Béatrice Bowald
Changement climatique
Après les paroles
des actes
Une impulsion dans une perspective d’éthique sociale
Commission nationale suisse Justice et Paix,
sur mandat de la Conférence des évêques suisses
En collaboration avec oeku Eglise et environnement:
Kurt Zaugg-Ott et Kurt Aufdereggen
Traduction: Martine Besse
Berne 2009
Table des matières
Avant-propos. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.Les changements climatiques nous concernent tous
les changements climatiques anthropiques et leurs
conquences . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.1 Les constats sur les changements climatiques anthropiques
1.2 Pronostics sur les conséquences des changements climatiques
dans le monde . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .15
1.3 Les conséquences pour la Suisse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .16
1.4 Conclusions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .18
2.Prendre ses responsabilités. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
2.1 Nos bases d’existence menacées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
2.2 La justice et la solidarité face aux changements climatiques . . . . . . 21
2.2.1 Stratégies: la réduction des émissions et l’adaptation . . . . . . 21
2.2.2 Une répartition équitable des charges. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
2.3 Un appel à agir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
3.Pour une politique climatique responsable en Suisse. . . . . . . . . . . 26
3.1 Les bases légales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
3.2 La part de la Suisse aux émissions de gaz à effet de serre dans
le monde . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
Digression 1: L’empreinte écologique de la Suisse
Digression 2: L’objectif de la sociéte à 2000 watts
3.3 Le coût des changements climatiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
3.4 La pomme de discorde: les objectifs de réduction . . . . . . . . . . . . . . . 33
Digression 3: L’approche des droits au développement dans
un monde-serre (Greenhouse Development Rights GDR)
3.5 Conclusions pour une politique climatique responsable en Suisse . . 34
4.Les Eglises ont aussi des obligations. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
4.1 Faire prendre conscience du problème . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
4.2 Avancer en donnant l’exemple . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
4.3 Engagement politique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
4.4 Spiritualité de la Création . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
Bibliographie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
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Avant-propos
A la lecture de cette publication de la Commission épiscopale Justice et Paix,
on ne devrait pas tarder à s’interroger sur le rapport entre la foi chrétienne et
le changement climatique reconnu aujourd’hui comme fait établi. Nous pou-
vons répondre à cette question si nous réfléchissons à l’attitude chrétienne
face aux bases naturelles de notre monde que nous considérons et reconnais-
sons dans la foi, comme création de Dieu.
La foi chrétienne a la conviction qu’une véritable responsabilité envers la créa-
tion ne peut être saisie qu’à la lumière de son créateur. Si nous voyons le mon-
de comme création de Dieu, nous avons comme êtres humains la responsabi-
lité d’en être les gardiens et de collaborer librement à l’œuvre de Dieu, afin que
les dons de la création soient mis en valeur et non pas asservis ou détruits par
l’homme. Car partout où nous faisons un usage de la nature en désaccord avec
celui qui nous l’a confiée, elle est très vite exploitée et réduite en esclavage. Le
pape Benoît XVI l’a souligné dans des paroles très claires: «L’usage brutal de la
création s’opère là où il n’y a pas de Dieu, où la matière n’est plus que maté-
riau à nos yeux, où nous sommes nous-mêmes les instances suprêmes, quand
tout nous appartient et que nous pouvons le consommer pour notre profit
Pour faire croître un nouveau respect de la création, il est indispensable que,
nous les humains, nous nous considérions comme des créatures de Dieu, des
créatures interdépendantes, afin de nous reconnaître dans la perspective de la
sauvegarde de la création: «Mea res agitur». L’être humain ne succombera pas à
la folie de la toute-puissance, se soumettra avec révérence à la mesure de Dieu
et approchera toute la création avec crainte et respect, uniquement s’il admet
qu’il n’est pas la mesure de toute chose, qu’il n’est pas tout-puissant, omnis-
cient et omnipotent. Reconnaître que nous sommes des humains, et que des
humains, s’avère l’attitude la plus humaine et le fondement d’une sauvegarde
de la création véritablement humaine.
«Nous le savons en effet: la création tout entière gémit maintenant encore dans
les douleurs de l’enfantement» (Rm 8,22). Ce que Paul avait déjà perçu dans sa
conscience de chrétien, nous le ressentons et l’entendons aujourd’hui au sens
propre: la création gémit – et elle attend des humains qui puissent la voir sous
l’angle de Dieu et changent leur «way of life». Une part essentielle de ce «gémis-
sement» de la création est l’apparition de ce nous appelons aujourd’hui le
changement climatique. Ce phénomène est imputable de manière sûre aux
émissions des Etats industrialisés et touche le plus fortement les pays défavori-
sés de notre terre.
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