–4– Prélude aux Alexandrettes
Malheureusement pour lui, le roi vieillit. Il se rapproche de l’idéologie
conservatrice du parti dévot qui avait pris position contre L’École des
femmes. En 1664, devant le mécontentement de la cour, le roi retire
son soutien à Molière et interdit Tartuffe, qui dénonce l’hypocrisie
religieuse. L’année suivante, la pièce Dom Juan est retirée de l’affiche
avant même que le roi ne l’ait vue.
L’HÉRITAGE THÉÂTRAL
DE MOLIÈRE
Molière est maître de la comédie
française du XVIIesiècle. Ses
pièces sont passées à l’histoire
et son œuvre est considé-
rable. Il a exploré et approfondi
plusieurs genres :
La farce
une pièce bouffonne qui veut
provoquer le rire, comme Le
Médecin malgré lui.
La comédie d’intrigue
un mélange de jeux de mots,
de situations burlesques et de
coups de théâtre, comme L’École
des femmes.
La comédie de mœurs
un témoignage des mœurs de
l’époque. Ce sont ses pièces
dites « sociales », comme Le
Misanthrope.
La comédie de caractère
une étude de personnages, de
leurs qualités et de leurs défauts
qui mène souvent à la création
d’un type, comme Le Tartuffe
et L’Avare.
Jean-Baptiste Poquelin,
dit Molière
1622 – 1673
Jean-Baptiste Poquelin naît à Paris en France, en 1662. Fils d’un tapissier
ordinaire du roi, Jean-Baptiste fréquente le collège de Clermont où les
jésuites assurent l’instruction des fils de la riche bourgeoisie, puis entre-
prend des études en droit qu’il abandonne plus tard. En 1637, il prête
serment pour recueillir la charge de son père et lui succéder ainsi.
Il rencontre peu après la comédienne Madeleine Béjart, et lorsque la
famille de celle-ci fonde L’Illustre Théâtre, Jean-Baptiste s’associe à eux et
renonceà la succession paternelle. En 1644, il prend le nom de Molière
et devient responsable de la troupe qui joue à Paris. Mais les affaires sont
mauvaises et Molière est emprisonné pour dettes. Libéré quelques jours
plus tard, ilpart en tournée en province. Pendant une douzaine d’années,
il joue destragédies et compose des comédies, se familiarisant avec les
rouages du théâtre et les subtilités de la nature humaine.
Repérée en 1658 par Monsieur Philippe, duc d’Orléans et frère du roi
Louis XIV, la troupe est invitée à s’installer dans une petite salle
parisienne, le théâtre du Petit-Bourbon. En 1659, Molière présente
Les Précieuses ridicules qui remporte un grand succès. C’est alors que la
carrière de l’auteur prend véritablement son envol. La troupe déménage
ses pénates dans la salle du Palais-Royal, qui deviendra plus tard la
Comédie-Française.
En 1662, Molière crée L’École des femmes, pièce d’un genre nouveau qui
pose un regard critique sur la société et qui comporte une intention
morale. Plusieurs crient au scandale, mais la production connaît un franc
succès. Molière a également la faveur du roi, qu’il amuse. Cette même
année, il épouse la comédienne Armande Béjart pour qui il écrira ses plus
beaux rôles féminins.
Malheureusement pour lui, le roi vieillit. Il se rapproche de l’idéologie
conservatrice du parti dévot qui avait pris position contre L’École des
femmes. En 1664, devant le mécontentement de la cour, le roi retire son
soutien à Molière et interdit Tartuffe, qui dénonce l’hypocrisie reli-
gieuse. L’année suivante, la pièce Dom Juan est retirée de l’affiche
avant même que le roi ne l’ait vue.
Amer et malade, Molière écrit Le Misanthrope. En 1667, il parvient à faire
rejouer Tartuffe. La pièce est aussitôt interdite. L’Archevêque de Paris
menace d’excommunication ceux qui présenteront, liront ou écouteront
la pièce. Le roi, en 1669, l’autorise enfin : la pièce est présentée dans la
version qu’on connaît aujourd’hui.
Entre 1671 et 1672, Molière triomphe avec Les Fourberies de Scapin,
Le Bourgeois gentilhomme et Les Femmes savantes. En 1673, il crée
finalement Le Malade imaginaire, pièce dans laquelle il interprète le rôle-
titre. Le 17 février, il est épuisé, mais monte sur scène tout de même. Il
est prisde convulsions. On le ramène chez lui, où il meurt un peu plus
tard. L’Église, qui ne lui a jamais pardonné de s’être moqué d’elle, refuse
qu’il soit enterré dans un cimetière catholique. Louis XIV intervient pour
qu’il soit inhumé dans un endroit réservé aux non baptisés. Molière
repose aujourd’hui au Cimetière du Père-Lachaise à Paris.