Collège Albert Descamps, Grand-Place 45

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Collège Albert Descamps, Grand-Place 45 – B-1348 Louvain-la-Neuve - C.C.P. 000-0335710-90
Secrétariat : tél. 010/47 36 04
Périodique trimestriel
1348 Louvain-la-Neuve
Décembre 2005 n° 120
Le c oll oq u e
L ’in ve n tio n c h réti en n e du pé ché
a ra ss em b lé u n p u b lic n om b reu x et in tér es sé
C om p te- r en d u
Le huitième colloque de théologie dogmatique de Louvain-la-Neuve, portant sur le péché, a tenté de répondre à une question provocante : Peut-on parler du péché comme d’une bonne nouvelle ? Cette année,
chaque intervenant était invité à présenter une thèse dans un temps assez limité. A la fin de chacune des
journées, une table ronde réunissait les conférenciers du jour pour confronter les approches et susciter un
débat plus large avec l’assemblée des participants.
En introduisant la problématique, Joseph Famerée ( Faculté de théologie, UCL) a bien mis en évidence le
soupçon moderne à l’égard du péché. Celui-ci étant très souvent associé à la culpabilisation, il ne fait pas
bonne figure. A la lecture du récit de la Genèse, on peut voir que le mal n’est au départ ni connu ni voulu
par l’homme. Il fait irruption dans le monde des humains, sous la forme symbolique du serpent. Le mal
précède et dépasse l’homme. Il a donc aussi un caractère excessif. Mais il faut souligner la dimension relationnelle du péché. Au commencement, il y a une alliance entre l’humanité et Dieu. Le péché se concrétise comme une lésion de l’alliance, sans jamais rompre le lien. Tout ceci conduit à une théologie du péché
à comprendre comme étant l’envers d’une théologie du salut. Le péché nous révèle en effet un pardon
plus grand : Felix culpa ! Le péché est par excellence le lieu d’une révélation : Dieu sauve par son pardon
originel. Voilà ce qu’on ose appeler une « invention chrétienne du péché ».
On a souvent accusé Saint Augustin d’avoir interprété le péché dans un sens très pessimiste. C’est pour
lutter contre cette idée trop répandue que Isabelle Bochet (Centre Sèvres, Paris) a présenté avec brio
une lecture différente d’Augustin (« Lectures augustiniennes de Genèse 3 : le péché d’Adam et ses conséquences »). Le péché a chez ce dernier une fonction libératrice. Le péché prend sa source dans l’orgueil,
lorsque l’homme se préfère à Dieu et se coupe ainsi de la source qui lui donne consistance et vitalité.
C’est quand l’homme se prend pour le centre de tout qu’il tombe dans le péché. La sexualité est une réalité positive et ne devient matière pécheresse que quand elle est absolutisée au détriment du reste. Le remède au péché est l’humilité. En ce sens, le Christ est un excellent médecin qui indique le chemin de cette
humilité. Le corps, s’il est un lieu du péché, est tout aussi bien un lieu de libération. Par l’incarnation, Dieu
nous libère de la tentation de nous suffire.
Pour élucider le sens du péché dans l’Évangile de Jean, Jean-Marie Sevrin (Faculté de théologie, UCL) a
centré son analyse sur « l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ». L’Évangile de Jean est en
quelque sorte « l’Évangile du péché ôté » . En effet, au moment de la Croix, tout s’accomplit et le don de
l’Esprit enlève le péché du monde. Dans la théologie de Jean, c’est la foi et non la loi qui sauve les hommes, le salut se donnant dans l’immédiateté de la foi en Jésus. Jean insiste aussi pour dire que l’homme
est esclave du péché qui est un déjà-là symbolisé par la mort et la maladie. Pour être délivré de cette
emprise, l’homme est invité à poser sa vie comme Jésus l’a fait. La foi est appelée à se prolonger en
agapè.
Aux yeux du psychiatre Philippe van Meerbeeck (Faculté de médecine, UCL), le péché renvoie à la
question de la culpabilité (« C’en est si bon que c’en est presque un péché »). Pendant longtemps, la morale chrétienne, souvent comprise de façon rigoriste, avait servi de cadre aux jeunes pour penser le désir
sexuel. Ceci avait pour conséquence qu’on avait trop tendance à se focaliser sur les péchés d’impureté.
Depuis l’arrivée de la libération sexuelle, la culpabilité est vécue autrement. La morale religieuse étant
actuellement délaissée, comment les jeunes font-ils face aux puissances du désir ? En effet, même en
dehors d’une éducation religieuse, la culpabilité demeure une expérience humaine liée à l’interdit de
l’inceste. Les jeunes sont donc fascinés par les forces qu’ils ressentent en eux et en même temps dépourvus de moyens de donner sens au désir. Le christianisme peut ici apporter des ressources pour valoriser
un amour sincère et non-violent.
Dans un exposé philosophique complexe, Nathalie Frogneux (Institut Supérieur de Philosophie, UCL) a
souligné « l’imposture du moi idéal ». La conscience humaine est aujourd’hui marquée par un impératif
interne qui enjoint de réussir sa vie. Cependant, au cœur même du moi, se loge une césure car le moi
idéal est un moi rêvé. Je ne suis pas vraiment qui je rêve d’être. Le moi se soupçonne et constate son
insuffisance. Ce soupçon de soi pourrait être la figure sécularisée du péché. Pour sortir de ce « péché »,
l’homme est invité à accepter l’ambiguïté et à tenter l’action.
L’éclairage venant du judaïsme était lumineux grâce à David Banon (Université M. Bloch, Strasbourg)
(« Les différents degrés de la faute »). Pour la tradition juive, la repentance est un signe de la bonté de
Dieu. Le péché est une maladie spirituelle dont l’homme se libère par le mouvement de repentance qui
inclut l’aveu et entraîne dans la création nouvelle. Le Talmud enseigne que le repentir est antérieur à la
création. Dans toute transgression, on trouve les trois niveaux de la faute (la transgression involontaire,
la transgression délibérée, la révolte contre l’autorité). La faute est toujours un acte libre impliquant les
différents niveaux.
L’homme se lèse lui-même par sa propre faute. En effet, en portant atteinte à Dieu ou au prochain,
l’homme se blesse dans sa personnalité. Le repentir suppose une prise de conscience de la faute, un remords et une résolution de ne pas récidiver. Par le repentir et l’aveu, l’homme reprend la maîtrise de son
histoire de façon responsable.
Dans un exposé captivant, Jean-Claude Guillebaud (journalise et essayiste, Paris), a plaidé contre la
tentation de l’innocence (« Se méfier de l’innocence »). Il a fait remarquer que plus notre société devient
permissive dans son langage, plus elle devient répressive dans la pratique. Dans cette évolution, l’autresurtout le « perdant »- est l’incarnation du mal. En effet, dans une dynamique d’« externalisation » du
mal, celui-ci n’est plus intérieur mais extérieur. Nous avons un peu trop oublié que le mal est une question intérieure, spirituelle même. Or, une relecture du dogme du péché originel rappelle que l’homme est
déjà porteur du mal, même sans le savoir ou le vouloir.
Dans un exposé théologique consistant, Benoît Bourgine (Faculté de théologie, UCL) a exposé
« L’évangile selon Adam ». Si Adam a péché en se détournant de Dieu, il n’est pas resté prisonnier de son
péché. En effet, la lumière du salut est venue le visiter, une lumière pascale portée par le Nouvel Adam.
Face à cette réalité du péché, il importe de distinguer la doctrine biblique du péché et la doctrine chrétienne du péché originel. La première constitue un appel à la responsabilité et à la lutte contre le mal,
appel qui émane particulièrement des prophètes. La seconde doctrine se situe sur un registre plus sapientiel. Le péché originel rend compte d’un mal déjà là dans l’humanité. La bonne nouvelle d’Adam est un
appel à l’agir responsable. Comme le Nouvel Adam est antérieur au premier homme, la doctrine chrétienne du péché originel est un chemin de salut.
Pierre-Yves Materne
Assistant à la Faculté de théologie
Publications de la Faculté – 2004 (fin)
SCHEUER J.
Un bouddhisme pour un nouveau monde : D.T. Suzuki entre
Orient et Occident, in J. SCHEUER & P. SERVAIS (ed.), Passeurs
de religions entre Orient et Occident (coll. Rencontres OrientOccident, 6), Louvain-la-Neuve, Academia Bruylant, 2004, 169177.
D’Extrême-Orient en Extrême-Occident, un interprète : Daisetz
T. Suzuki, in J.R. KLEIN & Fr. THYRION (ed.), Le Japon et
l’Europe : Tissage interculturel (coll. IRIS), Cortil-Wodon, E.M.E.
(Éditions Modulaires Européennes), 2004, 17-30.
Les religions comme itinéraires : Leçons d’un « détour » par le
bouddhisme, in B. VAN MEENEN (ed.), Qu’est-ce que la religion ? (coll. Publications des Facultés universitaires St-Louis,
99), Bruxelles, Fac. universitaires Saint-Louis, 2004, 63-92.
(trad.), Francis X. CLOONEY s.j., Sagesse hindoue pour qui
cherche Dieu (trad. de l’américain par Éd. BONÉ et J. SCHEUER)
(coll. L’Autre et les autres, 5), Bruxelles, Lessius, 2004, 196 p.
Boire à plusieurs puits ? Enjeux et conditions, in Mission de
l’Eglise, Supplément du n° 142 (janv.-mars 2004) (« Mission et
appartenance ‘multiple’ ») 39-43.
Le prêtre, le renonçant et le roi : Quelques figures hindoues de
la relation au divin, in Sagesses de l’Orient : À la rencontre des
spiritualités de l’Asie : Approches chrétiennes, Paris, Université
d’Été Assomptionniste, 2004, 35-47 [repris de Mélanges de
Science Religieuse 57/2 (avril-juin 2000) 11-20.]
Homélie pour l’Épiphanie, in Voies de l’Orient n° 90 (janv.-mars
2004), 38-40.
~ & H. DERROITTE, La Mission dans tous ses états : Colloque
« Omnes Gentes », in Revue théologique de Louvain 35 (2004)
147-151.
Travaux des étudiants (2004-2005) - Doctorat en théologie
Luis Alonso COTO FLORES : El laicado y la cuestión social en América Central (1970-1992)
(Prom. Philippe WEBER, 10/02/2005)
§ 1- La thèse cherche à décrire les processus de changement et d’engagement des Églises catholiques d’Amérique Centrale, spécialement la prise de conscience ecclésiale des chrétiens de la base, dans des contextes socio-politiques et ecclésiaux fort complexes
et mouvants.
§ 2- Traditionnellement, en Amérique Centrale, l’Église et notamment sa hiérarchie ont vécu en bonne intelligence avec les classes
dirigeantes. Cette liaison, héritage de l’histoire du continent, est aussi conforme à une certaine conception de la religion comme
instance légitimatrice des pouvoirs dominants actuellement en place. Les Églises d’Amérique centrale adoptent, à la fin des années
cinquante et au début des années soixante, l’idéologie desarrollista (« développementaliste ») et promeuvent, dans ce but, le développement d’écoles et de centres de formation. Ceci dans l’optique d’un combat pour le progrès et d’une liaison étroite entre la promotion sociale et individuelle à l’évangélisation qui attendent de l’Église la sanctification du « mystère de l’ordre social ».
§ 3- Le Concile Vatican II va ébranler ces certitudes et remettre en question une « paix constantinienne » qui profite à des régimes
autoritaires qui se prétendent défenseurs des « valeurs de l’Occident chrétien ». C’est l’époque d’une actualisation pastorale où
l’enseignement social se renouvelle à partir des encycliques sociales de Jean XXIII et Paul VI qui éclairent l’ensemble des problèmes
socio-économiques contemporains. Le réveil théologique, spirituel et social de l’Église rencontre un écho profond en Amérique Latine
et tout particulièrement dans l’isthme centraméricain. La graine du renouveau est tombée sur un terrain fertile : une Amérique centrale en pleine mutation sociale qui, dans les années septante et quatre-vingts se trouve confrontée à une crise sociale grave, à des
répressions violentes et à des guerres révolutionnaires.
§ 4- Dans le sillage de Vatican II, les Églises catholiques d’Amérique Centrale se mettent en devoir de répondre aux exigences du
monde de ce temps, en assumant le destin de « tous les hommes et tout l’homme ». L’Église assume alors de nouveaux choix, qui la
rapprochent du « peuple de Dieu » et l’encouragent à s’engager dans la promotion et la formation du laïcat : les pastorales spécialisées, les mouvements d’Action Catholique, la pastorale d’ensemble, la création des centres de formation et des « communautés
ecclésiales de base » (CEBs), sont les moyens choisis pour manifester « l’option préférentielle pour les pauvres ». Cette option essentielle est conforme aux nouvelles priorités et à la formation systématique d’un laïcat plus actif et plus conscient de son rôle dans
l’Église et dans la société. Les grandes assemblées des évêques à Medellin (Colombie, 1968), à Puebla (Mexique 1979), et à Santo
Domingo (République Dominicaine, 1992) ont largement contribué à cet élan rénovateur initié par Vatican II. Les expériences vécues
par les laïcs à la base permettent de rapprocher l’Église des fidèles, tout en palliant le manque des prêtres. Elles sont encouragées
par le clergé progressiste et par la « théologie de la libération » en Amérique Centrale. Ces expériences, à la base ecclésiale, engendrent une « conscientisation » des participants, qu’ils soient paysans, ouvriers, indigènes, étudiants, etc. On assiste à un effort de
conscientisation des masses par les Délégués de la Parole, laïcs formés grâce à des cours de pastorale et d’évangélisation de manière à pouvoir dénoncer à bon escient les « structures de péché ». L’organisation et l’engagement des laïcs, animés par les « délégués de la Parole » reflètent une conception de la foi marquée par de nouvelles orientations pastorales.
§ 5- Quel modèle d’Église sous-tendaient ces expériences ? Il s’agit en fait de la mise en pratique d’une « nouvelle manière d’être
Église », laquelle n’excluait pas le conflit. Celui-ci se développa à l’intérieur de l’Église elle-même comme vis-à-vis des pouvoirs en
place. Ce sont de nombreux laïcs qui deviendront, par la suite, les piliers de cette nouvelle orientation grâce à leur participation aux
organisations populaires et, parfois, aux luttes armées menées dans la région. Devait se poser, dans ce contexte, la question des
rapports entre foi et politique, entre foi et conflits sociaux, bref entre la foi et la vie. Les Églises, en particulier leur hiérarchie, tenteront de répondre à cette situation très particulière par des lettres pastorales, par des plans pastoraux ou même, quand le conflit
devient plus aigu, par des mesures disciplinaires. A l’arrière-plan de la problématique sociale et ecclésiale en Amérique Centrale,
c’est bien un modèle d’Église qui est en crise. D’où la nécessité de proposer, voire de chercher une manière originale d’« être
Église », qui puisse réagir à la situation spécifique d’une région frappée en outre par des guerres, des inondations et de tremblements de terre meurtriers.
Eduardo Tadeu CRISTINO : La conscience morale - Pour une théologie et une pédagogie comme projet de
libération
(Prom. Éric GAZIAUX, 13/06/2005)
La théologie morale apporte-t-elle une contribution spécifique à la compréhension de la problématique de la formation de la conscience morale ou revient-il à la théologie pastorale, pratique ou spirituelle, d'un côté, et à la sociologie, à la psychologie ou encore à
la pédagogie, d'un autre côté, d'aborder cette question de l'approfondissement de la sensibilité ou de l'identité du sujet éthique ?
Cette thèse veut apporter une contribution à ce débat. Certes, une des tâches premières de l'éthique, en tant que science de la
moralité, est de faire la distinction entre les questions morales et celles qui ne le sont pas. L'éthique comporte donc une fonction
spéculative essentielle. Mais nous sommes d'avis qu'elle cherche aussi une réponse adéquate et suffisante à ces questions morales
dans la mesure où elles marquent l'homme soucieux de l'authenticité de sa vie comme être moral et demandent donc une réponse
qui tende à éclairer l'ensemble de l'existence humaine. C'est dans ce contexte que, selon nous, la réflexion éthique en général et la
théologie morale en particulier apportent une contribution à la connaissance de la conscience morale qu'aucune théorie de l'éducation ne peut fournir. En effet, les théories de l'éducation, dans leurs diverses branches - pédagogiques, psychologiques ou sociologiques - ne peuvent s'occuper que des aspects " empiriques " de la formation de la conscience. Or, il faut d'abord analyser la dimension philosophique ou éthique qui sous-tend cette action empirique dans sa signification éthique. Sans un tel approfondissement
critique des précompréhensions de la pratique pédagogique, l'étude de la conscience morale reste assez partielle. Cela veut dire que
le problème de la formation de la conscience analysé en dehors du champ éthique - philosophique ou théologique - ne peut qu'être
tragiquement simplifié et réduit à son aspect secondaire. À partir de ce principe, nous avons structuré notre travail en trois parties.
Dans la première partie de la thèse, nous proposons un cadre synthétique et interprétatif du discours théologique sur la conscience. Nous le faisons à partir de la présentation de la pensée de quelques auteurs représentatifs de la théologie morale des dernières années : Jean-Marie Aubert, Bernhard Häring, Paul Valadier, Marciano Vidal. Nous analysons également la pensée de quelques
théologiens moralistes latino-américains, avec lesquels nous partageons le même horizon culturel. La problématique capitale du
mûrissement de la conscience, d'un point de vue fondamental, s'est naturellement imposée. La conscience est le signe majeur de
l'identité de l'être humain. Comment la comprendre comme mouvance et stabilité, continuité et rupture à la fois ? L'urgence de
l'activation du sens moral semble être l'un des seuls consensus dans la réflexion éthique contemporaine. Comment la rendre effective, en tenant compte aussi bien des aspects rationnels que des aspects affectifs, voire spirituels qui constituent le sujet moral ?
Plus fondamentalement, on se demande comment comprendre la formation de la conscience dans des temps qui sont ceux d'une
crise de l'être humain en tant que sujet moral. Et cette grave question débouche sur une autre, d'égale importance : comment comprendre l'activation ou le développement du sens moral ou de la conscience morale tout en évitant de tomber dans le rigorisme et le
formalisme d'une part, ou dans le relativisme et le subjectivisme d'autre part ? Finalement, dans une société de plus en plus sécularisée et multiculturelle, la foi chrétienne et même l'institution ecclésiale peuvent-elles encore jouer un rôle dans le développement ou
la formation de la conscience morale de nos contemporains ?
Dans la deuxième partie du présent travail, nous parcourons l'anthropologie qui est à la base de la philosophie de l'éducation du
penseur et pédagogue brésilien Paulo Freire, en quête d'outils capables d'établir les fondements d'une réflexion théologique sur la
formation de la conscience. Chez cet auteur, nous trouvons effectivement des éléments originaux et significatifs pour articuler une
nouvelle réflexion théologique à propos de la conscience morale en cours de formation et donc pour envisager des réponses valables
aux questions soulevées ci-dessus. Parmi ces contributions, rappelons la considération de l'humain comme être radicalement appelé
à " être plus ", ou encore les affirmations de l'auteur relatives à l'humanisation comme " possibilité radicale " ou comme " projet ",
ainsi que ses références aux " situations-limites " devant lesquelles des " attitudes inédites " balisent la vie humaine comme " construction progressive " et " libération permanente ".
De la rencontre entres les perspectives des deux premières parties du travail, nous affirmons, d'une part, que la formation de la
conscience morale fait partie d'un processus d'humanisation, compris comme mouvement de libération des potentialités de chaque
être humain durant toute son existence et, d'autre part, que nous retrouvons dans ce processus le projet éthique le plus authentiquement humain et chrétien, le projet de libération de la liberté, dans ses dimensions à la fois individuelle et sociale. C'est la dernière partie de la thèse. Dans celle-ci, nous ne nous occupons pourtant pas des " applications pratiques " de la " méthode psychosociale " de Freire dans une théologie ou dans une pastorale de la conscience. Nous effectuons plutôt une interprétation de l'existence
du sujet éthique - ou de l'action de la conscience morale -, en approfondissant les éléments essentiels de l'anthropologie de Freire et
les perspectives théologiques de la première partie à l'aide des penseurs comme Henrique Cláudio de Lima Vaz, Jean Ladrière et Paul
Ricœur. Nous le faisons sur différents plans : nous développons une nouvelle théorie de la connaissance morale ; nous considérons
la portée du monde de l'action ou de l'engagement dans la structuration de l'identité morale ; nous critiquons la " privatisation " de
la vie et des décisions éthiques ; nous établissons les limites du concept de responsabilité en ce qui concerne la vie éthique ; nous
examinons la problématique de la découverte ou de la création de " valeurs " et celle du rapport entre le sujet éthique et l'ethos ;
nous considérons le problème de la " destinée humaine " et de la configuration narrative de l'identité morale ; et nous nous demandons enfin comment la foi chrétienne vécue comme " suite du Christ " se constitue comme invitation à la conscience, dans tous ses
jugements, à se reconnaître partie prenante d'une histoire plus large que la sienne et qui est une histoire de salut, fondamentalement faite de libération, de réconciliation et d'ouverture à un au-delà qui la dépasse.
[à suivre]
Informations
Cycle de conférences « Pèlerinage et espace religieux »
La Faculté de théologie et la Fondation Sedes Sapientiae organisent un nouveau cycle de conférences
(Auditoires Montesquieu, place Montesquieu, Louvain-la-Neuve, parking Grand-Place (payant), Louvainla-Neuve – entrée libre)
lundi 13 février 2006 à 20 h:
Pèlerinages : le chemin, le temps et le soi, par LILIANE VOYÉ, professeur émérite à
la Faculté des sciences économiques, sociales et politiques, UCL
lundi 27 février 2006 à 20 h : Lieux et non-lieu : la marche du pèlerin hindou, par JACQUES SCHEUER, professeur à
la Faculté de théologie, UCL
lundi 13 mars 2006 à 20 h :
De la vision à la guérison : les formes du pèlerinage chrétien, par JEAN-PIERRE
DELVILLE, professeur à la Faculté de théologie, UCL
lundi 27 mars 2006 à 20 h :
Le pèlerinage à la Mecque : rites et symboles, par AHMED MAHFOUD, théologien
musulman, professeur de religion islamique
Convocation à l’Assemblée générale de la Société théologique de Louvain
le mardi 31 janvier 2006 à 17h30 à la Salle du Conseil de la Faculté de théologie,
Grand-Place, 45 à Louvain-la-Neuve
Ordre du jour
1. Rapport d’activités
2. Bilan de l’exercice 2005
3. Budget de l’exercice 2006
4. Varia
La Revue théologique de Louvain vient de publier
B. Bourgine,
Fr. Bœspflug
E. Brito
A. Wénin
Que faire des premiers conciles ?
Une notion sur la sellette : « la religion »
La « philosophie chrétienne » a-t-elle un avenir ?
Des outils de travail en français pour (re)découvrir le Premier Testament
L’abonnement 2006 à la Revue théologique de Louvain : Belgique : 33 € – Étranger : 45 € ou 60 US$
Somme à verser au C.C.P. 000-0849363-31 ou au compte 271-0366091-45
de la Revue théologique de Louvain – B – 1348 Louvain-la-Neuve, Belgique
Cotisation à la Société théologique de Louvain
La cotisation de membre de la Société théologique de Louvain donne droit aux quatre numéros des NOTES paraissant
chaque année. La cotisation se monte à 8 € (9 € ou 10 US$ pour l’étranger). Les personnes qui le souhaitent peuvent devenir membres d’honneur de la S.T.L. en versant une cotisation de 25 €.
Nous rappelons nos numéros de compte : Société théologique de Louvain, B-1348 Louvain-la-Neuve
C.C.P. : 000-0335710-90 (pour l’étranger : IBAN BE 34 0000 3357 1090 BIC BPOTBEB1)
Cpte bancaire : 271-0367982-93
Éditeur
responsable : J. FAMERÉE, Grand-Place, 45, 1348 Louvain-la-Neuve
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