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En 1918, c'est le tour du «Cyclops», un gros navire charbonnier avec une radio à bord. Aucun S.O.S. n'a
été envoyé. Plus tard, l'avion Star Tiger qui assure la liaison Açores-Bermudes s'évanouit un jour de
janvier 1948, après avoir envoyé le message suivant: «Conditions météo excellentes. Arriverons à l'heure
prévue. Attendons les instructions pour l'atterrissage.» La tour de contrôle répond, en vain.
En décembre 1948, le pilote d'un Douglas DC 3 annonce «Nous approchons de l'aéroport. Nous
apercevons les lumières de Miami... Tout va bien.» On ne retrouvera jamais le DC 3. Plus troublant est le
cas d'un appareil de la Eastern Airlines qui, pendant dix minutes, s'évanouit totalement des écrans de la
tour de contrôle de Miami. À bord, personne n'a rien remarqué d'anormal; mais lors du débarquement, les
montres des passagers retardent toutes de dix minutes.
Mais toutes ces disparitions n'ont acquis une certaine célébrité qu'en 1964, alors que paraît dans la virile
revue d'aventure «Argosy», un article sur «le Triangle des Bermudes». Succès boeuf. Le mythe est
définitivement lancé au point qu'aujourd'hui, on risque
dangereusement de disparaître corps et biens dans la montagne
de livres et de documentaires qui ont poussé sur cette zone où
tout s'anéantit.
Précisons immédiatement qu'il y a du flottement dans le triangle
qui devient un trapèze chez certains auteurs, atteint les Açores
chez l'un, ne dépasse pas les Bermudes chez l'autre, etc...
Grosso modo, toutefois, la zone aurait plus ou moins la forme
d'un triangle reliant les Bermudes, Porto Rico et la Floride. Ce
triangle est «le théâtre de disparitions qui dépassent le seuil de
probabilités» peut-on lire dans l'épicé «Argosy». «La fréquence,
le nombre et les circonstances de ces disparitions dépassent de
loin le simple hasard», précise Charles Berlitz, auteur du premier livre sur le sujet. «Anormalement
élevées», dit Yvan T. Stevenson. «Sans cause apparente, de façon arbitraire et sans aucun signe avant-
coureur», écrit Wallace Spencer dans «Limbo of the Lost». Mais alors, comment expliquer ces
disparitions?
Les explications ont varié avec les années; au siècle dernier, on faisait
état de «serpents de mer», d'immenses «tortues» ou même de créatures
démoniaques. Depuis, les hypothèses sont devenues plus complexes.
Pour Charles Berlitz, des sources d'énergie entreraient en activité à
l'occasion de mouvements des fonds marins et détruiraient les avions et
les bateaux qui passent par là. Yvan T. Sanderson auteur de «Invisible
Residents», prétend qu'une civilisation évoluée vivant sous l'océan,
enlève les êtres humains de cette région pour constituer un musée vivant
de la planète Terre. D'autres auteurs, plus «scientifiques», y voient l'effet d'une anomalie dans le champ
magnétique terrestre ou de «trous noirs» qui ralentit ou accélère le temps, projetant les objets des environs
dans une quatrième dimension. Plus inquiétant encore, une douzaine de ces zones encerclent notre planète.
Précisons d'abord un détail savoureux. La plupart des tragédies rapportées se produisirent en dehors de la
zone des Bermudes. Quant à cette partie de l'Atlantique, particulièrement fréquentée et
météorologiquement instable, elle ne reçoit pas plus que sa part normale de désastres et d'accidents.
Le Service américain des garde-côtes a déclaré que sur 150 000 bateaux qui traversent la zone du triangle
chaque année, 10 000 seulement envoient des messages de détresse et 100 font naufrage.