L’intégrisme musulman
c. Pas touche au Coran !
L’Islam accepte la science au service des techniques, mais pas comme instrument permettant
d’interroger l’histoire, l’organisation de la société et la nature des textes religieux et de la
révélation. Autrement dit, la science reste un domestique et non une maîtresse de la pensée.
Les musulmans n’acceptent les droits de l’homme (qui sont un concept rationnel et universel)
que dans la mesure où ils ne vont pas contre les coutumes canonisées par le Coran. Plutôt que
de reconnaitre que Mahomet a pu tolérer certaines coutumes tribales et familiales de son
temps, celles-ci deviennent un absolu au détriment d’un principe que la raison présente comme
universel, à savoir que tous les êtres humains, hommes et femmes, sont égaux.
L’Islam est présenté par les réformistes comme la religion de la science et de la raison.
Effectivement, il existe une certaine rationalité dans l’Islam : monothéisme, Dieu au-dessus de
la création, grandeur de l’homme, recherche du bonheur. Dans cette logique, les musulmans
estiment que leur religion a œuvré à la suppression de l’esclavage, à la libération de la femme,
à l’invention du droit international, à la civilisation de l’Europe (par sa présence eu Espagne,
dans les Balkans et par son influence intellectuelle et artistique).
Les réformistes ne considèrent pas la loi scientifique comme un ensemble cohérent organisant
tout l’univers et interne aux choses, mais comme l’expression de la volonté de Dieu sur les
choses. Pour eux, la loi scientifique a un caractère religieux : elle ne doit pas s’opposer à
l’enseignement du Coran. Par exemple, le prêt à intérêt, qui est favorable à l’économie parce
qu’il est producteur de nouvelles richesses, n’est pas autorisé dans le Coran. Il n’est donc
pas admis. Remarquons que l’Islam, loin de s’opposer à l’excision des femmes qui n’est pas
mentionnée dans le Coran, a contribué à la diffusion de cette pratique en Afrique.
d. Le conformisme des élites
Dans : Islam, sociétés africaines et culture industrielle, [2] Mamadou Dia, qui fut le premier
président du Conseil du Sénégal à l’indépendance, s’interroge sur la crise de la civilisation
musulmane. Selon lui, trop d’intellectuels musulmans veulent tout trouver dans le Coran,
comme si rien de valable n’existait en dehors de lui. Une réalité à laquelle ils ne peuvent pas
appliquer une phrase du Coran n’a pas de valeur pour eux. Au lieu de confronter leurs idées
avec la réalité, ils vivent dans un monde de pure imagination. Certes, il y a des aspects très
positifs dans l’Islam : son refus d’une société prométhéenne et son désir de construire un
monde nouveau basé sur le sens de Dieu et le sens de l’homme.
Quels sont, selon Mamadou Dia, les principaux facteurs de retard dans l’Islam ?
- L’attachement à une pédagogie centrée avant tout sur la mémoire : les textes sus par cœur
ont une autorité supérieure à la réalité présente. Ils orientent vers le passé, détournent de
l’observation, de la découverte, de l’innovation. (Voir ci-dessus)
- La solidarité inconditionnelle entre les membres d’une famille et d’un clan. Or, la société
moderne (organismes publics, usines, sociétés de transports...) exige un sens du bien commun
général : l’esprit de solidarité doit s’élever à ce niveau pour ne pas nuire au développement du
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