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Luis Alonso COTO FLORES : El laicado y la cuestión social en América Central (1970-1992)
(Prom. Philippe WEBER, 10/02/2005)
§ 1- La thèse cherche à décrire les processus de changement et d’engagement des Églises catholiques d’Amérique Centrale, spé-
cialement la prise de conscience ecclésiale des chrétiens de la base, dans des contextes socio-politiques et ecclésiaux fort complexes
et mouvants.
§ 2- Traditionnellement, en Amérique Centrale, l’Église et notamment sa hiérarchie ont vécu en bonne intelligence avec les classes
dirigeantes. Cette liaison, héritage de l’histoire du continent, est aussi conforme à une certaine conception de la religion comme
instance légitimatrice des pouvoirs dominants actuellement en place. Les Églises d’Amérique centrale adoptent, à la fin des années
cinquante et au début des années soixante, l’idéologie desarrollista (« développementaliste ») et promeuvent, dans ce but, le déve-
loppement d’écoles et de centres de formation. Ceci dans l’optique d’un combat pour le progrès et d’une liaison étroite entre la pro-
motion sociale et individuelle à l’évangélisation qui attendent de l’Église la sanctification du « mystère de l’ordre social ».
§ 3- Le Concile Vatican II va ébranler ces certitudes et remettre en question une « paix constantinienne » qui profite à des régimes
autoritaires qui se prétendent défenseurs des « valeurs de l’Occident chrétien ». C’est l’époque d’une actualisation pastorale où
l’enseignement social se renouvelle à partir des encycliques sociales de Jean XXIII et Paul VI qui éclairent l’ensemble des problèmes
socio-économiques contemporains. Le réveil théologique, spirituel et social de l’Église rencontre un écho profond en Amérique Latine
et tout particulièrement dans l’isthme centraméricain. La graine du renouveau est tombée sur un terrain fertile : une Amérique cen-
trale en pleine mutation sociale qui, dans les années septante et quatre-vingts se trouve confrontée à une crise sociale grave, à des
répressions violentes et à des guerres révolutionnaires.
§ 4- Dans le sillage de Vatican II, les Églises catholiques d’Amérique Centrale se mettent en devoir de répondre aux exigences du
monde de ce temps, en assumant le destin de « tous les hommes et tout l’homme ». L’Église assume alors de nouveaux choix, qui la
rapprochent du « peuple de Dieu » et l’encouragent à s’engager dans la promotion et la formation du laïcat : les pastorales spéciali-
sées, les mouvements d’Action Catholique, la pastorale d’ensemble, la création des centres de formation et des « communautés
ecclésiales de base » (CEBs), sont les moyens choisis pour manifester « l’option préférentielle pour les pauvres ». Cette option es-
sentielle est conforme aux nouvelles priorités et à la formation systématique d’un laïcat plus actif et plus conscient de son rôle dans
l’Église et dans la société. Les grandes assemblées des évêques à Medellin (Colombie, 1968), à Puebla (Mexique 1979), et à Santo
Domingo (République Dominicaine, 1992) ont largement contribué à cet élan rénovateur initié par Vatican II. Les expériences vécues
par les laïcs à la base permettent de rapprocher l’Église des fidèles, tout en palliant le manque des prêtres. Elles sont encouragées
par le clergé progressiste et par la « théologie de la libération » en Amérique Centrale. Ces expériences, à la base ecclésiale, engen-
drent une « conscientisation » des participants, qu’ils soient paysans, ouvriers, indigènes, étudiants, etc. On assiste à un effort de
conscientisation des masses par les Délégués de la Parole, laïcs formés grâce à des cours de pastorale et d’évangélisation de ma-
nière à pouvoir dénoncer à bon escient les « structures de péché ». L’organisation et l’engagement des laïcs, animés par les « délé-
gués de la Parole » reflètent une conception de la foi marquée par de nouvelles orientations pastorales.
§ 5- Quel modèle d’Église sous-tendaient ces expériences ? Il s’agit en fait de la mise en pratique d’une « nouvelle manière d’être
Église », laquelle n’excluait pas le conflit. Celui-ci se développa à l’intérieur de l’Église elle-même comme vis-à-vis des pouvoirs en
place. Ce sont de nombreux laïcs qui deviendront, par la suite, les piliers de cette nouvelle orientation grâce à leur participation aux
organisations populaires et, parfois, aux luttes armées menées dans la région. Devait se poser, dans ce contexte, la question des
rapports entre foi et politique, entre foi et conflits sociaux, bref entre la foi et la vie. Les Églises, en particulier leur hiérarchie, tente-
ront de répondre à cette situation très particulière par des lettres pastorales, par des plans pastoraux ou même, quand le conflit
devient plus aigu, par des mesures disciplinaires. A l’arrière-plan de la problématique sociale et ecclésiale en Amérique Centrale,
c’est bien un modèle d’Église qui est en crise. D’où la nécessité de proposer, voire de chercher une manière originale d’« être
Église », qui puisse réagir à la situation spécifique d’une région frappée en outre par des guerres, des inondations et de tremble-
ments de terre meurtriers.
Eduardo Tadeu CRISTINO : La conscience morale - Pour une théologie et une pédagogie comme projet de
libération
(Prom. Éric GAZIAUX, 13/06/2005)
La théologie morale apporte-t-elle une contribution spécifique à la compréhension de la problématique de la formation de la cons-
cience morale ou revient-il à la théologie pastorale, pratique ou spirituelle, d'un côté, et à la sociologie, à la psychologie ou encore à
la pédagogie, d'un autre côté, d'aborder cette question de l'approfondissement de la sensibilité ou de l'identité du sujet éthique ?
Cette thèse veut apporter une contribution à ce débat. Certes, une des tâches premières de l'éthique, en tant que science de la
moralité, est de faire la distinction entre les questions morales et celles qui ne le sont pas. L'éthique comporte donc une fonction
spéculative essentielle. Mais nous sommes d'avis qu'elle cherche aussi une réponse adéquate et suffisante à ces questions morales
dans la mesure où elles marquent l'homme soucieux de l'authenticité de sa vie comme être moral et demandent donc une réponse
qui tende à éclairer l'ensemble de l'existence humaine. C'est dans ce contexte que, selon nous, la réflexion éthique en général et la
théologie morale en particulier apportent une contribution à la connaissance de la conscience morale qu'aucune théorie de l'éduca-
tion ne peut fournir. En effet, les théories de l'éducation, dans leurs diverses branches - pédagogiques, psychologiques ou sociologi-
ques - ne peuvent s'occuper que des aspects " empiriques " de la formation de la conscience. Or, il faut d'abord analyser la dimen-
sion philosophique ou éthique qui sous-tend cette action empirique dans sa signification éthique. Sans un tel approfondissement
critique des précompréhensions de la pratique pédagogique, l'étude de la conscience morale reste assez partielle. Cela veut dire que
le problème de la formation de la conscience analysé en dehors du champ éthique - philosophique ou théologique - ne peut qu'être
tragiquement simplifié et réduit à son aspect secondaire. À partir de ce principe, nous avons structuré notre travail en trois parties.
Dans la première partie de la thèse, nous proposons un cadre synthétique et interprétatif du discours théologique sur la cons-
cience. Nous le faisons à partir de la présentation de la pensée de quelques auteurs représentatifs de la théologie morale des derniè-
res années : Jean-Marie Aubert, Bernhard Häring, Paul Valadier, Marciano Vidal. Nous analysons également la pensée de quelques
théologiens moralistes latino-américains, avec lesquels nous partageons le même horizon culturel. La problématique capitale du
mûrissement de la conscience, d'un point de vue fondamental, s'est naturellement imposée. La conscience est le signe majeur de
l'identité de l'être humain. Comment la comprendre comme mouvance et stabilité, continuité et rupture à la fois ? L'urgence de
l'activation du sens moral semble être l'un des seuls consensus dans la réflexion éthique contemporaine. Comment la rendre effec-
tive, en tenant compte aussi bien des aspects rationnels que des aspects affectifs, voire spirituels qui constituent le sujet moral ?
Plus fondamentalement, on se demande comment comprendre la formation de la conscience dans des temps qui sont ceux d'une
crise de l'être humain en tant que sujet moral. Et cette grave question débouche sur une autre, d'égale importance : comment com-
prendre l'activation ou le développement du sens moral ou de la conscience morale tout en évitant de tomber dans le rigorisme et le
formalisme d'une part, ou dans le relativisme et le subjectivisme d'autre part ? Finalement, dans une société de plus en plus sécula-
risée et multiculturelle, la foi chrétienne et même l'institution ecclésiale peuvent-elles encore jouer un rôle dans le développement ou
la formation de la conscience morale de nos contemporains ?