Le "protocole de Wannsee" (20 janvier 1942) présenté par Heydrich
L’émigration a désormais cédé la place à une autre possibilité de solution : l’évacuation des Juifs vers l’Est,
solution adoptée avec l’accord du Führer. On ne saurait cependant considérer ces solutions que comme des
palliatifs, mais nous mettons dès maintenant à profit nos expériences pratiques, si indispensables à la solution
finale du problème juif. La solution finale du problème juif en Europe devra être appliquée à environ 11 millions
de personnes (...). Dans le cadre de la Solution finale du problème, les Juifs doivent être transférés sous bonne
escorte à l’Est et y être affectés au service du travail. Formés en colonnes de travail, les juifs valides, hommes
d’un côté, femmes de l’autre, seront amenés dans ces territoires pour construire des routes ; il va sans dire
qu’une grande partie d’entre eux s’éliminera tout naturellement par son état de déficience physique. Le résidu
qui subsisterait en fin de compte - et qu’il faut considérer comme la partie la plus résistante - devra être traité
en conséquence. En effet, l’expérience de l’histoire a montré que, libérée, cette élite naturelle porte en germe
les éléments d’une nouvelle renaissance juive. En vue de la réalisation pratique de la Solution finale, l’Europe
sera balayée d’ouest en est. Les difficultés de logement et d’autres considérations de politique sociale nous ont
amenés à commencer par le territoire du Reich, y compris le protectorat de Bohême et de Moravie.
Cité dans L. POLIAKOV, Brève Histoire du génocide nazi, Hachette, 1980.
Des camps d’extermination sont créés sur le territoire polonais, le plus connu étant Auschwitz qui, au départ, était
un camp de concentration (voir chronologie).
Les camps formaient des mondes clos. Ils étaient construits,
souvent par les déportés eux-mêmes, de préférence dans des
zones marécageuses ou de climat malsain. Ils se présentaient en
un ensemble de blocks, d’une cinquantaine de mètres de long sur
7 à 10 mètres de large, la plupart en bois, entourés de fils de fer
barbelés traversés par un courant électrique mortel, surveillés de
place en place par des miradors, garnis parfois de portes
monumentales. Un espace dégagé, la place d’appel, était le centre
névralgique des appels matinaux, des exécutions publiques et des
départs en kommandos. Tout autour, dans un rayon de plusieurs kilomètres, s’étendaient les villas que les S.S.
occupaient avec leurs familles.
Le Revier était "l’hôpital" du camp, où entraient les détenus les plus
malades mais aussi les plus chanceux qui trouvaient ici le moyen de
survivre quelques jours sans travailler. Les conditions sanitaires
étaient déplorables. Certains médecins étaient des déportés, sans
moyens ni médicaments, qui essayaient de sauver et de soutenir
moralement les malades. D’autres étaient SS, ou détenus sans
connaissances médicales. Les plus malheureux croupissaient ici en
attendant la mort, et certains étaient empoisonnés ou "piqués".
La nuit ou en dehors des heures de travail, les détenus dormaient dans les blocks, entassés, sans le droit de
bouger, et ils étaient souvent réveillés au cours de leur sommeil qu’il était souvent difficile d’atteindre. La journée
commençait très tôt, vers 5 heures du matin. Les détenus devaient se
ranger, en colonnes, sur la place d’appel.
Les nazis conçoivent l’extermination comme une véritable "industrie
de la mort". Ce sont les juifs eux-mêmes ( Sonderkommandos) qui
sont chargés du "traitement" des corps et non les Allemands. Ceux
qui échappent à la mort, sont rasés, tatoués d’un matricule, et
soumis à un traitement inhumain. Ils perdent ainsi toute identité.