Prélude aux
Alexandrettes
Théâtre des Cybèle et Théâtre de la Vieille 17
Document d’accompagnement
à l’intention des professeurs
Photo : Mathieu Girard
Alexandrettes réimpr. 06 3 14/06/06 12:46 Page 1
Prélude aux Alexandrettes – 3
9e
Prélude
Les Alexandrettes abordent les grands classiques, dans votre classe,
et avec chic ! Conçu pour les écoles secondaires et animé par deux
comédiennes professionnelles — Nathaly Charrette et Suzanne Lambert —
cet atelier-spectacle explore les univers de Molière et de Marivaux.
Les ateliers, qui se déroulent de façon décontractée et stimulante,
permettent aux élèves de la 9eà la 12eannée d’approfondir leurs
connaissances de la langue française et du théâtre classique tout en
faisant le lien avec la réalité actuelle. Les exercices leur permettront
notamment de traduire les vers (alexandrins) dans la langue
d’aujourd’hui et d’en composer de leur propre cru (en rap, en chanson,
en chœur...). Un spectacle de 45 minutes constitué d’extraits de pièces
de Molière — Les Femmes savantes, Le Misanthrope, Tartuffe — et de
Marivaux — La Surprise de l’amour, Le Jeu de l’amour et du hasard —,
liés par des commentaires et des anecdotes des Alexandrettes sur la vie des
gens de théâtre à cette époque et aujourd’hui, clôt l’intervention en beauté.
Ce document d’accompagnement contient des informations sur les
auteurs et sur les extraits de pièces présentés, des explications sur la
rythmique des vers, des suggestions d’exercices, un extrait du Tartuffe
et un lexique pour vous aider à préparer vos élèves à cette rencontre.
Pour bien comprendre les extraits qui seront présentés, nous vous
suggérons fortement de lire ou de faire lire les résumés des pièces
contenus dans ce guide à vos élèves.
Bonne lecture !
Chamblain
Table des matières
Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière 4
Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux 5
Les alexandrins 6
Exercice pour mieux comprendre
les alexandrins 7
Exercices pour mieux comprendre
le sens de la scène et le vocabulaire 7
TARTUFFE, Acte II, scène 4 8
Résumés des pièces 15
Lexique (par scène) 18
Les producteurs 19
Les collaborateurs 20
Après l’intervention théâtrale 21
4– Prélude aux Alexandrettes
Malheureusement pour lui, le roi vieillit. Il se rapproche de l’idéologie
conservatrice du parti dévot qui avait pris position contre L’École des
femmes. En 1664, devant le mécontentement de la cour, le roi retire
son soutien à Molière et interdit Tartuffe, qui dénonce l’hypocrisie
religieuse. L’année suivante, la pièce Dom Juan est retirée de l’affiche
avant même que le roi ne l’ait vue.
L’HÉRITAGE THÉÂTRAL
DE MOLIÈRE
Molière est maître de la comédie
française du XVIIesiècle. Ses
pièces sont passées à l’histoire
et son œuvre est considé-
rable. Il a exploré et approfondi
plusieurs genres :
La farce
une pièce bouffonne qui veut
provoquer le rire, comme Le
Médecin malgré lui.
La comédie d’intrigue
un mélange de jeux de mots,
de situations burlesques et de
coups de théâtre, comme L’École
des femmes.
La comédie de mœurs
un témoignage des mœurs de
l’époque. Ce sont ses pièces
dites « sociales », comme Le
Misanthrope.
La comédie de caractère
une étude de personnages, de
leurs qualités et de leurs défauts
qui mène souvent à la création
d’un type, comme Le Tartuffe
et L’Avare.
Jean-Baptiste Poquelin,
dit Molière
1622 – 1673
Jean-Baptiste Poquelin naît à Paris en France, en 1662. Fils d’un tapissier
ordinaire du roi, Jean-Baptiste fréquente le collège de Clermont où les
jésuites assurent l’instruction des fils de la riche bourgeoisie, puis entre-
prend des études en droit qu’il abandonne plus tard. En 1637, il prête
serment pour recueillir la charge de son père et lui succéder ainsi.
Il rencontre peu après la comédienne Madeleine Béjart, et lorsque la
famille de celle-ci fonde L’Illustre Théâtre, Jean-Baptiste s’associe à eux et
renonceà la succession paternelle. En 1644, il prend le nom de Molière
et devient responsable de la troupe qui joue à Paris. Mais les affaires sont
mauvaises et Molière est emprisonné pour dettes. Libéré quelques jours
plus tard, ilpart en tournée en province. Pendant une douzaine d’années,
il joue destragédies et compose des comédies, se familiarisant avec les
rouages du théâtre et les subtilités de la nature humaine.
Repérée en 1658 par Monsieur Philippe, duc d’Orléans et frère du roi
Louis XIV, la troupe est invitée à s’installer dans une petite salle
parisienne, le théâtre du Petit-Bourbon. En 1659, Molière présente
Les Précieuses ridicules qui remporte un grand succès. C’est alors que la
carrière de l’auteur prend véritablement son envol. La troupe déménage
ses pénates dans la salle du Palais-Royal, qui deviendra plus tard la
Comédie-Française.
En 1662, Molière crée L’École des femmes, pièce d’un genre nouveau qui
pose un regard critique sur la société et qui comporte une intention
morale. Plusieurs crient au scandale, mais la production connaît un franc
succès. Molière a également la faveur du roi, qu’il amuse. Cette même
année, il épouse la comédienne Armande Béjart pour qui il écrira ses plus
beaux rôles féminins.
Malheureusement pour lui, le roi vieillit. Il se rapproche de l’idéologie
conservatrice du parti dévot qui avait pris position contre L’École des
femmes. En 1664, devant le mécontentement de la cour, le roi retire son
soutien à Molière et interdit Tartuffe, qui dénonce l’hypocrisie reli-
gieuse. L’année suivante, la pièce Dom Juan est retirée de l’affiche
avant même que le roi ne l’ait vue.
Amer et malade, Molière écrit Le Misanthrope. En 1667, il parvient à faire
rejouer Tartuffe. La pièce est aussitôt interdite. L’Archevêque de Paris
menace d’excommunication ceux qui présenteront, liront ou écouteront
la pièce. Le roi, en 1669, l’autorise enfin : la pièce est présentée dans la
version qu’on connaît aujourd’hui.
Entre 1671 et 1672, Molière triomphe avec Les Fourberies de Scapin,
Le Bourgeois gentilhomme et Les Femmes savantes. En 1673, il crée
finalement Le Malade imaginaire, pièce dans laquelle il interprète le rôle-
titre. Le 17 février, il est épuisé, mais monte sur scène tout de même. Il
est prisde convulsions. On le ramène chez lui, où il meurt un peu plus
tard. L’Église, qui ne lui a jamais pardonné de s’être moqué d’elle, refuse
qu’il soit enterré dans un cimetière catholique. Louis XIV intervient pour
qu’il soit inhumé dans un endroit réservé aux non baptisés. Molière
repose aujourd’hui au Cimetière du Père-Lachaise à Paris.
Prélude aux Alexandrettes – 5
Pierre Carlet de Chamblain
de Marivaux
1688 – 1763
Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux voit le jour à Paris en France,
le 4 février 1688.
En 1698, Marivaux étudie au Collège de l’Oratoire de Riom. Plus tard,
il s’inscrit à la Faculté de droit de Paris, mais, tout comme Molière, il
s’intéresse davantage à la littérature.
En 1712, il abandonne ses études et publie Le Père prudent et équitable,
sa première comédie en vers. Marivaux se met à fréquenter des
journalistes. Ses romans sont déjà révélateurs du style et des qualités
psychologiques du jeune écrivain plutôt « moderne ». En 1717, il épouse
Colombe Bologne, fille d’un riche avocat. Ce mariage lui assure un
confort matériel suffisant pour pouvoir se consacrer uniquement à
la littérature.
En 1720, ruiné par une faillite qui engloutit la fortune de sa femme,
Marivaux, qui n’a pas encore trouvé son style, écrit la comédie Arlequin
poli par l’amour pour les Comédiens italiens, et la tragédie Annibal
pour les Comédiens-Français. La première réussit, l’autre échoue.
L’année suivante, Marivaux termine sa licence de droit. Il est reçu avocat,
mais n’exercera jamais réellement. Il lance le journal Le Spectateur
françois. Unique rédacteur, il est à la fois conteur, moraliste, et philosophe.
Il devient l’intime des Comédiens italiens et il leur écrit plusieurs pièces
sur mesure (La Double Inconstance, Le Jeu de l’amour et du hasard).
Leur jeu vif et allègre lui plaît infiniment mieux que le jeu lent et
apprêté des Comédiens-Français. Ces derniers montent tout de même
neuf de ses comédies, mais seules trois d’entre elles remportent un
véritable succès.
En 1723, son épouse meurt. Il poursuit son œuvre journalistique tout
en s’attelant à deux romans : La Vie de Marianne, qu’il met dix ans à
rédiger (1731-1741) et Le Paysan parvenu (1734-1735). Les deux œuvres
reflètent bien la philosophie de l’auteur, son goût de l’analyse psycho-
logiqueet son attitude moraliste à l’égard d’une société de classes
qu’il conteste.
Sa notoriété et ses appuis lui valent d’être élu à l’Académie française
en 1742, contre un rival nommé Voltaire. Ses dernières comédies, bien
que publiées, ne sont pas jouées. Malade depuis 1758, Marivaux meurt
le 12 février 1763 à Paris.
L’HÉRITAGE THÉÂTRAL
DE MARIVAUX
Chez Marivaux, la comédie
devient une peinture de l’amour,
délicate et légèrement ironique,
loin de la farce. Son théâtre
est une analyse minutieuse et
spirituelle de la subtilité, de
la fantaisie et de la sincérité du
jeu amoureux. L’intrigue de
ses pièces est toujours basée sur
« la surprise de l’amour », c’est-à-
dire de la conquête des cœurs
par l’amour.
L’obstacle à l’amour n’est pas
extérieur — comme dans les
pièces de Molière — mais
réside dans l’amour-propre des
personnages. À la suite d’un
malentendu, d’un préjugé, d’un
quiproquo ou de déceptions
antérieures, les jeunes protago-
nistes ne veulent pas reconnaître
qu’ils sont amoureux et leur
amour-propre leur dicte moult
détours. Mais comme il s’agit d’un
jeu, le dénouement est toujours
heureux et l’amour triomphe.
Marivaux a créé la comédie
psychologique amoureuse. On
lui doit l’expression « tomber
amoureux », qui n’existait pas
encore à l’époque.
6– Prélude aux Alexandrettes
Les alexandrins
Un alexandrin est un vers français de 12 pieds ou 12 syllabes.
Pour compter le nombre de syllabes que contient un vers, il faut
le scander, c’est-à-dire le lire en séparant clairement les syllabes qui
le composent.
Et ce n’est point du tout la prendre pour modèle,
Ma soeur, que de tousser et de cracher comme elle.
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Et ce n’est point du tout la pren dre pour mo dèl(e)
Ma soeur que de tous ser et de cra cher comm(e) ell(e)
Ex. :
Autrefois, tous les sons de la langue française étaient prononcés; ce
qui n’est plus le cas aujourd’hui. Pour calculer les syllabes, il est
important de connaître deux règles particulières, celle du « e » muet
et celle de la diphtongue.
La règle du « e » muet
Le « e » muet ne correspond pas toujours à celui du langage parlé actuel.
Il se prononce et compte pour une syllabe entre deux consonnes (le « h » aspiré compte pour une consonne) :
Consonne + « e » + consonne :
Sur quelle sale vue il traîne la pensée ?
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Sur quel le sa le vue il traî ne la pen sée
Consonne + « e » + « h » aspiré :
Un tendre hasard les réunit dans un pré.
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Un ten dre ha sard les u nit dans un pré
Il ne se prononce pas et ne compte pas pour une syllabe :
À la fin des vers, il forme alors la rime féminine et s’écrit « e », « es », « ent » :
Contre un père absolu que veux-tu que je fasse ?
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Contr(e) un pèr(e) ab so lu que veux tu que je fass(e)
Devant une voyelle :
C’en est fait, je me rends, et suis prête à tout faire.
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C’en est fait je me rends et suis prêt(e) à tout fair(e)
Devant un « h » muet :
Mon Dieu, de quelle humeur, Dorine, tu te rends !
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Mon Dieu de quell(e) hu meur Do ri ne tu te rends
Ex. :
Ex. :
Ex. :
Ex. :
Ex. :
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