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auxquels il devait répondre, n’intéressent pas directement le sé
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mioticien.1
Il cherche à élaborer une grammaire narrative, c’est-à-dire une sé
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rie de formes universelles organisant la narration. Dès la Séman
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tique structurale, publiée en 1966, jusqu’à son article très connu
intitulé « Éléments d’une grammaire narrative » paru d’abord dans
la revue L’Homme en 1969 puis recueilli dans son essai sémiotique
Du sens I en 1970, il s’efforce de construire une théorie de la nar
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rativité qui pourrait justifier et fonder l’analyse narrative comme
un domaine de recherche méthodologiquement autosuffisant. Dans
son parcours de recherche sémiotique, il a aussi créé une série de
modèles théoriques, par exemple, le schéma narratif canonique, le
modèle actantiel, et le carré sémiotique, qui se donnent pour but la
formalisation du mécanisme narratif et l’examen des racines du
sens. Ces modèles théoriques deviennent un outil efficace d’ana
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lyse du texte et se trouvent ainsi mis en application dans la critique
littéraire.
Pourtant, les modèles sémiotiques de Greimas ne sont pas
applicables à tous les types de textes. Il existe dans cette théorie
une série d’éléments inadaptables aux corpus littéraires issus de
cultures différentes. Comme l’a montré Nijolé
K
ersyté
:
Greimas, au début de ses recherches, visait à créer une grammaire
narrative universelle conçue comme un dispositif d’analyse neutre
du point de vue idéologique. Pourtant, l’univers narratif qu’il pré
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tend décrire n’est pas neutre. La grammaire narrative construit des
1 Groupe d’Entrevernes, Analyse sémiotique des textes : introduction, théorie, pratique,
Lyon, Presses Universitaires de Lyon, 1985, p. 7.