MYTHES AFRICAINS
PHILOSOPHIE
FOI
Herman Bastijns, M.Afr.
Nouvelle édition 2015
MYTHES AFRICAINS
PHILOSOPHIE
FOI
Une Introduction à la sagesse africaine traditionnelle
Herman Bastijns, M.Afr.
Première édition, Bukavu 1981
Nouvelle édition, Bonhheiden 2015
Email : herman[email protected]
Préface de la première édition 1980
En 1980, après avoir travail une dizaine d’anes dans une paroisse rurale au Burkina
Faso, je fus appe à enseigner la philosophie à des jeunes étudiants africains au séminaire
des Missionnaires d’Afrique à Bukavu (R.D. Congo).
Dans ma paroisse au Burkina Faso, le christianisme était solidement implanté, mais la
pensée et la vie traditionnelle y restaient encore bien vivantes. En étudiant la langue locale,
les proverbes et les traditions orales de ce peuple, je devenais de plus en plus convaincu que
cette vie traditionnelle était basée sur une authentique sagesse, non pas théoriquement
articulée, certes, mais cohérente et pleine d’intuitions fondamentales.
Or, en arrivant au séminaire, je me trouvais devant des jeunes Africains que la
scolarisation avait coupés de leurs traditions qu’ils ignoraient et souvent même méprisaient,
tout en étant les héritiers inconscients, et en demeurant socialement, existentiellement et
psychologiquement dépendants de ces mêmes traditions.
Comment introduire ces étudiants à la philosophie d’une manière à leur permettre
d’intégrer la sagesse traditionnelle de leur peuple, tout en les encourageant à découvrir une
sagesse humaine plus large et universelle? Voilà le fi qui se posait à moi: non pas présenter
une introduction à la Philosophie à des Africains, mais introduire des Africains à la
philosophie.
Ce cours est né de l’effort d’interpter le langage de lAfrique traditionnelle en termes de
la philosophie occidentale et de voir si cette dernière ne pourrait pas avoir non seulement des
corlations mais même des racines discernables dans la première.
Préface de la nouvelle édition (2015)
La version originale de ce travail a été écrite en Afrique, il y a presque un demi-scle dans le
contexte du débat colonial et postcolonial au sujet de la culture africaine et de l'existence
éventuelle « d'une philosophie africaine ».
A cet égard, ce travail n'est plus d’actualité et dépassé: la génération des vieux sages,
soutiens de la tradition africaine, a totalement disparu et leurs petits-enfants et arrière-petits-
enfants sont sur l'internet !
Mais dans ces 50 ans, le monde de mes origines a chan totalement et est devenu
connaissable. Une révolution culturelle, sociale et religieuse énorme a effa le monde de
ma jeunesse et un nouveau monde s’est créé qu’on appelle parfois le « monde postmoderne ».
J’y trouve beaucoup déléments positifs et ne plore pas du tout une « époque d’or » qui n'a
peut-être jamais existé.
Mais je suis bien été touché par l'absence d'un sol fixe, de sécurités fondamentales. Tout
part déstabili, tout paraît possible, et tout est remis en question : Dieu, le monde, la
sexualité et la vie elle-même. Le professeur De Dijn parle de «valeurs liquides ». Il se
demande aussi s’il y a a une alternative à cette tendance, s’il y a encore un avenir pour les
curis dans cette vie.
Je dirais personnellement que j’en vois bien : dans nos enfants ! Quand j’explique à un enfant
que l'univers a surgi d'un atome infiniment dense qui a explo, alors, à la fin de mon récit,
cet enfant me pose la question ingénue : « Et d’où venait cet atome? » Notre avenir se trouve
dans la redécouverte de la conscience enfantine, « nve » que j'appelle aussi volontiers « le
bon sens ». Jésus dit d'ailleurs que nous devons être comme des enfants.
Et ce travail au sujet de la sagesse traditionnelle de l'Afrique, peut être un guide sur le chemin
de retour vers nos sources.
Jadis je suis parti en Afrique avec un message. Aujourdhui je retourne avec un message de
l'Afrique pour le monde.
D' l'actuali de ce travail et le motif de sa réédition. (Bonheiden, 2015)
Ce cours est divisé en deux parties.
La première partie présente les sysmes de pene que nous essayons de rapprocher, à
savoir la Philosophie occidentale et la Sagesse Africaine Traditionnelle. Quant à la
philosophie occidentale, nous savons où la trouver. Mais où trouver la sagesse africaine et en
quel langage la déchiffrer? Nos réponses à ces questions nous fourniront le cadre théorique
pour notre essai d’interprétation des récits mythologiques de l’Afrique.
Les sources de la sagesse africaine sont ensuite présentées sous la forme de trente mythes
provenant de différents peuples de lAfrique subsaharienne. Ces récits concernent surtout
l’origine du monde et de l’homme.
La deuxième partie s’applique à analyser ce matériel en termes de structure littéraire, de
fonctionnement épistémologique et d’interptation.
Une dernière section, appelée "conclusions", offre quelques suggestions concernant la
lumière que ce travail peut jeter sur certains problèmes toriques et pratiques. Le premier de
ces problèmes est celui des relations entre Mythe et Philosophie, et ensuite entre Mythe,
Culture et Civilisation. Parmi les problèmes pratiques que ce travail peut éclairer, il y a celui
de lenseignement de la philosophie, non seulement en Afrique, mais aussi ailleurs.
Une conclusion finale concerne la corrélation frappante entre les mythes anciens et la
Bonne Nouvelle chrétienne. Rien ne met mieux en évidence la nouveauté et l’universali de
cette Bonne Nouvelle que le cri éternel du cœur humain, dont l’écho le plus ancien résonne
dans les mythes.
PREMIERE PARTIE
SAGESSE AFRICAINE TRADITIONNELLE ET PHILOSOPHIE
§ 1. PHILOSOPHIE
1. Une bve définition de la Philosophie
Le mot "philo-sophia" est grec et signifie "amour de la sagesse". Les premiers philosophes,
dans le sens de chercheurs sintéressés de la vérité, apparaissent dans les colonies grecques
de l’Ionie (maintenant Turquie) au septième scle AC. Dans les livres d’histoire, Thales de
Milet, qui vécut autour de 600 à 550 AC., est couramment considéré comme le premier
philosophe.
Puisque la quête de larité est essentiellement une quête personnelle, il semblerait qu’il y
a autant de philosophies qu'il y a de philosophes. D’où la difficul de donner une définition
rigoureuse de la Philosophie. Mais on peut bien reconntre un certain nombre de caractères
communs à toutes les philosophies.
1. La philosophie est une recherche du savoir pour le savoir. Elle n’est donc pas le produit
du sentiment et ne vise pas directement l’action.
2. Elle est en principe objective, et non pas subjective, comme l'art.
3. Elle offre un connaissance essentiellement critique, et non pas dogmatique.
4. Elle cherche à établir un savoir sysmatique.
5. Et, surtout, elle est intérese à l’ensemble de ce qui existe, et non pas seulement à une
partie ou un aspect du réel. Son objet propre est "La connaissance de toutes choses par
leurs raisons ou causes dernières" (saint Thomas) ou "La science de tout, mais comme
la science DU tout". (Thibaudet).
En qualifiant la philosophie de science, on veut écarter un certain usage populaire du
terme, comme dans des expressions du type: "Ma philosophie est de vivre et de laisser vivre",
ou “Il faut accepter les contretemps de la vie avec philosophie”. La philosophie ne peut pas
non plus être identifiée à une sagesse pratique, morale ou mystique, comme le Bouddhisme et
l'Hindouisme, à qui manque l’élément essentiel de la connaissance désinressée.
Les tmes principaux de la philosophie sont:
L'Homme (Anthropologie)
Le Monde (Cosmologie)
Dieu (Tologie naturelle ou Todicée)
Le Bien et le Mal (Morale ou Ethique)
La Connaissance (Epismologie)
Le Raisonnement (Logique)
L'Etre en tant que tel (Ontologie ou Métaphysique).
2. L'origine grecque de la Philosophie
Traditionnellement, la philosophie au sens strict du mot, est consie comme ayant
commen dans la Grèce antique. Pourquoi? Frederic COPLESTON écrit:
Aussi les Grecs se dressent incontestablement comme les premiers penseurs et savants
de 1'Europe. Les premiers, ils cherchèrent la connaissance pour elle-même, et la
recherchèrent dans un esprit scientifique libre et sans idées pconçues. D'ailleurs,
étant donné le caractère de la religion grecque, ils étaient libres de toute classe
sacerdotale qui aurait pu avoir des traditions puissantes et des doctrines non raisonnées
qui leur fussent propres, maintenues avec ténacité et réservées seulement à quelques-uns
et qui eussent pu gêner le développement de la science libre. Hegel, dans son histoire de la
philosophie, clôt 1'étude de la philosophie indienne plutôt brusquement, pour la raison
qu'elle est identique à la religion indienne. Tout en admettant la présence de notions
philosophiques, il soutient qu'elles ne peuvent pas prendre la forme de pensée, mais sont
consignées sous une forme poétique et symbolique, et qu'elles ont, comme la religion, le but
pratique d'affranchir 1'homme des illusions et du malheur de la vie plutôt que la connaissance
pour elle-même. Sans s'engager soi-même dans 1'acceptation du point de vue de Hegel sur la
philosophie indienne (qui a été montrée bien plus clairement au monde occidental dans ses
aspects purement philosophiques depuis 1'époque de Hegel), on peut bien accorder que la
philosophie grecque était pour la première fois la pensée poursuivie dans 1'esprit de la
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