« Politique étrangère du gouvernement français : de Sarkozy à Hollande, quels changements ? »
Le Collectif communiste Polex a organisé une rencontre sur la politique extérieure de la
France il y a près de deux ans, le 24 janvier 2012. Sarkozy était alors Président au nom de la
Droite parlementaire UMP. Nous avons alors dénoncé, je cite : « l'aventurisme guerrier qui a
en quelques mois amené les soldats et les bombardiers français à imposer des gouvernements
fidèles à l'Occident et à ses intérêts, en Côte d'Ivoire, en Libye, au mépris du droit des peuples à
disposer d'eux-mêmes, et sous des prétextes humanitaires d'autant plus mensongers que les
protégés de la France se sont rendus coupables de crimes de guerre avérés ».
On pouvait espérer, avec beaucoup d'optimisme, que la défaite de Sarkozy amènerait quelques inflexions. Ceux qui
l'attendaient ont dû se rendre à l'évidence. Il y a, avec le Président Hollande et son ministre Fabius, une continuité
absolue de cette politique impérialiste française alignée sur le leader ship étatsunien, par le biais de l'OTAN et de
l'Alliance atlantique.. La France officielle a poursuivi sa politique d'ingérence et d'intervention militaires en Afrique et
au Moyen-Orient , toujours en claironnant des principes humanitaires, mais en réalité pour participer à la défense
des intérêts occidentaux contre les concurrents chinois ou autres puissances émergentes. Ce fut le cas en Libye, en
Côte d'Ivoire ; c'est le cas au Sahel, où l'intervention française, si elle n'a absolument pas éradiqué les bandes
armées de trafiquants « djihadistes », a permis l'installation de contingents militaires et de drones étatsuniens, dans
les pays riverains du Sahara qui les avaient refusés auparavant. La nouvelle aventure militaire engagée en
Centrafrique sans aucune initiative préalable de l'ONU, risque d'être aussi longue que celle du Mali, bien au-delà des
prétextes humanitaires. Certes, la situation des civils dans ce pays sans état, livré aux bandes armées, est
déplorable. Mais cette situation est consécutive au renversement par des mercenaires du gouvernement légal qui
maintenait un ordre précaire, et avait eu le tort , aux yeux de la France, de nouer de trop bonnes relations avec le
concurrent chinois. Messieurs Hollande et Fabius n'ont cessé depuis plus d'un an de soutenir diplomatiquement et
militairement les insurgés syriens, dont les plus actifs sont les intégristes qu'ils prétendent combattre au Sahel, et ils
ont fait leur possible pour déclencher une intervention militaire directe de l'Occident, en liaison avec les potentats
arabes saoudiens ou qataris. Pire encore, depuis que cette invasion directe n'a pu avoir lieu grâce à l'opposition des
opinions occidentales, et aux succès sur le terrain des gouvernementaux syriens, malgré les 30 ou 40.000
djihadistes étrangers qui les assaillent, Messieurs Fabius et Hollande s'évertuent à empêcher toute solution négociée
en fixant pour seul objectif le départ de Assad de Damas. Mieux, ils s'évertuent, en liaison avec l'extrême droite
israélienne, à s'opposer à tout accord avec l'Iran sur sur le nucléaire et contre les sanctions.
Ces quelques faits suffisent à caractériser la politique extérieure actuelle comme l'aile marchante de l'impérialisme
occidental. De Sarkozy à Hollande, non seulement il y a eu continuité, mais aggravation de cette volonté
d'ingérence, y compris militaire, dans le destin des autres peuples, notamment ceux qui furent autrefois des colonies
françaises, Mali ou Syrie. L'impérialisme français, exprimé par des idéologues de droite comme Bernard Henry Lévy
ou de gauche comme Bernard Kouchner, a une réalité, la défense décomplexée des intérêts matériels et financiers
de la bourgeoisie française, qu'elle soutienne le PS ou l'UMP. C'était vrai aussi en 1960, mais cette bourgeoisie avait
alors essentiellement investi ses capitaux dans l'hexagone ou dans l'empire colonial français. Elle se reconnaissait
de ce fait volontiers dans le gaullisme, très conservateur sur le plan social et politique, mais soucieux aussi
d'indépendance nationale, y compris à l'égard des États-Unis. Elle est en 2013 partie prenante des multinationales,
dans le capitalisme mondialisé : UMP ou PS, elle prône aujourd'hui l'allégeance au leadership étasunien, au point
même de prôner l'usage de l'anglo-américain, dans les rencontres officielles, à la place du français.
Comment ne pas s'indigner de voir nos dirigeants oublier tout souci d'indépendance en s'obstinant à prôner le
renforcement de notre insertion dans l'Europe supranationale et à ses traités de libre concurrence, alors que ceux-ci
sont directement responsables de la disparition de nos industries agro-alimentaires, en Bretagne et ailleurs ?
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