Qu’est-ce qu’un clone ?
Le mot « clone » (du grec klon, jeune pousse) apparaît pour la première fois
en 1903 sous la plume du botaniste Herbert Webber. Il désigne alors les
jeunes plants obtenus par reproduction asexuée (par exemple par bouturage)
à partir d’une plante mère. Puis, lorsque les biologistes commencent à faire
des cultures de cellules animales, végétales ou bactériennes, le mot « clone »
définit tout ensemble de cellules dérivant par division successives d’une
cellule unique, et ayant donc exactement le même patrimoine génétique.
Avec l’avènement du génie génétique, dans les années 1970, les biologistes se
mettent à répliquer des fragments d’ADN renferment tel ou tel gène dans des
populations de levures, d’où l’expression « cloner un gène ». Mais depuis la
naissance de la brebis Dolly, en 1996, on appelle aussi « clone » une lignée
d’animaux obtenus par reproduction asexuée à partir d’un même parent, la
technique utilisée étant quant à elle dénommée « clonage ». Par ailleurs,
chacun de ces animaux, pris en tant qu’un individu, est le clone de ses
parents et de ses « frères ».
Comment est née la brebis Dolly ?
Née en juillet 1996 à l’institut Roslin d’Édimbourg, en Écosse, Dolly est le
premier mammifère clone d’un animal préexistant, en l’occurrence un brebis
âgée de six ans et demi. Elle a été obtenue par « clonage par transfert de
noyau somatique ». Cette technique consiste à faire fusionner une cellule
prélevée sur une brebis donneuse (en l’occurrence, une cellule de la glande
mammaire), avec un ovocyte de brebis vidé de son propre noyau. Une brève
décharge électrique est appliquée d’une part pour opérer la fusion, d’autre
part pour déclencher le développement de l’œuf en embryon. Cultivé in vitro
pendant quelques jours, jusqu’au stade préimplantatoire dit « blastocyste »,
l’embryon est transféré dans l’utérus d’une autre brebis. Rien à voir avec ce
qui se pratiquait dans les années 1980, où l’on produisait des moutons ou des
vaches clones les uns des autres en scindant en deux des embryons issus
d’œufs fécondés, chaque moitié étant ensuite transplantée dans l’utérus
d’une mère porteuse. Les nouveau-nés étaient génétiquement semblables
mais ils n’étaient que les clones de l’embryon issu de la fécondation, pas les
clones d’un adulte.
Le principe du clonage par transfert de noyau a été évoqué pour la première
fois en 1936 par l’embryologiste allemande Hans Spemann. En 1952,
l’Américain Robert Briggs fut le premier à énucléer des ovocytes et à y
transférer un noyau cellulaire. Mais à l’époque il s’agissait de noyaux de
cellules embryonnaires, puis chez différents mammifères, dont le premier, en
1986, fut un agneau. Un an plus tard, ce fut le tour d’un veau. Mais c’est avec
Dolly qu’on a montré que le noyau d’une cellule adulte pouvait être utilisé
avec succès. Depuis, environ mille veaux, des dizaines de porcs et d’ovins, des
chèvres, des souris, des lapins, des chats, un rat, un mulet, plusieurs chevaux
et un chien sont nés de la même manière que Dolly. Mais pas de singe.