laïque et égalitaire entre les fidèles : pas d'église et pas de clergé, pas de
professionnels de la religion.
L'Islam est divisé faute de règle simple de succession et faute de magistère
religieux : les revendications politiques et religieuses se superposent. Il éclate
en une multitude d'écoles religieuses, spirituelles et juridiques, dont les deux
grands courants sont le sunnisme et le shi'isme ; à ceci s'ajoutent les
régionalismes (cf. les Berbères en Afrique) inévitables dans un Empire qui
s'est étendu des Pyrénées à l'Indus et qui doit assimiler des civilisations
millénaires. L'Occident (Espagne et Maghreb), sunnite, vit sous domination
almoravide (jusqu'en 1146) puis almohade. L'Orient connaît deux califats : les
Fatimides d'Egypte, shi'ites ; les Abbassides, sunnites, Bagdad ; les Turcs
seldjukides s'emparent de Bagdad en 1055. Les aspirations unitaires sont
reprises par deux dynasties kurdes de Damas, celle de Zengi et de son fils Nur
al-Din, qui relance le djihad, puis du vizir de ce dernier, de la famille des
Ayyubides, Salah al-Din : en 1171, il s'empare de l'Egypte et abolit le califat
fatimide. Il occupe place incomparable dans l'imaginaire arabo-musulman,
grâce à la victoire de Hattin : il est celui qui vainquit les chrétiens.
Cet Islam connaît-il ouverture ou fermeture ? Vis-à-vis des non musulmans, le
principe de base est la dhimma : les populations qui relèvent d'une religion du
Livre sont contraintes de se soumettre ou de se convertir. Il faut donc faire la
différence entre arabisation, très rapide, et islamisation, beaucoup plus lente :
quand les Croisés arrivent en Syrie, la région est encore majoritairement
chrétienne. L'Islam médiéval est globalement tolérant ; c'est le choc des
Croisades qui modifie la situation.
L'Islam est au départ une religion intellectuelle, fondée sur la réflexion
personnelle qui conduit à un approfondissement conjoint de la foi et de la
connaissance ; notamment au début du califat abbasside, al-Ma'mun (813-833)
construit la Maison de la Sagesse (bayt al-hilma) : l'Islam arabe s'approprie
les connaissances disponibles dans les mondes grec et perse dans un
formidable mouvement de traduction et d'assimilation ; il diffuse cette
tradition dans tout le monde arabe, notamment en Andalus.
L'expansion occidentale est économique, politique et intellectuelle. C'est
d'abord une expansion des hommes : l'essor démographique. Par exemple,
dans l’aristocratie militaire, face à l'indivision des fiefs, alors que les fils sont
nombreux, une partie va dans les monastères (Cluny, puis Cîteaux), mais une
autre prête à tout pour se tailler une terre. Parallèlement, l'essor urbain : dans
les villes italiennes, on ressent la nécessité de se tailler sa place dans la société
marchande en allant commercer au loin.
Pour cela, celle-ci dispose de capitaux grâce aux surplus fonciers : en Italie,
l'aristocratie peut mobiliser une partie des profits et du capital fonciers pour