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industrialisés d’obtenir des crédits pour le
financement de projets réduisant de manière vérifiable
les émissions dans les pays en développement. Le
mécanisme d’application conjointe permet aux pays
industrialisés d’obtenir des crédits pour le
financement de projets dans d’autres pays
industrialisés ou des pays en transition vers une
économie de marché. Un mécanisme d’échanges
internationaux de droits d’émission sera mis au point
pour réduire les coûts du Protocole. Si un pays trouve
trop onéreux de réduire ses émissions, il pourra
acheter des crédits à d’autres pays pour lesquels les
réductions coûtent moins cher. De nombreux pays
tentent de mettre au point des mécanismes internes
d’échanges de crédits.
De plus, le Protocole prévoit l’utilisation de puits de
carbone forestiers et agricoles pour faire contrepoids
aux émissions. La forme que pourraient prendre ces
puits et la mesure dans laquelle ils pourraient jouer ce
rôle ont suscité maintes controverses. Le Canada a
demandé avec acharnement qu’on tienne compte de
ces puits et la question a presque mené à une impasse.
Un compromis a été atteint lors du deuxième volet de
la CdP 6, tenu en juillet 2001 à Bonn, en Allemagne,
après l’échec du premier volet à La Haye, en
novembre 2000 (voir Lynne Myers, Le Protocole de
Kyoto : Progrès accomplis à Bonn, En bref
PRB 01-6F, 31 juillet 2001). Ce compromis a été
entièrement exposé, au cours de la CdP 7 tenue à
Marrakech en octobre 2001, dans un document de
travail en trois volumes connu sous le nom d’Accords
de Marrakech. Le Canada a obtenu l’autorisation
d’utiliser les puits de carbone forestiers jusqu’à
concurrence de 44 mégatonnes (Mt) de dioxyde de
carbone. S’il avait la possibilité d’utiliser la totalité
de ce crédit, le Canada réaliserait environ 20 p. 100 de
son objectif de 571 Mt, soit presque 240 Mt de moins
que les 809 Mt qui, selon les projections, seraient
dégagées en l’absence de mesures correctives. La
Russie a, pour sa part, obtenu un crédit possible de
121 Mt de dioxyde de carbone en raison de ses puits
de carbone forestiers.
Les groupes environnementalistes croient que
certaines de ces concessions ont affaibli le traité; le
Fonds mondial pour la nature estime que l’actuelle
entente permettra de réduire les émissions de GES de
2 p. 100 (par rapport aux niveaux de 1990) d’ici 2010,
plutôt que des 5 p. 100 prévus dans le Protocole
original. De façon générale, la plupart des groupes
sont néanmoins soulagés de voir que le processus de
Kyoto n’est pas mort.
Le Canada et le Protocole de Kyoto
Le Canada s’est engagé à réduire ses émissions de
GES de 6 p. 100 par rapport aux concentrations de
1990. On pourrait penser que cette diminution est peu
importante, mais il ne faut pas oublier que les
émissions de GES ont augmenté considérablement
depuis 1990; ainsi, l’objectif visé représente une
diminution des émissions de GES d’environ 30 p. 100
par rapport aux émissions prévues (voir l’annexe). Il
est clair que le défi est de taille, surtout si l’on
considère que l’économie canadienne basée sur les
ressource naturelles exige une grande consommation
d’énergie.
Mise en œuvre au Canada
En réponse à ses engagements, le Canada a préparé
une Stratégie nationale de mise en œuvre à laquelle
tous les ministres fédéraux et provinciaux de l’Énergie
et de l’Environnement, sauf celui de l’Ontario, ont
souscrit en octobre 2000. Un Plan d’activités associé
à la Stratégie et un Plan d’action (2000) décrivant des
mesures précises qui visent le tiers des engagements
du Canada ont également été formulés. Près de la
moitié des réductions prévues pour atteindre les
objectifs du Plan d’action s’effectueront grâce à des
efforts internationaux et à des changements
d’affectation des terres, deux types de mesures dont
certains aspects sont controversés. La mise en œuvre
intégrale de la Stratégie dépendra de la ratification du
Protocole de Kyoto à l’échelle internationale, des
mesures prises par les partenaires commerciaux et de
la clarté de la politique canadienne. Depuis 1998, le
gouvernement canadien a consacré 3,7 milliards de
dollars à la réduction des émissions de GES.
Un document de réflexion publié en mai 2002
énonçait quatre grandes options stratégiques, qui ont
servi de point de départ aux consultations tenues l’été
de la même année. Un aperçu d’un plan provisoire a
été publié le 24 octobre 2002, suivi du Plan du Canada
sur les changements climatiques, le 21 novembre
2002. Ce dernier omet de préciser la façon dont
seront effectuées des réductions de quelque 60 Mt des