Déclaration de foi " Sur la terre comme au ciel "

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Déclaration de foi
" Sur la terre comme au ciel "
Sur mon chemin caillouteux j'ai buté sur lui.
Il ne s'est pas écarté, et m'a dit qu'en vérité, c'était aussi son chemin.
Nous avons fait route ensemble.
Il m'a ouvert les yeux sur les Ecritures, et j'ai vu ses traces en regardant en
arrière.
Quand je me suis retourné vers l'avant, il n'était plus visible à mes côtés,
mais le chemin se déroulait désormais comme un parchemin où mes pas et mes
actes inscrivent des traces, se mêlant aux traces d'autres personnes, formant les
caractères d'une lettre de Christ écrite pour le monde.
Nous sommes une Histoire dans l'histoire, miroir du grand livre de la mémoire
d'Abraham, où les étoiles ont le visage de tous ses enfants et le cœur qui bat au
rythme du même amour.
Alors nous comprenons mieux les chemins du ciel, les dogmes compliqués et les
textes difficiles de l'Ecriture. Nous avons trouvé sur terre assez de traces pour
trouver à ce monde un sens.
Dieu écrit sur les pages blanches de nos vies, nos actes se font lignes de coeur, et
nos caractères caractères d'Ecriture, animés par le souffle de l'Esprit.
Et je marche, et je chante, plus fort que la mort, plus fort que le doute.
Et je sais que nous sommes comme un, myriades d'étoiles de chair à briller dans
la nuit. C'est le même chant dans nos poitrines, la même espérance qui dilate nos
âmes.
On avait planté sa croix en terre et la lune et les étoiles étaient devenues comme
du sang.
Mais le voile de la mort s'est déchiré et l'étoile du matin a réveillé l'aurore.
Il est vivant, pierre incontournable sur laquelle bâtir le monde nouveau.
Il est la fin de notre mort, le commencement de notre vie, Seigneur et ami.
Je crois en l'incarnation.
Je crois en l'Eglise peuple des croyants.
Je crois en l'Esprit qui fait habiter le Fils dans nos cœurs.
Je crois au Père qui nous attend dans sa grande maison au bout de l'arc en ciel. Il
nous invite à répéter nos chants et nos danses pour la fête de la réconciliation.
Amen.
Bertrand Barral. 15.03.04.
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Vocation? Oui, je crois!
Ma mère est protestante. Mon père l'était probablement aussi. Mais, n'ayant pratiquement pas
connu son père, il a été davantage élevé selon la confession catholique de sa mère. Ma sœur et
moi avons continué dans ce mouvement, principalement à la paroisse Saint-Pie X.
Quand je parvins à l'adolescence, ma sœur était de plus en plus tourmentée par une profonde
souffrance psychique, qui se répercutait sur notre équilibre familial, et a passé au crible nos
valeurs…et nos relations.
Mes parents étaient accaparés, malgré eux. Je me suis taillé un chemin d'existence, flirtant
avec les marges de la réalité, fuyant le conformisme béat, les discours creux, et découvrant la
solitude d'être au monde.
Je me demandais pourquoi le monde se répartissait entre ceux qui cueillent la joie et les
réponses faciles sur les arbres et gazouillent "Yaka" aux autres, comme moi, qui trébuchent
sur les contradictions et pataugent dans le mal être, avec entre deux, un mur aussi invisible
qu'infranchissable.
Heureusement, l'amour de mes proches, et l'humour m'ont gardé de m'installer dans un rôle de
victime.
L'amour, l'humour….et Dieu? La question de son existence, je l'ai laissée en veilleuse
quelques années, ne sachant comment la rendre adéquate par rapport à mon histoire familiale.
Alors dans les marges de cette histoire, je griffonnais des textes poétiques sombres, en
écoutant beaucoup de musique, sombre elle aussi.
Sensible à l'amitié de quelques camarades de collège, apparemment mal formatés dans le
moule "conformisme cool", je me suis laissé entraîner par eux une ou deux fois dans le groupe
Biblique du collège Rousseau, où nous accueillait un gentil monsieur barbu –prof de
physique, je crois- qui s'appelait Roland Benz et parlait de Dieu comme quelqu'un de plutôt
proche et sympathique…un peu à son image, en quelque sorte!
Mais que pouvait-il ce Dieu pour les paumés qui restent sur le quai comme moi, toujours en
retard d'un train, d'une espérance, d'une compagnie?
Il pouvait, il peut toujours, et fréquente manifestement les quais où stagnent les paumés autant
que les grandes cathédrales. Des amis de mes parents, fréquentant l'Eglise libre de Genève,
paroisse de Carouge, m'ont demandé si je pouvais accompagner les chants des jeunes de la
communauté à la guitare. Sachant parfaitement qu'ils s'intéressaient davantage à "mon âme"
qu'à mes talents de guitariste, j'ai néanmoins accepté, ce qui m'étonne encore aujourd'hui.
L'amitié sans retenue que je recevais, les prières toutes simples, truffées de ces mots
initiatiques "croix", "sang", "péché", "conversion", "joie", "évangélisation"…m'interrogeaient.
Je trouvais un peu court sur le plan philosophique, mais même avec tout le cynisme dont
j'étais capable, je n'avais pas grand-chose à proposer de mieux en contrepartie. Et j'étais aimé,
réellement. Cela me touchait bien davantage que les dogmes en vitrine. Le Dieu qui habitait la
boutique me paraissait enfin emplir l'espace des cœurs avec des mots habités.
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Alors j'ai quitté le quai, sans avoir pu lire toutes les destinations, ni les changements de
voitures sur le panneau d'affichage. J'ai sauté dans le train de l'Evangile : J'avais tellement soif
d'en apprendre davantage à propos de Jésus, l'Esprit-Saint, la Bible, le diable, la foi,
l'espérance, l'amour…"Jésus et la Samaritaine", avec ses paroles comme des puits qui ne
fuient pas, c'était drôlement ma tasse de thé!
Dans chaque compartiment où l'on m'accueillait, et aussi dans les couloirs où l'on se rencontre
de compartiments divers, je buvais tout mon saoul de paroles de vie, et ma spiritualité
croissait comme une plante "buveuse". Je crois que c'est le couloir le long des compartiments
que j'ai toujours préféré. L'air y circule mieux.
Dans une première escale à l'université de Genève, j'ai reçu une licence en "psychopathologie
du langage et logopédie". Cela m'intéressait, mais j'avais l'impression dérangeante de ne pas
encore être arrivé à destination.
Et un texte que j'avais lu au livre de la Genèse me donnait des fourmis dans les jambes :" Pars
de ta famille, de ta maison, et va dans le pays que je te montrerai". J'avais beau me dire que
Dieu parlait à Abraham il y a pas loin de quatre mille ans, je me sentais interpellé.
J'ai fait plus ou moins le tour du monde, avec des engagements à court terme que proposait un
mouvement missionnaire(Jeunesse en mission), j'ai été admis dans une "école de disciples", et
une école qui joignait l'Evangile et la communication artistique. J'ai arpenté le couloir le long
de biens des compartiments culturels, dénominationnels, rencontré pas mal de personnes, et
accumulé pas mal de questions : Comment réconcilier le Dieu d'amour, qui va jusqu'à sauter
du train pour récupérer tous les paumés dans mon genre, et le Dieu de justice, terrible "comme
un feu dévorant", qui se laisse même placarder –devrais-je dire crucifier- sur des étendards
tachés de sang? Comment le "désécarteler", et récupérer ses morceaux et reliques
jalousement conservés dans de multiples compartiments, dont les occupants "ont tout mieux
compris que les autres"? Et surtout comment laisser le texte Biblique devenir Parole qui vient
habiter nos vies, et les transforme en partitions à déchiffrer dans la lumière?
En 1983, alors que je revenais de ce long périple par dessus de multiples frontières, et que je
m'interrogeais avec angoisse sur la suite à donner…mes yeux s'attachèrent à un passage d'une
lettre de Paul(I Corinthiens 9, 14), selon lequel ceux qui prêchent l'Evangile doivent vivre de
l'Evangile.
Un peu présomptueux ? Je ne sais…l'éventualité d'entrer en faculté de théologie m'avait déjà
effleuré auparavant. Cette fois, j'avais l'impression de recevoir un feu vert. Et je me présentai
à la porte de ce haut lieu du protestantisme, avec ma tête pas très catholique, et mon bagage
pas très orthodoxe. J'ai laissé s'enfoncer doucement mes racines dans ce "terreau de mes
ancêtres protestants", et je suis sûr que l'amitié et la patience de plusieurs camarades de fac, et
des professeurs m'ont aidé grandement à défricher le chemin jusqu'à la décision d'être pasteur.
Parallèlement à cela, Dieu, dont l'humour n'est jamais en reste, a emmêlé mes racines avec
celles d'une fille de pasteur, et fait pousser trois magnifiques plants qui ont la langue bien
déliée pour m'exercer à garder l'équilibre entre ma famille et mon occupation professionnelle.
La vocation mise en pratique passe aussi par cela.
Je me sens toujours assez emprunté avec les grandes cérémonies, les dogmes trop ficelés, les
plans de carrière tracés jusqu'à la virgule près, les agendas, les robes pastorales, la perception
quantitative de mon travail, mais je les" habite" volontiers : Dieu a patiemment transformé ma
timidité en une passion pour la rencontre, faisant de chaque personne un continent à
découvrir, et de l'amitié mon pays.
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Dès que je peux construire avec des personnes sur le fondement de Jésus-Christ, je me sens
chez moi, tout en continuant d'effectuer le tour du monde, sur le plan relationnel.
Plus j'avance, plus j'ai l'impression que le clan de" ceux qui cueillent la joie sur les arbres"
est petit. Et les "Yaka" qu'ils" gazouillent" ou hurlent sont souvent des défenses qui
camouflent mal un profond désarroi. Qu'ils soient en marge de nos églises ou en plein dedans,
j'essaie de faire un bout de chemin avec eux, et nous déconstruisons ensemble les murs de
peurs. J'aimerais tant qu'ils puissent entendre comme ils sont beaux en tant qu'enfants de
Dieu!
Après un premier stage pastoral à la paroisse de Meyrin avec comme professeur André
Senaud, j'ai effectué une deuxième année à la communauté des sourds et malentendants, avec
Jean-Pierre Menu, qui allait quitter ce poste.
Comme nous nous entendions bien, moyennant le respect de l'autre et de sa façon de
communiquer, je suis resté 12 ans à la CSMG. La Parole de Dieu est assez belle et vaste pour
être exprimée de façons diverses.
Depuis maintenant deux ans et demi, je partage mon temps entre la paroisse de Vernier, et un
ministère de " rayonnant et régional jeunesse". L'avenir de notre Eglise comme de ses
ministres est loin d'être tout tracé ; mais, après un long cheminement quant à la signification
de la consécration, je souhaite exprimer ma reconnaissance à mon Eglise, qui m'a accordé sa
confiance et reconnaît mon ministère pastoral.
Bertrand Barral. 13 mars 2004.
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