1
Jamais satisfait, quel espoir ? (1)
(Message donné le 10 septembre 1992 à Carnières (Belgique)
Jamais satisfait, quel espoir ? Cette interrogation nous conduit bien entendu à
réfléchir sur ce qu'est l'homme et le sens de son existence sur cette terre. Il s'agit
de grandes questions, de questions fondamentales. Ce qui est curieux, c'est que
nous accusions une existence de tous les jours. Qu'elle se passe dans des
tourbillons de la vie quotidienne ou de façon tranquille, nous acceptons une
existence sans trop la comprendre, sans trop la creuser dans le but de savoir
d'abord qui nous sommes, quel chemin emprunter, quelle définition nous
donner, à quoi tout cela ressemble-t-il…
Je pose d'entrée de jeu la question suivante : comment connaître et éprouver une
existence valant réellement la peine d'être vécue quand très souvent nous
ignorons jusqu'à ce que nous sommes ?
Pour beaucoup, nous sommes des animaux améliorés, la bête qui a évolué.
Pour d'autres, nous sommes le produit de ceci, nous sommes le résultat de cela
etc. et ainsi, nous voilà complètement égarés, perdus, errants ça et là à la
recherche d'un sens réellement solide et valable à notre existence. Alors
essayons d'entendre ce que dit la Parole de Dieu.
Ésaïe 45 à partir du verset 9 : c'est Dieu qui parle, et quand Dieu parle, il est
excessivement important de nous mettre à Son écoute et d'être attentif à Lui :
Malheur à qui conteste son créateur ! (Et jamais plus qu'aujourd'hui contestent
les hommes) Vase parmi des vases de terre ! (Voilà donc comment l'homme est
qualifié dans la Parole de Dieu ! ) L'argile dit-elle à celui qui la façonne : Que
fais-tu ? Et l'œuvre dit-elle à l'ouvrier : Tu n'as point de mains ? Malheur à qui
dit à son père : Pourquoi m'as-tu engend? Et à sa mère : Pourquoi m'as-tu
enfanté ? Ainsi parle l'Éternel, le Saint d'Israël, et son Créateur : Veut-on me
questionner sur l'avenir, Me donner des ordres sur mes enfants et sur l'œuvre de
Mes mains ? (Puis ces mots solennels de Dieu qui parle) : C'est Moi qui ai fait la
terre, et qui sur elle ai créé l'homme ; c'est Moi, ce sont Mes mains qui ont
déployé les cieux, et c'est Moi qui ai disposé toute leur armée.
Et nous poursuivons la lecture au verset 22 : Tournez-vous vers moi, et vous
serez sauvés, Vous tous qui êtes aux extrémités de la terre ! Car je suis Dieu et il
n'y en a point d'autre. Je le jure par Moi-même, la vérité sort de ma bouche et
Ma parole ne sera point révoquée.
Oh que c'est solennel !
Lisons maintenant quelques textes d'une actualité remarquable au chapitre 59 à
partir du verset 8. Je vous laisse au passage apprécier cette actualité du livre
d'Ésaïe le prophète, écrit voilà quelques 2700 ans, pour vous donner une date
approximative. Que dit ce livre ? Les hommes ne connaissent pas le chemin de
la paix, et il n'y a point de justice dans leurs voies. Ils prennent des sentiers
détournés. Quiconque y marche ne connaît point la paix. C'est pourquoi l'arrêt
2
de délivrance est loin de nous, et le salut ne nous atteint pas. Nous attendons la
lumière et voici les ténèbres, la clarté, et nous marchons dans l'obscurité. Nous
tâtonnons comme des aveugles le long d'un mur, nous tâtonnons comme ceux
qui n'ont point d'yeux : nous chancelons à midi (c'est tout à fait ce que notre
monde aujourd'hui connaît) comme de nuit, au milieu de l'abondance (cela
correspond à notre Occident dit chrétien) nous ressemblons à des morts. Nous
grondons tous comme des ours (n'est-ce pas vrai ?), nous gémissons comme des
colombes ; Nous attendons la délivrance, et elle n'est pas là, le salut, et il est
loin de nous ; car nos transgressions sont nombreuses devant toi, et nos péchés
témoignent contre nous ; nos transgressions sont avec nous et nous connaissons
nos crimes. Nous avons été coupables et infidèles envers l'Éternel, nous avons
abandonné notre Dieu ; nous avons proféré la violence et la révolte, conçu et
médité dans le cœur des paroles de mensonge, et la délivrance s'est retirée, et le
salut se tient éloigné ; car la vérité trébuche sur la place publique, et la droiture
ne peut approcher. La vérité a disparu (où est-elle ? Un parisien me disait il y a
peu de temps : la vérité est au fond de la marmite. Mais quelle marmite ?
D'autres vous disent : la vérité est au fond du puits et personne ne peut y
accéder) et celui qui s'éloigne du mal (c'est-à-dire qui veut vivre droitement,
honnêtement) est dépouillé. L'Éternel voit, d'un regard indigné, qu'il n'y a plus
de droiture.
Oh ! comme ces textes nous concernent tellement de nos jours ! Un autre texte
venu encore du livre du prophète Agée traite un peu notre sujet. Ce prophète
avait été suscité en ce temps-là par l'Éternel pour s'adresser au peuple d'Israël
avec ces termes au chapitre 1er et au verset 5 : Ainsi parle maintenant l'Éternel
des armées : considérez attentivement vos voies ! (Et qui que nous soyons, nous
sommes appelés aussi à considérer attentivement nos voies.) Vous semez
beaucoup et vous recueillez peu, vous mangez et vous n'êtes pas rassasiés, vous
buvez et vous n'êtes pas désaltérés, vous êtes vêtus et vous n'avez pas chaud. Et
votre salaire tombe comme dans un sac percé. Oh ! comme ceci rejoint ce que
nous connaissons aujourd'hui dans notre Occident d'abondance remarquable et
qui n'en a jamais assez !
Toujours insatisfait ! Quelles réponses ?
Pour finir, ces textes sont un encouragement de Dieu, en 1 Corinthiens 16, verset
13 : Veillez, demeurez fermes dans la foi, soyez des hommes (Dieu nous
demandant d'être de vrais hommes ce soir, nous allons essayer de voir ce que
Dieu entend par "homme véritable"). Fortifiez-vous. Que tout ce que vous faites
se fasse avec amour ! Dites-moi, si tous les hommes sur la terre aujourd'hui
faisaient tout leur ouvrage avec amour, jusque dans ces pays la guerre sévit,
nous vivrions tout autre chose ! Veillez (parce que nous sommes dans des temps
excessivement solennels et sérieux), demeurez fermes dans la foi (ah ! la
définition de l'homme aux yeux de Dieu : est véritable devant Lui celui qui se
3
situe dans la foi), fortifiez-vous (c'est donc quelqu'un qui compte sur la force de
Dieu pour tous les jours). Que tout ce que vous faites se fasse avec amour.
Je ne sais si l'homme espère un jour pouvoir établir ce genre de choses sur la
surface de la terre, mais je sais que ce genre de chose n'existera jamais en dehors
de Christ.
Nous vivons un siècle absolument étourdissant de conquêtes, époustouflant de
progrès à nous donner le vertige, et ces dernières décennies l'ont changé de
façon considérable. Au plan scientifique par exemple comme sur d'autres plans,
nous vivons une fin de siècle absolument fascinante. Donc par certains côtés,
éblouissant, ce siècle, mais par d'autres, tellement dangereux qu'il met en jeu la
survie de la terre en même temps que celle des hommes sur la surface de la terre.
Mais il faut absolument convenir que, en cherchant à se mettre à l'aise dans le
monde, l'homme s'est donné, surtout dans notre Occident, un confort matériel
comme jamais précédemment dans toute son histoire. Il vit mieux que jamais,
plus que jamais au plan matériel. Pourtant, quels qu'ils soient, nos savants
affirment que les plus grandes détresses morales sont couramment rencontrées
justement dans les pays riches et il y a un tel mal de vivre dans ces pays que très
souvent, l'occidental, l'homme moderne, a perdu tout goût et tout appétit de
vivre, au contraire de ce qui se passe dans les pays en voie de développement.
Quand nous pensons par exemple qu'aujourd'hui, en ce même jour du 10
septembre 1992, quarante mille enfants sont morts de faim ! Nous aurions de
quoi nous réjouir de ce que nous avons ici, en Occident, dans nos pays riches et
nous ne sommes cependant pas du tout heureux ni satisfaits. Nous en voulons
encore davantage et tout ce que nous possédons tombe, comme dit la Bible, dans
un sac percé. Dans les pays en voie de développement, on cherche, on veut
vivre, on crie au secours. On ne se suicide pas, en Somalie, au Sahel, ni dans ces
pays l'on meurt tous les jours de ne pas manger assez. Dans notre Occident,
on meurt de trop manger. Quel drôle de monde que le nôtre ! Dans notre
richesse, nous perdons souvent le goût de vivre ! Que de suicides, en France, en
Allemagne, aux États-Unis ! En Suède, le niveau de vie est élevé, et
l'homme pourrait vraiment au plan matériel être parfaitement satisfait, il ne l'est
pas du tout. Quand on nous dit qu'en Allemagne on dénombre une tentative de
suicide toutes les trois minutes ! Qu'arrive-t-il aux allemands ? Un suicide réussi
toutes les quarante minutes, ils se sont certainement trompés de direction ! Si un
allemand est frappé par le chômage, il est assuré d'une indemnité tout comme un
français ou un belge, mais allez dans des pays comme la Somalie ou le Sahel, il
n'y a pas d'indemnité de chômage ! Là, quand vous perdez votre travail, vous ne
savez plus comment vivre, tandis que dans nos pays, on nous assure au moins du
minimum. Mais je dirais : ce qui est évident, c'est que dans nos pays riches, plus
nous nous remplissons les mains, plus nous nous vidons le cœur ! Jean Jaurès,
un homme de la gauche française des années 1900, a pu dire : " Je ne crois pas
du tout que la vie naturelle et sociale suffise à l'homme ; dès que l'homme aura
4
dans l'ordre social établi la justice, il s'apercevra qu'il lui manque encore un
immense vide à remplir. "
Un immense vide à remplir : nous parlions justement de vide intérieur en disant
que plus nous nous remplissons les mains et plus nous nous vidons le cœur. Et
ce même Jean Jaurès, socialiste, fondateur du journal L'humanité bien qu'il n'ait
pas été communiste, a pu énoncer : " Le jour où vous aurez donné à l'homme de
quoi vivre largement au plan matériel, vous n'aurez pas encore fait son bonheur,
car il existe des biens non matériels, des biens spirituels dont il ne saurait se
passer. " Il semble que Jean Jaurès en son temps avait compris que l'homme ne
pouvait pas vivre de pain seulement. Bien avant lui, Jésus avait affirmé dans une
parole que nous connaissons tous en Matthieu 4/4 : L'homme ne vivra pas de
pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. Parce que si
l'homme peut éprouver une faim, la faim au plan physique, il éprouve aussi une
faim d'un autre ordre au plan spirituel, la faim de son âme et seul Dieu peut
réellement combler un homme dans son cœur et dans son âme. Quelqu'un avait
même qualifié justement ainsi notre Occident : " Il s'agit d'un Occident qui
connaît la faim dans l'abondance. " C'est tout à fait cela. Si nous n'étions faits en
Occident que de chair et d'os (comme beaucoup le disent aujourd'hui : Dieu
n'existe pas, nous ne sommes que matière ; au commencement était la matière et
un jour nous retournerons à la matière et puis c'est tout), nous aurions quand
même de quoi être satisfaits dans cet Occident explose l'abondance dans une
consommation pharamineuse ! Eh bien pas du tout, justement parce que
l'homme n'est pas un être unidimensionnel, c'est-à-dire qu'il n'est pas
uniquement physique. Il y a une autre dimension chez lui : sa dimension
spirituelle. Lorsque l'homme ne veut vivre qu'au plan matériel, il se prive de
cette autre dimension que Dieu a voulue pour le combler intérieurement, d'où ce
vide intérieur qu'il éprouve.
Alors dans nos pays riches qui connaissent un niveau de vie élevé, il est
important de réfléchir au mal dont nous souffrons, et pour pouvoir y répondre de
la meilleure façon, commençons par poser la question : " Vous êtes quoi, je suis
quoi ? Qui sommes-nous ? Que sommes-nous ? Pourquoi notre présence sur
cette terre ? Pourquoi cette terre ? A quoi devons-nous servir ici-bas ? Y a-t-il un
sens à donner vraiment à notre existence ? " Evidemment, l'approche est
inévitablement philosophique. Sans toutefois entrer dans un exercice de haute
voltige métaphysique, nous allons tâcher d'y répondre et de bien garder les pieds
sur terre.
Stendhal, poète français qui a vécu à Grenoble (ville que je visite très souvent),
écrivit ceci : " Je ne me connais point moi-même, et c'est ce qui quelquefois, la
nuit quand j'y pense, me désole. " Je ne me connais point moi-même, et vous,
franchement, amis, vous connaissez-vous ? Moi j'ai mis longtemps à me
5
connaître. Mais la vie est absurde, quand elle passe à côté de son vrai sens. C'est
précisément ce qui nous arrive à tous, dit Dieu. Jésus a déclaré en Matthieu 7 : Il
y a deux routes, la première est large et beaucoup entrent par là et c'est la route
qui mène à la perdition. Étroite est la porte, étroit est le chemin qui conduit à la
vie. Et parce que nous ignorons ce que nous sommes, notre vie manque de sens,
elle tourne en rond, nous errons ici-bas, nous n'arrivons pas à nous donner une
définition, alors parlons de crise d'identité.
Il y a quelques années à Lausanne, lors d'une grande exposition on avait présenté
la machine à rien faire. Vous souvenez-vous de cela ? Cette machine à rien faire
avait défrayé la chronique ; quand vous arriviez devant cette machine, vous
posiez la question : " C'est pour quoi faire ? " Cette machine ne sert à rien, mais
un ingénieur l'a mise au point pour qu'elle fasse "teuf teuf". Et souvent l'homme
en est là, son cœur bat, son esprit travaille, il vit au plan physique, et il se
demande réellement à quoi il doit servir, ce qu'il est et pourquoi quelqu'un l'a
voulu sur cette terre… Ou bien résulte-t-il du hasard ? C'est une question
fondamentale, et tant qu'elle n'est pas résolue, impossible d'aller plus loin. Vous
pouvez vous gaver de n'importe quoi, vous donner le meilleur confort… ! Je cite
souvent cet exemple : prenez un bébé, accordez-lui tout le baby-confort dont un
petit bébé de Somalie peut rêver, c'est-à-dire du bon lait, une belle chambre, de
beaux jouets etc. Privez-le de l'affection d'une maman, de la présence d'une
maman, vous en faites un monstre. Parce qu'il a besoin, cet enfant, de beaucoup
plus que de bon lait, d'une belle chambre et de beaux jouets… Nous en avons vu
passer chez nous cinquante-quatre comme ceux-là (pas à la fois !), des enfants
dont les parents étaient défaillants, qui avaient tout reçu par l'Assistance
Publique, cet organisme qui a changé de nom et qu'il est convenu d'appeler la
DASS en France maintenant. Ils avaient eu du bon lait, dès leur naissance, de
beaux jouets, de belles chambres. Tout… sauf l'aliment essentiel : l'affection
d'une mère. Ils en avaient été perturbés mais ainsi en est-il de l'homme : gavez-le
au plan matériel de tout ce que vous voulez, privez-le de l'affection de son Père
céleste, qu'il soit coupé de Lui et il ne sait plus ce qu'il doit faire sur cette terre ;
dépassé par les événements, il entre dans une angoisse que nos philosophes
appellent "angoisse existentielle", cette angoisse de l'existence. Bien entendu,
c'est angoissant, parce que quand Dieu n'existe plus, que faut-il mettre à la place
?
Nous nous souvenons de ce qu'a écrit un jour Saint-Exupéry : " Nous ne
pouvons plus vivre de réfrigérateurs, de mots croisés, il faut rendre aux hommes
une signification spirituelle. " Il faut absolument que les hommes retrouvent…
en quelque sorte soient replacés sur orbite, retombent sur leurs pieds et
apprennent à savoir qui ils sont.
Que sommes-nous ? Socrate déjà disait en son temps : " Connais-toi toi-même "
ceci avait résumé toute sa philosophie. Quant à moi, Alain Choiquier alors jeune
1 / 12 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !