En vous basant sur une comparaison entre la logique

HEC Liège
P
Ph
hi
il
lo
os
so
op
ph
hi
ie
e
1ère candi
Question n° 1 / 29
En vous basant sur une comparaison entre la logique de l’empire et celle de la cité,
expliquez en quoi la démocratie suppose la distinction de la sphère politique et de la
sphère religieuse.
Vers 1000 ACN, la Grèce était entourée par des royaumes ou des empires centralisés, basés
sur une agriculture florissante, rendue possible par des travaux d’irrigation nécessaires. Ces
empires étaient commandés par un homme qui avait des pouvoirs cosmiques et religieux.
Un homme qui a le pouvoir de commander au soleil doit avoir un pouvoir absolu sur les
hommes.
L’homme individuel n’avait pas d’autonomie, ni dans la pensée, ni dans l’action, car il était
soumis aux puissances extérieures du mythe.
Les hommes vivaient dans ces empires agraires, selon le rythme des saisons :
Labour >>> Semailles >>> Moisson >>> Labour
Les mêmes métiers étaient exercés de générations en générations, ce qui entraînait un
certain fatalisme et la fixité des conditions sociales.
La géographie de la Grèce, elle, n’était pas propice à l’établissement d’un « empire
hydraulique » durable.
Jusqu’au 12ème siècle ACN, elle était peuplée par plusieurs royaumes mycéniens, fondés sur
la conquête militaire. Vers 1100 ACN, le pays fut divisé en plusieurs petits territoires ayant
chacun en leur centre une cité. Cette période est appelée « Moyen Âge Grec ».
Le sens de la liberté collective, ou de l’indépendance de la Cité s’est manifesté entre 750 et
500 ACN (époque archaïque), bientôt suivi par le sens de la liberté civique et individuel.
Solon, architecte issu d’une grande famille décida de contrer le grave endettement des
paysans d’Attique, et fit accepter des lois d’exception, visant la remise des dettes et le droit
de vote égal pour tout homme libre. C’étaient les débuts de la démocratie à Athènes.
Vers la fin du 6ème siècle ACN, les anciennes divisions en tribu familiales ont laissé la place
à 10 tribus définies par leur localisation. Au sein de ces tribus, l’individu a désormais une
plus grande autonomie pour participer à la vie de la Cité et donc à la vie politique.
En se gouvernant eux-mêmes, les citoyens d’Athènes découvrent leur propre puissance sur
les choses et sur eux-mêmes : leur liberté.
Les affaires religieuses se séparent des affaires politiques, comme les considérations
cosmiques sur l’ordre de la nature se séparent des conditions sur l’ordre de la cité.
HEC Liège
P
Ph
hi
il
lo
os
so
op
ph
hi
ie
e
1ère candi
Question n° 2 / 29
En vous basant sur l’histoire politique de la Grèce ancienne, expliquez en quoi la
démocratie rend la philosophie à la fois possible et nécessaire.
En se gouvernant eux-mêmes, les citoyens d’Athènes découvrent leur propre puissance sur
les choses et sur eux-mêmes : leur liberté.
Les affaires religieuses se séparent des affaires politiques, et les considérations sur l’ordre
de la nature se séparent des considérations sur l’ordre de la cité.
Mais, cette séparation, cette laïcisation de la vie politique qui inaugure la démocratie
entraîne une nouvelle question : selon quels principes et selon quels critères du bien et du
juste, les hommes vont-ils désormais se gouverner eux-mêmes, puisqu’il n’y a plus de roi-
prêtre pour dicter une loi transcendante (qui suppose l’intervention d’un pouvoir supérieur
et extérieur).
La philosophie apparaît comme une tentative de réponse à cette question.
Elle est rendue possible par la démocratie, parce que sans liberté de parole publique, il est
impossible d’avoir un débat public, un dialogue et donc, pas non plus de philosophie.
Elle est rendue nécessaire parce que la démocratie engendre des questions auxquelles elle
ne peut pas répondre seule.
La philosophie apparaît ainsi comme la recherche des racines du désaccord entre les
opinions individuelles : discordance des points de vue, des méthodes d’approche, des
formulations de la pensée.
En mettant en évidence la réciprocité du lien qui unit le choix d’une méthode d’approche et
la définition de l’objet dont on parle, elle contribue à clarifier les débats et à repérer avec
précision les zones de désaccord qui subsistent, quand elle n’a pas réussi à les surmonter.
HEC Liège
P
Ph
hi
il
lo
os
so
op
ph
hi
ie
e
1ère candi
Question n° 3 / 29
Pourquoi le mythe de Protagoras d’une part et le caractère non-scientifique d’autre
part, justifient-ils la règle démocratique de la majorité ?
Protagoras défend la démocratie parce que chacun, en naissant, a reçu des lumières sur ce
qui est bon et juste. D’après le mythe de Protagoras, Hermès aurait don aux hommes le
sens de la pudeur et de la justice, et Zeus aurait ordonné de les répartir à égalité entre tous
les hommes.
Ce mythe fonde à sa manière la règle démocratique de la majorité.
Si l’avis de la majorité l’emporte contre celui de la minorité, sans que la minorité puisse
évoquer une supériorité supposée de valeur ou de savoir, c’est d’abord parce qu’il n’y a pas
de savoir politique de ce qu’il faut faire en politique, mais simplement des opinions entre
lesquelles il est difficile de trancher.
S’il y a seulement des opinions politiques, et pas de science politique, si personne ne peut
prétendre détenir la recette qui ferait « le bonheur de ses semblables » (éventuellement
malgré eux), alors, il n’y a pas moyen de découvrir des différences qualitatives entre les
opinions (puisqu’il n’y a pas de référence par rapport auxquelles comparer la valeur).
Il n’y a dès lors entre les opinions que des différences non mesurables, sauf par leur
dénombrement : la règle du décompte des opinions et de la majorité.
HEC Liège
P
Ph
hi
il
lo
os
so
op
ph
hi
ie
e
1ère candi
Question n° 4 / 29
Pourquoi la philosophie n’a-t-elle pas de place dans le tableau systématique des
sciences ?
La science est une recherche, dont les résultats sont toujours partiels et inachevés.
La philosophie lui ouvre la voie : les sciences se sont détachées petit à petit l’une après
l’autre du tronc de la philosophie, pour conquérir leur autonomie :
Géométrie, en Grèce ancienne
Algèbre, chez les Arabes au Moyen Âge
Physique, en Italie à la Renaissance, avec Galilée
Chimie, en France à la fin du 18ème siècle, avec Lavoisier
Économie politique, en Grande-Bretagne à la fin du 18ème siècle, avec Smith
Logique au début du 20ème siècle, avec Frege, Peano, Russel
Aujourd’hui, il ne reste probablement aucun domaine propre à la philosophie, sinon la
réflexion sur les fondements des sciences, que celles-ci ne sont pas toujours capables
d’élucider par elles-mêmes.
La philosophie n’est donc pas une science humaine comme on le croît souvent, mais une
réflexion rigoureuse sur les fondements des sciences.
Après un long divorce, la philosophie et les sciences ont actuellement tendance à renouer
des liens longtemps interrompus ; mais, la philosophie n’étant pas une science, elle n’a
donc pas sa place dans le tableau systématique des sciences.
HEC Liège
P
Ph
hi
il
lo
os
so
op
ph
hi
ie
e
1ère candi
Question n° 5 / 29
Dans quelle mesure peut-on dire que la philosophie est une création européenne ? (2)
En quoi cette affirmation doit-elle être nuancée ?
La philosophie est apparue en Grèce Antique et est réapparue au 18ème siècle dans l’Europe
moderne.
La civilisation européenne a toujours été expansionniste, et quand elle a été en contact avec
d’autres civilisations, elle a essayé de s’imposer, ou du moins, elle les a beaucoup
influencées. Cela ne veut pas dire qu’elle soit meilleure, mais simplement qu’elle a été plus
forte que les autres.
Dans notre définition de la philosophie (« recherche en commun du sens de l’existence en
commun »), nous avons précisé qu’elle était possible avec des individus libres grâce à la
démocratie.
Mais, n’y a-t-il pas une philosophie chinoise ou arabe, sans que ces civilisations n’aient connu
la démocratie ? Cette question est cruciale et la réponse est délicate, puisque les philosophes
européens sont à la fois juges et parties :
Si nous définissons la philosophie d’une manière, et que la philosophie chinoise ne
correspond pas à cette définition, on dira que la philosophie chinoise est différent de
notre philosophie, mais on utilise une définition européenne, et non une définition
générale.
subjectivité qui dépend du lieu
En plus, il ne faut pas oublier que l’humanité est divisée en cultures, qui
représentent en quelques sortes une grille de lecture du monde : on croit penser
objectivement, alors que nous sommes dépendants de notre culture.
subjectivité qui dépend de la culture
Enfin, il n’y a pas d’unités de mesure, et personne ne peut dire quelle civilisation est
supérieure.
Lorsqu’on sait ça, et si on garde notre définition européenne de la philosophie, alors, oui, la
philosophie est exclusive de l’Europe. ainsi, le fait de dire que les sages chinois ne sont pas
philosophes n’est pas un jugement de valeur, c’est une constatation du fait que les écrits des
philosophes chinois ne correspondent pas à la définition européenne.
1 / 29 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !