Les répercussions sociales de la crise et les réponses de la société

Indice des Capacités de Base (ICB) Indice d’Equité de Genre (IEG)
Rapports nationaux 76 Social Watch
Empowerment
ÉducationActivité économique
Survivance jusqu’à
l’âge de 5 ans
Accouchements assurés par du
personnel médical spécialisé
Enfants atteignant
la cinquième année
d’école
Les répercussions sociales de la crise et les réponses de la société civile
Tandis que la récession et le chômage augmentent, les fonds de pensions se vident, les revenus
diminuent et le Gouvernement fait pression sur les revenus pour décontracter l’économie, les syndicats
et la société civile proposent d’autres solutions. Alors que les travailleurs insistent sur la défense
salariale, des droits, des fonds et du travail digne pour tous les travailleurs, les ONG, elles, expriment le
besoin de commencer à construire, ensemble, une économie centrée principalement sur les personnes
et l’environnement.
Centro de Estudios Nacionales de Desarrollo Alternativo
(CENDA)
Hugo Fazio
Martín Pascual
Le Chili subit durement le coup, pendant cette
année 2009, de la crise internationale qui a com-
mencé à la mi-2007 quand la « bulle » de l’immo-
bilier aux États-Unis a éclaté, conduisant à une
crise financière qui s’est rapidement mondialisée.
Comme l’économie du Chili est particulièrement
ouverte, permettant que les évènements extérieurs
se fassent sentir de façon très forte, la crise éco-
nomique mondiale a différents effets dans le pays.
La chute de la plupart des produits de base sur les
marchés internationaux, à partir de 2008, a eu un
effet très important puisque la structure économi-
que et l’exportation du pays dépend énormément
des débouchés sur les marchés extérieurs de quel-
ques matières premières à faible valeur ajoutée.
La livre de cuivre est arrivée à son prix no-
minal le plus élevé début juillet 2008 quand elle
dépassait 4 USD la livre. A la fin de cette année la
moyenne était de 1,40 USD, avec un léger rebon-
dissement pendant les premiers mois de 2009. La
diminution du prix du cuivre se transmet parmi
d’autres variables sur la parité du change, les ter-
mes d’échanges, la balance de paiement et l’ac-
tivité économique, entraînant des conséquences
sociales négatives.
Pendant le dernier trimestre de 2008 l’écono-
mie du Chili est entrée clairement et ouvertement
en récession, quand son activité s’est effondrée
suivant la même tendance mondiale, ce qui a
clairement démontré la correspondance entre la
réalité nationale et l’évolution générale de la crise.
Pendant la période d’octobre à décembre 2008 les
chiffres corrigés des variations saisonnières et an-
nualisés sont tombés pour le deuxième trimestre
consécutif, par rapport aux trois mois précédents.
Pendant le troisième trimestre sa diminution
d’après les chiffres des Comptes Nationaux a été
de 0,1 %. Pour le dernier trimestre en faisant le
même calcul on estime que la contraction a été
de 5 %.
La production industrielle s’est contractée
en douze mois pendant le quatrième trimestre
de 3,6 %, la plus grande chute depuis 1999. En
décembre, la diminution calculée pour l’année a
été encore plus grande : 4,3 %. Pendant le der-
nier trimestre les ventes totales ont diminué, par
rapport aux mêmes mois de 2007, de 4 %, alors
que les ventes du marché intérieur ont diminué
de 4,7 %1.
La consommation et l’inflation
Lors du quatrième trimestre la consommation a
sensiblement diminué et s’est accentuée jusqu’à at-
teindre, en décembre, 9 % annuel. La diminution de
la consommation s’est produite fondamentalement
parmi les familles à plus faibles revenus.
En contrepartie, la diminution du cours des
produits de base a permis que le taux d’inflation
élevé, un des plus importants problèmes sociaux de
2008, surtout pour la population la plus défavorisée,
s’atténue. En octobre 2008, le taux d’inflation est
arrivé à 9,9 % sur un an. Ce pourcentage a été plus
élevé pour les deux quintiles de la population au
revenu le plus faible à cause d’une hausse du prix
des aliments plus élevée que la moyenne, au détri-
ment de leur niveau de vie. Comme il s’est également
produit une diminution de la demande intérieure, les
pressions inflationnistes se sont affaiblies, entraî-
nant en partie à partir de novembre 2008 le début de
la diminution de l’Indice des Prix à la Consommation
(IPC) se poursuivant jusqu’à la fin de l’année.
Une autre très forte raison qui explique la dimi-
nution inflationniste est la diminution internationale
des cours du pétrole qui représente en pourcentage
la part la plus importante des importations du pays.
Par contre, en raison de la politique du gouverne-
ment pour relancer les investissements sectoriels
en transférant les charges sur les consommateurs,
les tarifs d’électricité continuent à être élevés. Ainsi
que ceux de l’eau potable et des services d’assai-
nissement.
1 Banque Centrale du Chili.
Le chômage
Une des plus graves conséquences sociales de la
récession est l’augmentation du taux de chômage.
D’après les statistiques du Département d’Economie
de l’Université du Chili, dans le « Gran Santiago »
(la capitale et sa zone métropolitaine) pendant le
trimestre décembre-février, le chômage a frôlé les
deux chiffres quand il est passé de 7,7 % à 9,7 %,
bien que la période estivale soit plus favorable pour
l’emploi. Il faut en plus ajouter les chiffres officiels -
cents de chômage national pour le même trimestre :
8,5 % – 0,5 points de pourcentage plus élevé que le
trimestre précédent2.
Les fonds de pension
Une autre conséquence sociale très forte de la
crise a été la chute des fonds de pensions dont
les ressources sont placées en actifs financiers au
Chili et à l’étranger. La détérioration des marchés
financiers pendant la crise a représenté une dimi-
nution considérable de l’épargne de prévoyance
de la population qui a atteint 27 milliards d’USD
de pertes fin 2008, ce qui représente plus du 26 %
du fonds total.
Un rapport de la Banque Asiatique de Dévelop-
pement, qui analyse les effets de la crise de 2008,
place le Chili comme le pays latino-américain où
il s’est produit la plus grande perte de richesse
pour les ménages. Une grande responsabilité est
imputable à la gestion des fonds de pensions. En
dépit des nombreuses mesures de protestation
réalisées par ceux qui ont subi les dommages, ni
les administrations privées des fonds de pensions
ni le Gouvernement n’ont fait quoi que ce soit pour
les indemniser.
2 Institut National de Statistiques (INS).
CHILI
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NO VA
NO VA
NO VA NO VA
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IEG of = 47,3
IEG of Spain = 76,9
IEG of Vietnam = 73,9
IEG of Zambia = 56,2
IEG of Central African Republic = 45,8 IEG of Chile = 61,9 IEG of Cyprus = 65,1 IEG of Czech Rep. = 68,1 IEG of Egypt = 43,9 IEG of El Salvador = 67,5
IEG of Eritrea = 47,1
IEG of Germany = 78,2 IEG of Ghana = 57,6 IEG of Guatemala = 51,3
IEG of Mexico = 60,5 IEG of Moldova = 73,9 IEG of Morocco = 44,8 IEG of Mozambique = 64,4 IEG of Burma = 0 IEG of Nepal = 51,2 IEG of Niger = 44,4 IEG of Paraguay = 66,8 IEG of Peru = 69,7 IEG of Philippines = 75,6
IEG of Poland = 70 IEG of Portugal = 73,1 IEG of Romania = 71,3 IEG of Serbia = 0
IEG of Slovakia = 68,8
IEG of Slovenia = 65,1
IEG of Spain = 76,9
IEG of Tanzania = 71,9 IEG of Thailand = 70,2
IEG of Uganda = 67,2 IEG of Usa = 73,8 IEG of Venezuela = 67,7
IEG of Yemen = 30
IEG of Argentina = 72,3
IEG of Algeria = 52,7 IEG of Bahrain = 46 IEG of Bangladesh = 52,7 IEG of Benin = 42,1 IEG of Bolivia = 66,1 IEG of Brasil = 68,2 IEG of Bulgaria = 73,4 IEG of Cambodia = 61,6 IEG of Canada = 74,5
BCI of Chile = 99
BCI of
República Checa = 99,2 BCI of El Salvador = 80,1 BCI of Eritrea = 60,2 BCI of Alemania = 99,3 BCI of Ghana = 75,5 BCI of Guatemala = 68,3
BCI of República Centroafricana = 65,2
BCI of México = 95,2 BCI of Marruecos = 81,1 BCI of Mozambique = 66,1 BCI of Nepal = 58,4 BCI of Paraguay = 95,3 BCI of Perú = 87,8 BCI of Filipinas = 78,1
BCI of Polonia = 99,1 BCI of Portugal = 99,4 BCI of Rumania = 96 BCI of Serbia = 98,1 BCI of Eslovaquia = 99 BCI of Eslovenia = 99,5 BCI of Somalia = 47,8 BCI of España = 99,6
IEG of Rep. Dem. del Congo = 45.1BCI of Rep. Dem. del Congo = 76,3
BCI of Tanzanía = 72,7 BCI of Tailandia = 95,6
BCI of Uganda = 59,2 BCI of Estados
Unidos de América = 98.1
BCI of Venezuela = 94,5 BCI of Yemen = 58,7
BCI of Myanmar,
Birmania o Burma = 73.2
BCI of Chipre = 99,6
BCI of Moldavia = 0
BCI of Argelia = 95,7 BCI of Argentina = 97,8 BCI of Bangladesh = 56 BCI of Benin = 76,9 BCI of Bolivia = 79,4 BCI of Brasil = 90,2 BCI of Bulgaria = 97,3 BCI of Camboya = 66 BCI of Canadá = 99,3
IEG of Honduras = 68,9 IEG of Hungary = 69,8 IEG of India = 40,7 IEG of Iraq = 0 IEG of Italy = 64,5 IEG of Kenya = 59 IEG of Lebanon = 46,9 IEG of Malaysia = 58,3 IEG of Malta = 58,2BCI of Honduras = 82,4 BCI of Hungría = 99,3 BCI of India = 68,5 BCI of Irak = 88,4 BCI of Italia = 99,5 BCI of Kenya = 71 BCI of Líbano = 95,6 BCI of Malasia = 96,9 BCI of Malta = 99,5
ICB de Senegal = 68,5
ICB de Egipto = 89,1
ICB de Viet Nam = 92,8
ICB de Nigeria = 66,3
BCI of Zambia = 71,3 BCI of Cisjordania y Gaza o Palestina = 0
ICB de Francia = 98,8ICB de Belgica = 98,3 ICB de Nicaragua = 70,1ICB de Costa Rica = 93,5
ICB de Bahrein = 99
IEG de Francia = 72IEG de Belgica = 72,2 IEG de Nicaragua = 51,5IEG de Costa Rica = 66,8 IEG de Senegal = 54,9
Cisjordania o Palestina S/D (español)
BCI of Cisjordania y Gaza o Palestina = 0
Cisjordania o Palestina N/D (inglés)
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s/d
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27
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81
35
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77
47
66
80
83
ICB = 99 IEG = 62
77Social Watch Chili
Les rémunérations
Les politiques officielles pour confronter la contrac-
tion de l’économie, erronées, ont fait pression –
malheureusement avec succès – pour réduire les
rémunérations réelles. Si avec une forte inflation
sur l’année comme celle en vigueur jusqu’à octo-
bre, et quand il était évident qu’elle devait nettement
diminuer en raison de la forte chute des produits de
base sur les marchés internationaux et l’évidente -
célération de l’économie intérieure, introduire l’idée
de réajustement en fonction de l’inflation officielle
dans le futur – comme cela se faisait continuelle-
ment depuis 1990 pendant les Gouvernements de
« la Concertación » (concertation) – et non pas en
fonction des pertes effectives des rémunérations, est
une atteinte aux revenus des travailleurs.
Les tentatives officielles de mettre en oeuvre
cette politique se sont heurtées fin 2008 à un gigan-
tesque mouvement de protestation des travailleurs du
secteur public. Néanmoins, l’augmentation réelle des
rémunérations des fonctionnaires d’état, par rapport à
l’année 2007, a été légèrement supérieure à 1 %.
L’évolution de l’indice général des rémunéra-
tions horaires et du coût de la main-d’oeuvre, que
l’Institut National de Statistiques élabore chaque
mois, montre clairement les conséquences. Le pre-
mier, négatif depuis juin 2008, après avoir été stable
pendant le mois de mai, a cependant été moins néga-
tif que le deuxième, dont le point de vue de l’évolution
des rémunérations est celui du patronat.
Variation mensuelle sur l’année pendant 2008
des indices des rémunérations et du coût de main-
d’oeuvre par heure de travail
A la diminution présente dans les tableaux des
rémunérations il faut rajouter la diminution sur les
crédits qui touchent toute la population, mais parti-
culièrement les plus défavorisés et les PME.
Les propositions civiles
La Central Unitaria de Trabajadores de Chile (Centrale
Unitaire des Travailleurs du Chili), pendant cette cri-
se, a concentré ses propositions pour “Un Chili juste”
dans 5 revendications principales: (i) empêcher une
perte des droits acquis par les travailleurs en utili-
sant la crise comme excuse, (ii) défense de l’emploi,
(iii) défense des salaires, (iv) défense des fonds de
prévoyance touchés par la crise et la demande de
compensations et de l’intervention de l’état dans
le système de prévoyance et (v) défense du travail
digne dans tout son ensemble.
A un niveau social plus étendu et hors frontières,
ACCIÒN, l’Association Chilienne d’ONG qui regroupe
plus de 70 organisations de développement, a en-
voyé une lettre adressée aux principaux dirigeants
du monde qui se réuniront au G-20, où elle propose
4 grands axes pour confronter la crise :
Assurer que l’économie soit gouvernable dé-•
mocratiquement par le biais de la régulation
des activités financières, de la création de nou-
velles mesures fiscales, de la mise en oeuvre
d’actions de découragement et de restriction
à la spéculation, de l’interdiction des produits
financiers « de casino » et de la garantie que
les ressources de l’épargne privée ou publique
soient effectivement destinées à la production.
Insister sur la réforme de la gouvernance de
la Banque Mondiale et du FMI pour garantir
qu’ils soient convenablement démocratisés.
Faire que toutes les institutions financières, les
produits financiers, et les multinationales agis-
sent avec transparence et rendent des comptes
publiquement. Pour cela il faut éliminer le secret
bancaire et les paradis fiscaux et introduire des
contrôles publics dans tous les pays par le biais
de normes comptables internationales.
Créer du travail digne et des services publics •
pour tous assurant un investissement massif
sur un green new deal afin de construire une
économie verte soutenue par le travail digne et
une rémunération juste, investissant et renfor-
çant les services essentiels publics, et travailler
pour assurer le financement au développement
à tous les pays qui en ont besoin, sans condi-
tions préjudiciables connexes.
En finir avec la pauvreté mondiale et l’inégalité, •
en consacrant 0,7 % du revenu national à la
coopération au développement pour l’année
2013, faire en sorte que ces ressources soient
plus efficaces et faire pression pour annuler
toutes les dettes illégitimes et impayables des
pays en développement.
Construire une Economie Verte en faisant •
pression pour un accord sur le changement
climatique lors du sommet de Copenhague
pour convenir de réductions substantielles et
vérifiables des gaz à effet de serre et en s’enga-
geant à de nouveaux et substantiels transferts
de ressources du Nord vers le Sud soutenant
l’adaptation et le développement durable dans
les pays pauvres. La mise en place urgente de
politiques opposées aux mesures de libéralisme
et de manque de régulations qui ont caractérisé
les années 1990. On appelle les Gouvernements
du G-20 et d’autres pays à profiter de cette
occasion pour commencer à construire une
économie qui soit centrée sur les personnes
et l’environnement afin d’obtenir une société
plus juste. n
TABLEAU 1 : Variation mensuelle sur l’année pendant 2008 des indices des
rémunérations et du coût de main-d’oeuvre par heure de travail
Des rémunérations par heure Du coût de la main-d’œuvre par heure
Mois %Mois %
janvier 1,3 janvier -0,7
février 0,6 février -1,4
mars 0,1 mars -1,8
avril 0,3 avril -1,4
mai 0,0 mai -1,5
juin -0,8 juin -1,9
juillet -1,3 juillet -2,1
août -1,0 août -1,7
septembre -0,9 septembre -1,6
octobre -1,4 octobre -2,0
novembre -0,6 novembre -1,1
décembre 1.3 décembre 1,1
Moyenne annuelle -0,2 Moyenne annuelle -1,3
Source : INS. Par rapport au pourcentage du même mois de 2007.
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