aussi pour la France de se 11 réconcilier avec l'Autriche qu'elle a vaincu en Italie. Les gouvernements anglais et espagnols n'y sont pas favorables et les soldats Anglais et les Espagnols quittent le Mexique, en avril 1862. La France se retrouve seule face à l’Armée mexicaine républicaine. Les Mexicains du Président Juarez ne vont pas se laisser déposséder de leur pays. La préparation française est affligeante. Les vivres, munitions et renforts doivent traverser l’Atlantique (6 000 miles nautiques) au prix de gigantesques efforts de la marine. Une seule carte du territoire existe et c’est celle qu’a fourni l’Empereur. Le terrain et le climat sont difficiles. Dès que l’on quitte la côte, le climat devient très éprouvant pour des européens non habitués. Après l'arrivée de nouveaux renforts, ce sont 6 000 hommes qui quittent Vera-Cruz pour s’enfoncer à l’intérieur du pays. La route est coupée par les montagnes peu franchissables exceptées à quelques points de passages comme Las-Cumbres. C'est là que le général Zaragoza (républicain mexicain) décide de défendre l'accès à Puebla en massant 4 000 soldats et trois batteries de montagne. En face, arrivent 6 000 Français menés par le général Lorencez. Bloqués sur la route principale jusqu'au soir, les Français forcent la passe en envoyant des zouaves et des chasseurs à pieds par des sentiers de montagne pour enlever d'assaut les batteries mexicaines. Les Français ne perdent que 2 tués et 32 blessés. Les Français arrivent devant la ville de Puebla de Los Angeles le 5 mai 1862 au matin. D'emblée le général de Lorencez décide de faire porter l'attaque sur le fort de Guadalupe sans attendre les renforts du général Marquez (mexicain rallié) et sans préparation préalable d'artillerie suffisante. L'attaque est menée par deux bataillons de zouaves couverts par les fusiliers-marins à droite et des chasseurs à pied à gauche. L'infanterie de marine est tenue en réserve. De 11H00 à 12H00, l'action commence par un bombardement. Le général Zaragoza fait renforcer le général Negrete et lance sa cavalerie sur la gauche des Français. Puebla La supériorité numérique des Mexicains (gl Porfirio Diaz) déployés entre les deux forts stoppe l'assaut et les Français doivent à leur tour subir les assauts de la cavalerie ennemie. Un orage empire la situation et Lorencez suspend l'attaque. Les Français ont perdu près de 500 hommes et la moitié de leurs munitions d'artillerie employées au bombardement. Les vétérans de Magenta et de Solferino sont tombés dans les 3 assauts mal préparés. Les Républicains mexicains, ne comptent que 83 morts et 132 blessés. La victoire des Mexicains est encore fêtée aujourd’hui à Puebla. Les Français se replient vers Orizaba. En septembre 1862, les Français disposent de 28 000 hommes (les meilleurs régiments de l’armée). Les renforts ont mis 70 jours de mer pour arriver et c’est un amas d’hommes malades et inertes. La Marine a déjà perdu 1 200 hommes rien qu’en gardant le port de Vera-Cruz. Pendant de longs mois, aucune opération militaire n'est effectuée, chaque camp reste sur ses positions. Napoléon III rappelle de Lorencez et nomme le gl Forey. Une nouvelle colonne entame une marche de 163 kilomètres sur Puebla le 22 février 1863 et atteint la ville le 16 mars. Le siège débute immédiatement par une manœuvre d'encerclement. Le 18, l'encerclement est effectif et le 22 une tentative de secours des Républicains mexicains sur Cholula est repoussée. Le 29, le premier assaut est lancé sur le fort San-Javier. Face à la résistance des Mexicains, il faudra 20 heures aux Français pour sortir victorieux d'une mêlée particulièrement confuse. Le 31, les Français s'emparent du couvent de Guadalupita. A partir de ce moment, la résistance mexicaine devient plus opiniâtre avec des barricades dans chaque quartier. Désormais, les Français doivent se battre maison par maison. En même temps il faut repousser les contre-offensives extérieures des Républicains mexicains. Le 25 avril, après un échec pour prendre le couvent San-Inès, décision est prise de se maintenir sur ses positions et d'attendre un renfort d'artillerie pour réduire la ville par un 12 bombardement. C'est à cette période qu'a lieu le combat de Camerone pour des Légionnaires protégeant un convoi de matériel de siège. Le 5 mai, le gl républicain mexicain Comonfort tente de briser le siège, mais échoue aussi bien à San-Pablo-del-Monte qu'à San-Lorenzo. Une autre tentative le 8 mai, avec 7 000 hommes est victorieusement repoussée par les Français. Le 16 mai, les assiégés demandent l'armistice. Le 17, les Républicains mexicains débandent leur troupe et la ville est occupée le 19. Les Français font 12 000 prisonniers dont 25 généraux. La route de Mexico est désormais ouverte. Le 7 juin 1863, les Français font leur entrée à Mexico que Juarez a évacué sans combat. Après avoir été élevé au maréchalat Forey est rappelé en France en juillet 1863 et invité à remettre son commandement à Bazaine. Mais apparemment vexé d'être rappelé si vite après avoir reçu le bâton, il fait traîner les choses et ne cède son poste à son subordonné qu'en septembre 1863. Bazaine prend le commandement. L’entrée à Mexico Puebla a été prise, mais Puebla n'est qu'une ville mexicaine et dans la campagne, la guérilla mexicaine et le banditisme se développent sur une grande échelle. Les Français sont attaqués dans tous leurs déplacements. Puisque les partisans de Juarez assassinent, pillent et incendient, les Français agissent de même. C'est une guerre atroce où les blessés sont achevés, où les prisonniers sont massacrés, où la population civile fait l'objet des pires sévices de la part des deux camps. Le colonel du Pin et ses hommes chargés par Bazaine de la répression vont se faire une triste réputation. En 1864, il y a deux divisions complètes au Mexique, plus une brigade d'infanterie et une brigade de cavalerie : les 7e, 20e, 1er, 18e Chasseurs à pied, les 51e, 62e, 95e, 99e, 81e Régiments d'infanterie, les 3e, 1er et 2e Zouaves, le 2e Bataillon d'infanterie légère d'Afrique, un bataillon de Tirailleurs Algériens, un Régiment de la Légion, un Régiment de Marche de cavalerie (escadrons des 1er et 3e Chasseurs d'Afrique), un autre Régiment de Marche de cavalerie (2e Chasseurs d'Afrique et 5e Hussards), de l'artillerie, du Génie, du Train, de l'Intendance et des Administratifs. Les Français sont ainsi 35 000. Vont arriver, 1 200 soldats belges pour la garde de l'Impératrice Charlotte (lieutenant-colonel Alfred Van der Smissen) et des hussards autrichiens pour la garde de l'Empereur Maximilien (général de Thun). Leur recrutement et les conditions de leur voyage sont toute une épopée. Très rapidement ces 2 unités de soldats de "parade", sans entraînement militaire, subissent de très lourdes pertes. Quand aux unités de soldats mexicains impériaux leur valeur au combat est très inégale. Le principal souci du commandement français sera qu'ils ne désertent pas. Le 28 mai 1864, l'Empereur du Mexique, son épouse et leur suite débarque à Vera-Cruz. Le 12 juin, le cortège arrive à Mexico sous les acclamations. Les rues sont jonchées de fleurs et barrées d'arc de triomphe. Tout a été organisé et payé par les caisses de l'Armée Française. Tout n'est qu'illusion. Tout n'est que tromperie. Tout n'est qu'indécision. Tout n'est qu'ambition personnelle. Tout repose sur des promesses qui ne seront pas tenues. Le grand drame demeurera la question financière : sur les droits de douane perçus par le Mexique, sur la contribution du Mexique aux frais engagés par la France, sur le remboursement des emprunts levés au nom du Mexique. Les relations entre Maximilien et Bazaine sont déplorables, voire hostiles. Bazaine règne sur l'Armée française et n'entend pas recevoir d'ordres de l'Empereur du Mexique. Il supporte à peine les ordres venus de Paris et lorsque ces ordres arrivent à Mexico, ils datent de 6 semaines. Bazaine est censé former une Armée impériale mexicaine mais elle n'existera jamais. La guerre s’éternise et l'on pense déjà au rapatriement du corps expéditionnaire français. Le 15 janvier 1866, Napoléon III annonce à Maximilien que les Français vont quitter le pays (la lettre arrive un mois après). Bazaine a reçu ses ordres et commence le repli des troupes. 13 Napoléon III a promis de laisser au Mexique la Légion Etrangère, encore une promesse qui ne sera pas tenue. Une intervention étrangère imprévue, celle des Etats-Unis, génère des problèmes supplémentaires à l'Armée Française. Napoléon n'entend pas se laisser entraîner dans une guerre avec les Etats-Unis. Malgré la guerre de sécession, les États-Unis (Nordistes) ont continué à envoyer vivres et munitions à l’Armée républicaine de Juarez pendant que les Français ont été très mal ravitaillés. Les armes franchissent le Rio Grande et alimentent la guérilla mexicaine. Les Nordistes vont même intervenir directement dans le conflit. La ville de Matamoros, sur le Rio Grande, est le principal point de passage de l'aide américaine aux Mexicains. La ville est gardée par le colonel Meija, partisan des Français avec 2 000 hommes. Il est soutenu par la Marine française. En 1864, Meija est menacé par le gl républicain Negrete, qui est cependant dissuadé par le débarquement à Bagdad de 500 soldats français et 140 artilleurs, arrivés sur le Var, le Magellan et le Tactique. En 1865, la situation se complique encore plus. Les Nordistes concentrent 40 000 hommes sur la frontière. Le 28 septembre, le gl républicain Escobedo appuyé par 11 canons, semble-t-il servis par les soldats (réguliers ou mercenaires ?) des États-Unis arrive. L'amiral Cloué renforce la défense de la ville avec l'Adonis, le Magellan, le Tactique et le Tartare. Après le repli des Mexicains, l'amiral adresse une réclamation au général nordiste Wetzel, pour la présence des artilleurs des États-Unis et le secours aux blessés mexicains. En novembre, nouvelle tentative d'Escobedos sur Matamoros. Bazaine envoie deux colonnes en renfort commandées par le colonel d'Ornano et le général Jeanningros ainsi que l'Allier pour débarquer 300 Autrichiens, 200 Impériaux mexicains avec 60 chevaux à Bagdad le 20 novembre. Tous est réuni pour une bataille. Les États-Unis qui viennent de voir le Nord l’emporter sur le Sud ne désirent toujours pas d’un voisin trop encombrant à la solde de la France et continuent leurs envois de vivres et munitions aux républicains mexicains. Le 4 janvier 1866, profitant du départ de l'Adonis, du Tartare et du Tisiphone, Escobedo appuyé de régiments noirs des États-Unis attaque la ville. Alors qu'Impériaux mexicains et les Autrichiens se replient sur les navires, les 30 marins de l'Antonia assurent leur couverture. Le général nordiste Wetzel envoie 150 hommes pour rétablir l'ordre en occupant le village tenant à sa merci les hommes rassemblés sur l'Antonia. Après une nouvelle protestation de l'amiral Cloué, le village est libéré le 25 janvier. En juin, une double colonne de 2 000 hommes part en renfort de Monterrey. Une moitié s'arrête en route pour cause de maladie, les 300 hommes de la seconde moitié sont attaqués le 15 juin à Camargo par 5 000 Républicains mexicains et mercenaires des États-Unis. Seuls 150 hommes parviennent à Matamoros où Meija, se voyant désormais dans l'impossibilité de tenir la ville, fait évacuer les 400 hommes qui lui restent par mer. Ils rejoignent Vera-Cruz. Les partisans de Juarez se renforcent sans cesse alors que Napoléon III a décidé depuis longtemps de ne pas envoyer de renforts. Sur les frontières de l'est en France, la menace prussienne est de plus en plus vive et Napoléon III a besoin de ses meilleurs soldats. Il donne l'ordre de rapatriement de 500 soldats français par mois, nombre qui passe rapidement à 1 000 par mois. Enfin Napoléon III ordonne le rapatriement complet du corps expéditionnaire français pour la fin 1866. Le 28 décembre 1866, les forces françaises sont rassemblés dans Mexico-Cieudad. Bazaine emporte le dernier drapeau tricolore le 5 février 1867 et prend la route de Vera-Cruz. Les dernières unités partent les 7 et 8 février vers les gros transports qui les attendent. Les 27 000 hommes de l’Armée française ont terminé leur embarquement le 12 mars 1867 et rentrent en France. Maximilien et ses partisans sont abandonnés à leur sort. Maximilien enfermé dans la ville de Querataro avec 5000 partisans (de moins en moins nombreux) se rend aux Républicains mexicains le 15 mai 1867. Jugé d'après des lois qu'il a lui-même édicté, il est fusillé le 19 juin 1867. L'Impératrice Charlotte est alors en Europe où elle a tenté vainement d'obtenir des renforts de la Belgique, de l'Autriche, du Pape et de Napoléon III. Charlotte sombre dans la 14 folie. Elle succombera 60 ans plus tard à Vienne le 19 janvier 1927. Napoléon III après la défaite de Sedan en 1870 sera déchu de ses titres, et mourra en exil le 8 janvier 1873. L'impératrice Eugénie, qui a poussé à la candidature de Maximilien mourra aussi en exil le 11 juillet 1920. Leur fils Eugène-Louis-Napoléon, meurt en Afrique du sud le 1er juin 1879 tué par les zoulous. Jurien de la Gravière est mort en mars 1892 après avoir commandé la flotte de Méditerranée pendant la guerre de 1870. Charles Ferdinand Latrille de Lorencez meurt en 1892. Rentré en France, Forey commande le 2ème corps d'armée à Lille puis le 3ème corps d'armée à Nancy. Frappé d'une congestion cérébrale en avril 1867, il meurt à Paris le 20 juin 1872. François Achille Bazaine, commandant en chef de l'armée du Rhin en 1870. Encerclé dans Metz avec 180 000 hommes, après plusieurs tentatives de percées, il se rend aux Prussiens avec son armée en octobre. Jugé en conseil de guerre en 1873, condamné à mort, puis gracié, il s'évade de la prison de l'île Sainte Margueritte en 1874 pour mourir en 1888 à Madrid. Benito Juarez, premier président indien du Mexique, après sa victoire sur les Français et sur Maximilien conserve son poste de président, poursuit la mise en place de ses réformes. Meurt le 18 juin 1872 de mort naturelle, fait exceptionnel pour le Mexique de l’époque. Nous avons vu le sort des principaux protagonistes de cette pénible folie. L’histoire retient de cette aventure, l’héroïsme d’un détachement de la Légion Étrangère à Camerone le 30 avril 1863 (une défaite dont la date anniversaire deviendra la fête de la Légion). Elle oubliera le sacrifice des milliers d’anonymes (38 500) envoyés dans ce guêpier, 6 000 hommes ne reviennent pas (dont 2 000 marins), et des tonnes d’armes et équipements sont brûlés. Le prestige de la France s'en trouve affaibli. 1861 : Indochine. Un corps expéditionnaire (gl de Vassoigne) de 3 500 hommes des troupes de marine (régiment de marche d' Infanterie de Marine, 2e Bataillon de Chasseurs à pied, un détachement de Chasseurs d'Afrique, appuyés par un bataillon de Fusiliers marins, deux batteries d'artillerie et des troupes du génie débarquent de 55 navires de guerre (amiral Charber) dotés de 474 canons. Pour l'essentiel, ce sont les vainqueurs de Palikao. Il y a également 800 soldats espagnols. Le 24 et 25 février 1861, les principales lignes fortifiées de la défense annamite de Chi-Hoa et Ky-Hoa sont enlevées à la baïonnette. Les Francoespagnols ont eu 15 tués et 80 blessés. Les Français poussent leur avantage, et refoule l'ennemi vers Bien-Hoa. Les canonnières pénètrent jusqu'à Tay-Nin. My-Tho, clé stratégique du delta du Mékong et du Cambodge est prise le 12 avril. Les centres de Ba-Ha, Bien-Hoa, Vinh-Long tombent. Le gouvernement d'Hué, gêné par l'arrêt des approvisionnements de riz du sud et par la grave révolte du catholique Ta-Van-Phong dans le delta du fleuve Rouge doit choisir entre ses adversaires. La cour de Hué se résigne à signer un traité avec la France le 5 juin 1862. Elle cède ainsi à la France les trois provinces orientales du sud : Bien-Hoa, GiaDinh, My-Tho ou Dinh-Tuong, ainsi que l'archipel de Poulo Condor. A la fin de 1861, les Français dénombrent déjà 347 morts de maladie. 1861 : Afrique de l’ouest. Au Sénégal, la colonisation se poursuit, malgré des effectifs militaires réduits. Pour aller défendre l’un des forts construit les années précédentes, un corps expéditionnaire part de Saint-Louis-du-Sénégal. Il comprend : un bataillon de 450 Tirailleurs sénégalais, trois compagnies d’Infanterie de marine (250 soldats blancs), une batterie d’obusiers et ses servants, 25 Spahis à pied, et 250 marins noirs, également à pied. C’est une colonne très importante. Jamais encore de tels effectifs ne s’étaient déplacésés en Afrique centrale. Cette colonne, d’abord transportée par navires à moteur termine sa marche d’approche à pied en portant tout 15 son équipement, vivres et munitions. Les mulets sont réservés aux obusiers. Pour alléger le fardeau des hommes, ni tente, ni couverture. Après des jours de marche, les positions ennemies sont attaquées. Au soir du dernier combat, 180 blessés doivent être soignés, 67 morts attendent que les survivants les ensevelissent. En 1960, le tumulus se voyait encore. Qui sont-ils ces soldats que le gouvernement envoie si loin de la mère patrie ? Des Tirailleurs sénégalais, des Tirailleurs algériens, quelques hommes du génie, des engagés des troupes de marine (la Coloniale), des Légionnaires, mais aussi des conscrits venus de France (des punis parfois pour des fautes vénielles), des petits délinquants à qui un juge a demandé de choisir : armée, marine ou prison, et des désignés d’office. Mais c’est souvent l’Infanterie de marine qui est à la peine. Comme le 21e Régiment d’Infanterie Coloniale (aujourd'hui 21e R.I.Ma.) qui participe à tous ces conflits, Crimée, Indochine, Mexique. Mais nous ignorons souvent le statut des hommes qui composent ces régiments. Nous retrouverons ces régiments dans la Grande Guerre. 1862 : Indochine. 5 Juin : Traité avec la cour d'Annam signé à Saigon. La France et l'Espagne reçoivent ensemble une indemnité de 20 millions de francs. La France annexe les trois provinces de Saigon, Bien-Hoa et Mytho, ainsi que l'île de Poulo-Condor. Vinh-Long est rétrocédée au gouvernement de Hué. La France s’installe en Asie du Sud-est pour presque un siècle. La métropole envoie de nouveaux renforts. Avant l’ouverture du canal de Suez, le voyage jusqu’à Saigon dure un minimum de 100 jours. Les soldats voyagent dans des conditions sordides, couchant le plus souvent sur le pont faute de place dans les navires de guerre. La seule distraction pendant le voyage, c’est le passage de l’équateur où l’équipage organise une petite fête. Seuls les civils peuvent se payer le voyage dans de meilleures conditions alternant bateau, train traversant l’isthme de Suez, puis de nouveau le bateau. Après le percement du canal de Suez, la durée du voyage sera ramenée à 40 jours. Le calvaire sera moins long. L’Indochine présente pour les soldats des conditions de vie très éprouvantes. Il règne une température constante de plus de 40° au soleil. Les marches sont harassantes, l’alimentation est très mauvaise, et les soldats boivent beaucoup trop, au point que les ivrognes jonchent les trottoirs de Saigon ou d’Hanoi. Mais surtout l’hygiène est ignorée. Il n‘y a pas encore de médicaments préventifs, ni curatifs. A la fin de 1862, sur les soldats arrivés en renfort on dénombre 699 morts de maladie et 1 262 rapatriés sanitaires qui n’arriveront pas tous vivants en France. Ce sont les officiers de marine qui sont chargés d’administrer cette nouvelle colonie. La Marine française est au sommet de sa gloire. Le plus humble des officiers se voie confier des pouvoirs dont jamais il n’avait rêvé. Il règne sur une région avec quasiment droit de vie et de mort. Ne parlons pas des amiraux qui règnent sur de vastes territoires avec des pouvoirs immenses, sans rendre compte véritablement aux ministres en place à Paris. Ministres qui auront bien du mal à les remplacer si besoin. Les hommes de troupe sont eux bien loin de ces soucis de grandeur. Ils vivotent bien souvent et c’est plutôt de survie dont il faut parler. Indochine 1863 : France. Les effectifs de l’Armée française sont de 421 000 hommes dont 60 000 en Algérie, 30 000 au Mexique, 8 000 à Rome. Louis-Napoléon va tenter de renforcer cette armée face aux 700 000 16 hommes de l’Armée prussienne. L’Empereur ne peut obtenir la suppression du tirage au sort ou du moins un changement notable qui aurait eu pour obligation pour tout jeune Français d’effectuer un temps de service soit dans l’active, soit dans la réserve. 1864 : Algérie. L'insurrection des Ouled Sidi Cheikh se répand jusque dans l'extrême sud algérien et même vers Touggourt. Malgré les tentatives des autorités françaises d'engager des négociations avec les Ouled, la rébellion va demeurer endémique, jusqu'à l'occupation militaire des oasis. Il y a pourtant maintenant 85 000 soldats en Algérie. Soldats qui vont être confrontés entre 1867 et 1868 à une épouvantable épidémie de typhus et de choléra qui va tuer 300 000 personnes. 1866 : France. L’Armée française ne comprend plus que 385 000 hommes dont 100 000 en Algérie, Mexique et Rome. 1867 : Indochine. Instauration du service militaire obligatoire en Cochinchine : 4 ans avec tirage au sort. En métropole, la durée du service militaire est toujours de 7 ans. 1867 : Italie. Garibaldi réunit 8.000 volontaires et décide d'attaquer les positions pontificales. Il prend les positions d'Aquapendante et de Monte-Rotondo, aux portes de Rome. La contre-offensive des troupes pontificales a lieu à Mentana, le 3 novembre 1867. Les troupes pontificales, la Légion d'Antibes (des volontaires français) et les troupes régulières françaises commandées par le gl de Polhes, armées du nouveau fusil « Chassepot » enfoncent les troupes garibaldiennes. Ce combat, peu important stratégiquement, est d'une grande portée diplomatique et politique. Le corps expéditionnaire rentre en France dès le mois de décembre. Une présence militaire sera maintenue jusqu'au 25 août 1870. 1868 : France. Un système intermédiaire entre le désir de l’Empereur et le choix des Assemblées est mis en place (loi Niel du 1er février). Maintien du tirage au sort, vote annuel d’un contingent, possibilité de remplacement rétablie, réorganisation de l’Infanterie de Marine, maintien de la Garde Nationale qui voit ses effectifs accrus par l‘obligation aux dispensés du service actif d‘y entrer, service militaire actif ramené à 5 ans, maintien dans une réserve pendant 4 ans. Les appelés sont désormais 90 000. La loi Niel institutionnalise le service dans la réserve pour tous. Pour les "mauvais numéros", il représente les quatre années qui suivent les cinq ans de service actif. Pour les autres, il s'effectue dans la Garde nationale mobile aux obligations peu contraignantes. Par ce biais, le service militaire devient personnel et universel. Le nouveau fusil Chassepot, au chargement par la culasse, au calibre 11 mm, est définitivement adopté après ses succès au Mexique (c'est relatif) et en Italie. 17 1869 : France. L’Empire qui se veut libéral continue cependant à utiliser l’Armée pour réprimer les manifestations d’opposants. Le 16 juin 1869, à La-Ricamarie (petite ville minière près de Saint-Etienne). La troupe (une compagnie d’infanterie) appelée en renfort pour mater la grève des mineurs, ouvre le feu sur une manifestation qui tente de s'opposer à l'arrestation d'une quarantaine de mineurs. La fusillade fait 14 morts, une soixantaine de personnes est blessée dont une dizaine d'enfants. A Aubin (Aveyron), la troupe tire encore : 14 tués. A Sottevilleles-Rouen, à Saint Etienne, à Rive-de-Gier, à Firminy, à Lyon, à Elbeuf, à Carmaux, à Marseille, à Vienne, à Grenoble, à chacune des manifestations la troupe est présente. Les grands travaux qui ont bouleversé Paris et d’autres grandes villes en ces années du règne de Napoléon III ont également leurs incidences militaires. Les grands boulevards ainsi créés permettent les charges de cavalerie, les tirs au canon contre les manifestants, les barricades y sont plus difficiles à ériger, des casernes en nombre important sont construites auprès des immeubles de luxe, les troupes vivant au cœur des villes peuvent intervenir plus rapidement. LA GUERRE DE 1870 Sur les conseils de ses généraux et de l’Impératrice Eugénie, face à une Prusse provocatrice qui rêve de constituer une Grande Allemagne, l’Empereur engage la France dans une guerre qui doit être courte. Le 6 juillet 1870, le ministre de la guerre déclare: “La lutte est inévitable, on peut saisir sans crainte cette occasion” et “si la guerre devait durer un an, nous n’aurions pas un bouton de guêtres à acheter”. Comment douter du succès de cette armée. L’Armée française après ses succès en Crimée, en Algérie, en Italie, aux colonies est considérée comme la meilleure du monde. Le 14 juillet, le rappel des réservistes est décidé. Leur incorporation s’effectue dans le plus grand désordre. Le 19 juillet, la déclaration de guerre est envoyée à la Prusse. L'armée d'Afrique prend le bateau pour la métropole. Pourtant à sa création, elle ne devait jamais intervenir en Europe. L'Armée française est insuffisamment préparée. L’Empereur le sait, mais ne veut pas mécontenter ses généraux, ses ministres, l’Impératrice et le peuple de Paris qui veulent la guerre. Le peuple de province se fait plus réticent, il sait par habitude, que ce sont les petites gens qui vont encore faire les frais de cette guerre, et que ce sont les paysans qui meurent en première ligne. Les Prussiens sont eux puissamment armés. Ils viennent de défaire l’Armée autrichienne en une seule bataille à Sadowa et ont été des spectateurs très assidus de la guerre de Sécession aux États-Unis où le matériel a joué un rôle très important. Ils peuvent aligner en premières lignes 500 000 hommes. L’Armée française est une armée puissante qui comprend : 115 régiments d‘infanterie soit 366 bataillons (chaque régiment comprend 3 bataillons à 8 compagnies et dispose d'un effectif théorique de 2 700 hommes (dans les faits le plus souvent moins de 2 000) dont pour la Ligne : 100 régiments de ligne (300 bataillons), 3 régiments de Zouaves (9 bataillons), 3 régiments de Turcos (9 bataillons), 1 régiment étranger (3 bataillons), 20 bataillons de chasseurs à pied. Pour la Garde Impériale : 8 régiments (25 bataillons), 3 régiments de grenadiers (9 bataillons), 1 régiment de Zouaves (3 bataillons), 4 régiments de voltigeurs/tirailleurs (12 bataillons), 1 bataillon de chasseurs à pied. La Cavalerie dispose de 60 régiments soit 360 escadrons (les régiments de cavalerie sont à six escadrons et comprennent un effectif théorique de 800 à 900 hommes chacun) dont pour la Ligne : 54 régiments (324 escadrons) soit 10 régiments de cuirassiers (60 escadrons), 12 régiments de dragons (72 escadrons), 8 régiments de lanciers (48 escadrons), 12 régiments de 18 chasseurs (72 escadrons), 8 régiments de hussards (48 escadrons), 4 régiments de ch. d'Afrique (24 escadrons) et pour la Garde 6 régiments (36 escadrons) soit 1 régiment de cuirassiers (6 escadrons), 1 régiment de carabiniers (6 escadrons), 1 régiment de dragons (6 escadrons), 1 régiment de lanciers (6 escadrons), 1 régiment de chasseurs (6 escadrons), 1 régiment de guides (6 escadrons). Pour l’Artillerie nous trouvons 21 régiments soit 224 batteries de 6 pièces. Les régiments à pied sont à 12 batteries dont 5 partent en campagne, 4 sont affectés à la défense des places et trois restent en dépôt sauf pour les régiments de la Garde. Les régiments à cheval laissent 2 batteries en arrière et entrent en campagne avec les 6 autres. La réserve ainsi formée comprend 64 batteries. Toutes les batteries sont à 6 pièces de 4, de 12 (réserve) ou mitrailleuses. Pour la Ligne : 19 régiments (212 batteries) soit 15 régiments à pied (180 batteries) et 4 régiments à cheval (32 batteries). La Garde à 2 régiments à pied (12 batteries). Restent en soutien 6 régiments. L’armée dispose en plus de 3 régiments du génie et de 3 régiments du Train des équipages. L'armée de campagne comprend début août 26 divisions d'infanterie et 11 divisions de cavalerie disponibles immédiatement dans l'Est. Mais dans les faits, toutes ces unités ne montent pas « au front ». De fortes unités restent à la défense des places, dans les dépôts ou en réserve et il faut garder l’Algérie. L’Armée française qui monte à la frontière, est scindée en 2 armées : L’Armée du Rhin ou de Lorraine (Maréchal Achille Bazaine) qui comprend les IIe, IIIe et IVe corps d'armée ainsi que la Garde impériale et une brigade du Ve corps et l’Armée d'Alsace puis l'Armée du camp de Chalons (Maréchal Patrice de Mac Mahon) avec les Ier, Ve et VIIe corps d'armée. Elle est rejointe par le XIIe corps venant du sud ainsi que par l'Empereur. L’Armée française vient de combattre majoritairement outre-mer et n’est pas équipée pour des combats en Europe. L’artillerie est insuffisante, les canons de bronze se chargeant par la bouche sont toujours en service. Face aux canons d’acier se chargeant par la culasse, ils ne vont pas faire illusion très longtemps. Les fantassins, même bien armés, sont lourdement chargés car ils savent devoir traverser des régions sans possibilité de ravitaillement. Les dépôts sont vides. Dans leur sac, on trouve de tout, le linge de rechange, des souliers, de la mercerie, des souvenirs personnels, des brosses, un couvert, des biscuits, du café, des cartouches, les vivres réglementaires que l’on n’utilise que si l’intendance n’a pu suivre (et c’est très fréquent), du papier et un crayon, une partie du matériel de l’escouade. A la main, ils tiennent le lourd fusil Chassepot, qu’ils peuvent également porter à l’épaule mais la courroie leur brise le dos. Les aventures coloniales n’ont jamais mobilisé autant d’hommes et la campagne d’Italie remonte à 11 ans. Très rapidement, le commandement français va se montrer défaillant et incompétent. L’Empereur qui est censé commander en chef est malade et incapable de se diriger lui-même. Les généraux se jalousent et ne sauront jamais se soutenir en “marchant au canon”. Les officiers ne disposent d'aucune carte de l'est de la France mais sont dotés de cartes de l'Allemagne. L’Armée française forte de 250 000 hommes sur les 350 000 prévus va se déployer en équerre le long de la frontière avec la Prusse et attendre l’adversaire. Il est évident qu’aucune stratégie n’a été préparée. Aucun plan de campagne n’a été déterminé. Le 2 août, une opération est tentée contre Sarrebruck avec le II° Corps d‘armée qui s’empare de la ville frontalière, faiblement défendue. Il se retire ensuite au sud-est de la ville, sur les hauteurs de Spicheren vers Forbach. Le 3 août, la division Douay (50°, 74°, 78° de Ligne, 1er Tirailleurs et 3 batteries d'artillerie) marche vers Wissembourg. Qui est alors une petite place forte déclassée à 1 km de la frontière allemande mais comportant d'importants magasins de l'Intendance. Wissembourg occupé, on attend sous une pluie battante. L’attaque prussienne se déclenche le 4 août vers 08H15. 380 000 hommes en 3 armées entrent en France. 19 A Wissembourg, ce sont les premiers combats. Toute une armée prussienne attaque les 4 800 hommes de Douay. Malgré le sacrifice des Tirailleurs algériens et des garnisons d'Alsace, vers 14H30, c’est la retraite des survivants de la division (Douay tué à laisser son commandement à Pellé). L’armée d’Alsace vient d’encaisser le premier choc face à un adversaire 3 fois supérieur en nombre. Les 110 000 Prussiens qui ont écrasé la division Douay continuent leur route. De leur coté, 40 000 Badois et Wurtembergeois arrivent à marche forcé pour les rejoindre. Le Ier corps français se concentre sur les hauteurs de Froeschwiller et doit leur barrer la route (Généraux Ducrot, de Lartigue et Raoult). Nous sommes le 5 août et vers 22H00 des orages éclatent, noyant le paysage. La pluie s'arrête vers 5 heures du matin. Une division française (gl Conseil-Dumesnil) venue du VII° corps va rejoindre ainsi que les débris de la division Douay (gl Pellé). A l'aube du 6 août, une unité de reconnaissance des Prussiens tombe sur les avant-gardes françaises à l'approche de Wœrth et engage le combat. Trois obus tombent sur Woerth, il est 07H00 et le combat commence. Le IIe corps bavarois est intercepté par la 1ère division française à Langensoultzbach et le XIe corps prussien est engagé par la 4e division française au sortir du bois de Kreuzer. S'ensuivent une série de combats alors que le Kronprinz cherche à faire reculer ses forces. À Wœrth, son Ve corps dispose d'une batterie de 108 canons qui écrase la 3e division française et permet aux Prussiens de franchir la Sauver. Une contreattaque du 2e régiment de Zouaves permet de les repousser. Au nord, les Bavarois s'infiltrent dans le bois de Langensoultzbach et doivent en être chassé par le 1er régiment de Zouaves. Au sud, les Prussiens sont repoussés par le 3e régiment de tirailleurs. Jusqu’à midi, les combats restent indécis. Les bataillons français sont décimés. Le Kronprinz arrivé à Dieffenbachia dispose maintenant de 150 000 hommes et 500 pièces d'artillerie contre les 45 000 Français et décide d'en finir. Les Français espèrent en l'arrivée du V° Corps (gl de Failly) et continuent à contre-attaquer. Woerth est pris, perdu, repris et définitivement perdu. A midi, les Français ont gardé leurs positions initiales malgré l'énorme supériorité de l'artillerie prussienne. À 14H00, c'est l'attaque générale. Zouaves et Tirailleurs se sacrifient. Puis leurs clairons sonnent la retraite. Au centre, après avoir opposé de brillantes contre-attaques les forces françaises qui ne sont pas renforcées sont contraintes à se replier sur Elsasshausen. C'est alors que se situe la charge de la division de Bonnemains dite Charge de Reichshoffen (Reichshoffen est en fait un village à l'arrière du champ de bataille où avait stationné la cavalerie). Les 1er, 2e, 3e et 4e, 8e Régiments de Cuirassiers se sacrifient dans une charge certes héroïque mais totalement inutile. Cet emploi de cavaliers face aux canons prussiens est une erreur de plus pour un commandement qui n‘a pas encore compris que les conditions de la guerre ont changé. Les cuirasses brillantes jonchent le terrain. Dans le bois de Frœschwiller, le 2e Zouave oppose une forte résistance au IIe corps bavarois et parvient même à le refouler un moment sur la Sauver mais fini par y être encerclé. Seul un homme sur dix de cette unité s’en sortira. Et plus au nord, la 1re division réduite d'une brigade entière pour renforcer le centre ne tarde pas à retraiter. A 16H00, les Français sont refoulés dans Frœschwiller qu'attaquent déjà les Prussiens. La 2e division encore en réserve contreattaque en direction de Elsasshausen. Contrairement aux charges de cavalerie, cette contreattaque se révèle efficace. Elle repousse les Allemand en dehors du village et permet de reprendre l'artillerie perdue. Cependant, alors qu'ils arrivent à la limite de leurs efforts, les Prussiens débouchent du bois de Niederwald et attaquent de flanc. Vers 15H00, toutes les lignes françaises fléchissent. Le reste de l'Armée française bat en retraite protégée par le 1er Zouave. La bataille de Woerth -Froeschwiller Reichshoffen se solde par de très lourdes pertes de part et d’autres : 10 600 morts du côté prussien et 9 800 morts et 6 000 prisonniers du côté français. 17H00, chute de Frœschwiller et les Français retraitent. Les troupes bavaroises 20 déchaînées massacrent les blessés, les ambulances sont incendiées, l'artillerie détruit les maisons. Face à l’Armée de Lorraine, le gl von Kameke, commandant la 14e division d’infanterie prussienne croît les Français en pleine retraite après l’abandon de Sarrebruck. Il lance donc à l’assaut ses 15 000 hommes en fin de matinée. Vers 16H00, il reçoit le soutien d’autres divisions. Malgré leur infériorité numérique, les Français tiennent bon toute la journée et infligent de lourdes pertes aux ennemis. Les contre-attaques lancées trop tard échouent cependant devant le renforcement des Prussiens. A la nuit tombeée, le gl Frossard abandonne sa position sur le point d’être tournée. Il n’a reçu aucun soutien du maréchal Bazaine malgré ses demandes répétées. L’Armée de Lorraine de ce dernier est maintenant séparée de celle d’Alsace de Mac-Mahon, défaite le même jour à Fröschwiller. Elles ne se rejoindront jamais plus et seront battues séparément. L’Empereur devient un spectateur du drame qui se prépare, il abandonne le commandement à ses généraux. Les 2 armées sont désormais séparées. L’Armée d’Alsace se replie vers Metz, l’Armée de Lorraine devenue armée du Rhin après avoir pris le chemin de Chalons-sur-Marne repart vers Sedan (I°, V°, VII° et XII° Corps). L’Empereur accompagne cette armée dont les mouvements sont annoncés dans la presse. Quelle aubaine pour les Prussiens ! Pour cette armée, les marches se succèdent. Vers la frontière au devant de l’Armée prussienne, en arrière dès que l’ennemi se montre ou que l’on soupçonne qu’il avance. Les généraux français cherchent-ils vraiment le combat ? Les hommes sont épuisés. A Belfort, où l’armée pense se réapprovisionner après une très longue marche, les dépôts sont vides. Pas de tentes, ni de marmites, pas de matériel médical, rien pour les chevaux. Presque pas de pièces de rechange pour l’artillerie ou les fusils. Il faut pourtant un important matériel pour remplacer ce qui a été abandonné au cours de la retraite. Pour se ravitailler, on vole, au mieux on négocie avec les paysans. A la halte, regroupés autour de leur caporal, les hommes d’une escouade se rassemblent sous une unique tente, souvent le ventre vide. Quelle chance lorsque l’on peut se réunir auprès d’un maigre repas cuit dans la marmite de l’escouade qu’un homme transporte tout au long de la journée sur son paquetage. Un homme transporte le bidon pour l’eau, un autre transporte la tente, un autre le complément de munitions, un autre les outils de cantonnement, et tous portent le bois sec ramassé en chemin. Le caporal, le plus modeste des gradés de l’armée, sur qui tout repose, tente de conserver une certaine dignité à ses hommes. Il veille sur eux comme un père de famille, qu’il est bien souvent dans son village. Il veille à leur propreté, à leur alimentation s’improvisant cuisinier, à leur santé s’improvisant infirmier, à leur armement, au contenu de leur sac, il s’attache à répartir équitablement les taches journalières. A la halte, c’est une cohorte de caporaux qui se présente aux fourgons de l’intendance quémandant la nourriture pour leurs hommes car on ne distribue la nourriture qu’une fois pas jour, quand elle arrive. C’est souvent le lieu aussi où arrivent les nouvelles, vraies ou fausses. De marches en contremarches, l’Armée Mac Mahon se regroupe autour de Sedan. Les hommes sont épuisés par des semaines de marche. Ils ont le ventre vide car il y a bien longtemps que les vivres de réserve sont consommées. L’intendance n’a jamais pu rejoindre les colonnes en marche. Les unités sont dispersées, chacun marche avec pour compagnons ceux qu’il a trouvé. A la halte, des soldats tentent de retrouver leur compagnie dans l’obscurité, car les feux de bivouacs sont interdits. L’ennemi est tout près. Des égarés suivent comme ils peuvent. Plus qu’une armée, c’est un troupeau qui se déplace. Mac Mahon blessé est remplacé par son adjoint (gl Ducrot) puis quelques heures après par un autre général (gl de Wimpffen, arrivé d'Algérie la veille). 3 commandants en chef aux doctrines opposées en quelques heures, voilà qui réconforte les hommes. Qui commande en réalité ? A Sedan, un semblant d’organisation s’opère, les officiers retrouvent leurs hommes. Les compagnies se regroupent. Les régiments se reforment. 100 000 hommes et 500 canons se 21 disposent autour de la ville de Sedan (alors fortifiée). 4 Corps d’Armée vont résister aux ennemis qui déferlent. L’attaque des Prussiens et des Bavarois se déclenche. Le 31 août, la Division de marine (gl de Vassoigne) avec les 1er, 2e, 3e et 4e Régiments d’Infanterie Coloniale assistés du Ier Régiment d’Artillerie Coloniale (en tout moins de 10 000 hommes) reçoit l'ordre de reprendre Bazeilles à trois kilomètres de Sedan. A la tombée de la nuit, le village est repris. Mais à l'aube du 1er septembre, le IV° corps bavarois contreattaque appuyé par de l'artillerie. Les Marsouins et Bigors livrent alors un combat désespéré. Des témoins racontent qu’à Bazeilles, des civils, bourgeois et ouvriers, ont récupéré les fusils des morts et font le coup de feu. Pour eux pas d’espoir, capturés, ils seront fusillés sur le champ. Le combat dure des heures dans un village en ruines et en feu, car les Bavarois pour en déloger les défenseurs incendient les maisons. Ces mêmes Bavarois fusillent tous ceux qu'ils rencontrent, civils et militaires. Les combats se déroulent rue par rue, maison par maison, pièce par pièce de 05H00 à 16H00. Refoulés de maison en maison, les derniers défenseurs se replie dans la maison Bourgerie. Le combat se termine par le sacrifice ultime dans « la maison de la dernière cartouche« . Les Marsouins et Bigors ont perdu 2 655 tués, blessés et disparus. Les Bavarois ont perdu 7 000 hommes (source bavaroise). Les civils Bazeillais ont perdu 40 des leurs. L’encerclement de Sedan est désormais effectif. Le 2 septembre, ce qui reste de cavalerie, la division du gl Margueritte : 3 régiments de Chasseurs d’Afrique, un régiment de Chasseurs, un régiment de Hussards, tentent de briser l’encerclement. Au bout de la quatrième charge, les lignes prussiennes sont atteintes, mais le sacrifice est vain, 15 000 morts et blessés, et le cercle est toujours fermé. Les 4 corps d’armée sont encerclés. 800 pièces d’artillerie prussiennes installées sur les hauteurs environnantes pilonnent cette masse d’hommes. Les soldats se réfugient entre les murailles de Sedan. C'est une cohue qui emplit la ville. Affamés depuis les jours, les hommes fouillent les maisons à la recherche de nourriture. Hélas, il n’y a rien. Épuisés, affamés, des soldats tombent partout pour dormir. Quelques régiments encore a peu près organisés tiennent les remparts. Pour la première fois, des hommes au brassard de la Croix-Rouge courent sur le champ de bataille pour ramasser les blessés. Si leur dévouement est exemplaire, leur sacrifice n’aura qu’une portée limitée, car à l’arrière, les médecins sont débordés, submergés par une foule de blessés. Mais l’œuvre d’Henri Dunant est en marche. L’Empereur (qui a tenté toute la journée de se faire tuer) envoie en direction des lignes prussiennes des émissaires pour obtenir une capitulation aux meilleures conditions possibles. La capitulation sans conditions est exigée. Dans l’indifférence générale, le drapeau blanc est hissé. Les Prussiens envahissent la ville à la recherche de tout ce qui porte uniforme. Les soldats français brisent leurs armes, enterrent les drapeaux, détériorent l’armement lourd. L’Empereur et 91 000 hommes sont faits prisonniers. Napoléon III est rapidement envoyé en Belgique d’où il partira ensuite en exil. Les troupes désarmées sur la place Turenne (place centrale de Sedan), sont rassemblées ensuite dans une presqu’île de 4 kilomètres de long sur 1,5 de large, comportant quelques villages en partie détruits par les combats. Les paysans sont mobilisés par les Prussiens pour enterrer les morts français, des pillards se glissent parmi eux. Pillage aggravé par les Prussiens qui offre une prime pour tout fusil apporté. Au bord de la Meuse, les prisonniers vont rester plusieurs jours, affamés car leurs geôliers ne les nourrissent pas. Seuls ceux qui ont quelque argent peuvent négocier de la nourriture avec les paysans des villages qui partagent leur prison. La presqu’île devient un cloaque, sous une pluie constante. Les hommes sans abri, sont transis, trempés, affamés, supportant une odeur pestilentielle car les cadavres de chevaux n’ont pas été enterrés. Puis un premier convoi composé des généraux et d’officiers prend la route vers l’Allemagne. Ensuite, ce seront des 22 convois de 1 000 à 1200 hommes qui prendront aussi la route, à pieds. Nous ne possédons pas beaucoup de témoignages sur ces hommes qui marchent vers la captivité. Qu’en est-il de leurs réflexions, que pensent-ils ? Tant de souffrances pour arriver à cette humiliation. Avec la complicité de la population, certains se risquent à s’évader. Ils rejoindront l’Armée du Nord ou l’Armée de la Loire. D’autres rentrent chez eux tout simplement. 10 000 survivants, qui ont pu échapper à la capture, s’enfuient en direction de l’ouest. Ils doivent se regrouper à Lille. Une nouvelle fois, les habitants du nord de la France voient passer les convois de fuyards : soldats et officiers en déroute, dragons à pied et fantassins à cheval. Des fourgons passent chargés de blessés et de malades, d’autres blessés se traînent à pied le long des fossés, des pontonniers ont chargés leurs bateaux de blessés. La population fait de son mieux pour soulager tant de souffrance. Une partie seulement de l’armée retraite en bon ordre. Le gl Vinoy recule vers le sud avec son XIII° Corps comprenant 2 divisions et de l’artillerie, en direction de Rethel. Au bout de 4 jours de marche, de contre-marche, de changements d’itinéraires, cette armée arrive à Laon où elle retrouve 2 autres divisions épuisées. Tout le monde embarque dans des trains pour Paris où l’on se regroupe le 9 septembre. Laon va résister avec 800 hommes qui se rendent le 9 septembre sans savoir que l’Empire est renversé. Quelques forteresses résistent encore : Strasbourg, Belfort, Toul, Verdun, Péronne, Lille, la Fère. La Guerre continue. A Paris, la nouvelle du désastre de Sedan arrive le 2 septembre aux ministres. Personne ne veut y croire. Pourtant les mots de l'Empereur sont clairs : "L'armée est défaite et captive ; n'ayant pu me faire tuer au milieu de mes soldats, j'ai dû me constituer prisonnier pour sauver l'armée. Signé Napoléon" Le 4 septembre, le peuple de Paris et les Gardes nationaux envahissent le Palais-Bourbon. Léon Gambetta, à la tribune proclame la chute du régime impérial. Accompagné de Jules Favre et de Jules Ferry, il se rend à l'Hôtel de Ville et proclame la République avec constitution d’un gouvernement provisoire, sous la direction du gl Trochu. C'est un gouvernement de défense nationale, qui ordonne la résistance à outrance. Mais déjà dans certains quartiers de Paris flotte le drapeau rouge. Les aigles du pouvoir impérial sont promptement décrochés. Pendant ce temps, l’Armée Bazaine, elle aussi marche et combat. A Saint Privat, (ou bataille de Gravelotte 18 août 1870), 120 000 Français et 500 canons s’opposent à 200 000 Prussiens et 700 canons. Von Moltke a concentré ses troupes pour en finir avec l'Armée du Rhin, numériquement inférieure. Les troupes françaises sont positionnées sur un terrain favorable à la défensive avec des élévations qui surplombent les seuls axes d'attaque possible. Néanmoins, le flanc le plus exposé, celui de droite, est tenu par le seul VI° corps du gl Canrobert. Quant aux réserves, elles sont placées très en arrière vers l'aile gauche. Les Prussiens se déploient face aux positions françaises dans la matinée du 18 août suivant leur plan. Bien visibles, elles ne suscitent cependant aucune réaction française alors que von Moltke prend le risque d'une bataille à fronts renversés en attaquant par le sud-ouest. En début d'après-midi, son IXe corps attaque le VI° corps français avec le soutien de la Garde. Faute de bien avoir apprécié la ligne de défense française, les assaillants sont contraints à une marche de flanc et se retrouvent dans une situation précaire avec une artillerie menacée de destruction. Sur l'aile gauche, von Steinmetz lance sa Ière armée à l'attaque en contradiction avec les ordres de von Moltke. A deux reprises, les Français les repoussent avec de lourdes pertes. Puis les deux corps engagés sont dispersés par la contre-attaque française. Von Moltke doit 23 engager ses dernières réserves pour empêcher une percée française qui menacerait ses lignes de communication. La IIe armée prussienne poursuit son attaque sur le VI° corps français. La Garde prussienne se fait massacrer par une attaque trop précoce sur Saint-Privat (Gravelotte). Cependant les positions françaises sont écrasées par l'artillerie ennemie. Le gl Canrobert ne reçoit aucun renfort malgré ses demandes répétées auprès du maréchal Bazaine. En fin d'après-midi, le XII° corps saxon réussit à déborder l’aile droite. Le VI° corps doit se replier malgré une résistance héroïque. Le IV° corps placé sur sa gauche se trouve alors exposé et recule lui aussi. Le gl Bourbaki envoie les unités de la Garde impériale (une division et deux batteries). Elles permettent seulement de couvrir le repli qui s'effectue en bon ordre. Alors que les derniers combats cessent dans les premières heures de la nuit, von Moltke pense avoir perdu la bataille, ignorant le succès tardif du XII° corps saxon. Malgré la supériorité de son artillerie, ses troupes ont subi des pertes terribles, bien supérieures à celles des Français dont le front semble intact. Bazaine quand à lui a perdu l'occasion de remporter une victoire peut-être décisive. Il choisit de se laisser assiéger dans Metz. Les rescapés du 9e Chasseurs et des 4e, 10e et 12e Régiments d’Infanterie de Ligne couvrent la retraite, 10 400 Prussiens restent sur le terrain. L’Armée Bazaine de retraite en retraite se retranche dans Metz. Des rapports troubles s’établissent entre le Maréchal et le prince Frédéric-Charles de Prusse. Quelles promesses ont été faites ? Malgré les ordres reçus de Paris de rejoindre Mac Mahon ou de rallier Paris, Bazaine qui dispose désormais de 180 000 hommes capitule le 27 octobre, avec toute son armée, sans rien tenter. Bazaine sera jugé, dégradé et gracié. Strasbourg est prise le 30 octobre. Toutes les autres places fortes se rendent l’une après l’autre après une résistance héroïque de leurs défenseurs. Seules les places de Belfort et de Bitche résisteront jusqu’à la paix. Belfort ne cédera que le 16 février 1871, sur ordre du gouvernement républicain français, après 3 mois et demi de combats et 73 jours de bombardement intensif. L’Armée prussienne déferle sur la France maintenant qu’il n’y a plus rien pour l’arrêter. En quelques étapes, elle est aux portes de Paris le 16 septembre. L’ennemi craint cette ville entourée de bastions, protégée par 15 forts et 6 redoutes. Aussi, c’est un siège méthodique qui commence. Pontoise, Brie-Comte-Robert, Villeneuve-Saint-Georges sont occupés. La Seine est franchie et les Prussiens font leur jonction sous Versailles où s'installe leur hautcommandement. Les Prussiens décident d'amener la reddition de Paris par la famine. Partagée par la population civile, la famine va se révéler plus terrible que les combats. La population et les soldats vont haut commandement des conditions de vie épouvantables. L'hiver est terriblement froid. Plus rien n'entre dans Paris bloqué dans ses remparts. A la fin du siège, on aura brûlé tout ce qui pouvait apporter un peu de chaleur. On aura mangé de tout, les chiens et les chats, les animaux du zoo, des rats. Par contre, les stocks de vin et d'alcool ont permis de boire tant qu'on a voulu. Paris ne peut communiquer avec la province que par pigeons voyageurs et par ballons. Le gl Trochu, gouverneur militaire de Paris dispose du XIII° corps d'armée (gl Vinoy) qui vient de s'échapper de Sedan, de 7 régiments d'infanterie, de 10 régiments de cavalerie, de 15 000 marins avec 200 canons, 12 000 gendarmes, 135 000 gardes mobiles, 330 000 gardes nationaux de Paris (à l'encadrement élu), en tout 500 000 hommes. Mais le manque de cadres instruits de la chose militaire est évident. Mobiles et Gardes nationaux ont élus leurs chefs et si les Mobiles sont entraînés, il n'en est pas de même des Gardes Nationaux de Paris à l'entraînement insuffisant. Le peuple de Paris réclame la guerre à outrance, alors l'État-major n'hésite pas, pour l’éprouver, à jeter dans des sorties mal ou pas préparées cette armée populaire qui fait peur. 19 septembre, 26 000 hommes et 70 canons (gl Ducrot) sortent de Paris en direction de Villegagnon, du Petit Bicêtre et de Verrières-le-Buisson. Bien vite, c'est un désastre, 24 l'artillerie prussienne bien dissimulée frappent dans les jeunes recrues d'une unité de zouaves. C'est la débandade. La cavalerie tente de protéger la retraite. Les rescapés de Sedan, Carabiniers, Lanciers, Chasseurs d'Afrique, Dragons et Gendarmes réunis dans une seule unité chargent en vain. Les bataillons d'infanterie refluent en désordre sur les forts de la ceinture. Les Prussiens en profitent pour occuper les hauteurs de Châtillon, Clamart et Meudon. Le 23 septembre à Pierrefonds, le 30 septembre à Chevilly-LaRue et à Thiais, le 13 octobre à Bagneux, le 21 octobre à La Malmaison, les 28, 29 et 30 octobre au Bourget, les 29 et 30 novembre à Champigny-sur-Marne, à Choisy et à Épinay-sur-Seine, et à nouveau le 21 décembre au Bourget, les Français attaquent. Chaque offensive dure quelques heures, mais laisse dernière elle son cortège de morts et de blessés. Ces blessés que les services de santé sont incapables de "traiter" tous. Les plus chanceux sont rapatriés sur Paris où à l'Hôtel-Dieu, à la Salpêtrière, on s'efforce de les sauver. Des "portés disparus" isolés, perdus, arrivent par des chemins détournés à rejoindre l'abri illusoire des remparts. Les combats du Bourget d'octobre sont révélateurs de la manière de mener les combats. Le 28 octobre à 08H00, le gl Carré de Bellemare fait sortir 300 francs-tireurs qui s'emparent du Bourget tenu par une compagnie de la Garde Royale Prussienne. Dans la journée du 29, les Prussiens contreattaquent en force. Quatre compagnies de Mobiles puis deux bataillons de ligne ont réussis à rejoindre les Francs-tireurs. Les Prussiens sont repoussés. C’est l’enthousiasme à Paris. Le 30 octobre, 15 000 Prussiens attaquent les 3 000 hommes qui défendent le Bourget. Les derniers défenseurs succombent vers midi. Ils ont espéré en vain de nouveaux renforts. Une délégation du gouvernement, qui siège à Tours avec Gambetta (échappé par ballon de Paris), organise fébrilement des armées pour délivrer la capitale. On compte également sur Bazaine, mais il a capitulé le 27 octobre, livrant à l'ennemi une armée intacte de 180 000 hommes et 1 500 canons. La IIe armée allemande est ainsi libérée et elle se porte au-devant des armées de la Loire. L’Armée de l'Est, qui marche sur Belfort avec l'intention de couper ensuite les communications des Prussiens est arrêtée le 17 janvier à Héricourt. Une Armée du Nord tente de se constituer. Formée de gardes mobiles, de compagnies de dépôt, de rescapés de Sedan et de Metz, des recrues de la dernière heure, cette armée tente de conserver Amiens, en vain. Elle retraite vers Arras. Ce qui permet aux Prussiens d’atteindre Rouen. Victoire à Bapaume pourtant par cette armée de 40 000 hommes qui est ensuite défaite à Saint Quentin. La route de Paris est coupée. La garnison de La Fère résiste à 48 heures de bombardement et cède le 26 novembre. Tous ces combats ne sont que des combats d’arrière-garde, les Prussiens sont trop nombreux. A Paris, l'offensive du 29 novembre a pour but de faire la jonction avec l'armée de la Loire. 100 000 hommes (gl Ducrot) et 400 canons attaquent au sud-est de Paris. La traversée de la Marne effectuée, ils marchent vers Champigny atteint sans trop de problèmes. Mais le 1er décembre, les Prussiens reçoivent de nombreux renforts. Les charges des Français à la baïonnette sont brisées par le feu de l'ennemi. Le 3 décembre, Ducrot ordonne la retraite. Les survivants rentrent dans Paris. A Paris, une dernière offensive a lieu le 19 janvier 1871 avec 100 000 hommes contre l'artillerie prussienne de Montretout et Buzenval. C'est un certain succès avec la prise de la redoute de Montretout, mais comme toujours on perd du temps à se regrouper. Trochu une nouvelle fois commande la retraite. Cette dernière offensive a fait 4 070 morts et blessés. La Garde nationale crie à la trahison, Trochu démissionne au profit de Vinoy. A partir du 5 janvier des pièces de gros calibre bombardent Paris. 10 000 obus sont tirés, faisant 395 morts et détruisant près de 200 immeubles. Les gardes nationaux, à l'instigation des comités de vigilance, demandent la déchéance du gouvernement du 4 septembre aux cris de " Vive la Commune ! " 25 Le 7 janvier, L'affiche rouge, rédigée en partie par Jules Vallès au nom du comité des vingt arrondissements, réclame une attaque en masse, la réquisition générale, le rationnement gratuit, la punition des traîtres, l'éducation pour tous, l'outil à l'ouvrier, la terre aux paysans et le gouvernement du peuple. Le 22 janvier, des gardes nationaux investissent l'Hôtel de Ville, réclamant la guerre à outrance. Les mobiles bretons tirent sur la foule (6 morts). Le 23 janvier, Jules Favre prend le chemin de Versailles pour négocier avec Bismarck. Le 26 janvier, un armistice est signé, prenant effet le 28 et valable pour 21 jours renouvelables. Le 29 janvier, les conditions de l'armistice sont placardées dans Paris : désarmement et occupation des forts, paiement de deux cents millions en quinze jours. Des élections doivent avoir lieu dans les 3 semaines pour qu'une assemblée ratifie le texte de l'armistice. Du scrutin sort une assemblée monarchiste, favorable à la paix quel qu'en soit le prix. 27 Janvier 1871, le siège de Paris est levé. Il a duré 135 jours. La Garde Nationale de Paris garde ses armes. Si les Gardes Nationaux des quartiers chics rentrent chez eux, les autres, ceux des quartiers populaires sont en colère et restent sous les armes. Le 1er mars, l'assemblée ratifie le traité au grand théâtre de Bordeaux. La France devra payer un tribut de cinq milliards, abandonner l'Alsace, moins Belfort, et le tiers de la Lorraine. Le 1er mars, un contingent symbolique de 30 000 Prussiens entre dans Paris rive droite. Vinoy a retiré les troupes régulières rive gauche. Les Gardes Nationaux eux sont sur les deux rives. Mais il n'y aura pas de friction avec les Prussiens qui se font très "discrets". Le 4 mars, les Prussiens repartent. Ils vont rester aux alentours de Paris d'où ils vont assister au drame de la Commune. Ils vont jouer un rôle passif non négligeable. Pour quelque uns, l’espoir a subsisté de continuer le combat. Le préfet de l’Aisne, par exemple, organise des conseils de révision et parcoure les communes pour recruter des troupes. Il les loge dans les chefs lieux de canton. Il recrute ainsi beaucoup d’hommes mais peu de soldats expérimentés qui de plus sont mal chaussés et mal vêtus. Les francs-tireurs continuent le combat. Ils coupent des voies ferrées, tirent sur des isolés, ce qui entraîne des représailles. L’Armée de la Loire a eu plus de succès. Fin septembre, l'Armée de la Loire n'est encore qu'à l'état de noyau, elle comprend 30 000 hommes commandés par le gl de la Motte-Rouge. C’est l’ancien XV° corps reconstitué avec des troupes venues d'Algérie. Ses objectifs : effectuer des reconnaissances dans la direction de Paris. Pour le contrer, l'État-major prussien détache une partie de sa III° armée (Ie corps Bavarois plus les 17e et 22e Divisions d'infanterie et les 2e, 4e, 6e Divisions de cavalerie ; soit 60 000 fantassins, 15 500 cavaliers et 320 canons) placée sous les ordres du grand-duc de Mecklembourg-Schwerin. Le premier combat sur le front de la Loire s'engage à Artenay les 10 et 11 octobre, où les Français sont battus. L'ennemi occupe alors Orléans. Le 13 octobre, Gambetta remplace le gl de la Motte-Rouge, par le gl d'Aurelle de Paladines. Puis il ajoute au XV° corps, le XVI° corps du gl Chanzy formés au camp de Salbris. Cette première armée de la Loire comprend 90 000 hommes commandés par d'Aurelle de Paladines. Le général rétablit la discipline, difficile dans cette armée non régulière, en appliquant le décret du 2 octobre, qui accélère les procédures de jugement et qui permet de fusiller l'accusé le lendemain matin. L'Armée de la Loire est battue à Châteaudun le 18 octobre. Mais le 9 novembre, elle bat les Prussiens à Coulmiers et reprend Orléans abandonné. Frédéric-Charles, quitte Metz qui vient de capituler, et amène à marche forcée le renfort de la IIe armée allemande. Le 27 novembre, les Français sont battus à Beaune-la-Rolande. Fin novembre, la "première armée" de la Loire, se renforce. Elle comprend 350 000 hommes, mais seulement 200 000 en état de combattre toujours commandés par d'Aurelle de Paladines. Les XV°, XVI°, XVII°, XVIII°, XIX°, XX° et XXI° corps vont tenter de sauver ce qui peut encore l’être. Les 2 et 3 décembre, le gl de Sonis, à la tête des vaillants volontaires de l'Ouest, est battu à Loigny. L'Armée de la Loire se retrouve alors coupée en deux : la partie Est, 26 commandée par Bourbaki, se replie à Bourges ; Chanzy prend la tête de la partie ouest, qu'on appellera la 2ème Armée de la Loire, et marche sur Vendôme. Elle ne comprend plus que 120 000 hommes (d'Aurelle de Paladines jugé trop peu offensif a été renvoyé). Le 5 décembre, les Allemands réoccupent Orléans sans combattre. Chanzy est battu par Frédéric-Charles à Beaugency (appelée aussi bataille de Villorceau) le 10 décembre, et se replie sur le Mans le 19 décembre. Le 12 janvier, l’Armée de la Loire est battue au Mans. Réduite à 20 000 hommes, la 2ème armée de la Loire se replie sur Laval, où les Prussiens épuisés ne la poursuivent pas. Chanzy réussit à reformer de nouveau son armée sur la Mayenne, et reprend Blois le 27 janvier. L'Armée de la Loire est dissoute par l'armistice du 28 janvier. Vaincue à Loigny le 3 décembre, nous l’avons vu, l'Armée de la Loire a été coupée en deux. Chanzy a prit la tête de la partie ouest, qu'on appelle la 2ème armée de la Loire; la partie Est, commandée par Bourbaki, se replie sur Bourges. On l’appellera l’Armée de l'Est, formée de 130 000 hommes peu entraînés. Elle comprend les XV°, XVIII°, XX°, XXIV° corps et la division indépendante de Cremer. Gambetta fait transférer les troupes en chemin de fer vers l'est, pour couper les lignes de ravitaillement prussiennes, ce qui les obligerait à lever le siège de Paris, et débloquer Belfort assiégé où résiste toujours Denfert-Rochereau. L'armée de l'Est part de Bourges vers Nuits en chemin de fer. Mais Strasbourg capitule, le détachement de la IIIe armée, commandé par Werder, qui assurait le siège se retrouve donc libre, et vient contrer l'Armée de l'est. L'Armée de l'Est combat à Nuits le 19 décembre, et à Villersexel le 9 janvier, où elle est victorieuse face à l'armée de Werder. Du 15 au 17 janvier, les Français sont battus à Héricourt soit à seulement 15 km de Belfort. Épuisés, ils essaient de se replier sur Besançon, mais la Ie armée allemande arrivant de Normandie vient renforcer Werder. Ensemble, elles coupent la retraite de l'Armée de l'est, l'acculant à la frontière Suisse. Le 28 janvier, le gouvernement ordonne à Gambetta de faire exécuter l'armistice en province, mais oublie de mentionner l'exception du front est ! L'Armée de l'est, surprise, est attaquée et décimée (alors que ses chefs croyaient la guerre finie). Bourbaki ayant tenté de se suicider, est remplacé par le gl Clinchant qui négocie avec la Suisse, l'entrée des débris de l'armée de l'Est dans ce pays neutre où tous ses soldats sont internés. Tous les combats cessent le 13 février. L’armée Bourbaki Garibaldi a offert ses services à la République et la France. Les autorités françaises se trouvent dans l'embarras face à l'offre de renforts de Garibaldi et de sa troupe de "chemises rouges"; le 8 octobre, il est décidé de ne pas l'incorporer dans l'armée régulière et de lui attribuer une statut équivalent aux corps francs dans une "Armée des Vosges" qui se replie sur Besançon et capitule à Dijon le 31 octobre. La Marine avec ses 400 navires était la seule partie de l’armée qui était plus ou moins préparée. On ne lui demandera rien. Elle n’a pas engagée d’action importante qui aurait pu peser sur le cours de la guerre. Elle organise un blocus sur les côtes d’Allemagne mais n‘entre pas en Baltique, le Danemark s'y opposant. Le 14 juillet, l'escadre appareille de Cherbourg (amiral Bouet-Willaumez) avec cinq frégates cuirassées, deux corvettes et quelques avisos dans l'improvisation totale avec des ouvriers à bord que l'on va débarquer à Dunkerque. Le 8 août, la flotte de Méditerranée quitte à son tour Cherbourg avec six frégates et une corvette cuirassée. La flotte réunie va croiser en Mer du Nord jusqu'au 12 septembre, puis rentre à Cherbourg. Le 6 octobre une partie de la flotte reprend la mer pour tenir un blocus des côtes prussiennes de la Mer du Nord. Le blocus sera levé le 20 octobre. Les navires français n'ont capturé que 17 petits bâtiments. La seule présence de la flotte française aura cependant bloqué sur les côtes de la Mer du Nord 100 000 soldats prussiens. La surveillance de la 27 Manche et du Pas de Calais se poursuit tout au long de la guerre. Une seconde escadre surveille les cotes d'Algérie. Avec l'avance prussienne, le blocus est rétabli sur les côtes de la Manche notamment au large de Fécamp et Dieppe puis l'escadre participe à la défense du Havre avant d'évacuer la garnison sur Cherbourg. Une seule rencontre navale a lieu entre une frégate française l'Héroïne et une corvette prussienne Augusta. La corvette rallie le port de Vigo en Espagne ou elle est bloquée jusqu'à la fin de la guerre par l'Héroïne. Il est une tache ingrate cependant à porter au crédit de la Marine, c'est le ravitaillement par voie de mer des troupes et l'acheminement des tonnes d'armement achetées en Grande Bretagne et aux Etats-unis. 30 000 marins sont débarqués et aux cotés des troupes de marine sont employés à terre. Les canonniers suivent les canons de marine eux aussi débarqués. Des amiraux (Jaurès, Jaureguiberry, Penhoat) commandent des unités à terre comme dans l’Armée de la Loire qui ne vit jamais la mer. Les marins (amiral de la Roncière) nous l'avons vu étaient aussi très présents dans la défense de Paris. Dans cette guerre, la France perd l’Alsace et une partie de la Lorraine. Territoires perdus que tous les Français rêvent de reconquérir. Tous les écoliers français seront élevés dans l’esprit de la revanche de la guerre de 1870. Un énorme indemnité de guerre est due à la nouvelle Allemagne. Les 5 milliards de Francs-or seront intégralement payés en 25 mois. Dans les années suivantes, lorsque seront évoqués les combats de 1870. Le sacrifice de l’infanterie de marine à Bazeilles (les dernières cartouches), la charge de la cavalerie à Reichshoffen seront cités en exemple. 940 000 hommes ont été envoyés au combat. 142 000 morts, 145 000 blessés militaires et 400 000 prisonniers (dont 17 000 mourront en captivité) , n’oublions pas les 400 000 décès civils, vont ternir le bilan d’un Empire qui avait été plébiscité par toute une nation à ses débuts. Louis-Napoléon mourra en exil en Grande Bretagne le 9 janvier 1873, l'Impératrice Eugénie lui survivra près de 50 ans, en mourant en Espagne en 1920. Leur fils unique, le PrinceImpérial sera tué sous l'uniforme anglais en combattant les Zoulous en Afrique du Sud en 1879. 28