multinationa
les de l’entertainment sur le territoire français est effectif depuis ces deux dernières
années. Aujourd’hui elles investissent lourdement afin de prendre très rapidement de fortes parts
de marché. Elles rachètent des entreprises ou coproduisent avec des a
cteurs français (production
de spectacles, salles de concerts, festivals, vente de billetterie).
Un risque à court terme
Nous sommes donc aujourd’hui confrontés
au risque majeur d’une concentration
économique qui permet insidieusement de fixer de nouvelles règles du jeu
économique et financière, ayant pour seule finalité le versement de dividendes à des actionnaires.
Cela va provoquer, à moyen terme, la disparition de nombreux acteurs de la filière, une
standardisation des « produits artistiques et culturels
», une marginalisation d’un grand nombre
d’artistes, exclus du système car non rentables, et une réduction de l’offre en quantité et en
diversité pour les publics.
En fait, le risque de concentration dans ce secteur par quelques
multinationales est donc réel, et
nous apparaît comme un danger pour la diversité culturelle, pour cette pluralité d’initiatives et de
projets qui a fait du secteur musical français un des plus développés à l’échelle européenne. Cette
concentration menace
également de détruire le travail territorial qui s’est construit en proximité
avec les populations dans une économie plurielle.
Notre appel à une réaction
Dans ce contexte, nous interpellons les pouvoirs publics, français et européens qui,
conscients des enjeux politiques à l’œuvre, doivent prendre leurs responsabilités
une régulation du marché qui contrecarre les phénomènes de concentration. Les références
françaises et européennes à la préservation de la diversité culturelle et à la pla
dans nos sociétés doivent trouver ici une résonance concrète et ne pas servir d’alibi à une
économie dite créative destructrice du vivre ensemble.
L’exemple de la remise en cause de licence
d’entrepreneur de spectacles dû à la transposition de la directive « service
communauté européenne, est à ce titre un bon exemple de dérégulation.
Nous interpellons plus particulièrement les pouvoirs publics locaux qui, et c’est déjà le cas à Arras,
Nice ou Biarritz…, s’associent à des mu
ltinationales pour s’offrir de grands événements leur
garantissant un retour sur image et une communication à moindres frais, sans se soucier de
l’intérêt général des populations, ni des conditions d’un développement durable de leurs
territoires, ni des conséquences de tels actes pour la filière de la musique live.
Par ailleurs, cet appel a pour objectif d’informer et de sensibiliser les artistes et les publics aux
enjeux fondamentaux qui bouleversent nos activités. Il nous semble important que chaque citoy
dispose d’éléments de compréhension afin qu’il sache faire la différence entre «
comme un spectateur citoyen » et «
être considéré comme un consommateur de produits
culturels » pour agir en connaissance de cause.
De même, les artistes on
t leur rôle à jouer dans ces questions. Ils doivent prendre toute leur place
dans ces débats et ne pas se méprendre
sur les valeurs et le modèle économique qu'ils servent
par leur travail. Les artistes qui sont liés à ces industries fragilisent le développ
et diversifié de ces musiques en France et pénalisent les populations d’aujourd’hui et de demain
par leur démarche en soutenant un processus de concentration des moyens par quelques-uns.
Enfin, nous sommes convaincus qu’une solidarité de
filière doit s’opérer afin que tous ses acteurs,
pour qui la musique n’est pas « un business du divertissement
» se mobilisent, réaffirment leurs
valeurs et trouvent de nouvelles solutions collectives, y compris en termes économiques.
Ainsi, par notre int
erpellation, nous entendons affirmer qu’une démarche éthique
révélant qu'une autre économie de l'art et de la culture est possible dans notre pays.