Zambie 2012 www.africaneconomicoutlook.org Zambie Les perspectives de l'économie zambienne, soutenue par une croissance solide et une inflation à un chiffre, restent favorables à moyen terme. L'économie devrait ainsi progresser à 6.9 % en 2012 pour s'établir à 7.3 % en 2013, avec une inflation qui devrait se maintenir à un chiffre à respectivement 8.0 et 8.5 %. Le pays reste néanmoins vulnérable aux chocs externes, la lenteur de la reprise économique mondiale pesant sur ses exportations stratégiques en minerais. Le fort taux de chômage chez les jeunes ainsi que la lenteur des pouvoirs publics dans la lutte contre la pauvreté pourraient également venir occulter les progrès rendus possibles par la croissance robuste et l'inflation maîtrisée. Vue d'ensemble Largement affectée par les mauvais résultats du secteur minier, l'économie de la Zambie a ralenti, enregistrant une croissance en repli à 6.6 % en 2011, contre 7.6 % en 2010. Néanmoins, les perspectives économiques à moyen terme restent favorables, la croissance devant être stimulée par le développement durable de l'agriculture, de la construction, des industries manufacturières, des transports et des communications, ainsi que par un rebond dans l'activité minière. L'inflation devrait se maintenir à un chiffre, conséquence de la politique monétaire prudente, alors que la politique de change vise à soutenir la compétitivité externe. La priorité à moyen terme reste d'accroître le recouvrement des recettes intérieures, alors que les vastes projets de développement des infrastructures nécessiteront des ressources supplémentaires. Les autorités prévoient de recueillir 700 millions de dollars USD par un emprunt obligataire en 2012 pour combler le déficit de financements dans les projets d'infrastructure. Les investissements dans les infrastructures devraient stimuler la croissance de l'ordre de 2 points de pourcentage par an. Toutefois, la vulnérabilité de la Zambie aux chocs externes et la lente reprise de l'économie mondiale, qui pourrait réduire la demande en exportations, risquent de peser sur les perspectives économiques du pays. En outre, le gouvernement doit impérativement rassurer les investisseurs après être revenu sur son projet de privatiser l'entreprise zambienne de télécommunications. La lutte contre le chômage élevé des jeunes et la pauvreté reste une priorité absolue, alors que 60 % de la population zambienne vit sous le seuil de pauvreté, même si l'on observe d'importantes disparités entre les régions rurales et urbaines. L'insuffisance des offres d'emploi destinées aux jeunes explique en partie ce fort niveau de pauvreté. Par rapport à la population active, 63 % des 15-19 ans en zones urbaines sont sans emploi, un taux qui tombe à 48 % dans la tranche des 20-24 ans. Dans les régions rurales, 16 % des 15-19 ans et 7 % des 20-24 ans sont au chômage, mais ces chiffres traduisent essentiellement l'emploi informel dans le secteur agricole. Les disparités entre les sexes demeurent importantes. Avec près de 300 000 jeunes qui intègrent le marché du travail chaque année, le gouvernement a adopté une Politique nationale de la jeunesse (National Youth Policy ) et instauré un Fonds pour les jeunes entrepreneurs (Youth Enterprise Fund ), visant à promouvoir l'activité commerciale pour la création d’emplois. Le gouvernement a également annoncé son projet de transformer le Service national zambien (Zambian National Service) en un Service de formation de la jeunesse (Zambian Youth Training Service ) ayant pour vocation de renforcer la formation professionnelle proposée aux jeunes. Perspectives économiques en Afrique 2012 2 | © BAfD, OCDE, PNUD, CEA Figure 1 : Taux de croissance du PIB réel (Australe) 8% Crois s ance réelle du PIB (%) 6% 4% 2% 0% -2% 2003 2004 2005 Taux de crois s ance du PIB réel (%) 2006 2007 2008 2009 Afrique aus trale - Taux de crois s ance du PIB réel (%) 2010 2011 2012 2013 Afrique - Taux de crois s ance du PIB réel (%) 2010 : estimations ; 2011 et années suivantes : prévisions. http://dx.doi.org/10.1787/888932624390 Tableau 1 : Indicateurs macro-économiques 2010 2011 2012 2013 Taux de croissance du PIB réel 7.6 6.6 6.9 7.3 Taux de croissance du PIB réel par habitant 4.8 3.7 3.9 4.2 Inflation IPC 8.5 8.7 8 8.5 Balance budgétaire % PIB -3 -2.6 -3.6 -3 Balance courante % PIB 3.6 5.4 3.6 4 2010 : estimations ; 2011 et années suivantes : prévisions. http://dx.doi.org/10.1787/888932605808 Perspectives économiques en Afrique 2012 3 | © BAfD, OCDE, PNUD, CEA Développements récents et perspectives Tableau 2 : PIB par Secteur (en pourcentage du PIB) 2006 2010 Agriculture, foresterie, pêche et chasse 21.8 21 Agriculture, élevage, sylviculture et pêche - - dont agriculture - - Mines et extraction 4.5 3.8 dont pétrole - - Industries manufacturières 11.2 9.1 Electricité, gaz et eau 3.3 3 Electricité, eau et assainissement - - Construction 13.2 21.1 Vente en gros et de détail, hôtels et restaurants 21.4 17.5 dont hôtels et restaurants - - Transports, entreposages et communications 4.6 4.1 Transport et stockage, information et communication - - Finance, immobilier et services aux entreprises 10.3 9.6 Intermédiation financière, services immobiliers, services aux entreprises et autres services - - Services des administrations publiques - - Administration publique et défense, sécurité sociale, éducation, santé et travaux sociaux - - Administration publique, éducation, santé 2.8 2.3 Administration publique, éducation, santé et autres services sociaux et personnels - - Autres services communautaires, sociaux et personnels - - Autres services 6.9 8.6 Produit intérieur brut aux prix de base / au coût des facteurs 100 100 Vente en gros et de détail, hôtels et restaurants - - 2010 : estimations ; 2011 et années suivantes : prévisions. http://dx.doi.org/10.1787/888932626366 Largement affectée par les mauvais résultats du secteur minier, l'économie de la Zambie a ralenti, enregistrant une croissance en repli à 6.6 % en 2011, contre 7.6 % en 2010. Avec plus de 70 % du PIB, l'agriculture, les industries manufacturières, les transports et les communications, le commerce de gros et les échanges, ainsi que la construction sont les secteurs ayant le plus contribué à la croissance. Après deux années consécutives de croissance soutenue, le secteur minier s'est nettement contracté à 1.3 %, conséquence de la baisse de 2.2 % dans la production de minerais. Les perspectives à moyen terme restent néanmoins favorables, avec une croissance du PIB réel qui devrait progresser à 6.9 % en 2012, puis à 7.3 % en 2012. La croissance sera soutenue par les progrès significatifs du secteur de la construction, des industries manufacturières, des transports et des communications, ainsi que par Perspectives économiques en Afrique 2012 4 | © BAfD, OCDE, PNUD, CEA un rebond dans l'activité minière. Hors culture du maïs, la croissance escomptée dans le secteur agricole pourrait également dynamiser l'économie. Jusqu'à présent, la Zambie n'a pas trop pâti de la dette de la crise européenne, mais reste vulnérable aux risques résultant du ralentissement de l'économie mondiale qui pourrait peser sur ses exportations. Représentant 21 % de l'économie, la production agricole demeure tributaire des conditions climatiques, mais également de la diminution des précipitations. Ces dernières années, le secteur agricole a bénéficié d'une croissance vigoureuse grâce à des récoltes exceptionnelles depuis 2009, les denrées de base et le maïs occupant notamment le tout premier plan. La production hors maïs n'est pas en reste et s'accélère même avec la diversification qui s'intensifie dans le secteur. Même si l'agriculture devrait rester le principal moteur de croissance en 2012, la production sera vraisemblablement en deçà du volume moyen de ces trois dernières années, essentiellement en raison du retard des précipitations et des difficultés inhérentes aux infrastructures rurales qui continuent d‘entraver la distribution des intrants agricoles en temps utile. Afin de combler les insuffisances de l'infrastructure, les pouvoirs publics ont augmenté l'enveloppe budgétaire dévolue à l'agriculture en 2012 de 6.1 %, l'essentiel des ressources venant financer le programme d'appui aux intrants agricoles (Farmer Input Support Programme), ainsi que les achats de récoltes destinés à la réserve alimentaire stratégique. La modernisation du réseau d'irrigation, ainsi que le développement de l'élevage, des pêcheries et de l'aquaculture figurent au nombre des autres axes prioritaires que le pays doit développer. Le secteur de l'extraction minière et de l’exploitation des carrières a vu sa production reculer de 0.7 % en 2011, alors que les incertitudes qui planaient sur l'issue des élections présidentielles ont contribué à reporter des décisions d'investissements dans des projets de grande envergure. La production de cuivre a ainsi reculé de 2.2 %. Les élections s'étant déroulées sans entrave, l'investissement minier devrait désormais reprendre, sauf évolution défavorable au plan international. Le secteur minier devrait donc progresser pour atteindre respectivement 10.6 % et 10.3 % en 2012 et 2013. Le secteur du BTP a joué un rôle déterminant dans la croissance de la Zambie ces dernières années et représente quelque 21.1 % de l'économie en 2011. Le rebond dans l'activité minière et l'augmentation des dépenses publiques dans les infrastructures devraient stimuler le secteur de la construction, avec un taux de croissance moyen de 17 % en 2012 et en 2013. Le secteur des transports et des communications est en perte de vitesse avec une croissance à 12.7 % en 2011, contre 15 % en 2010, un ralentissement essentiellement imputable aux défaillances du réseau ferroviaire et à la lenteur des progrès plus lente dans le transport aérien et les communications. En 2012, le secteur pourrait enregistrer des résultats plus mauvais encore, alors que l'abandon du projet de privatisation de Zamtel est susceptible de refroidir les investisseurs et de peser sur leurs décisions. La perspective d'une croissance soutenue en Zambie dépend d’une diversification accrue de son économie en dehors du secteur minier. Les industries manufacturières sont particulièrement déterminantes pour la croissance à long terme du pays, ainsi que pour sa stratégie en matière d'emploi. En 2011, les industries manufacturières ont enregistré une croissance de 5 %, conforme aux prévisions du secteur. Elles n'ont toutefois représenté que 9.1 % de l'économie, en baisse par rapport aux 11.2 % observés en 2006. La croissance a surtout été tirée par des investissements accrus, notamment dans l'industrie agroalimentaire, en réponse à la gestion prudente de l'économie et aux réformes commerciales. Si la Zambie veut voir ses industries manufacturières et ses autres secteurs se développer durablement, le pays devra renforcer l'accès à des moyens de financement abordables et poursuivre ses réformes structurelles afin d'encourager la participation du secteur privé. Les forts taux d'intérêt continuent d’entraver l'accès au crédit, notamment pour les petites entreprises. Afin de réduire les taux de prêt, les pouvoirs publics ont abaissé l'impôt sur les sociétés dans le secteur bancaire de 40 à 35 %. La banque centrale a par ailleurs allégé l'obligation de constituer des réserves légales en ramenant le taux de 8 à 5 %, afin de permettre aux banques commerciales de dégager des ressources supplémentaires pour le prêt au secteur privé. Néanmoins, dans le même temps, les pouvoirs publics ont augmenté la dotation minimale en fonds propres à 104 milliards de kwachas zambiens (ZMK) pour les banques locales et à 520 milliards ZMK pour les banques étrangères, contre 12 milliards ZMK auparavant pour l'ensemble du secteur. À la suite de l'expiration en juin 2011 de l'accord de Facilité élargie de crédit (FEC) conclu avec le Fonds monétaire international (FMI), la Zambie a entamé des pourparlers en vue d'obtenir un nouvel accord. Dans le cadre de la FEC, les résultats économiques et la gestion publique de la Zambie ont été jugés satisfaisants et conformes aux critères de référence convenus. En conséquence, la Banque mondiale a réintégré la Zambie dans la tranche inférieure de la catégorie des pays à revenus intermédiaires et lui a attribué la note de crédit 'B+' donnée par Fitch et par Standard and Poor’s. La Zambie doit à tout prix consolider ces acquis pour que la croissance profite à tous les secteurs économiques. Perspectives économiques en Afrique 2012 5 | © BAfD, OCDE, PNUD, CEA Politiques macroéconomiques Politique budgétaire Afin de maintenir la stabilité macroéconomique en 2011, le déficit budgétaire, de 2.6 % du PIB, a été maintenu sous le seuil limite de 3 % du PIB, et la mobilisation des ressources intérieures a été renforcée. Les dépenses publiques ont représenté 19.3 % du PIB en 2011, en baisse par rapport aux 21.5 % enregistrés en 2010. Les élections générales et les achats de maïs, plus importants que prévu, ont constitué les principaux postes de dépenses publiques en 2011. Pour autant, les pouvoirs publics ont largement maîtrisé les dépenses courantes, stabilisées à 15.4 % du PIB, contre 15.8 % en 2010, les charges salariales étant restées inchangées à 7.7 %. Les dépenses en capital ont légèrement augmenté de 2.8 à 3 % du PIB, conséquence d'un surplus d'investissements dans les infrastructures, notamment dans l’entretien du réseau routier urbain. Les recettes intérieures ont reculé à 14.7 % du PIB en 2011, contre 16 % en 2010, une baisse qui devrait encore s'accentuer à respectivement 13.6 et 12.6 % en 2012 et en 2013. Le déficit public a été ramené à 2.6 % du PIB en 2011, contre 3.0 % en 2010, mais devrait de nouveau se creuser pour atteindre 3.6 % en 2012, avant de revenir au niveau des 3.0 % en 2013. L'augmentation attendue du déficit public en 2012 s'explique par l’accroissement des dépenses voulu par les pouvoirs publics afin de renforcer la protection sociale et les infrastructures. La multiplication des allègements fiscaux accordés aux classes à faibles revenus devrait faire chuter les recettes intérieures à 13.6 % du PIB en 2012. Afin de compenser partiellement l'effet de cette mesure, le gouvernement a relevé le taux de redevance sur les minerais de 3 à 6 %. Les subventions devraient rester inchangées à 1.2 % du PIB, en prévision d'une réduction de l'aide extérieure. Les dépenses supplémentaires bénéficiant aux infrastructures seront financées par l'emprunt extérieur, principalement composé d'un emprunt obligataire de 700 millions USD. Le principal objectif de la politique budgétaire reste d'élargir l'assiette fiscale, en augmentant les prélèvements dans le secteur minier et en redistribuant ces ressources à des fins productives. Le programme baptisé Vision 2030 et le sixième Plan de développement national (Sixth National Development Plans) continuent de dicter l'orientation générale de la politique budgétaire zambienne. La suppression progressive des allègements fiscaux généralisés et l'introduction d'un impôt foncier comptent au nombre des réformes dont le pays a besoin. La proposition budgétaire de retirer en 2012 les minerais et les concentrés de cuivre et de cobalt du Dispositif de report de TVA (Import VAT Deferment Scheme) sur les importations permettrait d'intensifier les efforts pour une meilleure mobilisation des recettes. Tableau 3 : Opérations financières de l'Etat (en pourcentage du PIB) 2003 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 Recettes totales (avec dons) 25.8 43.6 23 24.1 20 18.5 16.7 15.7 15 Recettes fiscales 18 16.4 17.7 18.6 15 16 14.7 13.6 12.6 Recettes pétrolières - - - - - - - - - Dons 7.2 26.5 4.6 4.4 4 1.7 1.2 1.2 1.6 Dépenses totales (et prêts nets) (a) 32 25.4 23.2 25.3 23.2 21.5 19.3 19.2 17.9 Dépenses courantes 20.2 20 20.3 21.5 18.9 15.8 15.4 15.7 14.9 Sans les intérêts 16.2 18 18.6 19.6 17.3 14.2 14.2 14 13.4 Salaires 8.7 7.3 7.6 8.6 8.2 7.7 7.7 7.6 7.3 Intérêts 4 1.9 1.7 1.8 1.6 1.7 1.3 1.7 1.4 Solde primaire -2.2 20.2 1.4 0.7 -1.6 -1.3 -1.3 -1.9 -1.5 Solde global -6.2 18.3 -0.2 -1.2 -3.2 -3 -2.6 -3.6 -3 2010 : estimations ; 2011 et années suivantes : prévisions. http://dx.doi.org/10.1787/888932627354 Perspectives économiques en Afrique 2012 6 | © BAfD, OCDE, PNUD, CEA Politique monétaire En 2011, la politique monétaire a essentiellement porté sur le maintien de la stabilité macroéconomique, avec une inflation maîtrisée à un chiffre, tout en garantissant des liquidités suffisantes pour la croissance économique. La banque centrale a poursuivi sa politique monétaire axée sur l'utilisation d'instruments fondés sur le marché dans le cadre d'un régime de change flexible, de manière à absorber les chocs externes pour contenir les pressions inflationnistes. En 2011, l'inflation s'est établie à 8.7 %, en hausse par rapport aux 8.5 % enregistrés en 2010. La rigueur de la politique monétaire et la réduction des prix du carburant en fin d'année ont contribué à freiner la hausse des prix sur les produits non alimentaires, alors que le cours des denrées alimentaires est resté sous contrôle grâce à la constitution de stocks suffisants suite aux récoltes exceptionnelles de ces dernières années. La hausse des prix des produits alimentaires a reculé de 4.4 % en 2010 à 3.9 % en 2011, alors que l'inflation des produits non alimentaires est passée de 11.3 à 10.2 %. L'inflation devrait respectivement s'établir à 8.0 et 8.5 % en 2012 et en 2013. La politique budgétaire expansionniste adoptée par le gouvernement pour financer la hausse des dépenses en infrastructures et accéder aux éventuelles revendications salariales du secteur public pourrait néanmoins raviver les tensions inflationnistes. Le kwacha zambien s'est déprécié de 5.3 % en 2011, essentiellement en raison des incertitudes sur l'issue des élections qui ont exacerbé l'aversion au risque vis-à-vis de la monnaie. Le taux de dépréciation aurait été plus important encore sans l'intervention de la banque centrale pour atténuer les brusques fluctuations du taux de change et maintenir la compétitivité extérieure. La Banque de la Zambie continue d'observer un régime de changes flottants. Coopération économique, intégration régionale et commerce Attachée à une politique libérale d'échanges, la Zambie continue d’approfondir cette voie dans le cadre d’accords régionaux et multilatéraux, une voie essentielle pour favoriser une croissance tirée par les exportations et diversifier l'économie. La Zambie accueille le siège du Marché commun d'Afrique australe et d'Afrique orientale (Common Market for Eastern and Southern Africa - Comesa) et reste un membre actif de la Communauté pour le développement de l’Afrique australe (CDAA). Elle est membre fondatrice de ces deux instances. Les politiques de la Zambie en faveur des échanges et la modernisation de son infrastructure commerciale, comme le poste de frontière unique à Chirundu avec le Zimbabwe et à Kasumbalesa avec la République démocratique du Congo, et le lancement du Régime commercial simplifié au poste frontalier de Mwami avec le Malawi, ont porté leurs fruits. D'après le Rapport sur la concurrence mondiale de 2011 (Global Competitiveness Report), la Zambie surpasse nombre de ses pairs pour sa solidité institutionnelle et son efficacité sur les marchés financiers et de marchandises. Le secteur extérieur est resté robuste en 2011, la balance des opérations courantes affichant un excédent en hausse de 951 millions USD, soit 5.4 % du PIB, contre 614.7 millions ou 3.6 % en 2010, suite à l'augmentation de 15 % des exportations du secteur minier, qui sont passées de 5.8 milliards à 7 milliards USD, soit plus de 80 % des exportations de marchandises. Le dynamisme des exportations a permis de consolider le niveau des réserves brutes de devises qui couvrent désormais plus de quatre mois d'importations. En 2012, l'excédent de la balance des opérations courantes devrait se replier à 3.6 % du PIB, en partie sous l'effet de la hausse des cours du pétrole et d'une possible baisse des recettes minières au regard de la lenteur de la reprise économique mondiale. En 2013, la reprise de l'économie mondiale profitera au cours des métaux et relancera la demande en produits zambiens non traditionnels, ce qui devrait ramener l'excédent des opérations courantes à 4.0 % du PIB. Cependant, la prédominance des industries extractives dans les exportations zambiennes risque de fragiliser un peu plus le pays qui doit s'efforcer d'accélérer la diversification de son économie, historiquement tributaire de la production de cuivre. Perspectives économiques en Afrique 2012 7 | © BAfD, OCDE, PNUD, CEA Tableau 4 : Comptes courants (en pourcentage du PIB) 2003 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 Balance commerciale -7.3 12.1 7.8 2.9 7.1 15.8 17.4 15.4 16 Exportations de biens (f.o.b.) 26 36.7 39.1 35.8 33.7 43.3 44.9 42.1 41.5 Importations de biens (f.o.b.) 33.3 24.6 31.3 32.9 26.7 27.5 27.5 26.7 25.4 Services -5.7 -3.3 -5.5 -4.4 -3.6 -3.7 -4.1 -3.3 -3.3 Revenu des facteurs -3.5 -10.9 -13.4 -10.1 -3.3 -11.1 -9.5 -10.3 -10.3 Transferts courants 1.1 3.4 4.6 4 4 2.5 1.7 1.8 1.5 Solde des comptes courants -15.3 1.2 -6.5 -7.5 4.2 3.6 5.4 3.6 4 2010 : estimations ; 2011 et années suivantes : prévisions. http://dx.doi.org/10.1787/888932628342 Politique de la dette Le risque de surendettement de la Zambie reste faible grâce essentiellement à l'approche prudente des pouvoirs publics qui poursuivent leurs efforts de diminution significative des emprunts dans le cadre respectif de l'initiative en faveur des pays pauvres très endettés et de l'initiative d'allègement de la dette multilatérale (Heavily Indebted Poor Countries and Multilateral Debt Relief initiatives) de 2005 et 2006. Grâce à cette initiative, la Zambie est parvenue à un niveau d'endettement extérieur viable, le ratio service de la dette/exportations étant tombé sous les 4 % en 2011, contre 11 % en 2005. Aujourd'hui, la stratégie d'endettement du gouvernement vise à limiter les emprunts aux conditions du marché aux investissements économiquement productifs. En 2011, le gouvernement a contracté quelque 505 millions USD pour financer ses projets d'infrastructure, contre un remboursement de la dette à hauteur de 200 millions USD la même année. Le gouvernement prévoit d'émettre en 2012 un emprunt obligataire de 700 millions USD pour combler le déficit de financement des infrastructures estimé à 500 millions USD. Cet emprunt va creuser la dette extérieure zambienne qui devrait rester toutefois viable au vu du niveau actuel de croissance économique. Le gouvernement s'efforce d'améliorer et de consolider sa gestion de la dette par des procédures de contrôle plus rigoureuses. Il a également convenu d'informer le FMI avant de contracter des prêts aux conditions du marché. En 2011, un Rapport d'évaluation de l'efficacité de la gestion de la dette (Debt Management Performance Assessment) a émis des recommandations dans les domaines à améliorer. Perspectives économiques en Afrique 2012 8 | © BAfD, OCDE, PNUD, CEA Figure 2 : Part de l’encours de la dette extérieure dans le PIB et ratio du service de la dette sur les exportations (en pourcentage) 175% 150% Pourcentage 125% 100% 75% 50% 25% 0% 2003 2004 2005 2006 Dette/PIB 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 Service de la dette/Exportations 2010 : estimations ; 2011 et années suivantes : prévisions. http://dx.doi.org/10.1787/888932624390 Perspectives économiques en Afrique 2012 9 | © BAfD, OCDE, PNUD, CEA Gouvernance économique et politique Secteur privé Depuis 2004, les pouvoirs publics s'emploient à déployer des réformes institutionnelles et structurelles, conformément au Programme zambien de réforme du développement du secteur privé (Private Sector Development Reform Programme - PSDRP), qui vise à améliorer l'environnement des affaires, à encourager la compétitivité et à promouvoir la diversification des exportations. Ces réformes ont porté leurs fruits au vu des progrès réalisés dans l'environnement général des affaires. En 2010, la Banque mondiale a salué les efforts de la Zambie, figurant parmi les pays africains ayant le mieux réussi à se réformer. Pour autant, la Zambie doit poursuivre ses efforts, et corriger quelques ratés. Dans son dernier rapport sur la facilité d'entreprendre (Ease of Doing Business), la Banque mondiale a rétrogradé la Zambie de la 84e à la 80e place dans le classement général. Dans le même temps, la Zambie s'est classée à la 8e position, après l'Afrique du Sud sur le continent, pour ce qui est de la facilité d'obtenir un crédit. Le gouvernement a également entrepris d'harmoniser la législation du secteur des entreprises, mais la controverse autour de la privatisation de Zamtel risque de nuire à l'investissement privé. Secteur financier Le secteur bancaire détient à lui seul plus de 90 % des actifs du secteur financier zambien. Fin 2011, la Zambie comptait 19 banques commerciales, un chiffre en hausse par rapport aux 18 banques recensées en 2010. Les crédits fournis au secteur privé, toutefois, ont été inférieurs à 10 % du PIB en 2011, les banques commerciales préférant investir dans des instruments de la dette publique. En 2011, ceux-ci représentaient plus de la moitié du montant total des avoirs en bons du Trésor. Près de 67 % de la population n'a accès à aucun service financier, privant ainsi le pays d'une mobilisation efficace de l'épargne. La faiblesse de l'épargne intérieure constitue à son tour un frein supplémentaire à l'intermédiation financière, en laissant le pays sans ressources suffisantes pour financer les investissements et stimuler la croissance. Les forts taux d'intérêt, qui avoisinent les 25 %, ont également découragé de nombreux emprunteurs. La stabilité macroéconomique renforcée par la chute de l'inflation, la réduction des emprunts publics, ainsi que les efforts de la banque centrale pour abaisser le montant des réserves légales œuvrent en faveur d'une baisse des taux d'intérêt. Les pouvoirs publics désirent également faciliter l'accès au crédit en favorisant la concurrence dans le secteur bancaire et en améliorant l'accès à des services bancaires et financiers novateurs. Conformément au Plan de développement du secteur financier (Financial Sector Development Plan), le gouvernement a instauré une Agence de notation du crédit en 2009 dans le but de multiplier les informations sur le crédit. Néanmoins, les banques ont été lentes à répondre à cette initiative des pouvoirs publics, puisque le secteur privé éprouve toujours autant de difficultés à obtenir des crédits, un véritable handicap notamment pour les petites et moyennes entreprises. Pour proposer des financements de longue durée, les pouvoirs publics doivent, au moyen d'incitations, encourager l'introduction de nouveaux acteurs dans le secteur, et plus particulièrement celle d'investisseurs institutionnels pour accroître les liquidités du marché. La Bourse de Lusaka ne compte que 20 sociétés cotées cumulant à elles toutes une capitalisation boursière de près de 60 % du PIB. Gestion du secteur public, institutions et réformes Aux termes de sa constitution, la Zambie est dotée d'un système juridique mixte qui se fonde sur le droit coutumier ou écrit pour la propriété des ressources foncières et le logement. La disponibilité des terrains prévue par la loi reste limitée, alors que l'allocation coutumière des terres demeure l’apanage des chefs traditionnels locaux, beaucoup étant réticents à les céder à l'investissement. Conséquence, les Zambiens n'ont que très peu, voire pas du tout accès aux titres et autres droits de propriété, une véritable faiblesse qui nuit grandement au développement. La loi exige d'attester de sa capacité financière en matière de développement foncier, pareille preuve étant le plus souvent apportée par la détention d'un compte bancaire. Compte tenu des piètres taux d'accès aux services financiers, peu de Zambiens ont la capacité d'acquérir des terres en vertu de la loi en vigueur. Le droit coutumier en revanche permet aux Zambiens de s'adresser au représentant traditionnel de l'autorité locale, lequel peut à son tour allouer des terres à titre individuel pour une période limitée dans le temps ou en vue d'un usage indéfini, sans délivrer de titre de propriété. L'accès de ce fait limité aux terres a de lourdes conséquences sur la croissance économique, puisque les banques conditionnent l'octroi des crédits à la présentation d'un titre de propriété, ce qui freine l'investissement et la croissance, ralentissant de ce fait l’endiguement de la pauvreté. Perspectives économiques en Afrique 2012 10 | © BAfD, OCDE, PNUD, CEA Les efforts du pays pour une meilleure gestion et administration du secteur public continuent de porter sur la réforme en cours du secteur public. En octobre 2011, le gouvernement a promulgué de nouvelles directives concernant les marchés publics dans l'optique d'introduire davantage de transparence et d'efficacité pour mieux combattre la corruption. La lenteur des progrès accomplis dans la mise en œuvre des programmes de décentralisation et de réforme des salaires reste néanmoins préoccupante. Suite à sa participation dans l'Initiative pour la transparence des industries extractives (ITIE), la Zambie a vu l'utilisation des revenus de ses ressources minières gagner en transparence. En août 2011, le conseil de l'ITIE a salué les “efforts significatifs” du pays dans l'adoption des procédures préconisée par l'Initiative. Suite à l'audit réalisé par PricewaterhouseCoppers sur demande du gouvernement qui a révélé quelques omissions dans les déclarations de revenus de certaines compagnies minières, le nouveau gouvernement a demandé aux industries extractives de veiller à ce que leur activité bénéficie aux Zambiens, avec la création de plus d'emplois, par exemple. Gestion des ressources naturelles et environnement Instauré en 1992 pour gérer la politique environnementale, le Conseil de l'environnement de la Zambie (Environment Council of Zambia) a essuyé de nombreuses critiques pour ne pas être parvenu à faire respecter la réglementation en vigueur. En juin 2011, le Conseil a été remplacé par l'Agence zambienne chargée de la gestion environnementale (Zambia Environmental Management Agency - ZEMA) dotée de prérogatives plus étendues afin de garantir la protection de l'environnement et une gestion adéquate des ressources naturelles. Toutefois, la ZEMA manque cruellement de financements adéquats pour lui permettre de faire appliquer la réglementation. La récente fusion entre les ministères de l'Environnement et des Ressources foncières pourrait contribuer à rationaliser les efforts de la ZEMA et à améliorer sa prestation de services. Contexte politique Depuis 1991, la Zambie a tenu des élections démocratiquement contestées, dont le dernier acte s'est soldé par la victoire, en septembre 2011, du parti de l'opposition, le Front patriotique. Son leader, Michael Sata, a été élu président sur sa promesse d'aider les pauvres et de faire profiter à tous des richesses minières du pays. La Zambie a ratifié la Convention des Nations Unies contre la corruption et a introduit un certain nombre de mesures visant à la fois à prévenir et à condamner les pratiques de corruption. En 2010, le gouvernement s'est attelé à la rédaction d'une loi pour protéger les 'dénonciateurs d'abus' et a transformé la cellule de lutte contre les fraudes et le blanchiment de capitaux en une cellule de renseignements financiers bien plus forte et indépendante. Le bureau du contrôleur général a réduit le délai de sa procédure de vérification. En 2011, sur 53 pays, la Zambie est classée 16e dans l'Indice de gouvernance des pays africains établi par la Fondation Mo Ibrahim et a également progressé dans l'Indice de perception de la corruption compilé par Transparency International en matière de lutte contre les malversations, de la 101e place en 2010 à la 91e place en 2011 sur 183 pays. Perspectives économiques en Afrique 2012 11 | © BAfD, OCDE, PNUD, CEA Contexte social et développement humain Développement des ressources humaines En 2011, La Zambie se positionnait à la 164e place sur 187 pays dans le classement de l'Indice de développement humain des Nations Unies, avec une note de 0.43, inférieure à l'indice moyen en Afrique subsaharienne (0.46) et à celui de l'Angola (0.49), en proie une décennie auparavant à la guerre civile. Pour autant, le pays a vu certains de ses indicateurs sociaux progresser. D'après le rapport de 2011 sur les progrès accomplis dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), la Zambie a enregistré un taux de scolarisation de 100 % dans le primaire à partir de 2009, contre 80 % en 1990, une progression soutenue par la construction de nombreuses nouvelles écoles et par l'adoption de 'Politiques d'inscriptions et de réinscriptions gratuites dans l'enseignement élémentaire'. Le taux d'achèvement de la scolarité dans le primaire est passé de 64 % en 1990 à 91.7 % en 2009. L'essentiel des efforts doit porter sur l'amélioration des niveaux d'alphabétisation chez les adultes, à 71 % en 2008, ainsi que du faible taux d'achèvement de la scolarité dans le secondaire, de 19 % en 2009. Les pouvoirs publics devraient par ailleurs davantage privilégier la qualité à la quantité dans l'offre d'enseignement, et améliorer l'accès à l'enseignement postsecondaire et à la formation professionnelle. Selon un rapport réalisé en 2010, la Zambie accuse du retard dans ses niveaux d'instruction et de capacités techniques par rapport à l'ensemble de ses pairs dans la région. Les dernières statistiques en date montrent un recul du taux de mortalité infantile de 86 pour 1 000 naissances en 2009 contre 88 en 2008, par rapport à l'OMD fixé à 63.6. Le taux de mortalité chez les enfants de moins de 5 ans suit la même trajectoire, en repli à 141 pour 1 000 en 2009 contre 145 en 2008, par rapport à l'objectif de 35.7 d'ici 2015. Ces chiffres soulignent l'importance de mener des campagnes de vaccination des enfants suivies et efficaces, tout en continuant de soutenir les moyens de prévention et de prise en charge des maladies infantiles courantes, si le pays espère atteindre les OMD. La Zambie éprouve également de sérieuses difficultés pour réduire son taux de mortalité maternelle, et ce malgré le recul des décès de 649 pour 100 000 naissances en 1996 à 591 en 2007. Dans ce domaine, le pays doit améliorer la formation, l'encadrement et les incitations financières proposées aux sages-femmes, renforcer l'accès aux centres de santé en zones rurales ainsi que leur supervision, et juguler les pratiques dangereuses d'accouchement à domicile. Réduction de la pauvreté, protection sociale et travail En 2006, près de 59 % de la population était en situation d'extrême pauvreté, en hausse par rapport aux 58 % constatés en 2004. Dans les régions rurales, ce taux explose à 67 % de la population, contre 20 % en zones urbaines. Pour inverser cette tendance, l'économie zambienne doit progresser de plus de 7 % et bénéficier d'une croissance généralisée à tous les secteurs que seuls les pouvoirs publics pourront garantir. Pareille intégration économique ne pourra se réaliser qu'au travers de politiques macroéconomiques et structurelles qui soutiennent la création d'emplois, l’autonomisation sociale, ainsi que des niveaux significatifs d'investissements dans la santé et l'éducation. Les investissements dans les infrastructures, la commercialisation d'une production agricole à petite échelle, ainsi que la diversification de l'économie rurale pourraient notamment s'avérer profitables. L'aide directe aux ménages doit se généraliser afin de protéger les plus vulnérables des effets néfastes de la pauvreté. La stratégie de protection sociale mise en place par le gouvernement en 2005 continue d'encadrer et de coordonner l'aide sociale. Elle pointe la double importance de la protection sociale dans son rôle d'aide aux plus démunis et dans celui qui les incite à s'engager dans l'économie productive. Institutionnellement, le groupe consultatif du secteur de la protection sociale agit sous la tutelle du ministère du Développement communautaire. Il compte au nombre de ses missions la fourniture aux exploitations vulnérables mais néanmoins viables d'intrants agricoles subventionnés, l'octroi de financements aux femmes et aux autres secteurs fragiles de la communauté sous forme de micro-crédits, ainsi que l'application d'un programme de travaux publics. D'après les derniers rapports disponibles, la Zambie aurait fait des progrès dans les besoins élémentaires en nourriture saine et en soins médicaux de meilleure qualité. Le pays doit à tout prix pallier l'insuffisance de moyens et l’inadéquation des financements, aggravées par la progression de la pauvreté. Les défaillances dans la coordination des programmes et le manque de contrôle et d'évaluation de leur impact direct dans la lutte contre la pauvreté restent également préoccupants. Égalité hommes-femmes La Zambie est partie signataire d'un certain nombre de protocoles pour la protection des femmes et des jeunes filles et s'est dotée d'un ministère de la Condition féminine chargé des questions d'intégration et de développement des femmes. Néanmoins, les progrès en matière d'égalité des sexes restent lents. La représentation des femmes au parlement était de 14 % en 2009 par rapport au 30 % fixés par les OMD et par la Perspectives économiques en Afrique 2012 12 | © BAfD, OCDE, PNUD, CEA Communauté pour le développement de l’Afrique australe (CDAA). En 2011, celle-ci est tombée à 11.3 %. Des progrès ont pourtant été réalisés, notamment dans l'enseignement primaire. La proportion de filles par rapport aux garçons a augmenté dans l'enseignement primaire de 0.90 en 1990 à 0.96 en 2009, mais a chuté à 0.88 en 2009 contre 0.92 en 1990 dans l'enseignement secondaire. Ces chiffres suggèrent vraisemblablement une mauvaise compréhension de la politique des pouvoirs publics qui autorise les adolescentes enceintes à se réinscrire à l'école. Les mariages précoces ancrés dans la culture traditionnelle et véhiculés par des facteurs sociaux dissuadent les jeunes filles de poursuivre leurs études, et cette politique a été pensée pour leur permettre de retourner à l'école. Perspectives économiques en Afrique 2012 13 | © BAfD, OCDE, PNUD, CEA Analyse thématique : Promouvoir l’emploi des jeunes Le chômage des jeunes place les pouvoirs publics zambiens devant un défi de taille s'ils veulent inscrire dans la durée la croissance du pays, qui compte presque 7 millions d'habitants de moins de 15 ans. Une étude réalisée en 2008 a montré que dans les zones urbaines, 63 % des 15-19 ans étaient sans emploi, alors que le taux de chômage chez les 20-24 ans s'établissait à 48 %. Dans les régions rurales, 16 % des 15-19 ans et 7 % des 20-24 ans étaient au chômage, même si ces chiffres traduisent essentiellement l'emploi informel dans le secteur agricole. Les disparités entre les sexes continuent d’être importantes. Chaque année, près de 300 000 jeunes intègrent un marché du travail apathique où les perspectives d'emploi se font rares, et où le fort taux de chômage des jeunes génère des tensions politiques et économiques dans tout le pays. Tout le monde s'accorde à reconnaître que les fortes désillusions de la jeunesse en matière d'emploi expliquent en partie la défaite du gouvernement en exercice lors des dernières élections. Les lacunes du système éducatif dans l'acquisition des compétences recherchées par le marché du travail, les forts taux de décrochage scolaire, le manque d'opportunités d'entreprendre, ainsi que l'accès insuffisant des demandeurs et des employés aux informations du marché du travail sont autant de freins à l'emploi des jeunes. Le nouveau gouvernement s'est donné comme priorité de déployer des initiatives et des programmes soutenant la création d'emplois pour les jeunes en développant l'esprit d'entreprise. Afin de pallier l'insuffisance de compétences techniques, le gouvernement a réorganisé le Service national zambien (Zambia National Service) en un Service de formation de la jeunesse (Zambian Youth Training Service) ayant pour vocation de renforcer la formation professionnelle proposée aux jeunes. Dans le cadre du budget 2012, le gouvernement a augmenté l'enveloppe consacrée à l'éducation et au perfectionnement des compétences de 26.7 %. En 2011, il a engagé des consultations nationales sur le thème “La parole aux jeunes : dialogues et compréhension mutuelle”, dans ses efforts pour juguler ce problème central pour le pays. Des appels ont été lancés en vue de repenser le système éducatif pour l'adapter au système entrepreneurial, et d'instaurer un plus grand nombre d'institutions tertiaires, de prêts et de bourses d'études pour les jeunes. Perspectives économiques en Afrique 2012 14 | © BAfD, OCDE, PNUD, CEA