Avant-propos
A la lecture de cette publication de la Commission épiscopale Justice et Paix,
on ne devrait pas tarder à s’interroger sur le rapport entre la foi chrétienne et
le changement climatique reconnu aujourd’hui comme fait établi. Nous pou-
vons répondre à cette question si nous réfléchissons à l’attitude chrétienne
face aux bases naturelles de notre monde que nous considérons et reconnais-
sons dans la foi, comme création de Dieu.
La foi chrétienne a la conviction qu’une véritable responsabilité envers la créa-
tion ne peut être saisie qu’à la lumière de son créateur. Si nous voyons le mon-
de comme création de Dieu, nous avons comme êtres humains la responsabi-
lité d’en être les gardiens et de collaborer librement à l’œuvre de Dieu, afin que
les dons de la création soient mis en valeur et non pas asservis ou détruits par
l’homme. Car partout où nous faisons un usage de la nature en désaccord avec
celui qui nous l’a confiée, elle est très vite exploitée et réduite en esclavage. Le
pape Benoît XVI l’a souligné dans des paroles très claires: «L’usage brutal de la
création s’opère là où il n’y a pas de Dieu, où la matière n’est plus que maté-
riau à nos yeux, où nous sommes nous-mêmes les instances suprêmes, quand
tout nous appartient et que nous pouvons le consommer pour notre profit.»
Pour faire croître un nouveau respect de la création, il est indispensable que,
nous les humains, nous nous considérions comme des créatures de Dieu, des
créatures interdépendantes, afin de nous reconnaître dans la perspective de la
sauvegarde de la création: «Mea res agitur». L’être humain ne succombera pas à
la folie de la toute-puissance, se soumettra avec révérence à la mesure de Dieu
et approchera toute la création avec crainte et respect, uniquement s’il admet
qu’il n’est pas la mesure de toute chose, qu’il n’est pas tout-puissant, omnis-
cient et omnipotent. Reconnaître que nous sommes des humains, et que des
humains, s’avère l’attitude la plus humaine et le fondement d’une sauvegarde
de la création véritablement humaine.
«Nous le savons en effet: la création tout entière gémit maintenant encore dans
les douleurs de l’enfantement» (Rm 8,22). Ce que Paul avait déjà perçu dans sa
conscience de chrétien, nous le ressentons et l’entendons aujourd’hui au sens
propre: la création gémit – et elle attend des humains qui puissent la voir sous
l’angle de Dieu et changent leur «way of life». Une part essentielle de ce «gémis-
sement» de la création est l’apparition de ce nous appelons aujourd’hui le
changement climatique. Ce phénomène est imputable de manière sûre aux
émissions des Etats industrialisés et touche le plus fortement les pays défavori-
sés de notre terre.
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