métaux précieux et pas de crédit. Toujours selon Finley, la monétarisation de l’économie ne s’accompagne pas
d’une plus grande rationalité des acteurs économiques et la frappe monétaire repose surtout sur des
impératifs politiques (prestige).
En fait les recherches récentes montrent que l’économie grecque (notamment sur les petites dénominations,
c’est-à-dire les subdivisions de la drachme) est bien plus monétarisée qu’on ne le croyait : voir d’ailleurs le
Contre Phénippos de Démosthène. Ce grand propriétaire terrien avait visiblement un grand besoin de monnaie
et organisait sa production de façon à maximiser son profit.
La vision purement politique de la frappe de monnaie est elle aussi battue en brèche : par exemple par Th. R.
Martin dans Sovereignty and Coinage in ancient Greece, Princeton, 1985. On a longtemps attribué la
suppression des monnaies des cités passées sous le contrôle de Philippe de Macédoine à une volonté politique
du roi ( mieux contrôler politiquement en imposant sa monnaie) et , selon cet auteur, c’est une erreur car le
manque de métal précieux et l’acceptation d’un meilleur outil ; plus pratique. Ce point de vue est discuté. La
question de la naissance de la monnaie frappée recoupe en partie ce débat du poids de la politique sur la
monnaie. Par exemple selon G. Le Rider, La Naissance de la monnaie, Paris, 2001 cette création s’explique
davantage par la volonté d’obtenir un bénéfice du fait du seigneuriage
.
Enfin certains auteurs montrent que la volonté de faciliter les échanges serait l’une des causes de la création de
la monnaie et qu’il y aurait même une spécificité grecque qui tiendrait à l’universalité de la monnaie qui
couvrirait l’ensemble de la sphère des échanges. « L’argent monnayé était la forme symbolique de la monnaie
de la circulation de la valeur, qui, tout à la fois était la traduction de l’égalité formelle entre des partenaires
juridiquement égaux dans l’échange et assurait la cohésion de la communauté civique ». A. Bresson
« Monnayage et société dans les mondes antiques » Revue numismatique, n°157, 2001, pp 51-68. Ce point de
vue se retrouve chez de nombreux autres auteurs, par exemple E. Will » Fonctions de la monnaie dans les cités
grecques de l’époque classique » in J.M. Dentzer, Ph. Gauthier, T. Hackens. Numismatiques antique. Problèmes
et méthodes, Nancy et Louvain, 1975.pp 233-246.
Sur les acteurs individuels des économies
La seule synthèse accessible est celle de Cl. Mossé « L’homme et l’économie » in JP Vernant, L’Homme grec,
Paris, pp35-73. pp 35-74. Mais la vision proposée qui accentue la coupure entre V et IV siècle est celle d’un
« désencastrement » de l’économie au cours du IV siècle (on rejoint ici les théories de K. Polanyi qui sont
aujourd’hui très discutées).
Rationalité, mentalité et progrès.
Un débat scientifique d’enjeu. La thèse finleyienne tient pour un défaut de rationalité économique et une
paralysie du développement économique par les mentalités. En fait, aujourd’hui on tend à prouver le contraire.
Les publications sur le sujet sont malheureusement peu accessibles. On peut retenir par l’exemple d’un dossier
papyrologique (mais du IIIème siècle après J.C) étudié par D. Rathbone qui montrerait l’existence d’une volonté
de rationnaliser la production en maximisant la production, minimisant pertes et risques, dans l’antiquité,
même si ce corpus est largement en dehors de la période qui nous intéresse ici. A. et Fr. Bresson parviennent à
la même conclusion en s’appuyant sur un texte de notre période le Contre Phormion de Démosthène. « Max
Weber, la comptabilité rationnelle et l’économie du monde gréco-romain » in H. Bruhns et J. Andreau éd.
Sociologie économique et économie de l’antiquité. A propos de Max Weber (table ronde du 18 janvier 2003)
Paris, 2004, pp 91-114.
De la même façon, ces auteurs, dans le même ouvrage, montrent que contrairement à la position Finley qui
limite la fonction de la comptabilité publique à un simple contrôle social, il semblerait qu’il y ait une plus
grande complexité de la comptabilité publique des Anciens.
Enfin l’archéologie montre elle aussi un développement de l’agriculture spéculative (oléiculture) : fouille de la
cité d’Halieis dans le sud de l’Argolide (Travaux de Br. A. Ault parus dans la revue Hesperia en 1999).
Démographie, peuplement, famille.
Les manuels de concours présentent assez bien cet aspect. Il convient d’avoir quelques notions de
démographie antique et de pouvoir expliquer les différentes techniques de dénombrement.
Citoyens et non citoyens
C’est-à-dire de l’avantage financier direct découlant de l’émission de monnaie. Ici lié à la différence entre la valeur pondérale et la valeur
faciale. En termes simples, la monnaie vaut « plus » par la quantité de bien qu’elle permet d’acheter que par la quantité de métal précieux
qu’elle contient réellement. Les cités jouent consciemment sur cette différence (qui constitue donc leur bénéfice).
Sur cet aspect, voir le travail fait en cours.