QUESTIONS REPONSES
EDITION 2016 2017
En révisant mes cours sur les interventions des Etats, je me suis rendu compte que je n'étais pas
totalement au point sur la politique monétariste. Notamment car je pensais que pour eux, la
stabilité des prix passait par un contrôle de la masse monétaire, en contrôlant les marchés. Or je
viens de lire un article qui mentionne le fait que les politiques monétaristes se basent sur un
laisser-faire des marchés. Je trouve ça logique dans la mesure où Friedman est favorable aux
mécanismes de marché, mais je trouve ça paradoxal dans la mesure où le jeu des marchés
aboutit souvent sur une instabilité des prix à moyen et long terme. Pouvez-vous m'éclairer là-
dessus ?
Il est possible, je crois, de répondre simplement à ta question : les monetaristes sont des libéraux,
convaincus de l'efficacité des marchés mais dans le domaine monétaire, les autorités doivent
contrôler la croissance de la masse monétaire par des interventions sur les marchés monétaires.
La réponse tient donc dans l'adjectif adapté.
Dans mon dernier mail j'ai oublié de vous poser une question sur la politique menée par Reagan
aux USA dans les années 1980. En effet, elle est considérée comme une politique libérale,
cependant elle a plutôt des caractéristiques de policy mix dans la mesure où elle alterne relance
budgétaire et politique de restriction monétaire pour endiguer l'inflation. Que conclure ?
Deuxième chose, cette association entre relance et restriction n'est-elle pas problématique d'un
point de vue de l'inflation justement ou encore d'un point de vue de la quantité d'argent en
circulation, car cela me paraît contradictoire.
La politique de R. Reagan se définit comme une politique de l'offre avec une baisse simultanée
des prélèvements et des dépenses publiques.
Cependant si la baisse des prélèvements est mise en oeuvre, la baisse des dépenses ne se fait
pas ("Guerre des étoiles" + opposition du Congrès à la baisse des dépenses sociales) et le
contexte global est recessif suite à la politique monétaire Volcker.
Les premiers résultats sont donc les déficits jumeaux : creusement du déficit budgétaire et du
déficit des comptes extérieurs (perte de compétitivité US suite à la hausse du dollar).
Par contre à partir de l'été 82 (crise mexicaine), la politique monétaire devient expansionniste
(baisse des taux d'intérêt) ce qui amène à une logique contracyclique.
Aujourd'hui, concernant le police mix, on n'est plus dans la problématique des années 80 où les
objectifs de maîtrise de l'inflation et de relance pouvaient apparaître contradictoires. Actuellement
la question clé est de savoir si les politiques classiques peuvent avoir un impact sur le niveau de
l'activité.
J'aurais aimé savoir si ce que dit Hayek sur le free banking et le fait que l'état ne doit pas avoir un
monopole sur la monnaie peut être relié à une question de l'indépendance des banques centrales
?
Ce sont deux réponses différentes à la même question : comment limiter le pouvoir discrétionnaire
de l'Etat en matière monétaire, pouvoir jugé déstabilisant (crises pour Hayek, inflation pour la
NMC) ?
L'indépendance des banques centrales retire la gestion de la monnaie de la sphère d'intervention
de l'Etat et la centre sur la lutte contre l'inflation à travers le mandat de la Banque Centrale.
Hayek pose (dès les années 30) l'idée de concurrence monétaire (free banking). Dans ce contexte
plusieurs unités monétaires peuvent exister dans le même espace et la meilleure, c'est-à-dire celle
qui sera la plus efficacement gérée sera la seule à s'imposer.
J'ai juste une petite question à vous poser à propos du chapitre 11 (sur les politiques
conjoncturelles).
Dans la toute dernière partie sur la stagnation séculaire, vous faites référence à deux
formulations.
J'ai du mal à comprendre la première avec le taux d’intérêt de Wicksell et le "new normal".
Vous dite que le taux d’intérêt naturel est structurellement très faible car il y a un excès d'épargne
mondiale, donc que les taux d’intérêts nominaux sont trop élévés pour assurer la croissance.
Pourtant les taux d’intérêts sont à des taux les plus bas aujourd’hui.
Est-ce que cela veut dire que les taux d'intérêt n'ont pas et ne peuvent pas avoir d'effet sur la
croissance aujourd’hui (ce qui induit la stagnation séculaire) ? Et comment alors assurer la
croissance ?
L'analyse de Wicksell fait référence à un taux d'intérêt naturel permettant l'équilibre entre l'épargne
et l'investissement. Ce taux d'intérêt ne peut être directement constaté, contrairement au taux
d'intérêt effectif (nominal) en vigueur dans une économie à un moment donné.
Pour certains auteurs (Summers) il y a aujourd'hui un excès d'épargne à l'échelle mondiale, ce qui
générerait un taux d'intérêt naturel très faible, voire négatif (cf. note de la Banque de France vue
en cours). Dans ce cas, même avec des taux d'intérêt nominaux très faibles comme aujourd'hui, ils
restent trop élevés pour justifier l'investissement.
Une première question est de savoir s'il s'agit d'une situation ponctuelle ou d'une caractéristique
structurelle de l'économie ("New normal").
Ensuite pour Summers, l'activité ne peut être soutenue que par une politique monétaire très
expansionniste, quitte à générer des bulles.
Le texte de Philippe Waechter évoqué sur le blog me paraît clair sur ce point.
Je voulais vous poser une question à propos du chapitre 8. En quoi les différentes réformes des
retraités ou des dispositifs de cessation anticipée d'activité ont un impact sur le chômage ?
Plusieurs niveaux de réponse :
La cessation anticipée d'activité se traduit par une baisse du chômage, mais cela n'agit que sur le
chiffre du chômage et non le fond du phénomène. Certains considèrent cependant qu'il s'agit d'une
forme de baisse du temps de travail (sur l'ensemble de la vie).
Les réformes des retraites, telles qu'elles ont été mises en place en France avec allongement de la
durée de cotisation et report de l'age de départ, se traduisent plutôt, dans un premier temps, par
une hausse du chômage. A plus long terme leur impact reste difficile à mesurer.
J'aurais quelques questions concernant les derniers chapitres d'ESH :
Pour les analyses régulationnistes de l'inflation de Bennasy, Boyer et Gelpi je n'ai pas compris la
régulation monopolistique : Est-elle source d'inflation ou comme la régulation concurrentielle elle la
limite ?
Dans le chapitre 11 au tout début il y a " Freiner les tensions inflationnistes avec des plans de
« stabilisation » ", mais qu'est ce qu'un plan de stabilisation ?
Toujours dans ce même chapitre, pourriez vous me rappelez la distinction du LTRO et TLTRO car
je ne l'ai pas très bien compris ?
Concernant la régulation monopolistique, elle favorise selon Boyer, l'inflation à partir de trois
logiques : une concurrence moins poussée sur les marchés qui limite la flexibilité à la baisse des
prix, le développement d'une monnaie scripturale plus que métallique et la rigidité croissante des
salaires à la baisse compte tenu des mutations du rapport de force entre salariés et employeurs.
L'expression "plan de stabilisation" apparaît dans les 30 Glorieuses et désigne des politiques
conjoncturelles orientées vers la maîtrise de l'inflation. Son sens s'élargit ensuite et cela devient un
euphémisme pour caractériser les politiques d'austérité ou de rigueur.
Le TLTRO reprend le principe du LTRO (prêt de la BCE aux banques à long terme afin de
sécuriser leur refinancement) mais en associant une condition : les sommes fournies doivent être
reprêtées aux acteurs économiques (entreprises).
Je suis en train de relire le chapitre 4 et il y a une notion importante qui m'apparait floue.
Dans le paragraphe sur la balance des Paiements, j'ai écrit les deux significations opposées pour
le crédit et le débit.
Pouvez-vous m'éclairez sur ce qu'est le crédit et qu'elle mouvement de capitaux cela implique pour
l'économie nationale et de même pour le débit, s'il vous plait.
Je colle la définition de la Banque de France
Par convention, un chiffre positif (crédit) correspond à une exportation ou à une recette lorsqu'il se
rapporte à une opération réelle, c'est-à-dire à des échanges de biens, de services et des
paiements de revenus. Un chiffre négatif (débit) représente une importation ou une dépense.
S'agissant du compte financier, un chiffre positif reflète une diminution des avoirs ou une
augmentation des engagements, qu'ils soient financiers ou monétaires. Un chiffre négatif
représente une augmentation des avoirs ou une diminution des engagements. Ainsi, un chiffre
négatif au titre des avoirs de réserve signifie-t-il que les réserves ont augmenté.
Pour le compte financier cela signifie que si l'on emprunte à l'étranger (augmentation des
engagements) on a un crédit, si on prête à l'étranger on a un débit.
En relisant mon cours sur la dynamique des échanges, j'ai trouvé une note en particulier qui
m'apparait floue.
En quoi le cas d'Alstom Belfort et de la PAC sont des exemples de mercantilisme aujourd'hui ?
Pour Alstom et la PAC, on est en présence d'actions de l'Etat (Alstom) ou de l'Europe (PAC) qui
ont pour objectif de soutenir une entreprise ou un secteur à partir de commandes publiques
(Alstom) ou de politiques douanières (PAC) qui visent à lui donner un avantage vis à vis des
concurrents. Pour la PAC on est dans un schéma de type protectionniste mais qui vise l'expansion
des agricultures européennes, pour Alstom on est dans un soutien public d'une entreprise
confrontée à une concurrence internationale. Les deux situations justifient la référence au
mercantilisme, dans un sens moderne du terme.
Il y a certains points du cours que je ne parviens pas à saisir. Dans le cours sur l'inflation et le
chômage, 2 analyses me posent problème: il s'agit des analyses regulationnistes et du modèle
WS-PS. Également dans le cours sur l'Etat, je ne comprends pas le lien entre l'école du Public
Choice et les 3 théories qui suivent (action publique, bureaucratie et marché politique). Pourriez
vous m'aider à mieux comprendre ces points ?
Pour le modèle WS PS, voir plus bas dans ce document
Pour l'analyse régulationniste de l'inflation, la montée de l'inflation de l'inflation dans la période de
l'après guerre s'explique par les transformations de la régulation de l'économie : des marchés
moins concurrentiels (concentration, concurrence par les produits plus que les prix), la modification
de la formation des salaires (rôle croissant de l'Etat et des syndicats, rigidité des salaires à la
baisse) et le passage à une monnaie essentiellement scripturale expliquent l'accélération et la
constance de l'inflation (alors que le 19ème siècle voit l'alternance de phases de hausse et de
baisse des prix)
J'ai présenté l'école du Public Choice comme l'articulation de trois analyses qui toutes convergent
vers la même idée : il y a une tendance à la hausse des dépenses publiques et ces dépenses ne
sont pas définies par un principe d'optimalité, soit parce que le jeu du marché politique (Buchanan
et Tullock) pousse au développement de mesures électorales favorisant la dépense publique, soit
parce que dans la bureaucratie, le pouvoir est lié au budget contrôlé (Niskanen) et parce que dans
l'action collective les bénéficiaires d'une mesure publique ont plus de probabilité de se mobiliser
pour obtenir la mise en oeuvre de cette mesure que ceux qui en supporteraient les coûts (Olson).
En lisant l’article d’Antoine Belgodere à propos du revenu universel, je ne parviens pas à saisir
comment les aides sociales conditionnées ont des effets seuil pouvant générer des trappes à
pauvreté, et ce malgré son exemple.
Pourriez-vous méclairer sur ce raisonnement ?
Par aides sociales conditionnées, il faut entendre des aides sociales qui ne sont accordées qu'en
dessous d'un certain niveau de revenu.
L'obtention d'un emploi entraîne une hausse du revenu mais peut se traduire par la perte de
certaines aides, ce qui fait que le gain net de l'emploi est réduit, pouvant pousser certains à rester
inactifs et à bénéficier des aides sociales. C'est l'idée de la trappe à pauvreté : il n'y a pas
d'incitations à travailler et accroître son revenu.
Il faut noter que les études ne confirment pas un phénomène significatif de trappe à pauvreté (sauf
dans quelques cas particulier : passage d'un RSA à un mi temps) ; une réponse possible est une
baisse progressive des aides sociales lorsque le revenu s'élève (donner la possibilité de cumuler
quelques temps ou jusqu'à un certain montant revenu d'activité et aide sociale).
Je n'ai pas très bien assimilé l'analyse de Kindleberger, est-ce que vous pourriez me l'expliquer de
nouveau brièvement s'il vous plaît ?
Concernant Kindelberger, ce qu'il faut retenir c'est le retour régulier des crises financières dans la
dynamique du capitalisme et l'idée que ce retour se fait à travers des étapes qui se reproduisent
régulièrement : une flambée spéculative (mania), l'émergence de doutes, un retournement brutal
(panic) suivi d'une dépression.
Je ne comprends pas bien ce qu'est le shadow banking et son rôle dans la crise des subprimes.
Pourriez vous me reexpliquer cela rapidement s'il vous plaît ?
Le shadow banking doit se comprendre par opposition à la banque "classique" :
le modèle "traditionnel" de la banque suppose des dépôts qui permettent de financer des prêts à
des acteurs économiques ; dans le "shadow banking", pour faire simple, des structures financières
empruntent sur des marchés des ressources qui servent ensuite à accorder des financements (en
particulier en achetant des produits financiers liés à la titrisation).
Le développement de ce système pose deux questions clé : celle du risque qui apparaît dilué et
difficile à contrôler à travers les nouveaux instruments financiers (cf cours) et celle du
refinancement : si les marchés se bloquent (ce qui est le cas dans le cadre de la crise des
subprime) les acteurs du "shadow banking" ne peuvent plus trouver les ressources permettant de
poursuivre leurs activités. (cf Northern Rock).
J'ai lu les documents complémentaires du chapitre 2 cet après-midi, et je n'arrive pas à saisir la
différence et la relation entre IDE vertical et IDE horizontal, pourriez-vous m'éclairer s'il vous plaît ?
On retrouve ici une distinction assez classique en matière de concentration :
l'IDE vertical correspond à une logique d'intégration du processus de production : l'IDE
correspond à une étape amont ou aval du processus de production (fabrication de pièces
détachées par exemple)
l'IDE horizontal réplique l'activité productive : implantation d'une nouvelle usine dans un
autre pays.
J'ai fiché les extraits du Bréal que vous avez conseillé dans le plan du Chapitre 10. Il y a deux
points sur lesquels je souhaiterais que vous reveniez :
- P601 : Daniel Kahneman : les individus sont souvent victimes d'illusions cognitives (ex: "art de la
négociation") --> je ne comprends pas très bien cette partie ni l'exemple..
- P632 : la référence au "Brevet unitaire européen" qui serait créé en 2014 --> qu'en est-il
aujourd'hui ?
On est ici dans une interrogation sur le processus de rationalité (cf. cours d'EA -1ère année).
Au delà de la présentation, un peu laborieuse, de la thèse de Kahneman (qui souligne que
l'aversion au risque peut rendre complexe une négociation puisque les individus concernés ne font
pas une balance "correcte" entre gains et pertes attendus), on peut retenir que les situations de
biais cognitifs peuvent renforcer (ou créer) des limites du marché.
Concernant le brevet européen, le texte a été adopté en 2013. Il faut que 13 États le ratifient pour
qu'il entre en vigueur. Nous en sommes actuellement à 12.
J'aurais une petite question à vous poser. Je viens de lire un article de Natacha Valla dans
Challenges intitulé «Le dollar, grand gagnant de la politique économique de Trump». Vers la fin de
cet article il est écrit que «à court terme la devise européenne bénéficie de la hausse du cours du
pétrole. Car les pays producteurs d'or noir vendent leurs dollars, monnaie dans laquelle ils sont
facturés, pour acheter des euros. Certains experts estiment que cet appétit de la Russie et des
pays de l'Opep pour l'euro représente une prime de 6 centimes pour l'euro par rapport au dollar.
Ce mouvement confirme aussi le statut de monnaie de réserve de la devise européenne, alors que
certains s'interrogent sur sa pérennité.»
Je ne comprends pas pourquoi les pays producteurs de pétrole achètent des euros alors que le
dollar a plutôt tendance à s'apprécier par rapport à l'euro et que les investisseurs auraient donc
plutôt intérêt à acquérir des dollars. Par ailleurs, qu'est-ce que cette prime de 6 centimes pour
l'Euro par rapport au dollar?
Je ne suis pas spécialiste en placement des excédents pétroliers mais il me semble que
l'explication tient en la volonté des pays de l' OPEP et de la Russie de diversifier leurs avoirs et de
garder un équilibre entre dollars et euros (en français classique, ne pas mettre tous ses oeufs dans
le même panier).
Quant aux 6 centimes, ils signifieraient qu'en l'absence de ce comportement, le dollar serait plus
élevé de 6 centimes face à l'euro.
Mais cela reste mon interprétation.
Je ne comprend toujours pas la courbe WS PS. On dit que WS est la fonction des salaires réels
décroissante par rapport au taux de chômage, je ne suis pas sûre de comprendre pourquoi...
Et pour la courbe PS, je ne vois pas comment peuvent intervenir les prix et pourquoi on dit qu'elle
est décroissante par rapport au taux de chômage alors que sur le graphique elle est croissante...
La réponse à la première question est assez simple : le taux de chômage élevé limite les
possibilités de négociation des salariés. On a donc une relation inverse entre chômage et
croissance des salaires.
Pour la deuxième : en chômage élevé, la concurrence entre les firmes est plus forte. Elles ont
donc moins de possibilité d'appliquer une marge élevée à partir de leurs coûts. La relation est alors
décroissante mais pour le graphique, elle est construite de manière inverse, donc devient
"formellement" croissante.
Je te propose de garder à l'esprit que dans le modèle WS - PS le chômage est un moyen de
maintenir un équilibre en cas de conflit de répartition entre salaires et marges (le chômage élevé
entraîne a la fois une pression à la baisse sur les prix et les salaires).
Je voulais savoir si la politique régionale (fond de développement européen régional) était prévue
dès le traité de Rome ou plus tard dans le processus de construction européenne ? J
Le principe de la politique régionale (permettre la convergence des niveaux de vie) est présent dès
le Traité de Rome, sa mise en oeuvre fait partie des schémas de la PAC et du FSE au début des
années 60, mais le véritable démarrage ne se fera qu'à partir de 1975 et la mise en place du
Feder.
Dans le cours nous avons étudié les différents point de vue sur la politique de concurrence
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